Elle est parfois surnommée « Mama Africa ». Contrainte à l'exil pendant une trentaine d'années, elle parcourt le monde et multiplie les succès musicaux. Elle devient une des voix contre l'apartheid et pour la fierté ducontinent africain. Elle rentre en Afrique du Sud en 1990.
Zenzile Makeba Qgwashu Nguvama, dite Miriam Makeba, naît le, dans untownship deJohannesbourg. Son père est instituteur, d'originexhosa, et sa mère domestique, d'origineswazi[1]. Sa mère accouche seule et coupe elle-même le cordon ombilical[2]. Prénommée « Zenzi », diminutif d’Uzenzile, qui signifie « tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même », elle n’a que quelques jours lorsque sa mère est emprisonnée, avec elle, pour six mois pour avoir brassé de labière afin de subvenir aux besoins de la famille. Son père meurt lorsqu’elle a six ans[3].
Après le décès de son père, elle rejoint sa grand-mère avec qui elle découvre la musique[4].
À20 ans, Zenzi Makeba, bonne d’enfants puis laveuse de taxis, vit seule avec sa fille Bongi et sa mère. Elle commence à chanter professionnellement avec le groupeCuban Brothers, puis devient choriste du groupeManhattan Brothers(en), en 1952, qui lui donne son nom de scène, Miriam. Elle devient vite une vedette, et se sert de cette notoriété pour dénoncer le régime de l'apartheid et les conditions de vie misérables du prolétariat noir[2]. Elle enregistre son premier hit,Lakutshn, Ilanga en 1953 avecManhattan Brothers. Au cours de l'une de sa prestation, Makeba fait la rencontre de Nelson Mandela en tant que jeune avocat[9].
En, elle rejoint à un groupe musical féminin, the « Skylarks » (appelé aussi the« Sunbeams »[9] et écrit son plus grand succès,Pata Pata, qui fait le tour du monde[10](elle sera reprise en français parSylvie Vartan sous le titreTape Tape en). La version la plus connue a été effectuée sous la direction deJerry Ragovoy en 1967.
En, elle joue dans unecomédie musicale,King Kong[11], grand succès. Mais Miriam est contrainte à un exil de31 ans, pour de son apparition dans le film anti-apartheidCome Back, Africa du cinéaste américainLionel Rogosin. Ses disques sont retirés de la vente en Afrique du Sud et elle est déchue de sa nationalité sud africaine[2]. Elle épouse Sonny Pillay la même année[8]. Sa mère décède en 1960, mais elle ne peut assister à ses obsèques, le gouvernement sud-africain ayant annulé son passeport et refusé de lui délivrer un visa[10],[12]. Il lui faudra attendre 1990 et la libération deNelson Mandela pour revenir en Afrique du Sud[2].
En 1965, elle épouse son vieil ami, le musicien sud-africain,Hugh Masekela[7] puis divorce en 1966[8].
Elle continue de prononcer des discours anti-apartheid et d’appeler au boycott de l’Afrique du Sud devant les Nations unies. Elle reçoit de nombreux soutiens, dont ceux deKwame Nkrumah,Ahmed Sékou Touré,Amílcar Cabral ou encoreEduardo Mondlane[13]. Elle chante enzoulou, enxhosa, en tswana, en swahili, en portugais et en arabe (Ana hourra fi aljazaier qui veut dire « je suis libre en Algérie ») pendant lesJeux africains de 1978 àAlger en Algérie). Ses chansons prônent la tolérance et la paix. Elle vit auxÉtats-Unis (où elle s'engage avec le mouvement des droits civiques contre la ségrégation raciale), enGuinée, enEurope et devient un symbole de la lutte anti-apartheid. EnTanzanie, l'enthousiasme avec lequel le présidentJulius Nyerere lui remet un passeport lui donne pour la première fois cette impression de ne pas être une Sud-Africaine mais d’être une Africaine[13].
En, Miriam Makeba reçoit unGrammy Award pour son disqueAn evening withHarry Belafonte and Miriam Makeba et devient la première Sud-Africaine à obtenir cette récompense[2]. Son mariage en avec le militant des droits civils afro-américainStokely Carmichael, chef desBlack Panthers, lui cause des ennuis aux États-Unis. Elle s'exile à nouveau et s'installe enGuinée[2].
Elle se sépare de Carmichael en 1978 et en 1980, dans ce pays où la polygamie est légale, devient la deuxième épouse de Bageot Bah[8], un Guinéen influent[7], directeur à laSabena. Elle reprend ses tournées internationales, notamment avec leBallet de Guinée. En 1978, lors des Jeux panafricains d'Alger, elle interprète en arabe la chansonIfriqyia[13].
