Matthäus Merian est né le à Bâle, fils de Walther Merian. Après ses études au lycée, il apprend le dessin, la gravure sur cuivre et la gravure à l'eau-forte àZurich auprès du graveur sur cuivre Friedrich Meyer. De 1610 à 1615, il étudie et travaille àStrasbourg (chezFriedrich Brentel), àNancy et àParis (chezJacques Callot). En 1615, il réalise à Bâle son grand plan de la ville deBâle.
Après des séjours àAugsbourg etStuttgart (Allemagne) ainsi qu'auxPays-Bas, Merian s'installe àFrancfort-sur-le-Main et àOppenheim (Allemagne), où il travaille pour l'éditeur et le graveur sur cuivreJean Théodore de Bry. De Bry possède un atelier de gravure à Oppenheim et une maison d'édition à Francfort qui prépare alors de grands ouvrages de voyages enExtrême-Orient. En 1617, il épouse la fille de son employeur, Maria Magdalena de Bry, s'installe en 1616 à Bâle, où il acquiert le droit de corporation qui lui permet de devenir indépendant. Après la mort de son beau-père en 1623, il reprend la direction de sa maison d'édition à Francfort. Il acquiert le droit de citoyen de Francfort en 1626 et peut dès lors travailler comme éditeur indépendant. En 1627, il accepte comme apprentiWenceslas Hollar, qui va également devenir un célèbre graveur.
Après le décès de son épouse en 1645, Merian épouse Johanna Sibylla Heim en 1646. Sa première épouse lui donne deux filles et trois fils dont Matthaeus Merian et Caspar Merian qui travaillent tous les deux dans son atelier. Son second mariage lui apporte une fille,Anna Maria Sibylla Merian, qui devient peintre de fleurs et d'insectes. Matthäus Merian meurt des suites d'une longue maladie le àBad Schwalbach près deWiesbaden. Il repose au Peterskirchhof près de Francfort.
Son grand intérêt pour les questions de religion et l'énergie qu'il puise dans son rapport personnel à Dieu sont moins connus que son activité d'éditeur. L'expérience personnelle et émotionnelle à travers l'esprit de Dieu l'intéresse plus que l'Église, la Bible et lessacrements. En 1637, il écrit :« Le simple mortel ne peut comprendre l'esprit de Dieu, il le considère comme une folie et une grande hérésie, et est-il le plus grand savant, est-il enseigné dans toutes les écoles du monde, connaît-il par cœur tous les livres y compris la Bible que cela ne suffit et ne servit pas à son bonheur, le Saint-Esprit lui-même ne pouvant atteindre le plus profond de l'âme. » C'est dans cet esprit que Merian conçoit son blason et son sceau d'éditeur, dans lequel il inscrit la devise« Pietas contenta lucratur » avec, comme animal héraldique, une cigogne.
Parmi son œuvre artistique, il est important de mentionner en particulier les travaux suivants :
Merian reprend et complète également les dernières parties et éditions desGrands et Petits Voyages ouCollectiones peregrinationum in Indiam orientalem et Indiam occîdenlalem, entamés en 1590 par deThéodore de Bry, père deJean Théodore de Bry.
Avec son beau-pèreJean Théodore de Bry, divers ouvrages ésotériques, alchimiques, rosicruciens : les 200 gravures deUtriusque cosmi historia deRobert Fludd (1616-1627), les 50 planches deAtala fugiens deMichael Maier (1618).
Les plus de 250 petits formats de paysages de la région de Bâle (1620-1625).
Les illustrations pour la Bible allemande traduite par Martin Luther (de 1545) ; les gravures sur cuivre réalisées personnellement par Merian sont insérées de manière continue dans le texte biblique ; c'est pourquoi on appelle cette Bible égalementBible de Merian (1625-1630), imprimée chezLazare Zetzner à Strasbourg.
Une Bible illustrée de 159 pages, Ancien et Nouveau Testaments, avec 78 gravures sur cuivre et des textes courts (versets), en latin, allemand et partiellement en français, (Francfort 1627).
Le grand plan à vue d’oiseau de Francfort sur le Main en 4 plaques (1628, plusieurs tirages retravaillés jusqu’en 1771).
LaHistorische Chronik (Chronique historique) avec les textes de Johann Ludwig Gottfried (1629-1632).
L'œuvre en plusieurs volumesTheatrum Europaeum (1629-1650, poursuivie par ses héritiers) sur la topographie européenne et les événements politiques et militaires pendant laguerre de Trente Ans.
La description de tous les royaumes de la terre sous le titre deArchontologica cosmica avec les textes de J. L. Gotfried (1638).
LaTopographia Germaniae, son œuvre maîtresse (à partir de 1642), dont les textes sont écrits par Martin Zeiler (1589-1661), géographe allemand. LaTopographia Germaniae paraît initialement, de 1642 à 1654, en 16 volumes. Après sa mort, son fils Matthaeus Merian reprend son œuvre et ajoute d'autres volumes jusqu'en 1688 avec la description d'autres lieux en Europe, en particulier en France, en Italie et en Crête. L'œuvre complète compte finalement 92 cartes et 1 486 gravures sur cuivre avec 2 142 vues de villes, bourgs, localités, châteaux, et cloîtres répartis sur 30 volumes. Elle comprend également de nombreux plans de ville et cartes ainsi qu'une mappemonde. LaTopographia constitue ainsi la plus grande œuvre de publication de son temps. Les vues reproduites de façon très juste par Merian sont exemplaires au niveau de la perspective et elles constituent souvent les documents fiables les plus anciens sous forme de gravure sur cuivre et eaux-fortes des lieux en question.
LaTotentanz von Basel (Danse de la mort de Bâle) (1644).
Vue de la scierie de la famille Merian dans le Petit Bâle, plume, encre brune, lavis brun et d'indigo, 0,203 x 0,187 m, Paris, Beaux-Arts de Paris, Inv. n°Mas. 384[3],[4].
↑Sous la direction d'Emmanuelle Brugerolles,Dürer et son temps. Dessins allemands de l'École des Beaux-Arts, Beaux-arts de Paris les éditions, 2012,p. 486-489, Cat. 86.