Sa biographie provient essentiellement de laVita sancti Martini (Vie de saint Martin) écrite en 396-397 parSulpice-Sévère, récit qui devient aussitôt et pour de longs siècles un archétype admiré et souvent imité de l'hagiographie occidentale[4]. Puis Sulpice ajoute des lettres, en particulier pour évoquer la mort de Martin, et un autre livre, leGallus ou Dialogues sur les vertus de Martin, recueil demiracles accomplis par le saint[5]. Cette littérature hagiographique est à manier avec précaution : en partie légendaire et archétypale[Note 2], elle contient cependant des éléments éminemment historiques[6].
Selon l'Histoire des Francs deGrégoire de Tours, Martin naît en l'an316[Note 3] enPannonie, dans la cité de Sabaria[Note 4], l’actuelle ville deSzombathely, en Hongrie. Toutefois, selonSulpice-Sévère, il serait né en336, date qui fait moins consensus chez les historiens[8] : l'hagiographe introduit une date plus tardive probablement pour réduire la durée du service militaire de Martin, une longue carrière dans l'armée interdisant d'accéder à une haute fonction ecclésiastique et étant peu compatible avec la volonté de son biographe de le présenter comme unexemplum[Note 5].
Son père était untribun militaire de l'Empire romain[Note 6], c'est-à-dire un officier supérieur chargé de l’administration de l'armée (ce n'est probablement pas un hasard si le nom de Martin signifie « voué à Mars »,Mars étant le dieu de la guerre à Rome). Martin suit son père àPavie (enItalie du Nord) lorsque ce dernier y est muté. À l'école, l'enfant est vraisemblablement en contact avec deschrétiens en cette époque marquée par le développement duchristianisme[9]. Vers l’âge de dix ans, il veut se convertir à cette religion, car il se sent attiré par le service du Christ[Note 7].
En tant que fils demagistrat militaire, Martin suit son père au gré de ses affectations de garnison ; il est pour ainsi dire héréditairement lié à la carrière de son père, voué auculte impérial. Ce père est irrité de voir son fils tourné vers une foi nouvelle : alors que l'âge légal de l’enrôlement est de dix-sept ans, il force son fils de quinze ans à entrer dans l’armée[Note 8]. Il est probable que Martin se soit laissé convaincre pour ne pas nuire à la position sociale de ses parents, tant sa vocation chrétienne est puissante.
Il n’en reste pas moins vrai que ce n’est pas comme simple soldat que Martin entre dans l’armée romaine : en tant que fils de vétéran, il a le grade decircitor[10] avec une double solde. Lecircitor est chargé de mener la ronde de nuit et d’inspecter les postes de garde de la garnison. Le jeune homme possède à l'époque unesclave, mais, selon seshagiographes, il le traite comme son propre frère.
La scène de la charité de Martin, la plus célèbre de laVita Sancti Martini deSulpice-Sévère, fait partie de la légende hagiographique[11].
Affecté enGaule, àAmiens, un soir de l’hiver334[Note 9] le légionnaire Martin partage son manteau militaire (lachlamyde, faite d'une pièce de laine rectangulaire) avec un déshérité transi de froid, car il n’a déjà plus de solde après avoir généreusement distribué son argent[Note 10]. La nuit suivante leChrist lui apparaît en songe vêtu de ce même pan de manteau[Note 11]. Il a alors18 ans[Note 12]. Le reste de son manteau, appelé « cape » sera placé plus tard, à la vénération des fidèles, dans une pièce dont le nom est à l'origine du motchapelle[Note 13],[12] (cappella en italien,chapel en anglais,Kapelle en allemand).
