| Secrétaire général Théâtre national populaire | |
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Maurice Clavel est unécrivain,journaliste etphilosophefrançais né le àFrontignan (Hérault) et mort le àAsquins (Yonne)[1].
Fils de pharmacien, il va dans un premier temps adhérer à l’idéologie d'extrême droite, grossissant les rangs duParti populaire français. Il entre dans l'administration vichyste en 1940, et finit par rejoindre laRésistance en 1942 dans la lutte armée contre les nazis sous le pseudonyme deSinclair.
Né le, Maurice Clavel est issu d’une famille dont le père est pharmacien. Dans ce milieu de petits commerçants languedociens ancré à droite, il milite au sein duPPF de sa ville natale, Frontignan.
Brillant élève, lauréat duconcours général delatin[2],[3], il intègre l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. Là, il fait à la fois la connaissance du trotskisteJean-Toussaint Desanti et du maurrassienPierre Boutang. C'est ce dernier qui, nommé au secrétariat de l'Instruction publique, l’invite à venir servir à ses côtés lemaréchal Pétain. Venant d’obtenir son certificat de morale et de sociologie àMontpellier, Maurice Clavel accepte, mais perd ses illusions. Tout en préparant une thèse surKant, il s’engage alors dans laRésistance sous le pseudonyme de « Sinclair »[4] (1942). Il sort quatrième de l'agrégation de philosophie en 1942[5]. À la tête desFFI d’Eure-et-Loir, il participe à la libération deNogent-le-Rotrou, puis deChartres où il accueille legénéral de Gaulle sur le parvis de lacathédrale Notre-Dame.
À laLibération, il dénonce l'épuration aveugle et tente de sauver les têtes deBrasillach et deDrieu la Rochelle. Il n’en est pas moins un fervent militant duRPF dont les critiques acerbes du régime communiste lui valent d’être accusé par lePCF d’être « la voix de Goebbels »[6]. Il fonde alors un journal,L'Essor, avec le concours d’Henri d'Astier de La Vigerie ou d’André Figueras. Parallèlement, il écrit des pièces mises en scène parJean Vilar commeLes Incendiaires (1947) ouLa Terrasse de midi (1949)[Note 1]. Mais celles-ci s’avèrent des échecs et c'est brisé par sa rupture avec la comédienneSilvia Monfort qu’il accepte un poste de professeur aulycée Carnot deDijon.
Peu apprécié par sa hiérarchie, il regagne vite l'univers du théâtre quand, en1951,Jean Vilar le fait nommer secrétaire général duTNP. Mais sa pièceBalmaseda (1954), comme son premier romanUne fille pour l’été (1955), s’avèrent être encore des échecs.
À partir de 1955, il entame sa carrière de journaliste dans les colonnes deCombat. Protestant, entre autres, contre l'invasion de laHongrie par les chars soviétiques (1956) et l’usage de la torture enAlgérie, il s’engage aux côtés desgaullistes de gauche de l’Union démocratique du travail en1959.
Parallèlement, il renoue avec l'enseignement, et occupe le poste de professeur de philosophie, aulycée Camille-Sée et aulycée Buffon à Paris, dans les années 1960-1968.
AvecEmmanuel Berl, il anime aussi une émission radiophonique quotidienne(Qui êtes-vous ?).
Mais le refus des responsables de la radio d’accorder àJean Daniel un droit de réponse sur l’Algérie l’amène à leur donner sa démission. L’année suivante, il cesse aussi de collaborer régulièrement àCombat après avoir publiéLe Temps de Chartres[Note 2].
Il n’en soutient pas moins la ligne dugénéral de Gaulle sur l’Algérie, ce dernier lui confiant de nouer le dialogue avecMessali Hadj. Mais l’année1965 marque une rupture dans son évolution politique et philosophique. D’abord, il retrouve la foi dans la religion catholique, conversion déclenchée par la lecture d'un livre de Paul Cochois surPierre de Bérulle, de lacongrégation de l'Oratoire[Note 3]. Ensuite, l'affaireBen Barka en octobre de la même année l’amène à prendre ses distances avec le général de Gaulle. Dans une tribune libre auMonde du, il consacre sa rupture avec ce dernier tout en annonçant à la presse sa disponibilité pour suivre le procès Ben Barka comme chroniqueur judiciaire. C'est ainsi qu’en juin, il est contacté parHector de Galard pour suivre l’affaire dansle Nouvel Observateur à partir de la rentrée de septembre.
Il amorce sa collaboration au journal par des articles virulents contre le pouvoir, dénonçant, entre autres, les « requins et les goujons » (). L’année suivante, il récupère la chronique detélévision duNouvel Observateur tout en continuant à écrire dansCombat et à publier des romans commeLa Pourpre de Judée ouLes Délices du genre humain (C. Bourgois,1967). Mais c'estMai 68 qui radicalise ses engagements. Percevant les événements de mai comme le « soulèvement de vie » d’une jeunesse lasse de la société de consommation, il ressent l’agitation révolutionnaire comme une fête et souhaite même entraîner les manifestants du13 mai à l’assaut de l’Élysée. Cet engagement entraîne son interdiction des plateaux de l'ORTF et son licenciement deRTL où il animait une émission de critique sur la télévision[7].
