
Lesplantes messicoles, ou simplementmessicoles, (du latinmessio (« moisson ») avec le suffixe-cole), aussi nomméesplantes ségétales[1] en Europe, sont desplantes annuelles àgermination préférentiellement automnale ou hivernale et habitant dans les moissons, c’est-à-dire dans les champs de céréales d’hiver (blé,orge,avoine,seigle)[2]. Quelquesplantes vivaces typiques des moissons (Bunium bulbocastanum,glaïeul des moissons) ou des cultures sarclées (Tulipe sp.) sont quelquefois également considérées comme messicoles au sens large[1].

Les plantes messicoles accompagnent lescultures de céréales depuis longtemps ; comme celles-ci, beaucoup sont d'origine moyen-orientale, méditerranéenne, mais aussi dessteppes eurasiennes. Vivaces ou annuelles, elles sont adaptées à survivre aux labours et à profiter des soins culturaux.
Lescoquelicots,matricaires,nielle des blés etbleuets sont souvent absents des champs de céréales cultivés enagriculture intensive etindustrielle[3], uniformes à l'époque de lamoisson.
Les plantes messicoles, au sens dePhilippe Jauzein, sont des plantes annuelles d'hiver,germant en automne (graines sansdormance ou dont la dormance est facilement levée) ou en hiver (dormance levée par exemple par un froid humide). Non seulement elles sont aptes à supporter un certain froid hivernal, mais, de plus, pour beaucoup, ce froid est nécessaire à la vernalisation (aptitude à fleurir) : desAdonis peuvent germer au printemps mais restent à l'état feuillé puis meurent sans fleurir. Idem pourAndrosace maxima,Ranunculus testiculatus (Ceratocephala falcata).Bromus arvensis est un cas particulier car, semé au printemps, il devient bisannuel (aussi bien dans la Sarthe que dans l'Isère).
D'autres espèces ont simplement des taux de germination et/ou de floraison plus élevés quand on les sème en automne :nielle des blés (Agrostemma githago),bifora rayonnant (Bifora radians),Caucalis platycarpos, bleuet (Cyanus segetum),Conringia orientalis,renoncule des champs (Ranunculus arvensis…), mais peuvent se reproduire semées au printemps. D'autres, enfin, germent préférentiellement ou exclusivement au printemps (du moins en Isère) :Polycnemum sp,Stachys annua... Ce ne sont donc pas des messicoles stricto sensu, bien qu'elles figurent, avec d'autres, au Plan National d'Action pour les Messicoles. Il est probable ou possible que la saison de germination et/ou le milieu que ces espèces occupent (Androsace maxima se rencontre dans les pelouses écorchées basophiles en Isère, de même queBupleurum rotundifolium) varient d'une région à l'autre, justifiant leur inclusion dans une liste de messicoles valable, globalement, pour la France.
Après les violents combats de laPremière Guerre mondiale, dans laZone rouge, sur les sols fragmentés, bouleversés et retournés par les explosions, les plantes qui réapparaissaient les premières étaient les coquelicots, bleuets et matricaires, dont les couleurs (bleu, blanc, rouge) ont impressionné car elles étaient aussi celles dudrapeau français[4].
La dormance des graines peut être complexe, notamment pour les espèces à graines "dures" (beaucoup d'ombellifères, delégumineuses). En laboratoire, pour augmenter leur taux de germination, on a d'ailleurs recours à différents procédés : scarification, passage à l'eau bouillante, passage dans l'acide gibbérellique. En semis naturel, la germination de ces espèces peut intervenir pendant 2 ou 3 ans après le semis, comme cela a été constaté pourOrlaya daucoides ouVicia pannonica ssp striata.
Alors que leur histoire est commune avec les cultures et particulièrement anciennes, les effectifs des messicoles ont, pour l’essentiel d’entre elles, fortement diminué avec la mécanisation et l’industrialisation de l’agriculture dans la seconde moitié duXXe siècle. En effet, les messicoles sont particulièrement sensibles aux méthodes dedésherbage modernes, tri des graines, désherbage mécanique ou au moyen d'herbicides, qui sont efficaces au point de faire craindre que ces espèces disparaissent, amoindrissant la richesse botanique (biodiversité)[1].
En France, unPlan national d’actions (PNA) en faveur des plantes messicoles est commandé en par leministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement auxConservatoires botaniques nationaux (CBN). Il est coordonné principalement par leConservatoire botanique national de Porquerolles, leCBN du Bassin parisien et leCBN alpin. Ce travail fait suite auSommet de la Terre deRio de Janeiro en où les plantes messicoles sont inscrites au programme d’action de la France pour la préservation de la faune et de la flore sauvages[1].
L'objectif du PNA en faveur des messicoles, 102 taxons provisoires nationaux, est de s'appuyer sur une stratégie comprenant un ensemble d’actions dans les domaines de la connaissance, de la conservation, de la communication et de la sensibilisation. Le rôle du PNA est de compléter la réglementation existante qui ne permet pas de répondre à tous les enjeux en matière de conservation et de protection de certaines espèces parmi les plus menacées.
CePNA messicole, pour la période de à, permet particulièrement de mettre en place un état des lieux, d'organiser un suivi cohérent des populations de messicoles, de mettre en œuvre des actions coordonnées favorables à la restauration de ces espèces ou de leurs habitats, à informer les acteurs concernés ainsi que le public et à faciliter l’intégration de la protection des espèces dans les activités humaines et dans les politiques publiques. Aussi, des agriculteurs et acteurs du monde agricole s'emploient à maintenir des populations messicoles[1] avec en appuis un observatoire des messicoles[5] associé à des outils facilitant la participation du public, avec en particulier un guide associé[6].
La culture artistique de la fin duXIXe siècle permet de conserver et de mettre en valeur l’existence et la coexistence des certaines messicoles particulièrement visibles dans l'espace de culture agricole d'une certaine époque.
Les messicoles sont aussi une source de nourriture pour de nombreuses espèces (ou de graines, par exemple pour l’alouette des champs qui en hivernage consomme les graines de dizaines d'espèces de plantes sauvages (et pas de grains de céréales) et doit en manger environ 8 g/jour (soit 4 200–5 600 graines) pour répondre à ses besoins quotidiens (6,7 g/jour mesurés chez des alouettes captives qui dépensent moins d'énergie). Cela confirme la dépendance de cette espèce aux champs riches en messicoles (non traités par des herbicides) et aux habitats riches en herbes sauvages, qui sont en forte régression dans les lieux d'hivernage de l'alouette depuis larévolution verte de l'Ouest de la France[7].
Plus largement, l'utilisation des messicoles peut être ornementale, vétérinaire, médicinale, alimentaire,tinctoriale,fourragère,oléagineuse,mellifère oucondimentaire[8].