| Naissance | |
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| Décès | |
| Sépulture | Cimetière Kiryat Shaul(en) |
| Nom de naissance | Moïse Cassorla |
| Nationalités | |
| Formation | Séminaire théologique secondaire juif de Sarajevo(d) Séminaire israélite de France |
| Activité | |
| Période d'activité |
| Maîtres | |
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Moïse Cassorla, né le (, àMonastir,Macédoine,Yougoslavie,Royaume de Serbie)[1],[2],[3] et mort le 22 juin 1990 enIsraël, est unrabbinfrançais d'origine sefarade,Grand-rabbin deToulouse (Haute-Garonne) et après laSeconde Guerre mondialerabbin àParis.

Moïse Cassorla est né le à Bitola en Macédoine, Yougoslavie, alors dans le royaume de Serbie, dans une famille de neuf enfants[4],[5],[6],[7],[8], dont il sera le seul survivant[9].
En 1936, il vient àParis, étudier auSéminaire israélite de France (SIF)[10],[11],[12],[13]. Il compte parmi ses condisciples les futurs rabbinsDavid Feuerwerker,Joseph M. Brandriss ou encoreErnest Gugenheim.

Devenurabbin[14], il succède à Guido Scialtel, d'origine livournaise, rabbin de 1937 à 1938, et occupe dèsjuillet 1938 la position deGrand-rabbin deToulouse. Il officie à lasynagogue Palaprat, assisté duhazzan David Nahon, jusqu'en 1943[15],[16],[17],[18].
Entre 1940 et 1941, il se rend régulièrement en tant qu'aumônier aucamp du Vernet enAriège et tente (vainement) d'y faire libérer ses coreligionnairesbelges[19]. Il se soucie également des Juifs étrangers internés dans les camps deSaint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) oude Gurs (Pyrénées-Atlantiques). Avec d'autres responsables de la communauté, il diffuse une circulaire, le 17octobre 1941, appelant à la solidarité des Juifs de la région pour les centaines d'internés dans lescamps de Noé etdu Récébédou (Midi-Pyrénées) afin que leur soient fournis vivres, couvertures et vêtements[20]. Il sollicite l'archevêque de Toulouse,Mgr Jules-Géraud Saliège auquel il envoie chaque semaine, un compte-rendu de la situation des Juifs, lequel l'assure de son soutien dans une lettre du1er janvier 1942, que lediocèse fera diffuser sur une radio étrangère[21],[22].
Il épouse[23] à Toulouse, le, Fanny Reicher[24] (née le àKwaczala enPologne)[25]. Elle est la fille deJuifs traditionalistes polonais, Joseph Reicher (né v. 1890s à Tchebinia (Trzebinia), à la frontière silésienne) et Helena Berger (née v. 1891 àKwaczala en Pologne) qui se sont mariés après laPremière guerre mondiale et sont partis s'installer immédiatement àAnvers en Belgique où Joseph devientdiamantaire. Helena retourne auprès de sa mère en Pologne, le temps de mettre au monde sa fille Fanny. La famille s'agrandit ; elle parleyiddish,polonais,allemand et apprend leflamand et lefrançais en Belgique. Les études de Fanny à l'école publique belge s'interrompent lors de la Seconde guerre mondiale[26]. Après l'invasion allemande de la Belgique, une partie de la famille Reicher tente de se réfugier àLondres mais son train est détourné vers le sud pour arriver à Toulouse où l'administration française l'assigne à résidence au village deSaint-Julia enHaute-Garonne où Joseph Reicher trouve un emploi de garçon de ferme. Helena fréquente à l'occasion la synagogue de Toulouse et y remarque le jeune rabbin Moïse Cassorla dont elle parle à sa fille. Les deux jeunes gens se rencontrent et six semaines plus tard, le couple se marie et s'installe sur leboulevard d'Arcole à Toulouse.
Moïse Cassorla parvient à empêcher que ses beaux-parents Reicher et un oncle Berger raflés lors d'une visite à un voisin et envoyés aucamp de Noé (ils y resteront six mois) soient déportés dans uncamp de concentrationnazi mais pas la famille (avec femme et enfants) de son frère, qui y est assassinée.
Le poèteClaude Vigée séjourne à Toulouse de 1940 à 1942, où il suit les cours du rabbin Cassorla dans la petite synagogue Palaprat devenue centre de larésistance juive dans le midi-toulousain. Il racontera plus tard :
« Nous nous réunissions à la synagogue de Toulouse, rue Palaprat (il y avait là, avant la guerre, une petite communauté juive, mi-sépharade mi-ashkénaze, d’environ neuf cents personnes). Nous avions pris l’habitude de nous réunir là en secret – lerégime de Vichy interdisait toute réunion, quelle qu’elle soit, de juifs dans les territoires occupés – pour nous former. Avec l’aide du rabbin Cassorla, nous avons appris peu à peu ce qu’était l’histoire juive européenne après lachute de Jérusalem.Nous en sommes venus à parler très naturellement, dans ce cercle clandestin d’études juives, deLa Guerre des Juifs. Nous avons ainsi buté sur le cas de la résistance juive contre lesRomains, et nous nous sommes tout de suite posé la question cruciale : que faire avec Vichy, avec laMilice, avec lesnazis ? Nous étions confrontés à des problèmes terriblement semblables à ceux des juifs de cette époque-là. Nos aînés ont alors eu l’idée d’organiser un tribunal pour jugerFlavius Josèphe : c’est là où se situe mon lien avecPierre Vidal-Naquet ».
En et jusqu'à son arrestation enjanvier 1944, lerabbinNathan Hosanski devient le rabbin de Toulouse en remplacement du rabbin Cassorla[27] qui est entré dans la clandestinité.
Cette même année, la famille Cassorla de Bitola est assassinée dans lecamp d'extermination de Treblinka, avec la grande majorité du reste de la communauté juive de la ville[28],[9],[29].

Poursuivi par lapolice française, Cassorla confie les bijoux de la famille et de l'argent à un prêtre puis, muni d'unsauf-conduit de Mgr Saliège, il s'enfuit avec sa femme et son beau-père àNice, alors sous contrôle italien, où son fils José (Yeoshua) Cassorla[30],[31] naît, le 19 mai 1943. Plus tard, la famille se cache dans uncouvent de montagne qu'elle doit quitter à cause des cris du bébé qui perturbent les nuits monacales et décide de se réfugier à Saint-Julia qui lui est connu, où leur fille Danielle Cassorla vient au monde, le 24 août 1944. Le village est niché en hauteur, offrant une vue de choix permettant aux guetteurs de prévenir les Cassorla en cas de danger, afin qu'ils se cachent dans les vergers alentour, le temps de l'alerte. À un moment donné, il y a eu une augmentation des activités des troupes allemandes dans la région et la famille décide de se disperser dans différentes fermes des localités autour de Saint-Julia. Quand les Cassorla peuvent enfin rentrer à Toulouse, Moïse essaie de récupérer les précieux biens familiaux auprès du prêtre à qui il les avait confiés mais ce dernier lui affirme que tout a été volé[26].
Après la guerre, le rabbin Cassorla devient directeur d'un centre pour enfants déplacés et orphelins àBoulogne-sur-Seine (Hauts-de-Seine) où sa famille déménage. Ensuite, il officie à la synagoguesépharade de larue Saint-Lazare à Paris[32],[33] puis auprès de la communautéIsaac Abravanel de larue de la Roquette jusqu'à son départ enIsraël à la fin duXXe siècle.