C’est aussi le temps où lesgrandes invasions germaniques se préparent ; lesBarbares sont aux portes de l’empire ; depuis longtemps déjà les milices auxiliaires des légions sont composées de mercenaires d’origine germanique. En, Martin participe à la campagne sur leRhin contre lesAlamans àCivitas Vangionum enRhénanie[Note 14] ; ses convictions religieuses lui interdisent de verser le sang et il refuse de se battre[Note 15]. Pour prouver qu’il n’est pas un lâche et qu’il croit à laprovidence et à la protection divine, il propose de servir debouclier humain. Il est enchaîné et exposé à l’ennemi mais, pour une raison inexpliquée, les barbares demandent la paix[Note 16]. Il s'agit d'un récit "miraculeux" tels qu'ils seront abondamment développés sept cents ans plus tard dansLa Légende dorée de Jacques de Voragine. Le genre fut d'une grande popularité durant tout le Moyen Âge.
Selon Sulpice-Sévère, Martin sert encore deux années dans l'armée[Note 17],[13], une unité d’élite de la garde impériale dont il fut membre pendant20 années ; cela porterait la durée totale de son service à25 ans, durée légale dans les corps auxiliaires de l’armée romaine, puis il se fait baptiser àPâques toujours en garnison àAmiens[14],[15] ; cette époque est un temps de transition, la fin d’un règne et le début d’un autre règne où tous, même les soldats, sont pénétrés par les idées nouvelles.
Saint Martin renonce à sa vie militaire et de chevalier, par le peintre italienSimone Martini.
En356, ayant pu quitter l’armée il se rend àPoitiers pour rejoindreHilaire[Note 18], évêque de la ville depuis350. Hilaire a le même âge que lui et appartient comme lui à l’aristocratie, mais il a embrassé la foi chrétienne tardivement et il est moins tourné vers lamortification et plus intellectuel ; l’homme lui a plu cependant et il a donc décidé de se joindre à lui.
Son statut d’ancien homme de guerre empêche Martin de devenirprêtre : aussi refuse-t-il la fonction dediacre que lui propose l’évêque. Martin, tel les prophètesthaumaturges Élie et Élisée, se voit attribuer un pouvoir de thaumaturge — il ressuscite un mort et opère de nombreuses guérisons — doublé de celui d'unexorciste[Note 19]. Au cours du même voyage, il rencontre le Diable[16].
Dans la région des Alpes, il est un jour attaqué par des brigands. L'un des voleurs lui demande s'il a peur. Martin lui répond qu'il n'a jamais eu autant de courage et qu'il plaint les brigands. Il se met à leur expliquer l'Évangile. Les voleurs le délivrent et l'un d'eux demande à Martin de prier pour lui[16].
La chrétienté est alors déchirée par des courants de pensée qui se combattent violemment et physiquement ; lesariens sont les disciples d’un prêtre,Arius, qui nie que le Christ soit Dieu fils de Dieu au contraire destrinitaires de l’Église orthodoxe ; à cette époque les ariens sont très influents auprès du pouvoir politique. Alors qu'Hilaire, un trinitaire, victime de ses ennemis politiques et religieux, tombe en disgrâce et est exilé, Martin est averti « en songe » qu’il doit rejoindre ses parents enIllyrie afin de les convertir[Note 20]. Il réussit à convertir sa mère mais son père reste étranger à safoi[Note 21] ; cette position peut du reste n’être que tactique, le père essayant de défendre son statut social privilégié.
En Illyrie, c’est la foi arienne qui est la foi dominante et Martin, qui est un fervent représentant de la foi trinitaire, doit sans doute avoir de violentes disputes avec les ariens, car il est publiquement fouetté puis expulsé. Il s’enfuit et se réfugie àMilan, mais là aussi les ariens dominent et Martin est à nouveau chassé[Note 22]. Il se retire en compagnie d'un prêtre dans l’îledéserte de Gallinara, non loin du port d'Albenga et se nourrit de racines et d’herbes sauvages[Note 23]. Martin s’empoisonne accidentellement avec de l’hellébore et il s’en faut de peu qu’il ne meure[Note 24].
En360, avec les canons duconcile de Nicée, lestrinitaires regagnent définitivement leur influence politique et Hilaire retrouve son évêché. Martin en est informé et revient lui-même àPoitiers[Note 25].
