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| Maurienne | |||
Vue aérienne de la vallée entreSaint-Jean-de-Maurienne etVal-Cenis. | |||
| Massif | Alpes | ||
|---|---|---|---|
| Pays | |||
| Région | Auvergne-Rhône-Alpes | ||
| Département | Savoie | ||
| Coordonnées géographiques | 45° 12′ nord, 6° 40′ est | ||
Géolocalisation sur la carte :France Géolocalisation sur la carte :Savoie (département) | |||
| Orientation aval | sud-ouest puis nord-ouest | ||
| Longueur | 125 km | ||
| Type | Vallée glaciaire | ||
| Écoulement | Arc | ||
| Voie d'accès principale | A 43, D 1006 (ex N 6), D 902 | ||
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LaMaurienne est unevalléeintra-alpine et unerégion naturelle française, située dans ledépartement de laSavoie enrégionAuvergne-Rhône-Alpes. D'une longueur de 125 km, elle est traversée par la rivière de l'Arc. Elle correspond à l'une des sixprovinces historiques de laSavoie, qui fut unpagus (pagus Maurianensis), puis aucomté de Maurienne intégré aucomté de Savoie avant de devenir l'une des provinces administratives (de 1723 à 1860) duduché de Savoie.
Originellement, la vallée est celle desMédulles ouMedulli, qui seront intégrées dans la province desAlpes cottiennes jusqu'à sa disparition auVIe siècle, tandis que la partie basse est occupée par lesGraiocèles, dans la province desAlpes grées. Le mot Maurienne se substitue peu à peu pour désigner la vallée des Médulles.
L'étymologie du motMaurienne donne lieu à plusieurs hypothèses. Les premières mentions du nom apparaissent vers leVIe siècle avec l'édification de lacathédrale primitive dédiée à saint Jean-Baptiste àMaurienna Urbs (la futureSaint-Jean-de-Maurienne)[1]. On trouve ainsi unUrbem Mauriennam à cette période[2]. À cette même période,Grégoire de Tours désigne ainsi la ville : « urbs Maurienna » ou « locus Mauriennensis »[1]. En 739, le testament dupatriceAbbon mentionne lavallis Maurigenica[2]. Le chanoineAdolphe Gros relève que la Maurienne sous sa formeMaurogenna désigne la ville jusqu'auXe siècle, date à laquelle on commence à lui accoler celui du saint[3], alors que la vallée est désignée par « territorio Mauriennam »[2].
Certains spécialistes voient dans l'origine du mot « Maurienne » un dérivé du latinMalus Rivus, « mauvais ruisseau », qui a évolué enmau riou/rien[4], comme l'alpinisteWilliam Auguste Coolidge dans un article de la revue Alpine de 1904[5]. En effet, la rivière de l'Arc est connue pour ses crues.
Pour le chanoine Gros, dans sonDictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie (1935), une autre hypothèse doit être envisagée. Il voit dans les formes primitivesMaurogenna ouMaurigenna, désignant la ville, uneféminisation du termeMaurogenos. Ce dernier serait un mot hybride entre le nom d'un certain romainMaurus, auquel est associé le suffixe celtiqueGenna, signifiant « fils de »[3],[6].
Le chanoineJean-Louis Grillet, dans sonDictionnaire historique, littéraire et statistique des départemens du Mont-Blanc et du Léman rapporte que pour Jean de Pineda (jésuite espagnol duXVIIe siècle)« le consulMarius, après avoir défait lesCimbres dans les défilés alors presqu'inaccessibles de la Maurienne, y fit ouvrir une voie militaire le long de la rivière d'Arcq, et qu'en conséquence la vallée fut appeléeVia-Marian, et par corruption Mauriana »[7].
Une dernière hypothèse, qui tend à perdurer, indique depuis leXVIIe siècle, avec leTheatrum Statuum Sabaudiæ (v. 1682), queMaurienne trouve son origine dans le mot « Maure », relatif aux incursions duXe siècle desSarrasins[5]. La plupart des érudits ayant étudié la question rappellent cependant la mention très antérieure duVIe siècle. En effet, en942, le roiHugues d'Arles pour des raisons stratégiques, craignant de voir le roi d'ItalieBérengerII accéder à son trône, conclut un traité avec les Sarrasins. Ces guerriers voyageurs devant venir s'installer dans lesAlpes pour empêcher toute invasion ennemie. Certainshistoriens s'accordent à dire qu'à la suite de cet accord, une partie de la communauté sarrasine s'implanta dans la vallée de l'Arc, qui allaitde facto porter le nom de Maurienne[8],[Note 1]. Nombreuses sont les théories qui s'appliquent à trouver l'origine du nom de cette vallée. Peut-être s'agit-il d'un savant mélange de tout cela. Cette diversité d'hypothèses renforce en tout cas le caractère mystérieux des racines du toponyme.
Enfrancoprovençal, appelé parfois arpitan, Maurienne se traduit parMôrièna[10].
Carte de localisation de la Maurienne dans lesAlpes françaises. |
Longue de plus de 120 kilomètres, la Maurienne est l'une des plus grandes vallées transversales desAlpes[11],[12]. La rivière qui l'a modelée après ladernière période glaciaire est l'Arc. La Maurienne débute à l'ombre desLevanna, trois sommets recouverts par les glaciers des sources de l'Arc et surplombant le hameau de l'Écot (commune deBonneval-sur-Arc) au pied ducol de l'Iseran. Elle suit d'abord un axe nord-est—sud-ouest jusqu'à Modane, avant de descendre direction nord-ouest jusqu'àAiton, où l'Arc rejoint l'Isère dans lacombe de Savoie aupont Royal.
Une partie de la vallée est intégrée auparc national de la Vanoise, dans la continuité duparc national du Grand-Paradis (Italie).

