Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Marie-Caroline de Bourbon-Siciles (1798-1870)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirMarie-Caroline de Bourbon-Siciles etDuchesse de Berry.

Caroline des Deux-Siciles
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de la duchesse de Berry (1816-1819), parJean-Baptiste Paulin Guérin.
Biographie
TitulaturePrincesse des Deux-Siciles
Duchesse de Berry(1816-1831)
Comtesse Lucchesi Palli(1831-1870)
Duchesse della Grazia(1856-1870)
DynastieMaison de Bourbon-Siciles,Maison de Bourbon-Deux Siciles
Nom de naissanceMaria Carolina Ferdinanda Luisa di Borbone
Naissance
Caserte (Naples)
Décès (à 71 ans)
Mureck (Autriche-Hongrie)
SépultureCimetière deMureck (Autriche)
PèreFrançois Ier des Deux-Siciles
MèreMarie-Clémentine d'Autriche
ConjointCharles-Ferdinand d'Artois,duc de Berry
(1816-1820)
Hector Lucchesi-Palli
(1833-1864)
Enfants

Henri d'Artois
Louise d'Artois


Anne-Marie Lucchesi-Palli
Clémentine Lucchesi-Palli
Françoise-de-Paule Lucchesi-Palli
Isabelle Lucchesi-Palli
Adinolphe Lucchesi-Palli
ReligionCatholique

Signature

Signature de Caroline des Deux-Siciles

Description de l'image Coat of arms Marie-Caroline of Bourbon, Duchess of Berry (order of Queen Marie-Louise).png.

modifier

Marie Caroline Ferdinande Louise de Bourbon, princesse des Deux-Siciles, née le àCaserte et morte le àBrünnsee, plus connue sous son titre deduchesse de Berry, est l'épouse deCharles-Ferdinand d'Artois,duc de Berry, second fils duroi de FranceCharles X, assassiné en 1820, et la mère du comte de ChambordHenri d'Artois, prétendantlégitimiste au trône de France sous le nom de « Henri V ».

Au nom de son fils, elle tenta en vain de prendre le pouvoir enFrance en 1832 en qualité de « régente ». Elle est à l'origine des dernièresinsurrections vendéennes et chouannes qui secouent l'ouest de laFrance en mai et juin 1832.

Biographie

[modifier |modifier le code]

Famille

[modifier |modifier le code]
La duchesse de Berry, médaille bronze 41 mm, signéeGayrard, 1820.

Marie-Caroline de Naples est née aupalais royal deCaserte dans leroyaume de Naples le, d'une branche cadette de lamaison de Bourbon. Petite-fille du roiFerdinandIer des Deux-Siciles et de la reine néeMarie-Caroline d'Autriche, elle est la fille aînée du prince héritier etduc de CalabreFrançoisIer des Deux-Siciles et de l'archiduchesseMarie-Clémentine d'Autriche, fille de l'empereur du Saint-EmpireLéopold II et de l'infanteMarie-Louise d'Espagne.

À sonbaptême, elle reçoit les prénoms de ses grands-parents paternels et de sa grand-mère maternelle Marie Caroline Ferdinande Louise. La reineMarie-Caroline, grand-mère de la princesse, est la sœur de la défuntereine de FranceMarie-Antoinette. Elle voue une haine tenace à laRévolution française.

Enfance entre Naples et la Sicile

[modifier |modifier le code]

L'année même de la naissance de la princesse, le royaume deNaples et deSicile rejoint laDeuxième Coalition. L'armée française commandée par le généralJean-Étienne Championnet, envahit le royaume et instaure uneRépublique parthénopéenne le[1]. La famille royale fuit sur un bâtiment britannique commandé par l'amiralHoratio Nelson et se réfugie àPalerme. La famille royale retrouve Naples le. La princesse perd sa mère en 1801. Le duc de Calabre, qui n'a pas de fils, se remarie l'année suivante avec l'infanteMarie-Isabelle d'Espagne pour assurer la succession au trône.

Vaincue à nouveau par les troupes françaises du généralAndré Masséna, la famille royale quitte Naples pour la Sicile en 1806 tandis que l'empereur des Français confie le royaume de Naples à son frèreJoseph Bonaparte puis à son beau-frèreJoachim Murat.

La princesse reçoit une éducation assez libre, bercée par les chansons populaires en patois italien, et pratique notamment la peinture. Tandis que sa tanteMarie-Amélie de Bourbon-Siciles épouse en 1809 le duc d'OrléansLouis-Philippe Ier en exil, l'archiduchesseMarie-Louise d'Autriche,double cousine de la princesse, épouse en 1810Napoléon Ier au grand dam de leur grand-mère, la reine Marie-Caroline (qui meurt en Autriche en 1814).

