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Marxisme-léninisme

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(Redirigé depuisMarxiste-léniniste)
Portraits deMarx,Engels,Lénine etStaline lors d'un défilé enRépublique démocratique allemande, en 1953.

Lemarxisme-léninisme est un courant politique se réclamant d'une filiation directe entre lapensée de Marx et l'apport de Lénine[1] à lathéorie révolutionnaire communiste. Apparu après la mort deLénine, il fut jusqu'aux années 1970 l'idéologie officielle de la tendance prépondérante du mouvementcommuniste, des partis et des États alignés sur l'URSS, sur larépublique populaire de Chine ou sur laRépublique populaire socialiste d'Albanie.

L'expression est utilisée pour désigner non seulement l'interprétation dumarxisme par Lénine, mais également la mise en orthodoxie duléninisme parJoseph Staline ; pendant lapériode stalinienne, elle finit par se substituer à celle de léninisme. L'appellation« marxiste-léniniste » désigne alors de manière générale l'idéologie en vigueur et obligatoire enURSS comme dans les partis membres de l'Internationale communiste et, plus spécifiquement, l'interprétationstalinienne de la pensée léniniste, toutes les autres — notamment letrotskisme — étant stigmatisées commehérétiques[2]. Après1945, le marxisme-léninisme devient l'idéologie dont se réclament les autresrégimes communistes, et le demeure après ladéstalinisation. Il connaît cependant, dans son contenu doctrinal, de nombreuses variations au gré des contextes nationaux — lemaoïsme, lehoxhaïsme, comme letitisme se réclament de lui, tout comme lejuche à ses débuts — et des impératifs du moment, la nature de l'orthodoxie pouvant varier en fonction des intérêts des régimes en place.

Le marxisme-léninisme a été la doctrine officielle des pays dubloc de l'Est jusqu'à la fin de laguerre froide. Le marxisme-léninisme continue de faire partie des références de certains partis ou groupes staliniens.

Au sein de la penséemarxiste etcommuniste, certains marxistes se sont montrés critiques et opposés vis-à-vis du marxisme-léninisme, par exemple lescommunistes de conseils.

Origines

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Articles détaillés :Léninisme,Communisme,Marxisme,Socialisme etHistoire du communisme.
Articles connexes :Socialisme scientifique,Matérialisme historique,Matérialisme dialectique,Collectivisme économique,Centralisme démocratique,Internationale communiste etParti communiste de l'Union soviétique.

Le marxisme-léninisme découle duléninisme, nom donnéa posteriori à la pensée deLénine par certains partisans de ce dernier. Lénine juge, dans la brochureQue faire ? (1902), que larévolution a vocation à être organisée en Russie par unparti strictement hiérarchisé et organisé, composé de« professionnels » de l'action politique. Ces derniers constitueraient l'« avant-garde » de laclasse ouvrière : les ouvriers n'ayant pas un sens inné de laconscience de classe et de la théorie révolutionnaire, il appartiendra au parti de la leur apporter, et de susciter lalutte des classes. Lénine préconise l'organisation du parti selon le principe ducentralisme démocratique, qu'il définit comme l'alliance de la« liberté de discussion » et de l'« unité d'action »[3], et qui implique en pratique que les militants observent de manière stricte les consignes d'action, dès lors que celles-ci ont été débattues et décidées au sein des organes de direction du parti[4].

Lénine, qui se considère comme unmarxiste orthodoxe, reprend les grilles d'analyse de l'économie marxiste et dumatérialisme historique[5], tout en adaptant les concepts marxistes au contexte particulier de la Russie. DansL'État et la Révolution, rédigé durant larévolution russe, il aborde la question de l'État et dugouvernement sous ladictature du prolétariat, phase qu'il identifie à celle de lasocialisation de la force du travail[6]. Après le renversement ducapitalisme par le biais d'une révolution violente, lesmoyens de production passeront sous un régime depropriété sociale, c'est-à-dire sous contrôle de l'État, ce qui correspond selon Lénine au stade du« socialisme », c'est-à-dire ducollectivisme économique, ce qui serait la phase« inférieure » de la société communiste. Après ce stade, dont Lénine ne précise pas la durée,l'État disparaîtra progressivement de lui-même, pour aboutir finalement à laphase« supérieure », soit celle de lasociété sans classes et ducommunisme intégral, le mot« communisme » étant ici entendu au sens d'organisation socialeégalitaire, sans État nipropriété privée[7],[8],[9].