Il n'y a pas à proprement parler de massif de la Maurienne : la vallée est bordée au nord (rive droite de l'Arc) par le grand massif de laVanoise et les chaînes de laLauzière et duGrand Arc, et au sud (rive gauche) par lesAlpes grées (au sens restreint), lemassif du Mont-Cenis, desCerces, desArves, desGrandes Rousses et deBelledonne.
Les grands cols alpins qui partent de la vallée sont :

Les géographes distinguent traditionnellement trois ensembles, la basse, la moyenne et la haute Maurienne. L'historien Jean Dompnier, dans sa présentation générale de la moyenne Maurienne, précise qu'« il est assez facile de mettre en avant des coupures du relief dans cette vallée de plus de 120 kilomètres où alternent ombilics et verrous glaciaires, c’est plus hasardeux sur les plans historique, économique et administratif. »[13] À ces trois ensembles, les vallées affluentes peuvent aussi être distinguées avec notamment celle de laValloirette (du col du Galibier àSaint-Michel-de-Maurienne), le bassin de l'Arve ou de l'Arvan qui coule jusqu'àSaint-Jean-de-Maurienne), lavallée des Villards, dite aussi duGlandon (Saint-Alban etSaint-Colomban), ou encore celle duBugeon (du col de la Madeleine jusqu'à La Chambre)[13],[14]. De nombreuses vallées secondaires ont été les voies de passage privilégiées depuis la haute Antiquité entre la péninsule italienne et l'Europe de l'Ouest. Certaines telles que les vallées d'Avérole, de la Savine, du Fréjus ou encore de la Rocheure n'ont jamais été véritablement peuplées, mais ont toujours servi de voies de passage.
La basse Maurienne débute avec lecanton d'Aiguebelle pour se terminer au niveau de celui deLa Chambre[15]. Cette partie de la vallée traverse les massifs cristallins externes[16]. C'est une portion boisée et verdoyante, au fond large, plat et encaissé. Elle est constituée de parois abruptes avec un très fort dénivelé entre sontalweg et ces sommets proches (écart de 2 000 mètres en moyenne) visibles depuis le fond de la vallée. Par exemple, le dénivelé entre le village d'Épierre situé à 348 mètres et le proche sommet duGrand pic de la Lauzière culminant à 2 829 mètres offre au visiteur le sentiment de se trouver face à un mur de près de 2 480 mètres de hauteur. La basse Maurienne, grâce à son relief escarpé et ses forêts denses et riches en nombreuses essences, offre un écosystème idéal pour de nombreuses espèces animales rares et farouches telles que lelynx[17]
À partir deLa Chambre s'amorce la moyenne Maurienne qui s'étire jusqu'àModane. Elle est constituée par un fond de vallée très étroit et s'ouvrant après d'impressionnants défilés et verrous comme celui du pas du Roc[18] à l'entrée deSaint-Michel-de-Maurienne, sur des bassins reliés à des vallées latérales où se situent la plupart des villages de montagnes et des stations de ski telles qu'Orelle (reliée auxTrois Vallées),Valloire ou encoreSaint-François-Longchamp. Elles se terminent généralement par un col carrossable tel que la Madeleine, le Galibier ou la Croix-de-Fer, ou bien de simples passages comme le col de la Valette culminant à 2 291 mètres ou le col de lavallée Étroite. Ces bassins concentrent la majorité des habitations et infrastructures industrielles. Ils sont alimentés par quantités de torrents de haute montagne qui ont été la raison de l'implantation des usines sidérurgiques en Maurienne au début duXXe siècle[19], tout comme cela a été le cas enTarentaise ou enValais. Tout récemment, le principal acteur est devenu le groupe Trimet, après avoir supplanté le groupeRio Tinto[20]. Ces usines, demandant une puissance électrique considérable, sont approvisionnées grâce aux centrales hydrauliques locales (comme lebarrage de Bissorte). À leurs débuts, le transport de l'électricité sur de grandes distances n'était pas maîtrisé, raison pour laquelle les industries ont été implantées à proximité des sources d'énergies. Le meilleur exemple estSaint-Jean-de-Maurienne qui demeure un pôle électrométallurgique majeur.

Le fond de la moyenne Maurienne ne connaît, proportionnellement à sa longueur considérable, qu'une faible prise d'altitude. Cette portion de la vallée bénéficie sur son versantadret d'un ensoleillement exceptionnel. Ce micro climat, que l'on retrouve également en certains lieux de haute Maurienne comme lecône de déjection deSollières-Sardières-Termignon, permet de maintenir une agriculture traditionnelle et vivrière mais également de voir la renaissance de cultures oubliées, comme celle dusafran[21]. De la même manière, la viticulture refait son apparition. Ainsi, sur les coteaux les mieux exposés sont replantés des pieds de vignes et particulièrement lepersan[22], un vin rouge natif de la Maurienne et par conséquent adapté aux conditions climatiques de cette dernière.
Modane, dernière ville de la vallée (selon la définition INSEE), est une ville frontière, située au débouché destunnels ferroviaire etroutier du Fréjus et dominée par la station deValfréjus. Ainsi Modane, ville située aux confins de la moyenne Maurienne, est la porte d'accès à la vallée supérieure de l'Arc. D'ailleurs à la sortie de la cité, le relief change radicalement et la nationale, qui jusqu'alors était relativement plane, s'élève tout à coup pour se transformer en route de montagne survolant les falaises vertigineuses du verrou glaciaire de labarrière de l'Esseillon.
Enfin, on appelle haute Maurienne la haute vallée de l’Arc, qui longe lafrontière italienne sur environ 45 kilomètres dans la région dumassif du Mont-Cenis. S'étendant au-delà de la barrière de l'Esseillon, il s'agit de la partie supérieure de la vallée de l'Arc avec untalweg d'altitude élevée démarrant à 1 100 mètres, et formée principalement de verrous s'ouvrant sur descônes de déjections. Elle débute en amont de la cicatrice deChavière marquant la fin des massifs houillers et le début de l'unité des massifs cristallins Grand-Saint-Bernard/Vanoise/Ambin allant duValais auval de Suse et bordés à l'est par le massif du Grand-Paradis[23]. La région est connue depuis la plus haute Antiquité et on y trouve de nombreux vestiges d’occupation humaine depuis le Paléolithique[24]. Au Moyen Âge, elle était un passage important d'échanges commerciaux grâce notamment à la route du Sel. Cette dernière traversant le massif de la Vanoise par le col du même nom, permettait d'échanger fromages, dont lebeaufort réputé depuis l'époque romaine[25] et le sel exploité aux mines deSalins enTarentaise, contre étoffes et épices, en Italie, via lecol du Mont-Cenis[26].

