Elle devientdauphine de France en 1770, à quatorze ans, par son mariage avec ledauphin Louis-Auguste de France, futur roiLouis XVI, puis reine de France en 1774, lorsque son époux monte sur le trône. Après huit ans de mariage, elle donne naissance àMarie-Thérèse, première de ses quatre enfants. Elle perd en popularité en raison d'accusations de sympathies avec les ennemis de la France, en particulier avec sonAutriche natale, et de l'affaire du collier, où elle ne se trouve nullement impliquée, en réalité ce sont descourtisans qui furent victimes d'uneescroquerie rocambolesque. Des surnoms dévalorisants, comme« l'Autrichienne » ou« Madame Déficit », circulent alors. Tout comme son mari, elle n'apprécie guère les contraintes de lacour et aime se consacrer du temps, notamment auhameau de la Reine.
L'archiduchesse, prénommée Marie-Antoinette-Josèphe-Jeanne, naît le aupalais de la Hofburg àVienne[a 2]. Ses parrain et marraine sont le roiJosephIer de Portugal et son épouse la reineMarie-Anne-Victoire d'Espagne[a 3]. Apprenant quelques jours plus tard qu'untremblement de terre a ravagé Lisbonne la veille de la naissance de l'archiduchesse, d'aucuns y voient un mauvais présage[a 3], et plus encore après 1793.Elle est baptisée sous les prénoms deMaria Antonia Josepha Joanna[a 3]. Elle est aussitôt confiée aux« ayas », les gouvernantes de la famille royale commeMme de Brandeis[b 1], et partage son enfance entre le palais de la Hofburg à Vienne et lechâteau de Schönbrunn[a 4]. Son enfance est ponctuée de nombreuses rencontres, comme celle avec le tout jeune enfant prodigeMozart dans leSalon des Glaces dupalais de Schönbrunn le[3], ce dernier l’ayant (d'après la légende) ingénument demandée en mariage à cette occasion[a 5],[b 2],[4].
Marie-Antoinette reçoit une éducation où le maintien, la danse, la musique et le paraître occupent l’essentiel de son temps et ne bénéficiant de ce fait d’aucune éducation politique. Ainsi, à l'âge de dix ans, elle a encore du mal à lire et à écrire en allemand, parle peu et difficilement le français, et très peu l’italien — trois langues qui étaient alors parlées couramment dans la famille impériale, sans compter son apprentissage des rudiments de latin[a 6].Mme de Brandeis, rendue responsable par l'impératrice du retard de la jeune princesse, est congédiée et remplacée parMme de Lerchenfeld[a 7], plus sévère. Maria Antonia est à cette époque une enfant espiègle, étourdie et volontiers moqueuse[5].
À cette époque, la cour d’Autriche possède une étiquette beaucoup moins stricte que celle deVersailles : les danses y sont moins complexes, le luxe y est moindre et la foule moins nombreuse. La famille impériale vit selon son rang mais sans luxe ostentatoire, ainsi que le montre un tableau peint par l'archiduchesse Marie-Christine montrant la famille fêtant dans l'intimité laSaint-Nicolas. La jeune Marie-Antoinette est très proche de sa sœurMarie-Caroline qui a trois ans de plus qu'elle, un caractère affirmé et qui, dans le cadre de la réconciliation entre les Maisons d'Autriche et de France, deviendrareine de Naples et de Sicile en épousant en 1768Ferdinand, roi de Naples et de Sicile[b 3].
Sa mèreMarie-Thérèse, comme tous les souverains de l’époque, met le mariage de ses enfants au service de sa politique diplomatique. Après des siècles de guerres, celle-ci vise à réconcilier lesmaisons d'Autriche etde France dans le contexte durenversement des alliances et de la fin de laguerre de Sept Ans, et à faire ainsi face aux ambitions conjointes de laPrusse et de laGrande-Bretagne.Ainsi, parmi les sœurs aînées de Marie-Antoinette, seuleMarie-Christine, l’enfant préférée de l’impératrice, peut épouser en 1766 — après la mort de leur père qui y était opposé — l'homme de son choix, le princeAlbert de Saxe, fils cadet de l'électeur de Saxe et roi de PologneAuguste III de Pologne et frère de la dauphine de FranceMarie-Josèphe de Saxe, mère du futurLouis XVI de France. Pour améliorer le sort de son gendre, prince de second rang, le cadet saxon est même crééduc de Teschen par Marie-Thérèse[6]. Marie-Christine et Albert sont nommés régents desPays-Bas en 1780 à la suite de leur oncle, le princeCharles Alexandre de Lorraine.En revanche,Marie-Amélie, bien qu'éprise du duc de Deux-Ponts, épouse contre son gré, en 1769,Ferdinand Ier,duc de Parme[6], etMarie-Caroline épouse en 1768Ferdinand IV, leroi de Naples et desDeux-Siciles[b 3], après que deux sœurs successivement promises au jeune monarque furent mortes prématurément[a 8],[6].L'archiduchesse grandit au sein d'une famille unie qui, tout en conservant les formes extérieures que leur impose leur rang, sait se ménager des instants d'intimité familiale.Le mariage de l'empereur et de l'impératrice était non seulement une union politique mais aussi un mariage d'inclination, la future impératrice s'étant éprise dès son jeune âge de ce cousin arrivé de Lorraine à l'âge de14 ans pour parfaire ses études (et — suivant les vœux secrets de son père le ducLéopold Ier — épouser la fille aînée de l'empereurCharles VI, le dernier rejeton mâle de la maison de Habsbourg).Le couple impérial fut particulièrement uni et, tant que dura sa vie conjugale, partagea la même chambre.
Nonobstant son chagrin, Marie-Thérèse prend seule en main l'éducation de ses filles et s'attache particulièrement à conclure le mariage entre le dauphin Louis-Auguste — futurLouis XVI — et sa fille Marie-Antoinette, qui doit concrétiser la réconciliation des deux maisons les plus prestigieuses d'Europe.
Louis XV ne voit pas d'inconvénient au mariage de la princesse avec son petit-fils à condition que celle-ci soit capable de parler convenablement français. Cela semble perdu d'avance. C'est pourquoi l'abbéMathieu-Jacques de Vermond est envoyé à la cour de Vienne pour enseigner le français à la dauphine[a 9]. Celle-ci semble bien progresser[a 10].Le roi envoie également des spécialistes français reconnus afin d'améliorer entre autres sa denture, alors très mauvaise, et sa coiffure[a 10],[a 11].Le au soir, Marie-Antoinette, âgée de14 ans et trois mois, est« réglée », donc prête à être donnée en mariage[a 11] et à donner un dauphin à la couronne de France. Les négociations en vue du mariage sont menées à un rythme plus soutenu.
Pastel de Marie-Antoinette réalisé parJoseph Ducreux en 1769 à l'intention du Dauphin afin qu'il puisse faire connaissance de sa future épouse.
Dès le, Marie-Antoinette renonce officiellement à ses droits sur les couronnes dépendant de lamaison d’Autriche. Le, on célèbre sonmariage par procuration, à cinq heures du soir, dans l'église des Augustins[a 12]. Seul le mariage deLouis XIV avec l'infante, fille aînée et potentielle héritière du roi d'Espagne, avait eu un semblable retentissement.
Deux jours plus tard, le, au petit matin, Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine la benjamine de la famille impériale, âgée de14 ans et cinq mois, quitte définitivement Vienne[a 13] et l'Autriche.
Sa mère lui fait alors un grand nombre de recommandations[b 4]. De douloureux pressentiments entourent alors son départ de Vienne. Weber dit, dans ses mémoires :
« On a peine à se défendre de la superstition des pressentiments quand on a vu les adieux de Marie-Antoinette à sa famille, à ses serviteurs et à son pays, en 1770. Hommes et femmes se livrèrent aux mêmes expressions de la douleur. Les avenues, comme les rues de Vienne en retentirent. On ne rentrait chez soi qu'après avoir perdu de vue le dernier courrier qui la suivait, et l'on y rentrait que pour gémir en famille d'une perte commune[b 5]. »
L'impératrice sa mère semble aussi touchée par le phénomène. Une anecdote raconte que l'abbé Joseph Gassner, ecclésiastique venu chercher asile à Vienne, se croyant inspiré par Dieu, à une question de Marie-Thérèse lui demandant comment allait sa fille, ne répondit pas, pâlit, et finit par articuler :« Madame, il est des croix pour toutes les épaules »[b 6].Marie-Thérèse demanda aux princessesCharlotte etLouise de Hesse-Darmstadt, amies de Marie Antoinette, d'accompagner cette dernière en France.
