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Après avoir étudié dans des écoles militaires auMali et auSénégal, Mathieu Kérékou sert d'abord dans l'armée française, puis dans l'armée duDahomey, où il obtient le grade de major. Il passe également par l'École de formation des officiers du régime transitoire des troupes de marine de Fréjus (1958-1960)[1]. Il prend le pouvoir lors d'uncoup d'État le, à la suite duquel il fait mettre en prison les trois précédents présidents. En 1975, il renomme le paysrépublique populaire du Bénin et met en place un gouvernementmarxiste-léniniste, surveillé par le Conseil national de la révolution (CNR). Il mène une politique de répression contre tous les opposants au régime et surtout contre lesintellectuels, dont beaucoup ont dû se réfugier à l'étranger. Il entreprend parallèlement une vague denationalisations debanques et de l'industrie pétrolière.
Mathieu Kérékou est une première fois le chef de l'Étatbéninois du au. Le, il prend le pouvoir à la faveur d'uncoup d'État, lorsque l'armée dissout le Conseil présidentiel ainsi que l'Assemblée nationale. Le coup d'État ne fait aucune victime[2]. En1974, il adopte lemarxisme-léninisme comme idéologie officielle de gouvernement, et fonde leParti de la révolution populaire du Bénin, destiné à gouverner en tant queparti unique. Le « marxisme-léninisme » dont se revendique le gouvernement ne connaît cependant pas véritablement de traduction dans la pratique, l'économie étant essentiellement confiée au secteur privé et à des entreprises étrangères[3]. Un an plus tard, le pays abandonne le nom officiel derépublique du Dahomey pour adopter celui derépublique populaire du Bénin.
Ses rapports avec laFrance et les autres gouvernements africains de la région se détériorent en raison du marxisme dont se revendique le régime béninois et du soutien offert auFront Polisario de libération duSahara occidental. Le gouvernement français deValéry Giscard d'Estaing craint une propagation du marxisme en Afrique de l'Ouest et décide de réagir. Il est rejoint parFélix Houphouët-Boigny (Côte d'Ivoire),Gnassingbé Eyadéma (Togo),Joseph-Désiré Mobutu (Zaïre) etHassan II (Maroc), qui, outre l'isolement diplomatique et les tentatives de déstabilisations économiques du Bénin, décident d'organiser une tentative de Coup d'État. Ce sera l'opération Crevette, confiée au mercenaire françaisBob Denard, le 17 janvier 1977, mais elle échoue complètement[4].
Dans lesannées 1980, la situation économique du Bénin devient critique, et le pays doit négocier des accords contraignants, notamment avec leFMI.
Dans le contexte de la mutation démocratique de l'Europe de l'Est, Mathieu Kérékou comprend peu à peu que le temps est venu de procéder à une évolution politique de son pays. Fin 1989, il accepte de convoquer une « Conférence nationale » destinée à établir de nouvelles institutions. Il doit pour cela se libérer des contraintes que font peser sur lui les cadres de son parti.Kérékou est ainsi le premier président du continent à ouvrir la voie aumultipartisme[réf. nécessaire] sous la pression des événements, après avoir dirigé le pays pendant 18 ans de manière autoritaire. En, la Conférence nationale décide de changements drastiques (période de transition d'un an puis élections libres, nomination d'un Premier ministre, etc.). Mathieu Kérékou, le jour de la clôture de la Conférence en accepte toutes les conclusions. Il laisse un pays en mauvais état économique, mais vient de démontrer qu'il avait su engager avec habileté un processus démocratique, le premier en Afrique. Quelques mois plus tard, lors de sondiscours de La Baule, le président françaisFrançois Mitterrand prendra l'exemple du Bénin pour encourager le continent africain à entamer les mutations politiques souhaitables.
Il est battu lors de l'élection présidentielle de 1991 parNicéphore Soglo. Il rencontre un pasteurpentecôtiste, renonce à l'athéisme (ayant été un temps musulman[5]) et adopte la foi chrétienne, après avoir demandé pardon à la nation pour la sévérité de son pouvoir[6]. Il devient par la suite pasteur[7].
Puis, il revient au pouvoir à la suite d'élections démocratiques le ; il est réélu en mars 2001. Il n'a pas pu se représenter à la fin de son mandat en 2006.
Mathieu Kérékou avecJoão de Deus Pinheiro lors de sa visite à la Commission européenne en 1999.
En, il rassemble dans la Convention pour le Bénin du futur une coalition gouvernementale hétéroclite comprenant leParti du renouveau démocratique (PRD) du très libéralAdrien Houngbédji (Premier ministre et porte-parole du gouvernement), et le Front de lutte pour une alternative démocratique en Afrique (Adema) du social-démocrateBruno Amoussou (président de l'Assemblée nationale)[3].
Durant ses deux mandats de 1996 à 2006, le président Kérékou a respecté de manière stricte laséparation des pouvoirs. Ainsi, la liberté de presse sous le général Kérékou a permis au Bénin de se hisser au premier rang au niveau africain, et 25e sur le plan mondial[8]. Contrairement à d'autres chefs d'État africains, sous la pression des médias, des intellectuels et de l'opinion publique, Kérékou n'a pas pu modifier la Constitution qui limite l'âge auquel il est possible d'accéder à la présidence ainsi que de briguer plus de deux mandats. Nicéphore Soglo subit la même contrainte d'âge.
Peu avant le scrutin et après les résultats du premier tour, Kérékou a laissé planer un doute sur sa régularité, non confirmé par les observateurs internationaux, ce qui pourrait laisser suggérer quelques réticences de Kérékou à abandonner le pouvoir. Néanmoins, les élections de se déroulent normalement, et l'élection deThomas Boni Yayi met fin à vingt huit années de pouvoir de Mathieu Kérékou.
Après avoir quitté ses fonctions en 2006, Kérékou reste en dehors de la politique et passe du temps chez lui à Cotonou et Natitingou dans le nord-ouest du Bénin, sa région natale. Il connait une crise de santé en 2014 et est emmené à Paris pour y être soigné. Bien qu'il se soit rétabli, il continue à souffrir de problèmes de santé et il est décédé au Bénin le 14 octobre 2015 à l'âge de 82 ans[9].
↑Président de la république du Dahomey du au, puis président de la république populaire du Bénin du au. Enfin, président de la république du Bénin du au.
Stéphane Bolle, « La conditionnalité démocratique dans la politique africaine de la France »,Afrilex, Revue d’étude et de recherche sur le droit et l’administration dans les pays d’Afrique,(lire en ligne, consulté le).
Cédric Mayrargue, « "Le caméléon est remonté en haut de l'arbre": le retour au pouvoir de monsieur Kérékou au Bénin »,Politique africaine,no 62,,p. 124-131(lire en ligne, consulté le).
Cédric Mayrargue,« Les Élites politiques béninoises au temps du Renouveau démocratique », dans Jean-Pascal Daloz (dir.),Le (Non-) Renouvellement des élites en Afrique subsahérienne, Talence, Centre d'étude d'Afrique noire (Université Montesquieu),, 33-56 p.(ISBN2-908065-48-7).
Camilla Strandsbjerg, « Continuité et rupture dans les représentations du pouvoir politique au Bénin entre 1972 et 2001 : Le Président Mathieu Kérékou Du militaire-marxiste au démocrate-pasteur »,Cahiers d'études africaines,vol. 45,no 177,,p. 71-94(lire en ligne, consulté le).