Le cours d'eau traverse de nombreusesvilles dont l'histoire est directement liée à la Meuse et à ses affluents, telles queVerdun,Charleville-Mézières,Dinant,Namur,Liège,Maastricht,Venlo,Nimègue ouRotterdam. C'est son parcours entre lesillon Sambre-et-Meuse et sonembouchure qui lui apporte une reconnaissance économique importante, avec notamment leport autonome de Liège ou la vallée de la Meuse enWallonie qui a su faire de la Meuse un atout majeur pour son développement industriel. Aux Pays-Bas, son cours est souvent partagé avec celui duRhin et les deux fleuves ont undelta commun. Plusieurscanaux permettent de rejoindre d'autres cours d'eau européens d'une certaine importance. Savallée présente de nombreux paysages variés alliant de hautesfalaises et desméandres rocheux à desplaines s'étendant sur des kilomètres.
Son bassin versant occupe une petite surface en France tandis qu'il occupe une grande partie de la superficie de laRégion wallonne (botte duHainaut[notes 1],province de Namur,Luxembourg belge, une partie de laprovince de Liège et des bandes plus étroites dans d'autres provinces) et la partie sud des Pays-Bas (principalement les provinces deLimbourg et duBrabant-Septentrional). Sa vallée sert defrontière naturelle entre la France et la Belgique, avec lapointe de Givet, et entre les Pays-Bas et l'Allemagne, tandis que le fleuve en lui-même sépare la Belgique des Pays-Bas au niveau de la région de Maastricht.
Le nom du fleuve est probablement antérieur à lapériode romaine, avec une origine pré-celtique provenant du motmǔso signifiant « humide »[2]. La première trace écrite mentionnant le fleuve est le mot de genre masculinMǒsa, ae[3], d'originelatine. L'étymologie deMosa est inconnue selon les auteurs classiques[4]. Sur laTable de Peutinger, la Meuse n'est pas appeléeMosa maisFlumen Patabus[5]. Pourtant les termes romans initialement masculinsmosa etmosella, ce dernier étant un simplediminutif du premier, sont compris par la tradition paysannelorraine ; ils désignent des eaux àlisières mouvantes, c'est-à-dire un espace ripuaire qui varie selon les saisons[6]. C'était le cas autrefois pour la Meuse entreSaint-Mihiel etStenay mais aussi pour une grande partie du cours de laMoselle, au point que les vastesprairies et espaces près des rives étaient occupés par les paysans durant la longue période d'étiage et abandonnés lors descrues rapides où les hautes eaux se maintenaient longtemps. D'ailleurs, les deux cours d'eau mentionnés pouvaient s'appeler originellement et indistinctementMosa avant que quelques auteursgallo-romains etmérovingiens, parmi lesquelsVenance Fortunat, commencent à fixer les appellations respectives.
De l'hydronyme féminisé en latin médiévalMosa est également issu l'adjectif français mosan[7]. Divers toponymes sont également dérivés de la même racine quemosa : le nom de la ville deMouzon signifierait « la mercuriale ou lieu de négoce et de commerce près du marais » que l'on peut simplifier en « marché de la Meuse » (enceltiqueMoso-magus). On peut aussi citerMaastricht (enlatinMosa Trajectum), mais aussi une multitude de lieux-dits.
Elle traverse le département sur approximativement50,5 kilomètres. Entre sa source et le villageMeuse de la communeVal-de-Meuse, elle prend une direction est-ouest puis une direction sud-nord entre le village et la frontière avec ledépartement des Vosges. D'un point de vueorthodromique, la source se situe à32,7 kilomètres du point d'entrée de la Meuse dans les Vosges. Cette différence d'une vingtaine de kilomètres s'explique par l'étroitesse du fleuve et ses nombreuxméandres, comme à Val-de-Meuse etBourmont-entre-Meuse-et-Mouzon.
La maison natale de Jeanne d'Arc, à droite, à quelques mètres de la Meuse.
Après avoir rapidement traversé le département de la Haute-Marne, la Meuse traverse le département des Vosges sur environ32,5 kilomètres en suivant une direction sud-nord. En distance orthodromique, il est distant, de son entrée dans le département à sa sortie, de21,25 kilomètres. Cette différence d'une dizaine de kilomètres sur une aussi petite distance s'explique là aussi par la présence de méandres mais de plus grandes importances, comme ceux situés au sud deNeufchâteau. C'est d'ailleurs la première ville d'importance que la Meuse traverse et c'est à cet endroit que se jette l'un des premiers grands affluents de la Meuse, leMouzon. LeVair, quant à lui, se jette dans la Meuse àMaxey-sur-Meuse. Lamaison natale de Jeanne d'Arc se situe dans la commune deDomrémy-la-Pucelle, à quelques mètres d'un bras de la Meuse.
C'est dans les Vosges qu'un phénomène géologique particulier se produit, au niveau deBazoilles-sur-Meuse : lespertes de la Meuse. La Meuse se perd enétiage dans lescalcairesbajocienskarstifiés qui composent lelit du fleuve. Les eaux s'infiltrent en souterrain et ressortent cinq kilomètres plus au nord dans l'agglomération de Neufchâteau où se situent les sources de Bagatelle[9].
Au niveau de Neufchâteau, la Meuse quitte uneplaine argileuse pour pénétrer dans lescôtes de Meuse et s'écoule dans une vallée étroite faite decalcaire. Toujours à Neufchâteau, là où leMouzon se jette dans la Meuse, se situe sur la rive droite lestade Amarildo Pacini.
Son parcours dans le département de la Meuse est le plus long dans une entité administrative ; il y reste pour environ230 kilomètres dans une direction sud - nord-ouest. Laroute départementale 964 longe grossièrement la Meuse sur tout son parcours à travers le département.
