Pour l’article homonyme, voirMangrove (film, 2011).
Superficie[1] : | 150 000 km2 (0.1%) |
---|---|
Latitudes : | 30° Sud à30° Nord |
Climat : | tropical,Subtropical et Tempéré chaud ( 35°à 40° au soleil et 30° à l'ombre) |
Localisation
Lamangrove est unécosystème demarais maritime incluant un groupement de végétaux spécifiques principalementligneux, ne se développant que dans lazone de balancement des marées, des côtes basses des régionstropicales. On trouve aussi desmarais à mangroves à l'embouchure de certains fleuves, et très exceptionnellement eneau douce. Elle constitue l'un des quatorze grandsbiomes terrestres définis par leWWF.
La mangrove procure des bénéfices aux populations en matière de sécurité alimentaire, de protection des côtes contre l'assaut des vagues et de stockage de carbone[2]. Elle contribue également à la réduction des risques de catastrophes naturelles liés au changement climatique.
Ces milieux particuliers procurent des ressources importantes (forestières ethalieutiques) pour les populations vivant sur ces côtes. Les mangroves sont parmi les écosystèmes les plus productifs enbiomasse de notre planète. Les espèces ligneuses les plus notables sont lespalétuviers avec leurspneumatophores et leursracines-échasses.
La dégradation rapide de certaines mangroves, dans le monde entier, est devenue préoccupante parce qu'elles constituent des stabilisateurs efficaces pour certaineszones côtières fragiles qui sont maintenant menacées, et parce qu'elles contribuent à larésilience écologique des écosystèmes après lescyclones tropicaux ettsunamis et face à lamontée des océans entre autres effets dudérèglement climatique. Les mangroves sont des milieux dynamiques et certaines sont capables de s'adapter à une évolution rapide de lasédimentation littorale[3].
Les forêts de mangroves ont été réduites à moins de 25 % de leur étendue naturelle, selon un rapport intergouvernemental scientifique et politique sur la biodiversité et lesservices écosystémiques paru en 2019[4].
Mangrove est un emprunt à l'anglais (anglicisme).Mangrove en anglais désigne d'abordRhizophora, en particulierRhizophora mangle de la familleRhizophoraceae. Le mot provient probablement du portugaismangue ou de l'espagnolmangle, ou dutaïno. Le suffixegrove provient de l'anglais[5] (jardin, bosquet). Par extension mangrove désigne en français comme en anglais lebiome où croissent ces arbres, dans les régions tropicales et subtropicales. En anglais le terme est doncpolysémique, désignant à la fois l'arbre, le lieu où il se développe, et par glissement toutes zones humides boisées côtières. Le français ne retient que les deux dernières significations, préférant pour la première le mot « palétuvier ». La définition la plus ancienne en anglais désigneRhizophora (1635)[5].
Le termeanglais américain « swamp » pour « marécage »[6] désigne une zone humide boisée. Le milieu où pousse la mangrove peut être appelé « mangroveswamp », ce qui en fait un cas particulier deswamp soit de marécage, l'expression est semblerait-il traduite par « marais à mangroves » en français.
La mangrove[7] se développe sur le littoral dans des zones calmes et peu profondes. Elle occupe les trois-quarts des côtes et deltas des régions tropicales, assurant une excellente protection contre l'érosion et même lestsunamis. Elle couvre une superficie d'environ 150 000 km2 sur notre planète[8]. Elle se situe le long des zones côtières entre le30e parallèle nord et le30e parallèle sud, c'est-à-dire lazone intertropicale. Avec le réchauffement climatique, elle a tendance à remonter plus au Nord[9].
