Pour les articles homonymes, voirGordon.
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Formation | University College de Londres The Mary Erskine School(en) Royal Academy of Music Université Humboldt de Berlin Université Louis-et-Maximilien de Munich George Watson's College(en) Université Heriot-Watt Université de Londres ![]() |
Activités | |
Fratrie | Francis Grant Ogilvie(en) ![]() |
Parti politique | |
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Maria Matilda Gordon (DBE), également connue sous le nom deMay Ogilvie Gordon, née Ogilvie le à Monymusk,Aberdeenshire, enÉcosse, et morte le, àLondres, est unegéologue,paléontologue etfemme politiquebritannique. Elle est la premièrefemme à obtenir undoctorat en sciences de l'université de Londres et la première femme docteur de l'université de Munich. Elle est également connue pour son engagement en faveur desdroits des femmes etdes enfants.
Maria Ogilvie est la fille aînée de Maria Matilda Nicol et d'Alexander Ogilvie,LL.D., directeur d'école. Elle a cinq frères et deux sœurs. La famille est éduquée et talentueuse : Maria a trois oncles haut placés dans le système scolaire écossais, et ses cinq frères se tailleront tous une place de choix dans la société victorienne de l'époque. Son frère aînéFrancis Grant Ogilvie (en) sera notamment directeur duScience Museum de Londres puis faitKnight Bachelor en 1920.
Sa famille s'installe à Aberdeen, lorsque son père prend la direction du Robert Gordon's College, en 1872[1],[2]. À l'âge de 9 ans, Maria est envoyée à l'internat britannique (boarding school) où ses qualités académiques la placent première de l'école.
Elle fait des études secondaires brillantes à Édimbourg puis, à 18 ans, étudie le piano à laRoyal Academy of Music de Londres, où elle montre des qualités prometteuses. Cependant, après un an, elle change de voie et choisit une carrière scientifique. Elle prépare alors une licence en sciences auHeriot-Watt College d’Édimbourg, et la termine à l'University College de Londres. Elle obtient son diplôme en 1890, avec une spécialisation engéologie,botanique etzoologie[3].
En 1891, elle tente de poursuivre ses études à l'université de Berlin mais sa candidature est refusée, car les femmes ne sont pas admises aux études supérieures en Allemagne, à l'époque. L'intercession d'amis et l'appui dubaron Ferdinand von Richthofen, géologue et professeur à l'université, n'y font rien[1].
Dépité, le baron et sa femme accompagnent personnellement Maria Ogilvie àMunich où cette dernière suit, en auditrice libre, les cours deKarl von Zittel et deRichard Hertwig[4]. Elle mène parallèlement des recherches sur lescoraux récents et fossiles[3] dans l'institut de von Zittel et de Hertwig, sans être pour autant être admise dans l'université à proprement parler[1]. Au début, l'éminentPaul Heinrich von Groth lui refuse même l'entrée dans son laboratoire de minéralogie[1].
En, elle part en expédition avec von Richthofen et son épouse durant un séjour de cinq semaines dans lesDolomites. La femme de von Richthofen les accompagne pour se conformer aux mœurs de l'époque, qui considéraient comme indécente la fréquentation d'une femme et d'un homme non mariés[5].
C'est durant ce séjour dans les Dolomites qu'elle mène ses premières recherches géologiques. En 1893, elle obtient undoctorat en sciences en géologie à l'université de Londres puis en 1900[6] un doctorat de l'université de Munich, avec une mention en géologie, paléontologie et zoologie[7]. Elle est, avecAgnes Kelly, la première femme à obtenir un doctorat de l'université de Munich[8].
En 1895, elle épouse John Gordon, un médecin d'Aberdeen. Ils ont quatre enfants, dont une enfant morte en bas âge. Ils nomment leur aîné Coral (« corail » en français), un prénom qui froisse les cercles qu'ils fréquentent à l'époque[1].