Au début de son parcours dans le département, la Meuse passe non loin deVaucouleurs puis monte jusqu'àPagny-sur-Meuse. C'est à ce moment que lecanal de la Marne au Rhin commence à longer le fleuve. ÀTroussey, le canal du Moulin forme l'îleLe Châtelet. Non loin de là, le canal de la Marne au Rhinpasse par-dessus la Meuse, ce qui en fait un bel ouvrage d'ingénierie ; il commence dès lors à longer la branche nord ducanal de l'Est. Entre Pagny-sur-Meuse etVoid, la Meuse est parallèle à laroute nationale 4 (rejoignantNancy àParis).
Vue aérienne de Saint-Mihiel, située dans un méandre de la Meuse ; à gauche, la Meuse.
Au sud deCommercy, le canal de l'Est rejoint la Meuse avant de s'en séparer peu avant son entrée dans la ville pour de nouveau rejoindre la Meuse au nord de la ville avant de quitter de nouveau le fleuve quelques centaines de mètres plus loin. Le canal se trouve dès lors à gauche du fleuve. Au niveau deBislée, le canal de l'Est rejoint une fois de plus la Meuse avant d'en devenir un bras au niveau de Menonville, à l'ouest deSaint-Mihiel, et de rejoindre le fleuve à Saint-Mihiel. C'est au nord de cette dernière que le canal se détache de la Meuse et longe le fleuve sur sa rive droite.
ÀDieue-sur-Meuse, le fleuve, le canal et la départementale sont quasi côte à côte. L'autoroute A4, àDugny-sur-Meuse, traverse la Meuse, elle permet de rejoindreStrasbourg à Paris. Au sud deVerdun, le canal de l'Est rejoint la Meuse. Une île allant du sud au centre de la ville est formée par le canal-fleuve et la Sainte-Vanne ; à droite de la ville, le canal Saint-Airy crée également des îles à Verdun. Au nord de cette dernière, le canal se détache de la Meuse. C'est àBrabant-sur-Meuse, quelques kilomètres plus au nord, que le canal rejoint de nouveau la Meuse. ÀConsenvoye, la Meuse crée plusieurs îles et au nord de celles-ci, le canal se détache encore de la Meuse pour longerSivry-sur-Meuse avant de rejoindre le fleuve au nord de la commune et de s'y en détacher quelques mètres plus loin.
La Meuse à Dun-sur-Meuse.Vue panoramique de la côte de Meuse, là où passe le fleuve.
Au sud deDun-sur-Meuse, le canal rejoint une fois de plus le fleuve. C'est à ce niveau là que plusieurs affluents se jettent dans la Meuse en créant deslacs, dont le lac Vert, le Breuil et le Pâquis, et des bras de Meuse dont la Vieille Meuse. Au niveau du lac Pâquis, au nord de la commune, le canal quitte le cours du fleuve et laisse la Meuse se perdre dans des méandres s'étendant deSassey-sur-Meuse au nord deMouzay, là où le canal rejoint la Meuse. Toujours à Dun-sur-Meuse, la Meuse quitte les côtes de Meuse pour s'enfoncer dans la plaine argileuse de laWoëvre. ÀStenay, la Meuse et le canal forment de nombreuses îles et c'est au nord de ces dernières que le canal quitte la Meuse pour la rejoindre quelques centaines de mètres plus loin àInor ; c'est à Stenay que la Meuse traverse unfront de côtes, ceux de laMoselle. C'est àPouilly-sur-Meuse que son parcours se termine dans le département.
Sur3,7 kilomètres environ, la Meuse sert de frontière entre les départements de la Meuse et des Ardennes. Son parcours suit trois méandres mais la frontière entre les départements suit un ancien méandre (unbras mort) dont la frontière n'a pas été retracée.
Ardennes
C'est dans le département des Ardennes que commencent à apparaitre les grands méandres. La Meuse parcourt le département sur plus de168 kilomètres (sans comprendre la frontière partagée avec le département de la Meuse et la Belgique) contre seulement68,85 kilomètres en distance orthodromique.
Au nord deBeaumont-en-Argonne, le canal de l'Est quitte la Meuse pour la rejoindre quelques centaines de mètres plus loin. Cela lui permet de franchir quelques méandres très étroits.Mouzon, quant à elle, est située sur une île formée par la Meuse qui devient un fleuve chevelu sur quelques centaines de mètres sur une plaineherbeuse et argileuse. Ensuite, au niveau d'Autrecourt-et-Pourron, le canal forme ce qu'on appelle la coupure de Villers qui coupe simplement un méandre faisant de lui une sorte de bras mort bien que connecté à la Meuse sur un côté. Au nord de cette coupure, un canal nommé coupure de Remilly quitte la Meuse évitant ainsi une série de méandres sur plusieurs kilomètres. C'est dans un de ces méandres que se jette un de ses principaux affluents, laChiers. La coupure rejoint la Meuse avant de la quitter pour couper un méandre à l'est dePont-Maugis.
La Meuse à Sedan.
Une fois arrivé àSedan, le canal de l'Est coupe un méandre en pleincentre-ville formant une grande île où est établie l'université urbaine de Sedan. Au nord de Sedan, àGlaire, un canal coupe un méandre long de plusieurs kilomètres pour rejoindre la Meuse au sud de laVillette. Au niveau deDonchery, la Meuse devient chevelue et forme quelques îles. C'est à l'ouest de cette commune, àPont à Bar, qu'une coupure coupe un méandre de la Meuse et que laBar se jette dans le fleuve. C'est également non loin de là que la Meuse est rejointe par lecanal des Ardennes.