Monument à l'effigie deLénine, àMinsk.

Sur le planphilosophique, Lénine se conforme aumatérialisme dialectique, outil d'analyse censé s'appliquer à l'ensemble de la réalité, et s'appliquer aussi bien à la philosophie qu'à la science et à tous les domaines[10]. DansMatérialisme et empiriocriticisme (1909), il affirme la nécessité de« l'esprit departi en philosophie », c'est-à-dire de choisir son camp entre« droite » et« gauche » : la conception léniniste de l'organisation politique, dont les fondements sont la séparation en deux camps radicalement opposés et une stricte discipline du camp révolutionnaire, est donc étendue sur le plan des idées. Pour Lénine, le matérialisme dialectique permet de faire de la représentation en général un reflet de la réalité objective : la pensée humaine est par conséquent capable d'atteindre« la vérité absolue qui n'est qu'une somme de vérités relatives ». Lénine conçoit la penséemarxiste comme étant elle-même d'essencescientifique, lematérialisme ne pouvant qu'être confirmé par les sciences[11],[12].

Lénine, tout en prônant la mise en place d'un régimedémocratique, se positionne à l'encontre de ladémocratie parlementaire et ignore la notion depluralisme[7]. Larévolution d'Octobre, officiellement réalisée au nom desSoviets (conseils ouvriers censés détenir le pouvoir), se solde par un pouvoir sans partage duParti communiste, dont lePolitburo constitue le véritable gouvernement de laRussie soviétique[13]. En1921, Lénine fait voter, lors duXe congrès duParti communiste, une résolution selon laquelle« le marxisme enseigne que seul le parti politique de la classe ouvrière, c'est-à-dire le Parti communiste, est en mesure de grouper, d'éduquer et d'organiser l'avant-garde du prolétariat et de toutes les masses laborieuses ». Alors que Marx n'avait jamais rien écrit de tel, la conception léniniste du rôle dirigeant du Parti est par conséquent élevée au rang d'élément de la « pensée marxiste », consacrant dans les faits le régime duparti unique[14].

La référence à la pensée deLénine - dès lors que ce dernier est écarté par la maladie - devient, pour les dirigeants de l'URSS et duParti communiste -Staline,Trotski,Zinoviev,Kamenev,Boukharine… - une manière d'affirmer leur légitimité dans la perspective de la succession[15],[16].

C'est toutefoisStaline qui s'impose comme gardien officiel de l'orthodoxie léniniste en prononçant en1924, à l'université Sverdlov, une série de conférences sur les« principes du léninisme », dont le texte, clair et accessible à un large public, est ensuite recueilli dans une brochure largement diffusée[16],[17]. Staline est le premier à donner une définition synthétique du « léninisme », qu'il définit comme« le marxisme de l'époque de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne. Plus exactement : le léninisme est la théorie et la tactique de la révolution prolétarienne en général, la théorie et la tactique de la dictature du prolétariat, en particulier ». Contestant le caractère propre à la Russie de la pratique de Lénine, Staline décrète que le léninisme a une portée universelle et doit s'appliquer« de manière obligatoire » à la situation politique de tous les pays, sans exception. Les conceptions de Lénine s'étaient déjà imposées à l'ensemble des partis composant l'Internationale communiste, au détriment des approches« gauchistes » comme lecommunisme de conseils, les autres courants communistes étant exclus ; le léninisme est désormais élevé au rang dedoctrine codifiée de manière rigide[18]. Les schémas d'analyse marxistes, lematérialisme historique et lematérialisme dialectique (intronisé philosophie obligatoire pour tout communiste) sont résumés de manière sommaire, sous forme d'une série de causalités rigides et mécaniques ; le léninisme fait dès lors figure de« prête-nom » pour lestalinisme. Staline publie ensuite d'autres ouvrages : lePrécis d'Histoire du Parti communiste (bolchevik) de l'URSS, réécriture à son profit de l'histoire du mouvement, etLes Questions du léninisme, recueil de textes régulièrement réédité et augmenté de ses réflexions sur les problèmes d'actualité[2],[19].

Évolutions

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Période stalinienne

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Articles connexes :Stalinisme,Histoire de l'URSS sous Staline etMaoïsme.