Mariage avec l'héritier putatif du trône de France et descendance

[modifier |modifier le code]
La naissance du duc de Bordeaux, parClaude-Marie Dubufe, en 1820.

La chute de l'Empire français permet à lamaison de Bourbon de retrouver le trône de France ; l'ex-comte de Provence, frère deLouis XVI, devient roi sous le nom deLouis XVIII après vingt-cinq années d'exil. Le roiFerdinand retrouve également son trône napolitain malgré la résistance et les intrigues de Joachim Murat qui finit fusillé en 1815.

Le roi de France, veuf, n'a pas d'enfant et répugne à se remarier à60 ans. Son frère et héritier a deux fils mais aucun n'a d'enfant. Le plus jeune,Charles-Ferdinand d'Artois,duc de Berry, est toutefois libre (il a eu de nombreuses maîtresses et la rumeur prétend qu'il a épousé en exil une jeune Anglaise dont il a deux filles mais celle-ci n'étant pas de sang royal, le mariage aurait été annulé). Le roi porte son choix sur ce neveu pour lui donner des successeurs au trône et choisit au sein de la famille royale de Naples, branche cadette de lamaison de Bourbon, l'aînée des petites-filles du roi, Marie-Caroline, âgée alors de18 ans.

La princesse Marie-Caroline vient ainsi enFrance en pour épouserCharles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, second fils ducomte d'Artois, futurCharles X et frère du roi Louis XVIII (sans descendance). Leurmariage par procuration après des négociations menées par l'ambassadeurPierre Louis Jean Casimir de Blacas d'Aulps a lieu à Naples le[2]. Elle débarque àMarseille le puis, après une quarantaine auLazaret d'Arenc enprévention de la peste, traverse la France.

La première rencontre avec son futur époux a lieu auchâteau de Fontainebleau le et le mariage a lieu deux jours plus tard, le 17 juin 1816 : le mariage civil est célébré aupalais des Tuileries[3] et le mariage religieux dans lacathédrale Notre-Dame de Paris[4]. Toute la famille royale est réunie pour l'occasion autour du roiLouis XVIII et du futur roiCharles X.

Bien que son époux, officiellement célibataire (mais qui a deux filles avecAmy Brown,Charlotte de Bourbon et Louise de Bourbon), ait vingt ans de plus qu'elle et qu'il s'agisse d'un mariage arrangé, ils semblent avoir formé un couple assez uni, comme l'attestent la tendresse transparaissant dans leurs échanges épistolaires. Lepalais de l'Élysée a été aménagé pour eux[1].

Le duc et la duchesse de Berry ont eu quatre enfants, dont deux seulement survécurent au-delà des premiers jours :

À la cour du roi Charles X

[modifier |modifier le code]
La duchesse de Berry en 1825,Thomas Lawrence,château de Versailles.
Bordeaux - Carton d'invitation de juillet 1828.
La duchesse de Berry en 1829, déguisée enMarie Stuart.

Après l'assassinat de son époux, la duchesse de Berry s'installe auxpalais des Tuileries. Elle a un tempérament assez opposé à celui de sa belle-sœur et cousine de vingt ans son aînée, l'austèreduchesse d'AngoulêmeMarie-Thérèse de France, marquée par les années de laTerreur : elle est peu attachée à l'étiquette, aime recevoir et est très sensible à la mode.

La personnalité forte et attachante de la princesse donne de l'éclat à la Cour des Tuileries dans les années 1820. Elle séduit par sa vivacité napolitaine, son esprit vif et curieux, son ouverture aux nouveautés[7]. Amatrice de voyages et d'expériences nouvelles, elle aime sortir assez souvent de la capitale. Elle joue un rôle non négligeable dans le lancement en France de la mode venue d'Angleterre desbains de mer, en particulier àBoulogne-sur-Mer etDieppe, première cité balnéaire de France, vers 1820. Elle pratique volontiers ce loisir à la belle saison et le popularise auprès de la cour royale et de la bourgeoisie française. Elle apprécie également les promenades en mer et possède un bateau destiné à cet effet,Le Furet[8], peint par le peintreAmbroise Louis Garneray en 1827 et exposé auchâteau de Dieppe[9]. À l'occasion, elle en profite pour visiter d'autres villes, commeLe Havre en[10]. C'est elle également qui inaugure une section ducanal de la Somme.

Du 14 au, elle séjourne àBordeaux afin de « ranimer les fidélités à la Couronne » des habitants de la première ville à s'être ralliée à Louis XVIII en 1814[11].

Elle s'intéresse aux arts et découvre un tableau du peintrePaul HuetUne chaumière, présenté à la galerie Henri Gaugain et l'achète[12].