Au sud deLumes, un ancien canal coupait un long méandre. Il est aujourd'hui à l'abandon dans l'optique de recréer le cours naturel de la Meuse. Ce retour à la norme a créé de nombreuxlacs artificiels le long du méandre. La dérivation de Romery, à Romery, raccourcit un peu le trajet de la Meuse.
La Meuse à Charleville-Mézières.
C'est àCharleville-Mézières qu'on remarque les grands méandres de la Meuse. En effet, la ville est coupée quatre fois par le fleuve autour de trois méandres de grandes tailles. Pour éviter plusieurs kilomètres de navigation sur le premier méandre, deux canaux furent créés sur quelques mètres pour rejoindre la Meuse, formant une petite île au centre de la ville. Au sud du méandre, il y a la base de loisirs de la Warenne avec sonétang. C'est toujours dans ce long méandre que vient se jeter laSormonne. Le canal de l'Est permet de couper le troisième grand méandre pour éviter aux bateaux une longue boucle. Entre Charleville-Mézières etGivet, la Meuse est longée par laVoie verte Trans-Ardennes ainsi qu'une voie de chemin de fer. À partir de là, elle traverse des sols deschistes noirs.
La centrale nucléaire de Chooz, encaissée dans la vallée de la Meuse, dans lapointe de Givet.La Meuse à Givet, avec lacitadelle sur la droite.
Après avoir traversé Charleville-Mézières, la Meuse traverse leparc naturel régional des Ardennes jusqu'à la frontière belge. C'est àNouzonville que laGoutelle se jette dans le fleuve. LaSemois est la première grande rivière qui viendra se jeter dans la Meuse, àMonthermé ; un point de vue particulièrement haut, à230 mètres, surplombe la vallée et permet d'admirer les alentours. Non loin de là, le canal de l'Est resurgit pour longer la Meuse dans un méandre sur quelques centaines de mètres. Il resurgit de nouveau au nord deLaifour. À l'ouest deRevin, la Meuse reçoit un cours d'eau qui descend directement du Bassin de Whitaker, formé par une centrale appartenant àEDF. EntreFépin etMontigny-sur-Meuse, il reçoit le Risdoux sur la rive droite, où se situe le château du Risdoux. LeViroin se jette quant à lui àVireux-Molhain. C'est dans le méandre deChooz que se situe lacentrale nucléaire éponyme, à quelques kilomètres de la frontière belge et à quelques kilomètres de Givet. Dans cette dernière passe un méandre où se jette laHouille. Dans sa partie ardennaise, la Meuse est bordée par la Voie verte de Montcy-Notre-Dame à Givet.
Sur environ deux kilomètres, la Meuse partage sa frontière avec laBelgique, et plus particulièrement, la province de Namur. Elle quitte ainsi laFrance en passant par la dernière commune française sur son tracé, Givet, et traverse la première commune belge de son tracé,Hastière. La Meuse aura parcouru en France une distance totale d'approximativement486 kilomètres en suivant grossièrement une direction sud - nord[10].
La Meuse traverse la Wallonie, entreHastière etVisé, sur127,8 kilomètres de long et traverse les provinces deNamur et deLiège.
Son tracé débute àHeer, une section de Hastière, en province de Namur, à98 mètres d'altitude. Dans cette même commune vient se jeter la Soumié. Dans un des grands méandres traversant la commune, plusieurs îles se forment. C'est le long de la Meuse, toujours à Hastière, qu'on peut admirer sur la rive gauche dechâteau de Freÿr et sur la rive droite, un point de vue sur des rochers assez élevés. Hastière, et par conséquent la Meuse, traverse la région géographique de laFagne-Famenne et duCondroz, entre les rochers deFreÿr.
LeFlavion se jette au sud de l'Île d'Yvoir, àYvoir. Au nord de la même île, la Meuse reçoit leBocq tandis qu'àGodinne, dans la commune d'Yvoir, des îles se sont formées.
Le Burnot se jette à hauteur deProfondeville et le tracé se rapproche tout doucement de Namur. Le site de Godinne du CHUUCL de Namur longe la Meuse non loin de là. Lechâteau de Rougemont se situe sur unpromontoire rocheux sur la rive gauche de la Meuse.
La Meuse reçoit laSambre au centre-ville de Namur. Le long des quais, en contrebas de lacitadelle, se situe le siège duGouvernement wallon. Namur doit sa reconnaissance à la Meuse et à la Sambre, donc ausillon Sambre-et-Meuse. En effet, une grande partie du transport économique fluvial quitte la Meuse à Namur et emprunte la Sambre pour rejoindreCharleroi située plus à l'ouest.
Namur est, selon Jean-Pol Hiernaux, « à l'articulation de toutes ses provinces et au confluent de la Sambre et de la Meuse où elle unit les bassins liégeois et hainuyer[11] ».François Bovesse estime que « Namur unit la Sambre et la Meuse à ses pieds et tout le sang wallon y bat comme en un cœur ».
Dans laprovince de Liège, la Meuse traverse l'ancien bassin houiller wallon. Elle reçoit laMehaigne sur sa rive gauche puis arroseHuy, où elle reçoit leHoyoux sur sa rive droite. Un peu plus loin, elle aide au refroidissement de lacentrale nucléaire de Tihange.
Dans un cadre de plus en plus industrialisé, elle longe ensuite les installations sidérurgiques deSeraing. ÀLiège, elle reçoit l'Ourthe par la droite et coule de nouveau vers le Nord.
Un peu avantHerstal, ses eaux sont utilisées pour alimenter lecanal Albert. L'importantport autonome de Liège s'est implanté entre ces deux voies d'eau. La Meuse sépare à ce moment la fin du plateau hesbignon en rive gauche et lePays de Herve en rive droite.