En chemin pour la France, Marie-Antoinette croise le cortège de sa tante paternelleAnne-Charlotte de Lorraine, résolument opposée à l'alliance avec la France.
Après environ trois semaines de voyage, le, la jeune Marie-Antoinette arrive àKehl[b 7] où elle doit participer au rite de« remise de l'épouse », tradition de l'Ancien Régime[a 14].
Au moment de quitter le Saint-Empire, tous les biens venant de son pays d’origine, même ses vêtements, lui sont retirés dans un bâtiment construit en bois à cet effet sur l'île aux Épis, au milieu duRhin, entre les villes de Kehl et deStrasbourg, formant ainsi une sorte de« rite de passage » de sa vie de jeune fille à sa vie de femme mariée au dauphin[a 14].Le choix de cette île, entre l'Allemagne et la France représente également une sorte de zone neutre : les deux entrées de ce bâtiment sont disposées de telle manière qu’elle y entre dans l'Empire et en ressort en France[7].À cette occasion, lui est présentée sa première dame d'honneur,Mme de Noailles[a 15] qui lui présente alors la duchesse de Villars, sadame d'atours, ainsi que les comtesses de Mailly, de Tavannes, la duchesse de Picquigny et la marquise de Duras, ses secondes dames d'honneur[a 16],[b 8].Une fois le rituel achevé, elle sort du bâtiment par la porte côté français, sous une pluie battante[b 9].
Arrivée à Strasbourg, le temps redevenu clément, elle est complimentée de toutes parts et à M. d'Autigny,préteur royal de la ville, qui s'adresse à elle en allemand, elle répond :« Non ! Ne parlez point allemand, s'il vous plaît. À dater d'aujourd'hui, je n'entends plus d'autre langue que le français »[a 17]. Parvenue à l'Évêché, elle fait la connaissance ducardinal de Rohan qui l'attend et reçoit trente-six jeunes femmes de la noblesse d'Alsace[b 10],[a 18]. Puis elle se rend le soir-même à la comédie où l'on donne alorsDupuis et Desronnais ainsi quela Servante maîtresse[b 11],[a 18]. Le lendemain, remerciant M. d'Autigny du bel accueil qui lui avait été réservé[b 12], elle quitte Strasbourg pour cinq jours de voyage, au bout duquel elle rencontrera enfin le dauphin à qui elle est promise[a 18].
ÀSaverne, sa première étape, elle voit pour la première fois une résidence princière française, le château desprinces évêques de Strasbourg, alors récemment embelli[b 12].
Puis le cortège entre enLorraine, sur laquelle régnèrent ses ancêtres et qui est française depuis peu. Le, elle s'arrête àNancy, ex-capitale duduché de Lorraine, lieu de naissance de son père et capitale ancestrale desa maison[8]. Elle se recueille en l'église des Cordeliers, devant les tombeaux de ses ancêtres paternels, lesducs de Lorraine et de Bar.Le 10 mai 1770, elle passe àBar-le-Duc, ancienne capitale duDuché de Bar. Le 11 mai, le cortège passe àChâlons-sur-Marne (siège de lagénéralité de Champagne) où« Madame la Dauphine » assiste à la représentation deLa Partie de chasse d’ Henri IV[a 19], le 12 àSoissons où elle séjourne quarante-huit heures. Weber écrit aussi, à propos de ce voyage :
« Sur la route, tous les habitants des campagnes abandonnent leurs travaux pour venir la saluer. Les chemins sont jonchés de fleurs ; les jeunes filles, dans leurs plus belles parures, présentent leurs bouquets à la dauphine, qui sourit à la naïveté des unes, daigne répondre aux compliments des autres, et les accueille toutes avec bonté. À vingt lieues de Strasbourg, les habitants des villages voisins se sont rassemblés. On entendait de toutes parts retentir les cris de :« Vive la dauphine ! Vive le dauphin ! » Le chemin était obstrué par la foule. Les stores de sa voiture étaient levés et tous les spectateurs pouvaient contempler à loisir sa beauté, son sourire enchanteur, sa douce physionomie. De jeunes paysans se disaient l'un à l'autre :« Qu'elle est jolie, notre dauphine ! »[b 13]. »
Le 1770 à deux pas deCompiègne, la jeune dauphine rencontre lepremier ministre, leduc de Choiseul, venu au-devant d'elle[b 14]. Marie-Antoinette sait que le duc de Choiseul, favorable à l'alliance autrichienne, est l'artisan de son mariage.
La jeune princesse va ensuite attendre la cérémonie de son mariage près de Paris auchâteau de la Muette, dont le dauphin Louis avait pris possession en 1764[9].Si le peuple des campagnes se réjouit de l'arrivée de sa future souveraine, la jeune dauphine ignore tout de l'animosité qu'inspire à la cour — et à la famille royale — l'alliance de son pays d'origine et son pays d'accueil.Elle fut surnommée« l’Autrichienne » (c'est une façon de dire qu'elle était étrangère à la nation) dès son arrivée à Versailles. La première à lui donner ce surnom futMadame Adélaïde, tante de Louis XVI et fille de Louis XV, qui ne supportait pas son comportement « fantaisiste ».
Louis Auguste de France, Dauphin du Viennois (1769).
Marie-Antoinette vers 1770.
Le jour même des noces, un scandale d’étiquette a lieu : tout comme l'avaient fait leurs ancêtres en 1698 lors du mariage d'Élisabeth-Charlotte d'Orléans, nièce de Louis XIV avec le ducLéopold Ier de Lorraine (grand-père de Marie-Antoinette), lesprincesses de Lorraine (issues de laMaison de Guise, branche cadette de laMaison de Lorraine établie en France depuis deux siècles) arguant de leur (lointaine) parenté avec la nouvelle dauphine, ont obtenu de danser avant les duchesses, au grand dam du reste de la noblesse qui, suivant l'exemple des filles deLouis XV, murmure déjà contre« l’Autrichienne ».
Plan du souper du jour du mariage de M. le Dauphin avec l’Archiduchesse Marie-Antoinette célébré le.Archives nationales. K/147/14/2.
Le soir duplace Louis XV (futureplace de la Révolution à Paris, où Louis et Marie-Antoinette seront guillotinés) où l'on fête le mariage princier, est tiré un feu d'artifice ; une fusée tombe sur les pièces d'artifice destinées au bouquet final, créant un incendie, puis unevéritable panique, conduisant à la mort de plusieurs centaines de victimes (131 selon les chiffres officiels, mais en réalité vraisemblablement autour de 400). Bouleversés, le dauphin et la dauphine — qui n'ont que15 ans — financeront sur leur cassette personnelle une importante aide aux victimes et à leurs familles[12].
La jeune Dauphine, au physique agréable, est assez petite et ne possède pas encore la« gorge » si appréciée en France.Elle estblonde, d'un blond assez soutenu tirant sur le roux, qui, sous la poudre, prend des reflets rosés. Ses yeux bleu pâle sont un peu trop saillants. Son visage, au vaste front bombé, considéré comme trop haut, offre un ovale très allongé. Le nez, qui promet d'être légèrement aquilin, offre peu de finesse[13]. La jeune dauphine a néanmoins beaucoup de grâce et une légèreté presque dansante dans sa façon de se mouvoir.
Profil en médaillon de la dauphine Marie-Antoinette en 1770, présenté lors de son mariage.
