Il est ministre à plusieurs reprises (Environnement, Affaires européennes, Affaires étrangères, Agriculture et Alimentation), deux foiscommissaire européen (Politique régionale ; Marché intérieur et Services financiers) etvice-président de la Commission européenne. En 2016, il est chargé par l'Union européenne de mener les négociations liées au Brexit puis de négocier lesrelations ultérieures avec leRoyaume-Uni.
Michel Jean Barnier naît le[1] àLa Tronche (département de l'Isère), benjamin d'une fratrie de trois garçons[2],[3].
Son père est Jean Barnier, patron d'une petite entreprise industrielle degainerie[1],[b], et sa mère Denise Durand, militante d'associations sociales[c]. Son ascendanceagnatique est dauphinoise et fixée, de la quatrième à la onzième génération (début des registres auxviie siècle), àSaint-Étienne-de-Crossey, aujourd’hui dans le département de l’Isère[11].
Le, il épouse Isabelle Altmayer,avocate[1],[d], avec qui il a trois enfants[1] : Nicolas[e], Laetitia[f] et Benjamin[g].
Il est successivementchargé de mission au cabinet deRobert Poujade, ministre de l'Environnement (1973-1974),conseiller général de laSavoie pour lecanton de Bourg-Saint-Maurice (1973-1999) — « plus jeune conseiller général de France à 22 ans »[25] —, chargé de mission au cabinet dePierre Mazeaud, secrétaire d'État chargé de la Jeunesse et des Sports (1974-1976), conseiller technique au cabinet d'Antoine Rufenacht, secrétaire d'État auprès du Premier ministre (1976-1977), puis secrétaire d'État au Commerce et à l'Artisanat (1977-1978).
En 1982, afin de reprendre leconseil général de la Savoie à la gauche, une entente politique prenant le nom d'Union pour la Savoie entre la droite et le centre est passée, sous l'égide, entre autres, de Michel Barnier, et procède à la distribution des investitures auxélections cantonales. Il devient alors le plus jeune président de conseil général de l'histoire de la Savoie[25]. Dès son élection à la présidence de cette collectivité locale, il s'associe au triple champion olympiqueJean-Claude Killy pour porter la candidature et organiser lesJeux olympiques d'hiver de 1992, co-présidant avec lui le comité d'organisation des Jeux d'Albertville[34].
En 1995, alors qu’il est au gouvernement, il est élusénateur de la Savoie. Il n'exerce pas son mandat du fait de ses fonctions gouvernementales et est réélu en 1997. Il quitte le Sénat après sa nomination commecommissaire européen en 1999[35].
Il fait partie des sénateurs qui votent contre le projet de loi instituant lePacte civil de solidarité (PACS), union civile ouverte aux couples de sexes différents ou de même sexe, lors des séances des et[36],[37].
Attentif aux questions écologiques, Michel Barnier engage dès 1986 une politique de protection de l'environnement en Savoie et publie, quatre ans plus tard, un rapport parlementaire intituléChacun pour tous et cent propositions pour l'environnement.
La construction européenne, autre engagement fort de sa carrière, le conduit au ministère délégué aux Affaires européennes de 1995 à 1997. À ce titre, il est le chef de la délégation française pour la négociation dutraité d'Amsterdam[40]. Au sein du gouvernement, il s'attache à deux priorités : la présence française dans tous les pays d'Europe centrale,orientale etbaltes et l'explication de l’Europe aux citoyens[41].
Nommécommissaire européen le, Michel Barnier a la responsabilité d’animer la politique régionale et de cohésion. Il est chargé, par ailleurs, de la réforme des institutions et de laConvention sur l'avenir de l'Europe : lors duConseil européen des 14 et 15 décembre 2001, il est désigné, avec son collègueAntónio Vitorino, pour représenter laCommission européenne au sein du présidium de la Convention sur l’avenir de l’Europe, présidée parValéry Giscard d'Estaing. Cette convention se fixe pour objectif d’élaborer une proposition de constitution pour l’Union européenne,« la plus simple et lisible possible », pour lui permettre de répondre aux enjeux de l’élargissement de l'UE tout en renforçant sa dimension politique. C’est dans ce cadre que Michel Barnier se voit confier la présidence du groupe de travail sur la défense européenne.
