Avec ces écrits, il fournit une « étude sociale », avec un vocabulaire précis pour chaque type humain. Son langage mêle les différentsregistres :argot,patois régionalfranc-comtois soutenu et anglais phonétiquement francisé[5],[6].
Cultivant son statut d'écrivain politiquement marginal, il est resté à l'écart des milieux intellectuels, ce qui l'a fait classer dans les écrivains d'abord degauche, puis dedroite, puis commeanarchiste de droite[9].
Marcel Aymé est né le àJoigny, dans l’Yonne où son père, maîtremaréchal-ferrant dans un régiment dedragons, est en garnison. Il est lebenjamin de six enfants et ses parents sont originaires de villages voisins duJura. Sa mère meurt en 1904, alors qu'il n'a que deux ans. Son père le confie alors, avec la plus jeune de ses sœurs, Suzanne, son aînée de deux ans, à ses grands-parents maternels, Auguste Monamy et Françoise Curie qui exploitent une tuilerie, une ferme et un moulin àVillers-Robert dans le Jura[10].
Le village lui servira de décor pourLa Jument verte et de nombreux autres romans tels queLa Vouivre,Gustalin ou encoreLa Table aux crevés (1929). C'est de ce monde-là qu'il s'inspirera pour décrire les très vives passions politiques, anticléricales ou religieuses du monde rural. Il vit d'ailleurs lui-même ces querelles à l'intérieur de sa propre famille, puisqu'il faudra attendre la mort du grand-père (anticlérical) pour qu'il soit baptisé, à l'âge de sept ans.
En 1910, à la mort de sa grand-mère, il est pris en charge par sa tante Léa Monamy, la plus jeune sœur de sa mère qui n’a pas d’enfants et tient un commerce demercerie. Elle le place en pension au collège deDole, mais il retourne passer ses vacances à la campagne où il se fait berger à l'occasion[11]. C’est là que Marcel apprend à connaître le monde rural qui inspirera ses romans de la campagne et ses contes. Il y vit entouré d’affection et découvre, dans cette période deséparation des Églises et de l’État, les luttes violentes entre républicains et cléricaux. Petit-fils d’un homme engagé dans le camp républicain, il subit les moqueries de ses camarades, majoritairement de l’autre bord. Il conserve de cette expérience une aversion pour l’intolérance et pour l’injustice[12].
Il poursuit ses études aucollège de l'Arc et obtient le baccalauréat « math-élèm » en 1919. Sa scolarité fut bonne[C'est-à-dire ?], à l'inverse des cancres qu’il dépeint avec certains de ses personnages. Entré en mathématiques supérieures au lycée Victor-Hugo deBesançon pour préparer le concours dePolytechnique, il abandonne ses études en 1920, victime de lagrippe espagnole. Il reste longtemps d'une santé fragile[13].
Après son service militaire de 1919 à 1923, il arrive à Paris où il exerce les métiers les plus divers : employé de banque, agent d'assurances, journaliste. Il ne se trouve aucun talent :
« Petit provincial cornichon, pas plus doué pour les lettres que ne l'étaient alors les dix mille garçons de mon âge, n'ayant seulement jamais été premier en composition française (…) je n'avais même pas ces fortes admirations qui auraient pu m'entraîner dans un sillage[14]. »
Il profite pourtant d'une convalescence pour écrire son premier roman,Brûlebois, publié en 1926, qui attire l’attention. SuiventAller-retour (1927),La Table aux crevés (1929) qui obtient cette même année leprix Renaudot,La Rue sans nom (1930). AvecLa Jument verte (1933), Marcel Aymé obtient la grande notoriété. À partir de là, il considère la littérature comme un métier. Il se lance en même temps dans le cinéma et commence à s'intéresser au théâtre. C'est avant laSeconde Guerre mondiale qu'il écritVogue la galère[15], pièce qui sera jouée seulement en 1947[16].