Son passage auchâteau d'Effiat (Puy-de-Dôme) est marqué par une pierre qui se voit encore sur la grande place de ce bourg auvergnat situé non loin du domaine de Randan, propriété de la princesseAdélaïde d'Orléans, sœur aînée deLouis-PhilippeIer.

Au cœur du complot de 1832

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Guerre de Vendée et Chouannerie de 1832.
Dépêche télégraphique annonçant l'arrestation de la duchesse de Berry.

À la suite desTrois Glorieuses en 1830, elle suitCharles X et la cour en exil enAngleterre, vit àBath en Angleterre et aupalais de Holyrood enÉcosse.

Elle cherche à se faire proclamer régente pour son fils, sous le nom d'« Henri V »[13]. En 1831, elle s'entoure de légitimistes déterminés, commeFerdinand de Bertier de Sauvigny,Louis Auguste Victor de Ghaisne de Bourmont,Florian de Kergorlay, le duc d'AlmazanEmmanuel Louis Marie Guignard de Saint-Priest,Gaspard de Clermont Tonnerre, ou leduc de Blacas,Pierre Louis Jean Casimir de Blacas d'Aulps, qui définissent avec elle un programme politique dans l'optique d'une restauration de la branche aînée, l'édit de réforme du royaume. La réforme prévoit l'élection par les contribuables de conseils municipaux, qui éliraient des conseils cantonaux. Chaque canton désignerait un conseiller général dont l'Assemblée serait chargée d'administrer les départements. Ces derniers seraient rassemblés en 18 provinces[Note 1], dont les assemblées (états provinciaux) siégeraient30 jours par an. À l'échelon national, l'édit prévoit deux chambres : une chambre des pairs héréditaires et une Chambre des députés nommés par les provinces[14],[15]. Dans ce programme, tout contribuable est électeur, tout électeur est éligible ; selon Bertier : « Les idées les plus larges, les plus libérales, les plus favorables au peuple et en même temps les plus conformes à la gloire et à la grandeur de la France en faisaient la base[16]. »

L'ancien roiCharles X manifeste des réserves à l'égard des entreprises de la princesse et son représentant, leduc de Blacas, est écarté de la conjuration. À l'été 1831, la duchesse se rend en Italie ; en correspondance permanente avec les légitimistes, elle prépare un double soulèvement qui doit avoir lieu àMarseille et enVendée. En Italie, elle séjourne tout d'abord àGênes, où elle reçoit, à titre privé seulement, le soutien duroi de Sardaigne,Charles-Albert ; à Naples chez son frère, le roiFerdinand II des deux Siciles, à Rome, où le pape évite prudemment de lui manifester son soutien en public.

À partir d'août 1831, elle reçoit l'hospitalité aupalais ducal (it) deMassa et le soutien duducFrançois IV de Modène, le seul souverain dans la région qui a refusé de reconnaître lamonarchie de Juillet.

Le 14 décembre 1831, elle se remarie secrètement à Rome[17] avec le comteHector Lucchesi-Palli,chambellan du roi des Deux-Siciles, qui l'assiste dans ses entreprises[18].

En janvier 1832, elle met en place un Comité de La Haye chargé d'établir le lien avec le roiGuillaumeIer des Pays-Bas, opposé à la politique belge deLouis-PhillipeIer[19].

Le 26 avril 1832, elle embarque avec plusieurs partisans sur un bateau à vapeur acheté pour la circonstance, leCarlo Alberto et débarque à côté de Marseille dans la nuit du 28 au. Mais au lieu de deux mille fidèles annoncés, elle ne parvient à mobiliser que soixante hommes. Échouant ainsi à prendre le contrôle de lamairie de Marseille, elle décide de partir directement pour la Vendée[20]. En Vendée, elle tente de rallier la population à sa cause et de susciter une insurrection. La mobilisation locale est assez faible, et l'opération échoue rapidement.

Après une cavale de six mois, la duchesse trouve refuge dans la maison deMlles Duguigny àNantes, sise auno 3 de la « rue Haute-du-Château » (actuellerue Mathelin-Rodier) située face auchâteau des ducs de Bretagne, mais elle est trahie et dénoncée parSimon Deutz.

Après s'être cachée toute une nuit avec ses partisans dans un réduit situé derrière une cheminée alors que sa maison était cernée par lagendarmerie qui ne la trouvait pas, elle dut sortir de l'âtre lorsqu'un feu y fut allumé par des gendarmes en faction. Se rendant au généralPaul Ferdinand Stanislas Dermoncourt, garant de sa sauvegarde, elle est mise aux arrêts le par la gendarmerie, dirigée parAdolphe Thiers qui, depuis le, venait de remplacerCamille de Montalivet auministère de l'Intérieur[21],[22].

