Cet article concerne unévénement en cours.
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À partir du, une série demanifestations de masse a lieuenSerbie, d'abord àNovi Sad puis àBelgrade et dans le reste du pays. En, le mouvement est toujours en cours et réunit des dizaines de milliers de participants, en particulier des étudiants.
Les revendications des manifestants, qui réclament initialement justice après l'effondrement de l'auvent de la gare de Novi Sad, s'étendent ensuite à la dénonciation de lacorruption présente dans le pays et à un appel à la libération des militants arrêtés, puis ciblent de plus en plus directement leprésidentAleksandar Vučić.
Le, au lendemain d'une journée de mobilisation massive, leprésident du gouvernementMiloš Vučević annonce sa démission. Le présidentAleksandar Vučić a un discours ambigu, ouvrant la voie à la reconnaissance de certaines des revendications du mouvement tout en accusant les manifestants d'être au service de l'étranger.
En février et, le mouvement continue à se structurer, toujours mené par les étudiants, avec une évolution des revendications. La répression se renforce à l'été 2025 mais les manifestations se poursuivent.

Le, l'auvent de lagare de Novi Sad s'effondre, tuant 15 personnes. L'accident est lié, aux yeux d'une partie de la population, à la corruption présente enSerbie, notamment au sein du gouvernement d'Aleksandar Vučić, réélu en 2024. Ils accusent les autorités de négligence dans l'entretien des infrastructures de la gare, rénovées peu de temps auparavant par des entreprises chinoises, françaises et hongroises[1],[2].
Une enquête est finalement ouverte et aboutit à l'inculpation, entre autres, du ministre des TransportsGoran Vesic[1]. Toutes les personnes inculpées sont finalement relâchées, ce qui accentue la colère des manifestants[3].
Par la suite, des faits de corruption de plus en plus importants sont révélés par la presse indépendante serbe[3].
Les manifestants portent des revendications multiples. Initialement, seul l'accident de la gare de Novi Sad est évoqué : la population souhaite la publication des contrats de rénovation de la gare ainsi que d’autres documents officiels. Par la suite, avec la montée en puissance de la répression contre le mouvement, d'autres revendications viennent s'ajouter, dont la libération des jeunes militants arrêtés, l'abandon des poursuites contre eux, et l'ouverture d'enquêtes contre les auteurs de violences envers les manifestants. Par la suite, les personnes présentes réclament également une hausse du budget de l'enseignement supérieur[1].
Les manifestants sont également mécontents du régime incarné par le présidentAleksandar Vučić et réclament plus d'État de droit. Selon l'avocat Čedomir Stojković, l'ampleur des manifestations montre qu'elles ne sont« pas seulement alimentées par le dégoût face à la corruption […] mais sont également un moyen pour les citoyens d’exprimer leur mécontentement face au régime de plus en plus autoritaire de leur président nationaliste »[4]. La jeunesse serbe ressent un sentiment de mécontentement croissant et, selonThe Guardian, les jeunes militants, qui ont grandi sous le régime deVučić,« ont de plus en plus le sentiment qu'il n'y a pas grand-chose à perdre » à protester et exiger des changements importants, allant au-delà des revendications initiales[4]. Avec la poursuite du mouvement, les revendications évoluent pour s'en prendre à l'homme fort de la Serbie. SelonThe Conversation le,« le mouvement semble s’installer dans la durée » et il cible de plus en plus directementAleksandar Vučić[3].
Des revendications structurées sont adoptées par le mouvement début mars se divisent en huit points distincts :« liberté, justice, dignité, État, jeunesse, solidarité, savoir et avenir »[3]. Les revendications se veulent« apolitiques » afin de ne pas discréditer le mouvement[5]. Cependant, la demande pour des élections anticipées grandit dans le pays[6].
Le rapport du mouvement étudiant à l'Union européenne est ambigu : aucun drapeau européen n'est visible dans les rues — contrairement auxmanifestations en Géorgie eten Slovaquie — et le mouvement n'est pas porté par des idées pro-européennes. Les Serbes seraient plutôt résignés quant à leur relation avec l'UE, ne croyant plus à l'intégration européenne comme voie d'avenir pour le pays. Ce sentiment est accentué par le faible soutien de l'Union au mouvement étudiant[3]. De plus, beaucoup de militants affichent des slogans pro-russes et nationalistes[6].


