Max Christian Friedrich Bruch est uncompositeurallemand, né àCologne le et mort àBerlin le. Bien qu'il fût l'un des compositeurs les plus prolifiques de son époque, le public ne connaît essentiellement de lui que sonpremier concerto pour violon.
Les ancêtres de Max Bruch remontent à Thomas Bruch, catholique né àSarrebruck en 1560 qui se convertit auprotestantisme[1]. Le grand-père de Max Bruch, Christian Gottlieb Bruch (1771–1836), étudia la théologie et vint àCologne commesurintendant. Son fils aîné, August Carl Friedrich (1799-1861), le père du compositeur, étudie le droit et après quelques années comme avocat àBerlin devient conseiller de la police royale et sous-chef de la police à Cologne. Son épouse, Wilhelmine Bruch, née Almenräder (1798–1867), était chanteuse et issue d'une famille de musiciens originaire duPays de Berg. Outre leur fils Max, le couple a eu une fille nommée Mathilde (1841-1914).
Son père est officier de police[2] et sa mère,soprano, est professeur de chant. Il est initié à la musique par sa mère et commence à composer dès l'âge de neuf ans, notamment un premier septuor à onze ans[2]. Bruch suit l'enseignement de Heinrich Carl Breidenstein àBonn. En 1852, à quatorze ans, après un concours, il obtient une bourse de la fondationMozart àFrancfort-sur-le-Main (Frankfurt Mozart-Stiftung Prize), qui lui permet de payer des professeurs prestigieux, commeCarl Reinecke,Ferdinand Hiller et Ferdinand Breunung[2], avec lesquels il travaille pendant quatre ans.
Entre 1858 et 1861 il enseigne la musique à Cologne et réussit à faire donner son premier opéra,Scherz, List und Rache[3] [Farce, ruse et vengeance], d'aprèsGoethe. Les parties d'orchestre de cet opéra sont perdues[2]. Encouragé par ses professeurs, Bruch fait également des séjours à Berlin, Leipzig, Dresde et Munich. Après s'être installé àMannheim en1862, il y est nomméchef d'orchestre jusqu'en 1864, comme il le sera àBerlin en1870 et 1878–80.
Il présente à Mannheim, un opéra,Die Loreley, sur un livret d'Emanuel Geibel, le. Après quelques représentations en Allemagne et quelques grandes villes européennes, l'opéra a été remonté par le jeuneMahler en 1887 et à Stuttgart par Pfitzner en 1916[2], avant de disparaître des programmations jusqu'à sa reprise à Oberhausen en 1984 et sa création britannique à Londres en 1986[2]. Avec sa cantateFrithjof (1864), qui est un succès, ces deux œuvres lancent sa carrière.
Entre 1865 et 1867 il est directeur musical d'une société de concerts àCoblence, puis devient Hofkapellmeister àSondershausen. Pendant cette période active, il achève entre autres sonpremier concerto pour violon ensol mineur (1864), auquel on associe aujourd'hui son nom au détriment des autres œuvres[2] – les premières esquisses étant de sa période d'étude en 1857. L'œuvre est créée en 1866.Joseph Joachim, le violoniste renommé, suggéra à Bruch certains remaniements qui, terminés en 1868, permettront une édition en 1870, assurant finalement à son auteur une certaine considération dans le monde, encore de nos jours, puisque l'œuvre reste au répertoire des concerts. Bruch lui-même en concevait d'amers regrets, notamment parce qu'il en avait vendu les droits. Cette œuvre a inspiréJohannes Brahms, dont Bruch est proche stylistiquement, dans la composition de son célèbreConcerto pour violon, postérieur d'une dizaine d'années. Bruch dédie à Joachim son troisième concerto (1890–91). Il était aussi en lien avec un autre violoniste important : l’EspagnolPablo de Sarasate, forte personnalité, à qui il dédie ledeuxième concerto (1877) et surtout laFantaisie écossaise (1880), mais c'est Joachim qui l'aide à préparer la partie soliste de laFantaisie. C'est seulement le que Bruch dirige laLondon Philharmonic Society à St James’s Hall pour la création de l'œuvre par le dédicataire. Bruch, qui adore le violon et déteste le piano, a des liens amicaux avec d'autres violonistes :Ferdinand David (le maître de Joachim, dédicataire duConcerto de Mendelssohn) et Willy Hess, autre virtuose du temps. Le violon« peut chanter une mélodie, et la mélodie est l’âme de la musique » disait-il.
