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Meule à grains

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Objet fondamental, hautement symbolique du lieu où elle travaille, la meule usagée adossée le long d'un mur, signale la qualité de l'usine à laquelle elle appartient

Unemeule à grains est unobjet technique, traditionnellement en pierre, qui permet lebroyage, latrituration, leconcassage, ou plus spécifiquement la mouture de diverses substances.

Selon les lieux et les époques, la meule de pierre fut utilisée pour la mouture « sèche »: dans la fabrication de la farine, du sucre ou des épices, mais aussi pour la préparation deskaolins,ciments,phosphates,chaux,émaux,engrais et autresminerais. L'opération de mouture peut également être réalisée « humide », comme pour la semoule deblé dur, lenixtamal ou le broyage des graines de moutarde. Lors de leur préparation, certaines matières premières permettent d’obtenir une pâte qui devient naturellement fluide, par exemple dans la trituration des olives ou le concassage du cacao.

Souvent qualifiée de « plus vieille desindustries », l’utilisation de la meule de pierre est indissociable de l’histoire humaine. Intégrée depuis la fin duPaléolithique à desprocessus alimentaires, son usage est resté constant jusqu’à la fin duXIXe siècle, où elle fut progressivement remplacée par des outils métalliques d’un genre nouveau. Pourtant, elle est toujours visible dans des installations domestiques rurales, comme enInde, où 300 millions de femmes employaient quotidiennement des moulins à bras pour la production de farine en 2002[1].

Aux origines d’une industrie

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La préparation par broyage ou mouture de substances végétales (racines,tubercules,amandes, feuilles…), animales (moelle, tendons...) ou minérales (ocre), en vue de leur consommation ou d’un usage technique, existe depuis plusieurs dizaines de millénaires. À la différence duconcassage qui consiste à faire éclater une enveloppe dure comme unecoquille ou unos pour en récupérer le contenu, il s'agit ici de réduire en poudre ou en pâte une matière de consistance nettement plus tendre.

Sur le site archéologique deTell Abu Hureyra, dès leVIIIe millénaire av. J.-C., le squelette des femmes montre des traces d'arthrose au niveau des genoux, de déformation de la colonne vertébrale et du premiermétatarse, pathologies associées à de longues périodes de position fléchie durant le travail de mouture, ce qui appuie la théorie selon laquelle les premiers humains auraient pratiqué unedivision sexuelle du travail[2].

Broyage, pilage, mouture : des gestes différents

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Dans sa typologie des percussions,André Leroi-Gourhan définit plusieurs familles de gestes, dont trois sont essentiels pour la préparation des matières premières :

  1. Lesgestes de pilage qui s’opèrent en unepercussion lancée verticale à l’aide d’un objet lourd et allongé à la manière du pilon africain. Ce geste est également mis en œuvre avec lemartinet dans la fabrication de lapâte à papier ou leforgeage ;
  2. Lesgestes de mouture, en percussion posée, qui s’exercent en un mouvement circulaire, désordonné, ou d’avant en arrière sur une dalle à moudre ;
  3. Lesgestes de broyages où les mouvements sont à peu près circulaires et de temps à autre verticaux, combinant ainsi une percussion lancée et une percussion posée qui sont ici qualifiées dediffuses. C'est le cas du systèmemortier-pilon contemporain.
  • Pilon : Pilage par percussion lancée verticale
    Pilon :Pilage par percussion lancée verticale
  • Pilage par percussion d'un martinet
    Pilage par percussion d'unmartinet
  • Meule monolithe et sa molette : Mouture par percussion posée avec mouvements désordonnés
    Meule monolithe et sa molette :Mouture par percussion posée avec mouvements désordonnés
  • Batán de pierre (grès) du Pérou : Mouture par percussion posée
    Batán de pierre (grès) du Pérou :Mouture par percussion posée
  • Mortier et pilon : Broyage par percussion lancée diffuse et percussion posée diffuse
    Mortier et pilon :Broyage par percussion lancée diffuse et percussion posée diffuse

Évolution du matériel de broyage et de mouture du Paléolithique au Néolithique

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Meule dormante (partie fixe) et molette trouvées sur le site deLa Torche (enPlomeur)

L’examen attentif des broyeurs duPaléolithique (galet,molette,pilon-broyeur…) permet de déterminer la nature de l’action exercée sur la matière et le geste accompli ; la fonction de l’outil peut alors être précisée, ainsi que l’activité à laquelle il a participé.

Meule et broyeur du Néolithique

L’homme de Néandertal utilisait déjà des outils sommaires pour écraser différentes substances, comme l’atteste la présence de broyeurs rudimentaires à la fin duMoustérien et de meules auChâtelperronien. À partir de l’Aurignacien (vers 38 000 ans), l’homme de Cro-Magnon utilise régulièrement meules, broyeurs allongés et molettes circulaires. Ce matériel se diversifie à partir duGravettien (vers 29 000 ans), avec l’apparition de nouveaux types d’outils tels que meules-mortiers et pilon-broyeurs.

À la fin duPaléolithique, les meules deWadi Kubbaniya (Moyen-Orient, 19 000avant le présent) sont impliquées dans des processus alimentaires et associées à des résidus de plantes tubéreuses dont on sait qu’il faut absolument les moudre avant de les consommer, soit pour en extraire lestoxines (Cyperus rotundus, unsouchet), soit pour faire disparaître la texture fibreuse qui les rendraitindigestes (Scirpus maritimus)[3]. Lesrhizomes defougères et la chair du fruit dupalmier doum, également retrouvés sur ce site, gagnent à être moulus pour améliorer leurs qualités nutritionnelles ; ils venaient ainsi compléter l’alimentation carnée deschasseurs-cueilleurs. La mouture de graines d’orge ou d’avoine était pratiquée à la fin duPaléolithique supérieur (Franchthi) ou duKébarien (Ohalo II, 19 000avant le présent)[4].

Avec l'amélioration de l'outillage, la matière est de plus en plus finement broyée, mais on ne peut parler de mouture que lorsqu'elle devient une véritablepoudre. Ainsi, les hommes duPaléolithique supérieur européen dissociaient déjàbroyage etmouture comme l'atteste l'apparition à cette époque des premièresdalles à moudre utilisées avec des broyeurs ou des molettes. Si la mouture decéréales sauvages n'est pas attestée pour les débuts du Paléolithique supérieur, du moins en Europe, il n'est pas interdit de penser que la mouture d'autres matières végétales (glands,noix,noisettes...), animales (graisse) se pratiquait déjà pour les réduire en pâte avantcuisson. De même, il est probable que les hommes utilisaient à cette époque des meules à des fins techniques, pour écraser des substances minérales (colorants) et certainesfibres végétales ou animales pour une utilisation technique.

Dalle à moudre avec rouleau servant de moletteCulture de Peiligang (5500 – 5000 av J.C),Xinzheng

AuMésolithique, puis auNéolithique, avec ladomestication des plantes, un matériel de broyage, de pilage et de mouture entièrement façonné et de beaucoup plus grandes dimensions fait son apparition. À partir duNatoufien, plusieurs types de meules peuvent se côtoyer, telles que des meules profondes « en forme d'auge » ou des meules plates, ce qui témoigne d'une spécialisation de leur fonction. AuProche-Orient, le pilon-broyeur commence à être façonné à partir duKébarien et duNatoufien. Il évolua progressivement vers le pilon lancé qui est un objet lourd, généralement en bois. Ce type de matériel subsiste encore de nos jours dans de nombreuses régions, comme enÉthiopie pour la mouture dumil.

L’apparition des meules plates et allongées auNatoufien (Abu Hureïra sur l’Euphrate) daterait duIXe millénaire av. J.-C.. Elles présentent des surfaces actives plus importantes et marquent l’apparition d’un nouveau geste, celui de lamouture exercée d’avant en arrière, à deux mains et qui implique une nouvelle posture du corps, agenouillé devant la meule. L’apparition des grandes meules asymétriques et façonnées (Mureybet,Cheikh Hassan, vers 10 000BP) aboutira aux meules « en forme de selle » connues encore aujourd’hui avec le metate[4].

