Marie Michaëlle Eden Jean est née àPort-au-Prince, enHaïti. Elle tisse également des liens avec la ville deJacmel où elle passe des étés et des fins de semaine[3]. Sa famille fuit Haïti en 1968, alors queFrançois Duvalier est président de la République. Elle s'établit ensuite àThetford Mines, auQuébec.
C'est pendant cette période qu'elle apparaît dans undocumentaire produit par l'Office national du film du Canada. Des gens deRadio-Canada la remarquent et la société l'embauche en1988. Par la suite,CBC Television (l'homologue anglophone de laTélévision de Radio-Canada) l'engage en1989 grâce à son bilinguisme français-anglais. Elle anime différentes émissions, tant en français qu'en anglais. Elle est notamment lectrice de nouvelles pourLe Téléjournal et fait des entrevues de plusieurs personnalités nationales et internationales[4].
En2001, elle devient l'animatrice duTéléjournal de Radio-Canada pour les éditions de fin de semaine. En2003, elle est nommée chef d'antenne duTéléjournal-midi[5].
En 2004, elle devient animatrice de sa propre émissionMichaëlle diffusée en français sur la Télévision de Radio-Canada et sur RDI où elle fait l'entrevue de grandes personnalités[5].
Cette carrière télévisuelle lui a valu de nombreux prix énumérés ci-dessous[4].
Drapeau des gouverneurs généraux du Canada tout au long de leur mandat Ce drapeau a préséance sur tous les autres drapeaux et étendards, sauf sur l'étendard personnel de la reine au Canada.
Le,Paul Martin,premier ministre du Canada, annonce que Michaëlle Jean devient la vingt-septième gouverneure générale du Canada. La communauté haïtienne du pays, qui la voyait déjà comme une idole, s'est dite extrêmement réjouie de cette nomination ;certains se sont même rendus àOttawa pour assister à son assermentation[réf. nécessaire]. Elle est la première personne noire à obtenir ce poste, la troisième femme (aprèsJeanne Sauvé etAdrienne Clarkson), la deuxième immigrante, deuxième personne sans passé politique et la deuxième personne de mariage multi-ethnique (après Adrienne Clarkson), la quatrième plus jeune aprèsLord Lorne (33 ans en 1878),Lord Lansdowne (38 ans en 1883) etEdward Schreyer (43 ans en 1979) et la quatrième journaliste (après Sauvé,Roméo Leblanc et Clarkson) à occuper ce poste. Elle est également la première femme gouverneure générale à être née durant le règne d'Élisabeth II. DepuisEdward Schreyer, aucun gouverneur général n'avait vécu àRideau Hall avec ses enfants.
Michaëlle Jean possédait lors de l'annonce de sa nomination la doublenationalité. Son mari étant né enFrance, elle avait demandé — et obtenu — la nationalité française à l'occasion de son mariage. Elle décide alors de renoncer à celle-ci afin de ne pas créer d'imbroglio diplomatique étant donné le statut decommandante en chef desForces armées canadiennes porté par la gouverneure générale. Le, soit quatre jours avant sonassermentation, Michaëlle Jean a été « libérée de son allégeance à l'égard de la France » par décret ministériel[1],[6],[7].
Le, elle rencontre avec sa famille les membres de la famille royale auchâteau de Balmoral, comme il est de tradition avant l'assermentation d'un gouverneur[8].
Elle succède à Adrienne Clarkson le au cours d'une cérémonie protocolaire dans la chambre duSénat, où elle prononce le serment d'allégeance à la reine du Canada.
Lors de la cérémonie d'installation, la nouvelle gouverneure générale met l'accent sur la solidarité et l'importance de rapprocher les « deux solitudes ». Ce message s'inscrit même dans sesarmoiries personnelles.« Il est fini le temps des « deux solitudes » qui a trop longtemps défini notre approche de ce pays. L’étroitesse du « chacun pour soi » n’a plus sa place dans le monde actuel qui exige que nous apprenions à voir au-delà de nos blessures et de nos différends pour le bien de l’ensemble. Bien au contraire, nous devons briser le spectre de toutes les solitudes et instaurer un pacte de solidarité entre tous les citoyens qui composent le Canada d’aujourd’hui. Il y va de notre prospérité et de notre rayonnement partout où l’espoir que nous représentons apporte au monde un supplément d’âme. »[9]
Sa volonté de « briser les solitudes » s'inscrit, au-delà du simple rapport entre les francophones et les anglophones du Canada, dans les relations entre les différentes communautés ethniques, linguistiques, culturelles, et de genre. Ayant, parallèlement à ses études universitaires, travaillé huit ans dans des maisons d'hébergement et de transition pour femmes victimes de violence conjugale, elle s'est aussi attachée durant son mandat à sensibiliser les différents gouvernements, qu'ils soient provincial, fédéral, mais aussi lors de ses visites d'État en tant que chef du Canada, à la violence faite aux femmes et aux enfants. Ainsi, elle tente de rencontrer divers groupes travaillant pour cette cause à travers le pays.« Car nos enfants ne peuvent faire entendre leur voix dans le discours public, sauf celle qu'on leur prête. Alors, tant pour leur bien que pour le nôtre, parlons haut et fort, et souvent, jusqu'à ce que la violence soit éliminée. »[10]
Suivant une vieille tradition, Michaëlle Jean visite toutes lesprovinces et territoires du Canada pendant sa première année de mandat.« Ce voyage s’inscrit dans cette volonté d’aller à la rencontre de mes compatriotes en vue d’instaurer un pacte de solidarité entre tous les citoyens qui forment le Canada d’aujourd’hui. »[11]. Le, la famille vice-royale remet lacoupe Grey, fonction qui revenait habituellement au premier ministre canadien.