Des manifestations de masse sont organisées, d'abord àNovi Sad puis àBelgrade. Elles ont lieu au cours du mois de novembre, puis de décembre, et se poursuivent en janvier. À Belgrade, certains rassemblements réunissent jusqu'à 50 000 personnes. Les manifestants ont pour habitude d'observer 15 minutes de silence en hommage aux victimes de l'effondrement[1].
Les étudiants sont nombreux à se joindre au mouvement depuis les campus de leurs universités ; ils sont aidés par l'usage des canaux de communication numériques qui permettent de« contourner les médias contrôlés par l'État »[4]. Le, ils organisent le blocage d'un nœud d'autoroute majeur de Belgrade pendant 24 heures. Des agriculteurs, des motards et d'autres catégories de population les rejoignent dans la rue[1]. Dans tout le pays, plus de 130 villes rejoignent le mouvement ce jour-là[7].
Au cours du mouvement, des militants, principalement des étudiants, sont blessés à plusieurs reprises, notamment par des automobilistes forçant les cordons de protection qui entourent les cortèges[1]. Des affrontements ont également lieu entre des jeunes militants et des partisans duParti progressiste serbe, parti du président au pouvoir[8], et une forte répression vise les jeunes manifestants. Pour y faire face, ils s'organisent collectivement, sans qu'il y ait de chef identifiable au sein du mouvement[4].
Les concessions obtenues fin janvier ne suffisent pas à mettre fin au mouvement. Le, les étudiants entament une marche de 80 km de Belgrade à Novi Sad, qui doit durer plusieurs jours, afin de commémorer les trois mois de l'effondrement. Sur place, leur but est de bloquer tous les ponts de la ville pendant 24 h[9]. Sur le chemin, ils sont salués par des klaxons et les habitants leur offrent à boire ou à manger. D'autres personnes suivent à vélo ou à moto, tandis que leschauffeurs de taxis de Belgrade proposent leur aide pour ramener les manifestants dans la capitale[2]. Le, les manifestants partis de Belgrade ou s'étant intégrés au cortège en chemin rejoignent ceux de Novi Sad. Le, des dizaines de milliers de personnes sont réunies dans les rues de la capitale deVoïvodine et bloquent les trois ponts principaux de la ville. Un des points de blocage est censé rester en place pendant plusieurs jours ; des étudiants contrôlent l'accès aux ponts pour assurer la sécurité des manifestants et des installations. Des tracteurs agricoles sont également mobilisés et les militants portent desdrapeaux serbes et des banderoles rendant hommage aux victimes ou réclamant plus de liberté[2].
Dans le reste du pays, des rassemblements de soutien ont également lieu, avec quelques incidents impliquant des automobilistes[2]. À la fin janvier, le mouvement s'est étendu à 100 autres villes de Serbie, de toutes tailles[4].
Le mouvement se poursuit en. Le, des milliers de manifestants, certains venus d'autres villes de Serbie à pied, se rassemblent àKragujevac,4e ville du pays. La date et le lieu choisis visent à rappeler l'adoption de laConstitution serbe de 1835 (en), alors l'une des plus libérales d'Europe[10]. Pour commémorer l'effondrement de l'auvent de la gare, ils observent 15 minutes de silence à10 h 52 GMT. La délocalisation du mouvement hors de Belgrade vise à« montrer que toutes les villes soutiennent nos revendications », selon un étudiant[11].
Le, les manifestants se réunissent àNiš et définissent des revendications détaillées, résumées en huit points. Deux jours plus tard, une séance parlementaire dégénère en affrontement[3]. Le, des centaines de militants se réunissent dans les locaux de laRadio-télévision de Serbie (RTS) et les bloquent temporairement, après qu'un chroniqueur ait qualifié le mouvement de« horde » et en raison de la partialité alléguée de la chaîne dans sa couverture des protestations. Les personnes présentes empêchent les employés d'entrer et la tension monte avec la police, qui reçoit l'ordre de ne pas intervenir tant qu'aucune action violente n'est commise[12].