Le fleuve quitte laWallonie àVisé, après un parcours de 128 kilomètres et à une altitude de 47 mètres. De Namur à Visé, la Meuse sert à la production d'électricité avec sixcentrales hydroélectriques.
C'est là aussi que se situe le port fluvial le plus important de tout son parcours et qui est aussi l'un des ports fluviaux le plus important d'Europe, le port autonome de Liège.
Le total des marchandises transportées en Wallonie était en 2014 de quelque40 millions de tonnes, principalement sur la Meuse et laSambre[12].
Après une brève incursion auxPays-Bas, viaMaastricht, la Meuse sert de frontière entre laBelgique et lesPays-Bas au niveau de leurs provinces de Limbourg respectives. Elle arroseMaasmechelen puisMaaseik, avant de quitter définitivement le territoire belge qu'elle a parcouru au total sur 183 kilomètres.
Après avoir commencé à faire office de frontière entre la province belge de Liège et la province néerlandaise de Limbourg àEijsden, la Meuse arrose la ville néerlandaise deMaastricht. À partir de là, elle fait office de frontière entre la provinceflamande deLimbourg etson homonyme néerlandaise, jusqu'à une dizaine de kilomètres aprèsMaaseik, où la frontière néerlando-belge s’oriente vers l'Ouest. La Meuse poursuit son cours vers le Nord, en s'orientant légèrement vers l'Est et la frontière néerlando-allemande, qu'elle suivra sur une centaine de kilomètres.
Après avoir passé à l'ouest la ville limbourgeoise deRuremonde[notes 2] et traversé la ville deVenlo, elle parcourt encore une cinquantaine de kilomètres jusqu'à la frontière entre les provinces deLimbourg et deBrabant-Septentrional. Elle s’incurve pour prendre la direction de l'ouest et sert de frontière entre les provinces deGueldre (au nord) et deBrabant-Septentrional. Un peu plus au nord, un des principaux bras du Rhin, leWaal, s'écoule plus ou moins parallèlement vers l'ouest. LeRhin inférieur coule encore plus loin au nord.
Le fleuve continue à s'écouler droit vers l'ouest. Son nom change plusieurs fois, avant qu'il ne se jette dans la mer. Ces noms sont successivement :
laBergsche Maas ou Meuse de Bergen, elle reçoit toute l’eau de la Meuse depuis son ouverture en1904, auparavant celle-ci s’écoulait via l’Afgedamde Maas ou Meuse barrée ;
Toutefois, lorsque le débit est faible, leHaringvlietdam est fermé. Les eaux rejoignent alors la Vieille Meuse et leNieuwe Waterweg.
Avant la réalisation duplan Delta, l'île d'Overflakkee séparait le flux en deux bras de mer : au Nord, le Haringvliet et au Sud leVolkerak, puis leKrammer et le Grevelingen. Mais aujourd'hui, avec la construction du barrage duPhilipsdam, les eaux de la Meuse ne vont plus dans le Volkerak.
Partage des eaux du Rhin et de la Meuse dans leur delta commun.
Actuellement, l'embouchure de la Meuse est donc le bras de merHaringvliet. Celui-ci se trouve à une distance considérable au Sud duNieuwe Waterweg, l'embouchure principale duRhin, qui se jette dans lamer du Nord une trentaine de kilomètres après être passé au sud deRotterdam.Plusieurs bras d'eau qui correspondent à l'ancien cours de la Meuse portent encore son nom, même si, lorsque le Haringvlietdam est ouvert, l'eau provenant réellement du fleuve ne les traverse plus :
laMeuse barrée qui ne reçoit plus que les eaux de pompage des polders qui l'entourent, et se jette dans leWaal à l'endroit où il change de nom pour s'appelerMerwede supérieure ;
laNouvelle Meuse (Nieuwe Maas) qui traverse Rotterdam. L'eau qui coule dans la Nouvelle Meuse provient en grande partie duRhin, ce qui fait de Rotterdam une ville rhénane (Rijnstad) plutôt qu’une ville mosane (Maasstad).
La Meuse est souvent considérée à tort comme une rivière confluente du Rhin et non comme un fleuve. En particulier, elle ne fait pas partie des grands fleuves français enseignés à l'école primaire en France car elle n'y fait que la moitié de son parcours total et son bassin y est relativement étroit (pour des raisons géologiques et physiques elle ne reçoit pas un affluent important du Rhin : laMoselle), par conséquent son débit est plutôt faible. Par contre, en Belgique et aux Pays-Bas, elle est considérée comme un fleuve important, car elle sert de façon primordiale au transport de marchandises, elle a façonné l'histoire et la géographie de ces pays. Pour des raisons historiques, les géographes néerlandais considèrent même que le Rhin se jette dans la Meuse, puisque le bras principal du Rhin se nomme laNouvelle Meuse, ce qui n'est pas justifié hydrauliquement. Par contre le plus ancien cours du Rhin, à savoir leVieux Rhin, indiqué par une longue ligne jaune sur la carte ci-contre, qui se jette dans la mer du Nord àKatwijk (Hollande-Méridionale), ne reçoit plus rien des eaux du Rhin bien que plusieurs des villages qu'il arrose aient conservé leur nom terminé paraan den Rijn, c'est-à-dire-sur-Rhin.
Le, Voies Navigables de France (VNF) a signé avec la Société BAMEO le premier partenariat public privé (PPP) sur voies navigables pour la modernisation de25 barrages fluviaux sur la Meuse équipés de bouchures en élastomère gonflables à l’eau, en remplacement des barrages manuels à aiguilles construits en 1870[14].
Le contrat de PPP de312 millions d’euros d’une durée de30 ans porte sur la conception, la construction, le financement, l’exploitation, la maintenance et le gros entretien renouvellement des ouvrages.
