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Mobilisation russe de 1914

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Pour un article plus général, voirPremière Guerre mondiale.

L'empereurNicolas II présentant uneicône à ladévotion de ses soldats.
L'armée impériale montre sa force avant guerre lors desparades organisées en présence des ambassadeurs etattachés militaires étrangers.

Lamobilisation russe de 1914 désigne, au tout début de laPremière Guerre mondiale, la mise sur le pied de guerre de l'armée impériale russe, c'est-à-dire l'augmentation de ses effectifs et sa concentration aux frontières.

Déclenchée le en réaction à la montée des tensions avec dans un premier temps l'empire d'Autriche-Hongrie et dans un second l'Empire allemand, cette mobilisation comprend d'une part l'habillement, l'équipement et l'armement desréservistes, et d'autre part le transport parvoies ferrées de toutes les troupes vers les frontières de l'Empire russe, principalement à l'ouest.

Préparation

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Larévolution industrielle transforme radicalement l'art de la guerre, non seulement par l'évolution de l'armement et de l'équipement, mais surtout par la capacité donnée aux États d'entretenir des effectifs militaires considérables en cas de guerre : d'armées composées de quelques centaines de milliers, on passe à des millions d'hommes. Comme il est économiquement et socialement impossible de tous les maintenir sous l'uniforme en permanence, ils sont laissés à la vie civile pendant le temps de paix, l'État lesmobilisant en cas de conflit. L'armée impériale russe est donc, dès la fin duXIXe siècle, une armée deconscription, comme celle de toutes les armées des grandes puissances continentales européennes de l'époque (Empire allemand,République française et empire d'Autriche-Hongrie).

Comme l'Empire russe est le pays le plus peuplé d'Europe avec une population totale estimée à 167 millions d'habitants en 1914, l'armée impériale peut donc s'appuyer sur un énorme réservoir deréservistes. La loi de 1912 fixe un service militaire pour tous les hommes de 20 à 43 ans, ce qui représente théoriquement un total de douze millions d'hommes[n 1], à raison d'environ 700 000 hommes pour chacune des 24 classes. À partir de 43 ans les hommes appartiennent à la territoriale, subdivisée en deux classes, destinées aux garnisons et à la surveillance des lignes de communication ; la majorité de ces hommes n'ayant pas connu la conscription, seuls deux millions de territoriaux sont concernés par une mobilisation[1].

Districts militaires

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Le territoire de l'Empire russe est subdivisé en douzedistricts militaires, chacun correspondant à plusieursgouvernements civils[2]. Les grandes unités stationnées sur le territoire d'un district sont structurées en plusieurs grandes unités (corps d'armée,divisions etbrigades) et sont sous les ordres du général commandant ce district. En cas de mobilisation, lesétats-majors des différentesarmées sont créés à partir de ceux des districts.

Carte des districts militaires à partir de la réforme de 1913.
Organisation territoriale de l'armée russe en 1914
Districts militairesSièges de districtsGrandes unitésSubdivisions civiles
District de PétersbourgSaint-PétersbourgGarde,1er,18e et22e corpsSaint-Pétersbourg,Olonets,Arkhangelsk,Novgorod,Pskov,Estonie et une partie de laLivonie
District de VilnoVilnius2e,3e,4e et20e corpsVilno,Grodno,Kovno,Courlande,Vitebsk,Moguilev,Minsk,Suwałki et une partie de laLivonie
District de VarsovieVarsovie6e,14e,15e,19e et23e corpsPologne
District de KievKiev9e,10e,11e,12e et21e corpsKiev,Podolie,Volhynie,Tchernigov,Poltava,Kharkov etKoursk
District d'OdessaOdessa7e et8e corpsBessarabie,Kherson,Iekaterinoslav etTauride
District de MoscouMoscouGrenadiers,5e,13e,17e et25e corpsMoscou,Smolensk,Tver,Iaroslavl,Kostroma,Vologda,Vladimir,Nijni Novgorod,Kalouga,Toula,Riazan,Orel,Tambov etVoronej
District de KazanKazan16e et24e corpsKazan,Viatka,Perm,Oufa,Simbirsk,Samara,Penza,Saratov etAstrakhan
District du CaucaseTiflis1er,2e et3e corps caucasiensStavropol etTranscaucasie
District du TurkestanTachkent1er et2e corps du TurkestanSyr-Daria,Samarcande etFerghana
District d'OmskOmsk11e division de fusiliers sibériensTobolsk,Tomsk,Akmolinsk,Semipalatinsk etSemiretchie
District d'IrkoutskIrkoutsk2e et3e corps sibériensIrkoutsk,Ienisseï etIakoutsk
District de l'AmourKhabarovsk1er,4e et5e corps sibériensTransbaïkalie,Amour, lacôte du Pacifique etSakhaline

Alliance française

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Article détaillé :Alliance franco-russe.