Buste de Marie-Antoinette, Dauphine de France, réalisé en 1771 par Jean-Baptiste II Lemoyne
Marie-Antoinette archiduchesse d’Autriche, arrière-petite nièce deLouis XIV, par sa grand-mère paternelleÉlisabeth-Charlotte d'Orléans, duchessede Lorraine et deBar, objet vivant du« renversement des alliances » du roiLouis XV, elle attire dès son arrivée l’inimitié d’une partie de la cour marquée par près de trois-cents ans d'inimitié avec laMaison d'Autriche.
La jeune princesse, habituée à une vie simple de famille unie, a du mal à s’habituer à sa nouvelle vie. Etrangement, le Dauphin, son très jeune mari, l’aime mais par timidité l’évite, partant très tôt chasser ; après plusieurs semaines, le mariage n'est toujours pas consommé ce qui peut être un motif d'annulation en cour de Rome, inquiète l'impératrice et suscite les interrogations de la cour. Elle peine à s’habituer au cérémonial français, au manque d’intimité et subit péniblement« l’étiquette », rigide mode d’emploi de la cour. Son esprit se plie mal à la complexité et à la rouerie de la« vieille cour », aulibertinage du roi Louis XV et de sa maîtresse lacomtesse du Barry. Par ailleurs, elle est manipulée par« Mesdames Tantes », les filles célibataires du roi Louis XV, qui lui communiquent leur aversion pour la favorite royale, ce qui agace le roi faible mais inquiet pour son salut.
La Dauphine se fera bientôt une ennemie de la très belle comtesse : pendant les premiers temps, elle refuse de lui parler mais, forcée par Louis XV, et poussée par Marie-Thérèse sa mère, et le diplomate autrichienFlorimond de Mercy-Argenteau — ambassadeur d’Autriche à Paris —, elle finit par adresser la parole à la comtesse lors de la réception du avec ces quelques mots qui passeront à l'histoire :« Il y a bien du monde aujourd'hui à Versailles ».
Marie-Antoinette ressortira humiliée de cet incident, surtout que Mesdames tantes verront dans son attitude un acte de haute trahison.
Une tradition fait de Marie-Antoinette d'Autriche celle qui aurait officiellement introduit et popularisé en France lecroissant à partir de 1770, d'où le nom deviennoiserie[15].
La reine en 1775, à 19-20 ans, coiffée dans le stylepouf créé parLéonard.
Le roi Louis XV est mort le et Marie-Antoinette devient reine deFrance et deNavarre à18 ans. Toujours sans héritier à offrir à la France et toujours considérée comme une étrangère même par la famille royale qu'elle n'aime pas, la reine devient, dès l’été 1777, la cible de premières chansons hostiles qui circulent de Paris jusqu’à Versailles.
Une véritable cabale se monte contre elle dès son accession au trône, despamphlets circulent, d'abord de courts textes pornographiques puis deslibelles orduriers[16].
Ses déboires conjugaux étant publics — le mariage entre elle et Louis XVI met sept ans à être consommé[16] — alors que son charme est évident et qu'elle affiche une certaine liberté de ton, on l’accuse d’avoir des amants (lecomte d’Artois son beau-frère, le comte suédoisAxel de Fersen) ou même des maîtresses (laduchesse de Polignac, laprincesse de Lamballe car des pamphlets érotiques circulent à la Cour[17],[18], de dilapider l’argent public en frivolités (robes deRose Bertin, parfums deJean-Louis Fargeon[19]) ou pour ses favoris, de faire le jeu de l’Autriche, désormais dirigée par son frère l’empereur du saint empireJoseph II. Il est vrai que Marie-Antoinette a des amies, aime s'amuser, va à l'Opéra la nuit[18]
Elle y est clouée au pilori comme unenymphomane perverse et bien vite la certitude de son insatiable érotisme se répand. Elle est décrite comme une« prostituée babylonienne », une« infâme tribade » ayant l'habitude, àTrianon, d'épuiser quotidiennement plusieurs hommes et plusieurs femmes pour satisfaire sa« diabolique lubricité ».
De plus, le couple royal n'arrive pas à procréer, ce qui alimente les rumeurs sur l'impuissance de Louis XVI ou la stérilité de Marie-Antoinette, rumeurs généreusement répandues par lecomte de Provence — successeur potentiel de son frère — qui se juge seul apte à gouverner[20].Le roi Louis se révèle en fait inexpérimenté, intimidé par sa femme avec qui il ne s'entend pas et par l'atmosphère mesquine de la cour. La reine Marie-Antoinette peu attirée par son époux, se montre réticente à accomplir le devoir conjugal.
Sa mère Marie-Thérèse, craignant pour la survie de l'Alliance franco-autrichienne et que sa fille puisse êtrerépudiée, envoie sonfils aîné Joseph le à laCour de France afin d’analyser au mieux la situation du couple. Un an plus tard, le couple donne naissance à sa première fille,Marie-Thérèse-Charlotte mais cette naissance tant attendue et si tardive apparaît suspecte et fait naître la rumeur de bâtardise de l'enfant, la paternité de la princesse étant attribuée aucomte d'Artois ou auduc de Coigny[21].
« Marie-Antoinette ne peut souffrir les personnages ennuyeux »[24]. On dit d'elle qu'elle a un bon caractère mais qu'elle est en même temps partiale.« Le trait déplaisant de son caractère est la partialité. […]. Beaucoup accusent Marie-Antoinette de légèreté. À commencer par sa propre mère. […]. Elle aime seulement à se divertir, […] »[23].Marie-Antoinette aime le théâtre, la comédie, le jeu (pharaon,trictrac,billard…).
Elle aime la danse (« On dit qu'elle ne danse pas en mesure, écritHorace Walpole, mais alors c'est la mesure qui a tort »[23]) et la musique. Elle chasse également. Leduc de Croÿ rapporte qu'« elle monte supérieurement »[25].
Elle aime les toilettes. Pour le choix de ses tenues, elle bénéficie des conseils deRose Bertin, pour les parfums de celui deJean-Louis Fargeon, et pour les coiffures de celui deLéonard-Alexis Autié. Elle aime également les voyages dans les différents châteaux de la Cour autour de Paris, l'aménagement intérieur et la décoration. Elle lit, même si la lecture n'est pas son passe-temps préféré.
« On lui passe difficilement ses bals et ses soirées dansantes chez ses amies ou ses beaux-frères. On ne lui pardonne pas les bals masqués de l'Opéra, inconvenants, juge-t-on, pour une reine de France. Malheureusement elle en raffole, et s'y fait conduire plusieurs fois pendant le carnaval. […]. On lui reproche aussi sa passion du jeu. Tous les soirs, elle joue au Pharaon jusqu'à deux ou trois heures du matin. […]. L'opinion publique lui fait grief de ses goûts dispendieux en matière de toilettes et de réceptions. Elle aime les toilettes, c'est vrai, mais ses fournisseurs en profitent abusivement. […]. Pour les réceptions et les voyages, Marie-Antoinette manifeste parfois des exigences coûteuses. […]. La reine agit de même pour les aménagements et décorations de ses appartements. Tout doit être fait tout de suite, et sans avoir égard au coût de l'opération. […]. En décoration son goût n'est pas toujours le meilleur, mais il est parfait en musique. Musicienne elle-même – elle chante et joue de la harpe et de la flûte –, elle exerce dans cet art un intelligent mécénat. Elle protège Gluck, son ancien professeur de musique, et surtout elle réalise fort bien le caractère novateur de son art[23]. »
« Souvent même, elle paraît plus proche de la philosophie nouvelle que de la religion. Sa piété est jugée tiède[23]. »
Si les actes de piété ne sont pas ce que la postérité retiendra de ce personnage, sa dernière lettre àÉlisabeth de France, sœur du Roi, confirme la foi de la Reine. Dans les instants tragiques séparant sa condamnation à mort de son exécution, après avoir délicatement refusé le prêtre assermenté à la constitution civile du clergé[26], elle accomplit son devoir de chrétienne, pardonner et demander pardon :
« Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée. […] Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que, dans Sa bonté, Il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps, pour qu’Il veuille bien recevoir mon âme dans Sa miséricorde et Sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais et à vous ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurais pu leur causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait[27]. »
Si elle a longtemps mené une vie insouciante, entre les intrigues de la Cour et saferme de Trianon, elle tente d’influencer la politique du roi, de faire et défaire les ministres, toujours sur les conseils intéressés de ses amis. Mais, contrairement à la rumeur, son rôle politique s’avère extrêmement limité. Le baron Pichler, secrétaire deMarie-ThérèseIre, résume poliment l’opinion générale en écrivant[28] :« Elle ne veut être ni gouvernée ni dirigée, ni même guidée par qui que ce soit. C’est le point sur lequel toutes ses réflexions paraissent jusqu’à présent s’être concentrées. Hors de là, elle ne réfléchit encore guère, et l’usage qu’elle a fait jusqu’ici de son indépendance le prouve assez, puisqu’il n’a porté que sur des objets d’amusement et de frivolité. » Une lettre adressée le à son frère Joseph montre les limites de l'influence politique de la Reine :« Je ne m'aveugle pas sur mon crédit ; je sais que, surtout pour la politique, je n'ai pas grand ascendant sur l'esprit du roi. Serait-il prudent pour moi d'avoir avec son ministre des scènes sur des objets sur lesquels il est presque sûr que le roi ne me soutiendrait pas ? Sans ostentation ni mensonge, je laisse croire au public que j'ai plus de crédit que je n'en ai véritablement, parce que, si on ne m'en croyait pas, j'en aurais encore moins »[29].
