Ses livres les plus connus sontMoney (1984) etLondon Fields (1989). Il reçoit le prixJames Tait Black Memorial Prize pour son livre autobiographiqueExperience (2000) et est nommé deux fois pour leBooker Prize (en 1991 pourTime's Arrow et en 2003 pourYellow Dog). Amis est jusqu’en 2011 professeur d'écriture créative au Center for New Writing de l'université deManchester. Publié en 2014, son romanLa Zone d'intérêt (The Zone of interest) lui vaut, en France, leprix du Meilleur Livre étranger 2015.
LeTimes le place dix-neuvième dans son classement, établi en 2008, des « cinquante plus grands écrivains britanniques depuis 1945 »[1].
Le travail de Martin Amis se focalise sur les excès de la société occidentale capitaliste, dont il perçoit et satirise l’absurdité par le grotesque et la caricature. Inspiré parSaul Bellow,Vladimir Nabokov etJames Joyce, ainsi que par son père Kingsley Amis, Martin Amis influence fortement à son tour des auteurs britanniques.
Martin Amis naît à Swansea dans le sud du pays de Galles. Son père,Sir Kingsley Amis, est romancier, fils d’un employé d’une manufacture de moutarde deClapham, Londres ; sa mère, Hilary Bardwell, la fille d’un fonctionnaire au ministère de l’Agriculture. Il a un frère aîné, Philip, et sa sœur cadette, Sally, est morte en 2000. Ses parents divorcent alors qu’il a douze ans. Selon Martin Amis, son père ne s’intéresse absolument pas à son travail.
Amis suit l’enseignement de plusieurs écoles dans les années 1950 et 1960 — notamment laBishop Gore School (Swansea Grammar School), et la Cambridgeshire High School for Boys — où il est décrit par un des directeurs comme étant « exceptionnellement peu prometteur ».
En 1965, à l’âge de quinze ans, il joue le rôle de John Thornton dans le film adapté du roman deRichard HughesA High Wind in Jamaica (Un Cyclone à la Jamaïque).
Il ne lit que des bandes dessinées jusqu’à ce que sa belle-mère, la romancièreElizabeth Jane Howard, l’initie à l’œuvre deJane Austen, qu’il cite souvent comme son influence la plus ancienne. Après une courte période à la Westminster School, il obtient son diplôme de l’Exeter College, àOxford. Il entre ensuite auTimes Literary Supplement, et à 27 ans il devient critique littéraire auNew Statesman. Il rencontreChristopher Hitchens, alors rédacteur àThe Observer, et qui reste un ami proche jusqu’à sa mort en 2011.
Son premier romanThe Rachel Papers (1973) remporte leprix Somerset-Maugham. Ce livre, le plus traditionnel qu’il ait écrit, raconte l’histoire d’un adolescent égocentrique (élément qu'Amis reconnaît comme autobiographique) et sa relation avec sa petite amie (dont le livre comprend le nom) l’année précédant son entrée à l’université.
Amis écrit alors également le scénario du filmSaturn 3, sorti dans les salles en 1980 – une expérience qu’il utilisera pour son cinquième roman,Money.
Dead Babies (1975), d’un ton plus désinvolte, est la chronique de quelques jours dans la vie d’un groupe d’amis qui se retrouvent dans une maison de campagne pour prendre de la drogue. Dans ce livre apparaissent un certain nombre de caractéristiques qui vont faire le style spécifique de Martin Amis : humour noir mordant, obsession duzeitgeist, interventions de l’auteur, personnages soumis à des mésaventures et humiliations sadiquement comiques, désinvolture méfiante. Ce livre a été adapté au cinéma en 2000 sous le même titre.
Success (1977) est l’histoire de deux frères de lait, Gregory Riding et Terry Service, et de leur destin heureux et malheureux. Il s’agit du premier exemple du goût d’Amis pour la présentation de personnages allant symboliquement par paires, qui est devenue un élément récurrent de sa fiction par la suite (Martin Amis et Martina Twain dansMoney, Richard Tull et Gwyn Barry dansThe Information, Jennifer Rockwell et Mike Hoolihan dansNight Train).
Other People: A Mystery Story (1981), qui se rapporte à une jeune femme qui sort du coma, est un roman de transition où pour la première fois l’auteur intervient dans la voix du narrateur, avec une langue hautement ouvragée dans la description par l’héroïne d’objets du quotidien, langue dont on a dit qu’elle aurait été influencée par l'école de poésie contemporaine « martienne » deCraig Raine(en). Il s’agit aussi du premier livre écrit par Amis après sa décision de se consacrer entièrement à l’écriture.
London Fields (1989), le livre le plus long de Martin Amis, décrit les rencontres entre trois personnages principaux à Londres en 1999, dans le cadre de l’approche du « changement climatique ». Ils portent tous les trois des noms typiquement « amisiens » et ont des aspects caricaturaux : Keith Talent, escroc passionné par le jeu de fléchettes ; Nicola Six, « femme fatale » décidée à se faire assassiner ; et le grand bourgeois Guy Clinch, qui va se trouver pris entre les deux autres.
Le romanTime's Arrow, qui date de 1991, bien plus court, est notable pour sa narration inversée dans le temps – y compris les dialogues – et représente l’autobiographie d’un médecin d’un camp de concentration nazi. La technique du retour en arrière dans le temps, empruntée àKurt Vonnegut dansSlaughterhouse 5 (1969) etPhilip K. Dick dansCounter-Clock World (1967), semble transformer Auschwitz – tout comme l’ensemble des scènes de guerre – en des lieux de joie, de guérison et de résurrection.
The Information (1995) est remarquable par les scandales entourant sa publication. L’avance énorme (on a parlé de 500 000 £…) demandée et obtenue par Amis a entraîné ce que l’auteur a décrit comme « un Eisteddfod (festival, en gallois) d’hostilités » de la part des autres écrivains et critiques, Amis ayant abandonné son agent de longue date, Pat Kavanagh, pour être représenté par Andrew "The Jackal" Wylie. La rupture, aucunement à l’amiable, a créé une dissension entre Amis et son vieil amiJulian Barnes, dont Pat Kavanagh était l’épouse. Le roman traite de la relation entre deux auteurs britanniques de fiction. L’un est le fournisseur de « romans de gare » à grand succès et est envié par son ami, dont l’insuccès est proportionnel et qui s’adonne à une prose philosophique absconse. Le livre est écrit dans le style désormais classique de Martin Amis : personnages décrits comme des caricatures stéréotypées, réflexions grotesques sur la méchanceté de l’âge mûr, et un ton général de malaise post-apocalyptique.
En 1997, Amis publie le court romanNight Train (Train de nuit), où le narrateur est le détective américain Mike Hoolihan (qui, comme son prénom ne l’indique pas, est une femme). L’histoire tourne autour du suicide de la fille de son patron, une belle jeune femme heureuse en apparence. Comme la plupart des romans de Martin Amis,Night Train est sombre, glauque, prémonitoire, et semble refléter le point de vue de l’auteur sur les États-Unis.
Cette décennie a été la moins productive d’Amis depuis les années 1970 en termes de fictions longues (deux romans en dix ans) tandis que l’œuvre non fictionnelle a fortement augmenté en volume (trois livres publiés comprenant un récit de mémoires, un autre hybride entre semi-autobiographie et histoire politique, et un recueil d’articles de journalisme).
En 2000, Martin Amis publie le récit intituléExpérience (Expérience). Celui-ci porte essentiellement sur les relations entre l’auteur et son père, le romancier Kingsley Amis, mais révèle également de nombreux autres aspects de la vie de Martin Amis. Il traite notamment des retrouvailles entre Martin Amis et sa fille, Delilah Seale, issue d’une liaison qu’il avait eue dans les années 1970, et qu’il n’avait pas rencontrée jusqu’à ce qu’elle ait 19 ans. Amis examine assez longuement aussi le meurtre de sa cousine Lucy Partington par Fred West. Le livre a reçu le prix James Tait Black Memorial Prize pour la biographie.
En 2002, l’auteur publieKoba the Dread (Koba la terreur), histoire dévastatrice des crimes de Lénine et Staline et de leur négation par de nombreux écrivains et universitaires occidentaux. L’ouvrage a déclenché une controverse en raison de son approche du sujet et de l’attaque qu’y formule Martin Amis contre son ami de longue date deChristopher Hitchens, qui affiche des convictions politiques de gauche et dont Amis critique la sympathie supposée pour Staline.
En 2003,Yellow Dog (Le Chien jaune), le remier roman publié par Amis depuis six ans, est accueilli de manière mitigée. Néanmoins, Amis a déclaré le considérer parmi ses trois meilleurs livres. À la suite de cette réception peu favorable, Amis part s’installer avec sa famille enUruguay, où il restera deux ans, travaillant à son roman suivant. Celui-ci est publié à son retour en 2006 sous le titre deHouse of Meetings, et il continue la croisade entreprise par l’auteur contre les crimes de l’ère stalinienne. Le roman raconte l’histoire de deux frères emprisonnés dans un goulag sibérien et qui, avant leur déportation, avaient été amoureux de la même femme. L’accueil critique est meilleur que celui deYellow Dog, bien que certains considèrent que la qualité de l’œuvre de fiction d’Amis a baissé et qu’il n’est pas bien placé pour écrire un roman historique sérieux.
Le roman suivant de l’auteurThe Pregnant Window (La Veuve enceinte), lui a pris longtemps à écrire et n’a été publié qu’à la fin de la décennie.