Ce sentier d'altitude en grande partie pavé a récemment fait l'objet d'une importante restauration par leparc national de la Vanoise. La délimitation de la partie supérieure de la vallée reste controversée. En effet, pour les spécialistes de géographie physique, la haute Maurienne commence en amont deModane, et plus précisément au-delà de labarrière de l'Esseillon. Ce verrou glaciaire est un promontoire dominant la moyenne Maurienne, riche en forteresses militaires, dont le but initial était de protéger la haute Maurienne et le Piémont des invasions françaises. Pour les économistes, Modane est attachée à la haute Maurienne, arguant que la ville dispose d'une très forte influence sur les villages en amont, au travers d'infrastructures économiques et administratives (centres commerciaux, établissements scolaires ou gare SNCF par exemple). Toutefois pour la grande majorité des analystes, Modane est une ville rattachée à la partie médiane de cette vallée, aussi bien du fait du relief (toute la partie avale du canton est creusée dans le sillon houiller qui se prolonge jusqu’à Saint-Michel-de-Maurienne), que de l'histoire industrielle de ce secteur[27].


Longtemps restée à l'écart du reste de la vallée et de son développement économique, cette portion conserve un caractère authentique et sauvage, avec des traditions et un folklore unique et vivace tel que le Diable deBessans, ou la Fête du célébrée dans le bourg deBramans.
L'architecture est différente du reste de la vallée, l'exemple le plus visible étant celui des toits enlauzes recouvrant les chalets et leurs cheminées décorées en pierres. Ainsi les nouvelles constructions tout comme les rénovations, en haute Maurienne et ses contreforts situés entre Modane etAussois, sont soumises à l'approbation du Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de la Savoie (CAUE), avec le concours des architectes consultants et du Syndicat du Pays de Maurienne[28].
Les villages, en remontant la vallée, sont :
Environ 5 000 habitants permanents, et environ 15 000 personnes en hiver.

La haute Maurienne est pourvue d'innombrables sommets dépassant les 3 000 mètres, et nombreux sont proches de la barre des 4 000 mètres. Cette portion de la Maurienne est pourvue d'une grande couverture glaciaire.
D'un point de vue climatique, la haute Maurienne est la parfaite illustration de monsieur Verneilh, alors préfet du département du Mont-Blanc sous l'occupation de la Savoie parNapoléon. Verneilh dans son rapportStatistique générale de la France, Département du Mont Blanc (1807) indique : « Souvent au fond d'une vallée, le voyageur supporte avec peine l'ardeur d'un soleil brûlant, en même temps qu'il aperçoit sur les monts qui l'environnent, les frimas d'un éternel hiver ; d'autres fois, après avoir traversé des neiges ou des glaces sur les cols des montagnes, il rencontre, en descendant dans la plaine, d'abord des bois, ensuite une riante verdure, plus bas des fleurs ou même des fruits. » (p. 164). Ainsi la Maurienne, du fait de sa situation encaissée dans de très hauts massifs, et subissant les puissants effets defoehn, en est une parfaite illustration. Dans cette partie de la vallée, les précipitations sont largement en dessous des moyennes. On compare très souvent cette région au climat quasi méditerranéen qui sévit dans lavallée du Rhône enValais central, aux alentours deSierre[29].
La Vanoise dans son acception restreinte (Vanoise cristaline) est constituée d'un imposant et profond socle dequartzite (roche métamorphique compacte et très dure), demicaschistes, degneiss et de nappes degranite qui chevauche le socle du massif cristallin interne duGrand Paradis dans la partie la plus orientale de la vallée. Les massifs formant la barrière sud alternent entre lesocle cristallin d'Ambin formant une continuité géologique avec la Vanoise, allant duValais auval de Suse (unité Grand-Saint-Bernard/Vanoise/Ambin), et les massifs de schistes lustrés tels que ceux de lapointe de Ronce, ou bien encore lapointe de Charbonnel. La haute Maurienne se compose d'une grande variété de roches métamorphiques, allant du gneiss,schiste bleu,vert et micaschistes, en passant par laserpentinite, le quartzite ou encore lesamphibolites et lescalcschistes. On trouve également desroches magmatiques et plus particulièrement duporphyre, desgabbros et de ladiorite affleurant du socle d'Ambin dans lemassif du Mont-Cenis[30],[31].
Cette richesse minérale entraîne une grande diversité de reliefs, mais aussi de végétation qui se développent grâce aux différents types de sols que ces roches offrent[32]. D'un versant à l'autre on peut donc trouver des espèces végétales totalement différentes du fait de la nature plus ou moins acide des sols. Cette particularité a conduit certains botanistes alpins à nommer certaines espèces en référence à l'un des massifs de la haute Maurienne. LaLaîche des glaciers (Carex glacialis) présente exclusivement dans les régions boréales a été découverte dans la région du Mont-Cenis[33].
Les massifs de haute Maurienne conservent une importante couverture sédimentaire principalement faite degypse ce qui donne un aspect imposant aux différents massifs. Des carrières de gypses ont été exploitées jusqu'à une date récente, et l'architecture locale a largement utilisé cette matière alors très recherchée pour l'enduit d'une partie des façades des maisons.
Ladolomie, plus compacte et résistante que les autres roches sédimentaires, est également très présente sur les pentes situées en amont de la vallée. Imperméable et résistante à l'acide contrairement aucalcaire, elle est par conséquent insensible à l'acidité des précipitations, et n'a pas subi les gels duquaternaire lors des phases decryoclastie. Ces roches préservées se dessinent sous forme demonolithes perçant la couverture sédimentaire du socle cristallin entamée par la lente érosion des sols.
Ainsi, les habitations traditionnelles de cette région reflètent cette richesse, les murs et lauzes de toit étant constitués de quartzite et de gneiss, le bardage de mélèze et d'enduit pour les façades. Cette profusion de roches dans un secteur limité fait le bonheur des géologues et botanistes. Il existe par ailleurs en haute Maurienne quelques carrières exploitant des roches métamorphiques destinées à l'ornement, telle celle située sur la commune deSollières-Sardières et produisant desporphyres schisteux[34]. Toutefois ces exploitations restent exceptionnelles du fait de la réglementation environnementale stricte imposée par le parc national.
La Maurienne est le siège de temps à autre de phénomènes d'essaims de séismes, succession de tremblements de terre se produisant au même endroit pendant une période pouvant aller jusqu'à plusieurs années. Ce fut le cas notamment d'un secteur centré surMontrond auXIXe siècle, et du secteurMontgellafrey–La Chapelle–Saint-François-Longchamp auXXIe siècle.

