| Mazouna | ||||
| Noms | ||||
|---|---|---|---|---|
| Nom arabe algérien | مازونة | |||
| Administration | ||||
| Pays | ||||
| Wilaya | Relizane | |||
| Daïra | Mazouna | |||
| Code postal | 48200 | |||
| Code ONS | 4822 | |||
| Démographie | ||||
| Gentilé | Mazouni | |||
| Population | 26 044 hab.(2008[1]) | |||
| Densité | 622 hab./km2 | |||
| Géographie | ||||
| Coordonnées | 36° 07′ 32″ nord, 0° 52′ 35″ est | |||
| Altitude | Min. 375 m Max. 375 m | |||
| Superficie | 41,90 km2 | |||
| Localisation | ||||
Localisation de la commune dans la wilaya de Relizane | ||||
Géolocalisation sur la carte :Algérie Géolocalisation sur la carte :Algérie Géolocalisation sur la carte :Algérie (nord) | ||||
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Mazouna (enarabe :مازونة) estcommune de lawilaya de Relizane enAlgérie. C'est une petite ville historique située au centre des monts duDahra, à l'ouest d'Alger. C'est l'ancienne capitale desMaghraouas au moyen âge[2], et le premier siège dubeylik de l'Ouest à l'époqueottomane. Samedersa a joué un rôle important durant cette période, comme haut lieu de culture et de théologie.
Plusieurs versions expliquent la nomination de Mazouna[3]. Le vocableMazouna est associé étymologiquement au mot latin « Masuna » qui réfère à une cité romaine dans les environs deSidi M'Hamed Ben Ali ouMassina, Roi de cette cité[4]. D'autres légendes se rapportent à celle de la Princesse ou celle du Berger[4].
Il existe deux explications dans lalangue berbère. D'abord, on trouve l'explication selon laquelleMāzūna dériverait de l'adjectif qualificatifamezzian (féminin :tamezziant), qui signifie« petit ». Ensuite,Masuna (ou "Mess-Una.") est un groupe nominal qui peut être interprété comme signifiant« maître d'Una » ou« celui d'Una »[5]. On pourrait également le lier à la tribu berbère éponyme Mazoune[5], peut être dutamazight ⵎⵙ [ms] 'apparenté' , 'proche parent'.
Certains récits lui attribuent le nom d'une tribuberbèrezénète appelée Massoune[3]. Il existe aussi deux légendes locales auxquels croient la population : un trésor appelé (mawzouna) d'une reine qui vivait à Mazouna[6] ; et une source d'eau attribuée à une femme nommée Zouna (maà Zouna)[3].
Mazouna a gardé des noms de lieux très anciens qui ne semblent pas avoir été changés durant la période coloniale. Elle est entourée de noms d'origineberbère tels queTamda, Tayssert, Tabegrit, Tinessri, Yajedir, Ouled Meziane, Ouarizan, Taougrit, Ain Merane et Senhadja[4].
Mazouna se situe au Nord de lawilaya de Relizane. Nichée à plus de 300 mètres d'altitude dans les collines duDahra[7], la ville est située sur unpiton difficile d'accès dominant d'importantes voies stratégiques et économiques sur les plaines de la vallée duChellif et deRelizane-Oued Rhiou[8]. Son site est bien mis en valeur par les confluences des oueds Bou Mata et Ouarizan[9].
Mazouna se trouve à proximité des confinsorano-algérois[8], à 72 km au nord-est de son chef-lieuRelizane, à 29 km au nord deOued Rhiou[7], à 210 km de lacapitale et à 145 km d'Oran.
| Sidi M'hamed Ben Ali | Sidi M'hamed Ben Ali | Aïn Merane (wilaya de Chlef) |
| El Guettar | Aïn Merane | |
| El Guettar | Ouarizane | Sobha |
En 1984, la commune de Mazouna est constituée à partir des lieux-dits et localités suivants[10] :
Le climat à Mazouna, est chaud et tempéré. En été, les pluies sont moins importantes qu'elles ne le sont en hiver. Laclassification de Köppen est detype Csa. La température moyenne est de 16.3 °C et la moyenne des précipitations annuelles dépasse 400 mm[11].
| Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Température moyenne (°C) | 10 | 11 | 12 | 15 | 19 | 23 | 27 | 27 | 24 | 19 | 14 | 10 | 18 |
| Précipitations (mm) | 47 | 55 | 42 | 41 | 34 | 12 | 3 | 7 | 14 | 48 | 52 | 62 | 423 |
| Nombre de jours avec précipitations | 8 | 9 | 8 | 7 | 6 | 2 | 1 | 1 | 3 | 6 | 7 | 8 | 71 |
La ville est traversée par la route nationale RN90 selon un axe Nord - Sud. Au Nord, la route mène àMostaganem viaSidi M'Hamed Ben Ali puisMediouna ; au Sud, àOuarizane et àOued Rhiou où elle rejoint l'Autoroute Est-Ouest. Le chemin de wilaya (CW101) relie la ville àAïn Merane etChlef à l'Est et àSidi M'Hamed Ben Ali à l'Ouest.