Continent | Pays | Surface (en hectare) | Nombre de réserves associées |
Asie | Indonésie | 4 251 011 | 152 |
Asie | Malaisie | 630 000 | 99 |
Asie | Birmanie | 517 000 | 6 |
Asie | Bangladesh | 410 000 | 5 |
Asie | Inde | 356 000 | plus de 30 |
Asie | Pakistan | 600 000 | 1 |
Asie | Philippines | 400 000 | 59 |
Asie | Viêt Nam | 370 000 | 2 |
Amériques | Mexique | 1 420 200 | plus de 20 |
Amériques | Venezuela | 673 569 | plus de 20 |
Amériques | Cuba | 626 000 | plus de 20 |
Amériques | Colombie | 501 300 | plus de 12 |
Amériques | Panama | 297 532 | 23 |
Amériques | États-Unis | 280 594 | plus de 50 |
Océanie | Australie | 1 161 700 | 218 |
Afrique | Nigeria | 3 238 000 | 1 |
Afrique | Madagascar | 325 560 | 4 |
Afrique | Cameroun | 306 000 | 1 |
Le type correspondant de biome dans les zones tempérées est lemarais maritime (à ne pas confondre avec lemarais salant).
De nombreuses espèces d'oiseaux peuplent la mangrove ; mais lescrabes, lesmollusques, lescrustacés et lespoissons sont les plus présents. Ils sont tous amphibies. Un poisson typique des mangroves, lepériophtalme, a développé des nageoires lui permettant de sortir de l'eau et de se déplacer. Il peut vivre durant de longues périodes hors de l'eau. On trouve descrabes comme lesucas et les mantous, et lecrabe violoniste dit aussi cémafaute. Ce surnom lui est donné en raison de lapince qu'il positionne sur l'abdomen. La zone aérienne est occupée par desinsectes, desreptiles et desoiseaux.
AuBangladesh, la mangrove est le refuge dutigre du Bengale[16]. C'est l'un des derniers territoires où l'homme ne peut pas le menacer. Mais on y trouve aussi lecerf axis, desmacaques auxquels l'enchevêtrement de branches d'arbres offre un refuge impénétrable. Les forêts de mangrove sont aussi le lieu d'habitation de nombreux oiseaux comme l'ibis rouge sur l'île de la Trinité.
Sur l'île de Bornéo, la mangrove constitue l'habitat le plus fréquent desnasiques (ces singes en voie d'extinction menacés par la chasse et la destruction de leur milieu de vie que caractérise un nez long, fort proéminent et souple).Cette espèce jouissant de capacités extraordinaires pour la nage se réfugie dans l'eau dès qu'un danger apparaît ; la mangrove, située en bordure de fleuve constitue par conséquent un havre pour le nasique, qui est par ailleurs très bon grimpeur.
L'évolution a provoqué une convergence des solutions des plantes végétales des mangroves aux problèmes de lasalinité variable, des variations desmarées (inondation), des sols sans oxygène et de la lumière du soleil intense de la vie dans les tropiques. Les plantes se développant dans la mangrove doivent donc être adaptées à un milieu hostile :
Les palétuviers sont les principales espèces végétales de la mangrove. Ils ont su s'adapter à un milieu contraignant.
Ces plantes tolèrent très bien le taux desel élevé de la mangrove. On dit que ces plantes sonthalophiles ou plus exactement halo-résistantes. Par exemple, lespalétuviers rouges s'isolent du sel en ayant des racines imperméables qui sesubérisent fortement, agissant ainsi comme un mécanisme d'ultra-filtration pour éliminer le sel du milieu. L'eau de végétation contient ainsi jusqu'à 90 %, et dans certains cas jusqu'à 97 % moins de sel que l'eau dans laquelle les racines baignent. Tout le sel qui rentre dans la plante s'accumule dans les pousses et est concentré dans de vieillesfeuilles qui servent alors de hangar, stockage éloigné dans lesvacuoles des cellules végétales. Lespalétuviers blancs (ougris) peuvent sécréter le sel par l'intermédiaire de glandes à sel à la base des feuilles (d'où leur nom puisqu'elles sont couvertes de cristaux blancs de sel).
La mangrove est parfaitement adaptée au cycle des marées qui sont une des sources d'énergie du systèmeécotonial particulier qu'est la mangrove[17].
Le sol de la mangrove est constitué devase littorale, un milieu souvent fortementanaérobie (sans oxygène), sauf quand il s'agit de sable. Larespiration des arbres est donc assurée grâce à des organes complexes développés dans lesracines.
