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Medjerda

37° 07′ N, 10° 13′ E
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Medjerda
Illustration
Vue de la Medjerda au niveau de la route nationale 5.
Carte
Carte interactive de la Medjerda
Caractéristiques
Longueur460 km
Bassin22 000 km2
Bassin collecteurMedjerda
Débit moyen29 m3/s
RégimePluvial
Cours
SourceAtlasVoir et modifier les données sur Wikidata
EmbouchureMer Méditerranée (golfe de Tunis)
· Altitudem
Géographie
Principaux affluents
· Rive gaucheOued Kasseb,oued Béja
· Rive droiteOued Mellègue,oued Tessa,oued Siliana
Pays traversésAlgérie,Tunisie
Principales localitésSouk Ahras,Ghardimaou,Oued Meliz,Jendouba,Bou Salem,Testour,Medjez el-Bab,Tebourba,Djedeida

Sources : La basse vallée de Oued Majerda et la lagune de Ghar El Melh[1]
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LaMedjerda, également orthographiéeMedjerdah ouMajerda (arabe :مجردة), est unoued dont lasource est située enAlgérie et dont lelit est principalement sur le territoire de laTunisie. Il se caractérise par un écoulement permanent sur l'ensemble de son cours, ce qui lui donne le profil d'unfleuve. Ce fleuve était appeléBagrada ouMacar dans l'Antiquité[2].

Géographie

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Profil du cours de la Medjerda.

Elle prend sa source près deSouk Ahras, dans leConstantinois, puis coule vers l'est avant de se jeter dans lamer Méditerranée (golfe de Tunis). S'écoulant sur plus de 460 kilomètres[1] dont 350 en Tunisie, c'est à la fois le plus long cours d'eau et le seul pérenne de Tunisie[3].

Dans sa partieaval, l'oued connaît undébit moyen annuel de 29 m3/s même si celui-ci connaît des contrastes saisonniers très marqués[1], notamment en raison de l'affluence d'oueds aux flux irréguliers. Ainsi, le débit d'étiage peut se réduire à moins de 1 m3/s alors que, pour lescrues de périodicité décennales[1], il peut atteindre 1 000 à 1 200 m3/s.

Les pluies exceptionnelles demars 1973[1] ont même entraîné un débit de 3 500 m3/s. La Medjerda charrie chaque année environ 800 millions de mètres cubes d'eau. Parce qu'il traverse des terrains soumis à uneérosion parfois intense[4], l'oued charrie aussi d'importantes quantités d'alluvions : entre 10 et 30 grammes par litre, voire 100 grammes par litre à l'occasion de très fortes pluies comme celles de mars 1973, soit un apport annuel de sédiments dans legolfe de Tunis estimé à 22 106 millions de tonnes avant la construction debarrages[1]. Le calibre moyen des particules transportées est inférieur à 0,2 millimètre[1]. Les matériaux se déposent lorsque l'oued atteint les régions basses et plates de son cours inférieur.

On assiste alors à un exhaussement général dulit, dont les berges finissent par dominer laplaine, et à son allongement par undelta qui avance progressivement sur la mer. L'instabilité, résultant de ce que l'oued coule entre sesberges, conduit à des changements de lit fréquents (cinq connus à ce jour) et à une difficulté croissante pour l'écoulement des eaux dans une zone de plus en plus plate. Grâce à ce phénomène, lavallée de la Medjerda est l'une des terres les plus fertiles de Tunisie et représente le douzième de ses ressources hydriques. C'est pourquoi l'oued est équipé de plusieursbarrageshydroélectriques. La Medjerda est par ailleurs une voie d'eau cruciale pour l'irrigation et joue donc un rôle important pour l'agriculture régionale.

Le fleuve est menacé par lapollution ; sa qualité n'a cessé de baisser et, selon une étude duministère de l'Environnement réalisée en2018,« 60 000 tonnes de polluants » finissent chaque année dans le fleuve[5].

Histoire

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Ce rôle stratégique a poussé à la fondation des villes deChemtou etUtique, mais aussi dans une moindre mesureCarthage etTunis à proximité de la partie aval de l'oued. En effet, la proximité du fleuve a été recherchée depuis l'Antiquité. Ce dernier était connu desRomains sous le nom deBagrada[6]. Pendant lapremière guerre punique c'est près de songolfe queRégulus aurait tué unserpent de 120pieds de long. Cette histoire est rapportée notamment parTite-Live[7],Pline l'Ancien[8],Silius Italicus[9] etAulu-Gelle[10], ainsi que dans leLiber monstrorum (en)[11].

Lors de laguerre civile de César,Curion, partisan deJules César, fut nommé par ce dernierpropréteur et commandant de quatrelégions afin qu'il s'emparât de laSicile. Curion chassaCaton de Sicile puis fit une incursion en Afrique avec seulement deux légions. Enhardi par ses succès initiaux mais insuffisamment informé sur ses adversaires, il se lança à l'attaque des forcespompéiennes sur les bords du Bagradas (près d'Utique). Il fut surpris avec ses troupes en ordre de marche et attaqué par les cavaliersnumides deJubaIer, alliés aux pompéiens, et périt dans le combat (20 août49 av. J.-C.).

Évolution de l'embouchure jusqu'en 1885.