« Marcel Aymé a passé une bonne partie de sa vie et de son œuvre à être et à faire ce que l'on n'attendait pas de lui, moyennant quoi il a fini par occuper un ministère parfaitement reconnu : celui de l'ironie politique et de l'inconfort intellectuel[17]. »
Son parcours est déconcertant. Il est classé à gauche jusqu'à ce que, le, il signe leManifeste des intellectuels français pour la défense de l'Occident et la paix en Europe, qui soutient Mussolini dans laseconde guerre italo-éthiopienne[18]. Tandis qu'en pleine Occupation, il fait équipe au cinéma avec le réalisateur marxisteLouis Daquin, il donne dans le même temps romans et nouvelles à des journaux collaborationnistes :Je suis partout,La Gerbe. Comme ses textes ne contiennent aucune trace d'engagement politique, il n'a pas été mis dans la liste noire des écrivains à laLibération[16]. Il a même férocement tourné en dérision le régime nazi avant 1939 (voirTravelingue et « La Carte » ou « Le Décret » dansLe Passe-muraille) et n'a donné aucun gage de ralliement à l'occupant après 1940. Ironie du sort, c'est une collaboration cinématographique avec laContinental Films[19] qui lui vaut un « blâme sans affichage » en 1946, pour avoir « favorisé les desseins de l'ennemi »[20],[21]. En conséquence, il refuse laLégion d'honneur qui lui est proposée trois années plus tard en 1949. Il est alors invité à l'Élysée, invitation qu'il décline, s'en estimant indigne pour le motif qui a entraîné son blâme et il écrit :
« Si c'était à refaire, je les mettrais en garde contre l'extrême légèreté avec laquelle ils se jettent à la tête d'un mauvais Français comme moi et pendant que j'y serais, une bonne fois pour n'avoir plus à y revenir, pour ne plus me trouver dans le cas d'avoir à refuser d'aussi désirables faveurs, ce qui me cause nécessairement une grande peine, je les prierais qu'ils voulussent bien, leur Légion d'honneur, se la carrer dans le train, comme aussi leurs plaisirs élyséens[22]. »
Au sujet de l'antisémitisme, l'auteurHenri Jeanson raconte ce qui suit dans sesMémoires[26] : « L'apparition de l'étoile jaune, par exemple, souleva la colère des Parisiens et ils surent la manifester, cette colère, à leur risques et périls. Je me souviens très bien que Marcel Aymé le silencieux, que Marcel Aymé dont l'impassibilité n'était qu'apparente, écrivit alors sous le coup d'une émotion qu'il ne put ni ne voulut maîtriser, un article d'une violence inouïe contre les responsables de ces mesures ignobles et humiliantes qui nous atteignaient tous. Cet article, il le proposa en toute innocence à un journal. L'article fut accepté, composé et soumis à l'obligatoire censure allemande qui, comme prévu, en interdit la publication. À l'imprimerie, les typos en tirèrent alors de nombreuses épreuves à la brosse et se firent un devoir de les distribuer autour d'eux avec prière de faire circuler. »
L'écrivain a été attaqué par tous ceux qui ne supportaient pas la description crue, dans les romans, de la France des années 1940 et celle de l'épuration, mettant sur le même pied les collaborateurs monstrueux et les revanchards sinistres, dépeignant avec une exactitude désinvolte le marché noir, les dénonciations, les règlements de comptes (Uranus,Le Chemin des écoliers). Il a surtout soutenu jusqu'au boutRobert Brasillach, tentant de faire signer à des intellectuels et des artistes de tout bord la pétition[27] contre la peine de mort dont Brasillach était frappé.Albert Camus,Jean Cocteau,François Mauriac et d'autres l'ont signée, sauf Picasso qui venait d'adhérer depuis peu au parti communiste, ainsi que l'expliqueClaude Roy :« J'ai souffert que mon parti d'alors s'oppose à ce que je participe à une demande de grâce. Picasso a refusé aussi pour la même raison[28]. »
En, il est cosignataire d'une lettre du Comité de secours auxobjecteurs de conscience réclamant au Président de la République et au Premier ministre un statut pour que les objecteurs puissent effectuer un service civil et non militaire[30].
Bien que profondément blessé par cet épisode, Marcel Aymé n'en continue pas moins à publier un grand nombre de romans, de contes, de nouvelles et de pièces de théâtre. Si ses œuvres lui valent un immense succès populaire, la critique le met en pièces ou l'ignore, et cela jusqu'à sa mort en 1967.
Champion du contre-courant, les critiques lui reprochent l'anti-américanisme deLa Mouche bleue[31],[32] en pleine période pro-américaine[33].