Détenue dans lacitadelle de Blaye et soumise à la surveillance la plus rigoureuse, elle y accouche d'une fille prénommée Anne Marie Rosalie, le[23] devant des témoins désignés par lemaréchalThomas Robert Bugeaud à la demande de Louis-Philippe, dont les médecinsLouis-Charles Deneux (accoucheur),Antoine Dubois etProsper Menière, dont les souvenirs de la captivité de la duchesse de Berry à Blaye ont été publiés[24] .

À la demande de la duchesse incarcérée,Châteaubriand se rend à Prague en mai 1833 pour annoncer de sa part àCharles X son remariage et plaider sa cause au moyen de lettres à lui confier. Admiratif du courage de la duchesse et en même temps, lucide sur sa témérité, Châteaubriand quitte Paris dès le 14 mai 1833 et, après plusieurs péripéties, arrive le 24 mai à Prague. Durant son séjour à Prague, puis àCarlsbad, jusqu'au 31 mai, il rencontre, plusieurs fois,Charles X, ledauphin, ladauphine, et remplit sa mission[25].

« Ô madame la duchesse de Berry, que puis-je pour vous, moi faible créature déjà à moitié brisée ? Mais comment refuser quelque chose à ces paroles : "Renfermée dans les murs de Blaye, je trouve une consolation à avoir un interprète tel monsieur de Châteaubriand ; il peut à jamais compter sur mon attachement." Oui, je partirai pour la dernière et la plus glorieuse de mes ambassades ; j'irai de la part de la prisonnière de Blaye trouver la prisonnière du Temple ; j'irai négocier un nouveau pacte de famille, porter les embrassements d'une mère captive à des enfants exilés et présenter les lettres par lesquelles le courage et le malheur m'accréditent auprès de l'innocence et de la vertu » -Châteaubriand -Mémoires d'outre-tombe, livre trente-septième.

La princesse déclare à l'accouchement qu'elle avait épousé secrètement, en 1831Hector Lucchesi-Palli (1808–1864), futur duc della Grazia, et qu'il était le père légitime de cet « enfant de Blaye » mais des interrogations subsistent sur la paternité de cet enfant[1]. Le régime orléaniste suggère d'autres liaisons moins honorables pour la salir aux yeux de l'opinion.Chateaubriand continue à la défendre.

Dans sesMémoires, lacomtesse de Boigne, réputée pour sa proximité avec lamonarchie de juillet, autant que pour sa propension à colporter des ragots[26], relate comment, selon elle, ce mariage avecHector Lucchesi-Palli aurait été arrangé a posteriori par les milieux légitimistes face au « scandale » de la grossesse hors mariage. Elle avance qu’Hector ne pouvait être le père de la petite Rosalie et elle indique ne pas pouvoir répondre à la question de l’identité du père véritable parmi les diverses hypothèses, tout commeChateaubriand qui lui aurait répondu « Comment voulez-vous qu’on le dise, elle-même ne le sait pas ! ». Enfin, elle rapporte de nombreux témoignages montrant, selon elle, le désintérêt manifeste de la duchesse de Berry, comme de son nouveau mari, pour la petite Rosalie[27].

Château de Brunnsee, àEichfeld, rattaché àMureck (Autriche).

Après quelques mois passés aufort de Blaye, la duchesse est libérée le 8 juin 1833 et expulsée, embarque sur un bateau, jusqu'àPalerme[28] ; elle perd sa qualité de régente éventuelle,Charles X souhaitant garder la main sur l'éducation de son fils,Henri d'Artois, confiée à sa belle-sœur, la dauphineMarie-Thérèse de France[7].

La petite Rosalie est placée en nourrice en Italie, àLivourne, où elle meurt le 1833 et est inhumée dans le caveau desLucchesi-Palli, à Naples.

Le 29 septembre 1833,Châteaubriand représente la duchesse à l'anniversaire de la majorité dynastique duduc de Bordeaux, pour ses treize ans, fêté au château deBustehrad, enBohême[29].

La duchesse eut ensuite de son nouvel époux trois autres filles et un garçon. Sa descendance directe compta ainsi six enfants - sur dix qu'elle mit au monde - : deux du duc de Berry et quatre d'Hector Lucchesi-Palli.

Elle séjourne alors principalement en Autriche, àGraz, enStyrie, puis à cinquante kilomètres de là, au château deBrunnsee, qu'elle achète en 1837, également enStyrie[30].

Descendance du mariage avecHector Lucchesi-Palli, duc della Grazia, des princes de Campofranco

[modifier |modifier le code]

La fin

[modifier |modifier le code]

« La grande maison de Brunnsee, désertée, évoque une grève à marée basse. La vie s'est retirée, comme la mer, de ces pièces à demi démeublées où subsistent encore quelques épaves, vestiges d'un bonheur évanoui. Une très vieille femme, épaissie, affaissée, se tient devant la fenêtre, feuilletant tout le jour un album de photographies (où) presque aveugle, elle s'évertue à reconnaître les traits des visages qu'elle a connus. »

— Laure Hillerin

Marie-Caroline en 1870, à l'âge de72 ans.