Le golfe d'Utique, dans lequel l'oued se jetait, a été formé durant la période postglaciaire, il y a environ 6 000 ans. Au fil du temps, les dépôts d'alluvions comblèrent progressivement la partie nord du golfe. La mer s'en retira progressivement à partir duMoyen Âge. La partie sud du golfe fut quant à elle comblée plus récemment. Cette succession d'événements a été déduite de documents anciens et de traces archéologiques. De plus, desobservations aériennes etsatellites ont été utilisées afin d'analyser l'évolution du paysage durant les 3 000 dernières années. Lalagune deGhar El Melh est le dernier vestige de ce qui était le golfe d'Utique.

Pont-barrage d'El Batan.

Le pont-barrage d'El Batan, construit auXVIe siècle, permettait d'utiliser l'eau pour irriguer les terres agricoles et pour actionner lesmoulins à foulon de la ville[1].

À la suite descrues de février1937 qui causent d'importants dégâts de toute nature, il est créé un Office de la mise en valeur de la vallée de la Medjerda chargé de la lutte contre lesinondations, l'assainissement et ledrainage, la défense et la restauration des sols, du réseau d'irrigation et de l'expérimentation agricole (station deSidi Thabet). La dérivation par le Henchir Tobbias, qui divise le débit de la Medjerda à partir de1939 et réduit son cours de quinze kilomètres, devient son lit actuel dès1973[12].

Aménagements

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Le bassin de la Medjerda est équipé de plusieursbarrages dontSidi Salem,Beni Metir,Bou Heurtma,Sarrat,Mellègue,Siliana etLakhmess[13].

Lebarrage d'El Aroussia, qui est de type rivière à troispertuis, dispose d'unecentrale hydroélectrique et d'uneprise d'eau destinée à l'irrigation de50 000 hectares[14]. Sa réalisation s'est échelonnée entre1952 et1957.

Notes et références

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  1. abcdefg ethAmeur Oueslati, Faouzia Charfi et Fadhel Baccar,« La basse vallée de Oued Majerda et la lagune de Ghar El Melh »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)[PDF], surwadi.unifi.it.
  2. Azedine Beschaouch, « De l'Africa latino-chrétienne à l'Ifriqiya arabo-musulmane : questions de toponymie »,CRAI,vol. 130,no 3,‎,p. 530-549(lire en ligne, consulté le).
  3. Henri Desroche,Planification et volontariat dans les développements coopératifs, Paris, Mouton,, 422 p.,p. 168.
  4. Jean Poncet, « La mise en valeur de la basse vallée de la Medjerda et ses perspectives humaines »,Annales de géographie,vol. 65,no 349,‎,p. 199-222(ISSN 0003-4010,lire en ligne, consulté le).
  5. « En Tunisie, le principal fleuve est empoisonné par l'industrie », surreporterre.net,(consulté le).
  6. Revue des Deux Mondes, 1856, tome 3.
  7. « Atilius Regulus, en Afrique, tue, après avoir perdu à cause de lui beaucoup de soldats, un serpent d'une taille monstrueuse. »

    — Tite-Live,Ab Urbe condita libri (Ier siècle av. J.-C.), Livre XVIII, dont il ne reste qu'unperiochæ (lire en ligne)

  8. « On connaît l'histoire du serpent qui, dans lesguerres puniques, auprès du fleuve Bagrada, fut assiégé comme une citadelle par Régulus, avec desbalistes et des machines ; il avait 120pieds de long : sa peau et ses mâchoires ont été conservées à Rome, dans un temple, jusqu'à laguerre de Numance. »

    — Pline l'Ancien,Histoire naturelle, 74, Livre VIII, 14 (lire en ligne)

  9. Silius Italicus,Punica, Livre VI ((en)lire en ligne).
  10. « Tubéron raconte dans ses histoires que, pendant la première guerre punique, le consul Attilius Regulus, campant en Afrique sur les bords du fleuve Bagrada, eut à soutenir un combat long et opiniâtre contre un serpent d'une grandeur prodigieuse, qui avait son repaire dans cet endroit. L'armée tout entière lutta contre le monstre, et on fut obligé d'avoir recours aux ballastes et auxcatapultes. Enfin le serpent fut tué, et sa dépouille, qui avait cent vingt pieds de long, fut envoyée à Rome par Regulus. »

    — Aulu-Gelle,Nuits attiques,IIe siècle, Livre III, 4 (lire en ligne)

  11. « A certain serpent of horrendous size is also described as having been discovered by the Roman army in Africa near the River Bagrada. And, in revenge for the soldiers whom it devoured in its initial attack, all the Romans surrounded it with all their spears, and finally, struck by a mill-stone thrown from a ballista, its spine cracked, after it had previously repelled all the spears with its scales, like the slanting testudo of shields. Its hide was brought across the Mediterranean to Rome, and is said to have been 120 feet long. »

    — (en)lire en ligne

  12. Antiquités africaines, volumes 21 à 32, Paris,Centre national de la recherche scientifique,,p. 37.
  13. « Les barrages en Tunisie », suragronomie.info,(consulté le).
  14. Moncef Guen,Les défis de la Tunisie : une analyse économique, Paris, L'Harmattan,, 254 p.(ISBN 978-2738401069),p. 118.

Bibliographie

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