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La Maurienne présente de très nombreux types de milieux ayant des expositions très variables, d'est en ouest en début de vallée et exposés au nord (ubac) ou au sud (adret) dans une grande partie de sa longueur. Ces milieux sont forestiers (forêts de feuillus, de conifères ou mixtes), prairiaux, humides, donnant la possibilité à de très nombreuses espèces d'y trouver refuge.
Une association de naturalistes, depuis 2000, cherche à inventorier les espèces, permettant de connaître que les deux tiers des espèces de papillons de jour[35] (superfamille Papilionoidea), plus d'une quarantaine de coccinelles[36] et 25 des 46 espèces de bourdons[37] de France vivent dans cette vallée.
Parmi la faune et la flore voici quelques espèces emblématiques[38],[39],[40],[41],[42],[43].





Les armes actuelles de laMaurienne seblasonnent ainsi : D'or à la tour de gueules maçonnée de sable mouvant de la pointe, sommée d'une aigle issante couronnée aussi de sable oud'or à l'aigle éployée de sable, languée et onglée degueules, à la tour de gueules en pointe[45]. À l'origine, lescomtes de Maurienne, lesHumbertiens, fondateur de lamaison de Savoie, portaientd'or à l'aigle éployé de sable[45], empruntée à la « bannière traditionnelle de l'Empereur »[46]. Cemeuble se retrouve sur le blason actuel, probablement par « concession impériale »[46]. |
La Maurienne possède une histoire en lien avec sa géographie, une vallée intra-alpine permettant le passage et les échanges entre le futur territoire de la France et la péninsule italienne, lui donnant une certaine importance à chacune des périodes de l'histoire plus générale de la Savoie. C'est d'ailleurs dans cet espace qu'est mentionné pour la première fois l'ancêtre de lamaison de Savoie,Humbert aux Blanches Mains, portant le titre vers le début duXIe siècle decomte de Maurienne et donnant naissance auxpremiers princes de Savoie, futurs rois d'Italie[47].

Il faut attendre la fonte des grands glaciers alpins et surtout leNéolithique pour que s'installent les premiers individus dans la vallée de Maurienne, en provenance de la péninsule italienne[48]. On peut observer ainsi sur le territoire de la commune deLanslevillard, desmégalithes comme celui de laPierre aux Pieds (à un peu moins de 3 000 m) et laPierre de Chantelouve. Par ailleurs, dans l'ensemble de la vallée, on retrouve despierres gravées ou despeintures rupestres comme celles deBessans ou de l'Arcelle près duMont-Cenis ou encore sur la commune d'Aussois[49]. Sur les flancs sud et nord duGrand roc Noir se trouvent lesgravures rupestres du Grand roc Noir, dans la commune deTermignon.
Au village deSollières, les archéologues ont trouvé, après une découverte fortuite en 1972, sur le site des Balmes (grotte située à 1 300 m), unenécropole, indiquant une occupation de - 2900 à la fin de l'âge du fer[50],[51]. Cette découverte a conduit à la création d'un musée consacré à l'archéologie dans le village de Sollières-l'Envers, non loin d'où fut découverte la grotte.
Une remarquable civilisation s'est développée à l'âge du fer (VIe – IIe siècle av. J.-C.) caractérisée par la production de bijoux (bracelets, pendeloques, etc.) par des bronziers locaux. Les nécropoles de tombes en coffres de lauzes sont abondantes (Albiez,Saint-Sorlin etSaint-Jean-d'Arves,Saint-Jean-de-Maurienne,Lanslebourg, Lanslevillard,Montdenis, etc.)[52].Henri Onde relève par ailleurs que les« lieux-dits Pierre-Fendue, Pierre-Fiche, Pierre-Levée et Pierre-Lée, nombreux dans les communes hautes de Maurienne, perpétuent très vraisemblablement le souvenir de monuments mégalithiques »[50].
Avant l'incorporation dans le monde romain, la Maurienne est peuplée de Gaulois. LesMédulles habitent la partie moyenne et basse de la vallée[53]. La haute Maurienne est quant à elle peuplée par lesGraiocèles dont le chef-lieuOcellum pourrait être localisé sur la commune d'Aussois. En - 16, l'ensemble de la vallée est intégrée à la province desAlpes Cottiennes avec pour capitaleSuse. Le roiCottius devient préfet de la province[54],[55].