L'idée d'une alliance entre l'Empire russe et laRépublique française est évoquée en 1891 d'une part àSaint-Pétersbourg entre le ministreNicolas Karlovitch de Giers et l'ambassadeur de FranceGustave Lannes de Montebello, d'autre part àParis entre le ministreAlexandre Ribot et l'ambassadeur de RussieArthur von Mohrenheim. Des négociations secrètes commencent en entre les représentants des deux états-majors, les générauxde Boisdeffre etObroutchev : ils signent le une convention défensive prévoyant un soutien militaire mutuel des deux pays en cas d'agression de l'un d'eux par l'Empire allemand ou par l'empire d'Autriche-Hongrie[3]. Le texte est finalement ratifié le par l'empereurAlexandre III et le par le présidentCarnot[n 2].

Cette alliance militaire est presque immédiatement connue de toute l'Europe par une série d’événements symboliques : dès la fin, l'escadre française du nord est accueillie dans la base navale russe deKronstadt, puis, en, l'escadre russe de lamer Noire fait de même àToulon. En 1896, l'empereurNicolas II se rend à Paris et pose la première pierre dupont Alexandre-III, tandis qu'en 1897 le présidentFaure fait de même àSaint-Pétersbourg avec lepont de la Trinité. En, Nicolas II assiste auxgrandes manœuvres de l'armée française, qui ont lieu cette année-là enChampagne autour deBétheny. En, le président françaisÉmile Loubet rend la pareille en faisant une visite officielle en Russie, assistant à une imposante revue militaire. En 1909, l'empereur visite la base deCherbourg. En 1912, le grand-ducNicolas assiste aux grandes manœuvres françaises. Toujours en 1912, en août, le président du ConseilPoincaré fait une visite officielle en Russie, expérience qu'il renouvelle comme président de la République en.

Cette alliance apporte à la Russie le soutien financier français. Entre 1887 et 1913, desemprunts russes[n 3] sont souscrits par les épargnants européens, les Français participant majoritairement pour un montant total estimé en 1914 à 11,5 milliards defrancs-or[n 4],[4]. En 1906, les caisses de l'État russe, mises à mal par laguerre russo-japonaise de 1904-1905, sont renflouées par unemprunt d'État de 2,25 milliards à 5 %[n 5],[5], la moitié souscrit par des banques françaises. Ces emprunts sont assortis d'une condition : qu'ils servent entre autres au développement des lignes stratégiques du réseau ferroviaire russe, les Français insistant en 1898 sur la ligne d'Orenbourg àTachkent (menaçant l'Afghanistan et lesIndes britanniques, dans lecontexte de Fachoda)[n 6], puis en 1904 sur celle deBologoïe (sur la ligne deMoscou àSaint-Pétersbourg) àSiedlce (enPologne, menaçant l'Allemagne)[7].

L'autre apport français fut technologique, dans les domaines militaires de la construction mécanique et de la chimie : par exemple l'entreprise françaiseSchneider participe au développement en Russie ducanon de 76,2 mm modèle 1902[n 7] et de l'obusier de 152 mm modèle 1910[n 8], permettant ainsi de moderniser l'artillerie russe avec des pièces à frein hydro-pneumatique.

Plan 19

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Articles connexes :Plan Schlieffen etPlan XVII.

Le plan russe de mobilisation et de déploiement s'appelle le « plan 19 »[1],[n 9], il a été préparé par le généralIouri Danilov en 1910 et a été modifié en[8],[n 10],[9]. Ce plan prévoit le déploiement d'un premier échelon dedivisions (toutes d'active) aux frontières, terminant leur concentration du15e au20e jour après le début de la mobilisation[10], le second échelon de divisions (essentiellement de réserve) devant arriver à la fin de la mobilisation. Pour respecter les engagements envers les alliés français, qui espèrent que le « rouleau compresseur russe » fonce surBerlin, le front Nord-Ouest doit passer à l'offensive le plus tôt possible[n 11],[11], mais les détails du plan restent secrets[12]. La répartition des forces russes n'est communiquée à l'ambassadeur français[n 12] que le[13].

