Indurain Larraya est unnom espagnol. Le premier nom de famille, en général paternel, est Indurain ; le second, en général maternel, souvent omis, est Larraya.
Miguel Indurain Larraya[a], né le àVillava, enNavarre (Espagne), est un coureur cycliste espagnol, professionnel de1984 à1996. Il est le seul coureur à avoir remporté cinq fois consécutivement leTour de France, et a également gagné à deux reprises leTour d'Italie devenant le seul coureur à avoir réalisé le doubléGiro-Tour deux années d'affilée. Numéro un mondial de à, il remporte également untitre olympique et untitre mondial encontre-la-montre. Il a également été détenteur durecord de l'heure.
Entré en 1982 comme amateur dans l'équipe Reynolds, Miguel Indurain y commence sa carrière professionnelle en sous la direction deJosé Miguel Echavarri, et y restera jusqu'à la fin de sa carrière, sous la bannière Banesto à partir de 1991. Il remporte dès les années suivantes plusieurs victoires en Espagne, notamment grâce à ses aptitudes dans lesépreuves contre-la-montre. Poursuivant sa progression dans lesgrands tours, il devient un des principaux équipiers dePedro Delgado pour leTour de France.
L'année 1991 marque un tournant dans sa carrière. Deuxième duTour d'Espagne 1991, il devient coleader de son équipe. Il prend même l'ascendant sur Delgado en remportant en juillet son premierTour de France, dans lequel il s'impose sans interruption jusqu'en 1995, y ajoutant deux victoires dans le Tour d'Italie en1992 et1993.
Seul coureur à avoir remporté le Tour de France cinq années de suite, il est aussi le seul coureur à avoir réalisé le doubléGiro-Tour deux années consécutives.Champion du monde encontre-la-montre et détenteur durecord de l'heure, il est numéro un mondial de à.
Il subit un échec dans le Tour de France en1996, remporté par leDanoisBjarne Riis, et malgré untitre olympique la même année, il met fin à sa carrière professionnelle en.
Miguel Indurain Larraya est le deuxième enfant d'une famille d'agriculteurs deVillava, commune située à deux kilomètres dePampelune[5]. Son père se prénomme également Miguel, sa mère Isabel[6]. Il a un frère cadet,Prudencio, coureur cycliste professionnel de1991 à1999, et trois sœurs, Isabel, Nekane et Asunción[7].
Après avoir été scolarisé quatre ans à l'école Lorenzo Goicoa de Villava, les parents de Miguel Indurain l'inscrivent aucolegio al Cardenal Larraona dePampelune où étudient ses cousins. Une fois sonEducación General Básica(es) terminé, Indurain rejoint l'Instituto de Formación Profesional de Potasas où il étudie les machines et outils. Il ambitionne alors d'aider son père à l'entretien des machines agricoles[7].
Indurain pratique initialement l'athlétisme, spécialement lesprint long. Sur le 400 mètres, il est un moment le meilleur jeune de Navarre de sa catégorie d'âge[8], il obtient également la troisième place d'un championnat scolaire espagnol sur le 300 mètres[9]. Il commence la pratique de la bicyclette à l'âge de neuf ans[1], et l'année suivante, se fait offrir un vélo (d'occasion) pour parcourir les 20 kilomètres qui séparent Villava d'Alzorriz, le village de sa mère.
À onze ans, à la suite du vol de sa bicyclette, son père lui offre un vélo de course. Avec sa nouvelle machine, Indurain remporte ses premiers succès[10]. Il rejoint leClub Ciclista Villavés en 1976[1] au sein duquel il remporte de nombreuses victoires[11] sur des courses qui se disputent en Navarre et auPays basque[1]. En 1981, il se retrouve en catégorie Junior. Pour sa première année dans cette catégorie, il remporte cinq courses[11]. Durant sa jeunesse, Indurain a pour idoleBernard Hinault[12],[13].
Grâce aux victoires qu'il obtient au cours de l'année 1981 et au début de 1982[11], Miguel Indurain attire les regards de plusieurs équipes cyclistes navarraises.
Il rejoint en cours d'année la section amateur de l'équipeReynolds, dont le responsable estEusebio Unzué[7]. Semi-professionnel[1], il se consacre à plein temps au cyclisme. Après plusieurs mois sans victoire, il remporte le championnat de Navarre puis le championnat d'Espagne amateur[11] où il bat au sprintJokin Mujika[7]. Cette année-là, il remporte cinq autres victoires individuelles et une par équipe[11].
En 1984, avant de passer officiellement professionnel, Miguel Indurain fait partie de l'équipe d'Espagne sélectionnée pour lesJeux olympiques. Il participe à la course en ligne, mais ne termine pas l'épreuve[1].
L'équipe cycliste Reynolds est liée à une entreprise d'aluminium navarraise. Il reste au sein de cette structure, dirigée principalement parJosé Miguel Echavarri, durant toute sa carrière. En1989, la banqueBanesto devient sponsor secondaire de l'équipe, puis sponsor principal en1990[14],[15].
Miguel Indurain commence comme stagiaire le avant de devenir professionnel à part entière l'année suivante[8]. De tels débuts en cours de saison sont courants dans le milieu du cyclisme et permettent d'observer l'adaptation du jeune coureur au monde professionnel. Sa première course est leTour de l'Avenir où il se fait remarquer en décrochant sa première victoire individuelle en remportant la dixième étape[14], uncontre-la-montre individuel[b],[8],[16]. Cependant, il ne finit pas la course.