Le, une manifestation nationale est organisée dans la capitale, Belgrade[13]. Cette journée est vue par les leaders étudiants du mouvement comme le point d'orgue de la mobilisation[5]. Selon plusieurs sources, elle réunit finalement entre 275 000 et 325 000 personnes[14]. Descanons à son auraient été utilisés par la police contre les manifestants, bien que les autorités nient tout emploi de cette arme. Ils sont utilisés par les forces de l'ordre pour perturber les rassemblements[5].
Le mouvement se poursuit sans perdre en intensité et le, six mois après l'effondrement de l'auvent de la gare de Novi Sad, des manifestations sont organisées à Belgrade, à l'initiative des étudiants et des principaux syndicats unis. Ils se rassemblent devant les bâtiments du gouvernement, plusieurs milliers de personnes sont présentes et des commémorations ont lieu pour rendre hommage aux victimes de la catastrophe[15].
Le, une nouvelle manifestation rassemble plus de 140 000 personnes àBelgrade, avec comme revendication l'organisation d'élections anticipées[16]. La répression s'amplifie contre le mouvement et une deuxième nuit de manifestation a lieu le lendemain. Des barricades sont mises en place dans plusieurs villes du pays[17]. Le mouvement se poursuit durant l'été, faisant face à une forte répression, qui ne parvient pas à décourager les étudiants[6].
Le, un an après l'effondrement de l'auvent de la gare de Novi Sad, des dizaines de milliers de personnes selon l'AFP, dont de nombreux étudiants, se réunissent sur les lieux de l'accident lors d'un rassemblement commémoratif. À11 h 52, heure exacte de l'effondrement, ils entament 16 minutes de silence en hommage aux 16 personnes tuées. Une grande quantité de bougies et de fleurs est également déposée[18].
Le vice-Premier ministre de Serbie révèle en mars 2025 que les services d'espionnage russes ont aidé le régime serbe à réprimer la contestation étudiante[19].
La répression se renforce en. La police fait usage de la force pour disperser les manifestants et de nombreuses arrestations ont lieu. Plusieurs dizaines de personnes sont blessées des deux côtés[17]. Les arrestations par la police se multiplient encore durant l'été et sont de plus en plus violentes ; elles sont filmées et relayées en ligne par les autorités elles-mêmes afin d'« intimider l’opinion publique »[6].
À partir du, le président fait déployer dans les rues des personnes payées par le pouvoir et proches de lamafia serbe, parmi lesquelles des délinquants violents et des hooligans. Comparés aux« titouchkis » de larévolution de Maïdan en Ukraine en 2014, ils sont chargés de mettre fin au mouvement en répandant la peur parmi les étudiants pour les décourager de se mobiliser. Ils commettent pour cela de nombreux actes de violence et des affrontements ont lieu dans plusieurs villes du pays[6].
La réaction politique« [oscille] entre appels au dialogue et accusations d’ingérence étrangère » contre les personnes mobilisées[2], les autorités affirmant parfois que les étudiants ont reçu de l'argent en échange de leur participation[8]. Les étudiants refusent d'abord de rencontrer le président tant que leurs revendications ne sont pas satisfaites, affirmant que« le président [n'est] pas autorisé par laconstitution à discuter avec eux »[7].
Le, leprésident du gouvernementMiloš Vučević démissionne après les blocages de la veille, déclarant avoir pris cette décision« Afin d’éviter de nouvelles complications et de ne pas augmenter davantage les tensions dans la société », elle est aussi liée à l'attaque par des partisans du parti au pouvoir de rassemblements militants. Le maire de Novi Sad,Milan Đurić (en), doit aussi démissionner, et un large remaniement gouvernemental est annoncé par leprésident serbeAleksandar Vučić[8].