Marcel Aymé meurt dans son domicile de la rue Norvins dans la nuit du samedi 14 au dimanche, probablement d'une congestion pulmonaire[35]. Il est inhumé aucimetière Saint-Vincent deMontmartre.
Son frère aînéGeorges Aymé est général de brigade durant la Seconde Guerre mondiale et décoré de l'ordre de la Francisque[36]. Il est également le second du généralEugène Mordant, commandant des forces françaises en Indochine et son principal collaborateur à la tête de la Résistance contre l'occupant japonais[37]. Georges épouse en 1931Alix Hava, artiste peintre et professeure à l'école des beaux-arts du Viêt Nam.
Le 16 avril 1931, Marcel Aymé a épousé Marie-Antoinette Arnaud.
Le style de Marcel Aymé analyse avec esprit les travers de l'homme et de la société. Sa vision peut être noire. L’hypocrisie, l'avidité, la violence, l'injustice, le mépris, apparaissent dans ses ouvrages, aussi bien que la camaraderie, l'amitié, la bonté, l'indulgence et le dévouement. Il mêle une description réaliste de la société à des éléments de fantastique. Ce fantastique, loin d'être traditionnel, est teinté d'ironie et peut être qualifié de « fantastique ludique » (cf. le recueilLe Passe-muraille)[réf. nécessaire].
Il ne propose aucune hésitation entre deux interprétations, l'une rationnelle, l'autre surnaturelle (selon le schéma deTodorov, qui s'appuie sur le fantastique deMaupassant) ; ce n'est pas non plus l'intrusion du mystère dans le cadre du quotidien selon la définition deP.-G. Castex, dans la mesure où il n'introduit pas souvent une atmosphère de cauchemar.
Les histoires fantastiques de Marcel Aymé sont souvent fondées sur l'irruption, dans la vie d'un homme souvent peu enclin à chercher l'aventure, d'une entorse majeure aux lois physiques les plus inébranlables, qui transforme son existence, dont l'origine n'est presque pas envisagée, tandis que les conséquences, parfaitement logiques, obéissent aux lois naturelles : Dutilleul, le héros duPasse-muraille, peut traverser les murs et la nouvelle est le récit humoristique des conséquences de cet événement exceptionnel sur sa vie de petit employé.
Raoul Cérusier, dansLa Belle Image (1941), découvre en fournissant des photos d'identité qu'il a changé de visage et qu'il est devenu beau : l'histoire est celle des conséquences logiques de ce changement dans sa vie professionnelle et affective. Le nain du cirque Barnaboum grandit en une nuit (Le Nain, 1934) : le phénomène n'est ni expliqué ni décrit, l'histoire des conséquences de cette perte d'identité obéit aux lois physiques et psychologiques.
Marcel Aymé ne se limite pourtant pas à une recette du fantastique : l'écrivain Martin (Derrière chez Martin, 1938), qui cède trop souvent à la nécessité de faire mourir ses personnages prématurément, après avoir été morigéné par son éditeur, reçoit la visite de l'un d'entre eux, qui proteste contre le mauvais traitement que l'auteur lui fait subir. La suite de l'histoire se fonde sur les interactions entre le monde réel et celui du roman où Martin occupe la place de Dieu. Le fantastique s'enrichit de cet échange entre le déterminisme du réel et l'omnipotence de l’écrivain. DansLe Cocu nombreux, du même recueil, un vagabond découvre tout un village peuplé d'êtres humains dotés de deux corps (sauf les fous), qui mentionne d'autres villages« où une même personne habite quatre, dix, vingt corps et davantage… ».
Marcel Aymé a l'art de mettre en scène toutes les classes sociales avec le langage qui leur est propre. Bourgeois, snobs, parisiens, voyous, intellectuels (Travelingue), paysans (Marthe et Hyacinthe Jouquier dansGustalin, Arsène Muselier dansLa Vouivre), universitaires (l'oncle Jouquier dans Gustalin), politiques et militants (Gaigneux et Jourdan dansUranus) tous sont restitués avec authenticité dans leur milieu selon leur parler. Évidemment, compte tenu de ses originesfranc-comtoises, l'écrivain fait une place de choix au parlerfranc-comtois essentiellement dansLa Table aux crevés,La Vouivre,Gustalin etBrûlebois.