« Les troupes de l'armée active mobilisées auront, à l'exception des derniers éléments des trains et convois, terminé leur concentration à la frontière le15e jour et que l'on s'efforcera de prendre l'offensive dès cette date sans attendre les derniers éléments dont il s'agit et qui ne seront au complet que le20e jour. »

— Déclaration du généralGilinski au généralDubail, lors de la conférence d'état-major d'août 1911 àKrasnoïe Selo[10].

« Nos alliés s'engageaient à ne pas attendre que la concentration de leurs armées fût complète pour agir. L'offensive serait prise dès que les forces de première ligne seraient en position, ils ont calculé que la frontière russo-allemande pourrait être franchie, grâce à cette mesure, dès le16e jour. Enfin d'un commun accord, il fut entendu qu'une offensive décidée pourrait seule donner le succès. »

— Déclaration du ministre de la GuerreMessimy au Conseil des ministres français en 1911[14].

Le plan 19 A prévoit de déployer29 divisions (regroupées en deuxarmées :1re et2e) face aux Allemands et 46 divisions (regroupées en quatre armées :4e,5e,3e et8e) face aux Autrichiens. La variante 19 G, dans l'éventualité d'un déploiement allemand massif, prévoit l'envoi de la4e armée enLituanie[15]. Les armées face à laprovince de Prusse-Orientale sont regroupées en ungroupe d'armées, le « front du Nord-Ouest », tandis que celles face à laGalicie en forme un second, le « front du Sud-Ouest »[n 13],[16]. La6e armée gardeSaint-Pétersbourg et laFinlande, la7e fait de même avecOdessa et l'Ukraine ; la9e armée est créée à la fin d'août enPologne russe, tandis qu'une10e armée est prévue quand arriveront les troupes duTurkestan et deSibérie[13].

La principale innovation duplan 19 de 1910 est la modification du système d'affectation : chaque recrue ou réserviste devait auparavant rejoindre individuellement son unité en garnison aux frontières. Désormais, le système est de type territorial : l'affectation se fait dans une unité en garnison à proximité, qui ensuite est transportée vers la frontière. Cette modification entraine une nouvelle répartition des troupes (200 000 hommes sont redéployés vers l'intérieur)[17], ainsi qu'une évacuation des forces se trouvant dans lesaillant polonais, la concentration face à l'Allemagne étant prévue entreVilnius etBaranavitchy[n 14],[18] et derrière laNarew[n 15]. Unplan 20 était prévu pour être applicable à partir de 1915, avec réduction du délai de déploiement des divisions d'active, entrainant un retard pour les divisions de réserve[19]. Leplan 21 était en préparation pour application à l'horizon 1917, tenant compte de l'augmentation des forces russes prévue par le « Grand Programme », permettant la création d'une nouvelle armée autour deVarsovie[20].

Déclenchement

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Articles connexes :Crise de juillet etCauses de la Première Guerre mondiale.

LeCasus belli de l'attentat de Sarajevo le déclenche une succession d'ultimatums, demobilisations et dedéclarations de guerre qui s'étend rapidement à l'Empire russe.

Soutien aux Serbes

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Le,Vienne envoie àBelgrade unultimatum avec demande de réponse sous quarante-huit heures. LaSerbie appelle letsar russe à l'aide le 24. Le, leroyaume de Serbie décrète sa mobilisation face à l'ultimatum autrichien. En raison du soutien russe envers la Serbie, le 25 l'empire d'Autriche-Hongrie annonce une mobilisation partielle à partir du 26, concernant huitcorps d'armée déployés face à la Serbie mais aussi face à la Russie.