L'année suivante, Indurain participe pour la première fois à ungrand tour. Il s'agit duTour d'Espagne. Lors de l'épreuve, il termine deuxième du prologue et grâce au travail de son équipe, il endosse le maillotamarillo au terme de la deuxième étape aux dépens du NéerlandaisBert Oosterbosch. Devenant alors le plus jeune coureur à porter le maillotamarillo[c],[18], il le garde quatre jours avant d'en être dépossédé par son compatriotePedro Delgado. Il termine cetteVuelta à la84e place. Participant ensuite auTour de France, il abandonne dès le quatrième jour en raison d'une maladie virale. Lors duTour de l'Avenir, il remporte deux étapes (un contre-la-montre et une étape en ligne[16]) mais ne termine pas la course. Il termine à la deuxième place de laRuta del Sol[14].
Premières victoires dans des courses par étapes (1986-1988)
En 1986, Miguel Indurain remporte sa première victoire dans une course à étapes en s'imposant lors duTour de la Communauté européenne. Il s'impose lors des deux contre-la-montre (le prologue et la dixième étape) et résiste dans la montagne[16]. En outre, il obtient une troisième place dans la Clasica de Cizurkil et remporte la victoire finale dans leTour de Murcie[1] après avoir remporté le prologue. Terminant92e duTour d'Espagne, il abandonne de nouveau lors duTour de France après une place d'honneur sur la septième étape[14]. Cet abandon est programmé avec son équipe et rentre dans le cadre de la stratégie de progression définie pour Indurain par son encadrement[19].
Les victoires obtenues durant la saison surprennent l'encadrement de son équipe, qui décide d'étudier les capacités physiques du Navarrais. Pour cela, il se rend à la clinique du médecin italienFrancesco Conconi[1] pour des consultations qui durent jusqu'à 1991[20]. Les premiers tests démontrent un potentiel physique illimité[21] lui permettant de remporter un grand tour à condition de perdre du poids et de s'entraîner dur en montagne[1]. À partir de ce moment, Indurain devient le grand espoir de son équipe.
En 1988, Indurain est victime d'allergies qui l'empêchent de se mettre en évidence dans les principales épreuves de la saison. En l'absence dePedro Delgado, de retour cette saison-là dans l'équipe Reynolds, qui a préféré participer auGiro, il s'aligne sur laVuelta pour aider son partenaireJulián Gorospe, leader de l'équipe Reynolds pour cette épreuve[23]. Il abandonne pour la deuxième fois consécutive dans son tour national. Lors duTour de France, il est un équipier précieux pour Delgado[1] qui remporte la Grande Boucle cette année-là. Indurain gagne en fin de saison leTour de Catalogne après avoir remporté le contre-la-montre. Il s'impose également sur une étape duTour de Cantabrie et une duTour de Galice[14]. À ce moment-là de sa carrière, il est considéré comme un éternel espoir, n'ayant aucune chance de remporter un grand tour en raison de performances irrégulières en montagne[1].
Son doublé Paris-Nice/Critérium international lui permet d'aborder leTour d'Espagne comme un leader de l'équipe Reynolds[26],[27],[28]. En effet, le leader théoriquePedro Delgado dont l'objectif principal est leTour de France n'a gagné aucune course depuis le début de l'année. Delgado remporte finalement cetteVuelta. Indurain ne se distingue pas particulièrement dans les premières étapes et figure au départ de l'étape reine de montagne qui se termine auxLacs de Covadonga à la neuvième place du classement général à trois minutes de Delgado[29]. Lors de celle-ci, il chute dans une descente qui lui occasionne une double fracture à la main gauche. Il ne repart pas le lendemain[30],[31].
Lors de la Grande Boucle, il est là pour épauler Delgado qui perd cependant du temps lors du prologue qu'il démarre avec 2 minutes 40 secondes de retard puis plus de 4 minutes le lendemain lors du contre-la-montre par équipes[32],[33]. Indurain réussit à remporter sa première victoire dans le Tour en remportant la neuvième étape disputée dans les Pyrénées[34]. Quelques jours plus tard, il termine troisième lors d'une étape contre-la-montre. Il finit la course au dix-septième rang[14] et poursuit ainsi sa progression dans le classement général des grands tours. Il termine la saison à la vingtième place duclassement FICP 1989[35].
Au départ duTour de France, il est un équipier de luxe de Pedro Delgado[39]. Il termine le premier contre-la-montre individuel à la deuxième place derrièreRaúl Alcalá mais devant tous les favoris à la victoire finale[40]. Lors de la onzième étape qui se termine àL'Alpe d'Huez, il se sacrifie pour Delgado perdant ainsi toute chance de victoire finale[41]. Il est un des hommes forts en montagne dans la suite du Tour. Il est ainsi troisième du contre-la-montre en côte deVillard-de-Lans[42], deuxième de la quatorzième étape[43] et il remporte la victoire lors de la seizième étape qui se termine par la montée deLuz-Ardiden[44]. Il semble alors clair qu'en 1991, il serait protégé au même niveau que Delgado au minimum puisque selon une étude il a perdu 12 minutes et 50 secondes dans l'aide qu'il a apportée à Delgado. Or ce temps perdu lui aurait permis de remporter le Tour, puisqu'il l'achève à la dixième place à 12 minutes et 47 secondes du vainqueur,Greg LeMond[41].José Miguel Echavarri, le manager de l'équipe Banesto, déclare alors :« Le résultat nous invite à une profonde réflexion. »[e],[41]. En fin de saison, il est sélectionné pour la quatrième année consécutive pour lechampionnat du monde sur route. En finissant douzième de la course, il termine pour la deuxième fois la course après 1987[f] et se classe premier Espagnol[45]. Il est quatrième duclassement FICP en fin d'année[46].
Lors des derniers mois de l'année, l'équipe Banesto recrute le docteurSabino Padilla(es). Bien qu'il soit officiellement un médecin de l'équipe, sa mission principale est de s'occuper du Navarrais. En effet selon le manager de l'équipeJosé Miguel Echavarri qui se base sur les données obtenues parFrancesco Conconi, Indurain« pouvait faire de grandes choses »[g],[20]. Padilla rejoint ainsi la structure médicale de Banesto au sein de laquelle travaille déjàJosé Calabuig Nogués, un cardiologue de l'Université de Navarre[47].