Il constitue un enjeu majeur en termes de navigabilité, de sécurité et de biodiversité.
L’automatisation des barrages permet de sécuriser le travail des techniciens et de réguler la ligne d’eau pour la navigation. La modernisation des barrages s’accompagne du rétablissement de la continuité écologique des cours d’eau grâce à la construction de passes à poissons sur chacun des ouvrages ainsi que de la production d’énergie verte avec la création de trois centrales hydro-électriques à Givet, Ham-sur-Meuse et Fumay et la mise en conformité de la microcentrale de Revin (anciennement FHYM- Forces Hydrauliques de la Meuse).
Par ailleurs, ce fleuve est considéré comme étant le plus vieux fleuve du monde[15]. Le fait que la Meuse traverse lemassif ardennais, formé durant lePaléozoïque, explique pour partie cette interprétation.
L'historien Marc Suttor considère que le fleuve au Moyen Âge, deSedan àMaastricht, se comparait en importance par le trafic à laSeine et auRhin[16], fleuves qui permettent encore aujourd'hui l'acheminement des marchandises vers les trois ports fluviaux les plus importants d'Europe,Paris,Duisbourg etLiège.
La Meuse a fait l'objet d'un documentaire,Les gens du fleuve, réalisé en 2012 par Xavier Istasse[17].
Certaines sections étaient très polluées (biologiquement presque désertes ou colonisées par quelques organismes très résistants à la pollution, donttubifex et larve d'un chironome), et les mises en chômage du fleuve (ouverture des barrages pour entretien) mettaient à nu une grande partie des fonds et berges en y tuant de nombreux organismes aquatiques[18]. Juste en aval des barrages, de grandes quantités d'organismes profitaient de la réoxygénation de l'eau et pouvaient être présents en très grande quantité (par exemple H Damas décrivait en 1941 les fonds pierreux situés en aval des barrages de la Meuse belge (où l'eau se réoxygène) comme grouillante de milliers d'individus de trois espèces de gammares (Rivulogammarus puler,Echinogammarus berillonietCarinogammarus roeselli) y grouillent[18]). D'autres curiosités sont également signalées[19] au début duXXe siècle par l'inventaire biologique, dont :
Branchiura sowerbyi (Beddart), vers oligochète un peu plus gros qu'un tubificide, de 6 à13 cm, et d'un peu plus d'un mm de diamètre, dont la queue se termine par un plumeau aplati faisant fonction debranchie, qui vit dans les racines ou dans un tube vertical qu'il creuse dans la boue voire dans l'argile compacte[19] ;
Depuis, leCastor fiber recolonise progressivement les berges de la Meuse depuis quelques décennies (sans y construire debarrages de castors en raison de la profondeur de l'eau).
On a montré en Belgique que la diversité et les patrons (patterns) génétiques de plantes qu'on pensait uniquement ou principalementhydrochores ne confirmaient pas l'hypothèse d'un flux descendant très marqué, soit (conclut l'étude) parce qu'on a sous-estimé l'importance d'un transport de graines vers l'amont (parzoochoriea priori) pour ces plantes (ex :Rorippa sylvestris, une sorte de cresson sauvage), soit que des phénomènes récurrents d'extinction/recolonisation de sous-populations au sein de la métapopulation aient fortement hétérogénéisé cette flore, ces deux explications pouvant s'additionner[20].
Les lignes rouges correspondent aux principales lignes de partage des eauxeuropéennes.
Le fleuve suit d'abord son cours naturel, soumis à desétiages bas et des crues importantes et n'est plus navigable que par portions.
Plus en aval, toujours sur le territoire français, il est canalisé — en empruntant parfois la branche nord ducanal de l'Est.
AprèsSaint-Mihiel, il permet legabarit Freycinet (250 tonnes à 1,80 mètre d'enfoncement). À partir deGivet, il devient navigable pour les péniches de 1 350 tonnes.
Puis duport autonome de Liège jusqu'àRotterdam, il admet des bateaux de type rhénan (2 500 tonnes) et des barges 2 × 4 500 tonnes.
Le projet avorté ducanal de l'Ourthe prend également naissance à Liège. Il devait initialement permettre d'atteindre le bassin rhénan et desservir l'actuelLuxembourg grâce à une liaison Meuse-Moselle.
La Meuse est parcourue par de nombreuses embarcations de plaisance. Ses profonds méandres lors de la traversée du massif desArdennes sont autant de lieux touristiques.
Une grande crue eut lieu en janvier et, elle a dépassé celle de 1886 à Nouzon.
La Meuse n'est pas un fleuve très régulier. Son débit a été observé durant56 ans (1953-2008), àChooz, localité du département desArdennes située en amont de la ville deGivet, c'est-à-dire à peu de distance de la frontière franco-belge[28]. La surface ainsi étudiée est de 10 120 km2, mais ne comprend pas les bassins de laHouille, de l'Alyse et de quelques autres ruisseaux.
La Meuse est un fleuve abondant. Lalame d'eau écoulée dans cette partie essentiellement française de son bassin versant est de 452 millimètres annuellement, ce qui est nettement supérieur à la moyenne d'ensemble de la France (320 millimètres). Ledébit spécifique (ou Qsp) atteint14,3 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.
La Meuse en crue àRuremonde (Pays-Bas) en janvier2011.
La traversée du sud au nord dumassif ardennais par le cours de la Meuse est une particularité remarquable de ce fleuve.Habituellement, les cours d'eau partent d'un massif pour rejoindre la plaine et ensuite la mer.