Par exemple, les palétuviers rouges, qui peuvent vivre dans les secteurs les plus inondés, poussent vers le haut au-dessus du niveau d'eau avec desracines échasses. Ils peuvent récupérer l'air par des fentes dans leurécorce appeléeslenticelles.
Lespalétuviers noirs vivent sur des terrains plus élevés et produisent beaucoup depneumatophores (des racines spécialisées qui poussent hors du sol vers le haut comme des pailles pour la respiration) qui sont couvertes de lenticelles. Ces « tubes pour respirer » atteignent des tailles de30 centimètres, bien que quelques espèces en aient qui atteignent plus de trois mètres de haut. Il y a quatre types depneumatophore : échasse, droit, en arceau et en ruban.
En raison de la disponibilité limitée en eau douce dans les sols salés de la mangrove, lespalétuviers ont développé des mécanismes pour limiter la quantité d'eau qu'ils perdent par leurs feuilles. Celles-ci peuvent contrôler l'ouverture de leursstomates (des petits pores sur la surface de leurs feuilles qui échangent des gaz et de la vapeur d'eau pendant laphotosynthèse) et également contrôler l'orientation de leurs feuilles. En les orientant pour éviter le soleil vif de midi, les palétuviers peuvent réduire l'évaporation à la surface de leurs feuilles.
Le plus gros problème auquel les palétuviers font face est la récupération desnutriments dans le milieu. Comme le sol dans lequel les palétuviers vivent est perpétuellement saturé en eau, il n'y a pas beaucoup d'oxygène libre disponible. Avec ces faibles teneurs en oxygène, lesbactériesanaérobies produisent de l'azote sous forme gazeuse, dufer soluble, desphosphates inorganiques, dessulfures et duméthane, qui contribuent à l'odeur désagréable des marais à palétuviers et rendent l'environnement hostile aux espèces végétales. Puisque le sol n'est pas particulièrement nutritif, les palétuviers se sont adaptés en modifiant leurs racines. Les systèmes racinaires en forme d'échasses permettent aux palétuviers de récupérer les gaz directement de l'atmosphère et les divers autres aliments, comme le fer, du sol inhospitalier. Ils stockent souvent les gaz directement à l'intérieur des racines de sorte qu'ils puissent être tout de même alimentés lorsque les racines sont submergées pendant la marée haute.
En plus de leur rôle respiratoire, les racines ont bien sûr un rôle de fixation important. Elles permettent à la plante d'assurer sa fixation au sol constitué devases peu stables. Les mangroves évitent l'érosion des côtes grâce à leurs racines formant un rempart aux vagues et permettant de retenir les alluvions provenant des cours d'eau[18].
Dans cet environnement difficile, les palétuviers ont évolué pour offrir un mécanisme d'aide aux jeunes plantules. Tous les palétuviers ont desgraines flottantes qui favorisent ladispersion par l'eau. À la différence de la plupart des plantes, dont les graines germent dans le sol, beaucoup de palétuviers (par exemple palétuvier rouge) sontvivipares c'est-à-dire que leurs graines germent sur l'arbre parent avant de tomber. Une fois que la graine a germé, la plantule se développe dans le fruit (par exempleAegialitis,Acanthus,Avicennia etAegiceras), ou vers l'extérieur en se servant du fruit comme support (par exempleRhizophora,Ceriops,Bruguiera etNypa). On nomme ce dernier système unpropagule (une plante prête à aller), qui peut produire sa propre nourriture par l'intermédiaire de laphotosynthèse. Quand le propagule est mûr, il chute dans l'eau où il peut être transporté sur grandes distances. Il peut survivre à ladessiccation et rester dormant durant des semaines, des mois, ou même une année jusqu'à ce qu'il arrive dans un environnement approprié. Une fois qu'un propagule est prêt à s'enraciner, il changera sa densité de sorte qu'au lieu de faire un système racinaire horizontal favorisant la flottaison, il produit un système racinaire vertical. En cette position, il est prêt s'enraciner dans la boue. Si un propagule ne s'enracine pas, il peut changer sa densité de sorte qu'il flotte plus loin encore à la recherche de conditions plus favorables.