La quasi-totalité des recherches géologiques de Maria Gordon sont menées dans leTyrol du Sud, une région des Alpes italiennes qui borde la frontière avec l'Autriche. Cette partie des Alpes fait partie du complexe géologique desDolomites. Après avoir étudié lastratigraphie du complexe géologique et collecté de nombreuxfossiles (dont descoraux datés auTrias)[9], Maria Gordon propose une nouvelle théorie sur l'origine de ces montagnes : elle fait l'hypothèse qu'elles sont le résultat de déformations de la croûte terrestre (crust-torsion). Ses observations et ses mesures des structures géologiques des Dolomites lui permettent de déterminer notamment qu'il y a eu deux phases de déformation de leur structure. Ces propositions conduisent à une nouvelle interprétation de la structure tectonique de la chaîne des Alpes[10], jusqu'alors considérée comme d'anciens récifs de corail restés statiques.
Elle publie notammentDas Grödener-, Fassa- und Enneberggebiet in den Südtiroler Dolomiten en 1927, qui devient une référence pour la recherche dans cette région, notamment à cause de leur remarquable discussion sur la tectonique et la stratigraphie, illustrée par des cartes exceptionnelles[3]. Elle publieGeologisches Wanderbuch der Westlichen Dolomiten en 1928[9]. Au total, elle écrit plus de30 articles basés sur ses recherches et ses découvertes dans cette région, dont certains sont considérés comme des œuvres fondatrices.
Elle traduit en 1901 un ouvrage de von Zittel, intituléHistory of Geology and Palaeontology, moins de deux ans après la parution originale en allemand, ce qui est considéré à l'époque comme une contribution importante au domaine, et lui apporte une importante notoriété professionnelle. LaSociété géologique de Londres rend hommage à son travail en lui décernant samédaille Lyell en 1932[10]. En 1935, elle est honorée du titre dedame commandeur de l'ordre de l'Empire britannique et nommée docteurhonoris causa de l'université d’Édimbourg[11].
Elle est considérée par certains[3] comme la plus productive des femmes géologues sur le terrain, tous pays confondus, durant la période allant de la fin duXIXe siècle au début duXXe siècle. Son enthousiasme et sa perspicacité étaient notoires.
Elle lutte pour la reconnaissance des droits des femmes. Elle préside un congrès du National Council of Women en 1914, qui demande une place pour les femmes dans les forces armées. Après la mort de son mari, en 1919, elle s'installe à Londres et s'engage dans la vie politique britannique, dans leparti libéral. Le, elle est choisie comme candidate aux élections législatives par le parti deDavid Lloyd George dans la circonscription deCanterbury[12]. Uneélection générale est prévue pour novembre 1922, mais elle se retire le. Elle se présente auxélections générales de 1923, en tant que candidate libérale à Hastings, elle obtient la deuxième place, derrière le candidatconservateur, mais devant le candidattravailliste.
Parti | Candidat | Votes | % |
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Parti conservateur | Eustace Sutherland Campbell Percy | 11 914 | 52,6 |
Parti libéral | Maria Gordon | 5 876 | 25,9 |
Parti travailliste | W. Richard Davies | 4 859 | 21,5 |
Taux de participation | 76,4 |
En tant que militante pour les droits des femmes, elle est élue vice-présidente duConseil international des femmes, présidente d'honneur de l'Associated Women's Friendly Society et de la National Women's Citizens Association. En sa qualité de présidente duNational Council of Women of Great Britain (en) de 1916 à 1920[13], elle joue un rôle important dans l'après-Première Guerre mondiale concernant les négociations de ce Conseil pour la représentation des femmes au sein de laSociété des Nations[14].
Engagée en faveur des droits des enfants[15], elle écrit notamment en 1908Handbook of Employment for Boys and Girls, dans lequel elle défend ardemment le droit des jeunes de grandir dans un environnement paisible[1]. Elle organise même des expositions itinérantes soulignant l'importance du soin apporté aux enfants[1].