LeMawlid (enarabe :ٱلْمَوّلِدُ?),de son appellation complèteal-Mawlid al-nabawi (enarabe :ٱلْمَوّلِدُ ٱلنَّبَوِيّ?), littéralement « la naissance du prophète », est une commémoration de la naissance deMahomet,prophète de l'islam. Elle est célébrée le 12Rabia al awal dans lespays musulmans de tradition sunnite et le 17Rabia al awal dans lespays musulmans de tradition chiite. Elle est aussi appeléemaouloud,mouloud,mouled oumevlid selon les pays.
Selon la croyance musulmane,Mahomet naît entre et. Cette année,Abraha,roi de Himyar, part pour conquérirLa Mecque mais est repoussé. Abraha aurait monté unéléphant, d'où le nom d'« année de l'Éléphant ». S'il y a divergence sur l'année, la plupart des musulmans croient qu'il naît le 12rabia al awal[1]. D'autres sources situent la date au 8 ou au 10. Pour les chiites, il serait né le 17[2].
Sous le vizirat d'Afdal (1094-1121), vrai dirigeant à la place du califeAl-Musta'li, seules les célébrations des naissances de Hussein et de Hassan son gardées. Après sa mort en, son filsAl-Mamun al-Batahi restaure toutes les célébrations en[1].
Cette célébration est cependant réservée à l’élite religieuse et politico-militaire[2].
Période ayyoubide et propagation dans le monde musulman
Pour Kaptein, les Ayyubides fêtaient le Mawlid dans la continuité des Fatimides, alors que pour F. de Jong, le mawlid chiite a été oublié avant que la tradition soit relancée par les sunnites. Le mawlid aurait été ainsi célébré à partir de 1207 sous les Ayyoubides, à l'initiative de soufis, sous la forme de festivals. Rapidement les célébrations se sont propagées dans tout le monde musulman[2].
Sous lesFatimides, duhalva était distribué durant toute la matinée, puis une prière était dirigée par le sultan à midi à lamosquée Al-Azhar. S'ensuivaient plusieurs représentations dansLe Caire et des sermons religieux dans les grandes mosquées de la ville[1]. En fonction des époques et de la personnalité des souverains, le Mawlid n'avait pas de façons de célébrer et de durée fixes, ce n'était pas toujours une fête officielle[1]. Le jour était généralement férié, et àMédine et àLa Mecque, les gens sortaient leurs plus beaux habits et priaient dans une ambiance festive. Durant sacampagne d'Égypte,Napoléon Bonaparte a participé aux célébrations[1].
Pour Thomas Pierret, la participation d'oulémas aux rituels permet de leur donner une légitimité et d'affirmer leur autorité. Les femmes jouent un rôle important dans ces célébrations populaires[2].
Les soufis réussissent à faire accepter ces célébrations à la majorité du monde musulman. Pour une grande partie des savants musulmans, le mawlid n'est pas dushirk et est un acte de dévotion, rappelant le modèle du Prophète. Au bas Moyen-Âge, les théologiens malékites du Maghreb et d'Al Andalus sont partagés. Ainsi, le mawlid est célébré dans leRoyaume de Grenade[2].
Par exemple, pour le théologien Abū ʿAbd al-Allāh Muḥammad al-Ḥaffār les « Pieux ancêtres » ne célébraient pas la nuit de la naissance du Prophète, puisqu'ils divergèrent quant au mois et au jour de sa naissance, le mois du Ramadan et pour d'autres durant celui de Rabīʿ. Il estime que les célébrations sont fixées par la Loi et non par les fidèles, qui pourraient commémorer l'hégire ou al-miraj. Ainsi, à cette époque, les théologiens malikites discutaient du bien-fondé de cette fête et du caractère permis ou interdit de certaines pratiques qui accompagnaient ces commémorations. Le mawlid a été accepté sous lesMérinides, où les théologiens comme Abd Allāh al-ʿAbdūsī à Fès soutenaient l'autorisation. Les souverains prenaient également en charge les frais liés aux cérémonies[3].
PourAl-Suyuti, le mawlid est permis[4]. Sa fatwa n'a pas été contestée à son époque[5]. Il la motive par, selon lui, le fait que le Prophète a sacrifié sa propre vie pour exercer cette charge[6]. Il continue en affirmant qu'Abu Lahab, pour avoir célébré son anniversaire enfant, verra son supplice en enfer atténué[7], et par analogie, affirmer que le musulman sera récompensé s'il ressent une telle joie[8].
En réponse à al-Fakihani, qui arguait qu'il n'y a pas de preuve historique de telles célébrations, al-Suyuti affirme que ne pas connaître une information ne veut pas dire qu'elle n'existe pas[9]. Il dit dans le même ouvrage : « L’innovation (al-bid’ah) ne se limite pas en interdiction et déconseillé, mais elle peut être aussi : permise, recommandée et obligatoire »[10]. Il ajoute aussi que célébrer la naissance d'un enfant est permis.[11].