Alors âgé de44 ans, il s’installe en 361 sur un domainegallo-romain qu'Hilaire lui indique près de Poitiers. Martin y crée un petitermitage[Note 26], que la tradition situe à 8 km de la ville : l’abbaye de Ligugé[17],[18], où il est rejoint par des disciples. Il y crée la première communauté demoines sise enGaule. Ce premiermonastère est le lieu de l’activité d’évangélisation de Martin pendant dix ans. Il accomplit ses premiers miracles et se fait ainsi reconnaître par le petit peuple comme un saint homme[19].
Reliquaire (fin duXIVe siècle) ; réputé abriter la tête de saint Martin, originellement exposé dans l’église deSoudeilles, aujourd’hui conservé auLouvre.
En371 àTours, l’évêque en place Lidoire vient de mourir ; les habitants veulent choisir Martin mais celui-ci s’est choisi une autre voie et n’aspire pas à l'épiscopat. Les habitants l’enlèvent donc et le proclament évêque le sans son consentement[Note 27] ;Martin se soumet en pensant qu’il s’agit là sans aucun doute de la volonté divine[réf. nécessaire] (un cas identique de contrainte face à un non-consentement se reproduira en 435 pourEucher de Lyon).
Les autres évêques ne l’aiment guère car il a un aspect pitoyable dû aux mortifications et aux privations excessives qu’il s’inflige, il porte des vêtements rustiques et grossiers[Note 28].
Le monastère est construit en bois ; Martin vit dans une cabane de bois dans laquelle il repousse les« apparitions diaboliques et converse avec les anges et les saints » :c’est une vie faite d’un courage viril et militaire[réf. nécessaire] que Martin impose à sa communauté.
Tout ce monde voyage à travers les campagnes à pied, à dos d’âne et par laLoire ; car Martin est toujours escorté de ses moines et disciples, sans doute en grande partie pour des raisons de sécurité car il ne manque pas de voyager très loin deTours. Ailleurs l’autorité de l’évêque est limitée à l’enceinte de la cité, avec Martin elle sort des murs et pénètre profondément à l’intérieur des terres. Martin semble avoir largement sillonné le territoire de laGaule ; là où il n’a pas pu aller, il a envoyé sesmoines.
À cette époque les campagnes sontpaïennes, il les parcourt donc faisant détruire temples etidoles. Il fait par exemple abattre unpin sacré[Note 31].
Il prêche avec efficacité les paysans, forçant le respect par l’exemple et le refus de la violence. Il prêche par la parole et par sa force, il sait parler aux petits et il utilise à merveille la psychologie par sa connaissance des réalités quotidiennes et l'utilisation deparaboles simples que le petit peuple comprend, tel que le Christ le faisait : ainsi il dit d’unebrebis tondue« qu’elle accomplit le précepte de l’évangile basé sur le partage »[21].
Marmoutier sert de centre de formation pour l’évangélisation et la colonisation spirituelle des campagnes ; c’est pour l’essentiel la première base de propagation duchristianisme enGaule.
Martin de Tours est présent àTrèves lorsque les évêques d’EspagneHydace(es) etIthace demandent à l'empereur Maxime la condamnation dePriscillien[23],[20]. Celui-ci est condamné (pour motifs civils) au chef de magie[23]. Rejoint parAmbroise de Milan (délégué par le jeune empereurValentinien II), Martin demande la grâce pour Priscillien[23]. Bien qu’Ambroise, menacé de mort par l’empereur, ne le soutienne pas, Martin obtient que les disciples de Priscillien ne soient pas poursuivis[20]. Le papeSirice s’élèvera contre les procédés de Maxime[Note 32].
Par la suite, Martin de Tours refusa toujours de participer aux assemblées épiscopales, ce qui, avec ses efforts pour sauver de la mort Priscillien, le fit suspecter d’hérésie. L’empereurThéodoseIer déclara nulles les décisions de Maxime dans cette affaire ; Ithace sera déposé quelques années plus tard et Hydace démissionnera de lui-même de sa charge[23],[20].