Le creusement de cette vallée est dû à une chronologie particulière des évènements géomorphologiques de la région :
durant l'Oligocène, il y eut une ouverture dufossé rhénan accompagnée d'une surrection (soulèvement) de ses épaulements, laForêt-Noire et lesVosges. À partir des Vosges s'organise un réseau hydrographique : Meuse,Moselle,Meurthe (laMoselle était, il y a plusieurs millions d'années, un affluent de la Meuse, se jetant dans ce fleuve à hauteur dePagny-sur-Meuse qui a subi une capture au profit duRhin) ; l'ancien cours a permis la construction duCanal de l'Est entreToul etPagny-sur-Meuse ;
il y a plus d'un million d'années, l'Aire passait àDom-le-Mesnil et suivait l'actuel cours de la Meuse entre Dom-le-Mesnil et Nouzonville, incluant les méandres deCharleville-Mézières[30] (La Warenne etMontcy-saint-Pierre). La Meuse passait àGespunsart etNeufmanil par une vallée fossile où passent actuellement laVrigne et laGoutelle et formait son confluent avec l'Aisne àNouzonville[30], aprèsDom-le-Mesnil. Il y a 900 000 ans, l'érosion de la rive gauche concave a fini par faire se rejoindre le méandre de la Meuse et le méandre de l'Aisne : la Meuse a alors fait sa nouvelle confluence avec l'Aisne à Dom-le-Mesnil et a abandonné son ancien cours parGespusart etNeufmanil[30]. Par la suite, l'Aisne a été capturée à son tour, abandonnant son cours en une vallée fossile où coule actuellement la Bar. Cet ancien cours a permis de tracer lecanal des Ardennes ;
au cours de ces derniers millions d'années, parflambage de la croûte, le massif ardennais s'est soulevé, là où passait déjà la Meuse. Cette surrection lente (moins d'un millimètre par an) a néanmoins permis au fleuve de conserver par érosion son niveau de base en creusant au fil des années une profonde vallée dans le massif desArdennes. Cela explique la profondeur du ravinement que représente la vallée de la Meuse dans lesArdennes ;
le soulèvement se poursuit encore à l'Holocène (actuel).
Cela explique comment ce cours d'eau a pu garder sa pente alors que le relief l'entourant a pris une pente inverse. Par exemple, laSormonne et ses affluents de la rive gauche (l'Ormeau, le rau de Bassigny, le rau de Charoué, le ruisseau de la Bassée) coulent dans une direction générale inverse à celle de la Meuse.
La Meuse commence à pénétrer le massif à la sortie de Charleville. Le « chemin sous les roches » constitue le premier escarpement après plusieurs centaines de kilomètres de plaine, où la Meuse contourne le « Mont-Olympe ». Arrive ensuite la boucle de Montcy puis Aiglemont : c'est là que commence vraiment ce que les locaux appellent « la Vallée ». La rivière est à139 m d'altitude et le relief autour à190 m. À Revin, la Meuse est descendue à120 m et le relief autour est monté à420 m. À Givet, la Meuse est à95 m et le relief n'est plus qu'à170 m. Toutefois, les escarpements de la vallée se poursuivent à Dinant et Namur.
Au sud de Montcy-Notre-Dame, on observe le cours actuel de la Meuse, la ligne de chemin de fer et l'ancien cours de la Meuse. Le ruisseau du Vivier-Guyon se jetait en angle obtus dans l'ancien cours.Circulation de la Meuse à contresens de ses affluents entre Charleville et Revin.
Cette traversée du massif ardennais produit, en outre, des situations étranges dans le réseau hydrographique, avec des affluents qui coulent en sens inverse de la Meuse. Avant même Aiglemont, face à Montcy-Notre Dame, en rive droite, le ruisseau du Vivier-Guyon formait un angle obtus avec la Meuse, c'est-à-dire qu'il se jette « à l'envers » dans la Meuse. Cette étrangeté est visible sur les cartes de Cassini et d'État-Major ; toutefois, le cours de la Meuse ayant été modifié lors de la formation du chemin de fer vers Nouzonville (la carte d'État-Major présente l'ancien et le nouveau cours), il n'est plus observable aujourd'hui.
Selon certains auteurs, cette situation est instable, le soulèvement se poursuivant encore aujourd'hui. Actuellement, la ligne de partage des eaux avec la Moselle est à4 km du talweg de la Meuse dans le domaine du fort de Douaumont, au nord de Verdun. Plus en amont, àOurches-sur-Meuse, la ligne de partage des eaux avec la Moselle est à seulement800 m du cours de la Meuse. Le réseau hydrographique du bassin devrait ainsi se réorganiser au détriment de la Meuse. D'une part, la partie inférieure de son cours en France deviendrait un affluent de l'Aisne, donc de laSeine, dévié vers le sud à l'entrée de l'Ardenne par la vallée de laBar. D'autre part, son cours supérieur deviendrait un affluent de laMoselle, et donc duRhin, à partir du fossé deNeufchâteau.
Le cours du fleuve a varié au cours de l'histoire récente à cause de la faible altitude de la plaine aval. L'Homme est souvent intervenu.
Modification du cours de la Meuse en 1904, l'ancien lit mineur en cyan et le nouveau en bleu.
Le fleuve coulait à travers l'Oude Maasje, puis vers1273, le lit a dévié via l'actuelleAfgedamde Maas vers le nord-ouest, jusqu'au confluent avec leWaal, cela jusqu'en 1904.
Afin de lutter contre les inondations, la Meuse a été barrée en 1904, aprèsWell, selon les plans deCornelis Lely et redirigée vers un nouveau bras artificiel laBergsche Maas, qui se poursuit ensuite par l'Amer vers leHollands Diep[31]. LaVieille Meuse est maintenant un des bras du Rhin et ne reçoit plus d'eau de la Meuse, mais conserve son nom. La navigation reste possible entre l'Afgedamde Maas, devenu un quasibras mort et le Rhin. Laporte de garde:Kromme Nolkering peut s'abaisser en cas de nécessité, tandis que l'écluse Wilhelmine près deGiessen veille à ce que les eaux des deux fleuves soient séparées.