Pour ces raisons, peu nombreuses mais indispensables sont les espèces d'arbres qui se sont adaptées à ce milieu ; ce sont :
Famille | Genre et nombre d'espèce |
---|---|
Avicenniaceae | Avicennia, 9 |
Combretaceae | Laguncularia, 11;Lumnitzera, 2 |
Arecaceae | Nypa, 1 |
Rhizophoraceae | Bruguiera, 6;Ceriops, 2;Kandelia, 1;Rhizophora, 8 |
Sonneratiaceae | Sonneratia, 5 |
Famille | Genre et nombre d'espèce |
---|---|
Acanthaceae | Acanthus, 1;Bravaisia, 2 |
Bombacaceae | Camptostemon, 2 |
Cyperaceae | Fimbristylis, 1 |
Euphorbiaceae | Excoecaria, 2 |
Lythraceae | Pemphis, 1 |
Meliaceae | Xylocarpus, 2 |
Myrsinaceae | Aegiceras, 2 |
Myrtaceae | Osbornia, 1 |
Pellicieraceae | Pelliciera, 1 |
Plumbaginaceae | Aegialitis, 2 |
Pteridaceae | Acrostichum, 3 |
Rubiaceae | Scyphiphora, 1 |
Sterculiaceae | Heritiera, 3 |
Voici les espèces d'arbres et arbustes palétuviers qui poussent dans la mangrove en allant du bord de la mer jusqu'à la terre ferme.
Quatre espèces depalétuviers sont presque toujours présentes dans une mangrove aux Antilles et en Guyane (aire biogéographique occidentale) :
En Asie du Sud-Est, les espèces de palétuviers et l'organisation de la mangrove sont différentes :
Quatre espèces de palétuviers sont présentes dans la mangrove du lagon de l'île Europa : Rhizophora mucronata, Avicennia marina, Bruguiera gymnorhiza etCeriops tagal[24],[25].
Mangrove typique deNouvelle-Calédonie[26]…
Dans de nombreux pays, la mangrove est un lieu de récolte et d'utilisation traditionnelle de produits utilisés par la population locale[27],[28]. AuBangladesh, la mangrove produit dubois pour lecharbon, mais aussi pour les constructions d'habitations. Elle fournit aussi lemiel et de nombreuses plantes qui alimentent l'artisanat et lapharmacopée locale.
La production d'organismes aquatiques comestibles a cependant bien plus de valeur directe et indirecte que n'en a la production de bois potentielle. Kapetsky en1985 a évalué à 90 kg/ha le rendement moyen en poissons et coquillages d'une mangrove (et jusqu'à 225 kg/ha) ; selon lui,« la production halieutique totale mondiale des mangroves serait de l'ordre de 1 000 000 t/an (pour une superficie estimée à 83 000 km2 d'eaux libres à l’intérieur des mangroves), soit à peine plus d'un pour cent de la production mondiale totale annuelle estimée de tous les types d'eau »[29].
Les mangroves sont des milieux menacés essentiellement par les constructions humaines cherchant à gagner sur la mer et les côtes. Ainsi, elles sont remplacées par desmarais salants, des bassins d'aquaculture ou des routes. Malgré les interdictions, de nombreux villageois coupent du bois de mangrove pour différents usages dont la construction (cases, greniers à provisions…), la préparation des repas, le fumage de poisson, la cueillette et la transformation des huîtres, la transformation des mollusques, etc. Les populations prétendent ne récolter que du bois mort mais en réalité elles coupent dans la majorité des cas du bois vert qu’elles laissent ensuite sécher. Cette pratique illégale est l’une des causes de dégradation de la mangrove. Ce sont surtout les formations de Rhizophora, dont la hauteur et la valeur commerciale sont plus importantes, qui sont touchées. L’Avicennia est quasi essentiellement utilisé pour lapharmacopée.