Le 25, lesgrandes manœuvres russes prévues sont annulées ; le 26, l'Empire russe lance des mesures de pré-mobilisation, ce qui inquiète l'ambassadeur allemandPourtalès (de) :

« J'ai interrogéSazonov sur la nouvelle répandue parmi les attachés militaires étrangers, d'après laquelle un ordre de mobilisation aurait été adressé à plusieurscorps d'armée russes de la frontière ouest. J'ai à cette occasion attiré son attention sur le grand danger d'une pareille mesure qui pourrait facilement provoquer des contre-mesures. Le Ministre répondit qu'il pouvait me garantir qu'aucun ordre de mobilisation n'avait été donné, qu'au contraire il avait été décidé au Conseil des ministres d'attendre pour prendre cette mesure que l'Autriche-Hongrie eût pris une attitude hostile à l'égard de la Russie. Sazonov convint toutefois qu'on prenait déjà certaines précautions militaires pour ne pas être surpris. »

— Télégramme de l'ambassadeur allemand à Saint-Pétersbourg à son ministre des Affaires Étrangères, le 26 juillet 1914 à21 h 30[21].

Le 27 au soir, lesconsulats allemands signalent à leur ministère des Affaires Étrangères des mouvements militaires àKowno,Riga,Kiev etVarsovie[22]. Le 28, l'Autriche-Hongrie lance sa mobilisation générale et déclare la guerre à la Serbie.

Mobilisation partielle

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Affiche de propagande.

Le 29 au matin, l'empereur russe signe le décret ordonnant une mobilisation générale devant débuter le[23], contre-signé par les ministres de la Guerre, de la Marine et de l'Intérieur, puis y substitue à11 h une mobilisation partielle : sont concernés seulement les districts deKiev,Odessa,Moscou etKazan (qui sont face à l'Autriche-Hongrie)[24]. Sazonov convoque l'ambassadeur Pourtalès, lui expliquant« qu'en Russie la mobilisation ne signifiant nullement la guerre comme dans les États de l'ouest de l'Europe, que l'armée russe resterait éventuellement des semaines entières l'arme au pied sans franchir la frontière »[25].Nicolas II etGuillaume II échangent le 29 des télégrammes en anglais :

« Dans ce moment si grave, je fais appel à Ton aide. Une guerre ignoble a été déclarée à un pays faible. L'indignation en Russie, indignation que je partage entièrement, est énorme. Je prévois que bientôt je serai entraîné par la pression qui s'exerce sur moi et que je serais forcé de prendre des mesures extrêmes qui conduiront à la guerre. Pour tâcher d'éviter une calamité telle qu'une guerre européenne, je Te prie, au nom de notre vieille amitié, de faire ce que Tu peux pour empêcher tes alliés d'aller trop loin. Nicky. »

— Télégramme duTsar auKaiser du 29 juillet àh[26].

« J'ai reçu Ton télégramme et je partage Ton désir du maintien de la paix, mais comme je Te l'ai dit dans mon premier télégramme, je ne peux pas considérer l'action de l'Autriche contre la Serbie comme une guerre « ignoble ». L'Autriche sait par expérience qu'on ne peut absolument pas se fier aux promesses serbes sur le papier. [...] J'estime, en conséquence, qu'il serait parfaitement possible pour la Russie de rester spectatrice du conflit austro-serbe, sans engager l'Europe dans la plus horrible guerre dont elle ait jamais été témoin. Je crois possible et désirable une entente directe entre Ton Gouvernement et Vienne [...]. Évidemment, des mesures militaires de la part de la Russie, qui seraient considérées comme menaçantes pour l'Autriche, précipiteraient une calamité que tous deux nous désirons éviter et compromettraient mon rôle de médiateur que j'ai volontiers accepté sur Ton appel à mon amitié et à mon assistance. Willy. »

— Télégramme duKaiser auTsar du 29 juillet à18 h 30[27].

Mobilisation générale

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Le décret de mobilisation générale est de nouveau signé le 30 à16 h 30[28], prévoyant le début de la mise sur le pied de guerre de l'armée et de la flotte pour le lendemain[29]. Le 31, lechancelier allemandBethmann Hollweg transmet à l'ambassadeur Pourtalès l'ultimatum suivant qui est transmis au gouvernement russe à minuit[30] :« En dépit des négociations de médiations encore en cours, et bien que jusqu'à l'heure actuelle nous n'ayons pris aucune mesure de mobilisation, la Russie a mobilisé toute son armée et sa flotte, donc aussi contre nous. Ces mesures russes nous ont contraints, pour garantir la sécurité de l'Empire, à déclarer l'état de menace de guerre, qui ne signifie pas encore la mobilisation. Mais la mobilisation doit suivre si, dans le délai de douze heures, la Russie n'arrête pas toute mesure de guerre contre nous et l'Autriche-Hongrie et ne nous fait pas une déclaration précise en ce sens »[31]. Le1er août, Nicolas envoie à son cousin Guillaume un dernier télégramme :