Certains historiens font passer vers la vallée de la Maurienne, pour remonter le cours de l'Arc,Hannibal et son armée. Ainsi, une variante de cet itinéraire soutenue par Geoffroy de Galbert traverserait lachaîne de Belledonne aupas de la Coche, franchirait lecol de la Croix-de-Fer et rejoindrait la Maurienne à hauteur de l'actuelSaint-Jean-de-Maurienne. Ce raccourci de 20 kilomètres était pratiqué auMoyen Âge à travers une zone assez peuplée[56]. Toutefois, un autre histoire,Serge Lancel, fait observer que le trajet au plus court en zone de montagne n'est pas forcément le meilleur, en raison de l'effort supplémentaire qu'il impose[57]. Il considère que ce trajet détourné par la vallée de l'Arc revêt un intérêt stratégique car l'armée évite ainsi les cols du Petit-Saint-Bernard et de Montgenèvre, connus de ses adversaires, pouvant espérer surprendre les Romains[58]. Trois passages vers l'Italie sont ainsi envisagés par les différents chercheurs en Maurienne : lecol du Mont-Cenis (2 083 m), lecol du Petit Mont-Cenis (2 182 m) et lecol Clapier (2 482 m ou 2 477 m débouchant enval de Suse et le cours de laDoire ripaire[57].

La cité deSaint-Jean-de-Maurienne reçoit desainte Thècle, auVIe siècle, desreliques deJean le Baptiste (trois doigts de la main). À cette occasion,Gontran, roi deBourgogne, élève une cathédrale dédiée àJean le Baptiste, en 565 ou 574, marquant le début de l'évêché. Au-delà de l'aspect spirituel, Gontran soustrait la vallée à l'autorité de l'évêque deTurin, prenant ainsi le contrôle sur les vallées deSuse et deBriançon. Cette politique lui permet de contrôler les vallées alpines entre son royaume et les territoireslombards, de la plaine duPô.

Au milieu duXe siècle un groupe de Sarrasins venus duFraxinet, dans les environs de l'actuelleSaint-Tropez, s'établit dans les Alpes et notamment dans la vallée de l'Arc. Envoyés par le roiHugues qui a conclu un traité avec les Sarrasins, ils devaient essentiellement empêcher toute invasion ennemie, principalement en provenance de son rival le roi d'ItalieBérenger[8]. Une partie des Sarrasins quitteront la région, une seconde sera vaincue lors de labataille de Tourtour et enfin une troisième s'installera dans la région. « Le temps et d'innombrables mélanges de populations firent le reste : lentement, au fil des générations, le contingent sarrasin se dissout ainsi dans la population provençale »[60].
Lors du passage deCharlemagne en Savoie, celui-ci divise le territoire en comtés, dont celui de Maurienne. Ce dernier est donné, avec leTraité de Verdun (843), àLothaire jusqu'à son incorporation au nouveau royaume deBurgondie septentrionale. Lors de la traversée de la vallée, une légende veut que l'épéeDurandal ait été donnée à Charlemagne par un ange de Dieu, afin qu'il la remette à un comte capitaine[61]. Charlemagne l'offre à son compagnon Roland. Outre la légende, l'épée aurait été forgée grâce aux mines de fer des Hurtières[61], célèbres à l'époque dans toute l'Europe.
À partir duXIe siècle, le contrôle de la vallée est partagé entre l'évêque de Saint-Jean-de-Maurienne et une nouvelle puissance régionale émergente, la famille desHumbertiens. Dans une moindre mesure, il ne faut pas omettre la famille vicomtale desLa Chambre.
Vers 1003, son premier représentant est un seigneur du nom d’Humbert, surnommé plus tardivementBlanches-mains, il semble être parent de hauts dignitaires du clergé et dans l'entourage (là aussi un proche parent ?) de la reine de BourgogneErmengarde. Il possède plusieurs fiefs dans la région et il obtient le titre decomte (sans précisions), puis celui decomte en Maurienne entre 1043 et 1046[47],[62]. Sadescendance obtiendra en 1143 le titre de comte de Savoie qui deviendra la dynastie de laMaison de Savoie. Le centre du pouvoir de la famille repose notamment sur les châteaux deCharbonnières (Aiguebelle) et d'Hermillon. La Maurienne est d'une certaine façon le berceau de cette famille à l'origine ducomté de Savoie.
Le pouvoir épiscopal est parfois mal accepté et amène à unejacquerie — dite révoltes des Arves —, en 1326. Le comteÉdouard de Savoie doit intervenir pour secourir l'évêque, mais il en profite pour s'imposer définitivement sur l'ensemble de la vallée[63],[64]. Cette intervention était probablement commandée par le désir de« contrôler les cols duGalibier et duGlandon et les routes menant enDauphiné », qui lui échappaient jusque-là[65].
La vallée est divisée dès leXIIIe siècle enchâtellenies. Avant la révolte des Arves, l'évêque en contrôle six — soit 18 communes, huit autres leur ont échappé et sont passées sous le contrôle des La Chambre[66] —. Avec l'intervention du comte de Savoie, il n'en conserve que trois :Saint-André,Argentine etValloire[66]. Il ne possède, en réalité, le plein pouvoir que sur cinq paroisses (Argentine, Albanne, Montricher, Valloire et Saint-André) appeléeTerre limitée, partageant le contrôle avec le comte sur le reste des terres épiscopales, diteTerre commune[65]. Par ailleurs, le comte de Savoie contrôle la quasi-totalité du reste de la vallée avec deux châtellenies :Aiguebelle etune seconde ditede Maurienne (regroupant une quarantaine de paroisses, la plus importante du comté de Savoie)[67]. La vallée relève dubailliage de Savoie, tout comme laSavoie Propre ou lavallée voisine de Tarentaise[68]. Les vicomtes de La Chambre en contrôlent également deux[69].
Les familles seigneuriales sont nombreuses en terres de Maurienne. Suivant un article d'Alexis Billiet (paru en 1837)[70] voici quelques noms de famille desXIIIe et XVe siècles :