Ayant perdu à deux mois d'intervalle, début 1864, sa fille,duchesse de ParmeLouise d'Artois, et son second épouxHector Lucchesi-Palli, qui l'avait ruinée — six millions de francs de dettes — elle s'installe enAutriche, où elle vit ses dernières années entre le château deBrunnsee etVenise. Elle y avait acheté le palais VendraminCa' Vendramin Calergi, que son filsHenri d'Artois lui fit vendre en échange de son aide financière. Elle meurt aveugle le[32] au château de Brunnsee àEichfeld, localité aujourd'hui rattachée à la ville deMureck, et elle est inhumée au cimetière deMureck dans une chapelle familiale qui existe toujours aujourd'hui[33].

La duchesse de Berry et les arts

[modifier |modifier le code]
Rosny (Yvelines),Le château de la duchesse de Berry,Jean-Baptiste Camille Corot, 1840,musée du Louvre, Paris.

La duchesse s'intéressa à de nombreux domaines artistiques. Comme son époux, qui présidait la Société des Amis de l'Art, la princesse fut une grandemécène, encourageant par ses multiples achats dans les Salons de nombreux peintres et favorisant la production artistique et littéraire d'un grand nombre de musiciens et d'hommes de lettres.

Elle apporta également un parrainage actif à de nombreuses manufactures ainsi qu'à beaucoup de maisons de commerce ou ateliers d'artisanat, souhaitant ainsi favoriser l'essor économique du pays.

Mais son extrême générosité - elle fut surnommée « la bonne duchesse » - est moins connue; elle se manifesta par le soutien très actif qu'elle apporta tout au long de sa vie, même en exil, à de multiples organisations et associations aussi bien qu'aux victimes de catastrophes naturelles, nécessiteux ou anciens serviteurs de la monarchie.

Musique

[modifier |modifier le code]

Elle fut le mécène de plusieurs musiciens, commeGioachino Rossini,François-Adrien Boieldieu qui lui dédia son opéraLa Dame blanche. De nombreux compositeurs de l'époque lui dédièrent également des œuvres.

Bibliophilie

[modifier |modifier le code]

Dans sonchâteau de Rosny, la duchesse de Berry réunit une des plus exceptionnelles bibliothèques de son temps, tant par la rareté des éditions qui s'y trouvaient que par la grande qualité des reliures, le plus souvent dues au célèbreRené Simier, magnifique ensemble de plus de 8 000 volumes qui sera dispersé en 1837 lors d'une vacation de plus d'un mois, ce qui fait que des livres reliés à ses armes ou avec sur les plats ses initiales « MC » entrelacées et couronnées, apparaissent au gré des ventes de grandes bibliothèques européennes.

Théâtre

[modifier |modifier le code]

Passionnée de théâtre, elle obtint de Louis XVIII le parrainage duthéâtre du Gymnase qui, à partir de 1825, prit le titre de « théâtre de Madame », Madame étant lenom traditionnellement donné à la première princesse du royaume après la dauphine, nom qu'elle avaitréussi à imposer[réf. nécessaire] avant la mort deLouis XVIII en 1824, en tant que mère du futur héritier du trône de France[1]. De multiples pièces et vaudevilles, le plus souvent œuvres de l'auteur dramatiqueEugène Scribe, y furent représentées jusqu'en 1830, date du départ en exil de toute la famille royale.

Photographie

[modifier |modifier le code]

Durant son séjour en Italie, la duchesse s'intéressa aux arts, notamment à la photographie. Elle fut en relation avec lesphotographes primitifs installés à Rome, qui constituaient le cercle de l'Antico Caffè Greco.

Sa collection de photographies contient des tirages deFrédéric Flachéron,Giacomo Caneva,Pompeo Bondini,Eugène Constant,James Anderson,Stefano Lecchi,Vittorio della Rovere,Firmin Eugène Le Dien,Eugène Disdéri,Joseph Vigier,comte de Vernay,Pascual Perez,Pierre Émile Pécarrère,Antonio Perini,Domenico Bresolin,Félix Teynard.

Elle a fait l'objet d'un catalogue intituléPromenade méditerranéenne. Collection photographique de la duchesse de Berry. Les années 1850 (Céros éditeur)[34].