Le mot« marxisme-léninisme » lui-même apparaît à la fin desannées 1920. En1934, Vladimir Adoratski, directeur de l'institut Marx-Engels-Lénine, présente la« dialectique matérialiste » comme« le fondement théorique du marxisme-léninisme ». Staline lui-même utilise le mot en1937 dansMatérialisme dialectique et matérialisme historique, où il parle du« parti marxiste-léniniste »[1]. Staline prend soin, dans ses écrits, de toujours se référer à Lénine, dont il se présente comme le disciple respectueux. Sa seule innovation théorique tient à l'introduction du concept desocialisme dans un seul pays ; prenant acte de l'absence, dans les pays capitalistes développés, d'un mouvement révolutionnaire qui pourrait soutenir le régime soviétique, Staline préconise, non pas de renoncer à larévolution mondiale, mais de renvoyer celle-ci à plus tard et de se concentrer en premier lieu sur la consolidation des acquis révolutionnaires dans la seule URSS. Staline s'oppose ainsi diamétralement au concept derévolution permanente énoncé parTrotski, qui donne la priorité à l'extension mondiale de la révolution[20],[21]. Le termeléninisme devient le synonyme et le substitut dustalinisme[1], mais est progressivement remplacé dans les usages par celui de marxisme-léninisme, qui désigne alors précisément la mise en orthodoxie du léninisme par Staline[2].Boris Souvarine considère que le marxisme-léninisme n'est qu'une« locution mensongère » créée par Staline« pour camoufler ses agissements monstrueux : elle est en réalité synonyme de stalinisme, véritable antithèse du marxisme et caricature même du léninisme »[22].

Portrait deStaline parIsaak Brodsky.

À partir de1928, l'Internationale communiste est le relais de l'idéologie officielle stalinienne ; après laSeconde Guerre mondiale, tous les partis communistes continuent de se conformer au dogme, revendiquant la qualité de staliniens[2]. Lematérialisme dialectique, décrété philosophie obligatoire pour tout communiste[23] est considéré comme une doctrine à laquelle lessciences elles-mêmes sont subordonnées : la méthode« de Marx, Engels, Lénine, Staline », enseignée dans les universités soviétiques, est décrétée« seule méthode scientifique qui existe »[24]. Unculte de la personnalité, aux accents parfois délirants - et qui se reproduit par la suite avec d'autres dirigeants de régimes communistes - se développe autour de Staline, décrété chef infaillible, paré de tous les vertus et de toutes les compétences, qu'il s'agisse desarts ou dessciences[25],[26]. Au nom d'une vision dogmatique de l'économie et de l'agriculture, Staline met un terme à laNouvelle politique économique décidée par Lénine et lance au tournant desannées 1930 une politique decollectivisation agricole intensive, qui contribue à provoquerune terrible famine en URSS. L'agronomeTrofim Lyssenko, soutenu par le pouvoir soviétique, se fait l'avocat d'une théoriepseudo-scientifique - dite« lyssenkisme » - qui prétend plier à la dialectique marxiste les lois de la nature[27]. L'historienNicholas Riasanovsky souligne qu'outre son caractère de« pseudo-science », le marxisme-léninisme constitue également à plus d'un égard une« pseudo-religion », qui se présente comme une explication totalisante de la réalité, et s'arroge la compétence de décréter, en pratique, ce qui est bien et ce qui est mal, partageant le monde en noir et blanc : dans cette vision de type religieux, leprolétariat joue le rôle duMessie, lasociété sans classes tient lieu deParadis, leParti remplace l'Église, tandis que les œuvres de Marx, Engels, Lénine et, jusqu'à une certaine époque, Staline, font office de« Saintes Écritures »[28].

Le nom de marxisme-léninisme désigne alors l'idéologie du mouvement communiste majoritaire, aligné sur l'URSS, à l'exclusion des dissidences communistes. En effet, si letrotskisme continue de se réclamer du léninisme - dontTrotski se présentait comme l'héritier - il n'utilise pas le terme de marxisme-léninisme ; c'est également le cas d'une autre tendance communiste plus minoritaire, lebordiguisme (du nom de son inspirateur, l'italienAmadeo Bordiga), qui revendique lui aussi la filiation léniniste tout en s'opposant à la politique suivie en URSS[2]. En revanche, le groupe des révolutionnaires communistes d'Autriche fondé en 1935 se réclame du marxisme-léninisme[29].