Marmoutier comptait 80 frères vivant en communauté, issus pour la plupart de l’aristocratie ce qui permettait à Martin de jouir d’une grande influence et de se faire recevoir par les empereurs eux-mêmes. Il existe désormais une complicité entre les empereurs et les évêques, entre le pouvoir de la nouvelle foi et le pouvoir politique. Mais cela n'empêche pas Martin, à la table de l'empereur, de servir en premier le prêtre qui l'accompagne et d'expliquer que le sacerdoce est plus éminent que la pourpre impériale.
Un jour, voyant des oiseaux pêcheurs se disputer des poissons, il explique à ses disciples que les démons se disputent de la même manière les âmes des chrétiens[24]. Et les oiseaux prirent ainsi le nom de l'évêque ; ce sont lesmartins-pêcheurs.
Au soir de sa vie, sa présence est requise pour réconcilier des clercs àCandes-sur-Loire, à l'ouest de Tours ; l'urgence de l'unité de l'Église fait que malgré sa vieillesse, il décide de s'y rendre[Note 33],[25]. Son intervention est couronnée de succès, mais, le lendemain, épuisé par cette vie de soldat du Christ, Martin meurt à Candes, à la fin de l’automne, le sur un lit de cendres comme mouraient les saints hommes. Au moment de sa mort, les personnes qui l'entourent rapportent avoir vu son corps paraître blanc comme neige[26].
Tombeau de Saint Martin
Disputée entrePoitevins etTourangeaux, sa dépouille est subtilisée par ces derniers qui, selon la tradition locale, auraient volé son corps en le passant par une fenêtre. Ils le ramènent engabarre sur laLoire jusqu'àTours où il est enterré le11 novembre dans le cimetière chrétien extérieur à la ville après une halte en un lieu où sera plus tard construite lachapelle du Petit-Saint-Martin. Son tombeau devient dès lors un lieu depèlerinage couru de tout le pays. SelonGrégoire de Tours, l'évêqueBrice (lat. Brictius) fait construire en437 un édifice en bois pour abriter le tombeau et le manteau (chape) de Martin, appelé pour cette raison chapelle. Constatant le rayonnement de ce sanctuaire, l'évêque Perpétuus fait construire à la place la premièrebasilique Saint-Martin hébergeant le tombeau de Martin, dont la dédicace a lieu le 4 juillet470[27].
Une légende veut que les fleurs se soient mises à éclore en plein novembre, au passage de son corps sur laLoire entre Candes et Tours. Ce phénomène étonnant donnera naissance à l’expression « été de la Saint-Martin[Note 34] ». Son successeur estBrice, un de ses disciples.
L'oratoire est remplacé par une collégiale en 818, reconstruite et agrandie après les raidsvikings en 1014 puis par Hervé de Buzançay après le grand incendie de Tours de 1203 : labasilique Saint-Martin de Tours devient un lieu de pèlerinage dû à l'exposition des os du saint, mis dans une châsse d'or par les soins deCharles VII en 1424. Mais, progressivement, la désaffectation et la vétusté des locaux, aggravées par les destructions au cours des guerres de Religion, en particulier par leshuguenots en 1562[29], aboutissent à l'écroulement de la voûte en 1797 et à la démolition de la basilique au début duXIXe. Le percement de nouvelles rues ne laisse en place que les toursde l’Horloge et deCharlemagne, qui elle-même s'effondrera en 1928.Enfin, une nouvelle basilique, plus petite, a été reconstruite de 1886 à 1924.
Borne, àCandes-Saint-Martin, de balisage de lavia sancti Martini, chemin depèlerinage lié au culte de saint Martin. Son inscription signifie : « Doyenné de Saint-Martin ».
L'importance historique de Martin de Tours, admiré par ses proches (Sulpice Sévère, Paulin de Nole) qui l'ont pris pour modèle, tient surtout au fait qu'il a créé les premiers monastères en Gaule.
La place prise par le culte de Martin dans la liturgie et la littérature pieuse est surtout due à l'action dePerpetuus († vers 490), avec unIndiculus des miracles qu'il a fait versifier parPaulin de Périgueux et deGrégoire de Tours († 594), qui de même dressa une liste des miracles qu'il fit mettre en vers parVenance Fortunat[Note 35]. Le choix de Martin de Tours commesaint patron du royaume des Francs et de ladynastie desMérovingiens date de Clovis[30].