Comme bien des conjoints de chef d'État, la reine Marie-Antoinette manifeste son intérêt pour la cause de l'Enfance en acceptant, en 1788, d'être la présidente d'honneur, la fondatrice honoraire et la protectrice de laSociété de Charité maternelle, créée parAnne-Françoise de Fougeret.
S’entourant d’une petite cour d’amis vite qualifiés defavoris (laprincesse de Lamballe, leduc de Lauzun, lebaron de Besenval, leduc de Coigny puis lacomtesse de Polignac plus enjouée et spirituelle que la princesse de Lamballe qu'elle juge trop pieuse et timorée), elle suscite les jalousies des autres courtisans surtout après avoir évincé de sa cour les vieux aristocrates[16]. Ses toilettes et les fêtes coûteuses qu’elle organise profitent au rayonnement de la France, notamment pour la mode et le commerce du textile, mais sont critiquées, bien qu’elles soient une « goutte d’eau » dans les dépenses générales de la cour, des administrations, ou comparées au niveau de vie de certains princes de sang ou seigneurs menant grand train. Au total, les dépenses de la cour ne représentent que 7 % du budget du royaume, soit guère plus que les règnes précédents[13].
« Elle tient grand couvert et reçoit trois fois par semaine à Versailles[30]. »
« Les escapades de Marie-Antoinette sont aussi fréquentes. Si Marly est délaissé — le cérémonial paraissant encore plus gênant qu'à Versailles — le petit Trianon a toute la faveur de la reine. […] Enthousiaste, la baronned'Oberkirch ne s'étonne pas que la reine y reste « la plus grande partie de la belle saison ». Les usages ne sont pas ici ceux de la Cour, ils imitent plutôt la simplicité de vie de la gentilhommerie. La reine « entrait dans son salon sans que le piano-forte ou les métiers de tapisserie fussent quittés par les dames, et les hommes ne suspendaient ni leur partie de billard ni celle detrictrac ». Trianon offre peu de logements. Aussi les invités dînent-ils avec la reine, passent l'après-midi, soupent puis reviennent coucher à Versailles. Le roi et les princes (sauf Madame Élisabeth) viennent engalopins. Dames d'honneur et du palais n'y sont pas davantage établies, mais, par grâce royale, peuvent y venir souper les mercredis et samedis, nommés ainsi « jours du palais ». Vivre en particulier loin de la pompe monarchique, échapper à la tyrannie de l'étiquette, abandonner les fastueux mais encombrants habits de Cour pour « une robe de percale blanche, un fichu de gaze, un chapeau de paille », fait le bonheur de Marie-Antoinette. Au hameau — auquel on a donné « à grands frais l'aspect d'un lieu bien pauvre » — la reine joue à la fermière, regarde pêcher dans le lac ou assiste à la traite des vaches[31]. »
« Après la mort de lamarquise de Pompadour (1764), l'arrivée en France de l'archiduchesse Marie-Antoinette en 1770 ranime la vie musicale à Versailles. La dauphine cultive le chant, touche le clavecin et la harpe. […]. Plus que son talent de harpiste, la protection qu'elle accorde aux musiciens « constitue son vrai mérite musical ». Négligeant peintres et écrivains, la reine met son influence au service des musiciens, attire à la Cour Gluck (1773), Piccinni — le maître le plus célèbre d'Italie (1776) —, Sacchini (1781), favorise la carrière de Grétry. Très attachée à l'auteur deRichard Cœur de Lion, elle le nomme directeur de sa musique particulière (1787), lui obtient dons et pensions, accepte d'être la marraine d'une de ses filles, favorise la création de ses opéras-comiques à Versailles, Fontainebleau ou Trianon. Dès son arrivée à la Cour, le chevalier Gluck, son ancien professeur à Vienne, est comblé d'honneurs. Six mille livres de pension et autant pour chaque opéra qu'il fera jouer doivent le retenir à Versailles[31]. »
Depuis 1774 et jusqu'à sa mort en 1784,Philipp Joseph Hinner(de), « maître de harpe de la reine », enseigne la harpe à Marie-Antoinette[32].
« Marie-Antoinette suit son exemple [de Madame de Pompadour]. Dauphine, elle courait avec son mari les salles parisiennes. Reine, elle ne change pas ses habitudes. « Sa Majesté, écrit Mercy-Argenteau en 1777, est venue aux spectacles de Paris deux ou trois fois chaque semaine. » Avec ses belles-sœurs elle anime agréablement sa société intime : elle apprend à jouer et possède son théâtre à Trianon. Au printemps 1780, elle devient actrice, avec une prédilection pour les comédies à ariettes[31]. »
« Vrai et gai. La cour de France lui doit pour une bonne part le charme riant de ses derniers feux. Se plaisant à la vie de famille et aux simples réunions amicales, elle fait aménager pour sa vie intime à Versailles, Fontainebleau, Compiègne et Saint-Cloud, des petits appartements tapissés de toiles peintes à motifs de fleurs et d'oiseaux, ornés de lambris blancs et de glaces. Ennemie du cérémonial et de l'étiquette, elle invente un nouveau style de vie et de divertissement. À Marly, par exemple, en 1788, elle établit une espèce de café, où les seigneurs et les dames vont prendre leur petit déjeuner le matin. On se met à une petite table, et chacun se fait servir ce qu'il veut[23] »
Les papiers personnels de Marie-Antoinette, dont sa correspondance secrète avecAxel de Fersen sont conservés auxArchives nationales (site de Pierrefitte-sur-Seine), sous la cote 440AP. La consultation se fait uniquement sous forme de microfilms[33]. L'analyse de l'encre des mentions occultées de ses lettres à Axel de Fersen a permis de confirmer les sentiments amoureux qu'elle lui manifestait[34],[35],[36].
Dans la lettre datée du, Marie-Antoinette lui a précisé :« je vais finir, non pas sans vous dire mon bien cher et tendre ami que je vous aime à la folie et que jamais jamais je ne peux être un moment sans vous adorer » (analyse réalisée parspectrométrie de fluorescence des rayons X, micro-faisceau μXRF)[37].
En, éclate l’« affaire du Collier » : les joailliers Boehmer et Bassange réclament à la reine 1,6 million delivres pour l’achat d’un collier de diamants dont lecardinal de Rohan a mené les tractations, au nom de la reine. La reine ignore tout de cette histoire et, quand le scandale éclate, sur demande de cette dernière, le roi exige que le nom de sa femme soit lavé de l’affront. Le cardinal est arrêté en pleine journée dans laGalerie des Glaces, sous les yeux des nombreux courtisans. Le roi confie l’affaire au Parlement, l’affaire est jugée parÉtienne François d'Aligre, qui conclut à la culpabilité du couple d’aventuriers à l’origine de l’affaire, les prétendus « comte et comtesse de la Motte » et disculpe le cardinal de Rohan et lecomte de Cagliostro, abusés mais innocents.