En Chine, durant l'entre-deux-guerres et dans le contexte de laguerre civile chinoise puis de laguerre sino-japonaiseMao Zedong entreprend d'adapter le marxisme aux réalités chinoises. Mao découvre d'abord les écrits de Lénine, qui ne sont guère traduits en chinois, dans la synthèse fournie par Staline[30]. Le dirigeant communiste chinois élabore successivement les concepts de laguerre populaire, soit la mobilisation de la population chinoise via sa militarisation, et de laNouvelle Démocratie, défini comme un« front uni » rassemblant tous les Chinois adhérant à la cause duParti communiste chinois[31] ; la« pensée Mao Zedong » (oumaoïsme) s'impose progressivement comme l'idéologie officielle du mouvement communiste chinois[32].

Après-guerre, le marxisme-léninisme demeure l'idéologie officielle du mouvement aligné sur l'URSS, le dogme stalinien étant même renforcé au début desannées 1950 : les partis communistes revendiquent alors volontiers la qualité de staliniens[2], tandis que le marxisme-léninisme devient la doctrine de nouveauxrégimes communistes, ceux dubloc de l'Est en Europe. Il arrive également au pouvoir dans des pays asiatiques comme larépublique populaire de Chine et laCorée du Nord. AuViêt Nam, dans le contexte de laguerre d'Indochine, le marxisme-léninisme est lié de manière indissoluble à un discoursnationaliste et aux revendicationsindépendantistes duViệt Minh dirigé parHô Chi Minh. De nombreux dictionnaires descience politique, publiés durant la période de laguerre froide, ne possèdent pas d'entrée au motléninisme et traitent uniquement du marxisme-léninisme, faisant remonter rétroactivement le marxisme de Staline à Marx[19]. Des manuels de marxisme se multiplient, se contentant la plupart du temps de reprendre le contenu duMatérialisme dialectique et matérialisme historique de Staline ; le mouvement communiste mondial se réclame désormais du« marxisme-léninisme-stalinisme »[1].

Période post-stalinienne

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Articles connexes :Titisme,Déstalinisation,Rupture sino-soviétique etAnti-révisionnisme.

Staline meurt en1953 ; en1956,la purge qu'il avait infligée au parti communiste est dénoncée parKhrouchtchev, donnant le coup d'envoi de ladéstalinisation. Il faut cependant attendre leXXIIe congrès duPCUS, en1961, pour que celle-ci soit théorisée : les« errements doctrinaux » de Staline, et notamment sonculte de la personnalité, sont dénoncés au nom du marxisme-léninisme même, suivant une logique qui voudrait que l'URSS en revienne auléninisme, identifié aumarxisme lui-même, donc à l'authentique marxisme-léninisme. Toutes les ambiguïtés de la déstalinisation ne sont cependant pas levées : l'évolution doctrinale du marxisme-léninisme n'empêche pas le maintien de la référence aumatérialisme dialectique (oudiamat), selon la version du dogme édictée dans lesannées 1930 par Staline, ce qui interdit de fait toute déstalinisation de la théorie communiste. La déstalinisation peut également impliquer, chez certains, l'exigence d'une remise à l'ordre du jour de la pratique léniniste[33]. Le programme soviétique de1961 annonce à l'horizon de1980 le passage de l'URSS au stade ducommunisme intégral, au sens originel du terme. Il s'agit là du dernier document officiel soviétique prévoyant officiellement la réalisation du communisme en tant quesociété sans classes ; les successeurs de Khrouchtchev, comme les autres dirigeants du bloc de l'Est, se contentent, tout en se réclamant du communisme en tant qu'idéologie, d'annoncer des évolutions sur le chemin du socialisme[34].

Drapeau de laRépublique démocratique allemande, l'un des pays dubloc de l'Est.

Les interprétations du marxisme-léninisme se multiplient selon les pays, les périodes, et les contextes politiques. Le marxologueKostas Papaïoannou juge en1967 que le marxisme-léninisme est devenu une« idéologie sans doctrine » et une« orthodoxie sans dogme », dépourvue de réel contenu. À ses yeux, l'orthodoxie en vigueur dans les pays communistes n'est plus définie que par les impératifs du moment et en fonction des déviances qu'il s'agit de dénoncer : la doctrine se définit dont négativement, par opposition aux autres, tandis que tous les aspects de la théorie marxiste se trouvent réduits à l'état de« catéchisme primaire à l'usage des agitateurs »[35].