L'année suivante, Michaëlle Jean entreprend son premier voyage international, pour assister à la cérémonie de clôture desJeux olympiques d'hiver àTurin, où le Canada se fait remettre symboliquement le drapeau olympique en tant qu'hôte des Jeux suivants, en 2010 à Vancouver. La gouverneure générale et sa famille rencontrent alors le président de la République italienne,Carlo Azeglio Ciampi, ainsi que le papeBenoîtXVI.
Le trône où prennent place les gouverneurs généraux lorsqu'ils siègent auSénat du Canada.
En, elle effectue un voyage en Haïti quiinspire les jeunes Haïtiens à rebâtir leur pays[réf. nécessaire].
De retour au pays, ainsi qu'à ses occupations communes, Michaëlle Jean ouvre leToonik Tyme, festival d’Iqaluit au Nunavut. Lors de cette cérémonie, elle annonce qu'un don de quatre-vingt livres écrits en inuktitut, français et anglais est fait à la bibliothèque centenaire d'Iqaluit pour la commémoration du jubilé d'or d'Élisabeth II.
Michaëlle Jean lance un site declavardage avec les citoyens canadiens le. Cette initiative faisait partie d'un plus grand projet qui vise à créer un site web où les utilisateurs pourraient dialoguer par des forums, des blogues et deschats (« clavardoires ») ainsi que partager leur préoccupations, idées, expériences et réussites, pour permettre à ceux-ci d'échanger avec d’autres internautes à travers le pays. Ce site a pour nomÉcoute des citoyens[12].
Elle effectue un voyage d'État enAlgérie, auMali, auGhana, enAfrique du Sud et auMaroc entre le et le,« cinq pays qui méritent notre attention car la démocratie y progresse et des efforts considérables y sont déployés dans plusieurs domaines par une société civile dynamique avec le concours de nombreux coopérants canadiens » selon elle[réf. nécessaire].
Michaëlle Jean portant les insignes de l'Ordre du Canada et de l'Ordre du mérite militaire leJour du souvenir.
En tant que commandante en chef de l'armée canadienne, Michaëlle Jean, le, se rend enAfghanistan pour visiter les soldats canadiens. Bien avant cette date, elle avait annoncé son désir de rendre visite aux troupes, mais le premier ministre,Stephen Harper, l'avait informée de ne pas s'y rendre, invoquant les soucis de sécurité qu'implique sa qualité de vice-reine et de chef d'Étatde facto. Cette même journée, deux convois canadiens sont attaqués par des forces talibanes[13]. Sa visite en Afghanistan coïncidant avec lajournée internationale des Femmes, elle déclare à ce sujet :« Si intolérables que soient les conditions qu’on leur impose, les femmes de ce pays sont toujours du côté de la vie. Certes, nous, femmes d’ailleurs, avons trop tardé à entendre nos sœurs afghanes. Mais je suis là pour leur dire qu’elles ne sont plus seules. Pas plus que ne l’est, d’ailleurs, le peuple afghan »[14]. Durant son séjour, elle rencontre également le président afghan,Hamid Karzai, et tient également à parler à des femmes afghanes. C'est lors de cette visite qu'elle prend officiellement position sur la controversée mission de paix, disant« le Canada est fier de faire partie des 37 pays qui ont entrepris de restaurer la stabilité et d’appuyer les efforts de reconstruction. Le chemin parcouru en peu de temps est prometteur, et nous sommes fiers d’accompagner le peuple afghan dans ce périple souvent difficile, parfois douloureux. J’apporte avec moi tous les vœux de paix, de prospérité et de bonheur de la population canadienne à la population afghane »[14].
