Premier coempereur à exercer le pouvoir avec les mêmes prérogatives que son collègue, symbolisé par le fait qu’ils portaient tous deux le titre d’ « autokrator », il conduisit dans sa courte carrière quelques campagnes militaires contre lesOttomans, lesBulgares et les mercenaires de laCompagnie catalane, lesquelles se terminèrent soit par des échecs sérieux, soit par des demi-succès, que soit en raison de mauvaise stratégie, de l’état pitoyable de l’armée byzantine, ou simplement par manque de chance.
Après une série de défaites, il fut nommé par son père gouverneur deThessalonique. C’est là qu’il devait mourir de chagrin, selon les chroniqueurs de l’époque, après la perte de sa fille Anne et de son fils Manuel, ce dernier tué par les soldats de son fils ainé et également coempereur,Andronic III (r. 1328-1341).
Politiquement, économiquement et religieusement, l’Empire byzantin faisait face à des difficultés faisant douter de sa survie. Il n’est guère étonnant dans les circonstances que la naissance de Michel un jour dePâques[N 1] ait été saluée par Pachymérès comme un véritable miracle annonçant des jours meilleurs pour le peuple et l’Empire byzantin[7].
Dans les circonstances, le mariage du jeune homme était une affaire d’État et on commença à lui chercher une épouse alors qu’il n’était âgé que de onze ans. Dès 1288 commencèrent des négociations avec la famille de Courtenay, la dernière à avoir régné sur l’Empire latin. Petite-fille deBaudouin II de Courtenay, le dernier empereur latin, et fille de Philippe de Courtenay,Catherine de Courtenay était considérée dans les cours d’Occident comme l’impératrice titulaire de Constantinople. Ce mariage aurait eu comme avantage non seulement de mettre fin aux prétentions de cette famille au trône de Constantinople, mais aussi de s’assurer d’une certaine bienveillance de la part de ces mêmes États face au retour de la menace angevine alors queCharles II d'Anjou arrivait sur le trône deNaples. Poursuivi pendant plusieurs années, les négociations n’aboutirent pas, le pape s’opposant à l’union d’une impératrice latine à un empereur « hérétique »[14],[15],[16]. Le même obstacle devait empêcher le mariage de Michel avec la fille du roi franc deChypre[14].
D’autres tentatives, dont celle visant Yolande, sœur de Frédéric, roi de Sicile, n’eurent guère plus de succès[17]. Finalement, on se tourna vers l’Orient où Andronic II avait déployé une grande activité. En 1295, le roiHéthoum II de la Petite Arménie donna son consentement à ce que sa sœur Rita (appelée Marie à son arrivée à Constantinople) épouse Michel le 16 janvier 1296. Deux fils devaient naitre de cette union : Andronic qui deviendra Andronic III et Manuel, ainsi que deux filles, Anne et Theodora[17].
À la même époque, Michel qui avait été proclamé mais non couronné « basileus » le sera le 21 mai 1295 àSainte-Sophie comme le voulait la coutume[18].
Michel Paléologue était anxieux de se faire bien voir auprès de son père et de lutter pour l’unité de l’empire[21]. En 1302, des groupes d’Alains, fuyant lesMongols, demandèrent l’asile sur le territoire byzantin. Andronic s'empressa d’accepter et de les enrôler pour les envoyer sur la frontière orientale, chargeant son fils de reprendre en mains la situation[20]. Michel se trouva ainsi à la tête d’une force de quelque 16 000 hommes dont 10 000 Alains[22].
Toutefois, peu habitués aux usages byzantins, les Alains se mirent à piller avec un même zèle populations turques et grecques. Michel se dirigea avec ces troupes inexpérimentées et indisciplinées vers le fleuveHermos et la forteresse de Magnésie (aujourd’hui Manisa en Turquie). Soit que ses généraux aient tenté de réprimer l’ardeur d’un jeune chef inexpérimenté, soit que celui-ci ait réalisé que les Turcs occupaient les points culminants des montagnes avoisinantes, Michel laissa l’initiative à ses adversaires qui lors du premier affrontement l’emportèrent facilement[22]. Michel n’eut d’autre choix que de se réfugier dans la citadelle de Magnésie pendant que les Turcs ravageaient la contrée avoisinante. Michel y attendit trois mois que son père puisse réunir les sommes nécessaires pour payer ses soldats, période pendant laquelle nombre de Grecs et d’Alains désertèrent. À bout de ressources, Michel décida de fuir vers la côte, quittant secrètement son camp de nuit pour se réfugier à Pergame[23].
Pendant ce temps, les Alains déployés en Bithynie sur la frontière duSangarios furent refoulés par un groupe de Turcs commandés par Otman ouOsman ; ces épisodes constituent la, première mention chez Pachymérès du fondateur des Osmanli. Commandée par le général Mouzalon, l’armée byzantine comptait environ 2 000 hommes qui durent faire face à 5 000 Ottomans; la bataille se déroula àBapheus près deNicomédie le. Les Alains, vaincus par les Ottomans, se replient dans Nicomédie, laissant les troupes d'Osman ravager les campagnes environnantes[23].