Lacape de saint Martin de Tours, qui fut envoyée comme relique à lachapelle palatine d'Aix-la-Chapelle pour Charlemagne, est elle-même à l'origine du mot « chapelle », c'est-à-dire l'endroit où l'on gardait la « c(h)ape » du saint qui était emportée lors des batailles et portée en bannière. L'iconographie représente le plus souvent une cape rouge, parfois bleue, à tort car lors de cet épisode à Amiens, il est revêtu de la « chlamyde » blanche que porte tout cavalier de la garde impériale[31]. Cette cape serait aussi à l'origine du mot « Capet », nom de la dynastie des rois de France : Francs capétiens[32],[33].
Né dans l'anciennePannonie, Martin de Tours voit son culte s'implanter dans sa ville natale grâce à Charlemagne. Après une campagne contre lesAvars en 791, ce dernier se rendit àSabaria pour y honorer le lieu de naissance du saint[34]. Plus tard à la fin duIXe siècle quand les Hongrois se convertirent au christianisme,ÉtienneIer, s'efforçant de consolider la structure de l'État monarchique, demanda l'aide de saint Martin, selon la chronique, avant la bataille contre son onclepaïenKoppány. Il fit vœu de renforcer son culte en Hongrie[34]. Après ladéfaite de Mohács (1526) et le choix dePresbourg comme nouvelle capitale, lechâteau et lacathédrale Saint-Martin devinrent les symboles du pouvoir royal[34].
Selon la légende, en effet, saint Martin portant la bonne parole sur les côtes flamandes, aurait perdu son âne parti brouter ailleurs, alors qu’il tentait d’évangéliser les pêcheurs d'un petit village, futurDunkerque. À la nuit tombée, les enfants du pays se mettant à sa recherche, avec force lanternes, l'ont retrouvé dans les dunes, en train de manger des chardons et desoyats. Pour les remercier, saint Martin a transformé toutes les petites crottes de l’âne en brioches à la forme particulière, que l'on appellefolard (Voolaeren, et flamand occidental), oucraquandoules.
Bien que commémoration chrétienne, en Flandre, la Saint-Martin est comme Noël fêtée dans les écoleslaïques. Dans les cantons de l’Est également il reste, comme enAllemagne, un saint très populaire dont la fête donne lieu à des réjouissances similaires à celles qu'on trouve en Flandres.
Saint très populaire en Belgique où, rien qu’enWallonie, près de 500 églises et chapelles lui sont consacrées. Martin est aussi depuis 1579 le patron des arquebusiers àVisé en province de Liège, lesquels le fêtent toujours depuis l'origine de leur guilde[35]. Les francs arquebusiers dégustent l’oie de la Saint-Martin le 11 novembre lors d’un repas particulier ; l'oie est en outre la spécialité culinaire de la ville de Visé, où on la prépare avec une sauce blanche à l'ail depuis des siècles. On fête également saint Martin dans le Nord du pays dans les Flandres ainsi que dans les cantons jadis prussiens et comprenant des communes commeEupen (germanophone) ouMalmedy (francophone).
Martin est le patron de la ville deVevey, qu'il aurait traversée lors de ses périples. Une foire annuelle d'automne a lieu le mardi le plus proche du 11 novembre, jours de sa fête dans le calendrier catholique. Cette foire existe depuis plus de cinq siècles[36].
La fête de la Saint-Martin est aussi une fête gastronomique célébrée enAjoie dans lecanton du Jura.