Jardins

[modifier |modifier le code]

Comme l'impératrice Joséphine, la duchesse, très férue de botanique, remodela complètement le parc duchâteau de Rosny dans le goût « paysagiste anglais » très en vogue à l'époque. Elle le fit planter de milliers d'essences d'arbres, d'arbustes et de fleurs, le peupla de cerfs et de daims et y acclimata des biches naines venues d'Asie centrale ainsi que des kangourous qui vivaient dans des enclos dessinés dans l'esprit des fermes dupays de Caux.

Voulant rappeler le souvenir de la reine Marie-Antoinette, sa grand-tante, elle fit aménager dans le parc une « rivière anglaise » avec cascade artificielle dans l'esprit de celle que la souveraine avait créée auPetit Trianon deVersailles. Enfin, pour satisfaire sa passion pour les fleurs exotiques, elle créa une vasteserre chaude.

Une exposition intitulée « Entre Cour et jardin, Marie-Caroline, Duchesse de Berry » s'est tenue d'avril à aumusée de l'Île-de-France, au château deSceaux ; cette vaste rétrospective historique traitant des séjours officiels de la princesse, du palais des Tuileries au château de Rosny, regroupait près de 300 objets (meubles, tableaux, tapisseries, livres, orfèvrerie, bijoux, souvenirs historiques) provenant de plus de 80 musées, institutions patrimoniales et collectionneurs privés, dont la moitié étaient exposés pour la première fois[Note 2].

Souvenirs princiers à l'encan

[modifier |modifier le code]

Le, une boîte en or du maître-orfèvre parisien Morel, ornée d'une miniature deJean-Baptiste-Joseph Duchesne (1770–1856) représentant la duchesse de Berry, offerte par elle le au vicomte André-Guy-Victor du Hamel, maire deBordeaux, en remerciement de l'accueil royal de la ville lors de sa « mission » de propagande politique précitée, qui avait été depuis conservée par les descendants sans avoir été exposée, a été vendue aux enchères à Bordeaux à un collectionneur de souvenirs historiques pour la somme de 35 980 euros, au double des estimations[35].

La vente aux enchères publiques « Noblesse Oblige » organisée par la maisonSotheby's àLondres le dispersa unalbum amicorum composé de96 œuvres sur papier 70 objets et souvenirs historiques lui ayant appartenu, parmi lesquels[36] :

  • son meuble d'aquarelliste orné d'une plaque en bronze doré sertie des miniatures de la duchesse et de ses deux enfants ;
  • une plaque commémorative de son mariage enporcelaine de Sèvres (1816) ;
  • levaisseau en argent sur son socle en bois clair offert par la ville de Bordeaux à la naissance de son fils (1820) ;
  • trois bustes enbiscuit de Sèvres d'elle et de ses enfants ;
  • son dernier service à café enporcelaine de Vienne ;
  • des sièges enacajou provenant du château de Rosny.

Le, c'est un bureau à cylindre entièrement incrusté de fleurs de lys et portant un médaillon marqueté à son chiffre, et une paire de vases en porcelaine ornés de médaillons en « biscuit » aux profils du duc et de la duchesse (Paris, Denuelle, vers 1823), offerts par elle à son amie la comtesse Leray de Chaumont et demeurés depuis dans sa descendance, qui furent vendus parMe Fraysse et Jabot, commissaires-priseurs, à l'hôtel des ventes de Tours.

Le 30 mars 2021 àParis, unalbum amicorum composé de96 œuvres sur papier dont unOriental en pied, aquarelle deEugène Delacroix et des œuvres deFélix Marie Ferdinand Storelli,Louis Lafitte,Hippolyte Bellangé ou encoreVictor-Jean Nicolle, réunies par Adèle de Maillé La Tour Landry (1787–1850), comtesse d'Hautefort, dame de compagnie de la duchesse de 1816 à 1833, fut vendu aux enchères par l'OVV Audap et associés.

Le 15 décembre 2023,Sotheby's disperse à Paris une importante collection de souvenirs de la duchesse de Berry[37].

Peintures

[modifier |modifier le code]

Quelques peintures réalisées par la duchesse de Berry :

  • Messe du soir dans un couvent.
    Messe du soir dans un couvent.
  • Frères dans la Chartreuse de San Giacomo à Capri.
    Frères dans la Chartreuse de San Giacomo à Capri.
  • Intérieur du palais Vendramin sur la lagune de Venise.
    Intérieur du palais Vendramin sur la lagune de Venise.

Dans la fiction

[modifier |modifier le code]

Télévision

[modifier |modifier le code]

En 1961, l'équipe deLa caméra explore le temps consacre un épisode à l'aventure de la duchesse de Berry retraçant les tentatives avortées de soulèvement de la Provence et de la Vendée en 1832 et son arrestation àNantes, puis la naissance de sa fille Rosalie en 1833 à la forteresse de Blaye. Elle est interprétée parFrançoise Christophe. En 1971,Jacques Trébouta tourne sur le même sujet le téléfilmLa Duchesse de Berry, avecMartine Sarcey dans le rôle de la duchesse.