De nos jours, une petite partie des eaux du fleuve se déverse dans leDordtsche Kil, le reste allant dans leHaringvliet ; de là elles se déversent d'une manière artificiellement régulée, à travers leHaringvlietdam, dans la mer du Nord et dans leSpui pour rejoindre la Vieille Meuse.
Artère économique de premier ordre depuis l'Antiquité, la Meuse garda son influence dans les échanges commerciaux noués pendant la période mérovingienne, comme en témoigne la diffusion de techniques et de motifs, attestée dans les fouilles archéologiques. Au Moyen Âge, elle prolonge lavoie rhodanienne, grand axe du transport fluvial de marchandises[32]. Elle fut aussi la colonne vertébrale de l'évêché deLiège, devenuprincipauté épiscopale dans la seconde moitié duMoyen Âge. Ainsi l'autorité duPrince-évêque s'étendait-elle sur des faubourgs (ou des villes entières) reliés entre eux par le fleuve :Dinant,Namur,Andenne,Huy. Dans chacune de ces villes, un pont et une église dédiée àNotre-Dame percevaient un droit de passage, alimentant le trésor épiscopal.
Marc Suttor considère que le trafic sur la Meuse se compare avec celui de laLoire, de laSeine et duRhin, notamment du vin, la principale marchandise transportée sur les grands fleuves européens au Moyen Âge et à la Renaissance, un trafic égal auXVIe siècle à la production bordelaise de vins[33].
Profitant de cet axe commercial, l'orfèvrerie mosane (et notamment ladinanderie, soit le travail du laiton) se développa pendant tout le Moyen Âge. La « légende historique » rapporte que la pratique de la dinanderie opposaBouvignes à Dinant ;Philippe de Commynes l'a bien raconté dans ses chroniques etJules Michelet en a été frappé.
À partir de la fin duXIIIe siècle, la Meuse a été une desQuatre Rivières définissant la limite entre leroyaume de France et leSaint-Empire romain germanique. Cette limite, justifiée par le souvenir dutraité de Verdun de843, allait de la source du fleuve à la ville deMézières et passait au milieu des principautés qu'elle rencontrait, notamment leduché de Bar. Cette frontière était une réalité mais surtout un objet de représentation, stylisant les différentes limites (fiscale, judiciaire et féodale) du royaume[34]. Les riverains du Moyen Âge ont conscience de la divergence entre l'idée officielle d'une limite fluviale et la réalité de frontières complexes. À partir de1390, dans les enquêtes royales, les témoins affirment que des bornes de bronze sont immergées dans le fleuve, sans que personne les ait vues. Ce mythe montre le respect qui entoure cette limite sacrée entre France et Empire[35].
Le duc de BourgognePhilippe le Bon pritDinant en1466, l'incendia et fit massacrer ses habitants en les jetant liés deux par deux dans la Meuse. Deux ans plus tard, Liège subissait le même sort. Dinant et Liège faisaient toutes les deux partie de laprincipauté de Liège alors que Bouvignes faisait partie ducomté de Namur, déjà bourguignon. Plus qu'une querelle de clocher, il faut y voir des motifs politico-économiques dépassant largement le microcosme dinantais : qui contrôle le fleuve contrôle l'économie.
Industrielle, la Meuse l'est déjà auMoyen Âge et certains historiens découpent ainsi une zone industrielle qui va deDinant àLiège. Elle le deviendra encore plus avec larévolution industrielle. Les forges et fourneaux de l'Ardenne qui transformèrent lefer à partir ducharbon de bois durant des siècles, vont voir leur travail transporté par des petites rivières rapides qu'ils utilisaient pour leur industrie, vers les plus grandes comme laSambre (qui se jette dans la Meuse àNamur) et la Meuse.
Au cours d'une seconde révolution industrielle, que l'on peut faire débuter avec l'avènement de la Belgique, la deuxième puissance industrielle au monde va s'édifier, deCharleroi àLiège, à la verticale des bassins houillers anglais, duNord français et de laLorraine franco-allemande. Seule la Haute Meuse échappera à la fièvre houillère, supplantée par la Sambre reliant Charleroi aux débouchés de lamer du Nord. Progressivement, la sidérurgie prit le pas sur l'extraction minière en Belgique, suivant toujours les bassins de la Meuse médiane et de la Sambre.
Cettesidérurgie, aujourd'hui en déclin, subsiste toujours malgré tout et a été intégrée dans l'accordMittal-Arcelor mais souffre de la concurrence internationale et de la crise économique de2008.
Fleuve tragique, la Meuse a été chaque fois sur le parcours des invasions et des rivalités européennes. Le, les100e,101e,103e,108e,178e,182e régiments d'infanterie de l’armée impériale allemande, après avoir été rejetés sur la rive est de la Meuse par les soldats français deFranchet d'Esperey (parmi lesquels le lieutenantCharles de Gaulle), les rejettent définitivement sur l'autre rive. Lors de l'assaut français, réussi, la population a fraternisé avec les soldats de Franchet d'Esperey et chanté de multiples foisLa Marseillaise. Comme en d'autres villes de Belgique ou de France, les Allemands sont persuadés (à tort) qu'ils ont affaire à desfrancs-tireurs (souvenirs duconflit de 1870, hantise qui devient hallucination). ÀDinant, leur « fausse croyance sincère »[36] va transformer la ville enenfer deBosch : l'État-major allemand donne des ordres pour exécuter la population et incendier les habitations. Le et les jours qui suivent, 674 hommes, femmes et enfants sontexécutés par armes à feu en différents endroits de la ville. Deux tiers des habitations dinantaises sont la proie des flammes. La population civile, désarmée dès le, avait instamment été priée de ne pas s'impliquer dans le combat contre les envahisseurs (→Sac de Dinant).