Le cardinal de Rohan, aussi innocent que la Reine dans cette affaire, s’est laissé manipuler parMadame de La Motte. Le Cardinal, frivole et volubile, est ignoré par la Reine depuis qu'il a mécontenté sa mère,Marie-Thérèse, alors qu'il était ambassadeur de France à la Cour d'Autriche, des années plus tôt.
Lorsque « Madame de la Motte », qui se dit amie et cousine de Marie-Antoinette, confie au Cardinal les tractations avec le bijoutier, il se rappelle que Madame de La Motte lui a obtenu, un an auparavant, un rendez-vous avec Marie-Antoinette — en réalité, la prostituée Nicole Leguey qui ressemblait à s’y méprendre à la reine — un soir dans le parc de Versailles, au bosquet de Vénus. Elle met en route une fausse correspondance ; le naïf mais ambitieux Cardinal accepte donc sa mission avec zèle, clamant à qui voulait l'entendre qu'il était enfin devenu « intime » de Sa Majesté.
La reine, bien qu’innocente, sort de l’affaire du collier déconsidérée auprès du peuple. Non seulement l'affront ne fut pas lavé, mais il généra une réelle campagne de désinformation étendue à tout le royaume. C'est à la même époque qu'est diffusée une littérature diffamante à propos des amours de la reine et du roi. Parmi ces représentations, l'une fut très populaire :Les Amours de Charlot et Toinette, caricatures du couple royal (1789), un succès de librairie.
Marie-Antoinette se rend enfin compte de son impopularité et tente de réduire ses dépenses, notamment en réformant sa maison, ce qui déclenche plutôt de nouveaux éclats quand ses favoris se voient privés de leurs charges. Rien n’y fait, les critiques continuent, la reine gagne le surnom de « Madame Déficit » et on l’accuse de tous les maux, notamment d’être à l’origine de la politique anti-parlementaire de Louis XVI.
Le s’ouvrent lesÉtats généraux. Lors de la messe d’ouverture,Anne-Louis-Henri de La Fare, qui est à la chaire, attaque Marie-Antoinette à mots à peine couverts, dénonçant le luxe effréné de la cour et ceux qui, blasés par ce luxe, cherchent le plaisir dans« une imitation puérile de la nature »[42], allusion évidente auPetit Trianon.
Le dauphin Louis-Joseph, mort à7 ans pendant les États généraux.
Le, le petitdauphin meurt. Pour éviter la dépense, on sacrifie le cérémonial deSaint-Denis. L’actualité politique ne permet pas à la famille royale de faire son deuil convenablement. Bouleversée par cet événement et désorientée par le tour que prennent lesÉtats généraux, Marie-Antoinette se laisse convaincre par l’idée d’une contre-révolution. En juillet,Necker démissionne. Le peuple interprète cette démission comme un renvoi de la part du roi. La reine brûle ses papiers et rassemble ses diamants, elle veut convaincre le roi de quitter Versailles pour une place forte sûre, loin de Paris. Il faut dire que, depuis le 14 juillet, un livre deproscription circule dans Paris. Les favoris de la reine y sont en bonne place et la tête de la reine elle-même est mise à prix. On l’accuse de vouloir faire sauter l’Assemblée avec une mine et de vouloir faire donner la troupe sur Paris, ce qui est faux. Il est néanmoins vrai que la reine prônera l’autorité et restera toujours ancrée dans la conviction de la légitimité du pouvoir royal.
Le1er octobre, un nouveau scandale éclate : lors d’un banquet donné par les gardes du corps de laMaison militaire, aurégiment de Flandre qui vient d’arriver à Paris, la reine est acclamée, des cocardes blanches sont arborées, et, selon la presse révolutionnaire, des cocardes tricolores auraient été foulées. Paris est outré par ces manifestations contre-révolutionnaires et par la tenue d’un banquet, alors que le pain manque à Paris. Il en résulte lesjournées révolutionnaires d'octobre, dont l'historiographie (tel le récit romancé deJules Michelet)[43] a retenu« la marche des femmes sur Versailles, disant aller chercher « le boulanger » (le roi), « la boulangère » (la reine) et le « petit mitron » (le dauphin) ».
Depuis 1931, on attribue à Marie-Antoinette une boutade cynique :« S’ils n’ont pas de pain,qu'ils mangent de la brioche ! ». Or, elle n'a pas pu prononcer cette phrase qui figure déjà dans le LivreVI desConfessions deJean-Jacques Rousseau publiées en 1782[44]. Aucune personne n'attribua la boutade à Marie-Antoinette à l'époque en 1789, les partisans de la Révolution compris[45].
Pour la famille royale, la conséquence principale de ces deux journées est son déménagement forcé, de Versailles pour lepalais des Tuileries.
Durant cette période, la famille royale est assignée à résidence et ne peut quitter son palais : il lui a notamment été interdit de quitter les Tuileries pour aller fêter Pâques à Saint-Cloud[47].
Breteuil propose alors, fin 1790, un plan d’évasion. L’idée est de quitter les Tuileries et de gagner la place-forte deMontmédy, proche de la frontière. La reine est de plus en plus seule, surtout depuis qu’en,Mercy-Argenteau a quitté la France pour sa nouvelle ambassade auxPays-Bas et queLéopold II, le nouvel empereur, un autre de ses frères, élude ses demandes d’aide, car, monarque philosophe, il pousse au contraire sa sœur à jouer le jeu de la nouvelle Constitution. Le, une lettre de Mercy-Argenteau à la reine est interceptée et portée devant la Commune. C’est le scandale, une preuve, pense-t-on, de l’existence ducomité autrichien, des tractations de la reine pour vendre la patrie à l’Autriche.
Le débute latentative d’évasion, stoppée le lendemain par l’arrestation àVarennes-en-Argonne. L'empereurLéopold soutient la tentative de fuite, ignorant son échec prématuré, en adressant à Marie-Antoinette une lettre l'assurant que des troupes seront mises à sa disposition pour rétablir le pouvoir du roi et affirmant que« Tout ce qui est à moi est à vous : argent, troupes, enfin tout ! »[46].
Assiette avec le texte du début de la chansonLa Carmagnole : « Madame Veto… ».
Interrogé à Paris par une délégation de l’Assemblée constituante, Louis XVI répond évasivement. Ces réponses, rendues publiques, suscitent le scandale, et certains révolutionnaires réclament la déchéance du roi. Marie-Antoinette, elle, correspond secrètement avecBarnave,Duport etLameth qui veulent convaincre le roi d’accepter son rôle de monarque constitutionnel. Mais elle joue là un double jeu, car elle espère seulement« les endormir et […] leur donner confiance […] pour les mieux déjouer après » (lettre de la Reine à Mercy). Elle écrit même àFersen ces mots :« Quel bonheur si je puis un jour redevenir assez puissante pour prouver à tous ces gueux que je n’étais pas leur dupe ». D’aprèsJean-Clément Martin, elle cherche via cette correspondance avec Fersen à favoriser une intervention étrangère qui permettrait à son époux de retrouver ses prérogatives royales et prévoit même un remboursement des frais de guerre aux souverains étrangers[48]. Le, Louis XVI accepte la Constitution. Le 30, l’Assemblée constituante se dissout et est remplacée par l’Assemblée législative, cependant que des bruits de guerre avec les monarchies alentour, au premier rang desquelles l’Autriche, se font plus pressants. Le peuple est alors remonté contre Marie-Antoinette, toujours appelée « l’Autrichienne ». Les pamphlets et journaux révolutionnaires la traitent de « monstre femelle » ou encore de « Madame Veto », et on l’accuse de vouloir faire baigner la capitale dans le sang. Le, la Francedéclare la guerre à l'Autriche et elle subit dans un premier temps de sérieux revers. Pour Thomas E. Kaiser, le contenu de la correspondance secrète de Marie-Antoinette révèle qu'elle aurait contribué à ces défaites en livrant aux puissances coalisées des renseignements militaires sur les plans d'attaque français[46]. Le, lemanifeste de Brunswick, largement inspiré par Fersen, achève d’enflammer une partie de la population.