L'émissionSecrets d'Histoire surFrance 3 du, intituléeLa Duchesse de Berry, une rebelle chez les Bourbons !, lui est consacrée[38].

Littérature

[modifier |modifier le code]

Dans sesMémoires d'outre-tombe, Chateaubriand relate ses relations avec la duchesse en exil. L'écrivain alors dans l'opposition légitimiste à la monarchie deLouis-Philippe Ier expose notamment dans saLettre à madame la duchesse de Berry son analyse de la situation politique en France après 1830 et des conditions d'une restauration légitimiste[39]. La duchesse est l'une des protagonistes du roman d'Alexandre DumasLes Louves de Machecoul. Le roman deJean de La VarendeMan d'Arc (1950) met en scène la tentative de soulèvement vendéen, où figure la duchesse et ses partisans. Le livre deJean RaspailLe Roi au-delà de la mer (2000) évoque largement l'équipée de 1832 et le courage de la duchesse.

Le romanLe Bureau des affaires occultes - Le chant maléfique, d'Éric Fouassier, paru en 2024, place l'intrigue en pleine tentative de révolution légitimiste, lors de laquelle Marie-Caroline de Bourbon-Siciles apparaît comme l'un des personnages principaux du récit.

Titulature et décorations

[modifier |modifier le code]

Titulature

[modifier |modifier le code]
  •  :Son Altesse Royale princesse Marie-Caroline de Naples et de Sicile.
  •  :Son Altesse Royale Madame, duchesse de Berry.
  •  :Son Altesse Royale la duchesse de Berry, marquise de Rosny
  • – 1856 :Son Altesse Royale la comtesse Hector Lucchesi-Palli.
  • 1856 – :Son Altesse Royale la duchesse de la Grazia.

Décorations dynastiques

[modifier |modifier le code]

Notes et références

[modifier |modifier le code]

Notes

[modifier |modifier le code]
  1. Picardie, Île-de-France, Normandie, Champagne, Lorraine, Alsace, Bretagne, Poitou, Orléanais, Berry, Bourgogne, Guyenne, Auvergne, Dauphiné, Gascogne, Languedoc, Occitanie, Corse ; Alger forme un royaume dépendant directement de la Couronne.
  2. Un catalogue a été publié à l'occasion de cette manifestation.

