Pour les articles homonymes, voirMassacre d'Odessa.
| Massacres d'Odessa | |
Carte de laShoah enTransnistrie. Lesghettos sont marqués avec des étoiles, les massacres avec destêtes de mort rouges. | |
| Date | 22 - |
|---|---|
| Lieu | Odessa,Gouvernorat de Transnistrie |
| Victimes | Juifs,partisans soviétiques,Roms |
| Type | Shoah par balles |
| Morts | 25 000 à 34 000 |
| Auteurs | |
| Ordonné par | Ion Antonescu |
| Motif | Attentat au quartier général roumain de la ville |
| Participants | Auto défense des nationaux |
| Guerre | Seconde Guerre mondiale |
| Coordonnées | 46° 27′ 58″ nord, 30° 43′ 59″ est |
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Lesmassacres d'Odessa de 1941 désignent un ensemble de massacre des populations principalement juives commis dans la région d'Odessa à partir du[1] durant laSeconde Guerre mondiale.
Ces massacres s'inscrivent dans ce que l'historiographie a appelé la « Shoah par balles » qui, après lescamps d'extermination nazis, a fait le plus de morts en Europe ; dans le cas d'Odessa, il y eut plus de quarante quatre mille civils assassinés entre le et le[2]. Par ailleurs, dans les camps duYédisan autour d'Odessa, environ 115 000 Juifs et 15 000 Roms ont été exterminés sur ordre durégime fasciste de Roumanie.

Ils sont commis sur ordre dumaréchal Antonescu, dictateur de laRoumanie fasciste, allié de l'Allemagne nazie de1941 à1944, de son homonymeMihai Antonescu vice-président du Conseil duRoyaume de Roumanie, deGheorghe Alexianu gouverneur deTransnistrie et d'Odessa, et du généralNicolae Macici (ro) commandant duIIe corps de l'Armée roumaine occupant alors cette région de l'URSS, avec la complicité de sept milleAllemands de la mer Noire de la région, formant la milice locale d'auto défense des nationaux[3]. Ion Antonescu aurait déclaré à ce sujet : « Que l’histoire nous considère comme des barbares m’indiffère », ce qui est devenu letitre d'un film mémoriel en2018[4]. Après la guerre, les donneurs d'ordre ont été déclarés « criminels de guerre », jugés et condamnés à mort à Bucarest. Les deux Antonescu et Alexianu furent exécutés en1946, mais Nicolae Macici fut gracié par le roiMichelIer, puis arrêté et rejugé plus tard par lerégime communiste de Roumanie : il mourut en détention en 1950.
Le, lesIVe etVe corps de l'armée roumaine, commandée par le général Nicolae Ciupercă passent leDniestr au niveau deTighina et deDubăsari (« L'Ordre Opératif du Grand État-Major » nr. 31 du). Le plan d'attaque formulé personnellement par le maréchal Antonescu fut désastreux pour l'armée roumaine, qui s'est embourbée durant plusieurs mois, avec de lourdes pertes. Odessa, ayant souffert d'importants dommages, fut finalement prise par les arméesroumaines, alors alliées de l'Allemagne nazie[5].
À cette époque, la plus importante communauté juive d'Union soviétique vivait àOdessa, soit 133 000 personnes d'après le recensement de1926[6]. Dès les premiers jours d'occupation, de nombreux incendies furent allumés et lesjuifs persécutés.

Le, six jours après l'entrée des troupes roumaines àOdessa, des partisans soviétiques font exploser le quartier général roumain de la ville. L'explosion tue le généralIoan Glogojeanu, commandant d'Odessa, 16 officiers, 46 sous-officiers et soldats roumains ainsi que 4 officiers de marine allemands. Les soldats roumains ont échoué dans la capture des véritables auteurs de l'attentat, cachés dans lescatacombes de la ville (aujourd'hui, les catacombes utilisées par les partisans constituent une attraction touristique).Le soir même, le général Antonescu ordonne des représailles implacables contre la population civile, en particulier contre les Juifs, prétendant, conformément à sa propagande, quetous les Juifs sont communistes[7],[8].
Aussitôt, le nouveau commandant d'Odessa, le général Constantin Trestioreanu annonce qu'il va prendre des mesures pour pendreles Juifs et les communistes sur les places publiques. Durant la nuit, 5 000 Juifs sont exécutés, pendus en groupes de trois à cinq victimes à chaque lampadaire le long des boulevards d'Odessa.
Le, 19 000 Juifs sont exécutés et leurs cadavres arrosés d'essence et brûlés[9].