DansGustalin, lorsque Marthe est partie avec Sylvestre Harmelin (surnommé Gustalin), Hyacinthe rentre à la ferme et trouve la maison vide. Il doit donc faire lui-même le travail de sa femme.
« Il ferma le poulailler et pensa tout à coup qu'il fallait traire les vaches et porter le lait à la fruitière[38],[39]. Marthe avait tout préparé à l'écurie. À côté du trépied de bois, il trouva la seillere[40], la bouille[41],[42]. »
« Comme tante Sarah arrivait, Marthe ôta son devantier[43],[44]. »
En revenant des bois où habite sa tante Talentine, Marthe se signe en voyant trois pies et récite une comptine pour conjurer le sort :« Trois aigasses »[45]. Malaigasse. Passe, passe, passe[46].
Arsène Muselier contemple les champs de turquis dans lesquels il n'y a plus trace des serpents de la Vouivre[47],[48]. »
Il arrive même que Marcel Aymé assume dans le récit l'emploi de certains vocables franc-comtois, sans prendre la distance qui siérait à un auteur parisien distingué. Le mot « ticlet » apparaît dans « Je suis renvoyé » et « L'élève Martin », deux nouvelles deDerrière chez Martin qui ne sont pas régionalistes, pour désigner un loquet. Dans les deux cas, il s'agit de celui des « vécés » – puisque Marcel Aymé francise tous les anglicismes et acronymes de l'usage courant.
« On constate aussi qu'à ces termes Francs-Comtois se mêlent des expressions d'ancien Français connu dans d'autres régions[49]. En effet, la langue de la Comté comprend une foule de mots et d'expressions différentes d'une région à une autre, généralement compréhensibles dans les quatre départements (25 Doubs, 39 Jura, 70 Haute-Saône et 90 Territoire de Belfort). Leur origine est diverse, avec pêle-mêle des mots d'ancien Français ou d'argot aussi bien que des vocables tirés de l'Allemand ou du Latin[50]. Ainsi dans Gustalin, Marthe reproche au chien Museau de faire des arias[51]. Et Hyacinthe déclare qu'il connaît bien la maison de la Frisée qui était située entre deux foyards[52]. »
Sa fréquentation deCéline et deGen Paul a apporté à Marcel Aymé une riche moisson d'argot parisien qu'il a aussitôt placé dans la bouche de ses personnages. Le Bombé a« une crèche à 250 balles et une poule qui ne décarre pas du cercle deux jours sur trois[53]. » Milou raconte que« son père s'envoyait viande et légumes avec deux litres de picrate »[54]. Dans la nouvelleAvenue Junot, Marcel Aymé cite directement son ami Gen Paul (« Attention à la barbouille s'écria Gen Paul à ses visiteurs. Allez pas salir vos alpagues. C'est encore moi qui me ferais incendier par vos ménagaux ! »), tout comme dansLe Passe-muraille (« Dis donc, je vois que tu t’es miché en gigolpince pour tétarer ceux de la sûrepige ! »).
Les snobs qui se retrouvent dansTravelingue, délirent sur le monde ouvrier avec ferveur.« Il me racontait que, dans un atelier, il a vu un ouvrier qui jouait de l’ocarina et autour de lui, des ouvriers qui l’écoutaient dans des attitudes simples. Des visages compréhensifs, ils avaient le regard pur. Comme impression, c’était formidable. Il aurait fallu filmer ça. Il y avait une belle chose à faire en travelling[56]. »
Marcel Aymé, commeBoris Vian ou commeRaymond Queneau, ne se prive pas d’utiliser l’Anglais de manière phonétique, ce qui donne « biftèque », « blaquaoute », « coquetèle », « fodeballe », « interviouve », « métingue », « travelingue », etc.
