Le Manul a un corps compact et trapu avec des pattes courtes et une queue courte et épaisse[1]. La fourrure, très longue et épaisse, le fait paraître plus gros qu'il n'est. Le poil présent dans les parties inférieures (ventre, intérieur des pattes et de la queue) est presque deux fois plus long que celui qui est situé sur les flancs ou le dos, ce qui lui permet de marcher ventre à terre quand il chasse tout en étant protégé des températures hivernales[2]. Le Manul s'enroule dans sa queue pour se coucher, celle-ci lui permettant de garder sa chaleur corporelle[3]. La fourrure est de couleur grise au nord de son aire de répartition à fauve à roux pour le sud. La couleur peut varier saisonnièrement. Certains individus ont des rayures sombres verticales sur les flancs[4]. L'extrémité des poils est blanche, ce qui lui donne une apparence argentée. Le menton, la poitrine et le ventre sont blancs. Les pattes sont marquées de bandes noires indistinctes[5]. La queue est annelée de sept à neuf marques noires étroites[4]et son extrémité est noire. La couleur de la robe permet un excellent camouflage dans son environnement naturel[5].
La tête est aplatie et large. Les oreilles sont courtes, arrondies et placées bas sur la tête : elles dépassent à peine de la fourrure[5]. Le profil très bas de la tête est adapté à la chasse dans les milieux ouverts avec peu de couverture végétale[5],[7]. La petite taille des oreilles évite une trop grande déperdition de chaleur[7]. Le front est tacheté de petits points noirs. Les joues sont marquées de rayures foncées et blanches[5]. Les vibrisses sont blanches[4] et les yeux sont bordés de lignes blanches et noires[5]. Le Manul est également doté d'une troisième paupière qui sert de protection contre les vents froids et les tempêtes de poussières[5]. Les pupilles sont rondes[7] et la mâchoire est plus petite que celle des autres félins puisqu'il n'a pas depré-molaires supérieures[réf. nécessaire].
Cet animal est très territorial, agressif et solitaire, ce qui fait que c'est l'un des chats les moins étudiés[8],[9]. Le Manul escalade facilement les rochers et falaises[1]. Il n'est pas adapté à la marche dans la neige et se déplace dans les vallées lorsqu'il neige sur les hauteurs[10].
Le Manul possède le plus petit territoire parmi les félins. Le domaine de ce félin peut se limiter aux environs immédiats de sa tanière (déplacements entre 500 et 1 000 mètres)[11], pour une superficie d'un kilomètre carré[12]. EnRussie, la taille moyenne du territoire est estimée à 1,5 km2[12].
Par sa petite taille, le Manul est uneproie pour de nombreuxprédateurs (rapaces,renards...). Cette menace l'oblige à se cacher régulièrement et à éviter les milieux ouverts (prairies).
Le Manul possède unelongévité de 11 ans et demi[13].
Comme tous lesfélins, le Manul est uncarnivore. Il se nourrit de petits mammifères — tels que lespikas, lesmarmottes, lesécureuils terrestres[1], les petits rongeurs comme lecampagnol[11] — et d'oiseaux comme les perdrix et les alouettes[11]. Au Népal, des fèces contenaient 76 % de poils de pika, 18 % de poils deLièvre laineux (Lepus oiostolus), 4 % de végétaux et divers débris[14]. En Iran, un spécimen femelle percuté par un véhicule avait dans son estomac les restes d'unPika afghan (Ochotona rufescens) et unePerdrix choukar (Alectoris chukar)[15].
Crépusculaire, il passe ses journées caché dans descavités. Il sort généralement au crépuscule et à l'aube pour chasser ; toutefois, lorsque ses proies sont diurnes, il sort également en journée comme lorsqu'il chasse laGrande gerboise en Iran[11]. Le Manul pratique la chasse à l'approche : lorsqu'il voit une proie, il s'en approche en rampant et, lorsqu'il est assez près, bondit pour porter le coup fatal[11]. Il peut également attendre au bord des terriers de rongeurs et les dénicher en plongeant une patte dedans[11].
Les vocalises sont décrites comme ressemblant à celles d'un chiot ou au hululement d'une chouette[1] : c'est un cri bref, de moyen à grave entonalité[11]. Le bruit très distinctif des Manuls lors de l'accouplement permettrait d'anticiper les naissances en captivité[16]. Le Manul est également capable de cracher, de siffler et de grogner[11].