Fidel Castro (Cuba) rencontrantErich Honecker (RDA).

Plusieurs tendances politiques à usage national se développent hors d'URSS, en continuant de se réclamer du marxisme-léninisme. Le« titisme » - pratique politique plus qu'idéologie - en vigueur enYougoslavie après larupture Tito-Staline se distingue principalement, sur le plan économique, par un recours à l'autogestion - dans la réalité, très contrôlée par l'État - des entreprises via desconseils ouvriers, présentée comme un retour aux sources dumarxisme, et sur le plan politique par une organisationfédérale propre à la problématique locale desnationalités yougoslaves[36],[37]. Dans les années 1950-70, de nouveauxrégimes politiques se réclamant du marxisme-léninisme apparaissent aussi bien en Asie que sur le continent américain - avecCuba, oùFidel Castro mâtine l'idéologie marxiste-léniniste detiers-mondiste - ou qu'en Afrique[38],[39]. L'identité marxiste-léniniste est également revendiquée par divers mouvements insurgés, que ce soit en Asie, en Afrique ou enAmérique latine ; durant lesguerres coloniales portugaises, des mouvementsindépendantistes comme leFront de libération du Mozambique et leMouvement populaire de libération de l'Angola se structurent politiquement en l'adoptant. Le marxisme-léninisme est également l'idéologie de référence deChe Guevara, dont la conception révolutionnaire consiste à apaiser les maux del'humanité en appliquant les principes du marxisme-léninisme après les avoir fait triompher par le moyen de laguérilla[40].

Un exemplaire du« Petit Livre rouge » deMao Zedong.

Larépublique populaire de Chine refuse quant à elle ladéstalinisation politique, après l'échec de la« libéralisation contrôlée » des« Cent fleurs » : ellerompt ensuite progressivement avec l'URSS, en revendiquant une position« anti-révisionniste ».Mao développe une vision volontariste de l'organisation économique de la Chine, dans le cadre de la transition vers lesocialisme. La mobilisation du pays entier, dans le cadre duGrand Bond en avant - tentative de militarisation de l'économie qui vise à rattraper le retard économique de la Chine et à passer directement au stade ducommunisme intégral - se traduit par un désastre et unegigantesque famine[41]. Les Chinois s'appuient sur les références auléninisme pour dénoncer le« révisionnisme » des Soviétiques[42]. L'Albanie d'Enver Hoxha, qui partage la même ligne« anti-révisionniste » que la Chine et refuse toute déstalinisation politique ou théorique, rompt également avec l'URSS au début desannées 1960 et s'aligne sur le régime maoïste.Enver Hoxha applique un marxisme-léninisme dogmatique et pousse l'athéisme officiel jusqu'à interdire en1967 toute pratique religieuse en Albanie[43]. Des scissions« pro-chinoises » de divers partis communistes apparaissent sur tous les continents dans les années 1960, à l'image duParti communiste d'Inde (marxiste), duParti communiste du Brésil, duParti communiste d'Italie (marxiste-léniniste), ou duParti communiste marxiste-léniniste de France. Mao, pour sa part, rompt progressivement avec le modèle stalinien d'organisation politique et économique ; en retrait après l'échec du Grand Bond en avant, il entreprend de reprendre le contrôle total de l'État chinois en démantelant l'appareil duParti communiste par le biais de larévolution culturelle, qu'il présente alors comme une lutte contre labureaucratie[41],[44].