Ces changements s'accompagnent d'appels à la discussion émis par les autorités vis-à-vis des protestataires[8]. Le président ouvre également la porte à certaines des revendications des manifestants, en déclarant être« prêt à gracier ceux qui voulaient éviter des poursuites pénales », en annonçant l'ouverture d'enquêtes contre ceux s'étant rendus coupables de violences à l'encontre des manifestants. Il affirme également que« tous les documents relatifs à la récente reconstruction de la gare principale de Novi Sad ont été publiés »[7]. Le Parti au pouvoir déclare qu'ils« répondront à toutes les demandes des étudiants »[4].
Cependant, les concessions faites ne satisfont pas les membres du mouvement[9], la marche versNovi Sad et les blocages ne sont pas annulés. Se présentant comme ouvert au dialogue, le président Aleksandar Vučić affirme toutefois qu'« à la seconde où quelqu'un pense utiliser la violence pour s'emparer du pouvoir, l'État agira comme un État, comme partout ailleurs dans le monde »[2]. Il déclare également :« Notre pays est attaqué, de l'étranger et de l'intérieur », accusant à nouveau les manifestants d'être au service de puissances étrangères[4] qui souhaiteraient organiser une« révolution de couleur »[15]. Aleksandar Vučić réitère ces accusations le lors d'un meeting àSremska Mitrovica ; il appelle au dialogue mais affirme que la Serbie est attaquée de l'extérieur et« par de nombreuses personnes à l'intérieur qui manipulent nos enfants »[10].
Le,Đuro Macut est nomméprésident du gouvernement et son gouvernement est confirmé le par le Parlement.
En, la rhétorique du pouvoir se durcit et Aleksandar Vučić désigne les manifestants comme des« terroristes [voulant] détruire l'État »[17].
Le, la dramaturge Sinisa Kovacevic annonce que« les étudiants serbes » ont été sélectionnés parmi les nommés pour leprix Nobel de la paix 2025[20]. Les étudiants sont soutenus par la chanteuseMadonna qui promeut« l'un des plus grands mouvements d'étudiants de la région depuis 1968 »[21]. Le joueur de tennis serbeNovak Djokovic exprime également son soutien aux manifestants, en portant un sweat sur lequel est marqué« Students are Champions »[22].
De nombreuses manifestations de soutien sont organisées par ladiaspora serbe, notamment àMalte,Francfort,New York[23], etc.
Les manifestants sont rapidement soutenues par les partis d'opposition serbes, mais ceux-ci, minoritaires et divisés, ne sont pas une réelle menace contre le gouvernement. Les étudiants continuent à diriger le mouvement, qui n'est pas capté politiquement[3].
The Conversation critique la réaction étrangère au mouvement étudiant, notamment celle de l'Union européenne, jugée« muette ». Alors que les principales voix européennes n'abordent pas les mobilisations, au contraire, certains partis d'extrême droite affichent leur soutien au gouvernement Vučić. Pauline Soulier, docteure en science politique et chercheuse à l'université de Bordeaux, explique ce manque de soutien européen par la nature des liens avec la Serbie, qui serait vue en Europe comme une« stabilocratie »[Quoi ?] selonFlorian Bieber (en), parvenant à« jouer les équilibristes », notamment en s'appuyant sur l'amitié avec certains pays européenscomme la France. Par le passé, l'Europe a également peu réagi aux violations des droits humains et de l'État de droit commises par les autorités serbes. De son côté, la Russie affiche également son soutien au gouvernement, affirmant que le mouvement de protestation est une ingérence occidentale contre le régime serbe[3].
Pauline Soulier fait le constat d'un« gouvernement soutenu par l'extérieur », ce qui trancherait avec les difficultés sur le plan interne face au ressentiment des étudiants et d'une partie de la population[3][Laquelle ?].
Le Monde rappelle en août 2025 les relations, notamment économiques, importantes entre la Serbie et certains pays européens, qui pousserait l'Union européenne à réagir faiblement aux actions du gouvernement serbe[6].
En octobre 2025, leParlement européen adopte une résolution qui« soutient le droit des étudiants et citoyens serbes à manifester pacifiquement » et dénonce la répression organisée par le pouvoir[18].
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