Mazâr-e Charîf (diverses autres formes dontMazar-i Charif (endari :مزار شریف,Mazāre Šarīf) est la quatrième plus grande ville d'Afghanistan, avec une population de 693 000 habitants (2015)[2]. Capitale de la province deBalkh, elle est reliée par la route àKaboul au sud-est,Hérat à l'ouest, et à l'Ouzbékistan au nord.
Le nom de Mazâr-e Charîf (« tombeau du seigneur » ou « du prince ») fait référence au sanctuaire du centre-ville et à sa mosquée, grand monument aux carreaux bleu turquoise, dont les Afghans,chiites ousunnites, considèrent qu'elle a été élevée sur l'emplacement du tombeau d'Ali. Les historiens s'accordent pourtant à penser que 'Ali a été inhumé àNajaf (Irak).
Chaque nouvel an afghan (Nao Rouz), le, des foules considérables (des dizaines, voire une centaine de milliers de personnes, parmi lesquelles de nombreux chiites) accourent de partout vers Mazâr-e Charîf et s'assemblent sur le parvis de la mosquée pour assister à la « fête de l'élévation du mât » (Djanda bâla kardân). Un drapeau, préalablement posé sur le tombeau supposé de 'Ali, est hissé par de pieux musulmans. Pour les pèlerins, le fait de toucher ce drapeau, voire diverses étoffes ayant été posées sur le tombeau, est un porte-bonheur ou permet de conjurer le mauvais sort[3]. Cette manifestation, qui symbolise aussi l'antique arbre de vie, le lien entre le ciel et la terre, donnait lieu à des accidents en raison des mouvements de foule. C'est pourquoi, depuis 1970, le mât est protégé par une enceinte grillagée permettant de le hisser en limitant les risques. Cette fête religieuse s'accompagne d'une fête profane (marché, foires, attractions diverses, etc.), que l'on appelle quelquefois « fête des tulipes » car c'est l'époque où les tulipes sauvages vont éclore dans la steppe.
Les principales langues parlées à Mazâr-e Charîf sont ledari (persan d'Afghanistan) et l'ouzbek (turc). La ville est une destination touristique importante en raison de son patrimoine musulman et de sites archéologiques hellénistiques ou bouddhistes.
Plusieurs indices laissent entendre que la tombe deZarathoustra pourrait se situer dans cette ville[4].
Lors de la prise de la ville de Mazâr-e Charîf et sa région par lestalibans, en, on estime que 4 000 à 6 000Hazaras ont été tués par ceux-là, en raison de la résistance que ce peuple leur avait opposée et de son appartenance auchiisme[5].
En, des milliers de prisonniers talibans capturés à l'issue des combats autour de Mazâr-e Charîf et dans la région furent transférés de la région deKunduz à Sheberghân. Nombre d'entre eux, enfermés dans des conteneurs, périrent d'asphyxie pendant ce transfert, d'autres furent exécutés par les troupes deRachîd Dostom dans leDasht-e Leïli — « la steppe [ou le désert] des tulipes ». Le nombre des morts fut au moins de plusieurs centaines, vraisemblablement plus de deux milliers. Les corps furent enfouis dans la steppe par des bulldozers. Ces informations, d'abord conservées secrètes, puis minimisées, ont été confirmées par des enquêtes indépendantes menées par des journalistes américains ainsi que par le PakistanaisAhmed Rachid, puis par des organisations humanitaires sous l'égide des Nations unies et par des organismes de défense desdroits de l'homme.
Le, la ville tombe au main des talibans lors de leuroffensive pour prendre le contrôle du pays[6].
La plus célèbre des chansons d'amour afghanes débute par la phrase« Biâ ke berîm bâ Mazâr » (« Viens, allons à Mazâr ») :[1] et[2] (liens surYoutube). Elle évoque notamment la steppe fleurie par les tulipes sauvages au printemps.