Pour le théologien tunisienMohamed Tahar Ben Achour, non seulement le mawlid est permis, mais il est selon lui recommandé. Il utilise pour cela des énoncés scripturaires, des raisonnements logiques, et des déductions finalistes[2]. En l'absence de verset explicite, il se base sur les versets évoquant les « jours de Dieu », que le Coran appelle à vénérer, affirmant que des théologiens se sont basés sur celui-ci pour rendre licite le mawlid. Il se base aussi sur des hadiths narrant des récits où des apôtres ont exprimé leur joie envers le Prophète. Par la suite, il se réfère au théologien Qāsim al-Burzulī qui soutient la célébration de cette fête. Il estime par ailleurs que cette célébration a été suscitée à ses auteurs par une« inspiration divine » posant la question de savoir s'il existe jour plus heureux que celui où « apparu celui qui sauvera les humains de l’égarement, celui qui les extirpa des ténèbres du polythéisme et des vices de l’ignorance ». Il estime que célébrer le souvenir de l'intermédiaire ayant transmis la religion, y compris les deux fêtes, est encore plus légitime. Il serait plus pertinent de célébrer la cause plutôt que l'effet, l’origine avant la conséquence. Il cite ensuite une citation favorable au mawlid qu'il attribue à Ibn al-Jawzī (1116-1201), théologien hanbalite, dont le courant est connu pour son opposition à la commémoration du Mawlid. Il se réfère enfin au fait que le mawlid était une fête officielle sous les souverains tunisiens. À celle-ci assistaient, oulémas, élites militaires, commerçants et habitants de la capitale Tunis, et à cette occasion, les postes politique et religieux étaient attribués. Enfin, pour le chercheur Nejmeddine Khalfallah, Ben Achour répond aux avis minoritaires et marginaux malikites qui soutiennent l'interdiction de la pratique, et aux wahhabites[23].
Pour les opposants à la célébration, qui sont principalement leswahhabites, ceux-ci y voient une innovation blâmable. Par ailleurs, alors que les wahhabites sont opposés au soufisme, les détracteurs du mawlid le rejettent en l'assimilant ausoufisme. Celui-ci alimente cependant le discours des écoles juridiques et inversement. Certains fidèles voient au mawlid une innovation blâmable, reprochant aux soufis l'introduction de pratiques jugées hétérodoxes, comme la promiscuité entre hommes et femmes, le chant ou la mise en place processions avec cierges, qu'ils assimilent à des pratiques chrétiennes. De nos jours, au cours des semaines précédent le mawlid, en s'appuyant sur des fatwas, les wahhabites tentent de dissuader les musulmans de célébrer la fête, y compris sur les réseaux sociaux. Pour les modernistes, le mawlid est contraire à la modernité[2].
Enfin, la position d'Ibn Taymiyya est ambigue au point où celle-ci est instrumentalisée par les soutiens et les détracteurs du mawlid. Celui-ci, tout en qualifiant la pratique d'innovation, estime que ses pratiquants obtiendraient une récompense divine et ne prône pas son interdiction[2].
Récitation du Coran dans une mosquée en Algérie à l'occasion du Mawlid.
Dans la plupart des États musulmans qui le reconnaissent, le jour du Mawlid est férié[25].
EnArabie saoudite cependant, le ministère des Affaires religieuses considère cette fête comme étrangère à l'Islam et comme une innovation d'origine non religieuse - bien que sa célébration ne soit pas interdite par les autorités[26]. Une semaine, qui n'est pas utilisée pour se rapprocher d'Allâh (pas religieuse), mais dans un but didactique, y estoccasionnellement[Quand ?] dédiée àMohammed ben Abdelwahhab[27].
EnTunisie, ce jour est égalementférié. Un repas familial est préparé à cette occasion. Une crème pâtissière à base depignons depin d'Alep appeléeAssidat zgougou est préparée pour cette fête.
AuSénégal et auMali, où il est appeléGamou, du nom du mois de mouharam enwolof, d'importantes célébrations y sont organisés. LesTijani se rendent notamment dans la ville de Tivaouane, fondée par l'imamMalick Sy, pour y célébrer une importante commémoration rythmée par des poèmes chantés en l'honneur du Prophète et des conférences parlant de sa vie et sa grandeur.
↑Fatâwa Al-Lajnah Ad-Dâ-ima lil-Bouhouth Al-’Ilmiyyah wal-Iftâ (Fatwas de la Commission Permanente pour les Recherches Académiques et l’Ifta (consultation religieuse) du royaume d'Arabie Saoudite), vol.3,p. 23
N. J. G.Kaptein,Muḥammad's Birthday Festival: Early History in the Central Muslim Lands and Development in the Muslim West Until the 10th/16th Century, Brill,(ISBN978-9-0040-9452-9,lire en ligne)
RaquelUkeles et Shahab Ahmed,Ibn Taymiyya and His Times, Karachi, Oxford University Press,, 319–337 p.(ISBN9780199402069), « The Sensitive Puritan? Revisiting Ibn Taymiyya's Approach to Law and Spirituality in Light of 20th-century Debates on the Prophet's Birthday (mawlid al-nabī). »