Le début de la saison 1991 est similaire à la saison précédente. Miguel Indurain se met en évidence dansLiège-Bastogne-Liège en obtenant la quatrième place de la course[48]. Il remporte ensuite leTour du Vaucluse en y ajoutant la victoire lors du contre-la-montre[14]. En l'absence dePedro Delgado qui préfère disputer leTour d'Italie, il s'aligne sur laVuelta en tant que leader de l'équipe Banesto et favori à la victoire finale[1]. Indurain figure à près de deux minutes des premiers à l'issue du contre-la-montre initial disputé par équipes de trois coureurs et du contre-la-montre par équipes[49]. Il est battu de près d'une minute dans le contre-la-montre suivant parMelchor Mauri, le leader du classement général, et se retrouve alors à près de trois minutes de son compatriote[50]. La onzième étape qui se déroule dans les Pyrénées (Andorre-Pla de Beret) est annulée pour cause de mauvais temps, ce qui avantage Mauri, meilleur rouleur que grimpeur[51]. Indurain tente ensuite de distancer Mauri dans l'étape de montagne suivante[52]. Il lui reprend une minute et se replace en quatrième position au classement général[53]. Mauri s'accroche ensuite dans la montagne[54] et distance définitivement ses rivaux dans le dernier contre-la-montre qu'il remporte[55]. Indurain, deuxième de ce contre-la-montre[55], en profite pour terminer deuxième au classement final à près de trois minutes de son compatriote[56]. La presse spécialisée ainsi que les fans commencent à douter de sa capacité à remporter la victoire dans les courses par étapes majeures[1]. Peu de temps après, Indurain remporte deux étapes de laBicyclette basque[57],[58], course qu'il finit à la troisième position derrièreGianni Bugno etPiotr Ugrumov[59].
Miguel Indurain en 1991.
Lors duTour de France, José Miguel Echavarri, directeur sportif de Banesto, déclare qu'Indurain et Delgado sont co-leaders de l'équipe[1]. Lors de la première étape, le duo espagnol perd près de 2 minutes surGreg LeMond etErik Breukink[60]. Dans les premières étapes les deux leaders espagnols reçoivent de fortes critiques de la presse en raison de leur manque de combativité[61]. Alors que des favoris théoriques à la victoire finale tels queCharly Mottet etGreg LeMond[62] prennent leur distance au classement général, la côte d'Indurain et de Delgado commence à baisser. Toutefois, Indurain montre sa capacité à jouer un rôle dans l'épreuve en battant LeMond lors de la huitième étape, un contre-la-montre de 73 kilomètres arrivant àAlençon qu'il remporte devant l'Américain pour huit secondes. Il se classe alors quatrième au classement général à un peu plus de 2 minutes de l'Américain[63]. Dans l'étape reine des Pyrénées qui arrive àVal-Louron, Delgado ne peut supporter le rythme des meilleurs lors de l'ascension duTourmalet, tandis que le Navarrais fait partie du petit groupe de prétendants à la victoire. Dans les derniers mètres de l'ascension, LeMond perd quelques secondes. Indurain s'échappe alors dans la descente et prend rapidement près d'une minute d'avance sur le groupe du maillot jaune. Dans la vallée qui conduit au Col d'Aspin,Claudio Chiappucci s'échappe également de ce groupe et revient sur Indurain. Les deux hommes iront en tête jusqu'à l'arrivée. Au sommet final, Chiappucci est vainqueur, Indurain, deuxième, endosse le premier maillot jaune de sa carrière[64],[65] et devient officiellement le seul leader de l'équipe Banesto[66]. Au général, Mottet deuxième etGianni Bugno, troisième, sont à trois minutes[67]. Lors de l'étape deL'Alpe d'Huez, il parvient à mettre en échec les attaques de Bugno. l'Italien gagne l'étape mais ne reprend pas de temps[68]. Indurain conforte sa première place lors du dernier contre-la-montre deMâcon. Il gagne l'étape avec 27 secondes d'avance sur Bugno[69]. Le lendemain, il remporte la Grande Boucle, devenant le quatrième espagnol à s'imposer dans l'épreuve aprèsFederico Bahamontes en1959,Luis Ocaña en1973 et Pedro Delgado en1988[70]. L'équipeBanesto remporte également leclassement par équipes[15].
Il dispute ensuite lechampionnat du monde sur route àStuttgart. Sous l'impulsion de Gianni Bugno, un quatuor dont fait partie Indurain se détache dans la dernière montée et se dispute la victoire au sprint. Celui-ci est remporté par Bugno qui devance dans l'ordreSteven Rooks, Indurain etÁlvaro Mejía[71]. Il enchaîne début septembre par une victoire lors duTour de Catalogne[72] avec une victoire d'étape lors du contre-la-montre[73]. Cette saison se termine par une deuxième place auclassement FICP, Indurain étant devancé par Bugno[74].
Sur leGiro, il se place d'emblée dans le classement général en terminant le prologue à la deuxième place à 3 secondes du FrançaisThierry Marie[80]. Deux jours plus tard, il endosse lemaillot rose[81] et augmente son avance sur ses adversaires en remportant la quatrième étape, un contre-la-montre individuel de 38 kilomètres[80]. Il garde la tête du classement général jusqu'au bout, résistant aux attaques de ses rivaux italiensClaudio Chiappucci etFranco Chioccioli et ne tient ainsi pas compte de l'éventualité évoquée par Echevarri de laisser le maillot rose à un de ses rivaux jusqu'au dernier jour et le contre-la-montre final deMilan[82]. Lors de ce contre-la-montre de 66 kilomètres, il parvient à rattraper Chiappucci pourtant parti 3 minutes avant lui[82]. Il remporte ceGiro avec plus de 5 minutes d'avance sur Chiappucci qui termine second[80] devenant ainsi le premier Espagnol à remporter leGiro[65]. Il s'impose en prime sur leclassement intergiro[14]. Devenant alorsnuméro 1 mondial au[83], il s'impose quelques jours plus tard au sprint lors duchampionnat d'Espagne sur route[84].
