Pour les articles homonymes, voirCohen.
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Marcel Cohen (Marcel Samuel Raphaël Cohen) est unlinguistefrançais, né le àParis9e et mort le àCugand (Vendée)[1].
Spécialiste deslangues chamito-sémitiques et plus particulièrementéthio-sémitiques, il a été directeur d'étudeséthiopiennes et sud-arabes à l'École pratique des hautes études et professeur d'amharique à l'École nationale des langues orientales.
Il est connu pour être le fondateur de lasociolinguistique moderne[2],[3], notamment avec sesMatériaux pour une sociologie du langage, préparés dès 1949, publiés d'abord en 1956 sous le titre dePour une sociologie du langage, et qui ont inspiré toute lasociolinguistique française ultérieure. Pionnier de l'étude desargots ou dulangage enfantin notamment, il a fait entrer dans le champ de lalinguistique moderne de nombreux domaines inexplorés et a eu une influence considérable sur le développement de cette discipline.
Responsable, avec son maîtreAntoine Meillet, de la collection desLangues du Monde, maître d’œuvre durant plusieurs décennies duBulletinde la Société de Linguistique de Paris, il a été un des linguistes les plus prolifiques et les plus novateurs d'expressionfrançaise au cours duXXe siècle.
Après ses études aulycée Condorcet àParis, Marcel Cohen suit les enseignements deMario Roques et d'Antoine Meillet à l'École pratique des hautes études. Il est reçu à l'agrégation de grammaire en1908. Il s'oriente vers leslangues sémitiques, apprend leguèze auprès deJoseph Halévy et l'amharique auprès deCasimir Mondon-Vidailhet. Diplômé enarabe maghrébin de l'École nationale des langues orientales en1909, il est chargé de mission enAbyssinie de 1910 à 1911.
Ses premiers travaux publiés concernent l'argot de l'École polytechnique, et constituent la première tentative de description de terrain et d'analyse scientifique d'unargot français. En 1912, il reçoit lePrix Volney pour son œuvreLe parler arabe des Juifs d'Alger[4], une des premières études systématiques de grande ampleur de la variation linguistique au sein d'un groupe social, préfigurant le développement de lasociolinguistique.
Succédant à son maîtreJoseph Halévy, il est élu en 1919 à lachaire d'études éthiopiennes de l'EPHE, enseignant notamment le guèze, et plus tard aussi directeur d'études de l'ancienneArabie du Sud. Sathèse dedoctorat porte surLe système verbal sémitique et l'expression du temps (1924). Deux ans plus tard, il est nommé professeur d'amharique à l'École des langues orientales. Spécialiste deslangues sémitiques, et notamment deslangues éthiopiennes, il a publié en1936 un monumentalTraité de langue amharique. Parmi ses élèves figurentMarcel Griaule,Wolf Leslau (qui devient professeur de langues duProche-Orient à l'Université de Californie) etMaxime Rodinson, ce dernier remplaçant Cohen à la chaire d'études éthiopiennes de l'EPHE lors de son départ à la retraite en 1955.
Auteur de la première histoire synthétique de la langue française, l'Histoire d'une langue, le français, il s'est intéressé auxpatoisgallo-romans et notamment au parler deFressines (Deux-Sèvres). Il a également contribué à ladialectologie générale en fournissant desInstructions d'enquête linguistique, prises comme questionnaire de base pour des dizaines de descriptions linguistiques postérieures.
Marcel Cohen a également été le pionnier de l'étude dulangage enfantin, publiant dès 1925 une étudeSur les langages successifs de l'enfant, dans lesMélanges offerts àJoseph Vendryès dont il avait été l'élève, mais encore de nombreux livres et articles sur le sujet.
Marcel Cohen était membre duParti communiste français (il a donné de nombreux articles dansL'Humanité) et a joué un grand rôle dans la réorganisation duCNRS après laSeconde Guerre mondiale[5].
En 1947, il publie unehistoire de la langue française,Histoire d'une langue, le français, qui se signale par une visée sociologique très explicite. Communiste convaincu, Marcel Cohen se propose d’étudier la langue française et son évolution comme unfait social, l’évolution du système communicatif étant principalement déterminée par des facteurs externes. Ainsi, le langage de Cohen dans cet ouvrage est empreint de laphraséologiemarxiste basée sur unedialectique de l'antagonisme entreclasse populaire etclasse dominante ; ouvriers et patrons, enfants du peuple et enfants riches... sur desrapports de force et sur de perpétuels sous-entendus renvoyant à des disparités sociales[6].