L'aéroport le plus proche est celui deChlef,l'aéroport Aboubakr Belkaid, situé à 45 km à l'Est.
L'histoire de Mazouna remonte à l'époque romaine. Le chroniqueur espagnolLuis del Mármol Carvajal qui l'a décrite auxvie siècle, mentionne qu’il a vu des monuments romains[12]. SelonStéphane Gsell, des vestiges de très basse époque, contemporains des inscriptions d’Altava ont été trouvés. Par sa situation géographique, Mazouna avait vocation d'une capitale régionale et a pu être auparavant la capitale du royaume deMasuna[12].
Hassan al-Wazzan est le seul auteur arabe qui parle de l'origine antique de la ville, toutefois il est hésitant sur le fait qu'elle soit une construction romaine[5]. En ce qui concerne les vestiges antiques, on a retrouvé de nombreux tessons de poteries romaine dans le quartier de Bou Halloula[5].
Vieille citéberbère[7], Mazouna était la capitale de la fraction des Bani Mendil de la tribu desMaghraouas, grande peuplade berbère. Elle s'est affirmée depuis le milieu duMoyen Âge et a joué un rôle important dans son cadre régional en tant que centre artisanal et un foyer culturel[13]. Le tissu démographique local de la population : lesMaghraouas, une branche desZénètes, s'est successivement enrichi par lesArabes, lesAndalous et enfin lesTurcs[14].
Ibn Khaldoun suppose que la ville est fondée par Mendil Ibn Abdelrahmane de la tribuMaghraouas en1170[4]. Elle est dominée pendant des siècles par lesHammadides, lesAlmohades et lesZianides[4]. Ces derniers installèrent un gouverneur dans la ville[15], dès le règne deYaghmoracen Ibn Ziane[16].
Les principales ressources des habitants se trouvaient dans les produits provenant de leurs champs et jardins, comme l'ont souligné les auteurs successifs Al-Idrisi, Abd al-Mun'im et Al-Wazzān[5].Al Idrissi décrit auXIIe siècle, une ville prospère avec ses marchés[17], mais ne fait pas allusion à son ancienneté[18]. Al-Wazzan mentionne que les Mazouniens étaient aussi de bons tisserands[5].

Mazouna est la première capitale dubeylik de l'Ouest pendant larégence d'Alger[19], jusqu'en1701, époque où le siège du bey est transporté àMascara, pour passer ensuite àOran en1791[20]. Sous lesOttomans, Mazouna est un centre de rayonnement religieux et occupant une position stratégique sur le plan militaire. Cinq centsKouloughlis composent la garnison de la ville, car celle-ci ne possède pas defortifications[21].
Le premier gouverneur est Ben Khedidja, il avait l'autorité du pays et réorganise la région. Quelques beys se sont illustrés en particulier les beys Souag, Sayah et Chabane Bey[22] qui fait la guerre contre lesEspagnols d'Oran, il mourut en assiégeantOran[23]. Au début duXIXe siècle, la cité compte 2 500 à 3 000 habitants[24], elle se situe parmi les petites villes de l'Algérie précoloniale à l'instar deKalaa etNedroma[25]. Sa population est composée d'environ 75 % dehadars et une minorité dekoulouglis[26]. La ville était spécialisée dans la fabrication deshaiks[27].
Après le départ desbeys, Mazouna devint la résidence ducaïd desMaghraoua, qui avait sous ses ordres lesAchaacha,Ouled Riah,Ouled Khelouf etBeni Zenthis. Les autres tribus duDahra constituaient le caïda desBeni Zeroual[28].

Lors de lacolonisation française de l'Algérie, la ville se démarque tant par sa résistance que par la violence de la répression française. L'armée coloniale y a recours aux «destructions, incendies, pillages et extermination, à grande échelle, par enfumade (sic) perpétrée et répétée dans les grottes où se réfugiaient hommes, femmes, enfants et troupeaux.»[29].