Au début de l'année 2007, Rideau Hall déclare que Michaëlle Jean doit annuler un certain nombre d'événements et de rencontres car elle se sent fatiguée. Par la suite, le bureau de la gouverneure générale publie la déclaration suivante« Laglande thyroïde de Son Excellence ne fonctionnait pas normalement, ce qui l'a faite souffrir de la fatigue aiguë. »[15] Michaëlle Jean avant cette mésaventure a eu un horaire très chargé. Elle a en effet participé à la célébration du90e anniversairede labataille de Vimy en France, pour revenir précipitamment au Canada pour assister à l'arrivée d'un convoi àTrenton enOntario transportant six corps de soldats décédés au combat en Afghanistan. Sa première tâche, une fois remise, est d'accueillirLászló Sólyom, président de la République hongroise, en visite d'État au Canada[16].
En 2008, elle assiste auxfestivités du400e anniversaire de la ville de Québec à l'occasion desquelles elle déclare :« Que cette année de festivités se déroule sous le signe de la rencontre des cultures et des civilisations, sous le signe donc de la solidarité entre les peuples. »[17].
Dans le cadre de la crise politique subséquente au dépôt de l'énoncé économique du gouvernement minoritaire de Stephen Harper à la fin, le gouverneur général du Canada[18] est appelé à jouer un rôle sans précédent récent dans l'histoire politique et constitutionnelle canadienne[19]. Quelques semaines seulement après l'élection, en, du gouvernement minoritaire conservateur de Stephen Harper, les partis de l'opposition expriment leur intention de rejeter l'énoncé économique proposé par leParti conservateur du Canada et de former un gouvernement de coalition, formé par leParti libéral et leNouveau Parti démocratique (NPD) avec l'appui duBloc québécois et duParti Vert[20], qui pourrait se substituer au Parti conservateur du Canada au pouvoir, advenant que l'énoncé en question, soumis à un vote de confiance le, soit rejeté par ces derniers. Le gouverneur général sera donc appelé à trancher dans ce débat[21]. Les options suivantes s'offrent à elle[22] :
proroger lasession parlementaire jusqu'au dépôt du budget (option prisée par le premier ministre et le Parti conservateur) ;
mettre en place un gouvernement de coalition formé par le Parti libéral du Canada et le NPD avec l'appui du Bloc québécois et du Parti Vert (option prisée par les partis en questions) ;
déclencher de nouvelles élections afin de donner une légitimité au gouvernement élu, malgré la tenue récente d'élections et la situation économique mondiale précaire.
Finalement, Michaëlle Jean a décidé d'accueillir la demande faite le par le premier ministre Harper de proroger la session parlementaire jusqu'au[23].
Au printemps 2010, leToronto Star annonce que le premier ministre Stephen Harper ne pense pas renouveler le mandat de Michaëlle Jean. Au début d', le quotidien présente un sondage pancanadien révélant que 57 % des Canadiens approuvent le travail fait par Michaëlle Jean et que 43 % d'entre eux renouvelleraient son mandat[25]. Le, elle confirme que son mandat ne sera pas renouvelé[26]. Le suivant,David Lloyd Johnston lui succède[27].
À partir du, Michaëlle Jean agit à titre d'envoyée spéciale de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) en Haïti dans le but d'obtenir des fonds pour la reconstruction du patrimoine haïtien et favoriser l'éducation. Cette nomination est généralement bien accueillie, mais avec des réserves concernant l'étendue des pouvoirs décisionnels dont elle disposera pour mener à bien cette mission[28]. Elle a, entre autres, mené des négociations avec certaines universités et avec le gouvernement cubain afin d'améliorer le développement de la pêche et des métiers de mer dans les villes côtières haïtiennes[29].
Après la fin de son mandat de gouverneur général, elle crée la fondation Michaëlle-Jean.
Le, l'administration de l'institution universitaire annonce la nomination de Michaëlle Jean au prestigieux poste de chancelière de l'Université d'Ottawa. Elle est nommée pour un premier mandat de quatre ans. Elle succède ainsi à Huguette Labelle en poste depuis plus de 17 ans, et prend ses fonctions le[32].
Candidate à la succession d'Abdou Diouf au poste desecrétaire générale de la Francophonie[33], elle est élue par consensus le au cours du Sommet de Dakar[34]. Elle est la première femme[35] ainsi que la première personne non africaine à exercer cette fonction.
Sa gestion financière de l'organisation fait l'objet de critiques par de nombreux médias, notamment pour des dépenses de rénovation de son appartement de fonction par l'OIF, jugées somptuaires[36],[37].