Le, laConvention vote la mort avec une majorité étroite, avec le soutien duduc d'Orléans, cousin du roi déchu, connu alors sous le nom de Philippe Égalité. Louis XVI estexécuté le. Le,Robespierre évoque le sort de l'ancienne reine pour la première fois devant la Convention. Le,Louis-Charles est enlevé à sa mère et confié au savetierSimon. Le, c’est Marie-Antoinette qui est séparée des anciennes princesses, sa filleMadame Royale et sa belle-sœurmadame Élisabeth, et est conduite à laConciergerie. Durant son séjour dans sa prison, Marie-Antoinette, atteinte de saignements, aurait développé uncancer de l'utérus, uncancer cervical, unfibrome ou aurait été affectée d'uneménopause précoce[49] : Robespierre inquiet la fait suivre par son propre médecinJoseph Souberbielle qui constate desmétrorragies récurrentes. Aussi Robespierre fait-il accélérer la procédure judiciaire[50]. Lors du transfert, alors qu’elle s’est violemment cogné la tête, elle répond à ses geôliers, qui s’en inquiètent, son fameux« Rien à présent ne peut plus me faire de mal ». Son interrogatoire commence le lendemain.
Le, Marie-Antoinette comparaît devant leTribunal révolutionnaire, mené par l’accusateur publicFouquier-Tinville. Si leprocès de Louis XVI devant la Convention avait conservé quelques formes de procès équitable, ce n’est pas le cas de celui de la reine déchue. Le dossier est monté très rapidement, il est incomplet, Fouquier-Tinville n’ayant pas réussi à retrouver toutes les pièces de celui de Louis XVI. Pour charger l’accusation, il parle de faire témoigner le dauphin contre sa mère qui est alors accusée d’inceste parJacques-René Hébert. Il déclare que l'ancienne reine de France etMme Élisabeth ont eu des attouchements sur le jeuneLouis XVII. Marie-Antoinette ne répond rien et un juré en fait la remarque. Marie-Antoinette se lève et répond« Si je n’ai pas répondu c’est que la nature elle-même refuse de répondre à une telle accusation faite à une mère. J’en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici ! ». Pour la dernière fois, la foule (et surtout les femmes) applaudit la reine déchue. Une fois la séance terminée, celle-ci demande à son avocat« N’ai je pas mis trop de dignité dans ma réponse ? ». Selon Gaspard Louis Lafont d'Aussonne dans ses mémoires publiés en 1824, des personnes dans la foule dirent le matin du jugement« Marie-Antoinette s'en retirera : elle a répondu comme un ange, on ne fera que la déporter »[51].
On l’accuse également d’entente avec les puissances étrangères. Comme l'ancienne reine nie,Herman, président du Tribunal, l’accuse d’être« l’instigatrice principale de la trahison de Louis Capet » : c’est donc bien un procès pourhaute trahison. Le préambule de l’acte d’accusation déclare également :« Examen fait de toutes les pièces transmises par l’accusateur public, il en résulte qu’à l’instar desMessaline,Frédégonde etMédicis, que l’on qualifiait autrefois de reines de France et dont les noms à jamais odieux ne s’effaceront pas des fastes de l’histoire, Marie-Antoinette, veuve de Louis Capet, a été, depuis son séjour en France, le fléau et la sangsue des Français. » Il ajoute« la cause des troubles qui agitent depuis quatre ans la nation et ont fait tant de malheureuses victimes ».
Les dépositions des témoins à charge s’avèrent bien peu convaincantes. Marie-Antoinette répond qu’elle n’était« que la femme de Louis XVI, et qu’il fallait bien qu’elle se conform[ât] à ses volontés ». Fouquier-Tinville réclame la mort et fait de l’accusée« l’ennemie déclarée de la nation française ». Les deux avocats de Marie-Antoinette,Tronçon-Ducoudray etChauveau-Lagarde, prévenus au dernier moment et n’ayant ainsi pas eu le temps de prendre pleine connaissance du dossier[52], ne peuvent que lire à haute voix les quelques notes qu’ils ont eu le temps de prendre.
Marie-Antoinette devant le Tribunal révolutionnaire, gravure duXIXe siècle.
Quatre questions sont posées au jury :
« 1. Est-il constant qu’il ait existé des manœuvres et des intelligences avec les puissances étrangères et autres ennemis extérieurs de la République, lesdites manœuvres et des intelligences tendant à leur fournir des secours en argent, à leur donner l’entrée du territoire français et à leur faciliter le progrès de leurs armes ?
2. Marie-Antoinette d’Autriche (…) est-elle convaincue d’avoir coopéré à ces manœuvres et d’avoir entretenu ces intelligences ?
3. Est-il constant qu’il ait existé un complot et une conspiration tendant à allumer la guerre civile à l’intérieur de la République ?
4. Marie-Antoinette est-elle convaincue d’avoir participé à ce complot et à cette conspiration ? »
Aux quatre questions, le jury répond« oui ». Lorsque le jury rend son verdict, il n’existe aucune preuve de l’accusation de haute trahison que l’on impute à la reine déchue. Le dossier est vide de toute pièce.
Acte de condamnation à mort de Marie-Antoinette par le Tribunal révolutionnaire,Archives nationales.
Techniquement, au vu des pièces du procès, la condamnation n’est pas basée sur des faits avérés. On apprit plus tard que l'ancienne reine entretenait une correspondance avec le comteHans Axel de Fersen où il apparaît que l'Autriche et les monarchies d'Europe se préparaient à la guerre contre la France, ainsi lit-on dans une lettre du adressée au comte que l'ancienne reine écrivait :« Les ministres et les jacobins font déclarer demain au roi la guerre à la maison d'Autriche, sous prétexte que par ses traités de l'année dernière elle a manqué à celui d'alliance de cinquante-six, et qu'elle n'a pas répondu catégoriquement à la dernière dépêche. Les ministres espèrent que cette démarche fera peur et qu'on négociera dans trois semaines. Dieu veuille que cela ne soit point et qu'enfin on se venge de tous les outrages qu'on reçoit dans ce pays-ci ! »[53].
La reine déchue, captive, n'était pour autant personnellement pas en mesure d'organiser ou d'ordonner directement quelque directive militaire que ce fût. Sa correspondance avec le comte de Fersen indique néanmoins qu'elle y incite par divers courriers.
En réalité, il fallait condamner la « veuve Capet ». Robespierre a donc intégré au jury le médecin qui soignait la reine à la Conciergerie,Joseph Souberbielle, lequel a indiqué aux autres jurés que de toute façon Marie-Antoinette était médicalement condamnée à brève échéance, car elle avait de forts épanchements sanguins.
La condamnation à mort, pour haute trahison, est prononcée le vers4 heures du matin.
À l'annonce de la sentence, Marie-Antoinette rédige une dernière lettre à l'attention deMadame Élisabeth, sœur de Louis XVI[n 2].
Cette lettre, qui n'est jamais parvenue à sa destinataire, a été conservée parRobespierre, puis récupérée par le conventionnelCourtois, avant d'être saisie parLouis XVIII. Elle est aujourd'hui conservée dans « l'armoire de fer » desArchives nationales (cote AE/II/1384) et un fac-similé est exposé au Musée des Archives nationales.