Mais le compositeur s'essaie aussi à la symphonie, poussé par le chef d’orchestreHermann Levi. SaPremière, op. 28 (1868), est dédiée à Brahms, qui exprima sa« joie intense et une profonde gratitude » à l'auteur. Elle est suivie d'uneSeconde en 1870.
À cette période, il écrit également un opéra,Hermione (1870), inspiré deThe Winter’s Tale deShakespeare – sans grand succès ; et des pièces profanes, notamment desoratorios. Il considérait le genre comme son « domaine le plus personnel » et le couronnement de sa musique vocale qui constitue la majorité de son œuvre. AprèsOdysseus (créé en 1874), qui est un triomphe, il s'attaque au sujet d’Arminius (1875) pour un oratorio dont le thème avait déjà été traité par Biber auXVIIe siècle sous la forme d'un opéra, et parHaendel quarante ans plus tard : labataille de Teutobourg contre les Romains en l'an 9. Le grand personnage de l'œuvre est en fait le chœur qui joue le rôle principal. Après le choc de l'audition duRequiem deVerdi, il révise la partition en 1877.Arminius, correspondant aux sentiments patriotiques nés de la nouvelle union nationale sousBismarck, est souvent donné à travers l'Allemagne dans lesannées 1870[2], tout comme sesAchilleus (1885) etMoses (1895) qui sont joués jusqu'au premier conflit mondial. Mais l'anti-germanisme[2] qui suivit raccourcit leur vie publique.
Fin, connu en Europe, il est nommé chef d'orchestre àLiverpool pour trois saisons. Il compose deux œuvres qui remportent un grand succès : laFantaisie écossaise pour violon et orchestre, inspirée par le folklore[4] ; etKol Nidrei, longue méditation au violoncelle bâtie sur deux mélodieshébraïques, destinée à la communauté juive de la ville. Cette mélodie deviendra plus tard une desliturgies les plus courantes du milieuashkénaze pour la fête deYom Kippour (Grand Pardon).Arnold Schönberg critiquera le sentimentalisme du violoncelle, trahissant selon lui le texte religieux.
Dans cette période faste, il épouse la cantatrice Clara Tuczek (âgée de seize ans, alors qu'il en a 42) et devient père de quatre enfants, dont Max Felix († 1943), clarinettiste professionnel avant de devenir responsable d'une firme de disques.
À la fin de son séjour, il embarque pour une tournée américaine à la suite de la commande parLeopold Damrosch de saTroisième Symphonie (1883), créée à New York.
Les dernières œuvres, à partir de 1910, sont celles d'un homme qui a vu mourir de nombreux amis musiciens et confrères interprètes de ses œuvres : lesHuit pièces pour clarinette, alto et piano op. 83 (qui reprend l'effectif duTrio des quilles deMozart et desMärchenerzählungen, op. 132 deSchumann), et sonConcerto pour clarinette et alto, op. 88 (1911), dédié à son fils Max Felix. Ces œuvres, aux proportions modestes, refusent la virtuosité, restant dans un chant mélodique intime d'une extrême douceur et sous forme de confidences, d'aspiration à la paix et comme tendant au silence (Romance pour alto et orchestre, op. 85).
Bruch décède à Berlin le. Il est enterré aucimetière Saint-Matthieu, aux côtés de son épouse, morte à peine un an avant. Sur sa pierre tombale sont gravés les mots suivants :« Musik ist Sprache Gottes » « La musique est la langue de Dieu », qui résume bien l'état d'esprit du compositeur.