« J'ai reçu Ton télégramme. Je comprends que Tu soies obligé de mobiliser, mais je désire recevoir de Toi les mêmes garanties que celles que je T'ai données ; c'est-à-dire que ces mesures ne signifient pas la guerre et que nous continuerons à négocier pour le bien de nos pays et de la paix universelle chère à nos cœurs. Notre amitié longuement éprouvée doit réussir, avec l'aide de Dieu, à éviter l'effusion de sang. Anxieux, mais plein de confiance, j'attends Ta réponse. »

— Télégramme duTsar auKaiser du1er août à14 h 6[32].

« Merci de Ton télégramme. J'ai signalé hier à Ton Gouvernement le seul moyen permettant d'éviter la guerre. Bien que j'aie demandé une réponse pour aujourd'hui midi, aucun télégramme de mon ambassadeur me transmettant une réponse de Ton Gouvernement ne m'est encore parvenu. J'ai été, en conséquence obligé de mobiliser mon armée. Une réponse immédiate, affirmative, claire et irrécusable de Ton Gouvernement est le seul moyen d'éviter des calamités sans bornes. Hélas, tant que je n'aurais pas reçu cette réponse, je serai dans l'impossibilité de discuter le sujet de Ton Télégramme. En fait, je dois Te prier d'ordonner immédiatement à Tes troupes de ne pas commettre, sous aucun prétexte, la plus légère violation de nos frontières. »

— Télégramme duKaiser auTsar du1er août à22 h[33],[n 16].

Le même jour, l'empereur d'Allemagne ordonne à17 h le début de la mobilisation allemande pour le[34], tandis que son chancelier déclare la guerre en son nom à l'empereur de Russie par la voix de l'ambassadeur à19 h (heure russe), en français[35] :« Sa Majesté l'Empereur, mon Auguste Souverain, au nom de l'Empire, relève le défi et Se considère en état de guerre avec la Russie » (déclaration de Pourtalès à Sazonov)[36],[n 17]. L'Autriche-Hongrie déclare elle aussi la guerre à la Russie le[37] à12 h[28].

Organisation

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L'armée impériale russe en temps de paix compte 1 423 000 hommes[38]. 3 115 000 réservistes sont mobilisés à partir du18 juillet 1914 (dans le calendrier grégorien)[n 18], 800 000 territoriaux sont appelés à partir du, auxquels se rajoutent 800 000 territoriaux à partir du, 715 000 recrues à partir du1er octobre et 200 000 territoriaux à partir des 12 et[39]. Le total mobilisé de 1914 à 1917 est de 15 378 000 hommes[40].

Les dimensions de l'empire et les faiblesses des transports ferroviaires russes font que la mobilisation est beaucoup plus lente que celles des autres puissances : l'armée allemande a besoin de 16 jours, l'armée française de 17 jours et l'armée russe de trois mois[41]. À la fin de la mobilisation, l'armée impériale doit aligner[n 19]150divisions, dont 114 d'infanterie et 36 de cavalerie, sans compter lesbrigades indépendantes[n 20] :

  • 42 divisions (dont 32 d'infanterie et 10 de cavalerie) sont déployées face à laprovince de Prusse-Orientale ;
  • 64 divisions (dont 46 d'infanterie et 18 de cavalerie) face à laGalicie ;
  • 24 divisions (dont 19 d'infanterie et 5 de cavalerie) le long des littoraux de laBaltique et de lamer Noire ;
  • 20 divisions (dont 17 d'infanterie et 3 de cavalerie) enSibérie et auTurkestan.

Étant donné la lenteur de la mobilisation, seules les grandes unités d'active (formées dès le temps de paix) sont disponibles à la fin du premier mois : les divisions de réserve (composées deréservistes, peu encadrées, mal équipées et armées) ne sont même pas encore arrivées.