En 1805,Napoléon Ier établit lors de latraversée des Alpes durant la campagne d'Italie une route nationale qui accentua l'importance commerciale de la vallée[74].
La même année est inaugurée la nouvelle ligne detélégraphe Chappe Paris-Turin qui traversait toute la vallée de l'Arc. De nombreux vestiges desémaphores subsistent sur les hauteurs de la Maurienne. Le télégraphe deSollières-Sardières a pour sa part été récemment restauré dans le cadre du bicentenaire de l'invention de ce réseau de communication[75].
Le, une avalanche provenant du massif de la dent Parrachée détruisit partiellement le village de Sollières et emporta la plus grande partie de son église. Elle fut reconstruite quelques années plus tard[76].
À l'époque sarde, à partir de 1819, la vallée est barrée à la hauteur de l'Esseillon par une défense du typeclusurae.

À partir de 1857, le chantier du percement du tunnel ferroviaire du Mont-Cenis entre Modane, alors savoyarde jusqu'autraité de Turin, etBardonèche, sous l'impulsion de l'administration sarde, permit de relierTurin à la France par la ligne du Fréjus. En raison du temps de percement du tunnel franco-italien, prévu sur trente ans,Thomas Brassey et John Fell proposent en 1865 à l’empereurNapoléon III de construire uneligne de chemin de fer entreSaint-Michel etSuse. La ligne passe par le col du Mont-Cenis avec une locomotivesystème Fell, suivant pratiquement le tracé de la route. L’exploitation cessa au bout de trois ans en 1871, les travaux de percement dutunnel ferroviaire du Mont-Cenis s’étant accélérés, grâce à l’invention de l’ingénieur Sommeiller qui mit en service sa perforatrice à air comprimé. Cet ouvrage accentuant le rôle stratégique de la voie de communication Maurienne-Val de Suse a depuis grandement facilité les échanges entre laplaine du Pô et l'Europe occidentale.
Dans la nuit du au, la Maurienne est le théâtre d'unaccident ferroviaire à proximité de Saint-Michel-de-Maurienne, faisant officiellement un peu plus de 427 morts. Les journaux allant quant à eux dénombrer jusqu'à près de 1 000 victimes[27],[77].

Durant laSeconde Guerre mondiale, la partie supérieure de la vallée est occupée selon les dispositions de l'armistice du 24 juin 1940 signé à la villa Incisa située dans la région deRome. La France et le royaume d'Italie sont représentés respectivement parCharles Huntziger et le maréchalPietro Badoglio. Par cet accord, la haute Maurienne (canton de Lanslebourg-Mont-Cenis) ainsi que les communes d'Aussois etAvrieux sont annexées au royaume d'Italie et leur administration transférée à Turin[78]. On impose aux habitants d'échanger leur carte d'identité française contre des passeports italiens[78]. À la suite de l'occupation allemande conséquence de lacapitulation italienne, le[79], les villages de la haute vallée de l'Arc subissent de nombreuses représailles et destructions de la part des occupants voulant punir les mouvements de résistances. La région est le théâtre de massacres, les villages tels Lanslebourg ou Bessans sont brûlés[80]. Un camp de concentration est même construit à Modane[79]. Cette dernière est bombardée le par l'aviation alliée. L'objectif est alors la gare, important centre de transit entre la France et l'Italie au centre des batailles entre les troupes allemandes et les forces alliées. De nombreux obus manquent leur cible et provoquent de lourdes destructions et près d'une centaine de morts parmi les civils. Par la suite, la haute Maurienne a été au cœur de l'un des plus célèbres combats de larésistance française dans les Alpes. Sur les hauteurs de la commune deSollières-Sardières s'est déroulée la bataille du Mont-Froid à 2 819 mètres d'altitude, entre leschasseurs alpins, et des troupes allemandes totalement endoctrinées au cours du mois d'[81]. Ces combats livrés dans des conditions extrêmes sont devenus l'un des symboles de la résistance dans les Alpes[82]. À la suite de cette bataille, letraité de Paris est venu rectifier ce qui avait été considéré comme une faiblesse géostratégique et une erreur historique en réintégrant la totalité duplateau du Mont-Cenis jusqu'alors sur le sol italien depuis le découpage de la Savoie durant son annexion en 1860. Ainsi, à la sortie de la guerre, la carte de la haute Maurienne s'est vue agrandie d'une superficie de 81,79 km2[83]. De jure, les communes de Sollières-Sardières,Lanslebourg etBramans, retrouvaient leurs alpages séculiers qui jusqu'alors étaient en territoire étranger bien qu'ayant toujours été leur propriété, la Maurienne retrouvant finalement ses frontières historiques[84].