Les meules « à force de corps »

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Jusqu'à l'invention dumoulin à eau, les moulins ont fonctionné « à force de corps », c'est-à-dire en utilisant la force motrice des animaux ou des hommes.

Le metate, meule dormante du Mexique

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Article détaillé :Métate.
Metate mexicain

Dans un système de mouture, on appellemeule dormante oumeule gisante la partie qui reste immobile pendant l'opération de mouture et qui se trouve généralement en position inférieure. Ce terme s'oppose àmeule courante oumeule mobile qui, comme son nom l'indique, est animée d'un mouvement à la surface de la précédente.

Lemetate est une meule dormante de pierre, d’usage domestique, qui sert à moudre lemaïs. Utilisée depuis plusieurs milliers d’années (environ 3000 av. J.-C) dans l’aire culturelle de laMésoamérique, son nom provient dunahuatl « metatl[4] ».

Les meules actuelles sont monolithiques, le plus souvent enbasalte, apodes ou tripodes, rectangulaires et légèrement concaves sur la surface de mouture. Ces meules sont associées à une molette, saisie à deux mains, appelée « mano », dont la dimension dépasse généralement la largeur de la meule et qui est actionnée en un mouvement rectiligne alternatif. Sur les meules tripodes, l’un des pieds est légèrement plus haut que les deux autres ce qui donne une inclinaison à l’ensemble, l’utilisateur se plaçant devant la partie la plus haute.

La fabrication des meules est un travail essentiellement masculin. À l'époquepréhispanique, les meuliers n'utilisaient que des outils en pierre : cette pratique persista dans certains villages jusqu'au milieu duXXe siècle. L'utilisation d'outils en métal, hérités probablement des tailleurs de pierre de construction, permit d'utiliser les basaltes les plus durs donnant des meules d'une durée de vie supérieure à trente ans. Si la fabrication de meules apodes à partir de blocs de pierre naturellement polis dans le lit d'une rivière était autrefois à la portée de nombreux paysans, l'élaboration de metates tripodes requiert une spécialisation artisanale.

La mouture occupe une place prépondérante dans lacuisine rurale mexicaine. On peut moudre à sec, mais très peu de recettes sont réalisées de cette façon : on réduit en poudre ducafé torréfié, du maïs ou desharicots grillés, dusel, des pains desucre ainsi que ducacao. Mais la plupart des préparations nécessitent une mouture à l’eau. On moud ainsi des fruits pour en faire des jus, des haricots ou deslégumes bouillis, les ingrédients de diverses saucespimentées et surtout le maïs pour confectionner des galettes (tortillas) qui constituent la base du repas. Ces dernières sont confectionnées à partir denixtamal, c’est-à-dire de grains de maïs sec cuits avec de lachaux, puis rincés à l’eau, ce qui ramollit les grains et permet d’obtenir une pâte. Le maïs ou le nixtamal peuvent être moulus pour des préparations autres que les galettes :tamales,pozole,atole, pinole, masa, avec des variations dans la finesse de la mouture selon l'utilisation.

Fabrication destortillas auSalvador vers1900

L’usage du metate est exclusivement féminin et, en paysmixtèque, le lieu où se trouve la meule est un espace réservé aux femmes. Un couple acquiert, ou se voit souvent offrir une meule au moment d’établir son foyer. Cette acquisition représente une dépense majeure dans la vie d’un paysan mixtèque comme en témoignaient déjà des testaments de nobles et de riches paysans duXVIe siècleXVIIIe siècle dans lesquels figuraient des metates[4].

La fabrication des tortillas quotidiennes se fait à partir depâte de maïs suffisamment humidifiée, qui ne peut donc pas être conservée, à la différence de lafarine. Cette caractéristique technique explique sans doute le fait que les metates domestiques n’aient pas été remplacés il y a plusieurs siècles par des moulins, comme en Europe. Lors des guerres duXIXe siècle et de laRévolution de 1910, les armées mexicaines étaient accompagnées de femmes et de metates pour assurer l’intendance ; laconquête espagnole n’a pas eu pour effet de remplacer les tortillas par lepain, bien au contraire. À la fin duXIXe siècle les propriétaires des grandes plantations introduisirent les moulins à moteur pour le maïs, ce qui eut pour conséquence de libérer la main d’œuvre féminine pour les champs[5]. À partir de 1920, des moulins électriques apparaissent dans les campagnes et sont la propriété de municipalités, decoopératives ou de privés. Pourtant les meules dormantes sont toujours utilisées et font encore partie du patrimoine rural du Mexique.

Le moulin à trémie d’Olynthe

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Article détaillé :Industrie du grain en Grèce antique.
Moulin à trémie d'Olynthe :
1. Pivot 2. Levier 3. Meule courante avec trémie
4. Meule gisante 5. Table

La ville d’Olynthe fut détruite en-348 parPhilippe de Macédoine ; le nom de « meule d’Olynthe, broyeur d’Olynthe, moulin d’Olynthe » est désormais attaché à ce type de moulin, qui représente une véritablemutation technique. C'est au GrecKonstantinos Kourouniotis que l'on doit en 1917 l'élucidation du fonctionnement de la meule àtrémie, qui joua un si grand rôle dans laGrèce antique[6].

Dans le moulin olynthien, la meule inférieure (meule dormante (4)) est de type rectangulaire, posée sur une table (5) ; elle mesure entre 0,42 m et 0,65 m de longueur, 0,36 m à 0,54 m de largeur pour 0,08 à 0,25 m d’épaisseur. Le broyeur, qui constitue la meule supérieure (meule courante (3)), est le plus souvent de forme rectangulaire, parfois ovale, et présente en son centre une trémie parallèle aux longs côtés et destinée à recevoir le grain à moudre. Ce broyeur est surmonté d’un axe horizontal fixé d’un côté sur la table à unpivot (1), l’autre extrémité étant actionnée par un ouvrier dans un mouvement de va-et-vient horizontal de celevier (2). Le moulin d’Olynthe présente donc un début de mécanisation, les meuniers sont désormais debout et le travail est facilité.

Ce type de moulin apparaît certainement dès le début duVe siècle av. J.-C. Son usage paraît courant dans lemonde grec auIVe siècle av. J.-C., de laMacédoine auPéloponnèse et fut adopté jusque dans les îles d’Asie mineure, enÉgypte et enSyrie actuelle, et se prolonge jusqu’auIer siècle av. J.-C., parfois plus tard comme le suggèrent les fouilles de l’Agora d’Athènes. L’importance de ce type pour le monde grec a été confirmée par la découverte, en 1967, de 22 moulins à trémie dans la cargaison d’unnavire naufragé au large deKyrénia, daté de la fin duIVe siècle av. J.-C. Un accroissement de la demande a sans doute entraîné une standardisation dans la fabrication et une spécialisation des centres de production. C’est ainsi que les meules plates d’Argolide, enandésite etrhyolite, sont fabriquées à partir de carrières locales (Isthme de Corinthe,golfe Saronique) et les broyeurs proviennent de carrières plus lointaines (îles deNysiros,Mélos)[6].

L’usage de ce type de moulin ne se limitait pas à la mouture des céréales comme le suggèrent les découvertes deThasos ou duLaurion : il était alors utilisé pour broyer le minerai, de manière à le calibrer en vue de sa sélection ultérieure par lavage. Il est même possible qu’il soit apparu dans les mines duMont Pangée. Le texte d’Agatharchidès sur les mines d’or d’Égypte auIer siècle av. J.-C., transmis parPhotius etDiodore, évoque un moulin avec unlevier :

« Les femmes et les hommes plus âgés reçoivent alors ce minerai concassé à la dimension de petits pois, le jettent dans les meules, en files nombreuses, deux ou trois personnes se tenant debout à chaque levier et le moulent. » La version de Photius précise « de part et d’autre » dulevier[6].

La meule rotative

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On parle aussi de « meule à main », « meule à bras », « moulinet » ; et en latin « molendinum bracchis » ou « molendinum manuale ».