En Asie, lemaoïsme, qui combine à la dimensiontiers-mondiste un effort de renouvellement théorique, influence divers mouvements, dans des contextes très divers : lesKhmers rouges auCambodge, ainsi que les PCmalais,thaïlandais etbirmans. LeParti communiste d'Inde (marxiste) et leParti communiste japonais rompent quant à eux avec la Chine devant les excès de la révolution culturelle ; en Inde, lesmaoïstes de stricte obédience, ou« naxalistes » -provisoirement réunis au sein d'une nouvelle scission, leParti communiste d'Inde (Marxiste–Léniniste), qui éclate ensuite en de multiples groupes - lancentune insurrection armée, qui se prolonge encore de nos jours. En Occident, dans les années 1960-70, de nombreux groupes apparaissent en revendiquant l'influence du maoïsme - ou du« marxisme-léninisme-maoïsme » - comme leParti communiste d'Allemagne/Marxistes-léninistes, l'Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes, laGauche prolétarienne ou leParti communiste révolutionnaire américain. Certaines de ces organisations vont jusqu'à appliquer leurs consignes delutte armée en se livrant à desattentats. L'influence du maoïsme décroît cependant très vite en Occident, après la mort de Mao et le choix duréformisme sousDeng Xiaoping[45]. En Chine, l'idéologie maoïste, tout en continuant de faire partie des références officielles du régime, est vidée de l'essentiel de sa substance et subsiste surtout sous la forme d'une pratique politique autoritaire[46]. L'Albanie, quant à elle,rompt avec la Chine à la fin des années 1970 en faisant le choix de l'isolement politique et du maintien d'une stricte orthodoxie stalinienne. Un certain nombre de partis anciennement maoïstes - qui sont pour la plupart des groupuscules - refusent l'évolution de la Chine et constituent un courant stalinien dit« pro-albanais » (ou« hoxhaïste »)[47].

Drapeau duParti communiste du Népal (marxiste-léniniste unifié).

En Europe, durant lesannées 1970, différents partis communistes prennent leurs distances avec le marxisme-léninisme durant la période dite de l'Eurocommunisme : plusieurs partis, comme leParti communiste français et leParti communiste d'Espagne, cessent ainsi d'y faire référence dans leurs statuts, afin de souligner leur volonté de rénovation politique. L'initiative de l'Eurocommunisme tourne cependant court et n'empêche pas le PCF, au contraire duParti communiste italien qui prend quelque distance, de demeurer aligné sur l'URSS[48],[49].

Le marxisme-léninisme demeure l'idéologie officielle de l'URSS et de ses alliés dubloc de l'Est durant la période de laperestroïka mise en place parGorbatchev : le dirigeant soviétique multiplie les déclarations de fidélité au marxisme-léninisme, tout en adoptant un discours se voulant anti-dogmatique et humaniste, et en affirmant sa volonté de remettre à l'ordre du jour les notions léninistes en matière de tactique et de stratégie[50]. Le marxisme-léninisme demeure la référence idéologique au sein du monde communiste jusqu'à l'écroulement des régimes européens, qui se déroule entre1989 et1992. Il est également abandonné à partir de 1989, conjointement avec le système departi unique, dans plusieurs pays communistes non européens comme laMongolie, leCambodge et l'ensemble des régimes africains[51]. Le marxisme-léninisme demeure aujourd'hui revendiqué par de nombreux mouvements, d'importance très inégale, à l'image duParti marxiste-léniniste italien, duParti marxiste-léniniste d'Allemagne, duParti communiste d'Espagne (marxiste-léniniste) ou duParti communiste révolutionnaire de Côte d'Ivoire. En France, différents groupes ont scissionné duPCF dans lesannées 2000, en continuant de se réclamer des principes marxistes-léninistes, à l'image duPôle de renaissance communiste en France ou Communistes (actuel Parti révolutionnaire Communistes). Des groupes« hoxhaïstes », voire tout simplementstaliniens, continuent par ailleurs d'exister : l'ancien courant« pro-albanais » se réunit au niveau international au sein de laConférence internationale des partis et organisations marxistes-léninistes (Unité et lutte)[52] tandis que laConférence internationale des partis et organisations marxistes-léninistes (correspondance de presse internationale) regroupe des organisations maoïstes. Subsistent également desguérillas d'obédience maoïste, comme lesnaxalites enInde, leSentier lumineux auPérou ou laNew People's Army auxPhilippines. AuNépal, deux partis se réclamant du marxisme-léninisme, leParti communiste unifié du Népal (maoïste) — qui a mené durant plusieurs annéesune guerre civile contre la monarchie, avant de choisir la voie politique — et leParti communiste du Népal (marxiste-léniniste unifié), ont participé au gouvernement depuis la fin desannées 2000[45],[53] : malgré son nom et son idéologie officielle, le Parti communiste du Népal (marxiste-léniniste unifié) est cependant considéré, à la différence du parti maoïste népalais, comme un particentriste[54]. Ils fusionnent en 2018 pour former leParti communiste du Népal[55].