Cette lettre, à usage privé, ne contient aucun message d'ordre politique. Marie-Antoinette l'a rédigée dans son cachot de laConciergerie juste après l'annonce de sa condamnation. L'en-tête porte la mention« Ce 16 octobre, 4 heures 1/2 du matin »[54]. Elle n'est pas signée et ne mentionne aucun nom propre, pas même celui de sa destinataire, la sœur de Louis XVI, qui partage la captivité des enfants royaux auTemple :
« C'est à vous, ma sœur, que j'écris pour la dernière fois ; je viens d'être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments. Je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien ; j'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n'existais que pour eux, et vous, ma bonne et tendre sœur, vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! J'ai appris par le plaidoyer même du procès quema fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n'ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre, je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra[n 3], recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J'espère qu'un jour, lorsqu'ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins. »
Malgré son exécution très proche et son isolement, Marie-Antoinette récuse d'avance toute assistance d'un prêtre assermenté qui aurait prêté le serment de fidélité à laConstitution civile du clergé condamnée par Rome :
« Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle où j'ai été élevée, et que j'ai toujours professée, n'ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s'il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s'ils y entraient une fois. Adieu, adieu ! Je ne vais plus m'occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m'amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger. »
Celle qui vient de vivre seule une captivité de deux mois et demi, sans pouvoir communiquer avec ses enfants, tente de leur faire passer ses dernières recommandations. Sa préoccupation essentielle concerne l'état d'esprit dans lequel ses enfants assumeront la mort de leurs parents, dans leur vie à venir dont elle ne veut pas douter, alors que le dauphin mourra en captivité. Sans un mot de plainte ni de regret, Marie-Antoinette ne songe plus qu'à laisser un héritage spirituel à ses enfants :
« Qu'ils pensent tous deux à ce que je n'ai cessé de leur inspirer : que les principes et l'exécution de leurs devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuel en fera le bonheur ; […] qu'ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union, qu'ils prennent exemple de nous : combien dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolations, et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille. »
Elle donne un dernier conseil :« Que monfils n'oublie jamais les derniers mots de son père que je lui répète expressément, qu'il ne cherche jamais à venger notre mort. ».
Plus loin, elle écrit :« Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et (mots rayés) et à tous mes frères et sœurs. » Resteront sans doute de cette lettre retrouvée en 1816 ces mots[55] :« Mon Dieu ayez pitié de moi ! Mes yeux n'ont plus de larmes pour pleurer pour vous mes pauvres enfants. Adieu, Adieu ! »
Marie-Antoinette est exécutée le même jour à midi et quart. Le matin du, Marie-Antoinette est menée, mains entravées et sur une charrette — alors que Louis XVI avait eu droit à un carrosse —, de la Conciergerie, jusqu'à la place de la Révolution (ancienne place Louis-XV, actuelleplace de la Concorde). D'après certains historiens, elle subit avec dignité les sarcasmes et les insultes lancés par la foule massée sur son passage (elle mettra une heure pour traverser la place et monter à l'échafaud)[56]. Le peintre et révolutionnaireJacques-Louis David, observant le cortège depuis larue Saint-Honoré, en dessine un croquis resté légendaire. Selon ces mêmes historiens, c'est avec courage qu'elle monte à l'échafaud. En marchant sur le pied du bourreauSanson, elle lui aurait demandé pardon. Ce seront ses dernières paroles.
Le jour de son exécution, la reine déchue aurait trébuché et perdu un escarpin, récupéré par un fidèle et conservé actuellement aumusée des beaux-arts de Caen. Cette chaussure a fait l'objet d'une exposition[58] en 1989[59].
Marie-Antoinette et ses enfants, par Élisabeth Vigée-Lebrun, 1787.
Huit ans et demi après son mariage, Marie-Antoinette accouche de son premier enfant, trois autres suivront cependant. Marie-Antoinette n'a pas de descendants vivant de nos jours. Sa fille Marie-Thérèse, seule de ses enfants à être devenue adulte, n'aura jamais d'enfants.
Louis Charles (1785-1795), duc de Normandie (1785) puis Dauphin (1789) puis prince royal (1790-1792) puis « roi » sous le nom de « Louis XVII » (1793-1795) ;
Dans une entreprise de calomnie sciemment orchestrée, leslibelles ne manquent cependant pas d'affirmer que ses enfants, en particulier ses fils, ne sont pas deLouis XVI.[réf. nécessaire]
Après le scandale de l'affaire du collier, Marie-Antoinette se tourne davantage vers sa famille et s'emploie à montrer d'elle l'image d'une mère de famille comme les autres. Enceinte, elle se fait peindre parMadame Vigée-Lebrun entourée de ses enfants[n 5], mais perd sa fille Sophie-Béatrice au berceau en 1787 (âgée de11 mois).
Marie-Antoinette vivra très douloureusement cette perte. À l'origine, se trouvait peinte dans le berceau, sa fille Sophie Béatrice. La reine a souhaité laisser le berceau vide comme un symbole de deuil et de douleur. Constante source de chagrin pour la reine qui ne pouvait retenir ses larmes à la vue de l'œuvre, le tableau sera expédié à Vienne, Louis XVI l'offrant à son beau-frèreJoseph II du Saint-Empire.[réf. nécessaire]
Elle perdra ensuite un second enfant, Louis-Joseph-Xavier, âgé de presque8 ans, en, en pleine session des États-Généraux.
— :Son Altesse Impériale et Royale Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, Archiduchesse d'Autriche
— : Madame la Dauphine de France
— :Sa Majesté la reine de France et de Navarre
— :Sa Majesté la reine des Français (c'est à partir du que Louis XVI prend[63] le titre de roi des Français, que l'Assemblée avait adopté[64] le, et qu'elle officialisera par décret[65] le ; laConstitution, qui entrera en vigueur le, maintiendra cette nouvelle titulature)
— : Citoyenne Marie-Antoinette Capet(la nouvelle république ne reconnaît pas les titres de l'ancienne famille royale et leur accorde le patronyme « Capet » en référence au surnom donné au fondateur de la dynastie capétienne :Hugues Capet)
Marie-Antoinette est une femme célèbre et controversée de l'histoire de France.
Après sa mort sur l'échafaud, les royalistes ont composé la légende de la reine martyre[67]. Alors que de son vivant, la reine eut à subir des paroles ou des écrits malveillants, bien des souvenirs furent oubliés plus ou moins volontairement et camouflés après sa mort. L'un des principaux doutes qui subsistèrent concerne la nature de sa liaison avecHans Axel de Fersen. Ce roman d'amour a tourmenté plusieurs générations de fidèles inconditionnels, qui considéraient que la soupçonner de quelque faiblesse amoureuse revenait tout simplement à commettre un crime contre la monarchie même. Pour les républicains, la dernière reine de l'Ancien Régime ne figure plus parmi les grandes criminelles de l'Histoire, mais apparaît plutôt comme une princesse sotte, égoïste et inconséquente, dont on minimise le rôle politique. Cependant, Marie-Antoinette suscite généralement intérêt et compassion jusqu'à nos jours. Marie-Antoinette est la dernière souveraine à avoir porté le titre de reine de France : des successeurs de son époux sur le trône,Louis XVIII etCharles X y sont parvenus veufs, tandis qu'en prenant le titre de roi des Français,Louis-Philippe Ier a fait de son épouseMarie-Amélie de Bourbon-Siciles (1782-1866), nièce de Marie-Antoinette, une « reine des Français »[68].
L'historiographie républicaine préfère retenir de Marie-Antoinette ses contacts clandestins avec les puissances étrangères en vue d'une invasion militaire du pays, assimilés à une trahison.Jules Michelet déclare ainsi : « La reine était coupable, elle avait appelé l’étranger. Cela est prouvé aujourd’hui. »Louis Blanc considère rétrospectivement le réquisitoire de l’accusateur public Fouquier-Tinville lu devant la reine au début de son procès comme « implacable, mais juste »[69].
Tous les 16 octobre, jour anniversaire de sa mort, de nombreuses personnes se rendent en pèlerinage auchâteau de Versailles afin d'y déposer des fleurs dans sesjardins[70]. Certaines voix marginales comme celle du révérend-pèreJean-Marie Charles-Roux militent même pour sa béatification[71].
Jeton dénonçant la mort de la reine le.
Enfin, contrairement à une légende tenace, Marie-Antoinette n'a jamais prononcé la phrase« Ils n'ont pas de pain ? Qu'ils mangent de la brioche ! » en réaction à la colère du peuple le[72].