Miguel Indurain portant le maillot jaune.
SonTour de France 1992 débute par une victoire lors du prologue deSaint-Sébastien. Il ne garde lemaillot jaune qu'une journée car il en est dépossédé le lendemain par le SuisseAlex Zülle[85]. Il réalise une grande performance quelques jours plus tard à l'occasion du contre-la-montre deLuxembourg. Il gagne l'étape de 65 kilomètres repoussant le deuxième, son équipier françaisArmand de Las Cuevas, à trois minutes[86]. Il marque alors les esprits, ainsiGianni Bugno le qualifie d'« extraterrestre »[h],[87].Laurent Fignon, doublé alors qu'il est parti 6 minutes avant le Navarrais[88], déclare :« Ce n'est pas un homme, c'est un avion »[i],[82]. Il gère ensuite les étapes de haute montagne et reprend le maillot jaune au terme de l'étape deSestrières. Lors de cette étape, l'Italien Claudio Chiappucci attaque et réalise plus de 200 kilomètres d'échappée. Derrière, Indurain revient au fur et à mesure des kilomètres mais subit une défaillance dans les dernières centaines de mètres. Il termine troisième de l'étape à 1 minute 45 secondes de l'Italien[89]. Le lendemain, il reste avec Chiappucci dans la montée deL'Alpe d'Huez[90]. Il parachève son succès en remportant le contre-la-montre individuel deBlois[91] et termine ainsi le Tour sur la plus haute marche du podium avec 4 minutes 35 secondes d'avance sur Chiappucci et 10 minutes 49 secondes surGianni Bugno[92].
AuPuy du Fou, il entame le Tour de France par une victoire lors duprologue[102]. Il garde lemaillot jaune durant deux jours avant d'en être dépossédé par le BelgeWilfried Nelissen[103]. Il reprend la tunique jaune à l'issue de la neuvième étape disputée aulac de Madine contre-la-montre[104] et remportée avec plus de deux minutes d'avance sur l'ItalienGianni Bugno, le NéerlandaisErik Breukink ou le SuisseTony Rominger[102]. Lors des deux étapes alpestres suivantes, il termine dans le même temps que Rominger, vainqueur de ces deux étapes[102] et maintient ainsi l'écart construit avec le Suisse lors des contre-la-montre par équipes et individuel[82]. Lors du dernier contre-la-montre, Indurain est affaibli par de la fièvre[82] et est battu par Rominger de 42 secondes sur les 48 kilomètres du parcours[102]. Il remporte finalement le Tour avec près de 5 minutes d'avance sur Rominger et près de 6 minutes sur le troisième, le PolonaisZenon Jaskuła[102], devenant ainsi le premier coureur à remporter deux doublésGiro-Tour consécutifs[1]. Après le Tour, il remporte le prologue et le classement final duTrophée Castille-et-León ainsi que laClásica a Los Puertos[14].
Fin août, sélectionné pour leschampionnats du monde qui se déroulent àOslo, il se classe deuxième à 19 secondes d'une course remportée par l'AméricainLance Armstrong. Il bat dans le sprint pour la deuxième place des sprinteurs commeOlaf Ludwig ouJohan Museeuw[105]. À l'issue de cette saison, il est numéro 1 auclassement UCI pour la deuxième année consécutive[106].
Défaite sur le Tour d'Italie, victoire sur le Tour de France (1994)
Ses premières victoires de la saison sont une étape duTour de la Communauté valencienne ainsi que le classement final et le contre-la-montre duTour de l'Oise[14],[108]. Devancé lors du prologue duGiro par le FrançaisArmand de Las Cuevas et le RusseEvgueni Berzin[108],[109], il est de nouveau battu par ces deux coureurs ainsi que parGianni Bugno lors du contre-la-montre deFollonica. Il perd alors plus de 2 minutes 30 secondes sur Berzin[109]. Devant être offensif pour tenter de reprendre le temps perdu précédemment, il se retrouve échappé avecMarco Pantani lors de la dernière montée de l'étapeMerano-Aprica. Victime alors d'une défaillance, il ne peut empêcher Pantani de s'imposer en solitaire avec près de 3 minutes d'avance surClaudio Chiappucci, qui a rattrapé Indurain. Le Navarrais termine l'étape en cinquième position, à 3 minutes 30 secondes de Pantani et ne reprend que 36 secondes à Berzin[110],[109]. Trois jours plus tard, lors d'un contre-la-montre en côte de 35 kilomètres, Berzin s'impose à nouveau, 20 secondes devant Indurain, Pantani étant troisième[109]. LeGiro se termine finalement par une victoire du Russe devant Pantani à 2 minutes 51 secondes et Indurain à 3 minutes 23 secondes[109]. C'est la première fois qu'Indurain est battu dans un grand tour depuis leTour de France 1991[111]. Après sa retraite, Indurain déclare qu'il n'était pas« au Giro dans les meilleures conditions, et l'objectif était d'y participer pour préparer le Tour de France »[j],[112].