Son principal regret fut sans doute de n'avoir été presque exclusivement connu que pour son fameux premier concerto pour violon. Il meurt seul, isolé dans son rejet des modèles de Wagner et de Liszt[2]. À la fin de sa vie, son inclination pour la musique de Mendelssohn et de Schumann et sa résistance au changement ont donné à ses ultimes compositions de musique de chambre (Quintette à cordes, 1918) de grandes similitudes avec ce qu'il composait soixante ans plus tôt[2]. Souvent perçu comme un compositeur passéiste, il n'est pas parvenu à atteindre la reconnaissance de son amiJohannes Brahms. Au cours de ses 82 ans d'existence, il a côtoyé les plus grands (Mahler,Liszt,Wagner,Bruckner, etc.) sans avoir pour autant modifié son style rigoureux,« gardant sa fidélité esthétique et académique ».
Malgré ces critiques il a composé une œuvre rencontrant dès sa création (tout comme aujourd'hui) un vif succès : sonConcerto pour violonno 1, op. 26, commencé en1864, ainsi que laFantaisie écossaise pour violon et orchestre et sonKol Nidrei pour violoncelle et orchestre, régulièrement enregistrés au disque. D'autres partitions que son concerto pour violon ont retenu l'attention de solistes exigeants, en particulier les danses suédoises pour violon, huit pièces pour clarinette et une petite pièce pour hautbois. Ces œuvres sont davantage jouées — avec succès — depuis quelques années, débarrassées de nos jours des querelles d'écoles dont Max Bruch a longtemps été injustement victime.
En 1907, Bruch écrivait :« Brahms est mort depuis dix ans, et l'on continue à médire de lui, y compris les connaisseurs et les critiques. Je prédis cependant que sa réputation grandira avec le temps alors qu'aujourd'hui nombre de ses œuvres tombent dans l'oubli. Dans cinquante ans, il brillera de tous ses feux et sera considéré comme le compositeur le plus éminent de tous les temps. De moi, on se souviendra surtout pour monConcerto en sol mineur. » Les parallélismes entre Brahms et Bruch sont nombreux : enfants prodiges, auteurs de symphonies imposantes, vénération de leurs maîtres allemands, notamment Mendelssohn et Schumann, culture des maîtres anciens (Palestrina, Bach – Bruch se met à l'orgue pour mieux accéder aux secrets des œuvres), liens avecJoachim... ; autant que leurs différences : Brahms ne touche pas à l'opéra et écrit pour piano, contrairement à son confrère.
Fantaisie écossaise, pour violon, orchestre et harpe, op. 46 (hiver 1879–80) - Dédiée àPablo de Sarasate, elle est néanmoins créée parJoseph Joachim à Liverpool, le. Le titre complet est« Fantaisie pour violon, avec orchestre et harpe, utilisant librement des mélodies traditionnelles écossaises ».
Kol Nidrei, pour violoncelle, harpe et orchestre, op. 47 (1880–81) Sous titré « Adagio sur des mélodies hébraïques »
Canzone pour violoncelle et orchestra, op. 55 (1891)
Adagio appassionato pour violon et orchestre, op. 57 (1891)
Œuvres pour clarinette et alto -Jean-Luc Votano, clarinette ; Arnaud Thorette, alto ; Johan Fagot, piano ; Orchestre philharmonique de Liège, Dir. Pascal Rophé (23–, Cyprès Records)
Arminius, op. 43 - Rheinische Kantorei, Orchestre symphonique de Göttinger, dir.Hermann Max (–, CPO 777 453-2)
Octuor à cordes en si bémol majeur (op. posthume) ; quintette à cordes en mi bémol majeur (op. posthume) ; quintette à cordes en la mineur (op. posthume), WDR Sinfonieorchester Chamber Players, Alpha Classics 2021
↑Elles sont empruntées auScots Musical Museum, un recueil de chants traditionnels de James Johnson. Sont utilisés :Auld Rob Morris, dans l’Adagio cantabile,The Dusty Miller dans l'Allegro,I’m a-doun for lack o’Johnnie dans l'Andante sostenuto,Hey tuttie tatie dans leFinale Allegro guerriero