La guerre contre les Ottomans n’était pas terminée que s’amorçait une nouvelle campagne, cette fois contre les Bulgares. Après avoir étendu son pouvoir sur la Bessarabie, le nouveau khan bulgareThéodore Svetoslav (r. 1300-1321) multiplie les initiatives enThrace, capturant nombre de forteresses byzantines sur les pentes desRhodopes. En 1304, il lança une offensive sur les possessions byzantines enmer Noire, territoires qu’il considérait lui appartenir, conquérant Mesembria (aujourd’hui Nesebăr en Bulgarie), Anchialos (aujourd’hui Pomorie en Bulgarie), Sozopolis (aujourd’hui Sozopol en Bulgarie), et Agathopolis (aujourd’hui Ahtopol en Bulgarie)[27].
Les hostilités se poursuivirent jusqu’en 1307, alors que les Byzantins furent forcés de reconnaître les gains territoriaux de Théodore Svetoslav. Le traité de paix signé à cette occasion et qui restera en vigueur jusqu’à la mort de Théodore en 1321, prévoyait non seulement que les Bulgares recouvrent les ports de la mer et l’intérieur des terres à l’ouest de la rivière Toundža mais également que Michel IX devait donner sa fille Théodora en mariage à Théodore Svetoslav, mariage qui eut probablement lieu l’année suivante en 1308[32].
Mais un jour qu’ils revenaient de nouveaux pillages Roger de Flor et ses hommes trouvèrent les portes de la ville fermées. N’ayant plus accès à leur butin, ils firent le siège de la ville : en vain. Andronic leur intima alors l’ordre de revenir à Constantinople afin de les envoyer en Thrace où les Bulgares se faisaient à nouveau menaçants. Les Catalans ne tinrent aucun compte de l’ordre impérial, alors que Michel IX qui tentait en Europe de contenir les Bulgares écrivit à son père qu’il ne voulait à aucun prix de ceux-ci[35].
Quant aux Catalans, ils dévastèrent la Thrace jusqu’en 1314, époque où, ayant épuisé le pays, ils décidèrent de partir. Ils devaient être remplacés par les Turcs ottomans qui les avaient accompagnés[41]. Ces derniers se divisèrent alors en deux groupes. L’un qui comptait environ 1 500 hommes se mit au service du prince serbeStefan Uroš II Milutin. L’autre, comptant 1 300 cavaliers et environ 800 fantassins sous le commandement d’un certain Halil se mit à ravager la Thrace, coupant les communications entre Constantinople et Thessalonique. Désirant retourner chez eux une fois leur butin pris, ils demandèrent en 1310 à Andronic II la permission de traverser l’Hellespont pour regagner l’Asie mineure, ce qui leur fut accordé, les Génois devant fournir les bateaux. Mais quelques fonctionnaires byzantins réalisant le montant du butin et le peu d’hommes pour le protéger, voulurent les déposséder ; Halil renonça alors à son projet, attaqua les forteresses les plus proches et demanda que de l’aide lui soit envoyé d’Asie mineure[42].
Pendant plus de deux ans, la Thrace devait rester aux mains des Turcs. Les habitants, qui s’étaient réfugiés dans les villes, n’osaient plus sortir pour aller cultiver leurs terres. Toujours selon Grégoras dont le récit s’achève peu après, Andronic II et Michel IX se résignaient à voir les Turcs maitres du terrain[42].
La situation devait être renversée grâce à un jeune général, Philès Paléologue, qui leva une petite armée d’hommes décidés et qui affronta les Turcs près de la rivière Xirogypsus, tuant quelque 1200 Ottomans qui retournaient à leur forteresse avec leur butin. Bientôt, ayant reçu l’appui de quelque 2 000 cavaliers prêtés par Milutin de Serbie ils réussirent à encercler la forteresse, les Génois alliés de Constantinople empêchant toute évasion par mer. Après une âpre résistance la forteresse tomba en 1312 et Halil et ses hommes furent massacrés jusqu’au dernier[43],[44].
On sait peu de choses sur son séjour à Thessalonique, sinon qu’il tenta de mettre un terme à l’inimitié qui régnait entre Thessaliens et Pélages depuis des années[47]. Homme très pieux, il fit reconstruire l’église Hagios Demetrios (saint Dimitri), détruite par les Normands en 1185[N 5]. Dans les années précédentes, il avait également émis plusieurs chrysobulles[N 6] en faveur des monastères deHilandar (mars 1305), d’Iviron (1310) et du Brontochion (novembre 1318), exemptant les moines de diverses taxes, incluant la fourniture de nourriture et de boisson à l’État[48].
↑Mot signifiant « ordre », « commandement »; document émanant de la chancellerie byzantine portant une décision ou un commandement impérial, généralement d'ordre administratif.
Georges Pachymérès.Relations historiques, texte latin avec traduction française de V. Laurent, Paris, A. Fallier, coll. « Corpus Fontae Historiae Byzantinae » (no 24), 1984 (vol. i, ii), 1999 (vol. iii, iv, index, table générale), 2000, 667 p.(ISBN978-2-901049-20-3)