LeMatenadaran (enarménien :ՄատենադարանÉcouterⓘ, « bibliothèque ») ouInstitut Machtots de recherches sur les manuscrits anciens, est l'un des plus riches dépôts demanuscrits et de documents au monde. Situé àErevan, la capitalearménienne, il compte plus de 17 000 manuscrits et environ 300 000 documents d'archives.
Propriété publique et inscrit auregistre international Mémoire du monde de l'UNESCO, l'Institut, de par ses missions et ses collections, constitue aujourd'hui « un des lieux essentiels de l'élaboration et de la transmission de la mémoire nationale en Arménie[1] ».
L'histoire du Matenadaran moderne remonte, via lematenadaran d'Etchmiadzin (à l'époque Vagharchapat), à405 et à la création de l'alphabet arménien parMesrop Machtots, selon la tradition ;Lazare de Pharbe atteste en tout cas de son existence auVe siècle. Son activité s'intensifie particulièrement à partir de1441 et du transfert duCatholicossat deSis àEtchmiadzin. Les attaques dont fait l'objet la ville auXVIIIe siècle mettent toutefois à mal lematenadaran, pillé pour la dernière fois en1804[4] ; ce n'est qu'à partir de1828 et du rattachement de l'Arménie orientale à laRussie que son développement reprend. En1840 est publié un premier catalogue, préfacé parMarie-Félicité Brosset[5], répertoriant 312 manuscrits ; le second catalogue, de1863, en relève 2 340. En1915 et en conséquence dugénocide arménien en cours dans l'Empire ottoman, lematenadaran voit affluer de nombreux manuscrits en provenance d'Arménie occidentale (en particulier duVaspourakan), mais également deTabriz enPerse ; en même temps, ses collections sont emmenées àMoscou, par prudence, pour ne revenir qu'en1922. Entre-temps, le, lematenadaran est proclamé propriété publique, comme tous les biens de l'Église, par lesnouvelles autorités soviétiques ; sous ce nouveau statut, ses collections s'accroissent par la réception de manuscrits en provenance de Moscou (Institut Lazarev des langues orientales) et deTiflis notamment[6].
En1939, les collections sont transférées d'Etchmiadzin àErevan ; en1959 (le[6]), l'institution désormais connue comme « le Matenadaran » devient « Institut des manuscrits anciens »[7]. À partir de cette date, lecatalogage[8], alors relativement restreint, se poursuit, les éditions se succèdent et un périodique (Le Messager du Matenadaran) est publié[6].
Les manuscrits du Matenadaran couvrent pratiquement tous les domaines de la science et de la culture antique et médiévale d'Arménie : l'histoire, lagéographie, laphilosophie, lagrammaire, ledroit, lamédecine, lesmathématiques, lalittérature et lesminiatures. Ses fonds sont composés de manuscrits, documents d’archives, la bibliothèque et des périodiques[6].
Les collections de manuscrits anciens sont reprises depuis 1997 auregistre international Mémoire du monde de l'UNESCO, sous le nom « Collection de manuscrits anciens du Matenadaran Mashtots »[18].
Propriété publique, l'Institut est en droit arménien une agence (entité exerçant des fonctions et délivrant les services en vertu de la loi) rattachée au Ministère de l'Éducation et des Sciences[19] ; son directeur actuel est Hrachya Tamrazian[20]. Sa mission principale est la collecte, la conservation et l'exploitation scientifique des manuscrits provenant de la bibliothèque duCatholicossat d'Etchmiadzin ou de ladiaspora[7].
fonds manuscrit : ce département est chargé des manuscrits du Matenadaran et gère également une collection supplémentaire demicrofilms de ces manuscrits et d'autres, ainsi que des photocopies, desdiapositives et des catalogues inédits de manuscrits[22] ;
archives : ce département est chargé de la collection d'archives du Matenadaran, notamment celles duSaint-Siège d'Etchmiadzin[23] ;
bibliothèque : ce département gère le fonds de livresimprimés du Matenadaran, qui compte notamment le plus ancien livre imprimé en arménien (Ourbataguik,Venise,1512), ainsi que le premier livre imprimé en Arménie (Livre de prières, Etchmiadzin,1772)[24] ;
périodiques : la gestion de la collection des périodiques de l'Institut revient à ce département[21] ;
salles d'étude : la gestion des deux salles d'étude de l'Institut mises à disposition des chercheurs revient à ce département[25] ;
laboratoire de restauration et dereliure : le laboratoire de ce département, fondé en1939, assure l'entretien et la restauration des manuscrits du Matenadaran ainsi que de ceux d'autres institutions[26] ;
laboratoire des hautes technologies : ce département est chargé de lanumérisation des manuscrits de l'Institut (environ 600 manuscrits traités en2009[27]) et apporte son expertise au laboratoire de restauration et de reliure pour les folios fort endommagés[28] ;
salle d'exposition : les expositions (permanente et temporaires, 50 000 visiteurs par an[29]) du Matenadaran sont gérées par ce département[30].
Le budget du Matenadaran est financé par le gouvernement arménien, ladiaspora (dont lafondation Calouste Gulbenkian) et des donations, privées ou publiques ; leJapon a ainsi offert l'équipement moderne de l'Institut[31].
Les côtés du bâtiment sont ornés dekhatchkars et d'autresstèles. Le hall d'entrée est décoré d'unemosaïque de Hovhannès Khatchatrian représentant labataille d'Avarayr (451), et l'escalier principal d'unefresque entriptyque du même artiste représentant l'époqueurartéenne, la création de l'alphabet, et les précurseurs, notammenthellénistiques, de Machtots. L'étage principal contient une salle exposant descartes de l'Arménie et d'autres documents, une salle de lecture et d'autres salles d'exposition montrant de nombreux manuscrits de la collection[35]. Le Matenadaran est ouvert du mardi au samedi, de 10 à16 h[32].
Avenue Mesrop-Machtots depuis le Matenadaran.
Intérieur du bâtiment.
La nouvelle annexe (architecte : Arthur Meschian).
La version du 12 juillet 2009 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.