Cette date tombe à la fin des récoltes, et, autrefois, les gens se rendaient avec des torches sur une place, où ils faisaient un grand festin, éclairés par un grand feu. EnAllemagne et enAutriche la Saint-Martin, symbole de partage, est toujours célébrée par des retraites au flambeau dans les rues, leslampions étant généralement portés ou même confectionnés par les enfants. On organise aussi des feux de joie. C’est une fête de la lumière. Certains enfants vont de maison en maison demander des bonbons aux voisins dans leur quartier, en échange d'une chanson. Les villes sont parfois décorées de lampions le soir et des foires commerciales coïncident avec l’événement[38]. Le plat traditionnel est uneoie rôtie (MartiniGansl enAutriche), volaille qui est grasse à point début novembre et qui rappelle la légende selon laquelle les oies auraient dénoncé le saint homme qui s'était caché au milieu d'elles, ne voulant pas être fait évêque de Tours. On prépare aussi certaines sucreries, comme lesWeckmänner, appelés aussiStutenkerle, ou lesMartinsbrezeln[38].
Vitraux dédiés à la vie de Saint Martin (dontLe partage du manteau) parFrançois Lorin sur des cartons du peintreGeorges Mirianon (1947), église Saint-Martin deBarentin[41].
La rue principale du village de Nangeville dansle Malesherbois (Loiret), portait le nom de Rue Saint-Martin avant de devenir Rue Martin de Tours en 2016. L'église du village porte elle aussi le nom de Saint-Martin de Nangeville.
La vie de Martin est représentée par quatre bas-reliefs au-dessus des portes d’entrée de lacathédrale Saint-Martin de Lucques ; en légende, les inscriptions latines figurant sous chaque bas-relief.
Martin coupant son manteau pour le partager avec un pauvre
Demone vexatum salvas Martine Beate (« Bienheureux Martin, tu sauves un homme persécuté par le démon »)
Martinus Monachum defunctum vivere fecit (« Martin a ramené à la vie un moine décédé »)
De Monacho Presul es tu Martine Vocatus (« De moine, toi, Martin, tu as été appelé à devenir évêque »)
Ignis Adest Capiti Martino Sacra Litanti (« Un feu apparaît sur la tête de Martin accomplissant le saint sacrifice »)
WalterNigg,Martin de Tours : Chevalier du Christ, évêque thaumaturge, confesseur de la foi, Paris, du Centurion,, 82 p.(ISBN2-227-05009-8), traduit de l'édition originale.
Bruno Judic, Christine Bousquet-Labouérie, Élisabeth Lorans et Robert Beck,Un nouveau Martin - Essor et renouveaux de la figure de Saint Martin,IVe-XXIe siècle, Presses universitaires François Rabelais, Tours, 2019(présentation en ligne).
Bruno Judic,L'Europe de Saint Martin, éditions Saint-Léger, 2021.
↑Il a été reconnu et accepté saint patron des policiers par la Conférence des évêques de France le.
↑L'historien du christianisme ancien, Ernest-Charles Babut, dans son ouvragehypercritiqueSaint Martin de Tours, y voit une légende hagiographique et rejette son historicité.Cf.Ernest-Charles Babut,Saint Martin de Tours, Champion,, 320 p..
↑Les dates de Martin nous sont connues par l'Histoire des Francs deGrégoire de Tours :« Constantin devint le trente-quatrième empereur des Romains et régna heureusement pendant trente ans. La onzième année de son règne, … le bienheureux évêque saint Martin naquit à Szombatel… » (Romanorum tricesimus quartus imperium obtinuit Constantinus, annis triginta regnans feliciter. Huius imperii anno undecimo… beatissimus præsul Martinus apud Sabariam Pannoniæ civitatem) (livre I, chap. 36) ;« La seconde année du règne d'Arcadius et d’Honorius, saint Martin, évêque de Tours, rempli de vertus et de sainteté, après avoir comblé de bienfaits les infirmes et les pauvres, sortit de ce monde pour aller heureusement vers Jésus-Christ, dans le bourg de Candes de son diocèse, dans la quatre-vingt-unième année de son âge, la vingt-sixième de son épiscopat. » (Arcadi vero et Honori secundo imperii anno sanctus Martinus Turonorum episcopus, plenus virtutibus et sanctitate, præbens infirmis multa beneficia, octuaginsimo et primo ætatis suæ anno, episcopatum autem vicissimo sexto, apud Condatinsem diocisis suæ vicum excedens a sæculo, filiciter migravit ad Christum.) (livre I, chap. 42).