Selon de Barry, la plus ancienne meule circulaire en pierre a été mise au jour dans les ruines de la ville d’Olynthe : il s’agit de la meule d’unmoulin à huile et non d’un moulin àfarine. Les historiensMarie-Claire Amouretti et Georges Comet[7] mettent en avant le fait que ces meules sont antérieures aux premiers exemples de moulins circulaires à grains que nous connaissons. C’est donc probablement par la fabrication de l’huile que s’est introduite la première machine à écraser par rotation. Puis suivront lescéréales et d’autres fruits etgraines[8].

Il semble que le moulin rotatif soit apparu à la fin duVe siècle av. J.-C. et qu’il soit directement issu de tentatives de perfectionnement du moulin d’Olynthe[9].André Leroi-Gourhan précise que« la transformation du mouvement rectiligne alternatif en un mouvement circulaire-continu mène à une autre forme de moulin. » Les auteurs ne s’accordent pas sur son origine géographique, située pour certains « versCarthage et la région syro-égyptienne », « simultanément enEspagne[10],[11] et enAngleterre » pour d’autres et alors même qu’on en trouve enChine auIer siècle av. J.-C.[9]. Selon L.A. Moritz, le moulin à grains rotatif n'apparaîtrait qu'auIIe siècle av. J.-C. Il fonde sa démonstration sur les textes latins, en particulier ceux dePlaute et deCaton, et fixe l'introduction de ce type entre le moment de la mort de Plaute en-184 et celui de la composition duDe agri cultura, vers-160[6].

Selon la morphologie des meules de ces moulins rotatifs actionnés manuellement, il est possible de distinguer plusieurs types de moulins en Europe.

Lemoulin celtique est formé de meules massives, à profil extérieur conique avec des surfaces actives des pierres quasi planes.

EnDacie, entre leIer siècle av. J.-C. et leIer siècle, le moulin celtique évolue vers un type intermédiaire formé de deux meules superposées et intégrées, disposant d’un orifice d’alimentation trilobé. La conicité accentuée des surfaces intérieures des meules assure un écoulement accéléré des graines par l’effet de lagravité, mais la qualité de lafarine ainsi obtenue reste médiocre. D’autre part, l’effort pour actionner la meule courante est important. Le profil des meules les rend plus difficiles à tailler, impose une standardisation des meules, et explique leur diffusion et leur maintien dans une région donnée[6]. Certains exemplaires présentent des meules plus aplaties, à conicité très réduite, qui diminue la masse de pierre. La vitesse de rotation devient plus élevée, ce qui permet de bénéficier d’uneffet gyroscopique supérieur, mais impose aussi l’installation d’un système de griffes fixées à l’aide deplomb fondu, sur le côté supérieur de la meule mobile, pour maintenir celle-ci autour dupivot[4].

Avec laromanisation, on assiste à la généralisation d’un moulin à main perfectionné sous le rapport du volume, par l’augmentation du diamètre et la diminution de la hauteur et du poids. Le profil des meules s'aplatit et certains perfectionnements font leur apparition, comme le système de cale supérieure pour centrer la meule mobile sur le pivot[4]. On constate également l’apparition d’un dispositif de réglage de la distance entre les meules (l’anille), qui permet de contrôler la qualité du broyage (Ier siècle av. J.-C.), et des rayons creusés sur la meule peuvent accentuer l’abrasivité naturelle de la pierre[9]. Des évolutions ultérieures, comme l’installation dulevier double ou l’utilisation d’unemanivelle fixée au centre de la meule (XIVe siècleXVe siècle) feront que ce type de moulin à bras sera utilisé dans les campagnes jusqu’auXXe siècle[4].

Du fait d’une usure plus rapide, ce type de meule impose une sélection des pierres plus sévère parmi lesquelles lebasalte a une place privilégiée. L’essentiel des pierres utilisées à l’époque romaine semble provenir de quelques carrières. En France, les meulières duCap d'Agde alimentent leLanguedoc et laProvence ; plus au nord les carrières duMassif central (Volvic) fournissent un vaste territoire allant de l’Aquitaine aux valléeshelvétiques ; enfin, à partir du val deSaône jusqu’aux confinsgermains, les meules viennent en majorité des carrières de l’Eifel (Mayen)[9].

En Europe en général, le moulin à bras est resté le mode de mouture principal jusqu’à la fin de l’Antiquité, puis durant tout le Moyen Âge ; il ne commença à céder du terrain que devant les avancées des moulins à eau, puis à vent.

  • Moulin à bras de type celtique
    Moulin à bras de type celtique
  • Coupe transversale d'un moulin à bras de type celtique 1-Pivot 2-Levier 3-Meule courante 4-Meule gisante
    Coupe transversale d'un moulin à bras de type celtique
    1-Pivot 2-Levier
    3-Meule courante 4-Meule gisante
  • Coupe transversale d'un moulin à bras de type dacique 1-Pivot 2-Levier 3-Meule courante 4-Meule gisante 5-Support
    Coupe transversale d'un moulin à bras de type dacique
    1-Pivot 2-Levier 3-Meule courante
    4-Meule gisante 5-Support
  • Moulin à main romain avec cale supérieure pour centrer la meule courante
    Moulin à main romain avec cale supérieure pour centrer la meule courante
  • Meule utilisée au Tibet (Lhassa, 1938)
    Meule utilisée auTibet (Lhassa, 1938)
  • Schéma d'un moulin manuel antique en action
    Schéma d'un moulin manuel antique en action
  • Schéma d'un moulin manuel en Auge que l'on retrouve entre le XIIIe et le XVIIIe siècle[12].
    Schéma d'un moulin manuel en Auge que l'on retrouve entre leXIIIe et le XVIIIe siècle[12].

Le moulin pompéien ou moulin à sang

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Avec un diamètre limité à l'amplitude du mouvement d'un bras, soit 40 à 70 cm, le moulin à main ne pouvait produire qu'une quantité réduite de farine et se trouvait donc réservé à un usage essentiellement domestique. En augmentant le diamètre et surtout la hauteur de lameta (meule dormante) et ducatillus (meule tournante), lesRomains purent s'affranchir de cette contrainte avec lemoulin pompéien à traction animale également appelémoulin à sang[13].

Dans ce moulin, la meule gisante est conique vers le haut et la meule courante a l’aspect d’unsablier dont la moitié inférieure recouvre le sommet conique de la meule dormante. La partie supérieure de la meule courante sert d'entonnoir et un léger écartement est maintenu entre les deux meules. La meule courantepivote autour d’un axe de bois enfoncé dans la meule dormante et c’est grâce à sa suspension sur cet axe que l’écartement des deux meules se trouve assuré. Ce type de meule pouvait être mû soit par deux ou quatre hommes, soit par desmanèges d’animaux d'où son nom demola asinaria, littéralement « moulin à âne ».

On trouve un exemple de ce type de meule dès l’époque classique pour broyer leminerai dans lesmines du Laurion[14], sans qu'elle détrône la meule à mouvement alternatif, pourtant moins efficace[15]. Malgré ses qualités, elle ne se diffusa réellement que plus tard dans lemonde romain[14]. On en a retrouvé dans tout lebassin méditerranéen, mais jamais en très grand nombre,Italie exceptée. Son coût très élevé, 1250deniers auBas-Empire contre 250 pour des meules à main, réservait son utilisation aux minotiers et aux boulangers. Pour laGaule, on en connaît àLyon,Saint-Raphaël,Paris,Amiens,Clermont-Ferrand, qui ont tous été façonnés dans desbasaltes tirés de l'Eifel, deVolvic ou ducap d'Agde[9].

Au cours duBas-Empire, le moulin à âne recula pour disparaître probablement après leVe siècle sous l'effet de l'expansion dumoulin à eau, puis àvent, sauf enSardaigne où il se maintint jusqu'auXXe siècle.

Le trapetum romain

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À l’époque hellénistique apparaît également le broyeur àolives que lesRomains appelèrenttrapetum. D’après la légende, il aurait été inventé parAristée ; on en aurait, dans les fouilles d’Olynthe, des exemples qui dateraient duVe siècle av. J.-C.[14].

Broyeur romain à olives ouTrapetum

Letrapetum a été décrit précisément parCaton l'Ancien qui nous a transmis les noms techniques de toutes ses parties. Les fouilles deStabies, dePompéi, de la villa deBoscoreale et de l'Afrique romaine montrent que le système était largement utilisé dans laRome antique etqu’il a disparu avec elle[réf. souhaitée].