À la suite de sa troisième place lors duGiro, Indurain perd sa place de numéro 1 mondial au profit du SuisseTony Rominger, triple tenant du titre duTour d'Espagne[113]. Les deux coureurs sont les principaux favoris duTour de France[114]. Lors du prologue deLille, les deux coureurs sont sur le podium, Indurain devançant Rominger. Les deux cyclistes sont cependant battus par le BritanniqueChris Boardman[115]. Lors du contre-la-montre deBergerac, Indurain s'impose avec 2 minutes d'avance sur Rominger, deuxième et plus de 4 minutes sur de Las Cuevas, troisième[115] et prend alors lemaillot jaune[116]. Deuxième àHautacam puis sixième àLuz-Ardiden[115], Indurain conforte son avantage sur Rominger, diminué par une gastro-entérite[82]. Au terme de ces deux étapes pyrénéennes, Indurain compte près de 8 minutes d'avance sur le Suisse, deuxième du classement général[117]. Rominger abandonnant le lendemain[118], Indurain contrôle ses 8 minutes d'avance dans la suite du Tour. Il obtient ainsi des places d'honneur dans les étapes alpines et finit à la troisième place du dernier contre-la-montre derrièrePiotr Ugrumov etMarco Pantani[115]. Indurain s'impose finalement àParis pour la quatrième année consécutive et devance sur le podium final Ugrumov et Pantani[115].
À la fin du mois d'août, un contrôle positif d'Indurain ausalbutamol pendant le Tour de l'Oise est annoncé. Il est blanchi quelques jours plus tard, expliquant utiliser ce produit pour soigner son asthme[119],[120]. Indurain décide de ne pas participer auxchampionnats du monde pour se concentrer sur lerecord de l'heure[121]. Le, auvélodrome de Bordeaux, il bat ce record alors détenu depuis quelques mois parGraeme Obree en parcourant 53,040 kilomètres[82],[122], abaissant à cette occasion les records d'Espagne du 5, du 10 et du 20 kilomètres[14]. Indurain ne garde ce record que durant quelques semaines. En effet, sur la même piste, Tony Rominger parcourt 792 mètres de plus le[82]. Indurain termine la saison à la deuxième place duclassement UCI derrière Rominger[123].
Indurain gagne ses premières victoires de la saison en remportant une étape contre-la-montre duTour d'Aragon, une étape duTour des vallées minières, dont il prend la troisième place finale[124], ainsi qu'une étape et le classement général duTour de La Rioja[14]. Changeant sa préparation pour leTour de France, il renonce ainsi à disputer leGiro pour se consacrer à des courses à étapes que sont leTour des Asturies, leGrand Prix du Midi libre et leCritérium du Dauphiné libéré[1],[21]. Mi-mai, il gagne deux étapes et termine troisième de la course asturiane[125], remporte ensuite le classement général du Midi Libre[126] puis en juin le contre-la-montre et le classement final du Dauphiné[127].
Indurain est le principal favori du Tour de France. Une victoire dans cette Grande Boucle lui permettrait de devenir le coureur le plus titré du Tour de France à égalité avecJacques Anquetil,Eddy Merckx etBernard Hinault[128]. Il commence le Tour de France par une trente-cinquième place lors du prologue, place qui s'explique par la pluie qui s'abat sur le parcours alors qu'une partie des concurrents avait déjà franchi la ligne d'arrivée[129]. Lors de l'étape deLiège, qui se dispute sur les routes deLiège-Bastogne-Liège, il rejoint le BelgeJohan Bruyneel après une attaque de celui-ci dans la côte de Mont-Theux à un peu plus de 20 kilomètres de l'arrivée[82],[130]. Indurain roule seul en tête jusqu'à l'arrivée, Bruyneel ne collaborant pas avec lui en raison de la présence à l'arrière de ses leadersLaurent Jalabert etAlex Zülle[131]. Bruyneel gagne l'étape au sprint mais Indurain prend 50 secondes aux autres concurrents[130],[132],[133]. Le lendemain, il remporte le contre-la-montre de 54 kilomètres deSeraing avec 12 secondes d'avance surBjarne Riis et 58 secondes sur Tony Rominger[133]. Prenant alors la tête du classement général, il devance Riis de 23 secondes et a plus de 2 minutes d'avance sur des coureurs commeBerzin ou Rominger[132]. L'étape suivante mène le peloton àLa Plagne. Cette étape est marquée par une échappée du Suisse Alex Zülle qui s'impose en solitaire. Derrière, Indurain attaque dans la montée finale et termine à deux minutes du Suisse mais distancePavel Tonkov, troisième, de plus de deux minutes. Au général, Indurain devance alors Alex Zülle de 2 minutes 27 secondes. Bjarne Riis, troisième, est à près de 6 minutes[134]. Le, lors de l'étape de Mende, Indurain est attaqué par l'équipe ONCE qui place à l'avant Laurent Jalabert,Melchor Mauri etNeil Stephens. Un temps maillot jaune virtuel quand l'échappée dispose de plus de 10 minutes d'avance sur le peloton, Jalabert gagne l'étape et reprend 5 minutes 41 secondes à Indurain, devenant troisième au classement général à 3 minutes 35 secondes. Son coéquipier Alex Zülle, qui reste deuxième du classement général, concède 17 secondes au Navarrais[135]. Indurain garde son avance dans les Pyrénées où il prend plusieurs places d'honneur[133]. Il remporte le dernier contre-la-montre devant Bjarne Riis et Tony Rominger et s'adjuge finalement cette Grande Boucle avec 4 minutes 35 secondes d'avance sur Alex Zülle. Bjarne Riis, à près de 7 minutes d'Indurain, complète le podium[133]. Indurain enchaîne mi-août par une neuvième place lors de laClassique de Saint-Sébastien puis par une victoire d'étape et le classement final duTour de Galice[14].
Il part ensuite s'entraîner dans leColorado en vue deschampionnats du monde et du record de l'heure[136], ses objectifs suivants. Il renonce pour cela à disputer leTour d'Espagne, malgré l'existence d'un accord datant de 1994 entre son équipe et l'organisation de laVuelta sur sa participation à l'épreuve espagnole[137],[138]. Lors des championnats du monde, il remporte tout d'abord le contre-la-montre devantAbraham Olano. Les positions s'inversent ensuite lors de la course en ligne, Olano l'emportant en solitaire et Indurain terminant second à la suite d'un sprint remporté devantMarco Pantani[139]. Il suspend ensuite sa tentative de record de l'heure à cause des conditions climatiques et d'une fatigue excessive, ce qui occasionne des tensions avec son équipe pour la première fois[1]. Il est troisième au classement UCI en fin d'année derrière Laurent Jalabert et Tony Rominger[140].
