Machhad, parfois transcritMashhad,Mechhed ouMéched (enpersan :مشهد,Mašhad,[mæʃˈhæd]Écouterⓘ), est une ville du Nord-Est de l'Iran, capitale de la province duKhorassan-e Razavi, située à plus de 900 km à l'est deTéhéran. Elle est le cœur de la troisième agglomération du pays par le nombre d'habitants et une des plus importantes villes saintes duchiisme. Elle attire entre 20 et 30 millions de pèlerins chaque année. Elle est surnommée laville aux mille visages.
Machhad est connue pour avoir pris de l'importance en tant que centre religieux auIXe siècle, alors que ce n'était encore qu'unvillage, dénommé Sanabad, à 24 km deTus, qui abritait un palais d'été du gouverneur duKhorasan, Hamid Ibn Qhatabi. En809, le califeabbassideHaroun ar-Rachid, qui tentait de mettre fin à une révolte enTransoxiane, meurt et est enterré sous le palais de Hamid Ibn Qhatabi. En818, le huitièmeimamchiite,Ali ar-Rida, meurt enmartyr et est enterré près de la tombe du calife, faisant du village un lieu depèlerinage et un centre économique. En 993, lemausolée de la tombe de l'imam est détruit par le sultanghaznévideSubuktigîn[3], mais reconstruit par son filsMahmûd de Ghaznî, gouverneur du Khorasan[3].
AuXIIIe siècle, Machhad est relativement épargné par lesraids mongols, qui dévastent de nombreuses villes du Khorasan, bien qu'elle ait aussi été pillée[3]. Sa population grandit, attirant les réfugiés des alentours[4]. Le voyageur et juristeIbn Battûta visite la ville en1333, la décrivant comme un grand bourg resplendissant[3].
La ville devient ensuite l'un des grands centres politiques de la dynastie desTimourides, en particulier à partir du règne deShah Rukh, le quatrième fils deTamerlan[3]. Elle atteint son apogée lors du règne desSafavides, qui dominent l'Iran à partir de 1501. Lechah safavideAbbasIer le Grand reconstruit et réaménage la ville à la suite de sa destruction. Le chiisme devient alorsreligion d'État, et les souverains safavides encouragent alors le pèlerinage à Machhad[3].
Outre son importance religieuse, Machhad a également joué un rôle politique indéniable. Elle a connu son ère de gloire sousNâdir Shâh, qui dirigea la Perse de 1736 à 1747 et en fit sa capitale. De la fin duXVIIIe siècle au début duXXe siècle, la ville continua à être l'objet de l'attention du pouvoir politique, mais demeura la cible de quelques raidsturcs,ouzbeks ouafghans[3].
Vue aérienne de Machhad en Iran où eut lieu l'Allahdad.
Bien que principalementmusulmane, Machhad a connu diverses minorités religieuses dont celle de plus de 400Juifs de la ville, qui durent seconvertir de force à l'Islam en1839 lors des événements sanglants d'Allahdad[5]. Bien que reconnus comme « nouveaux musulmans » (Jadid al-Islam), ils conservèrent en secret, à l'instar desmarranes, leurs identité et traditions juives, de crainte d'être plus persécutés encore ; c'est ce qu'on appelle lecrypto-judaïsme[6],[7]. À l'heure actuelle, il n'y a plus de Juif à Machhad.
Machhad abrite le sanctuaire où fut enterré, au début duIXe siècle, l'Imam Reza, le huitième Imam deschiites. C'est un des principaux lieux saints de l'islam chiite. Le tombeau du califeHarun al-Rachid se trouve également dans le sanctuaire. On peut voir, non loin, les ruines de l'ancienne ville deTus.