La cité subit un déclin durant la période coloniale et connaît une désorganisation précoce[30], en conséquences du développement sur son territoire d'un centre de colonisation deRenault et de son éloignement des axes de circulations de la plaine[31]. Sa population passa de 5 665 habitants en 1866 à 13 233 habitants en1948[32]. Elle alterne des phases decroissance démographique, de stagnation et dedécroissance[33].
L'autonomie administrative de Mazouna est ancienne. En1946, elle est instituée en centre communal, contrôlé par l'administrateur de lacommune mixte de Renault (Sidi M'Hamed Ben Ali actuellement). En 1957-58, elle devient elle-même une commune, contrôlée par un sous-préfet. En1967, Mazouna est promue commune de plein exercice[34], puisdaïra[4],[34].
Selon le recensement général de la population et de l'habitat de2008, la population de la commune de Mazouna est évaluée à 26 044 habitants contre 22 544 en 1998, l'agglomération chef-lieu compte 15 977 habitants[35]. C'est la huitième commune la plus peuplée de lawilaya de Relizane[36].
Mazouna est divisée en deux secteurs: la vieille ville de Mazouna surnomméeEl Hofra (« Le trou ») par les locaux, est une cité qui a gardé un cachet typiquement algérien précolonial. Elle compte cinq quartiers qui disposent chacun d'une mosquée. Elle est parcourue par une série de ruelles et d'impasses, qui convergent vers la place centrale où se trouve le marché et la mosquée. Les vieilles maisons n'ont pas d'étages, mais plutôt une grande terrasse et une grande cour centrale à partir de laquelle se repartissent les différentes pièces de la maison[3].
L'un de ces quartiers est situé sur la berge occidentale de l'oued Ouaghizane. Il y avait également des sous-quartiers, qui étaient habités par des Turcs et desJuifs[34]. Aucun édifice colonial ne se trouve dans la ville, sauf deux écoles[3]. En effet, Mazouna est le type des cités précoloniales que, par suite de leur position montagnarde, la colonisation a marginalisées[7]. Une nouvelle ville a été construite après l'indépendance[3].

Mazouna est une agglomération qui représente une ville traditionnelle[4]. Elle est le berceau de la confrérieSanousiyya dont lazaouïa se dresse sur une hauteur voisine[20].
Samédersa était réputée dans le passé comme centre de théologie et de savoir, elle permettait notamment auxtalaba (élèves) d'obtenir le titre deqadi (juge)[3]. Elle a poursuivi sa tache jusqu'en 1956, ce qui a contribué au développement exceptionnel des fonctions culturelles de la ville[37]. La ville s'est dotée en outre des écoles coraniques, d'écoles primaires (officielles) durant la période coloniale. Les habitants réclamaient l'instruction pour les enfants des deux sexes, elle a disposé d'une école de filles indigènes dans lesannées 1930[38]. Ainsi, après l'indépendance du pays, Mazouna était le seul centre qui compte 100 % d'enfants scolarisé. Les Mazounis étaient largement représentés dans les administrations régionales et centrales[39].
Le parler arabe de Mazouna ou le« Mazouni », est un parler typiquement conservateur, mais il est caractérisé par des emprunts lexicaux qu'il garde toujours et qui font sa spécificité. Il se distingue notamment au niveau du vocabulaire des autres parlers environnants, et il est toujours utilisé par les locuteurs jeunes[4]. Il se caractérise par une forte présence d'emprunts lexicaux, voire morpho-syntaxiques au berbère et plus particulièrement auchenoui, une variété duberbère duDahra[4].
La ville organise la manifestationQacidat melhoun fi kounache Mazouna (« poésie du Melhoun au carnet de Mazouna »). Cette ville était une référence dans la poésie du genremelhoun. Elle abritait une commission de haut niveau permettant aux poètes de diverses régions du pays d´enregistrer des poèmes distingués au carnet de Mazouna (kounache Mazouna)[40].

La direction de la Culture de lawilaya de Relizane a procédé au classement de la vieille-ville, qui abrite des édifices culturels dont le vieux tribunal[41].
Elle dispose de lamedersa et la mosquée de Sidi M’hamed Bencharef, qui remonte à la fin duXVIIe siècle[3]. La mosquée recèle plusieurs vestiges qui remontent à plusieurs siècles dont des manuscrits et livres, mais aussi une chaise en bois[3].
Elle recèle dans seskhizanètes (bibliothèques traditionnelles incrustées dans des murs en terre glaise) des manuscrits très anciens et variés traitant de l'histoire de la région, de ses fondateurs, de ses savants et de ses habitants et des traces hagiographiques[4]. Elle est également connue à travers sesNawâzil : compilations de règles de jurisprudence pour gérer des conflits familiaux ou sociaux[4].
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