Au sein duNouvel Observateur, il prend parti pour la direction au nom de la nécessité d’un responsable pour un journal, de la solitude de l’éditorialiste et de la responsabilité individuelle. Mais, à l’extérieur, il se met au service de la contestation la plus radicale au point de quitter son poste de professeur de philosophie au lycée Buffon. La publication de recueils de ses articles duNouvel Observateur et deCombat en1968 (Combat de franc-tireur pour une libération, J.-J. Pauvert) et en1972 (Combat, de la Résistance à la Révolution, Flammarion) illustre bien la prime qu’il donne alors à ses activités journalistiques et à son engagement politique.
Il fréquente alors les milieux maoïstes dont il soutient l’action médiatique en fondant le l’Agence de presse APL avecSartre[7]. Mais cette année est aussi celle qui le voit exploser sur la scène médiatique.Le, au cours de l’émission téléviséeÀ armes égales, où il devait débattre avecJean Royer, il découvre qu’un passage de son reportage où il évoque les sentiments, selon lui ambigus, du présidentPompidou envers la Résistance (il y emploie le mot « aversion »), a été coupé au montage. Outré par ce qu’il considère comme de la censure, il quitte le plateau avec fracas et, s'adressant aux producteurs, leur lance un « Messieurs les censeurs, bonsoir !»[8] qui fera date et la « Une » duNouvel Observateur du. Quelques mois plus tard, sa notoriété se renforce après l’obtention duprix Médicis (1972) pour son romanLe Tiers des étoiles ou on ne sait pas quel ange (B. Grasset, 1972).
Il met cette notoriété au service de militants maoïstes avec lesquels il lance en1973 le quotidienLibération. Versant au journal une partie de ses droits d’auteur, il y publie notamment un feuilleton (15 mai-12 juin). Mais il reste quand même auNouvel Observateur où songaullisme, soncatholicisme et sa proximité avec les « maos » irritent fortement les intellectuels du journal, mais il fascine certains journalistes commeJean Daniel qui, par « sa permanente tentation chrétienne, son gaullisme profond et son goût du syncrétisme était absolument amoureux (intellectuellement) de Clavel[9]».
Par exemple, il défend l’encycliqueHumanæ vitæ – condamnant l’avortement et la contraception – et proclame « Révolution sexuelle piège à cons » () non sans susciter l’approbation de nombreux lecteurs. Croyant « à un salut chrétien par les juifs », il voit en eux le « peuple choisi par Dieu pour que le Christ s’y incarne, y vive, meure et ressuscite[10]» . Persuadé que la volonté de Dieu est perceptible au sein de l’Histoire humaine, sa réflexion dépasse toutefois largement cette question pour s’inscrire dans une opposition philosophique àMarx et àHeidegger.
S’établissant àAsquins (commune voisine deVézelay) à l'automne1975, il est moins présent au journal, y passant seulement pour y déposer son papier hebdomadaire et dîner avec ses amis desnouveaux philosophes. S’il se fait, dansCe que je crois (1975) etDieu est Dieu, nom de Dieu ! (1976), l’ardent défenseur d’une foi catholique retrouvée, il est en phase avec cette mouvance dont il apparaît comme le « parrain », ce queGilles Deleuze commentera en ces termes : « Il y a duDr Mabuse dans Clavel, unDr Mabuse évangélique.Jambet etLardreau, c'est Spöri et Pesch, les deux aides à Mabuse (ils veulent « mettre la main au collet » de Nietzsche)[11]». D'ailleurs, Maurice Clavel accueille souvent lesnouveaux philosophes dans sa maison d'Asquins, en particulierChristian Jambet etGuy Lardreau, justement, qui enseignent à Auxerre. Il apparaît dans l'émission d'Apostrophes « Les nouveaux philosophes sont-ils de droite ou de gauche ? » en 1977, aux côtés deBernard-Henri Lévy et d'André Glucksmann face àXavier Delcourt et àFrançois Aubral qui présentent leur essaiContre la nouvelle philosophie.
Maurice Clavel s'éteint dans sa maison d'Asquins le, d'une crise cardiaque. Il est enterré sous une simple dalle aucimetière de Vézelay dans l'Yonne[12].
En, lors de son passage dans l'émission deTF1Sept sur sept, animée par la journalisteAnne Sinclair, l'archevêque de ParisJean-Marie Lustiger rappela la disparition de Maurice Clavel, cinq ans plus tôt, et qualifia ce dernier de « prophète de notre temps ».
En, pour le10e anniversaire de sa mort, uneJournée d'hommage à Maurice Clavel, organisée par la revueCité rassemblait la plupart de ceux qui avaient partagé ses combats :Luc de Goustine,Philippe Nemo,Jean-Toussaint Desanti,Marie Balmary,André Frossard,Hélène Bleskine,Edgar Morin,Jean-Pierre Le Dantec,Alain Jaubert,Jean-Paul Dollé,Jean Daniel,Roland Castro. La revue organisatrice a ensuite publié un numéro spécial regroupant toutes ces interventions[Note 4].
Le, lecollège des Bernardins (Paris) consacre un de ses « Mardis des Bernardins » à Maurice Clavel. Les intervenants sontJean-Luc Marion, Marie Balmary, le pèrePhilippe Capelle-Dumont et Jean-Louis Vieillard-Baron.