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Archevêque de Cantorbéry(d) Archidiocèse de Cantorbéry(d) | |
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Évêque de Londres(d) Évêché de Londres(d) | |
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Mellitus est un prélat chrétien mort le. Membre de lamission grégorienne envoyée enAngleterre pour convertir lesAnglo-Saxons auchristianisme, il devient le premierévêque de Londres, puis le troisièmearchevêque de Cantorbéry.
Arrivé dans leroyaume de Kent en601, avec la deuxième vague de missionnaires, Mellitus est sacré évêque de Londres par l'archevêqueAugustin de Cantorbéry en604 et baptiseSæberht, le roi desSaxons de l'Est. Le papeGrégoire le Grand, commanditaire de la mission, lui écrit pour recommander aux missionnaires de procéder à une conversion graduelle des Anglo-Saxons, en faisant de leurs temples des églises et de leurs sacrifices des fêtes chrétiennes.
Après la mort des protecteurs de la mission grégorienne, les rois Sæberht etÆthelberht de Kent, Mellitus est chassé deLondres vers617 par les fils païens de Sæberht. Il se réfugie enFrancie, puis rentre en Angleterre après la conversion d'Eadbald, le fils et successeur d'Æthelberht. Néanmoins, il ne peut retrouver son siège londonien. Il devient archevêque de Cantorbéry en619, succédant àLaurent. Après sa mort, cinq ans plus tard, il est vénéré commesaint.
Les origines de Mellitus sont inconnues, mais il est probablement natif d'Italie, comme les autres évêques sacrés parAugustin[1]. Dans sonHistoire ecclésiastique du peuple anglais, le moine northumbrienBède le Vénérable décrit Mellitus comme étant« noble de naissance[2] », sans plus de précisions[3].
Le papeGrégoire le Grand l'appelle« pèreabbé[4] », et le registre pontifical qui recense les lettres envoyées par les papes précise qu'il est« abbé enFrancie[5] ». Néanmoins, il est possible que Mellitus ait été l'abbé d'un monastère àRome, ou qu'il ait reçu ce titre au moment de la mission, afin de bénéficier d'une autorité accrue[3].
Lamission grégorienne, menée parAugustin, arrive dans leroyaume de Kent en597 et parvient rapidement à convertir le roiÆthelberht. Augustin s'adresse au pape Grégoire pour l'informer de ce succès et lui demander des renforts[6]. Une deuxième vague de missionnaires est envoyée par Grégoire en juin601, menée par Mellitus[3],[7]. Ils emportent avec eux tous les objets nécessaires au culte et au ministère de l'Église :« vases sacrés, ornements d'autel, ornements d'Églises, vêtements sacerdotaux, et même des reliques d'apôtres et de martyrs, sans compter de nombreux ouvrages[8] ». AuXVe siècle, le chroniqueurThomas Elmham affirme que plusieurs ouvrages apportés par Mellitus en Angleterre se trouvent toujours à Cantorbéry. L'Évangéliaire de saint Augustin pourrait être l'un d'eux[3]. Mellitus emporte également une lettre du pape à Æthelberht, qu'il incite à suivre l'exemple deConstantin en forçant la conversion de ses sujets et en détruisant les temples païens[9].
Selon l'historienIan Wood, Mellitus est vraisemblablement passé par les cités épiscopales deVienne,Arles,Lyon,Toulon,Marseille,Metz,Paris etRouen. Il cite pour preuve les lettres adressées par Grégoire à leurs évêques pour leur demander d'apporter leur aide aux missionnaires. Le pape sollicite également l'appui des roismérovingiensClotaire II,Thierry II etThibert II, ainsi que celui de la reineBrunehilde, grand-mère et régente de Thibert et Thierry. Cette intense activité épistolaire vise selon Wood à assurer le plus grand soutien possible à la mission grégorienne[10].
Durant son voyage, Mellitus reçoit une nouvelle lettre de Grégoire, qui autorise Augustin à convertir les temples païens en églises chrétiennes et à faire des sacrifices païens des fêtes chrétiennes, dans l'idée que cela facilitera la christianisation[3]. Cette lettre, reproduite dans l'Histoire ecclésiastique de Bède[11], semble contredire la lettre de Grégoire à Æthelberht. Elle marque un changement radical de stratégie, la conversion forcée laissant place à la persuasion[12]. Pour le théologien George Demacopoulos, elle ne contredit pas vraiment la lettre à Æthelberht : le pape cherche à encourager le roi dans le domaine spirituel, mais il s'inscrit dans un registre purement concret lorsqu'il s'adresse à Augustin[13].