Le maréchal Antonescu donne ensuite l'ordre d'exécuter 200 « communistes » (lire « Juifs ») pour chaque officier victime de la bombe et 100 pour chaque soldat. À ce titre, tous les « communistes » et un membre de chaque famille juive doivent être emprisonnés comme otages.
Antonescu demande que les otages qui ne sont pas encore morts connaissent les mêmes souffrances que les roumains morts dans l'explosion. Le au soir, les Juifs emprisonnés sont transportés en dehors de la ville et fusillés devant des fossés anti-chars par groupes de quarante ou cinquante. L'opération se révélant trop lente, les 5 000 Juifs restants sont enfermés dans trois entrepôts et mitraillés. Puis les entrepôts sont incendiés le, jour de l'enterrement des Roumains victimes de l'attentat du. Quarante mille Juifs sont ainsi tués ce jour-là[10],[11],[12].
Le1er novembre, la ville ne compte plus que 33 885 Juifs, essentiellement des femmes et des enfants qui vivent terrorisés dans le ghetto[13]. Les Juifs d'Odessa et de sa région sont ensuite déportés vers laTransnistrie, à Bogdanovka, Domanevka et Akhmetchetka. Ils sont logés dans des conditions déplorables, entassés dans des ruines, des étables ou des porcheries. Ils souffrent de nombreuses maladies avant d'être massacrés à partir du mois de décembre[14]. Ceux qui n'ont pas encore été déportés le sont par train à partir de. Le, il ne reste plus à Odessa que 703 Juifs[15].
Selon les rapports officiels, les militaires roumains, aidés par les autorités locales, ont abattu entre le et le, jusqu'à 25 000 Juifs et en ont déporté plus de 35 000, dont une bonne partie ont trouvé ensuite la mort[16]. Le rapport fait également état de 50 000 Juifs tués à Bogdanovka, et de plusieurs milliers d'autres à Golta et dans la région avoisinante. LaJewish Virtual Library retient le nombre de 34 000 victimes entre le 22 et le, et le musée américain sur l'Holocauste soutient que« les forces roumaines et allemandes ont tué presque 100 000 juifs à Odessa pendant l'occupation de la cité ». D'autres sources estiment le nombre de personnes tuées enTransnistrie à 115 000 juifs et 15 000Roms[17].
Odessa fut enfin libérée par l'Armée rouge en. Ce fut l'une des quatre premières villes à recevoir le titre deVille Héroïque en1945[18],[19].
Pendant cette période, Ion Antonescu reste paradoxalement en relation avec son ami d'enfanceWilhelm Filderman, président de la Fédération des communautés juives de Roumanie. Le, il se justifie ainsi auprès de lui :« À Odessa, les Juifs avaient poussé les troupes soviétiques à une résistance inutilement prolongée, simplement pour nous infliger plus de pertes[20] ».
Après laSeconde Guerre mondiale, le maréchalIon Antonescu,Mihai Antonescu, vice-président du Conseil duRoyaume de Roumanie, le professeurGrigore Alexianu, gouverneur deTransnistrie et d'Odessa (1941-1943) ainsi que le lieutenant généralNicolae Macici (en) furent traduits devant le « Tribunal du peuple » deBucarest qui les condamna à mort le pour crimes« contre la paix, contre le peuple roumain, les peuples de la Russie soviétique, les juifs, les gitans et autre crimes de guerre », pour avoir provoqué la mort de 500 000 militaires et civils dans la guerre et pour la déportation ou l'exécution de près de 300 000 Juifs roumains ou ukrainiens et 15 000 Roms. Ils ont été fusillés en juin1946 (sauf Macici, gracié par le roiMihaiIer)[21],[22].
Au début des années 1990, sur la place Prokhorovsky à Odessa, à l'endroit même où la route vers la mort dans les camps d'extermination pour les Juifs et les Roms d'Odessa a commencé en 1941, un mémorial a été créé. Une pancarte commémorative a été installée, ainsi que "l'allée desJustes parmi les nations", des arbres plantés en l'honneur de chaque citoyen d'Odessa qui avait hébergé et sauvé les Juifs. Le complexe a été achevé en2004 avec l'érection du monument aux victimes de l'Holocauste à Odessa par le sculpteur Zurab Tsereteli[23],[24]. En 2009 l'ouverture duMusée de l'Holocauste d'Odessa.
http://www1.yadvashem.org/about_yad/what_new/data_whats_new/report1.html#romania
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