Le marxisme-léninisme est l'idéologie officielle enrépublique populaire de Chine[56], auViêt Nam[57] et auLaos[58]. EnCorée du Nord, la mention du marxisme-léninisme a été supprimée dans la constitution de1992[59] ; des mentions continuent d'en être faites en tant que« prémisse idéologique et théorique » dujuche, l'idéologie à usage national créée parKim Il-sung[60].

Le marxisme-léninisme est l'idéologie officielle àCuba où il est mêlé aux idées deJosé Martí[61]. Lors du huitième Congrès duParti communiste cubain, du 16 au, les références au marxisme-léninisme disparaissent dans le rapport central du congrès mais aussi par l'absence d'images de Marx, Engels et Lénine dans les locaux du congrès[62].

Courants marxistes opposés au marxisme-léninisme

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De nombreux courants marxistes s'opposent au « marxisme-léninisme » depuis son apparition. C'est le cas de la part de courants non-léninistes ou anti-léninistes (luxemburgisme,communisme de conseils,marxisme libertaire,marxisme autogestionnaire,austromarxisme), mais aussi de courants léninistes (trotskisme,bordiguisme,damenisme).

Les courants au sein de laGauche communiste s'oppose au marxisme-léninisme et au stalinisme.

Les communistes de conseils

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Lesconseillistes, ou "communistes de conseils", émettent de fortes critiques sur la stratégie révolutionnaire marxiste-léniniste. Lescommunistes de conseils allemands et hollandais critiquent la vision léniniste et bolchevique du parti et de ladictature du prolétariat en Union soviétique dès les années 1920. Par exemple,Anton Pannekoek est un conseilliste considérant que la dictature du prolétariat s'incarne par lesconseils (de travailleurs). S'il y a éventuellement des élections, alors les élus sont des délégués révocables à tout instant (mandat impératif).

Anton Pannekoek, penseur marxiste ducommunisme de conseils.

Les conseils, dès le début de la révolution, contribuent audépérissement de l'État. Les conseils sont en même temps le garant de la montée du communisme dans le processus révolutionnaire. Contrairement à la logique de Lénine optant pour un parti d'avant-garde de professionnels révolutionnaires prenant le contrôle de l'appareil d'État, Pannekoek considère que ce qui doit organiser la révolution sous la dictature du prolétariat sont les conseils ouvriers démocratiques :

« L'organisation conseilliste incarne la dictature du prolétariat. Il y a plus d'un demi-siècle, Marx et Engels ont expliqué comment la révolution sociale devait amener la dictature du prolétariat et comment cette nouvelle expression politique était indispensable à l'introduction de changements nécessaires dans la société. Les socialistes qui ne pensent qu'en termes de représentation parlementaire, ont cherché à excuser ou à critiquer cette infraction à la démocratie et l'injustice qui consiste selon eux à refuser le droit de vote à certaines personnes sous prétexte qu'elles appartiennent à des classes différentes. Nous pouvons voir aujourd'hui comment le processus de la lutte de classes engendre naturellement les organes de cette dictature : les soviets [donc les conseils]. »[63]

Pour les conseillistes duGroupe des Communistes internationaux (néerlandais) :« Ce qui existe en Russie est un capitalisme d’État. Ceux qui se réclament du communisme doivent aussi attaquer ce capitalisme d’État[64] ».« Le bolchévisme, capitalisme d’État et dictature des bureaucrates » selon le marxiste conseillisteOtto Rühle[65].

Lemarxologue et communiste de conseilsMaximilien Rubel considère que la vision et la position de Lénine sur la dictature du prolétariat est à l'origine dustalinisme, et est donc une trahison de la pensée de Marx. Notamment, Rubel s'appuie et critique un texte de Lénine intitulé "Les tâches immédiates du pouvoir des Soviets" (1918) pour affirmer cette préfiguration du stalinisme, particulièrement sur l'expression de "dictature personnelle" qu'emploie Lénine[66].

Ces analyses sont reprises par la suite par différents courants communistes, et dans lesannées 1960 par de nouveaux courants marxistes comme lesconseillistes de l’Internationale situationniste.

Notes et références

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  1. abc etdLabica et Bensussan 1985,p. 716
  2. abcde etfCourtois 2007,p. 348
  3. Colas 1987,p. 13-31
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Voir aussi

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Articles connexes

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Emblème duParti communiste de l'Union soviétique.
Emblème duParti socialiste unifié d'Allemagne, le parti au pouvoir enRDA.

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