En Miriam Makeba rencontre à nouveau le succès grâce à sa collaboration avecPaul Simon dans l'albumGraceland. Peu après, elle publie son autobiographieMakeba: My Story.
En 1990, elle participe auFestival de Sanremo 1990. Suivant le règlement de l'époque chaque chanteur est jumelé avec un chanteur étranger. Elle y interprétaGive me a reason, la version anglaise deBisognerebbe non pensa che a te interprété par la chanteuse italienneCaterina Caselli lors du festival. Cette dernière termina neuvième.
Le, à76 ans. Makeba participe à un concert àCastel Volturno, près deCaserte en Italie, organisé en soutien à l'écrivain et journaliste antimafiaRoberto Saviano, qui dénonce les activités criminelles de laCamorra dans la région deCampanie[16]. Elle s'évanouit victime d'une crise cardiaque juste après avoir chantéPata Pata. Elle est conduite en ambulance à la clinique Pineta Grande clinic, mais le personnel médical ne peut la ranimer[17],[2],[18].Angélique Kidjo lui a parlé avant qu'elle monte sur scène[2],[19],[20],[21],[note 1].
Miriam Makeba a toujours rêvé d'une grande Afrique unie. Pour son pays, elle exhortait ses frères noirs au pardon :« Nous devons grandir. Les Noirs et les Blancs doivent apprendre à se connaître, à vivre ensemble. »
Elle annonce en2005 qu'elle met fin à sa carrière, tout en continuant à défendre les causes auxquelles elle croit
Le Prix international Miriam Makeba récompense la créativité artistique dans le continent africain[25].
Son retour en Afrique se ponctuera d’une implication dans de nombreuses œuvres dont la lutte contre les enfants soldats et le sida. Elle ouvre aussi un centre venant en aide au jeunes orphelines. Elle publie en 2004 sa seconde biographie marquant la fin de sa carrière musicale, mais elle en sort de sa retraite pour quelques concert dont celui funeste de novembre 2008.
Nelson Mandela: « Her haunting melodies gave voice to the pain of exile and dislocation which she felt for 31 long years. At the same time, her music inspired a powerful sense of hope in all of us. Even after she returned home she continued to use her name to make a difference by mentoring musicians and supporting struggling young women. One of her more recent projects was to highlight the plight of victims of land mines ». ( « Ses mélodies envoûtantes ont donné voix à la douleur de l’exil et du déplacement qu’elle a ressenti pendant 31 longues années. En même temps, sa musique a inspiré un puissant sentiment d’espoir en nous tous. Même après son retour chez elle, elle a continué à utiliser son nom pour faire la différence en encadrant des musiciens et en soutenant des jeunes femmes en difficulté. Un projet récent évoquait le sort des victimes des mines terrestres ».)[26].
En juin 2015, la chanteuse françaiseJain lui rend hommage avec la chansonMakeba dans son premier EPHope[36]. Fin 2015, la chanson sortira dans l'albumZanaka[37].
Décerné pour la première fois en 2018, lePrix Miriam Makeba promeut l'art africain à l'échelle internationale.
En janvier 2023, pendant leChampionnat d'Afrique des nations de football (CHAN) organisé en Algérie, un hommage a été rendu à Miriam Makeba en reprenant les paroles de sa chansonAna hourra fi aljazaier, déjà chantée à Alger en 1978. Cette chanson fut combinée avec la chanson officielle de la compétition,Marhaba, et interprétée lors de la cérémonie d'ouverture.
Chloé Maurel, "Mars 1964: à l'ONU: le vibrant appel de Miriam Makeba contre l'apartheid",L'Humanité magazine, 8 mars 2024. En ligne sur le site deL'Humanité magazine.
ElaraBertho,Un couple panafricain : Miriam Makeba et Stokely Carmichael en Guinée, Carennac, Ròt-Bò-Krik,, 156 p.(ISBN978-2-9590055-2-7)
↑a etbChloé Maurel, « Notice biographie sur Miriam Makeba, une chanteuse sud-africaine engagée contre l’apartheid à l’ONU »,HAL open science,(lire en ligne)
↑a etb« La chanteuse sud-africaine Miriam Makeba est décédée »,Le Post,(lire en ligne).
↑Adrien Barbier, « La première comédie musicale « noire » renaît en Afrique du Sud. « King Kong », qui relate les mésaventures d’un boxeur, avait connu un succès aussi phénoménal qu’inattendu durant l’apartheid »,Le Monde,(lire en ligne).