En1939, la France a déclaré la guerre à l'Allemagne et se prépare à repousser l'invasion de celle-ci. Dans le cadre du plan défensif français, la Meuse joue un rôle important puisque c'est sur une bonne partie de son cours supérieur (en France, du confluent avec laChiers jusqu'àNamur, en Belgique) que leCommandement Français compte arrêter les Allemands dans le cadre duplan Dyle.
Plus en aval, les Belges la défendent notamment par lefort d'Ében-Émael pour protégerLiège.
Ce fort tombera le, lendemain de l'offensive allemande ; les Belges évacueront laposition fortifiée de Liège puiscelle de Namur, y laissant uniquement des troupes de forteresse.
En amont, prenant de vitesse les Français, le, c'est un peu au Nord deDinant, àHoux, que les premiers fantassins allemands traversent la Meuse. Le lendemain, les troupes allemandes deGuderian franchissent également la Meuse àSedan provoquant laPercée de Sedan, ainsi qu'àMonthermé. Leur infanterie traverse également àGivet etProfondeville, mais échoue àNouzonville etCharleville-Mézières avant que les Français n'évacuent leurs dernières positions sur la Meuse le, une brèche large de Namur jusqu'à l'extrémité Ouest de la ligne Maginot a été ouverte dans le front allié, que les Français ne peuvent combler faute de réserves suffisantes. Les unités blindées allemandes s'y engouffrent et atteignent laManche près d'Abbeville le, prenant à revers les armées alliées dans le nord de la France et la Belgique. Labataille de France est déjà virtuellement perdue.
Un programme d'action a été mis en place pour la période 1998-2003[37] et en2002, lors de la signature duTraité de la Meuse, également appeléAccord de Gand, laFrance, lesPays-Bas, laBelgique et leLuxembourg ont marqué leur coopération sur la cogestion du fleuve avec les deux États et les deux Régions belges. Les projets incluent le retour des grands salmonidés[38] dans le bassin et la restauration progressive de la libre circulation des poissons dans tout leBenelux[39],[40],[41], alors qu'uneDirective européenne (Directive cadre sur l'eau, ou DCE[42]) demande le retour duBon état écologique en 2015 (sauf dérogations à justifier).
Un exemple en est laCrucifixion en calcaire sculpté, de la fin duXe siècle, provenant deBerne et conservé àFribourg, dans laquelle le Crucifié tient la tête droite[43].
Adieu Meuse endormeuse et douce à mon enfance, Qui demeures aux prés où tu coules tout bas. Meuse adieu : j'ai déjà commencé ma partance En des pays nouveaux où tu ne coules pas.
Dans son livreUne certaine idée de la Wallonie, qu'il a tenu à illustrer par une peinture d'Henri Blès,Paul-Henry Gendebien décrit la démarche intellectuelle du grand peintre mosan en pensant à tous les lieux enEurope où l'on peut voir ses œuvres :« L'Europe voit qu'un paysage du maître wallon - qui est mosan et qui ne peut qu'être mosan - est aussi le paysage par excellence, ce qui le hisse par le fait même au rang d'image de l'Univers ».
André Dhôtel est un Mosan qui, de la Meuse française à la Meuse belge, a écrit ce roman extraordinaire dontBayard est le héros[réf. nécessaire],Le Pays où l'on n'arrive jamais. Il y a dans ce livre, curieusement, le fantasme de la mer et des grandes villes flamandes ou néerlandaises où la Meuse rejoint la mer parmi lescathédrales et lesbeffrois.
Jacques Brel évoque la Meuse dansJe suis un soir d'été ou encore dansIl neige sur Liège.
Dominique A cite la Meuse dans sa chansonLa pleureuse, soulignant le côté sombre du cours d'eau comparé au bleu duDanube.
En plombeur de ces dames Ou en consolateur, Si tu y trouves ton compte J'inonderai ton cœur. Et que le beau Danube Se transforme en la Meuse Et je suis ta pleureuse Oui, je suis ta pleureuse Pour toujours ta pleureuse.
L'étymologie du célèbrereptile marinfossileMosasaurus vient d'un combinaison dulatinMosa « Meuse » et dugrec ancienσαῦρος /saûros « lézard », le tout voulant littéralement dire « lézard de la Meuse », en référence au fleuve où le spécimenholotype deM. hoffmannii fut découvert à proximité, plus précisément àMaastricht[44].
↑En Belgique, on appelle « botte du Hainaut » la partie de la province du Hainaut limitée par la rive droite de la Sambre, la province de Namur et la frontière française.
↑On le trouve chez les auteurs classiques César, Pline l'ancien, Tacite,....
↑Jean Loicq, « Avant le latin, la Gaule Belgique », dansDaniel Blampain et al. (dir.)Le Français en Belgique, Duculot, Bruxelles, 1997,p. 8.
↑Le dernier terme indique que la Meuse est déjà un "grand chemin de navigation et de transport", à l'instar des antiques couloirs de la Moselle et du Rhin.
↑Le termemosa, produit de l'altération d'un vieux mot gaulois plus complexe, signifierait en s'appliquant aux eaux ou au rivières "montante(s)/descendante(s)" ou "mouvante(s)", non seulement dans le sens de l'écoulement du courant majeur du lit, mais latéralement à celui-ci. L'application à une localité terrestre indique la présence d'un certain type de marais ou marécage éphémère.
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