Letrapetum se compose de deux meules (3,orbes), plano-convexes, dressées verticalement, soutenues par un axe horizontal tournant autour d’unpivot vertical (1,columella). Ce pivot repose sur une courte colonne de pierre (milliarium) située au centre d’un grand mortier hémisphérique (4). La meule gisante est une cuve en pierre (4,mortarium) dont les parois épousent le profil externe des deux meules courantes. Lesorbes peuvent se déplacer circulairement dans lemortarium et sont mises en mouvement par l’action sur deux manches de bois (2,modioli). Des coins de bois (orbiculi) qu'on introduit entre lemilliarium et lacolumella permettent de régler l'élévation desorbes au-dessus du fond de la cuve. Dans ce système, les olives ne sont pas écrasées sous la meule, mais entre la meule et les parois de la cuve[6]. Comme dans le modèle précédent, on maintenait un écartement entre les deux meules. La résistance qu'offrent les fruits oblige les demi-sphères de pierre à tourner légèrement sur leur axe ; les deux mouvements se combinent et la pression ne s'exerce que modérément, sans briser lesnoyaux, ce qui donnerait de mauvais goûts[17]. La pulpe ainsi obtenue pouvait ensuite être soumise à l’action d’unpressoir pour recueillir l’huile.

Meules et moulins du Sud marocain

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Meule à olives -Volubilis
Premier plan : morceau d'anneau broyeur
Second plan : meule dormante tronconique striée
Moulin à bras utilisé pour la fabrication artisanale de l'huile d'argan

Lieu de brassages de civilisations d'Afrique, d'Orient et de Méditerranée, leMaroc a conservé des outils et des techniques appartenant à différentes époques.

Le site deVolubilis, situé enMaurétanie Tingitane (nord-est du Maroc), présente des moulins à grains et des moulins à olives d’époque romaine (Ier siècle-IIIe siècle). Ces moulins se composent d’une meule dormante de forme tronconique et d’un anneau broyeur convexe auquel est reliée la machinerie en bois qui semble avoir été actionnée sans le concours d’uneforce animale. Dans ce dispositif, l’anneau broyeur s’emboîte sur la meule gisante. Lameule volubilitaine à olives se différencie de la meule à grains par la présence de stries obliques sur la surface tronconique de la meule gisante et à l’intérieur de l’anneau broyeur.Columelle affirme[18] que pour extraire l'huile, les meules (molae) sont plus utiles que le broyeur (trapetum) car elles peuvent être et être abaissées ou relevées selon à la grosseur des fruits de façon à éviter de broyer le noyau[19].

Un second type de moulin à olives se trouve sur le même site et se compose d’une cuve monolithe sur laquelle tourne, autour d’un mât vertical, un tambourcannelé à l’image d’une section de colonne. Ce type demoulin à trituration est plus commun et se retrouve dans de nombreux sites, y compris d'époque récente.

L’arganier est uneespèce sylvestreendémique du sud-ouest duMaroc. Le milieu technique dumoulin à argan couvre son aire de répartition. Il s’agit d’un moulin à bras, en pierre, réservé au broyage desnoyauxtorréfiés et desamandes.
Il se distingue du moulin à grains par la forme tronconique et par la hauteur plus importante de sa meule mobile (agurf wuflla), ainsi que par la présence d’une goulotte (abajjr ou tilst) et d’un bec verseur (ils) sur la meule gisante (agurf u wadday). Au centre de la meule gisante se loge un courtpivot (tamnrut) en bois d’arganier autour duquel tourne la meule supérieure percée d’un œillard (tit n tzrgt) dans lequel on introduit une ou deux poignées de noyaux. Le mouvement circulaire est interrompu pour décoller les noyaux après avoir soulevé la meule. L’ensemble peut être surélevé sur des pierres soudées entre elles dans une architecture type « four à pain », ce qui permet à des braises ou coques d’argane de réchauffer l’ensemble, facilitant ainsi le broyage en hiver[4].

Chronologie des systèmes de mouture dans le monde méditerranéen

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Mortiers et pilons traversent les siècles et sont prédominants pour l’orge enGrèce, pour l’amidonnier enItalie, pour lemil enAfrique. Ils deviennent lentement marginaux dans certaines régions, sans disparaître pour autant. À l’époque classique, ils sont encore largement représentés en Grèce et restent attachés au décorticage descéréales, même si l’apparition du réglage de l’écartement des meules autorise désormais leur mouture. L’avancée des blés nus, en particulier dublé tendre, enItalie ou enÉgypte les rend moins utiles, mais ils sont encore cités auBas-Empire, dans l’Égypte romaine et dans larègle monastique desaint Isidore. Avec l’arrivée dumaïs, ils retrouveront un usage dans certaines régions[6].

Une première typologie des systèmes de mouture peut être réalisée selon la force motrice utilisée ; une approche complémentaire s’intéressera au contexte social dans lequel le mécanisme est mis en œuvre.

Selon l’édit deDioclétien, par rapport à la meule manuelle, le moulin à sang a un coût six fois plus important et le moulin à eau huit fois : ce dernier va donc concurrencer essentiellement le moulin à sang et mettra près de trois siècles à le supplanter. C’est également le laps de temps qu’a mis le moulin à sang pour faire disparaître le broyeur à trémie et le broyeur à trémie pour supplanter la meule plate.

Il semble que lemoulin à eau soit né enMéditerranée orientale. Dans une inscription où elle vante les avantages de son site pour conserver ses privilèges, la villephrygienne d’Orcistus[20] précise qu’elle possède « grâce à la pente des eaux qui y ruissellent, une grande quantité de moulins à eau ». Au début de l’ère chrétienne, le moulin à eau est encore une nouveauté enMéditerranée occidentale etVitruve le classe avec les machines d’irrigation. Ce type de moulin s’avère mal adapté à la forme des meules de type pompéien. À l’époque deCaligula, les moulins à sang sont encore dominants etApulée en donne une description. Au cours desIIe et IIIe siècles, le moulin à eau se répand lentement dans lesprovinces les plus diverses :Bretagne,Gaule,Afrique, province où la meule rotative était souvent plus répandue que le moulin de type pompéien. Au cours duIVe siècle, le moulin à eau évince lentement le moulin à sang àRome même, pour devenir prédominant auVIe siècle. Si on observe quelques réalisations spectaculaires pour les villes, comme la meunerie deBarbegal àArles, le moulin à eau semble s'être répandu plus lentement dans lesvillas rurales, comme l’indiquePalladius[6].

Nous ne savons pas réellement comment les Grecs transformaient leurs céréales entre leIer siècle et leIVe siècle. Le moulin à sang y était sans doute répandu, comme l’atteste la légende de l’âne de Lucius, empruntée parLucien de Samosate etApulée. La coexistence de plusieurs types de mouture semble la règle dans le monde égéen et la codification de l’édit de Dioclétien auIIIe siècle, qui tarifie trois types de moulin (à main, à sang, à eau) peut encore se retrouver auVIIe siècle dans lecode rural byzantin, voir auXVIIe siècle dans les récits des voyageurs[6].

En Méditerranée, les moulins à eau, tributaires de l’approvisionnement en eau, ont surtout progressé lorsqu’ils avaient un complément permettant d’éviter les aléas de la saison sèche. Dans ce contexte, lesmoulins à vent ont sans doute favorisé cette diffusion dès leXIe siècle dans des régions comme laProvence ou lesîles grecques.

Les enquêtes françaises sur les moulins à blé

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Enquête du 13 frimaire an II

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Grand rouet etlanterne d'un tournant

L’enquête du 13frimairean II (3 décembre1793) sur les moulins est la première grande enquête à impact national sur ce thème. Émise par la "commission centrale des subsistances" qui deviendra "la Commission des subsistances et approvisionnements de la République" en avril 1794[21], cette enquête fut adressée aux 560districts et renseignée par 157 d’entre eux, situés dans 71 départements différents[4].