Défaite lors du Tour de France 1996 puis fin de carrière
Les premières victoires de la saison de Miguel Indurain sont obtenues fin avril sur leTour de l'Alentejo auPortugal. Il y gagne deux étapes et le classement général où il devance son frère et coéquipierPrudencio[141]. Comme l'année précédente il ne participe pas auGiro mais il se consacre à des courses par étapes d'une semaine[1]. Il gagne ainsi une étape et le classement final duTour des Asturies, une étape et le classement général de laBicyclette basque puis leCritérium du Dauphiné libéré agrémenté de deux victoires d'étapes dont une au sprint[14],[142].
Favori principal duTour de France au moment du départ, Indurain deviendrait alors en cas de victoire le premier coureur à remporter l'épreuve six fois et ce consécutivement[143],[144],[145]. Septième du prologue remporté parAlex Zülle[146], il commence la montagne la semaine suivante sans avoir parcouru avant une étape contre-la-montre[144]. La première étape de montagne qui mène auxArcs est tout d'abord marquée par l'abandon du maillot jauneStéphane Heulot, la défaillance deLaurent Jalabert dans lecol de la Madeleine et les chutes d'Alex Zülle et deJohan Bruyneel. Lors de l'ascension finale, Indurain est lâché du groupe des favoris alors qu'il reste un peu plus de 3 kilomètres à parcourir[145]. Il finit l'étape à la seizième place à 4 minutes 19 secondes du vainqueurLuc Leblanc qui était échappé. Indurain perd plus de trois minutes sur des coureurs commeTony Rominger,Bjarne Riis ouEvgueni Berzin qui endosse alors le maillot jaune. Le lendemain, lors du contre-la-montre deVal d'Isère, Berzin conforte son maillot jaune en remportant l'étape, Indurain étant cinquième à 1 minute 1 seconde[146],[144]. Dominé ensuite par le DanoisBjarne Riis dans l'étape raccourcie de Sestrières[144], il sort des Alpes huitième du classement général à 4 minutes 38 secondes de Riis[147]. Dans lesPyrénées, il perd toute chance de terminer sur le podium. Douzième àHautacam, il ne figure pas le lendemain dans le groupe de huit échappés qui se constitue durant l'étape. Perdant à ce moment plus de 8 minutes sur ces coureurs qui seront les 8 premiers du classement final du Tour[144], il monte toutefois sur le podium d'arrivée en compagnie du maillot jaune Bjarne Riis. L'arrivée se situe en effet àPampelune, dans la région natale d'Indurain, et cette étape avait été créée pour rendre hommage au coureur espagnol[145]. Deuxième du contre-la-montre final deSaint-Émilion à près d'une minute deJan Ullrich, il termine le Tour à la onzième place à près d'un quart d'heure de Riis[146]. Le Danois admet quelques années plus tard s'être dopé durant l'épreuve[148].
AuxJeux olympiques d'Atlanta, Indurain termine tout d'abord vingt-sixième de lacourse en ligne[149]. Il devient le le premierchampion olympique du contre-la-montre sur route de l'histoire devant son compatrioteAbraham Olano[82]. En septembre, alors que des rumeurs annonçant une retraite de Navarrais à la fin de l'année commencent à apparaître, il participe auTour d'Espagne à la suite d'une décision de son équipe[150]. Il a notamment comme adversairesTony Rominger et les coureurs de l'équipeONCE Laurent Jalabert, Alex Zülle etMelchor Mauri[151]. Après une semaine réservée aux sprinteurs, Indurain pointe à plus d'une minute de Jalabert, à une quarantaine de secondes de Zülle. Rominger est, lui, à plus de 7 minutes du Navarrais[152]. Troisième du contre-la-montre d'Avila derrière Rominger et Zülle, Indurain passe deuxième au classement général à 1 minute 4 secondes de Zülle[153]. Lâché dans l'alto del Naranco notamment par Laurent Jalabert et Alex Zülle lors de la douzième étape, il perd une minute sur le Suisse et est devancé par le Français au général[154]. Distancé à nouveau par le duo ONCE le lendemain dans l'étape qui mène auxLacs de Covadonga, Indurain abandonne alors laVuelta[155].
En fin de contrat à l'issue de la saison, Indurain fait l'objet d'offre de plusieurs équipes. Ainsi, les équipesKelme etPolti sont intéressées par son recrutement[156]. Cependant la négociation la plus importante et qui dure plusieurs mois se passe avec l'équipe ONCE[157],[1],[156]. Finalement le, Indurain annonce la fin de sa carrière de coureur professionnel lors d'une conférence de presse tenue dans un hôtel de Pampelune[1]. Abraham Olano devient alors le nouveau chef de file de l'équipeBanesto[15].
Miguel Indurain n'a jamais été contrôlé positif au cours de sa carrière[158]. En 1994, l'information d'un possible contrôle positif ausalbutamol auTour de l'Oise de cette même année est diffusée dans les médias. Cependant, il est apparu immédiatement après la publication de la nouvelle que l'usage du salbutamol via aérosol n'était pas prohibé par l'UCI[159] bien qu'il le fût en France[160]. Par ailleurs, les services médicaux deBanesto avaient dûment informé de l'usage du salbutamol à des fins thérapeutiques avant la course[159]. Par conséquent, Indurain est blanchi quelques mois plus tard[120] et le dossier définitivement classé négatif. En effet, il n'a pas été établi que le salbutamol a été utilisé par le cycliste à des fins autres que thérapeutiques[119]. À la suite de la diffusion de cette information, Indurain ne cache pas qu'il prend ce traitement depuis plusieurs années pour soigner ses problèmes d'allergie et que jusqu'alors il n'avait jamais été déclaré positif[161].