En 2003, Michel Barnier fonde un club politique nommé « Nouvelle République », dont l'objectif est de faire dialoguer entre eux les décideurs politiques, les chefs d'entreprises et les membres de la société civile de tous bords, ainsi que d'ouvrir le débat français aux idées européennes et internationales[43].
L'enlèvement de deux journalistes,Christian Chesnot etGeorges Malbrunot, par l'Armée islamique en Irak, le conduit dans les pays duProche-Orient en -, pour conduire, avec les services de l'État, les négociations afin d'obtenir leur libération, qui a lieu après124 jours de captivité, le. En tant que ministre des Affaires étrangères, il est également impliqué dans l'action diplomatique française visant la libération deFlorence Aubenas. Celle-ci est libérée après157 jours de captivité.
En, Michel Barnier est nommé vice-président du groupe Mérieux Alliance (holding regroupant un ensemble de sociétés dans le domaine de la biologie). Aux côtés d'Alain Mérieux, il est chargé d'animer les relations avec les grands organismes de santé internationaux, les instances économiques et financières, les acteurs du développement mondial. Il quitte ses fonctions en, lors de son retour au gouvernement.
En 2006, il est également conseiller spécial du président de laCommission européenne,José Manuel Durão Barroso. Il présente au Conseil européen, le, un rapport proposant la création d’une force européenne de protection civile[48].
Devenu conseiller politique de l'UMP le, il se rapproche deNicolas Sarkozy et lui apporte son soutien lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2007[49]. Entendu comme témoin dans l'affaire Clearstream en octobre 2006, il met en cause Dominique de Villepin, l'accusant de s'être livré à une sorte d'enquête parallèle dans ce dossier impliquant Nicolas Sarkozy[50].
En 2016, la juge d’instruction française Sabine Kheris demande le renvoi devant laCour de justice de la République de Michel Barnier,Dominique de Villepin etMichèle Alliot-Marie. Anciens ministres, ils sont suspectés d'avoir permis l'exfiltration des mercenaires responsables de l'attaque contre lecamp de Bouaké en 2004, faisant neuf morts parmi les soldats français. L'opération aurait visé à justifier une opération de riposte contre le pouvoir deLaurent Gbagbo dans le cadre de lacrise en Côte d’Ivoire de 2004[60]. Le, la commission des requêtes de la Cour de justice de la République rend son avis indiquant l’abandon des poursuites, rien ne montrant, après enquête, l’implication des anciens ministres[61].
En 2016, Michel Barnier est nommé négociateur en chef de l'Union européenne pour mener les négociations liées auBrexit.
Le, il est nommé pour un an à la fonction de représentant de l'UE chargé de la future relation avec le Royaume-Uni.
Il est dans le même temps pressenti pour devenir commissaire européen, maisUrsula von der Leyen se montre réticente à cette idée en raison de son poids politique tandis qu'Emmanuel Macron considère son appartenance au PPE comme un obstacle à sa nomination[65].
À partir de début 2021, Michel Barnier manifeste des ambitions pour laprésidence de la République française. Dans cette perspective, il s'entoure d'Arnaud de Villardi de Montlaur, ancientradeur qui a supervisé le financement de la campagne de François Fillon, pour la levée des fonds auprès de donateurs[66],[67]. Il fonde et prend la présidence d’uncercle de réflexion, nommé « Patriotes et européens », réunissant une quarantaine de députés et sénateurs LR pour réfléchir aux enjeux de souveraineté, économique notamment[68].Le Canard enchaîné affirme qu’il approche des personnalités de droite afin de leur proposer des ministères au sein de son gouvernement en échange de leur soutien, offrant notamment àFrançois Baroin la fonction de Premier ministre[69]. Le, auJT de20 heures deTF1, il annonce être candidat à l’élection présidentielle de 2022[70].