La plupart des moulins de l’époque étaient des installations rurales de petite taille qui n’avaient pas plus d’une ou deux paires de meules. Des installations récentes comme lemoulin à marée deBordeaux, avec ses 24 paires de meules, étaient tout à fait exceptionnelles et devaient susciter en1787 l’admiration d’Arthur Young. Pour l’équipement en meules desmoulins à vent, l’enquête nous fournit des renseignements pour les districts dePons, deChâteaubriant et deNantes avec, à chaque fois, une seule paire de meules par moulin.

S’agissant des moulins à eau, 20 districts permettent de conclure quant au nombre de meules qui ne dépasse que rarement deux, sauf dans deux zones, laFranche-Comté (Jura,Doubs,Haute-Saône, sud duHaut-Rhin) et leSud-Ouest (Tarn,Landes et surtoutBasses–Pyrénées) où se trouvent des moulins à cinq ou six paires de meules. À cette époque, à une roue de moulin à eau correspondait le plus souvent un seul jeu de meules : on parle alors de « Tournant » pour désigner l'ensemble[22]. Lorsque la ressource en eau est limitée, le meunier a parfois recours à la force animale comme au moulin d’Homonville (district deToul) qui dispose de « deux tournants à eau et un à cheval » car il est « construit sur un étang qui n’a de l’eau que dans l’hyver ». La productivité est alors de deuxquintaux par tournant à eau et un quintal pour le tournant mû par quatre chevaux[4].

Meulière de la Pierre du Coucou –Bagnols-en-Forêt

Des précisions concernent les moulins à deux ou trois meules sont parfois données dans l’enquête : « quoiqu’il y ait deux ou trois meules dans le moulin, elles ne peuvent pas travailler toutes à la fois faute d’eau » ; les meules « ont besoin de se reposer et le meunier a soin de les faire travailler alternativement ». L’installation de meules supplémentaires semble répondre à deux exigences : le risque d’échauffement qui gâte les farines et la nécessité de leur entretien régulier. On parle alors du « repiquage » ou « rhabillage » des meules, de leur « ragrès » périodique ou encore de « battre » ou « rebattre » le moulin.« Les meuniers sont nécessités de lever la pierre tous les huit jours pour la battre avec un marteau pointu, ce qui occasionne au moulin un jour de repos de huitaine en huitaine. » La fréquence de l’opération semble peu varier d’un district à l’autre[4].

Dans le moulin, on note parfois une spécialisation des meules en fonction des graines (« milloc[23] »,seigle, « grains mêllés »…) et on évitait de moudre les céréales jugées nobles avec des meules de qualité médiocre. Ainsi lefroment avait souvent droit à des attentions particulières avec des « meules blanches » et une productivité inférieure du tournant, signe d’un travail plus soigné. Dans le district dePau, certaines meules sont spécialisées pour la mouture dumaïs.

Trois zones de production de meules sont mentionnées plusieurs fois dans l’enquête : l’Auvergne, la région deMarseille et laBrie. Les meules de Marseille sont souvent jugées de qualité inférieure (districts deSolliès,Vidauban) par rapport à celles « duHavre », c’est-à-dire qui avaient transité par leport du Havre et qui provenaient probablement deBrie. Ces dernières sont celles que l’on signale le plus loin de leur lieu d’extraction et comme étant les plus qualitatives, « servant pour le pain blanc » quand les « meules de grez » étaient utilisées pour le « pain bis ». Ces meules pouvaient être « taillées sur mesures » ou « prêtes à la vente », ce qui imposait une certaine standardisation des formats correspondant à un marché organisé. Dans le même temps, à côté de l’utilisation de meulesmonolithes, il semble que certaines meules aient été constituées d’assemblages (« deux ou trois carreaux ») qui pouvaient provenir de pierres extraites plus ou moins localement[4].

Enquête de 1808/1809 sur les pierres meulières de France

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Carrière de meules engrès
Massif de la Serre

Le 31 décembre1808, leBureau des Subsistances duMinistère de l’intérieur adressa une enquête à chaquePréfet dedépartement au sujet des moulins à farine car« le pain est devenu, pratiquement sans exception, la base de l’alimentation. La meunerie étant une opération essentielle pour sa préparation, le gouvernement souhaite connaître le nombre de moulins en activité. » L’enquête fut conduite parCharles Coquebert de Montbret,géologue et éditeur duJournal des Mines, féru destatistique[24].

S’agissant de la nature des pierres mises en œuvre, les descriptions sont peu précises et se limitent souvent à la couleur, ce qui n’a pas permis àCharles Coquebert de Montbret d’approfondir significativement son article publié quelques années plus tôt dans le journal des mines. Certaines réponses font référence augranite comme àFoix enAriège où,« en plus des pierres coûteuses issues d’autres départements, des pierres ordinaires proviennent de gisements de granit fréquents dans le district. » De même, quelques meuniers desPyrénées-Orientales déclarent avoir acheté des meules àBordeaux mais utilisent généralement des meules « faites de granite qui est abondant dans la région ». Quelques rares réponses sont nettement plus précises, comme pour la commune deL'Hermenault enVendée où la pierre est« unebrèche, une agglomération desilex et dequartz unis par un ciment despath pesant d’un blanc terne souvent crystallisé en crête de coq […] pour moudre l’orge et le maïs »[4].

L’enquête distingue également la nature des graines moulues. LaCorrèze liste plus de six céréales dont certaines sont réservées aux animaux. La nature des pierres utilisées pour les meules semble varier selon le produit à moudre. Ainsi le maire deHautefage déclare que « les pierres utilisées pour leseigle proviennent du canton, celles pour lesarrasin deRocamadour, les autres duCantal »[25].Tarascon-sur-Ariège utilise ses « pierres de Bordeaux » pour moudre leblé et leseigle, et les pierres locales pour lemaïs et les graines de qualité inférieure. Le maire deFoix précise que ses « pierres de Bordeaux » proviennent d’un dépôt situé àToulouse et approvisionné parbateaux sur laGaronne. Le maire deBourg-d’Arlay dans leJura décrit trois qualités de meules : « les meuniers achètent leurs meules de carrières deBrie, deBlanzy à côté deChâlon et deMoissey près deDole. Les premières servent au blé, les secondes pour le maïs et celles de Moissey pour les grains de qualité inférieure ». D’autre part, ce dernier donne une précision intéressante selon laquelle « parfois une pierre de Brie est associée à l’une des deux dernières catégories » par souci d’économie. La réponse deMarseille indique que les meules proviennent « de Marseille mais principalement deLa Ferté-Mison (sic) », ce qui suggère une production locale attestée par la commune deVidauban, dont les pierres proviennent « du Havre et de Marseille, et dont les secondes sont de qualité inférieure aux premières[4] ».

Ainsi, à cette époque, on note une spécialisation des meules selon les usages qui sont parfois déterminés au terme d’essais. La présence d’un commerce organisé est attestée, souvent par voie maritime ou fluviale, compte tenu de la difficulté d’acheminement, avec une distinction établie dans la qualité des meules selon leur origine géographique. Cette enquête à vocation nationale permet de préciser la distribution géographique des meules issues des principaux centres de production français. Un commerce international des meilleures pierres est également attesté à cette époque.

Critères de choix des pierres meulières

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Morceau degrès d'environ 4 cm

Dans le langage courant, les « pierres meulières » correspondent à tout type de roche qui a pu servir dans un moulin, alors qu’au sens dugéologue, la vraie « meulière » se définit comme un accident siliceux dans unbassin sédimentaire.

À l’échelle de l’histoire, il semble que des essais de fabrication aient été réalisés avec la plupart des types de roches disponibles. Parmi lesroches sédimentaires d’usage possible, on trouve des rochescalcaires et des rochesgréseuses. Ces dernières apparaissent très vite comme des pierres de choix, avec desporosités qui les rendent faciles à tailler[26] et une extraction qui peut être facilitée par une disposition en lits entre des interlitsargileux[27]. Il faudra attendre leXVe siècle pour voir les prémices de l’exploitation desmeulièressensu stricto, meulières qui vont se généraliser auXVIIIe siècle[28].

