En pratique, le termeminéral peut être employé de façon générale ou plus particulière :
au sens générique, pour en décrire la nature et les propriétés au sein d'uneclassification minéralogique, on utilise le terme plus précis d'espèce minérale[2],[3] ;
dans un sens moins général, pour décrire les caractéristiques particulières d'un minéral dans uneroche précise ;
voire pour désigner un cristal particulier, par le nom de l'espèce minérale à laquelle il appartient.
Lenom « minéral » semble provenir du motlatinminera, qui signifie « mine » ou « minière ». Il passe en français par l'adjectif « minéral » qui qualifie le monde souterrain, minier. Il décrit globalement les multiples corps présents à la surface de la terre ou à faible profondeur (moins de quelques kilomètres). Il faut distinguer l'usage des chimistes qui ont qualifié encore tardivement, bien après la révolution lavoisienne, de matière minérale les corps inorganiques caractéristiques de ce milieu souterrain et minier. Une expression comme « charbon minéral », opposé à « charbon animal » (obtenu parcalcination desos avec parfois des chairs), maintient une opposition vitaliste entre règne minéral et règne vital. L'analyse précoce deseaux minérales est aussi responsable de cette frontière indécise, les (bi)carbonates et lesoxalates, ainsi que l'acide carbonique et lesferrocyanures, étant rangés en dehors de lachimie organique, bien qu'elle soit en principe celle de l'élémentcarbone.
Par exception historique à l'état solide, lemercure natif, liquide à température ambiante (il ne forme un cristal qu'en dessous de−39 °C), est aussi considéré comme un minéral de la catégorie deséléments natifs. Quelques solides non cristallisés etamorphes, telles l'opale (minéraloïde composé de différentes phases de silice, assimilable à une roche) et l'ambre (roche organique issue de coulée de sève fossilisée), sont aussi considérés par tradition comme des minéraux, alors que les verres naturels sont exclus. Un minéral doit être macroscopiquement homogène, ce qui n'empêche pas que la détection de mélanges microscopiques de minéraux entraîne ipso facto leur éviction comme minéral global[a]. La composition chimique peut être parfois légèrement variable, ou couvrir de larges gammes de variations compréhensibles par substitution comme dans le cas dessolutions solides.
Pour régler les questions de définition, dénomination et classification, il faut un arbitre scientifique international. Ce rôle est joué par l'Association internationale de minéralogie (IMA, pour l'anglaisInternational Mineralogical Association), et en pratique par sa commission des nouveaux minéraux, de la nomenclature et de la classification (CNMNC, pour l'anglaisCommission on New Minerals, Nomenclature and Classification). Notamment, un minéral n'est reconnu officiellement, et son nom adopté internationalement, que quand sa présence à l'état naturel a été démontrée. Depuis 2021, L'IMA attribue à chaque minéral reconnu officiellement un symbole (en pratique une abréviation de son nom), utile pour l'écriture des tableaux, figures et réactions minérales[4].
Un minéral se caractérise par ses propriétésphysico-chimiques (test à l'eau, à l'acide chlorhydrique, sa résistance mécanique, ses propriétés optiques...), desquelles s'extraient de manière coutumière et emblématique sa dureté classée sur l'échelle de Mohs de 1 à 10 (sachant que 10 est le plus dur et 1 le moins dur) et sa formule chimique, celle-ci pouvant varier (cf.minéralogie). Dans certains types de site cristallochimique, plusieurs atomes peuvent parfois se remplacer en donnant lieu à dessubstitutions isomorphes. C'est le cas, par exemple, dufer et dumagnésium dans l'olivine ou dusodium et ducalcium dans lesplagioclases. La composition d'un minéral est alors souvent comprise entre des extrêmes plus ou moins éloignés, tout composé intermédiaire faisant partie de la série. Par exemple, toutmica dont la composition est comprise entre celle de laphlogopite et celle de l'annite est unebiotite.
Les variations admises dans la composition font que le minéralogiste considère volontiers les minéraux comme desespèces minérales, se caractérisant certes par ses propriétés physiques — les plus « visibles » ou « facilement observables » étant parfois lasymétrie et la géométrie des angles, lesclivages, lescassures et les éclats, les duretés, la résistance et les textures, latrace, lacouleur, l'éclat, latransparence et l'indice de réfraction, la diaphanité ou l'opacité optique, laréflectance, lafluorescence ou laphosphorescence, laradioactivité naturelle — et chimiques - analyse, essai de chauffage au chalumeau, solvabilité...- , mais ne pouvant a priori pour le minéralogiste se confondre avec lescorps simples oucomposés chimiques recueillis, purifiés ou artificiellement fabriqués par lechimiste.
Certains critères minéralogiques permettent de décrire les minéraux mais ils sont parfois peu discriminants : couleur (minéraux de teinte claire ou sombre, seule la couleur brune verte de l'olivine étant caractéristique), forme (lorsqu'il présente ses formes cristallines propres, le minéral est dit automorphe, lorsque sa forme est limitée par la croissance de minéraux voisins, il est dit xénomorphe), éclat (éclat gras ou vitreux du quartz, éclat métallique du mica noir, éclat nacré du mica blanc),clivage (plan en feuillet, en gradin, en escalier).
On peut aussi évoquer lesfaux minéraux, que l'on trouve en nombre croissant aujourd'hui, dont beaucoup sont fabriqués à destination de l'industrie, de lajoaillerie et dutourisme.
Unminéral essentiel (oumajeur) d'uneroche est présent en pourcentage notable ou intervient dans sa définition. Unminéral accessoire (oumineur) est présent en faible pourcentage (de l'ordre de 1 % ou moins) ou n'intervient pas dans la définition. Un minéral peut être accessoire dans une roche et essentiel dans une autre[8]. Ces qualificatifs ne sont pas desjugements de valeur, la présence ou la composition d'un ou de plusieurs minéraux accessoires pouvant être cruciale pour remonter à l'origine ou à l'histoire d'une formation rocheuse[9].
↑Il existe aussi à l'échelle microscopique et nanoscopique une foule de minéraux singuliers et purs, que l'on ne référence pas actuellement parce l'exploration de ces échelles de grandeur est récente.
↑Plus de la moitié de ces presque 5 000 minéraux ne sont connus qu'en un à cinq endroits, et sont donc extrêmement rares[6].
Jean-Claude Boulliard,Les minéraux. Sciences et collections, CNRS éditions, Paris, 2016, 607 pages, illustré essentiellement par les minéraux de la collection de l'université Pierre-et-Marie-Curie(ISBN978-2-271-09059-1).