↑« Itaque Martinus Sabaria Pannoniarum oppido oriundus fuit… » (Sulpice-Sévère,Vita Beati Martini, chap. II, l. 161B).
↑Le comput de Sulpice-Sévère aboutit à un service militaire de cinq ans, à partir d'un enrôlement intervenu à l'âge de quinze ans, ce qui place aux environs de 336, vingt ans plus tôt, la naissance de l'intéressé, cf.Olivier Guillot,Saint Martin de Tours, apôtre des pauvres (336-397), Fayard,,p. 78.
↑« Pater ejus miles primum, post tribunus militum fuit… » (ibid.).
↑« Nam cum esset annorum decem, invitis parentibus ad ecclesiam confugit, seque catechumenum fieri postulavit… » (Vita Beati Martini, chap. II, l. 161C).
↑Sulpice-Sévère précise que son père l'a emmené ligoté :« Prodente patre, …, cum esset annorum quindecim, captus et catenatus sacramentis militaribus implicatus est. » (Sulpice-Sévère,Vita Beati Martini, chap. II, fol. 161C).
↑« Quodam itaque tempore… media hieme obvium habet in porta Ambianensium civitatis pauperem nudum… » (Vita Beati Martini, chap. III, fol. 162A).
↑« Nihil præter chlamydem, qua indutus erat, habebat : jam enim reliqua in opus simile consumpserat. » (ibid.).
↑« Nocte igitur insecuta, cum se sopori dedisset, vidit Christum chlamydis suæ, qua pauperem texerat, parte vestitum. » (Vita Beati Martini, chap. III, fol. 162B).
↑« Quo viso… cum esset annorum duodevigintis… » (fol. 162C).
↑Cf.GuillaumeDurand (évêque),Le Rational des Divins Offices [« Rationale divinorum officiorum »],vol. II, (réimpr. 1672), « X, §8 » :« Dans plusieurs endroits on appelle les prêtres chapelains (capellani), car de toute antiquité les rois de France, lorsqu'ils allaient en guerre, portaient avec eux la cape du bienheureux saint Martin, que l'on gardait sous une tente qui, de cette chape, fut appeléechapelle (a capa capella vocata chapele 1080 ; lat. pop. capella « lieu où l'on gardait la chape de saint Martin », de cappa)Cf.Le Petit Robert ».
↑« Interea irruentibus intra Gallias barbaris, Julianus Cæsar, coacto in unum exercitu apud Vangionum civitatem… » (Vita Beati Martini, chap. IV, fol. 162D).
↑« Christi ego miles sum ; pugnare mihi non licet. » (ibid.).
↑Selon une autre tradition, il aurait été versé dans le corps d’élite desAlæ Scolares.
↑La date est, là encore, donnée approximativement par Grégoire de Tours :« Dans la dix-neuvième année de Constance le Jeune, saint Hilaire, évêque de Poitiers, fut envoyé en exil à l’instigation des hérétiques (…) À cette époque, notre lumière commença à paraître… c'est-à-dire que dans ce temps Martin commença à prêcher dans les Gaules » (Histoire des Francs, livre I).
↑« Nec multo post, admonitus persoporem ut patriam parentesque… religiosa sollicitudine visitaret… » (Sulpice-Sévère,Vita…, cap. V).
↑« Itaque… matrem gentilitatis absolvite errore, patre in malis perseverante. » (Sulpice-Sévère,Vita…, cap. VI, fol. 164A)).
↑« Mediolani sibi monasterium statuit. Ibi quoque eum Auxentius, auctor et princeps Arianorum… de civitate exturbavit. » (Sulpice-Sévère,Vita…, cap. VI, fol. 164B).
↑« …ad insulam Gallinariam nomine secessit, comite quodam presbytero. (…) Hic aliquamdiu radicibus vixit herbarum… » (Sulpice-Sévère,Vita…, cap. VI, fol. 164B).