Les mangroves sont aussi sensibles aux pollutions chimiques ou aux marées noires et à certaines formes debioconcentration de polluants[30].
Mais la plus grande menace pour la mangrove est l'élevage de crevettes qui s'implante massivement en bord de mer. En effet, depuis plusieurs années, la crevette est un produit de consommation courant dans les pays occidentaux et les pays tropicaux sont les lieux idéaux pour son élevage. Le littoral occupé par la mangrove est peu à peu remplacé par des bassins d'élevage qui sont le plus souvent abandonnés après quelques années d'élevage afin d'éviter l'apparition de maladiesantibiorésistantes ou après l'apparition de ces dernières.
Cela a pour effet d'empêcher les habitants locaux de continuer à récolter de façon traditionnelle les produits de la mangrove. Certains bassins mal construits ont provoqué des infiltrations dans lesnappes phréatiques provoquant sasalinisation et rendant son eau impropre à la consommation.
De plus, la destruction des mangroves entraine un relâchement important dedioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. Comme leur taux de décomposition est faible et que ces arbres produisent beaucoup de matière végétale, les mangroves sont unpuits de carbone important. Ces puits sont formés sur de nombreuses années et le relâchement du CO2 dans l’atmosphère ne peut pas être rééquilibré facilement. Au Brésil, la mise en place de bassins destinés à la production de crevettes à libéré jusqu’à 70 % du carbone stocké dans les mangroves. Ces pertes sont équivalentes à 182 ans d’accumulation du carbone dans les sols[31].
Les arbres stockent le carbone dans leur matière végétale mais ceci représente 20% du stockage total. Le reste se retrouve en effet dans les sols, particulièrement en profondeur (>100 cm de profondeur). La perte du CO2 des mangroves est 10 fois plus grande que celle due à la déforestation des forêts tropicale sèches, relevant l’importance de cetécosystème.
Si l’activité humaine n’est pas le facteur le plus dégradant pour la mangrove, il s’agit cependant du facteur sur lequel il est le plus facile d’agir.
Après oxydation des sols plus assez immergés, les vases de mangroves à Rhizophora deviennent plus acides (pH de3 à 4 en Guyane, Sénégal, Suriname par exemple, soit quasiment l'acidité du vinaigre). C'est en raison de l'oxydation de lapyrite, se transformant alors enjarosite. À l'état naturel, donc jamais oxydées, les vases ont un pH neutre.
Ce pH bas rend incultes les sols pour l'agriculture, sauf pour lariziculture inondée.
Ce pH bas facilite la solubilisation, la mobilité et la biodisponibilité demétaux lourds et aggrave latoxicité dumercure massivement apporté et perdu par leschercheurs d'or dans de nombreuses forêts tropicales, mais aussi d'autrespolluants comme le plomb de l'essence. Cette acidification du sol entraîne la diminution de la surface de mangrove, les palétuviers ne supportant pas une acidité trop forte, et contribue à la création detannes.
De plus, la mangrove joue un rôle important dans lafixation du carbone.Jin Eong Ong, a montré que cet écosystème est celui qui capte le plus decarbone, environ 110 kg net par hectare et par jour enMalaisie[32],[33]. Il a prouvé que sa destruction aurait des coûts cachés[34] importants, notamment via un impact sur ledérèglement climatique lié à la quantité de carbone relâchée dans l'atmosphère.
En 2018, des chercheurs duCNRS ont rédigé un ouvrage collectif sur la mangrove et les dangers qui la menacent :Mangrove, une forêt dans la mer[35],[36].
La mangrove est très liée à l'herbier marin (oulittoral) et auxrécifs d'une part, et aux systèmes vaseux d'autre part[37]. En effet, elle a besoin pour se développer d'une eau calme, dénuée de houle. C'est le récif, en brisant lahoule, qui protège et offre à la mangrove unenvironnement favorable. Mais la mangrove est aussi une excellente barrière entre l'océan violent et la côte fragile, particulièrement pendant lesouragans, qui peuvent provoquer une montée subite des eaux sur les rivages. Le système racinaire des palétuviers est tout à fait efficace pour absorber l'énergie des vagues. Ainsi, la mangrove est une excellente protection face autsunami et réduit sensiblement les destructions occasionnés à l'arrière de cette zone de protection[38]. Depuis la catastrophe duraz-de-marée de, cet atout de la mangrove a été mis en avant pour la protection des côtes. AuBangladesh, le gouvernement essaye de développer la culture de la mangrove afin de stabiliser les côtes et de gagner des terres sur le delta duGange[39].