Antoine Vayer, entraîneur de l'équipeFestina dans les années 1990, travaille avec Portoleau sur les calculs de puissance. Il s'exprime en2013 dans son livreLa Preuve par 21 sur les performances d'Indurain durant ses victoires sur le Tour de France et exprime ses doutes quant à celles-ci. Ainsi, lors de l'édition1995, les calculs de Vayer estiment la puissance moyenne développée par Indurain sur la course à 455 watts, soit le résultat le plus élevé sur la période 1983-2012 qui est celle qu'il a analysée. Selon sa propre classification, cette performance l'amène à un niveau de« mutant »[166],[167].
L’interprétation des données de puissance est cependant complexe car elle devrait prendre en compte de nombreux facteurs et les analyses de Portoleau et Vayer sont contestées.Frédéric Grappe, entraîneur dans le cyclisme et docteur en Science spécialisé dans la physiologie de l’entraînement sportif, a mis au point pour laFdJ le PPR (« profil de puissance record »)[168]. Selon Ross Tucker spécialiste en performance sportive, les modèles de calcul de puissances (CPL, DrF, BCR, rst, etc.)[169] ont des résultats différents selon leurs méthodes de calcul des variables environnementales (température, humidité, direction, vitesse du vent, etc.), variables de courses (profil et durée de l'étape, placement de l'étape dans le tour, etc.) ou les performances du coureur (rendement énergétique qui varie de 21 à 27 %, pourcentage d’exploitation de la VO2max, etc.)[170].
En 2000, lors du procès de l'affaire Festina au tribunal deLille, l'ancien coureur de BanestoThomas Davy déclare avoir commencé à utiliser de l'EPO sous contrôle médical après avoir rejoint l'équipe espagnole. Il n'accuse pas nommément Indurain de s'être dopé[171]. Le Navarrais dément ensuite les accusations de Davy dans la presse espagnole[172],[173].
Indurain consulte à plusieurs reprises de 1986 à 1991 le médecin italienFrancesco Conconi[20]. Conconi a à l'époque créé un test cardiaque permettant de mesurer les seuils maximumanaérobiques etaérobiques durythme cardiaque[174],[175]. En 2013,Sandro Donati, expert italien antidopage et chercheur de l'Agence mondiale antidopage, affirme qu'Indurain et son équipe Banesto ont travaillé durant les années 1990 avec Conconi pour des« montants élevés »[k].Erwin Nijboer, coureur de Banesto de 1994 à 1996, déclare que« c'était seulement pour faire le test Conconi »[l]. Donati déclare douter de cette version :« je ne pense pas que Banesto a payé autant uniquement pour tester ses coureurs »[m],[175].
Miguel Indurain déclare en2005 être favorable à l'instauration d'un règlement international antidopage pour tous les sportifs. Il considère la règlementation de l'UCI comme « discutable »[176] et pense que la révélation de plusieurs cas positifs n'altère pas le soutien des supporters de cyclisme[177]. En2012, Indurain ainsi que plusieurs coureurs espagnols en activité (Alejandro Valverde,Alberto Contador etSamuel Sánchez) soutiennent l'innocence deLance Armstrong après que celui-ci a été sanctionné pour dopage par l'USADA, sanction confirmée ensuite par l'UCI[178],[179],[180]. À la suite des aveux de dopage d'Armstrong, Indurain déclare que l'Américain « a fait beaucoup de mal au cyclisme »[180].
Au début de sa carrière professionnelle, Indurain est plutôt classé comme un coureur capable de se mettre en évidence dans les classiques ou les courses par étapes d'une semaine en raison notamment de sa physiologie et de son poids de plus de 80 kg[181] qui le handicape quand la route s'élève. Se spécialisant ensuite dans les grands tours, son poids est d'ailleurs un sujet de surveillance particulière pour le coureur[182],[8] qui déclare devoir peser« 80 kg au mieux au début du Tour »[183],[184]. Il a une fréquence cardiaque de 28 battements par minute au repos[8] ainsi qu'uneVO2max de 88 ml/min/kg[4]. À l'effort son cœur peut pomper50 litres de sang par minute[8]. Sa capacité thoracique qui est de8 litres[185] est plus élevée que celle d'Eddy Merckx[21].
Reconnu pour son sens tactique[182], il est aussi comparé àJacques Anquetil[76],[186],[187] ou àFrancesco Moser pour ses qualités physiques[182].Miguel Indurain est un rouleur d'exception, grand spécialiste du contre-la-montre[186],[183],[188], en témoigne le nombre de ses victoires dans ce type de courses. Ces capacités font que sa tactique de course sur le Tour de France consiste principalement à prendre du temps lors des contre-la-montre à l'ensemble de ses adversaires puis de gérer l'avance acquise lors des étapes de montagne, quitte à ne remporter aucune étape en ligne de la Grande Boucle lors de ses années victorieuses[n], ce qui lui vaut des critiques[15],[186],[4],[185],[145],[188] mais lui permet de s'attirer les faveurs de certains de ses collègues[128],[183],[187]. Malgré son physique de rouleur, ses aptitudes en font un grimpeur puissant et régulier capable de résister à des coureurs commeMarco Pantani ouClaudio Chiappucci[186],[188] et même d'attaquer et de distancer ainsi ses adversaires comme lors de l'étape deLa Plagne en1995 ou celle deVal-Louron en1991[189]. C'est d'ailleurs à la suite de cette étape de montagne de Val-Louron qu'Indurain endosse pour la première fois le maillot jaune en 1991[186].