L'œstrus dure de un à cinq jours[13]. Les femelles ont unegestation comprise entre66 et 74 jours[13]. La tanière est installée dans une grotte, une cavité rocheuse ou dans un terrier abandonné de renard, de blaireau ou de marmotte[11]. La femelle donne naissance à une portée de un à six chatons durant les mois d'avril et de mai. En moyenne, les portées sont de trois ou quatre chatons[13]. Le poids à la naissance est de 70 à 100 g[13]. Les jeunes naissent avec un pelage laineux et foncé, distinctement marqué de rayures sur les flancs[11]. Les petits sont revêtus de ce duvet jusqu'à l'âge de deux mois[1]. Ils atteignent l'indépendance à huit mois[1]. Lamaturité sexuelle de l'espèce est atteinte entre douze et quatorze mois[1].
Le Manul se rencontre dans lessteppes froides et arides d'Asie centrale et jusqu'à 5 593 mètres[14] d'altitude. Son habitat optimal est constitué de terrains découverts constitué de steppes d'herbes et de broussailles, avec des étendues de rochers, des ravins et des versants de collines[14]. Le Manul habite les déserts de rocailles et rochers[1], les prairies ou encore les versants de montagne avec éboulis[10] : il ne s'accommode pas des déserts de sable, des forêts ou de la neige profonde. Au nord, son aire de répartition est ainsi limitée par lataïga[1]. Le Manul peut vivre dans des zones où la température descend jusqu'à−50 °C[10].
L'espèce a une vaste aire de répartition, qui s'étend à l’ouest jusqu'à lamer Caspienne et à l'origine à l'Est jusqu'à la Chine occidentale. L'aire de répartition monte au Nord jusqu'en Mongolie, au Kazakhstan et à la Russie, et au Sud en Iran, Pakistan et Népal[4]. Il se retrouve surtout enMongolie, moins souvent auTibet, enAfghanistan et auPakistan. Il n'est plus présent dans l'Est de la Chine[1]. Sa présence auNépal est confirmée pour la première fois en 2014, la limite ouest de son aire de répartition népalaise est située dans ledistrict de Dolpa[14].
Ce félin est une espèce encore peu décrite et mal connue. Le nombre d'individus présents dans la nature n'est pas clairement défini mais la tendance de la population est à la baisse. Le nombre d'individus à l'état sauvage est estimé à4-6/100 km2, soit seulement 58 000 individus dans toute l'Asie[20].
Cette espèce a été très chassée pour sa fourrure afin de confectionner des chapeaux et des manteaux. Au début duXXe siècle, 50 000 peaux par an étaient vendues par la Mongolie[1]. De même, en Chine, les trappeurs capturaient dix mille Manuls par an dans les années 1950[11]. Dans les années 1980, le Manul était moins prélevé dans la nature, et, en 1987, 9 180 peaux sont exportées par la Mongolie[11]. Le Manul est à présent protégé par la loi en Chine, en Mongolie, en Inde, en Iran, au Kazakhstan, au Kirghizstan, au Pakistan, en Russie et au Turkménistan[13].
En Asie, lafragmentation des habitats et l'empoisonnement en masse des rongeurs, considérés comme des nuisibles, constitue une importante menace[11]. C'est cette importante perte d'habitats et de proies qui a valu à ce félin d'être classé quasi menacé par l'UICN, depuis 2002[21], avant d'être finalement classée en « préoccupation mineure » en 2019[22]. En 2024, il est protégé par la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage[23].
Laménagerie du Jardin des plantes détient au moins deux spécimens deOtocolobus manul. Ils sont maintenus dans un grand enclos extérieur avec abris en cas de pluie. (02/2015).
Leparc zoologique de Lille possède actuellement une femelle, arrivée en 2017 lors de la rénovation du zoo, elle est située au fond de l'Allée des volières dans l'ancien enclos desbinturong qui ont déménagé dans un enclos plus grand avec desloutre cendrées. Un mâle doit la rejoindrecette année[Quand ?].
LeParken Zoo(en), enSuède détient au moins un couple reproducteur et leurs chatons.
« Manul » est unmotmongol qui désigne directement le félin[2].
L'un desnoms vernaculaires de cette espèce, « Chat de Pallas », commémore lezoologue allemandPeter Simon Pallas (1741-1811) qui a décrit l'espèce en 1776. La longue fourrure de ce félin lui fait alors penser que le Manul est l'ancêtre sauvage duchat persan[2].
Le nom latin du genreOtocolobus signifie « oreilles coupées »[4].