Lesroches profondes d’originemagmatique, telles que legranite, sont très répandues, mais elles furent finalement peu utilisées pour la fabrication des meules, probablement du fait de leur faible porosité et de la présence demica noir qui s’altère rapidement en donnant desoxydes de fer. Lebasalte a largement été utilisé en Allemagne (Eifel), mais il est peu répandu en France, à l’exception duvolcan d’Évenos enProvence ; on peut également citer les meules debasalte duvolcan d'Agde, et celles du volcan de Sainte Magdeleine àLa Mole, non loin deCogolin.

Lescalcaires sont généralement poreux, avec des résistances en compression moyennes à faibles, de sorte que les calcaires « classiques » semblent avoir été vite abandonnés au profit de meilleures pierres. S’il possède un grain très fin, le calcaire se polit très vite et il est nécessaire de le retailler fréquemment pour que les pierres restent rugueuses. Certains calcaires gréseux (calcaire deSaint-Julien-des-Molières) peuvent avoir une très bonne résistance à la compression (supérieure à 100 Mpa[29]).

Maison construite enmeulière -Élancourt

Lesroches gréseuses (grès etmicroconglomérats[30] jusqu’à 1 cm) constituent une famille de choix pour les pierres meulières. L’analyse des sites de production montre qu’il peut s’agir de grès à ciment calcaire, de grès à ciment siliceux ou encore de grès un peumétamorphisés[28].
Les roches gréseuses à ciment calcaire, comme lesmolasses alpines, sont très répandues. Elles possèdent des porosités moyennes (6 à 12 %), une résistance à la compression également moyenne (35 Mpa), une granulométrie souvent grossière et un pourcentage desilice variable.
Une très bonne roche meulière est en général riche ensilice : plus le pourcentage est élevé et plus la roche est résistante, la silice étant le minéral courant le plus dur à la surface de la Terre. C’est le cas des roches gréseuses à ciment siliceux dont le pourcentage de silice est élevé parce que les grains comme le ciment sont de nature siliceuse. Pourtant elles ne font pas forcément de bonnes pierres meulières, à l’instar du grès desVosges qui possède un grain plutôt fin et des traces de fer.
Les roches gréseuses un peumétarmophisées ont souvent une porosité très faible (de l’ordre de 2 %) du fait de la compression dans un contexte detectonique, ce qui donne des grès un peu compacts. La résistance à la compression peut être très élevée (supérieure à 100 Mpa), comme pour le grès d’Arros, malgré un pourcentage de silice moyen.

Enfin, lesmeulières au sens du géologue sont des pierres poreuses, ce qui joue un rôle pour la taille, mais aussi sans doute pour le travail de la meule. On y trouve des pierres comme celles deLa Ferté-sous-Jouarre, qui possèdent une porosité élevée (20 %) avec une résistance à la compression de 80 Mpa et un grain moyen. Les pierres deCorfélix ont une résistance à la compression exceptionnelle de l’ordre d’un basalte massif (190 Mpa), 98 % de silice, un grain assez grossier et une porosité moyenne à forte[28].

En résumé, pour le mécanicien des roches, une bonne pierre meulière possède trois caractéristiques fondamentales :

  • uneinsensibilité à l’altération, qu’il s’agisse d’une dissolution (gypse), de l’action de l’humidité (cas ducalcaire) ou chimique sous l’action de l’eau, comme pour lemica desgranites ou legrès des Vosges (présence defer) ;
  • l’hétérogénéité à l’échelle millimétrique et centimétrique est une qualité pour avoir des aspérités qui écrasent et des canaux qui évacuent, à la façon de poinçons durs qui seraient tenus par un ciment un peu moins dur, mais tenace, ce qui n’est généralement pas une caractéristique des roches calcaires ;
  • une porosité importante qui facilite l’exploitation en carrière, car il est plus facile d'introduire des outils de taille dans une roche poreuse que dans une roche massive, mais aussi sans doute le travail de la meule.

Le tableau suivant présente quelques exemples de données géologiques et pétrophysiques obtenues sur des sites ayant servi à la production des meules à grains[31] :

Lieu de productionType de rocheSiO2 %CaO %Masse volumique (t/m3)Porosité %Rc (compression) Mpa
Mont-Saint-MartinBrèche calcaire-54,22,3611,1 à 11,7Moyenne à faible
Saint-Julien-des-MolièresCalcaire marin àalvéolines, avec inclusions dequartz-feldspath33,835,62,65 à 3,390,9 à 1,1130 à 133
Les ÉcougesGrèsmicroconglomératique duCrétacé supérieur40,628,12,351137 à 44
Le BézuGrès à cimentsiliceux98,6-2,3511,923 à 26
PareilGrès à grain fin et cimentcarbonaté duCrétacé supérieur54,722,72,61,7124
TarterelMeulière98,3-2,1 à 2,417,5 à 21,438 à 100
Bois de l'Homme BlancMeulière97,8-2,410,3 à 10,6139 à 240

Meules d'assemblage

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Paire de meules composée de carreaux assemblés

Dans une étude réalisée sur les meules enFlandre duMoyen Âge à laRévolution, Jean Bruggeman[32] indique que les meules médiévales sont toujoursmonolithiques, que les pierres noires, enbasalte, l’ont encore été dans les siècles suivants et que les pierres blanches le seront jusqu’auXVIIIe siècle. Mais il arrivait que les « gisantes » soient constituées de plusieurs pièces de forme irrégulière. Celles-ci étaient liées auplâtre, enserrées d’un carcan en fer ou en bois, et reposaient parfois sur un lit debriques cimentées.

En fait, l’invention des meules composées de morceaux, c’est-à-dire constituées d’un assemblage de plusieurs pierres ou carreaux, reste difficile à dater précisément[33].

AuXVe siècle, le commerce fluvial transitant parParis était sévèrement contrôlé par laHanse desmarchands de l’eau ; les « compagnies françaises » devaient indiquer aux greffiers le nom des associés, la ville de destination, la nature et la valeur de la cargaison. C’est ainsi que le 3 mai1452, un marchand deRouen nommé Robert Le Cornu déclare conduire enNormandie un ou des bateaux chargés de 35 meules, 5 œillards, 100carreaux et… une pierre tombale[34].

Divers textes donnent des indices quant à la fabrication de meules d’assemblage auXVIIe siècle. Le 10 mars1647, Jacques Vinault « a vendu 3 ronds[35]de pierre de moullage » à Pierre Bailly. Le 26 mars1652, un autre texte évoque les difficultés d’un chantier de meules à assembler, avec un « manque de bois pour faire cuire le plastre quy n’est en quantité suffisante pour plastrer et en mettre aux lieux où il est nécessaire, joinct aussy qu’il n’y a de la pierre à suffire pour faire lesd. meulle ». Le 7 juillet1680, Sr Delugré « a faict marché avec Claude Duvau et Jullien Boullmer, perriers en pierre de moulage […] à la charge de leur fournir 2 moules de pierres de moulage et plastre pour faire lesd. meulles […] faicte et parfaites pour faire farine[36] ».

D’après Dorothée Kleinmann, la « mouture économique » et ses perfectionnements auraient véritablement pris leur essor à la fin duXVIIIe siècle. Elle permit de développer une activité d’extraction des pierres et de production de meules dans de nouvelles régions commeCinq-Mars-la-Pile etDomme, où « les meules sont toujours formées par la réunion de plusieurs morceaux ; on ne trouve pas de blocs assez considérables pour faire des masses d’une seule pièce[37] ». Dans ces sites, il semble qu’au début duXVIIIe siècle, on n’exploitait pas encore la pierre meulière en carrière, préférant récupérer les blocs épars dans les bois, les terres et les vignes, ce qui augmentait parfois considérablement leur valeur.