Dès ses débuts, Indurain choisit de se focaliser sur certaines courses[8]. Dans les années 1990, Indurain a chaque année comme objectif principal le Tour de France[75],[107],[128],[183] et pour cela, sa saison entière est conçue en fonction du Tour[190],[185], y compris les années où il dispute et gagne leGiro[75],[76]. Il bénéficie alors d'une équipe construite autour de lui[15].
Durant sa carrière de coureur, Miguel Indurain est reconnu pour sa gentillesse par l'ensemble de ses collègues[13],[190]. Ainsi le coureur britanniqueChris Boardman déclare :« Indurain me rend malade parce que c'est vraiment un type sympa. Impossible d'arriver à le détester. Il ne provoque ni haine, ni colère. C'est un gars vraiment sympa et un vrai champion. »[o]. Il est également reconnu pour son humilité[15],[186] et sa timidité[186],[8],[13],[128]. Il sait se montrer digne, ce qui se vérifie lors de sa défaite lors du Tour de France 1996[186]. Ces qualités lui permettent de recevoir un prix consacré aufair-play après la fin de sa carrière[191]. Il estcatholique[13],[186].
Après l'arrêt de sa carrière professionnelle, Indurain reste lié avec le monde du cyclisme. Il donne ainsi son avis à plusieurs reprises sur des thèmes concernant le sport cycliste. Il critique ainsi la décision des coureurs d'escamoter une partie de l'étape urbaine deBarcelone lors duTour d'Espagne 1999[192]. En 2003, il annonce publiquement son désaccord avec sa modeste huitième place lors d'un classement recensant les 100 meilleurs coureurs de l'histoire duTour de France[193]. Indurain est également président d'honneur du comité d'organisation deschampionnats du monde de cyclisme sur route 2014 qui se déroulent àPonferrada enEspagne[194]. Il refuse en revanche de devenirdirecteur sportif ou de s'investir en tant qu'organisateur de courses[160].
Alors qu'il est encore professionnel, Indurain crée en 1991, associé au cyclisteMarino Lejarreta et au footballeurGenar Andrinúa, une chaîne de magasins de sport nommée Forum Sport[195]. Cette entreprise se développe dans toute l'Espagne et attire dans son actionnariat d'autres sportifs espagnols, comptant ainsi 59 d'entre eux en mai 2003[196]. Indurain, qui dirige un magasin de sport àPampelune en 2013[13], déclare en 2016 que lui et Lejarreta ne sont plus impliqués dans l'entreprise[197]. En 2019, Miguel Indurain est administrateur d'une agence de publicité portant son nom et créée en 1992, ainsi que d'une société immobilière[198],[160].
Miguel Indurain rencontre Marisa López de Goicoechea en 1988 et l'épouse le[10],[198], le couple a trois enfants[203]. Son fils aîné, Miguel junior, dispute en 2010 ses premières courses de jeunes en Espagne[204], ne devient pas par la suite professionnel et dirige une entreprise consacrée au cyclisme de loisirs àMajorque[160]. Son frère cadet et sa sœur pratiquent lehandball[198],[160].
En douze participations au Tour de France, Indurain s'impose consécutivement de 1991 à 1995. Il remporte également douze victoires d'étape et porte lemaillot jaune durant 60 jours[205].
Miguel Indurain participe à trois reprises au Tour d'Italie qu'il termine à chaque fois sur le podium dont deux fois sur la plus haute marche. Il remporte également quatre étapes.
Monument en l'honneur de Miguel Indurain àAzagra en Espagne.
La carrière de Miguel Indurain a marqué le cyclisme espagnol.Imanol Erviti, coureur passé professionnel durant les années 2000 dit de lui qu'« il a inspiré toute une génération de coureurs espagnols et bien au-delà du Pays basque ». Selon le journaliste d'El País Carlos Arribas, l'influence des performances d'Indurain dépasse le cadre du cyclisme et s'étend à l'ensemble du sport espagnol, faisant disparaître un« complexe d'infériorité » et se disant« persuadé que les carrières deRafael Nadal,Pau Gasol ouFernando Alonso n'auraient pas été celles qu'elles ont été sans Indurain »[160].
↑Son prénom se prononce/miˈgel/ et non pas /migwel/ (« miguèle » et non pas « migouèle »).
↑Il remporte également le contre-la-montre par équipes.
↑Indurain demeure le plus jeune porteur du maillot de leader du Tour d'Espagne jusqu'au. Ce jour-là,Lenny Martinez devient le nouveau détenteur de ce record au terme de lasixième étape duTour d'Espagne 2023[17].
↑Labanque est devenue co-sponsor de l'équipe durant le Tour de France 1989 puis sponsor exclusif à partir de 1990.
↑Citation originale :« El resultado nos invita a una profunda reflexión »
↑Sélectionné en 1988 et 1989, il abandonne l'épreuve dans les deux cas.
↑Citation originale :« podía hacer grandes cosas »
↑Citation originale :« Indurain parece de otró planeta »
↑Citation originale :« No es un hombre, es un avión »
↑Citation originale :« no fui al Giro en las mejores condiciones, y el objetivo era hacerlo para preparar el Tour »
↑Citation originale :« was only to do the Conconi test »
↑Citation originale :« I don't think that Banesto paid that much to have the riders tested »
↑Il gagne deux étapes en ligne du Tour de France, une en 1989 et l'autre en 1990, soit un an avant sa première victoire au classement final.
↑Citation originale :« Indurain makes me sick because he’s actually a nice guy. You can’t actually work yourself up [against him]. There’s no hate involved, no anger. He’s a really nice bloke and a true champion. »
↑FrédéricPortoleau et ClémentGuillou, « Puissances sur le Tour : Voeckler fait du Virenque, Wiggins moins fort que Contador : C'est les watts qu'ils préfèrent »,Rue89, nouvelobs.com,(lire en ligne)
La version du 16 avril 2011 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.