Durant le mois de, la Maurienne est dévastée par une crue spectaculaire. Les villes de Modane et deFourneaux sont les plus touchées. Dès le début du mois, des pluies torrentielles arrosent la vallée et plus particulièrement la haute Maurienne. Sous l'influence d'uneffet de foehn provoqué par la lombarde, la température passe de 8 à plus de 30 degrés. Cela a pour conséquence la multiplication par cinq du débit des cours d'eau, conduisant l'Arc à sortir de son lit. L'alerte générale est donnée dans la nuit du aux alentours de2 h du matin. La rivière devient incontrôlable, ayant dépassé de plus de 3 mètres sa hauteur normale et charriant dans le courant rondins de bois, pierres et boue ; l'eau s'infiltre dans les habitations et détruit tout sur son passage. Les canalisations explosent sous la pression, et le pont de la Glaire, ne pouvant résister, est emporté. Cette crue détruit les infrastructures de communications, que ce soit le téléphone ou les routes et voies ferrées. Cet incident conduira la population et les autorités à définir une nouvelle politique d'aménagement de la rivière afin d'éviter qu'un tel événement puisse se reproduire. De à 1964, de grands travaux seront entrepris pour endiguer le lit de l'Arc, et ainsi prévenir de nouvelles crues, représentant une menace pour l'ensemble des habitants de la Maurienne[85],[86].
Dès les années 1900, les progrès technologiques de l'hydroélectricité suisse sont à l'origine d'intensesspéculations boursières sur les sociétés hydroélectriques, qui profitent aux implantations industrielles en Maurienne.


La capitale historique de la Maurienne estSaint-Jean-de-Maurienne, au confluent de l'Arc et de l'Arvan.
La Maurienne correspond à l'arrondissement de Saint-Jean-de-Maurienne rassemblant les cantons de :
Les principales villes, en remontant la vallée vers l’est, sont :
Les principaux axes de transport dans la vallée de la Maurienne sont les suivants :
Le projet deliaison ferroviaire transalpine Lyon - Turin pourrait apporter un nouveau souffle économique à la vallée grâce aux lourds travaux prévus pour le percement des différents tunnels. La question de la viabilité économique de cette nouvelle liaison a été mise en cause par laCour des comptes[88]. Ce projet ne fait pas l'unanimité au sein de la population locale, certaines communes parfois limitrophes ayant des avis diamétralement opposés : la mairie deVillarodin-Bourget s'oppose au projet actuel[89], alors quela commune voisine deModane s'est publiquement investie dans le développement du tracé tel quel[réf. nécessaire].
Bien avant le développement économique et industriel induit par lahouille blanche ou plus récemment par le tourisme, la Maurienne a très tôt été un site notable pour l'industrie. En effet, dès 1289, dans sa partie basse au niveau de la vallée deSaint-Georges-d'Hurtières, l'industrie minière a connu ses premières heures de gloire, pour ensuite devenir majeure à partir de 1875[90],[91].
Dès la fin duXIXe siècle, avec le développement de lahouille blanche en Maurienne, l'industrialisation a pris un nouvel essor. Cette nouvelle source d'énergie a amené l'installation de grands groupes électrochimiques et électrométallurgiques. Durant l'été 2013, des négociations ont eu lieu pour la cession de l'usineRio Tinto au profit d'un consortium constitué entre Trimet détenant 65 % du capital etEDF pour les 35 % restants sous les bons auspices du groupe bancaire BNP Paribas[20]. Cette usine produit essentiellement du fil-machine en aluminium utilisé, entre autres, dans le câblage électrique de l'industrie de l'énergie et dans la connectique au sein de l'industrie automobile. Le procédé de fabrication d'aluminium parélectrolyse nécessitant beaucoup d'électricité, l'implantation auXIXe siècle de l'industrie de l'aluminium s'explique dans cette région par ses nombreux barrages hydroélectriques et sonchemin de fer[92].
LeLaboratoire souterrain de Modane (LSM), centre derecherche fondamentale de l'IN2P3 (CNRS) et duCEA, est situé au milieu dutunnel routier du Fréjus. Il s'agit du laboratoire le plus profond en Europe et son volume disponible est de 3 500 m3[93]. Mis en place à partir de 1982, il se situe au km 6,5 du tunnel routier du Fréjus, à 1 700 mètres sous la pointe de ce dernier (4 800 mètreséquivalent eau). Grâce à sa profondeur, lui offrant une isolation totale aux divers rayonnements, le LSM accueille des expériences de recherche fondamentale en physique des particules, astroparticules et physique nucléaire, mais aussi des détecteurs d'ultra-faible radioactivité permettant des mesures environnementales, des applications dans le domaine de la datation, la détermination de l'origine géographique de produits, ou bien encore des bancs de tests en microélectronique. Les chercheurs voudraient profiter de la construction (en cours) d’une voie de secours dans le tunnel routier du Fréjus pour creuser un laboratoire dix fois plus grand[94].
Lasoufflerie de l'ONERA, située administrativement sur les communes d'Avrieux et deModane, est le plus grand parc de soufflerie d'Europe[95]. Elle emploie essentiellement des techniciens et chercheurs. Elle regroupe un ensemble de souffleries simulant des écoulements allant des vitesses subsoniques aux vitesses hypersoniques. Ses travaux vont de la recherche spatiale à l'aéronautique, en passant par la défense et la sécurité. Historiquement, le premier matériel de soufflerie, installé enAutriche, a été cédé au titre des réparations de la Seconde Guerre mondiale, en faveur de la France sortie victorieuse ; il provenait de l'Ötztal, dans la région duTyrol alors sous occupation française à la suite du conflit.
Ces deux installations sont à la pointe de la technologie scientifique mondiale.
La vallée de la Maurienne possède de nombreuses infrastructures hydroélectriques (barrages), comme celles duMont-Cenis, deBissorte, une partie deGrand'Maison partagé avec le département de l'Isère, ou bien encore des plans d'Amont et d'Aval dans la vallée surplombantAussois.
La vallée compte une vingtaine destations de sports d'hiver, depuis la petite station village telAlbiez-Montrond, où fut créé le célèbreOpinel dans lesannées 1890, auxstations de3e génération, créées de toutes pièces dans les années1970 telLe Corbier etLes Karellis. Certaines de ces stations se sont associées pour créer de grands domaines skiables, commeLes Sybelles,Galibier-Thabor ouVal Cenis[96].