Atelier de production de meules àÉpernon

Après acheminement des quartiers de pierre meulière jusqu’au chantier et leur « épluchage », le fabricant choisit les pierres nécessaires à la fabrication de la meule. Il s’agit de classifier les différents morceaux suivant leur qualité en considérant la dureté, le grain, la porosité et la couleur des pierres. À ce stade, il faut également tenir compte du système de mouture employé dans le pays d’expédition et de la nature des blés que les régions produisent[38]. Le choix fait, la fabrication commence par le centre ou « boitard », qui est le plus souvent d’une seule pièce. Celle-ci doit avoir une grande solidité, surtout pour la meule courante, car c’est à ce niveau que l’on fixe l’anille sur laquelle la meule est suspendue. Autour du boitard viennent se ranger et se fixer, avec du plâtre ou du ciment, les carreaux taillés auburin pour s’adapter suffisamment entre eux. Une meule ainsi constituée est formée généralement de deux à six quartiers. « Lorsque le travail est fait et que les blocs correspondent entre eux, l’ouvrier les ajuste en les cimentant avec duciment de Portland, parfois avec une pâte deblanc d’Espagne et d’huile qui durcit en vieillissant, et serre le tout à l’aide de cercles de fer ». De l’autre côté de la surface travaillante, le dos de la meule ou « contre-moulage » est entouré d’une bande de tôle servant de coffrage provisoire. Pour donner à la meule le poids et l’épaisseur nécessaires, le rechargement est réalisé avec de petites pierres noyées dans unbéton fin dans lequel on insère des boîtes d’équilibrage enfonte, qui pourront contenir duplomb si nécessaire.

Rayonnage des meules

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Principales manières de rayonner les meules

La surface triturante de la meule doit être dressée très soigneusement en réalisant l’« entrée » et les « rayonnages ». Le profil est maintenu légèrement concave pour ménager un vide entre les deux meules au centre (boitard), tout en portant à sa périphérie.

La difficulté majeure à surmonter consiste à limiter l’échauffement lié à la pression des meules sur la mouture. Outre la dénaturation de la farine (brunissement), cet échauffement, ainsi que les étincelles éventuellement issues du frottement des pierres, peuvent être à l’origine d’uneexplosion du moulin dont l’atmosphère est chargée de fines particules de farine[39]. Il fallait donc imaginer un système complexe de rayons participant à la ventilation de l’entre-meules et à la fois, à l’avancée progressive de la matière de l’œillard vers lafeuillure située en périphérie. Les meules à blé ont longtemps moulu cette céréale en un seul passage. Il a fallu rechercher le principe optimal d’extraction des farines et de curage dessons qui doivent être non brisés et exempts de farine.

Pour ce faire, les rayons sont creusés à même les surfaces travaillantes des meules. Ils furent l’objet de nombreux essais quant à leur forme (courbe, oblique, tangente…) et leurs profondeurs.

La feuillure située en périphérie de la meule est constituée de fines stries appelées rhabillures

Pour la fabrication de la meule, le client devait préciser le diamètre, la dimension de l’œillard et le sens du rayonnage. Il arrivait qu’un meunier se trompe sur le sens du rayonnage comme en témoignent des extraits de correspondance « Vous nous dites que vos meules de dessus doivent être rayonnées pour tourner à contre-sens. Nous comprenons donc que ces meules doivent être rayonnées pour tourner à contre-sens des aiguilles d’une montre, c’est-à-dire dans le sens opposé à celui auquel le soleil semble tourner autour de la terre ». Malgré toutes les précautions prises à la commande, il arrivait parfois, en cas de litige, qu’on soit obligé de se déplacer pour en modifier le sens « nous avons envoyé un ouvrier à cent lieues d’ici pour dérayonner, redresser et rayonner à nouveau deux paires de meules ; le bénéfice est mangé deux fois[4] ».

Entre les rayons, la meule est parcourue de fines stries, également taillées dans la pierre, pour rendre celle-ci plus agressive et ainsi mieux broyer les grains. Ces stries sont appeléesrhabillures. Elles sont situées en bordure de meule, sur une largeur d'environ 15 cm constituant ainsi lafeuillure. Régulièrement, les rhabillures doivent être refaites avec un marteau spécial : on dit qu'il faut rhabiller ou rebattre la meule. Cette opération doit être exécutée après avoir moulu environ 50 tonnes de blé[40]. Les techniques particulières detrempe de l’acier permirent à certaines entreprises, commeKupka en Allemagne, de produire des pics et marteaux particulièrement appréciés des rhabilleurs de meules. Durant l'opération, les coups légers frappés dégagent un nuage de poussièresiliceuse qui pouvait provoquer desaffections pulmonaires chez les ouvriers spécialisés. D’autre part, la taille des pierres meulières provoquait destatouages professionnels par incrustation sous lederme de certaines particules d’acier provenant des outils. Les affectionsoculaires étaient également fréquentes[4].

  • Meule à Walderveen, Gueldre, Pays-Bas
    Meule à Walderveen, Gueldre, Pays-Bas
  • Meule et anille, pièce métallique en forme de X
    Meule et anille, pièce métallique en forme de X

Fonctionnement des meules d'un moulin

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Disposition des meules dans un moulin
Écouter le « tic-tac » d'un moulin

La paire de meules constitue le cœur dumoulin. Dans cet ensemble protégé par l’archure (14), la meule dormante (8) est installée sur un support (12) qui est fixé à une poutre (13). Lepetit fer (11) est animé d’un mouvement de rotation provenant de laroue à eau ou desailes du moulin. Il se prolonge par lafourchette (10) au niveau de laquelle est fixée l’anille (9) appelée aussifer à moulin. Cette pièce métallique, généralement en forme de X, est incrustée ou scellée dans la meule courante (7) et sa fonction principale est de transmettre le mouvement à la meule tournante. D’un point de vue historique, l’apparition de cette pièce mécanique est considérée comme une révolution technologique qui bouleversa les performances des meules et moulins[41]. Le réglage de l’écartement des deux meules se fait au niveau de la fourchette par le système dit des leviers de la trempure qui permet d’agir sur la meule tournante en la soulevant ou en la laissant descendre par l’anille. Ce réglage de l'écartement doit être rectifié lors de chaque séance de mouture et peut varier très fortement en fonction de paramètres tels que latempérature, l'humidité de l'air, l'humidité du grain, lavariété de blé.

Le grain à moudre est versé dans latrémie (1) et s’écoule dans l’auget ouesclop (2) dont l’inclinaison est réglée par une corde fixée à un contrepoids appeléebaille-blé (3). L’auget est prolongé par unmanche (4) terminé par lecabalet parfois sculpté en tête de cheval. Ce manche est maintenu au contact dubabillard (5), appelé aussifrayon,cornilhet,fuseau ou encorequenouille selon les régions et qui est mis en rotation avec la meule. Sa section n’étant pas ronde, l’auget reçoit de petites secousses horizontales associées au passage des arêtes du babillard, ce qui favorise l’écoulement du grain dans l’œillard (6). Le babillard fonctionne donc comme un vibreur : il s’agit d’un dispositif d’alimentation automatique. Le mouvement répété de l’ensemble génère un bruit régulier correspondant au « tic-tac » du moulin[40].

  • Dispositif d’alimentation des meules en grains
    Dispositif d’alimentation des meules en grains
  • Principe de fonctionnement de l’alimentation en grains
    Principe de fonctionnement de l’alimentation en grains
  • Vue de l'œillard
    Vue de l'œillard
  • Le mécanisme de la trempure permet le réglage de l'écartement entre les deux meules. (Moulin à eau de Gentinnes - Belgique)
    Le mécanisme de la trempure permet le réglage de l'écartement entre les deux meules. (Moulin à eau deGentinnes -Belgique)

Meules dressées

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Article connexe :Ribe (moulin).

L’utilisation de la meule en position horizontale est généralement associée à une activité demouture. Lorsque la meule est « dressée », c’est-à-dire utilisée sur sonchant, elle assure plutôt des opérations debroyage, detrituration ou deconcassage. Dans cette configuration, la meule courante est fixée par son œillard sur unmât vertical situé en position centrale sur la meule gisante, et qui sert depivot. Selon la dimension de l’installation, et pour maintenir la verticalité du mât, ce dernier peut être solidaire, dans sa partie haute, d'une poutre surplombant le moulin. La meule courante est mise en rotation soit « à force d’homme », ou plus souvent, dans unmanège. Ainsi animé d’un double mouvement, le broyeur tourne sur lui-même tout en pivotant autour du mât, comme dans letrapetum romain. Dans ce dispositif, la meule gisante est monolithique ou constituée d’une surface dallée, voire maçonnée. Selon le produit à traiter, la meule gisante peut être légèrement concave et disposer d’un rebord en périphérie pour éviter de disperser le broyat.