Il souhaite notamment unmoratoire de trois à cinq ans sur l'immigration dans l’Union européenne, à l'exception des étudiants et des demandeurs d'asile, pour pouvoir étudier les problèmes liés à l'immigration en France[71]. En, il publie l’ouvrageLa Grande Illusion : journal secret du Brexit (2016-2021), qui retrace les négociations qu'il a menées en tant que négociateur en chef de l'UE lors du Brexit[72] ; la même année, le livre est traduit en anglais et en espagnol[73]. En, il prône une « souveraineté juridique » de la France[74], un « bouclier constitutionnel » temporaire sur les questions de migrations, afin d'éviter que les dirigeants français ne soient« menacés en permanence d’un arrêt ou d’une condamnation de laCour de justice européenne ou de laConvention des droits de l’homme, ou d’une interprétation de notre propre institution judiciaire », ce qui selonLe Monde constitue une mise en cause des fondements de l'Union européenne[75],[76]. Il affirme qu'en matière d'immigration« si on ne change rien, il y aura d’autres Brexit »[77]. Il propose de« stopper immédiatement les régularisations, limiter rigoureusement le regroupement familial, réduire l'accueil des étudiants étrangers et l’exécution systématique de ladouble peine »[78]. Il se déclare favorable à l'interdiction duvoile dans l'espace public et dans les universités[79]. Concernant les questions économiques, il propose« une baisse des taxes pour les entreprises qui produisent en France » et la création d'« un Fonds national souverain et le doublement des crédits de la recherche pour soutenir les secteurs stratégiques ». Il souhaite également« une baisse descotisations sur les salaires intermédiaires, entre 1,6 et 2,6Smics » et« la suppression de toutes les charges pendant trois ans pour le premier emploi d'un jeune »[80]. Par ailleurs, il prône l'augmentation de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à65 ans, l’augmentation de ladurée hebdomadaire du temps de travail et l'instauration d'une aide sociale unique remplaçant les aides sociales et conditionnée à une disponibilité du bénéficiaire, notamment pour« effectuer des activités utiles à la collectivité ou en entreprise »[78],[81].
En, s’il reste derrièreXavier Bertrand etValérie Pécresse dans lesintentions de vote pour la présidentielle avec environ 10 % des voix au premier tour, il est celui qui collecte le plus de signatures d’élus LR en vue ducongrès du parti. Contrairement à ses deux principaux concurrents, il bénéficie du fait de n’avoir jamais quitté LR, en proie à des difficultés électorales[82]. Au premier tour du congrès LR, le, il arrive en troisième position avec 23,93 % des voix, derrièreÉric Ciotti (25,59 %) et Valérie Pécresse (25,00 %). En vue du second tour, il appelle à voter pour Valérie Pécresse[83]. Après la victoire de cette dernière (60,95 %), il devient son conseiller international[84]. Le, Valérie Pécresse est éliminée au premier tour de l'élection présidentielle en obtenant seulement 4,78 % des suffrages exprimés, soit le plus faible score réalisé par la droite traditionnelle lors d'untel scrutin sous laVe république[85]. Le lendemain, Michel Barnier affirme au micro deFrance Inter qu'il votera« pourEmmanuel Macron sans état d'âme » au second tour face àMarine Le Pen, disant ne pas se reconnaître dans les thèses de l'extrême droite[86],[87].
Le, dans un contexte decrise politique en raison d'uneabsence de majorité parlementaire, le nom de Michel Barnier est avancé par la ministre démissionnaireAurore Bergé dans un entretien auFigaro[93]. Dans la foulée, Emmanuel Macron soumet cette hypothèse à ses collaborateurs[94],[95]. De son côté, Michel Barnier se montre« très intéressé par le poste » selonL'Opinion[94]. Le, Emmanuel Macron teste cette éventualité auprès des chefs des différents partis représentés auParlement, avec qui il mène des consultations depuis deux semaines[96]. L'objectif affiché du président est alors de trouver la personnalité la moins susceptible d'être immédiatementcensurée[97].
Pour son premier déplacement officiel en tant que nouveau Premier ministre, le, Michel Barnier se rend à l'hôpital Necker-Enfants malades, situé dans le15e arrondissement de Paris[104],[105]. Lors de son passage, il indique notamment que« la santé publique sera une priorité dans les campagnes et les villes » et qu'il est« sous la surveillance de tous les Français » en répondant àJordan Bardella[106],[107],[108],[109].
À partir du, il évoque une potentielle hausse d'impôts par son gouvernement, ce qui lui attire la réprobation du camp présidentiel ainsi que des oppositions[110],[111],[112].