Articles connexes :Mobilisation allemande de 1914 etMobilisation française de 1914.
  • La nombreuse infanterie russe est handicapée par un encadrement, un armement et une logistique déficients.
    La nombreuse infanterie russe est handicapée par un encadrement, un armement et une logistique déficients.
  • La Russie a maintenu d'importants effectifs de cavalerie, qui garde une utilité dans la guerre de mouvement.
    La Russie a maintenu d'importants effectifs de cavalerie, qui garde une utilité dans laguerre de mouvement.
  • L'artillerie russe, en pleine modernisation, est trop peu nombreuse. Ici un canon de 76,2 mm Schneider-Poutilov 1902.
    L'artillerie russe, en pleine modernisation, est trop peu nombreuse. Ici uncanon de 76,2 mm Schneider-Poutilov 1902.

Stavka

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Si l'empereurNicolas II est théoriquement le commandant en chef de l'armée impériale russe, il délègue ses pouvoirs à partir du jusqu'à l'été 1915 à son oncle legrand-ducNicolas Nikolaïevitch, qui était précédemment commandant du district de Saint-Pétersbourg (depuis 1905). Le ministre de la Guerre est alors le généralVladimir Alexandrovitch Soukhomlinov (depuis 1909).

LaStavka (le quartier général du commandant en chef) et leGenchtab (l'État-Major général) s'installent àBaranavitchy (puis àMoguilev à partir d').

« Considérant que la guerre a été déclarée par l'Allemagne d'abord à la Russie, et que la France, en tant que notre alliée, a estimé comme de son devoir de venir immédiatement à notre aide, il est naturel et indispensable qu'en vertu de nos obligations d'alliés nous soutenions les Français, puisque les Allemands dirigent contre eux leur offensive principale. Cet appui, nous le leur donnerons, en prononçant le plus rapidement possible notre attaque contre les forces allemandes en Prusse-Orientale. Cette attaque, laIre armée pourra la commencer pour attirer sur elle le plus possible de forces ennemies. [...] L'attaque des armées du front nord-ouest pourrait déjà commencer le quatorzième jour de la mobilisation (13 août). »

— Directive dugrand-duc Nicolas augénéral Jilinski, le[42].

Front Nord-Ouest

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Dessin deGeorges Scott pour la une deL'Illustration du :« Sur la route de Berlin. L'invasion de laprovince de Prusse-Orientale par les avant-gardescosaques précédent le gros de l'armée russe. ».

Le Front du Nord-Ouest (Severo-Zapadnyi front) est un des deuxgroupes d'armées russes, celui du Nord-Ouest étant chargé du combat contre l'armée allemande, avec mission d'envahir laprovince de Prusse-Orientale. Le front est commandé depuis Lida[43] par le généralYakov Jilinski (précédemment commandant du district de Varsovie), remplacé dès le par le généralRouzski).

La1re armée est commandée par le généralPaul von Rennenkampf (précédemment commandant du district deVilnius) depuis Vilnius. Il est remplacé le par le généralAlexandre Litvinov (en).

La2e armée est commandée par le généralAlexandre Samsonov (précédemment commandant du district du Turkestan) depuis Volkosyski. L'armée est dissoute le, à la suite de sa destruction lors de labataille de Tannenberg et du suicide de son chef.

Front Sud-Ouest

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Le Front du Sud-Ouest (Yugo-Zapadnyi front) est legroupe d'armées chargé de combattre l'armée autro-hongroise avec mission d'envahir laGalicie. Le front est commandé par le généralNikolaï Ivanov (précédemment commandant du district deKiev).

La4e armée est commandée par le généralAnton Saltza (du district deKazan), remplacé le par le généralAlexeï Evert (commandant du district d'Irkoutsk).

La5e armée est commandée par le généralPavel von Plehve (district deMoscou), remplacé le par le général Alexeï Tchourine.

La3e armée est commandée par le généralNikolaï Rouzski, remplacé le par le généralRadko Dimitriev.

La8e armée est commandée par le généralAlexeï Broussilov jusqu'au.

Autres secteurs

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L'armée impériale ne se déploie pas uniquement le long des frontières avec les Allemands et les Austro-Hongrois, mais aussi face à laRoumanie et l'Empire ottoman, en Asie centrale, ainsi que le long de certains littoraux.