Références

[modifier |modifier le code]
  1. abc etdLaure Hillerin, « Laduchesse de Berry, people avant l'heure », émissionAu cœur de l'histoire surEurope 1, 14 mai 2013.
  2. Actes du mariage célébré par procuration entre Charles Ferdinand de Berry et Caroline de Bourbon-Sicile, rédigés en italien puis « pour traduction conforme » en français, faits à Naples, le 24 avril 1816, Base de données Archim,Archives nationales de France.
  3. Acte du mariage civil du duc de et de la duchesse de Berry aux Tuileries à Paris le 17 juin 1816, Registre d'état civil de la Maison royale de France, premier volume, AE/I/14/1/1,Archives nationales de France.
  4. Première entrevue de S. A. R. la duchesse de Berry avec la famille royale le 15 juin 1816 à Fontainebleau.
  5. ouLouise Isabelle.
  6. Nicolas Enache,La Descendance de Marie-Thérèse de Habsburg, reine de Hongrie et de Bohème, Paris, L'Intermédiaire des chercheurs et des curieux,, 800 p.,p. 448-449
  7. a etbGabriel de Broglie,La Monarchie de Juillet, Fayard 2011,p. 70.
  8. « Joconde - catalogue - dictionnaires », surwww2.culture.gouv.fr(consulté le).
  9. « Le Furet, cotre de l'État, destiné au service particulier de SAR Madame, duchesse de Berry, sortant du port de Dieppe », surpop.culture.gouv.fr(consulté le).
  10. A. Pihan Delaforest,Premier voyage de S. A. R. Madame la duchesse de Berry en Normandie en 1824, Paris, A. Pihan Delaforest,, 255 p.(lire en ligne).
  11. A. Pihan Delaforest,Voyage de Son Altesse Royale Madame la duchesse de Berry au berceau de Henri IV, Paris, A. Pihan Delaforest,, 614 p..
  12. Art et commerce d'art en France avant l'époque impressionniste : évocation du nom de la duchesse et de la galerie d'Henri Gaugain.
  13. Frédérique Féron,« La duchesse de Berry, aristocrate star, amante prolifique mais putschiste ratée »,Paris Match, 14-20 août 2014,p. 97-100.
  14. Ferdinand de Bertier de Sauvigny,Souvenirs d'un ultra-royaliste,p. 461.
  15. Hugues de Changy,Le soulèvement de la duchesse de Berry, 1830–1832. Les royalistes dans la tourmente, Paris, DUC-Albatros, 1986,p. 107.
  16. Laure Hillerin,La duchesse de Berry, éd. Flammarion,p. 287.
  17. Vicomte de Reiset,Belles du vieux temps, Paris, Emile-Paul,, 340 p.,p. 269-294
  18. Vicomte de Reiset,Marie-Caroline, duchesse de Berry, Paris, Calmann-Lévy,, 435 p.(lire en ligne),p. 379-382.
  19. Hugues de Changy,Le Soulèvement de la duchesse de Berry - 1832, Paris, D.U.C. - Albatros,, 253 p.,p. 204-205
  20. Étienne Dejean,La Duchesse de Berry et les monarchies européennes (août 1830 – décembre 1833) d'après les archives diplomatiques et les documents inédits des archives nationales, Paris, Librairie Plon,, 393 p.(lire en ligne),p. 1-196.
  21. de Berranger 1975,p. 77-78.
  22. Aussel 2002,p. 30.
  23. « Archives départementales de Gironde, Blaye-Registres d'état civil-Naissances – 1833, Cote : 4 E 5233/5 », surArchives départementales de Gironde,(consulté le).
  24. DocteurProsper Ménière,La Captivité de Madame la duchesse de Berry à Blaye, journal du docteur P. Ménière publié par son fils le docteur E. Ménière, tome 1, Paris, Calmann Lévy,(lire en ligne),p. 403-415
  25. François-René de Châteaubriand,Mémoires d'outre-tombe, tome 2, livres trente-septième à trente-neuvième, Paris, Gallimard - Bibliothèque de la Pléiade,,p. 631-724
  26. François Raviez, « Mme de Boigne ou le potin suprême », surbooks.openedition.org,(consulté le)
  27. Eléonore-Adèle deBoigne,« Expédition de la duchesse de Berry », dans Eléonore-Adèle de Boigne,Mémoires de la comtesse de Boigne, née d'Osmond: récits d'une tante. 2: De 1820 à 1848, Mercure de France,coll. « Le temps retrouvé »,(ISBN 978-2-7152-5785-6), Pages 444 a 468
  28. Docteur P. Ménière,La Captivité de Madame la duchesse de Berry à Blaye - 1833 - Journal du docteur P. Ménière publié par son fils le docteur E. Ménière, tome II, Paris, Calmann Lévy,(lire en ligne),p. 214-241
  29. François-René de Châteaubriand,Mémoires d'Outre-tombe, tome 2, livre quarante-deuxième, Paris, Gallimard - Bibliothèque de la Pléiade,,p. 846-857
  30. « Schloss Brunnsee », surschloss-brunnsee.at(consulté le)
  31. Nicolas Enache,La descendance de Marie-Thérèse de Habsburg, reine de Hongrie et de Bohème, Paris, L'Intermédiaire des chercheurs et curieux,, 800 p.,p. 476-521
  32. https://data.matricula-online.eu/en/oesterreich/graz-seckau/mureck/2249/?pg=235 Registre des décès et sépultures de la paroisse de Mureck.
  33. https://www.tombes-sepultures.com/crbst_1426.html
  34. Quelques photos du recueil photographique de la duchesse, extrait d'un catalogue de vente.
  35. Reproduction dansLa Gazette de l'Hôtel Drouotno 250, 27 novembre 2009,p. 250.
  36. Vincent Meylan, « Les souvenirs de Marie Caroline, duchesse de Berry »,Point de vueno 3271, 30/03-5/04/2011p. 65 à 67.
  37. « Collection Hubert Guerrand-Hermès, Autour de la duchesse de Berry », sursothebys.com(consulté le)
  38. « Secrets d'Histoire - La duchesse de Berry, une rebelle chez les Bourbons », surLe Figaro(consulté le).
  39. Vicomte de Chateaubriand,Mémoires d’outre tombe, Paris, Eugène et Victor Penaud, 1849–1850, 6000 p., tomes 10 et 11.
  40. « BORBONE DELLE DUE SICILIE », surwww.genmarenostrum.com(consulté le)

Annexes

[modifier |modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Sources

[modifier |modifier le code]

Bibliographie

[modifier |modifier le code]

Articles connexes

[modifier |modifier le code]

Liens externes

[modifier |modifier le code]

v ·m
Première générationAbsence de distinctions faute d’alliances
Deuxième génération
Troisième génération
Quatrième génération
Cinquième génération
Sixième génération
Septième génération
Huitième génération
Neuvième génération
Dixième génération
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Marie-Caroline_de_Bourbon-Siciles_(1798-1870)&oldid=230755123 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp