Pour les articles homonymes, voirEnghien (homonymie).
Marie d'Enghien | |
Titre | |
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Reine de Naples | |
– (7 ans, 3 mois et 14 jours) | |
Prédécesseur | Marie de Lusignan |
Successeur | Jacques II de Bourbon |
Comtesse de Lecce | |
– (61 ans, 9 mois et 12 jours) | |
Prédécesseur | Pierre d'Enghien |
Successeur | Jean Antoine del Balzo-Orsini |
Reine de Hongrie etde Croatie (titulaire) | |
Reine de Jérusalem (titulaire) | |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Lecce |
Date de décès | (à 79 ans) |
Lieu de décès | Lecce (Naples) |
Père | Jean d'Enghien |
Mère | Sancha des Baux |
Conjoint | Raymond des Ursins des Baux Ladislas Ier de Naples |
Enfants | Jean Antoine del Balzo-Orsini Catherine del Balzo Orsini |
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Marie d'Enghien (née en1367 àLecce et morte le àLecce) futreine consort de Naples,comtesse de Lecce etreine de Hongrie,reine titulaire de Croatie etde Jérusalem.
Marie d'Enghien est la fille deJean d'Enghien,comte de Lecce et seigneur deCastro, et de Sanciedes Baux (? -)[1],[2], fille deBertrand III des Baux (de Berre)d'Andria. Elle descend de laMaison de Brienne par sa grand-mère paternelleIsabelle de Brienne (morte en 1360), qui devientcomtesse de Brienne, de Lecce, et duchesse titulaire[3]d'Athènes à la mort de son frèreGautier VI de Brienne à labataille de Poitiers.
Après la mort, entre le et le[4], de son frèrePierre d'Enghien, elle hérite du comté deLecce qui comprend alors les villages qui entourent la ville depuisTorchiarolo, au nord, jusqu'àCarpignano Salentino au sud, mais aussi des fiefs deMesagne,Carovigno,Corigliano d’Otranto,Roca Vecchia,Gagliano del Capo,Acquarica del Capo etCastro[4]. Elle gouverne d'abord cette seigneurie sous la tutelle de Giovanni dell'Acaya, baron deSegine (it)[5] et de Pasquale Guarino, baron deSan Cesario.
Cette succession intervient dans une époque qui est troublée, depuis l'élection, le, àFondi, avec l'appui de la reineJeanne Ire de Naples, de l'antipapeClément VII, qui conteste la validité de l'élection du papeUrbain VI. Clément VII s'installe enAvignon, où il bénéficie de la double protection du roi de France et de la reine Jeanne qui est aussicomtesse de Provence. Ainsi commence, la crise de succession pontificale connue sous le nom deGrand Schisme d'Occident.
La crise de succession du royaume de Naples vient doubler la confusion lorsqueCharles de Durazzo, décide de s'emparer de Naples avant que le royaume ne soit dans les mains deLouis Ier d'Anjou-Valois que Jeanne Ire a adopté le : Charles est investi par Urbain VI àSaint-Pierre le, puis il défait les troupes de sa tante la reine Jeanne qu'il assiège dans leCastel Nuovo de Naples (elle se rend le), et reçoit la couronne, dans lacathédrale de Naples, le[6].
Louis Ier d'Anjou-Valois, soucieux de faire valoir ses droits, prend le titre de Duc de Calabre et quitte Paris le pour l'Anjou où il lève des troupes qui doivent lui permettre de s'assurer de laProvence. Louis Ier d'Anjou-Valois rejointAvignon le, et obtient àAix-en-Provence, le, le ralliement du clergé, de la haute noblesse provençale et de quelques villes à sa cause[7]. Il revient en Avignon où il est proclamé roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem le par Clément VII[8].Charles de Durazzo décide alors d'en finir avec la reine Jeanne Ire qu'il fait assassiner le. Louis Ier d'Anjou-Valois prendL'Aquila le[9].
Pierre d'Enghien faisait partie des soutiens de Louis Ier d'Anjou-Valois avant même que Jeanne Ire n'adopte ce dernier. Il figurait, à ce titre, avec leComte de Conversano, dans les instructions secrètes qui furent transmises à la souveraine par les ambassadeurs du Duc d'Anjou, en réponse à sa proposition d'adoption[10]. Marie d'Enghien soutient d'abordLouis II d'Anjou qui vient d'hériter le royaume de Naples de son père et qui décide de la marier, en 1385, malgré l'opposition des habitants de Lecce, avecRaymond des Ursins des Baux (Raimondo/Raimondello Orsini del Balzo),duc d'Andrie,comte de Soleto et seigneur deSan Pietro in Galatina, qui vient de prendre parti contreCharles de Durazzo. Les années qui suivirent furent marquées par les affrontements entre les deux prétendants à la couronne, et le couple oscille longtemps entre les deux camps jusqu'à ce qu'il rejoigne celui deLadislas d'Anjou-Durazzo, le fils et successeur de Charles de Durazzo, qui rend à Raymond des Ursins des Baux, en 1399, laprincipauté deTarente dont il est l'héritier le plus légitime[11].
La principauté de Tarente constitue, à cette époque, un « royaume dans le royaume » qui s'étend depuis lamer Ionienne, c'est-à-dire depuisPolicoro etMatera, jusqu'à lamer Adriatique où ses possessions comprennentOstuni,Brindisi,Oria,Nardò,Gallipoli,Ugento. La réunion de la principauté avec les biens de Marie d'Enghien et ceux de Raymond des Ursins des Baux, en fait des princes plus puissants encore, mais leur attire les jalousies de certains grands féodaux comme lesSanseverino qui possèdent notammentNardò eConversano[11].
Marie d'Enghien et Raymond des Ursins des Baux s'emploient alors à réorganiser l’administration de leurs possessions. Le recueil d'actes juridiques connu sous le nom de « Code de Maria d’Enghien » conserve les traces de leurs activités politiques. Il n'a pas été écrit du vivant de Marie d'Enghien, mais compilé quelques années après sa mort. Il recueille la jurisprudence que doit appliquer le « Concistorium Principis (la Cour de Justice des Princes) », le tribunal d'appel qu'ils ont institué et qui rogne ce privilège royal. Il s'applique au comté de Lecce et concerne les droits, les taxes sur les hommes et sur les animaux, l'ordre public, l'entretien des murs et des fossés. Marie d'Enghien y apparait comme celle qui gouverne, qui arbitre et décide. On y rencontre souvent l'expression « par la volonté et les ordres de sa majesté la Reine Marie »[12],[13].
À la mort de son mari en 1406, elle est contrainte d'épouser en1407 son ennemi leroiLadislas Ier de Naples, dont elle devient la troisième épouse. Ils n'eurent pas d'enfants ensemble. Elle se retrouve alors en butte à la sœur de Ladislas et son entourage qui la détestait, lors de la mort de Ladislas le.Jeanne II de Naples, souvent décrite comme cruelle, l'oblige à retourner en ses terres de Tarente. Il ne lui restait plus de reine que le nom.
Elle retourne ensuite à Lecce, d'où elle administre ses différents terre (le comté de Lecce et plusieurs baronnies deTerre d'Otrante) et prépare la succession de son fils, le prince de Tarente et comte de SoletoGiovanni Antonio Orsini del Balzo. À Lecce, elle promeut le développement économique et culturel de la ville, donnant notamment des Statuts à la ville et à son comté. Elle meurt en 1446 et est enterré dans labasilique Santa Croce, fondée parGautier VI de Brienne.
Les enfants de son premier mariage sont :
Marie d'Enghien vécut assez longtemps pour voir le mariage de sa petite-filleIsabelle de Tarente, fille de Catherine et Tristan de Clermont, avecFerdinand Ier de Naples en 1444, dont entre autres enfants :Alphonse II de Naples ;Eléonore, épouse d'Hercule Ier d'Este, avec une immense postérité ; etFrédéric Ier, d'où la succession du titre dePrince des Tarente par sa filleCharlotte). Elle mourut à 78 ans.
Marie d'Enghien descendait et succédait à des comtes de Lecce dont les aventures, les prouesses ou les échecs étaient quasi mythiques en son temps. Les armoiries théoriques que l'on peut lui attribuer, comportent de nombreuses combinaisons. Ses armes personnelles semble néanmoins être composées de quatre quartiers dont deux (1 et 4) portaient le lion billeté des Brienne sans lambel et les deux autres (2 et 3) le gironné de cinq pièces de sable et cinq pièces d'argent, dont chaque giron de sable est chargé de trois croisettes recroisetées d'or, des Enghiens. Une amphore trouvée lors des fouilles du château de Lecce atteste de leur usage[14].