La6e armée, commandée par le généralKonstantin Petrovitch van der Vliet (ru), doit protégerSaint-Pétersbourg, laFinlande et le littoral de lamer Baltique.

La7e armée, commandée par le général Vladimir Nikolaïevitch Nikitine, doit protégerOdessa, l'Ukraine et le littoral de lamer Noire.

L'armée duCaucase, commandée par le généralIllarion Ivanovitch Vorontsov-Dachkov, doit protéger laTranscaucasie :

Turkestan (Asie centrale russe) :

Sibérie :

Extrême-Orient russe :

Créations de la fin août

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La9e armée est créée à la fin d'août enPologne pour menacer directementBerlin en ponctionnant des unités sur les autres armées. Elle est commandée par le général Letchitski.

La10e armée est formée à partir du par le transfert d'une partie des troupes duTurkestan et deSibérie, commandée par le généralAlexeï Evert (commandant du district d'Irkoutsk), remplacé le par le général Vasily Flug, puis le par le généralThadeus von Sievers.

Notes et références

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Notes

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  1. Quinze si on prend aussi les différents exemptés.
  2. Le retard est dû auscandale de Panama, qui a levé le secret sur les discussions franco-russes.
  3. 18 émis par l'État, 32 garantis par celui-ci pour des entreprises et 6 par des grandes villes.
  4. Auxquels se rajoutent les 2,24 milliards de francs d'investissement directs français en Russie.
  5. La Russie n'inspire pas confiance à la suite de larévolution de 1905.
  6. Les tensions entre la Russie et leRoyaume-Uni enAsie centrale (leGrand Jeu) ne sont réglées que le 31 août 1907 par la signature de laconvention anglo-russe entre le ministreIzvolski et l'ambassadeur britanniqueNicolson, les Russes renonçant à intervenir enAfghanistan et les Britanniques auTibet, laPerse étant partagée en deux zones d'influence[6]. Cet accord créé laTriple-Entente.
  7. Fabriqué dans l'usine Poutilov de Saint-Pétersbourg, futureusine Kirov.
  8. Construit par Poutilov et par l'usine dePerm, au pied de l'Oural.
  9. La numérotation commence après laguerre russo-turque de 1877-1878.
  10. Avec deux variantes, les plans « 19 A » et « 19 G », permutables jusqu'au9e jour.
  11. La promesse renouvelée àJoffre lors des conférences de et d' était que les opérations commenceraient dès le15e jour.
  12. Qui informe immédiatement par télégramme leministre des Affaires étrangères à Paris, qui transmet à Joffre.
  13. Les Russes sont les premiers à faire cela, avant d'être rapidement imités par les autres puissances.
  14. Ainsi couvert par lesplaces fortes deKovno,Olita etGrodno.
  15. Places fortes dePułtusk,Rozan,Ostrolenka,Lomza etd'Osovets.
  16. Le texte a été proposé à l'empereur allemand par Bethmann Hollweg à21 h 45 :« Sire, Je vous remets respectueusement, ci-annexé, le projet d'un télégramme à S. M. le Tsar. En l'envoyant, l'idée me vient que Votre Majesté pourrait peut-être y ajouter un mot priant le Tsar d'ordonner immédiatement et strictement à ses troupes de s'abstenir de toute violation de frontière. Votre fidèle sujet, v. Bethmann Hollweg. Nous n'avons reçu aucune nouvelle de Pétersbourg ».
  17. Un premier projet utilisait la formule :« Sa Majesté l'Empereur, mon Auguste Souverain, au nom de l'Empire, déclare accepter la guerre qui Lui est octroyée ».
  18. En 1914, la Russie utilise encore lecalendrier julien (jusqu'en 1918), alors que les autres États européens utilisent lecalendrier grégorien : le retard est alors de treize jours.
  19. Le nombre total dedivisions de l'armée impériale varie dès la fin d'août, avec la destruction de la2e armée lors de labataille de Tannenberg.
  20. À titre de comparaison, l'armée allemande aligne105 divisions après sa mobilisation, l'armée française 95, la britannique que 6.

Références

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  1. a etb(en) Sergei Dobrorolski, « The Russian Mobilisation of 1914 », survlib.us.
  2. (en) « The Russian army, 1914 », surmarksrussianmilitaryhistory.info.
  3. Rigoux 2010,p. 17-18
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Voir aussi

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