Une référence à Marie-Antoinette et à son exécution est faite dans le cadre de lacérémonie d'ouverture desJeux olympiques d'été de 2024 se déroulant àParis. Elle introduit un tableau intitulé « Liberté » qui consiste en une prestation du groupe de metalGojira, rejoint par la chanteuse lyriqueMarina Viotti. La silhouette décapitée de la reine apparaît ainsi à la fenêtre de laConciergerie, où elle a été détenue, tenant dans ses bras sa tête qui entame le refrain du chant révolutionnaireAh ! ça ira[75],[76].
En 1874,Auguste Geffroy etAlfred von Arneth publièrent pour la première fois la correspondance secrète entre l’impératrice Marie-Thérèse et le comte de Mercy-Argenteau. En 1877 furent publiés pour la première fois les papiers du comte de Fersen. Ils furent redécouverts en 1982 lorsque ses lointains héritiers les mirent en vente à Londres.
Tome 3 : Correspondance secrète avec Barnave, juillet 1791-janvier 1792(ISBN2-84909-171-5).
Correspondance entre Barnave et Marie-Antoinette, recueillie et présentée par Alma Soderajelm, annotée et préfacée par Georges Lefebvre, Paris, Armand Colin, 1937.
Mémoires du baron de Besenval, édités parGhislain de Diesbach de Belleroche, Mercure de France, coll. « Le temps retrouvé », 1987(ISBN2-7152-1459-6).
Mémoires de Madame Campan, première femme de chambre de Marie-Antoinette, présentation par Jean Chalon, notes par Carlos de Angulo, éditions Ramsay, Paris, 1979.
Henriette Campan, plus connue sous le nom deMadame Campan, a été la femme de chambre de Marie-Antoinette à partir de 1770. SesMémoires semblent avoir été rédigés au début des années 1800 et décrivent la vie de la cour de l’intérieur, défendant la probité et l’inexpérience de sa maitresse. Ils ont été publiés en 1822 et réédités en 1999 (Mercure de France).
Lettres inédites de Marie-Antoinette, éditées par Catriona Seth, Albin Michel, 2019, 314 p.
Pierre Arizzoli-Clémentel, Xavier Salmon, Galeries nationales du Grand Palais, Réunion des musées nationaux, Établissement public du musée et du domaine national de Versailles,Marie-Antoinette : Galeries nationales du Grand Palais, Paris, 15 mars-30 juin 2008, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 2008,(ISBN978-2-7118-5486-8).
Jean-François Autié,Journal de Léonard, coiffeur de Marie-Antoinette, Les éditeurs libres, Paris, 2007.
Ce journal est apocryphe.
Georges Avenel,La Vraie Marie-Antoinette, d'après la Correspondance secrète, 1876.
Patrick Barbier,Marie-Antoinette et la musique, Grasset, 2022.
René Benjamin,Marie-Antoinette, Les Éditions de France, 1940.
Simone Bertière,Marie-Antoinette l’insoumise, Les reines de France au temps des Bourbons, Éditions de Fallois, 2002.
Bernadette de Boysson et Xavier Salmon,Marie-Antoinette à Versailles : le goût d’une reine, catalogue de l’exposition au Musée des Arts décoratifs de Bordeaux, éd. Somogy, 2005(ISBN2850569097).
Véronique Campion-Vincent, Christine Shojaei Kawan, « Marie-Antoinette et son célèbre dire : deux scénographies et deux siècles de désordres, trois niveaux de communication et trois modes accusatoires »,Annales historiques de la Révolution française,no 327, janvier-mars 2002.
Paul et Pierrette Girault de Coursac,Louis XVI et Marie-Antoinette : vie conjugale - vie politique, Œil, 1990.
Paul et Pierrette Girault de Coursac,La Dernière Année de Marie-Antoinette, F.X. de Guibert, 1993.
Paul et Pierrette Girault de Coursac,Le Secret de la Reine : la politique personnelle de Marie-Antoinette pendant la Révolution, F.X. de Guibert, 1996.
↑Les membres de cette branche héritèrent des possessions de la maison de Habsbourg d'Autriche et reprirent le nom et les armoiries de cette dernière. Lors de l'ouverture de son procès, la dernière reine de France se présenta alors sous la double appellation de Marie-Antoinette de Lorraine d'Autriche[1].
↑Conservée à la Bibliothèque municipale à vocation régionale deChâlons-en-Champagne.
↑Madame Élisabeth, guillotinée le, ne l'a jamais reçue.
↑Dans ce tableau de propagande exposé auSalon de 1787 au Louvre, Vigée-Lebrun prend comme modèle laMadonna della Gatta deGiulio Romano et commence la toile le. La peintre se garde bien de représenter un collier sur la reine qui porte une robe de velours rouge bordé de marte, au drapé savant, et un béret de velours écarlate empanaché. Elle tient sur ses genoux son avant-dernier né, Louis-Charles habillé en fille, la tête coiffée d'un bonnet et les bras gesticulant, son attitude générale donnant l'impression d'une solide vitalité, ce que confirment les témoignages contemporains. La petite Marie-Thérèse pose affectueusement sa tête sur son épaule droite, tandis que le dauphin entoure d’un bras protecteur le berceau vide couvert d'un crêpe noir, afin de rappeler au public la mort récente deMarie-Sophie-Béatrice. L'armoire servant de serre-bijoux et ornée de fleurs de lys, luit dans la pénombre. Source :Miguel Ferreira,La Révolution de 1789 vue par les peintres, Vilo,,p. 36.
↑Tribunal révolutionnaire,Procès de Marie Antoinette, dite Lorraine d'Autriche, veuve de Louis Capet. Interrogatoire secret, Paris, 14 au 16 octobre 1793.
↑ab etcChantal Thomas,La reine scélérate. Marie-Antoinette dans les pamphlets, Paris, Seuil, 1989. Annie Duprat,Marie-Antoinette, Une reine brisée, Paris, Perrin, 2006. Vincent Cossarutto, "À qui profite l'écrit ? Enquête sur le premier libelle contre Marie-Antoinette",Histoire, Économie & Société,no 4, 2023,p. 4-14.Nora Bouazzouni, « Marie-Antoinette aimait-elle (aussi) les femmes ? », surfrancetv.fr,.
↑Youri Carbonnier: « Philippe Joseph Hinner, maître de harpe de Marie-Antoinette, 1755–1784 » dans :Recherches sur la musique française classique, XXIX (1996–1998),p. 223–237.
↑Cécile Marguerite Lemoine, épouse de l'intendant du garde-meuble. Elle quitte ses fonctions au moment de l'installation du ménage à l'hôtel de la Marine.
↑Histoire de la Révolution, tome premier, Paris, Librairie internationale, 1869,p. 300[lire en ligne].
↑« […] je me rappelai le pis-aller d’une grande princesse à qui l’on disait que les paysans n’avaient pas de pain, et qui répondit : Qu’ils mangent de la brioche. », Jean-Jacques Rousseau,Confessions, livre VI.
↑Martin, Jean-Clément. « La nation éclatée »,Nouvelle histoire de la Révolution française. sous la direction de Martin Jean-Clément. Perrin, 2012,p. 286-310.
↑CécileBerly, « Le sang malade de Marie-Antoinette dans les sources des mémorialistes : comment déconstruire une écriture de la Terreur ? »,Dix-huitième siècle,vol. 40,no 1,,p. 469-483.
↑Olivier Blanc,Portraits de femmes, artistes et modèles à l’époque de Marie-Antoinette, Didier Carpentier éditions, Paris, 2006, 356 pages in 4°, couverture cartonnée (liste de tous les portraits de Marie-Antoinette dont 70 reproduits en noir ou en couleur).
↑Jean-ChristopheBuisson, « Grand entretien avec Charles-Éloi-Vial: "Marie-Antoinette avait fini par prendre la place de la maîtresse de Louis XVI" »,Le Figaro Magazine,(lire en ligne)
Les générations sont numérotées dans l'ordre de la descendance depuis les premiers archiducs. Au sein de chaque génération, l'ordre est strictement chronologique et défini par la date de naissance.