La méfiance du monde ouvrier pour les intellectuels qui militent en sa faveur est illustrée par le personnage de Gaigneux dansUranus. Gaigneux supporte assez mal les grandes envolées verbeuses de Jourdan qui« s'animait en parlant des travailleurs dans un style fleurant la revue littéraire et le patronage. À l'entendre, la classe ouvrière devenait une divinité mille-pattes apparaissant à la fois comme une théorie de martyrs extatiques, une armée haillonneuse de paladins assoiffés d'héroïsme et une procession d'archanges à culs roses[57]. »
« Son frère Georges lui avait suggéré de s'intéresser aux milieux ouvriers, mais sa première réaction avait été négative en alléguant qu'il les connaissait mal. Cependant, à la réflexion, peut-être aidé par la lecture de faits divers, il décida de traiter le sujet en imaginant une rue peuplée d'Italiens qui allait prendre peu à peu un visage particulier[58]. » Ce seraLa Rue sans nom où le langage des protagonistes est moins marqué par leur condition d'immigrés que par leur situation déplorable et le racisme que l'écrivain dénonce sans ménagement.« Les étrangers avaient élu le Modern Bar pour y boire leur paie à cause de l'hostilité qui se dégageait de ces lieux pour les indigènes. Dans un café où fréquentaient les Français, ils se seraient sentis exilés, au lieu que là, ils étaient dans une atmosphère qu'ils avaient créée et qu'ils aiment pour cela même »[59]. L'écrivain emploie d'ailleurs, en faisant parler les observateurs de ces immigrés, des mots qui sont toujours utilisés de nos jours.« Les autres habitants de la rue, les hommes surtout, regardaient avec une méfiance agressive ces étrangers qui engrossaient couramment leurs femmes. Ils affichaient un mépris arrogant des professions de terrassier ou de maçon […] et déploraient l'envahissement de la rue par une racaille qui crevait de faim chez elle, dans un pays où les femmes trop laides n'arrivaient pas à nourrir les maquereaux qu'ils étaient tous[60]. »
Quand il reçoit leGoncourt en1945,Jean-Louis Bory déclare :« Mes deux passions sontAragon et Marcel Aymé. J'ai écritMon village à l'heure allemande en pensant à Marcel Aymé ».
EtAntoine Blondin :« Il disposait de beaucoup d'indulgence pour l'humanité tout entière. Sa fréquentation vous améliorait. »
En 1949, le ministère de l'Éducation nationale fit savoir à Marcel Aymé qu'il allait être inscrit sur la liste de la prochaine promotion de laLégion d'honneur. Il se souvint alors du « blâme sans affichage » auquel il avait été condamné en 1946 pour avoir vendu sous l'occupation un scénario à laContinental film et refusa. En outre, l'année suivante, il déclina la proposition faite publiquement parFrançois Mauriac de présenter sa candidature à l'Académie française :« Combien d'écrivains auront refusé presque simultanément l'Académie française et la Légion d'honneur ? s'est interrogée Gabrielle Rollin dans le magazineLire[61]. » À cette époque (de 1950 à 1967), il séjournait, à la belle saison, dans sa maison du 7, route du Buisson àGrosrouvre dans le département desYvelines.
Il fut longtemps difficile de trouver des ouvrages de référence sur Marcel Aymé. De nos jours, avec les travaux des deux responsables de l'édition desŒuvres dans la Pléiade et ceux de la Société des Amis de Marcel Aymé, davantage d'études et d'informations sont disponibles. LesContes du chat perché ont été étudiés à l'école, principalement à l'école primaire (CE2, CM1, CM2)[62] et au collège[63].
« Son immense talent précurseur n'est pas encore suffisamment apprécié. Sa production est abondante. Marcel Aymé a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre et plus de cent soixante articles. L'ignorance dans laquelle la critique et les manuels de littérature ont tenu depuis trente ans l'œuvre de cet écrivain relève du scandale culturel[64]. »
Une statue accompagnée d’unpanneau Histoire de Paris, intituléeLe Passe-muraille en hommage àla nouvelle du même nom, surgit d’un mur sur laplace Marcel-Aymé, à Paris. Cette place débuterue Norvins, où vécut l’écrivain. L’œuvre originale fut créée en 1967 par l'acteurJean Marais, au lendemain de la mort de Marcel Aymé, son ami. Le bronze définitif, représentant le personnage principal de la nouvelle et dont les traits évoquent ceux de l'écrivain, a été inauguré le[65].
↑IsabelleNieres-Chevrel et JeanPerrot,Dictionnaire du livre de jeunesse : la littérature d'enfance et de jeunesse en France, Paris, Electre-Ed. du Cercle de la Librairie,, 989 p.(ISBN978-2-7654-1401-8 et2765414017,OCLC862208705),p. 54
↑J. L. Bourget,Nouvelle Revue franc-comtoise,no 38,p. 69.
