| Massacre de Penguerec | |||||
Monument commémoratif du massacre de Penguerec | |||||
| Date | |||||
|---|---|---|---|---|---|
| Lieu | Gouesnou, | ||||
| Victimes | Civilsfrançais | ||||
| Morts | 44 | ||||
| Auteurs | |||||
| Participants | 3e brigade antiaérienne de laKriegsmarine | ||||
| Guerre | Seconde Guerre mondiale | ||||
| Coordonnées | 48° 26′ 33″ nord, 4° 28′ 22″ ouest | ||||
Géolocalisation sur la carte :France Géolocalisation sur la carte :Bretagne (région administrative) Géolocalisation sur la carte :Finistère Géolocalisation sur la carte :Brest | |||||
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Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Lemassacre de Penguerec est uncrime de guerre de laSeconde Guerre mondiale. Il a eu lieu le àGouesnou, près deBrest, dans leFinistère enBretagne.
C’est un cas relativement spécifique dans le pays, par son ampleur (44 victimes), et parce qu'il a été commis par une unité de laKriegsmarine et non de laWaffen-SS, sans préparation majeure contrairement aumassacre d’Oradour-sur-Glane.
Depuis le succès confirmé du débarquement du, notamment lapercée d'Avranches le, les Alliés progressent dans le nord-ouest de la France. Rennes a été reprise le et les troupes avancent pour libérer le reste de la Bretagne. Celle-ci étant une presqu’île et les mers étant sous contrôle allié, les troupes allemandes ne pourront s’échapper.Brest et son port militaire (bâtiments de surface et sous-marins) ont été bombardés mais restent une cible des troupes dePatton, notamment pour le ravitaillement.
Le au matin, les Américains sont annoncés àPlabennec, à moins de 10 km de Gouesnou. Les Allemands, constitués d'éléments de la3e Brigade Marine Antiaérienne, installent des guetteurs dans le point de vue le plus large de la région, sur le clocher de l’église de Gouesnou. Ils confirment la présence des chars américains à Plabennec.
Les résistants locaux, rassurés par l’arrivée prochaine des Alliés, décident alors vers midi d’attaquer le clocher. Ils tuent un soldat et en blessent deux mais sont mis en échec par les Allemands qu’ils ne parviennent pas à déloger de l’église. Les Allemands sont très choqués par cette attaque de « terroristes » et décident alors de réagir.
Des renforts allemands appelés par les troupes situées à Gouesnou arrivent et passent par le lieu-dit de Penguerec, sur la route de Brest à Gouesnou. Arrivés à la ferme Phelep, à Penguerec, ils fouillent la ferme à la recherche de partisans et tuent quatre de leurs occupants. Seuls trois enfants parviennent à s'enfuir. Les soldats arrivent ensuite au centre de Gouesnou, où se situe l'église qui est sécurisée. Il est interdit à quiconque de s'approcher ou de mettre la tête à la fenêtre. Sébastien Le Ven (père) sera ainsi tué alors qu'il tentait de voir ce qui se déroulait.
Les Allemands décident alors de capturer toutes les personnes qu'ils découvrent dans le bourg ainsi que les voyageurs de passage. Ils emmènent ensuite leurs quarante prisonniers, âgés de 16 à 71 ans dont quatre femmes, à Penguerec, à une quinzaine de minutes du centre du bourg, où ils les fusillent tous et mettent le feu aux corps. Il n'y a aucun survivant[1],[2].
La tension est forte jusqu'au soir et le couvre-feu exigé par les Allemands est respecté par tous. Sœur Paul, sœur infirmière, sort pour en savoir plus vers 19 h 30. C'est elle qui découvrira le charnier. Les corps sont difficiles à reconnaître et les victimes seront identifiées grâce à la liste des personnes manquant à Gouesnou. Neuf cadavres resteront non identifiés, il s'agit probablement de personnes en déplacement pour ou depuis Brest.
Le massacre de Penguerec est uncrime de guerre puisqu'il s'agit d'un assassinat de populations civiles que ne justifient pas les exigences militaires.
Par ailleurs, la3e brigade antiaérienne de laKriegsmarine ne présente pas les quatre critères déterminants pour les unités responsables de massacres de masse en France, tels que définis parPeter Lieb : leurs membres sont imprégnés par l'idéologienationale-socialiste, elles ont combattu sur le front de l'Est, se perçoivent comme une unité militaire d'élite et ont déjà participé à des opérations de lutte contre les partisans[3].
Le cas de Penguerec n'est toutefois pas unique ; deux jours auparavant, également en Bretagne, des unités de laWehrmacht assassinent 25 civils àSaint-Pol-de Léon[4] ; le, dans le département de laMeuse, des soldats de la3edivision dePanzergrenadiers fusillent 86 hommes àCouvonges, Robert-Espagne, Beurey-sur-Saux et Magnéville[5]. Comme les massacres commis par la Waffen-SS, notamment àOradour-sur-Glane et àTulle, et même si le contexte est différent, la tuerie de Penguerec suit les principes exigés parHitler et connus commel'ordonnanceSperrle et les ordres du haut commandement de la Wehrmacht[6].
Dans une perspective historique couvrant l'ensemble de laSeconde Guerre mondiale, il faut aussi mentionner lemassacre de Vinkt, perpétré fin par des hommes de la225e division d'infanterie, avec quelque 140 victimes, ou lemassacre de Kragujevac, commis par des membres de la717e division d'infanterie fin. Dans ces deux cas, les critères établis par Peter Lieb, portant sur une période plus tardive, ne sont pas rencontrés et le processus de brutalisation de la Wehrmacht décrit parOmer Bartov, n'en est qu'à ses prémices[7]. Chronologiquement plus proche du massacre de Penguerec et dans un contexte assez conforme aux analyses de Lieb et Bartov, on peut également citer lemassacre de Kalavryta de.
Un monument comportant la liste des victimes connues a été érigé sur le lieu du massacre que, tous les ans, la commune commémore.