La date exacte de l'arrivée de Mellitus en Angleterre est inconnue[3]. Il est sacréévêque par Augustin en604[14]. Sa province correspond auroyaume des Saxons de l'Ouest. Mellitus inaugure ainsi laliste des évêques historiques de Londres[15].Londres occupe une position importante dans le réseau routier du sud de l'Angleterre, ce qui en fait un choix logique pour le siège d'un nouvel évêché. C'est également uneancienne ville romaine, un type de localité où se concentrent particulièrement les efforts des missionnaires grégoriens. Le roi des Saxons de l'Est,Sæberht, n'autorise la fondation de l'évêché qu'après avoir été baptisé par Mellitus. Sæberht est le neveu d'Æthelberht, et sa conversion reflète certainement l'ascendant du Kent sur l'Essex. La fondation de l'église épiscopale de Londres, futurecathédrale Saint-Paul, est d'ailleurs attribuée à Æthelberht plutôt qu'à Sæberht[3].
En février610, Mellitus assiste à unconcile d'évêques réuni en Italie par le papeBoniface IV afin d'harmoniser les pratiques monastiques[3]. Pour Nick Higham, sa présence pourrait avoir eu pour but de signaler l'indépendance de la jeune Église anglaise vis-à-vis de l'épiscopat franc[16]. Outre les décrets du concile, le pape lui confie deux lettres à ramener en Angleterre, une pour le roi Æthelberht et l'autre pourLaurent, le successeur d'Augustin comme archevêque[17],[18]. Il ne subsiste aucune trace de ce concile, hormis desforgeries réalisées à Cantorbéry dans les années 1060-1070[3]. Durant son épiscopat, Mellitus cosigne également avec l'évêque de RochesterJuste une lettre écrite par l'archevêque Laurent aux évêques irlandais qui exhorte l'Église irlandaise à adopter la méthode romaine pour lecalcul de la date de Pâques[19].
Les rois Sæberht et Æthelberht meurent à peu de temps d'intervalle entre616 et618, laissant la mission grégorienne sans protecteur fort[3]. Mellitus est chassé de Londres par les fils païens de Sæberht vers 617[20],[14]. Bède rapporte qu'ils auraient été furieux que l'évêque refuse de les laisser goûter aupain consacré[21]. Il s'enfuit d'abord à Cantorbéry, mais le successeur d'Æthelberht,Eadbald, est lui aussi païen, si bien que Mellitus et Juste préfèrent quitter la Grande-Bretagne pour se réfugier enFrancie[3]. Laurent parvient à convertir Eadbald et rappelle ses évêques à lui. Néanmoins, Mellitus ne peut retrouver son siège londonien, car les Saxons de l'Est restent païens[3].
Après le décès de Laurent en619, Mellitus lui succède, devenant le troisième archevêque de Cantorbéry[22]. On sait que le papeBoniface V lui a écrit, mais on ignore si sa lettre s'accompagnait d'unpallium, symbole de la charge épiscopale[3]. Bède salue l'esprit vif et la vertu de Mellitus, mais il ne rapporte qu'un seul événement survenu durant son épiscopat. En623, il auraitmiraculeusement détourné un incendie qui frappe la ville de Cantorbéry et menace son église : conduit au sein des flammes, l'archevêque aurait fait changer le vent de direction[23],[24].
Mellitus meurt le[22]. Il est inhumé le jour même à l'abbaye Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Cantorbéry[3]. Un culte se développe autour de sa personne, avec une fête le24 février. Lemissel de Stowe la mentionne avec celles de son prédécesseurLaurent et de son successeurJuste[25]. Son culte est également attesté à lacathédrale Saint-Paul de Londres au Moyen Âge[26], et il est encore vivace dans les années 1120 à l'abbaye Saint-Augustin[27].
Deshagiographies médiévales de Mellitus existent, la première étant l'œuvre du moineGoscelin qui écrit peu après laconquête normande de l'Angleterre, dans la seconde moitié duXIe siècle. Ces textes n'apportent pas d'informations supplémentaires par rapport à l'Histoire ecclésiastique du peuple anglais concernant la vie de l'archevêque, mais Goscelin souligne que les malades de lagoutte sont invités à prier sur la tombe de Mellitus, qui souffrait de cette maladie d'après Bède[3]. Cette tombe se trouvait à l'époque de Goscelin dans la chapelle axiale du presbytère, près de celles d'Augustin et de Laurent[28].
Membres de lamission grégorienne | |
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Liste détaillée |