Entre-temps, Amis a publié en 2008 un recueil intituléThe Second Plane rassemblant ses nombreux écrits au sujet des événements du et des problèmes majeurs qui ont résulté de la lutte contre leterrorisme[3].
The Pregnant Widow (La Veuve enceinte) est publié en 2010, après une longue période d’écriture, de réécriture et de révisions qui a porté sa pagination à480 pages. Il a pour thème la révolution sexuelle et son titre est basé sur une citation d’Alexandre Herzen :
« The death of the contemporary forms of social order ought to gladden rather than trouble the soul. Yet what is frightening is that what the departing world leaves behind it is not an heir but a pregnant widow. Between the death of the one and the birth of the other, much water will flow by, a long night of chaos and desolation will pass. »
« La mort des formes contemporaines de l’ordre social devrait réjouir l’âme plutôt que la perturber. Mais ce qui est effrayant, c’est que ce que le monde qui disparaît laisse derrière lui n’est pas un héritier mais une veuve enceinte. Entre la mort de l’un et la naissance de l’autre, il aura passé beaucoup d’eau sous les ponts, une longue nuit de chaos et de désolation. »
L’histoire est située dans un château dont le propriétaire est un magnat du fromage, en Campanie,Italie, où Keith Nearing, un étudiant en littérature anglaise de20 ans, sa petite amie Lily et l’amie de celle-ci, Shéhérazade, sont en vacances durant l’été très chaud de 1970, année où, selon Amis, « quelque chose était en train de changer dans le monde des hommes et des femmes ». Le narrateur est le surmoi, ou la conscience de Keith, en 2009.
En 2012, Martin Amis publie le romanLionel Asbo: State of England. Cette fiction est centrée sur la vie de Desmond Pepperdine et de son oncle Lionel Asbo, voyou vorace et condamné récidiviste. Elle est située dans le quartier fictif de Diston Town, représentant une version grotesque de la Grande-Bretagne aujourd'hui, dominée par la culture des célébrités. Elle suit les événements majeurs de la vie des deux personnages, l’accès à la maturité de Desmond et le gain à la loterie de140 millions de livres par Lionel. Dans une interview accordée àJeremy Paxman, deNewsnight, Amis a déclaré queLionel Asbo: State of England n’était pas une attaque contre son pays, s’affirmant « fier d’être Anglais » et considérant la nation avec affection. Les critiques, cette fois encore, ont été mitigées.
Son œuvre de 2014,The Zone of Interest (La Zone d'intérêt), est son deuxième livre dont l'action se situe dans le contexte de l'holocauste aprèsTime's Arrow.
Martin Amis a également publié deux recueils de nouvelles (Einstein's Monsters etHeavy Water), quatre volumes d’articles de journalisme et de critique (The Moronic Inferno, Visiting Mrs Nabokov, The War Against Cliché etThe Second Plane), ainsi qu’un guide pour un jeu vidéo des années 1980, qu’il a depuis désavoué (Invasion of theSpace Invaders). Il apparaît fréquemment dans des programmes de télé et de radio et publie dans la presse des articles de critique littéraire.
Martin Amis est rentré en Angleterre en septembre 2006 après avoir passé deux ans et demi enUruguay avec sa deuxième épouse, l’écrivaineIsabel Fonseca(en), et leurs deux filles. En 2010, il achète une propriété dans le quartier de Cobble Hill, un quartier deBrooklyn, àNew York, et, en 2012, il écrit dansThe New Republic qu’il quittera bientôt Londres pour aménager à Cobble Hill.
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Les textes de Martin Amis ont pour décor les sociétés occidentales contemporaines, principalement anglaise et américaine. Son style, d'une vivacité extrême, allie humour et cynisme.
LeNew York Times a désigné l’auteur comme l'un des maîtres du« nouveau désagréable » (new unpleasantness). Selon leGuardian, « tous les critiques ont noté cette "terrible vivacité de style" que déplorait Kingsley Amis... cette constante démonstration de maîtrise de la langue anglaise ; et il est vrai que l'amis-nité[7] de Amis est reconnaissable dans chacun de ses textes, avant même d'arriver au premier point. ».
Publié en français sous le titreLe Dossier Rachel, traduit par Patrick de Rosbo, Paris, Albin Michel, 1977 ; réédition, Paris, Le Serpent à plumes,coll. « Motif »no 1, 1994(ISBN2-908957-14-0)
Dead Babies (1975) – adapté au cinéma sous le même titre en1980
Publié en français sous le titreLes Monstres d'Einstein, traduit par Géraldine D'Amico, Paris, Christian Bourgois, 1990 ; réédition, Paris, 10/18no 3032, 1999(ISBN2-264-00088-0)