↑« Rien de bien nouveau dans ces contes qui sont par rapport àPerrault ce queGiraudoux est à latragédie grecque (…). Rien en fait qui sorte du conventionnel. Une sagesse toute d'ironie à la fois désenchantée et tournée vers le passé, des clins d'œil par-dessus l'épaule de l'enfant à l'adulte.Marc Soriano, « Les Lettres françaises », »
↑cf. infraAdaptations pour le cinéma, le théâtre et la télévision
↑FRUITIERE : fromagerie, coopérative. « Les fruitières (ou associations pour la fabrication du fromage dit de Gruyère) sont à peu près spéciales aux montagnes du Jura, bien que la fabrication elle-même soit d’origine suisse.
↑SEILLE : (n. f.) Seau, en bois en général. Voir l’expression : « Il pleut à seille »
↑BOUILLE : (n. f.) « Bouille à lait », gros bidon de bois ou métal servant à porter le lait à la fromagerie, fait pour être porté par un âne ou sur le dos [Doubs 25, Jura 39], définition Lexilogos
↑Gustalin, Le livre de poche Hachette 1971,p. 240.
↑Michel Lécureur, Album Marcel AyméAlbum Marcel Aymé : iconographie choisie et commentée par Michel Lécureur, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, coll. « Album »,no 40, Paris, 2001,316 p.(ISBN978-2-07-011596-9), et La Comédie humaine de Marcel Aymé,p. 159–160.
↑La Rue sans nom, Œuvres complètes illustrées parRoland Topor, Flammarion, 1977, t.1,p. 340.
Album Marcel Aymé : iconographie choisie et commentée par Michel Lécureur, Paris, Gallimard, La Pléiade, coll. « Album »,no 40, 2001, 316 p.(ISBN978-2-07-011596-9). Inclut une table des 304 illustrations et un index des noms de personnes, de titres d'œuvres, de textes et de périodiques.
Lettres d'une vie, Marcel Aymé, Paris, Les Belles Lettres.(ISBN978-2251441856)
La Comédie humaine de Marcel Aymé, Lyon, La Manufacture,, 371 p.(ISBN2-904638-24-5)
Marcel Aymé : un honnête homme, Paris, Les Belles Lettres-Archimbaud, 1997, 448 p. + 28 p. de planches(ISBN978-2-251-44107-8)
Les chemins et les rues de Marcel Aymé (préface de Benoît Duteurtre ; photos de Thierry Petit), Besançon, Tigibus, 2002, 139 p. + 1 livret de 16 p. encarté(ISBN978-2-914638-02-9)
Agnès Akérib,Marcel Aymé, pourfendeur du délit d'opinion (adaptation de sa correspondance), Éditions TriArtis, coll. « Scènes intempestives à Grignan », Paris, 2019,(ISBN978-2-490198-11-5)
Roger Nimier,Journées de lecture (préface de Marcel Jouhandeau), Paris, Gallimard, 1965, 277 p.
Valentine Terray,Marcel Aymé et les Hussards : un « contemporain capital » ? La droite littéraire à la reconquête de son aura intellectuelle après la Libération, mémoire de Master 2, Université Paris I (Panthéon-Sorbonne), 2018.
Pol Vandromme,Marcel Aymé, Paris,Gallimard, 1994, réédition d'un ouvrage publié en 1960; Aymé y donne un texte autobiographique intituléLes jours qui se termine ainsi: «La seule littérature qui compte aujourd’hui en France, celle qui contribue avec les classiques encore imposés à l’école à former les esprits, estTintin, le reste n’étant d’importance que dans la mesure où il est utilisable pour le cinéma, ta presse, la radio, la télévision, les magazines. De tels changements nous font vieillir plus vite que le calendrier.»
Jean-Claude Véniel,Créateurs, créatures et création dans l'œuvre de Marcel Aymé, thèse de doctorat en littérature moderne et contemporaine, Université de Lille-3, 1988.
Jean-Claude Véniel,L'Œuvre de Marcel Aymé, de la quête du Père au triomphe de l'écrivain, Paris, Aux Amateurs du livre, 1990, 417 p.(ISBN978-2-87841-035-8).