  • Moulin à triturer les olives - Nazareth L'Épart traversant l'œillard est maintenu par une cheville et permet de faire tourner la meule courante
    Moulin à triturer les olives -Nazareth
    L'Épart traversantl'œillard est maintenu par unecheville et permet de faire tourner la meule courante
  • Moulin à triturer les olives. Haut Atlas
    Moulin à triturer les olives.Haut Atlas
  • « Tour à pommes » mû par un cheval. Rigole annulaire servant de meule gisante. The Elms, Jersey
    « Tour à pommes » mû par un cheval. Rigole annulaire servant de meule gisante. The Elms,Jersey
  • Meule actionnée par traction animale. Corée
    Meule actionnée par traction animale.Corée
  • Ancienne meule équipée de charrues à andain, utilisée pour broyer les fèves de cacao
    Ancienne meule équipée decharrues àandain, utilisée pour broyer lesfèves de cacao
  • Meule et manège - Agris (Charente)
    Meule et manège -Agris (Charente)
  • Meule et pressoir à huile - Crocq (Creuse)
    Meule et pressoir à huile -Crocq (Creuse)
  • Broyeur à olives à quatre meules coniques (Espagne)
    Broyeur à olives à quatre meules coniques (Espagne)

Galerie photographique

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  • Meule à Augusta Raurica
  • Anciens moulins communaux (moulins Lambert) à huile, foulon, blé, sur la Siagnole, Mons (Var)
    Anciens moulins communaux (moulins Lambert) à huile, foulon, blé, sur la Siagnole, Mons (Var)
  • Meule actionnée par moteur à explosion
    Meule actionnée par moteur à explosion
  • Ancien moulin à farine (Levens, France).
    Ancien moulin à farine (Levens, France).
  • Meule à grain sous la neige, dans le nord de la chine.
    Meule à grain sous la neige, dans le nord de la chine.
  • Meule comme support d'un cadran solaire, au Domaine Joly de Lotbinière, au Québec.
    Meule comme support d'un cadran solaire, au Domaine Joly deLotbinière, au Québec.
  • Meule-jardin aux Jardins de Métis, au Québec.
    Meule-jardin aux Jardins de Métis, au Québec.
  • Encyclopédie. Fabrique de la poudre à canon
    Encyclopédie. Fabrique de la poudre à canon
  • Paire de meules utilisée pour broyer le gypse avant cuisson. Berzé-la-Ville
    Paire de meules utilisée pour broyer legypse avant cuisson.Berzé-la-Ville

Notes et références

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  1. Jean-Pierre Henri Azéma, Actes du colloque de La Ferté-sous-Jouarre,p. 424
  2. (en) Theya Molleson, « Seed preparation in the Mesolithic: the osteological evidence »,Antiquity,vol. 63,no 239,‎,p. 356-362(DOI 10.1017/S0003598X00076079).
  3. Fred WendorfThe Prehistory of Wadi Kubbaniya Vol. 1, 2 & 3, 1986-1989, Dallas, (avec R. Schild). SMU Press (Assembleur et Contributeur)
  4. abcdefghijklmno etpMeules à grains. Actes du colloque international de La Ferté-sous-Jouarre
  5. On retrouve ici un exemple de l'influence d'unsystème technique sur unsystème social, à l'instar du mode d'attelage décrit par le commandantRichard Lefebvre des Noëttes
  6. abcdefgh etiMarie-Claire Amouretti.Le pain et l'huile dans la Grèce antique.
  7. Le livre de l'olivier, Marie-Claire Amouretti et Georges Comet, Éditions EDISUD (Aix-en-Provence, France),(ISBN 2-7449-0198-9)
  8. [PDF]http://www.moulins-a-vent.net/Images/dossier-de-presse.pdf
  9. abcd eteEt l’Homme créa la meule
  10. Alonso Martinez, N. 1995. “Les premières meules rotatives manuelles dans le nord-est de la péninsule Iberique.” In La Transmission des connaissances techniques,edited by M.-Cl. Amouretti and G. Comet, 15–23. Cahiers d’histoire des techniques 3. Aix en Provence: L’Université de Provence.
  11. Rafael Frankel: The Olynthus Mill, Its Origin, and Diffusion: Typology and Distribution, inAmerican Journal of Archaeology, vol. 107, no. 1 (2003),p. 17-19
  12. CHAUSSAT, Alain-Gilles. 2008. Les meules à main rotatives: Collection du musée de Saint-Michel-de-Monjoie dans la Manche, Université de Caen Basse-Normandie,p. 120.[1]
  13. Voir l'expressionmoulin à sang dans Blanchemanche Philippe. Georges Cornet, « Le paysan et son outil. Essai d'histoire technique des céréales (France,VIIIe – XVe siècle) »,Études rurales,no 129-130, 1993,p. 201-204lire en ligne
  14. ab etcHistoire des techniques -Bertrand Gille
  15. Roland Étienne, Christel Müller, Francis Prost,Archéologie historique de la Grèce antique, Ellipses, 2006,p. 180
  16. Deux boitards en fer (dispositifs de fixation des bras) de section carrée recevaient les leviers fixés par unecheville de bois glissée dans l'orifice de section ronde et qui les traversait de part en part.
  17. Techniques dans l'antiquité gréco-romaine
  18. XII, 52, 6-7
  19. Jean-Pierre Brun. Archéologie du vin et de l'huile. De la préhistoire à l'époque hellénistique
  20. La ville d’Orcistus est mentionnée dans latable de Peutinger et correspond au site turc deAlikel Yaila, également appeléAlekian.
  21. MOULLIER Igor, « Une recomposition administrative : le bureau des subsistances, de l’Ancien Régime à la fin du Premier Empire », Annales historiques de la Révolution française, 2008, no 352,p. 29–51
  22. « On dit qu’un moulin a deux tournans, pour, qu’il a deux roues qui font tourner deux meules » Dictionnaire de l’académie française édition de1798
  23. milhòc est lenom vernaculaire du maïs notamment engascon. Le terme désigne au départ les plantes àinflorescences enpanicules, il peut donc parfois désigner lesorgho
  24. Les sources statistiques de l'histoire de France - Des enquêtes duXVIIe siècle à 1870.p. 123 –Bertrand Gille
  25. Owen WARD, Millstones from France : the survey of 1808/1809, in Meules à grains. Actes du colloque international de la Ferté-sous-Jouarre, 16-19 mai 2002, Paris, Ibis Press, Maison des Sciences de l’Homme, 2003,p. 267-281
  26. Lescalcaires ougrès des pierres à bâtir ont des porosités de l’ordre de 20 %
  27. Dans ce cas, au moins un des deux plans de la meule est dégrossi, ce qui facilite le travail de taille
  28. ab etcAnalyses pétrographiques et mécaniques d'un ensemble de roches meulières utilisées en France à l'époque médiévale. Denis Fabre,Colloque international « Les meulières. Recherche, protection et valorisation d'un patrimoine industriel européen (Antiquité-XXIe s.) », Grenoble 2005.
  29. Le béton ordinaire possède une résistance à la compression d’environ 35 Mpa, un béton haute performance utilisé pour les grandes tours a une résistance à la compression de l’ordre de 80 Mpa
  30. Au sens strict, lesgrès se définissent comme des roches ayant des tailles de grains de 2 mm au maximum
  31. Source :Atlas des meulières de France et d'Europe
  32. Jean Bruggeman, l'Historien des Moulins
  33. Actes du colloque international de La Ferté-sous-Jouarre,p. 297
  34. Actes du colloque international de La Ferté-sous-Jouarre,p. 283
  35. Il faut entendre ce terme comme une unité de volume
  36. Actes du colloque international de La Ferté-sous-Jouarre,p. 298
  37. Ours Pierre Armand Dufrénoy, 1834
  38. Patrimoine meulier
  39. inrs.fr VoirSilos grains puisExplosion et lieu de travail
  40. a etbMoulin Dussart
  41. Histoire d’anille

Annexes

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Bibliographie

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Liens externes

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