En contrepartie, la mangrove a un rôle de filtre, en stabilisant lasédimentation, évitant aux récifs d'être recouverts de vase et donc de dépérir. Ces systèmes racinaires empêchent également l'érosion côtière. L'écoulement des eaux des marées est ralentie assez sensiblement de sorte que les sédiments se déposent au pied des racines des palétuviers. En conséquence, les palétuviers maintiennent leur propre environnement. On note également que ces troisbiosystèmes : mangrove, herbier marin et récifs, jouent chacun un rôle dans le développement de lafaune :
Les palétuviers sont à la base d'écosystèmes uniques, particulièrement autour de leurs systèmes racinaires complexes. Là où les racines sont en permanence submergées, les palétuviers sont les hôtes d'algues, debernacles, d'huîtres, d'éponges et decnidaires. Ces organismes exigent tous des substrats durs pour s'ancrer tandis qu'ils filtrent leur alimentation.
Un cas particulier est celui des mangroves deGuyane qui sont très dépendantes des bancs de vase, lesquels peuvent rapidement se déplacer et alors exposer la mangrove de front de mer à une érosion côtière atteignant parfois 300 m de recul par an[40], faisant que cette mangrove a une surfaces qui varie« constamment (entre 500 et 700 km2) au gré de la migration des bancs de vase et des conditions de houles océaniques. Cette mangrove colonise 80 % de la côte guyanaise, le reste étant constitué de rares affleurements rocheux (Île de Cayenne, Kourou, Montagne d’Argent) et de quelques plages de sable, elles-mêmes périodiquement envasées et colonisées par de jeunes palétuviers ». Ici, notait Antoine Gardel (CNRS) en 2021 :« ça n'est donc pas la mangrove qui protège la côte de l'érosion mais bien les bancs de vase (les parties subtidales) qui amortissent les houles. Cette précision est importante à apporter puisqu'il est communément admis que la mangrove joue un rôle protecteur face à l'érosion, ce qui n'est donc pas tout à fait exact en Guyane »[37].
En région tropicale, en amont de la zone de la mangrove se développent desschorres, qui peuvent aussi se développer en dehors des zones tropicales en amont de zonesvasières littorales nues appeléesslikkes.
Partout dans le monde, des appels à protection des mangroves ont émergé depuis les années 1970, notamment de la part ducommandant Cousteau, duWWF ou deGreenpeace puis de nombreux écologues. Elles peuvent être incluses dans ledéfi de Bonn qui vise désormais à reboiser 350 millions d’hectares entre2011 et2030, pour des raisons climatiques, mais aussi de sécurité, biodiversité et paix[41].
EnFrance (pays responsable outre-mer d'un linéaire important de mangroves, dont enGuyane), leGrenelle de la mer, en, dans sa propositionno 48 intituléeMettons en place un programme national pour protéger et valoriser la biodiversité de l’Outre Mer, a inclus une sous-proposition qui est d'« établir un plan concerté de gestion des mangroves : déterminer celles qui doivent être protégées (sur la base de travaux du Conservatoire du littoral) »[42], formulation qui laisse un doute sur le fait qu'on ne veuille protéger que les mangroves menacées, ou considérer que certaines pourraient être sacrifiées au développement touristique ou à l'aquaculture.
Sur les autres projets Wikimedia :
Zones chaudes | |
---|---|
Zones tempérées | |
Zones froides |
|
Azonaux | |
Notions globales | |||||
---|---|---|---|---|---|
Continentales | |||||
Côtières | |||||
Vie caractéristique |
| ||||
Textes internationaux | |||||
Organisations | |||||
Sites notoires |