↑« …quo tempore helleborum, venenatum ut fuerunt, gramen in cibum sumpsit ; sed cum vim veneni in se grassantis vicina jam morte sensisset, imminens periculum oratione repulit, statimque omnis dolor fugatus est. » (Sulpice-Sévère,Vita…, cap. VI, fol. 164B). L’hellébore, chez les Anciens, passait pour guérir de la folie, comme le rappelle l'adage d'Érasmehelleborum sumpsit (« il bat la campagne »).
↑« Nec multo post, cum sancto Hilario comperisset regis pænitentia potestatem indultam fuisse redeundi, Romæ ei tentavit occurrere, profectus ad urbem est. » (Sulpice-Sévère,Vita…, cap. VI, fol. 164B-C).
↑« Cum jam Hilarius præterisset (…) cumque ab eo gratissime fuisset susceptus, haud longe sibi ab oppido monasterium collocavit. » (Sulpice-Sévère,Vita…, cap. VII, fol. 164C).
↑« Sub idem fere tempus ad episcopatum Turonicæ Ecclesiæ petebatur, sed cum erui a monasterio suo non facile posset, … sub quadam custodia ad civitatem usque deducitur (…) Una omnium voluntas, eadem vota, eademque sententia, Martinum episcopatum esse dignissimum. » (Sulpice-Sévère,Vita…, chap. IX, fol. 165B).
↑« …nonnulli ex episcopis… impie repugnabant, dicentes scilicet : contemptibilem esse personam, indignum esse episcopatu, hominem vultu despicabilem, veste sordidum, crine deformem. » (Sulpice-Sévère,Vita…, chap. IX, fol. 165C).
↑« Idem enim constantissime perseverabat qui prius fuerat. » (Sulpice-Sévère,Vita…, chap. X, fol. 166A).
↑Marmoutier signifie « grand monastère » (en gaulois « grand » se dit« mar »).
↑Cet épisode n’est connu que par lesChroniques de Sulpice-Sévère, livre II, chap. 46-51.
↑ÀCandes-Saint-Martin, le« 13e apôtre » martinien aurait laissé unlegs, sous la forme d'une« patenametallochrystallino » (oupatène de serpentine) et gardée, pendant la période gallo-romaine, au cœur duvicus de la petite agglomération martinienne[25]. L'objet sacré avait, pour vertu première, le pouvoir de guérison des« infirmes qui la demandaient avecfoi. »[25]. Par ailleurs, le Saint Patron Martinien, aurait également donner en héritage à l'église deSaint Martin, celle qu'il avait fondé à Candes, unepatène, de couleur bleue, et qui possédait, selonGrégoire de Tours
« […] la vertu agit sur ceux qui ont des frissons. »
↑La première mention connue de cette expression se trouve dans une lettre deMadame de Sévigné à sa fille, datée du 10 novembre 1675 :« Nous avons un petitété de Saint-Martin, froid et gaillard, que j'aime mieux que la pluie ; je suis toujours dehors faite comme un loup-garou : le dessus de mon humeur dépend fort du temps ; de sorte que pour savoir comme je suis, vous n'avez qu'à consulter les astres : mais votre Provence vous dira toujours des merveilles ; le beau tems ne vous est de rien ; vous y êtes trop accoutumée ; pour nous, nous voyons si peu le soleil, qu'il nous fait une joie particulière. »
↑Grégoire de Tours choisit d'ailleurs la mort de Martin comme terme du premier livre de sonHistoire des Francs.
↑Jivko Panev, « 12 octobre », surOrthodoxie,(consulté le).
↑Jean-Claude Polet,Patrimoine littéraire européen, De Boeck Supérieur,,p. 21.
↑Sulpice-Sévère,Gallus, Dialogues sur les “vertus” de saint Martin, introd., texte critique, traduction et notes parJacques Fontaine, Sources Chrétiennes,no de collection 506, 2006.
↑Jean-Pierre Delville, Marylène Laffineur-Crépin, Albert Lemeunier,Martin de Tours : du légionnaire au saint évêque, Édition ASBL Basilique Saint-Martin,,p. 65.