Les négociations sont difficiles avec le président de la République, au point qu'une démission de Michel Barnier est évoquée dès la fin du mois de septembre[113]. Le, après le rejet d'une première liste de ministres par le président Macron et à la suite d'un accord entre le bloc macroniste etLes Républicains, Michel Barnier soumet une liste de trente-huit membres de gouvernement au chef de l'État[114]. Le gouvernement est ensuite annoncé le parAlexis Kohler,secrétaire général de l'Élysée : il compte trente-quatre ministres, majoritairement macronistes, et cinq secrétaires d'État[115],[116].
Le, lamotion du NFP est adoptée par l'Assemblée nationale avec 331 voix sur 574, dont celles du RN, faisant ainsi tomber le gouvernement de Michel Barnier. Dès le lendemain, celui-ci remet sa démission à Emmanuel Macron et se voit chargé de la gestion desaffaires courantes[123],[124].
L'ancien Premier ministre retrouve ainsi un mandat de député 32 ans après avoir quitté les bancs de l'Assemblée nationale, alors représentant de la Savoie. Il devient le50e membre dugroupe Droite républicaine (DR), ainsi que le seul député LR de Paris[135].
– : négociateur en chef chargé de la préparation et de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni
– : chef de la force opérationnelle chargée de la finalisation des négociations, des travaux préparatoires liés à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, ainsi que de la préparation et de la conduite des négociations sur les relations futures avec le Royaume-Uni
↑François Forray, Angela Caprioglio et Michel Poët,Le cœur à l'ouvrage. L'émigration piémontaise en Savoie, Daniela Piazza Editore,(ISBN88-7889-165-7,lire en ligne),p. 180.
↑David Colon, « Les jeunes de la Conférence Olivaint et l’Europe de 1919 à 1992 » inrevue du Centre d’histoire de Sciences Po, 2010, 10,p. 1-13,[lire en ligne].
↑Christiane Chombeau et Alain Maury, « Extrême droite, royalistes et intégristes se mobilisent contre l’Europe »,Le Monde,no 17512,,p. 9(lire en ligne[PDF])
↑« Présidentielle 2022 : Michel Barnier insiste sur la «souveraineté juridique» de la France et promet un référendum sur l’immigration »,Le Parisien,(lire en ligne, consulté le).
↑Laura Andrieu, Steve Tenré, Coline Vazquez et Océane Herrero, « EN DIRECT - Débat des Républicains : les candidats se distancient d'Emmanuel Macron et d'Éric Zemmour »,Le Figaro,(lire en ligne, consulté le)
↑Loris Boichot et Éloïse Cimbidhi, « Aurore Bergé : « Nous avons besoin d'un nouveau premier ministre » »,Le Figaro,no 24868,,p. 2.
↑« Xavier Bertrand, Michel Barnier ouGérard Larcher ont une expérience solide de gouvernement, du Parlement et du compromis. Nous n'avons pas besoin d'ungouvernement technique, mais d'un gouvernement politique, avec des gens expérimentés qui savent construire des compromis, tout en étant respectés des députés et des Français »[91],[92].
↑« « Je suis sous la surveillance de tous les Français », affirme Michel Barnier, en déplacement à l'hôpital Necker »,Le Parisien,(lire en ligne, consulté le).
↑« Michel Barnier se dit « sous la surveillance de tous les Français », en réponse à Jordan Bardella, qui l'estimait « sous la surveillance » du Rassemblement national »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑« Michel Barnier répond à Jordan Bardella: « Je suis sous la surveillance de tous les Français » »,Le Figaro,(lire en ligne, consulté le).
↑Alexis Boisselier, « Budget de la sécurité sociale : Michel Barnier active le 49.3 et s’expose à une motion de censure »,Ouest-France,(lire en ligne, consulté le).
↑« Municipales à Paris : officiellement investie par LR, Rachida Dati ne se présentera pas face à Michel Barnier à la législative partielle »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le)
↑« Législative à Paris : Michel Barnier en tête du 1er tour, second tour prévu dimanche contre la PS Frédérique Bredin »,Sud Ouest,(lire en ligne, consulté le)
↑Au titre de « ancien ministre, ancien co-président du comité d'organisation des Jeux olympiques d'Albertville ; 25 ans d'activités professionnelles, de services civils, militaires et de fonctions électives. »