Candidate à un second mandat à la tête de l'OIF en, elle doit affronter la candidature de la ministre rwandaise des Affaires étrangères,Louise Mushikiwabo[38],[39] ; le consensus se porte finalement sur la diplomate rwandaise et Michaëlle Jean n’est pas reconduite[40].
On retrouve, au centre des armoiries de Michaëlle Jean, un oursin plat qu'elle considère comme un talisman spécial. En effet, lesdollars des sables sont des espèces marines que nous pouvons trouver au Canada et dans le nord des États-Unis sur les côtes des océans Atlantique et Pacifique. La couronne royale symbolise la fonction vice-royale et le service à l'ensemble des Canadiennes et des Canadiens. De part et d'autre de l'écu, deux simbis ousirènes, esprits des eaux dans la culture haïtienne, qui, selon les dires, apaisent les âmes, purifient les eaux troubles et interviennent avec sagesse et clairvoyance. De plus, les simbis ont la parole édifiante et pacificatrice. Ces deux figures féminines symbolisent le rôle vital joué par les femmes en faveur de la justice sociale. Elles se tiennent à l'avant d'un roc orné d'un palmier, symbole de paix dans l'histoire haïtienne, et d'un pin qui évoque les richesses naturelles du Canada. Au-dessus de l'écu, le coquillage et la chaîne brisée rappellent le Marron inconnu d'Albert Mangonès, qui est une sculpture célèbre que l'on retrouve à Port-au-Prince, en Haïti, représentant un esclave en fuite qui souffle dans un coquillage pour sonner le rassemblement et appeler à la rébellion dans l'île. Cette figure évoque ici la victoire des ancêtres de Michaëlle Jean contre la barbarie et, plus généralement, l'appel à la liberté. La devise « Briser les solitudes » est au cœur des objectifs qu'elle entend poursuivre. Un anneau portant la devise de l'Ordre du Canada,Desiderantes meliorem patriam (« Ils veulent une patrie meilleure »), entoure l'écu, auquel est suspendu l'insigne de compagnon de l'Ordre du Canada[42].
Peu après l'annonce par le premier ministrePaul Martin de la nomination de Michaëlle Jean, des commentateurs de la scène politique fédérale ont fait remarquer que cette nomination survenait dans un climat difficile pour leParti libéral du Canada auQuébec. Paul Martin a nié ces affirmations. D'autres ont rappelé que le poste de gouverneur général est toujours accordé en alternance à un francophone et à un anglophone, et que le choix de Michaëlle Jean était tout à fait raisonnable.
Le, leGlobe and Mail etLe Devoir rapportent qu'un journal souverainiste,Le Québécois, publiera une lettre de René Boulanger, se présentant comme un proche de Jean-Daniel Lafond, dans lequel il le présente comme unsouverainiste. Boulanger prétend avoir souvent rencontré Lafond et être allé chez le couple où il aurait vu une bibliothèque fabriquée parJacques Rose, un ancienfelquiste et frère dePaul Rose. Rose aurait installé un double-fond pouvant servir de cache d'armes. L'histoire fait grandement parler leCanada anglais. Boulanger affirme même dans son article que le but de ces déclarations est de faire rejeter la candidature de Michaëlle Jean par le Canada anglais, ce qui aurait pour effet d'augmenter le sentiment d'aliénation des Québécois et leur soutien à la cause souverainiste[43].
Desmonarchistes du Canada et dessouverainistes lui ont reproché d'avoir obtenu lacitoyenneté française après son mariage. Le, avant d'entrer en fonction, elle a annoncé que la France avait accédé à sa requête en renoncement à la citoyenneté française[44],[6],[7].
En, elle est critiquée par de nombreux médias pour des dépenses de rénovation de son appartement de fonction par l'OIF jugées somptuaires[36],[37]. Il avait été relevé que Mme Jean avait fait des dépenses de 320 000 $ de fonds publics pour améliorer sa résidence de Mme Jean, elle qui se plaignait d'un manque d’eau chauude.
↑La rédaction, « Stephen Harper obtient la suspension du Parlement »,France 24, publié le : 04/12/2008 - 16:10 , modifié le : 05/12/2008 - 07:33(lire en ligne)
↑Le Monde avec AP et AFP, « Le Canada s'enfonce dans la crise politique »,Le Monde, publié le 04 décembre 2008 à 17h09, mis à jour le 04 décembre 2008 à 19h48(lire en ligne)
↑JOËL-DENIS BELLAVANCE, « Harper passe à l'offensive »,LA PRESSE, mis à jour le 3 déc. 2008(lire en ligne)
↑Radio canada, « La crise politique de 2008 »,Article, publié le 20 janvier 2011(lire en ligne)
↑Alec Castonguay, « Michaëlle Jean doit-elle accepter de proroger la Chambre ? »,Journal,(lire en ligne)