Ces stations proposent d'autres activités que le ski, comme des pistes de randonnée en raquettes ou plus originales comme des promenades en traîneau à chiens ou à ski tracté par un cheval (Ski joëring)[96].

Leparc national de la Vanoise est une zone de protection du biotope alpin, créé en1963 et partagé entre la Tarentaise au nord, et la Maurienne au sud.
La Maurienne, aux côtés duBeaufortain, de laTarentaise et duval d'Arly, a reçu le label « Villes et Pays d'art et d'histoire » pour le projetPays des hautes vallées de Savoie (1991), en lien le développement de l'art baroque dans ces vallées[98],[99].
Depuis quelques années, le syndicat des Pays de Maurienne, organisme chargé de la promotion touristique de la vallée donne un nouvel élan au développement du territoire au travers du cyclisme[100] en mettant en place une marque « La Maurienne, le plus grand domaine cycliste du monde »[101]. En effet, la Maurienne du fait de sa géographie est dotée de pistes cyclables relativement planes en fond de vallée, mais aussi de routes de montagnes mythiques, donnant accès à des cols alpins légendaires d'altitude variée, tels leTélégraphe culminant à 1 566 mètres, laMadeleine atteignant 1 993 mètres, mais également leGalibier rejoignant leparc national des Écrins à une altitude de 2 645 mètres, sans oublier l'Iseran, col routier le plus haut des Alpes à 2 764 mètres. Ces cols et paysages sont couverts par le célèbreTour de France, événement sportif le plus regardé dans le monde après les Jeux olympiques et la Coupe du Monde de football[102]. Cette compétition, comme dans une moindre mesure celles duCritérium du Dauphiné ou duTour des Pays de Savoie, semble avoir un impact indirect sur la fréquentation touristique, comme l'indique le directeur du parc national de la Vanoise, Emmanuel de Guillebon, à propos de l'espace protégé[103].
La Maurienne est également située sur laroute des Grandes Alpes, ducol de l'Iseran aucol du Galibier en passant entre-autres parBonneval-sur-Arc,Lanslebourg-Mont-Cenis,Modane,Saint Michel de Maurienne etValloire.
La Maurienne possède de nombreux musées qui reflètent son histoire, son artisanat et son agriculture traditionnelle. Ainsi, le musée du Félicien situé àArgentine permet de découvrir le quotidien des paysans d'autrefois, la coutellerie est présente à Saint-Jean-de-Maurienne au travers du musée de l'Opinel. Un espace muséographique consacré à l'aluminium,Espace Alu, a été créé en 2007 àSaint-Michel-de-Maurienne[104].

La quasi-totalité de la haute Maurienne est incluse dans leparc national de la Vanoise et son aire optimale d'adhésion[107]. Premier parc national en France, créé en 1963, il jouxte leparc national italien du Grand Paradis, offrant le plus grand espace protégé des Alpes. Il s'y trouve une population importante dechamois, mais également debouquetins qui, avant la création du parc national de la Vanoise, étaient les derniers survivants de leur espèce dans les Alpes[108], hormis la harde du Grand Paradis. Le parc offre également refuge à nombre d'espèces de la faune alpine, tels que leslièvres arctiques, lestétras lyres, leslagopèdes alpins, ainsi que leTriton alpestre. L'aigle royal, symbole de la Maurienne et de la Tarentaise ornant leur blason respectif, est bien implanté en Vanoise, avec 29 couples et plus de 24 aiglons selon le recensement de 2010[109]. Legypaète barbu a fait l'objet d'une réintroduction récente, qui est une réussite[110]. Leloup a atteint la région depuis 8 ans au moins[111]. Lelynx est également présent[112] et surtout en basse Maurienne. Le retour de ces prédateurs a modifié la gestion du pastoralisme, la plupart des troupeaux d'ovins et de caprins sont dorénavant surveillés par despatous.
De nombreuses zones en Maurienne sont classéesNatura 2000.


De 1926 à 1976, toutes les locomotives (telles lesCC 7100 etCC 6500) équipées spécifiquement pour capter le courant par un troisième rail sur laligne Chambéry-Modane étaient surnommées « Maurienne ». Une sous-série de CC 6500 circulait ainsi en livrée dite « Maurienne », d'une couleur vert bleuté foncé 312, bandes blanches et marquages jaunes ou blancs. Aujourd'hui ne subsiste sous cette livrée que la CC 6558.
La rameTGV Sud-Estno 68 a été inaugurée le àModane dont elle a porté le blason durant son service jusqu'à sa radiation en 2015.
La locomotiveBB 22287 porte le blason de la ville deSaint-Jean-de-Maurienne.
Unescadron d'hélicoptères, autrefois stationné sur la base aérienne deChambéry, a porté le nom deMaurienne jusqu'au milieu des années 2010.
Le site de mutualisation desArchives départementales de la Savoie et de laHaute-Savoie -sabaudia.org a consacré 3 dossiers à la vallée, aujourd'hui consultable sur savoie-archives.fr :