LesBritanniques le représentent sur les cartes au milieu duXIXe siècle puis, à la suite de l'ouverture des frontières du Népal en 1950, ce sont les premiers à évaluer les difficultés de sonrelief pyramidal. Toutefois, leJapon lance cinq expéditions consécutives au cours de cette décennie et, le, Toshio Imanishi et lesherpa Gyalzen Norbu parviennent à atteindre son sommet par le versant nord-est, suivis de deux de leurs équipiers deux jours plus tard. Aucune autre expédition n'est lancée avant les années 1970. En 1971, une nouvelle expédition japonaise ouvre une voie le long de l'arête occidentale. L'ItalienReinhold Messner, au sein d'une expéditionautrichienne, parvient au sommet sans apport artificiel d'oxygène et par la face sud-ouest en 1972. En 1974, une expédition féminine réussit lapremière ascension d'un sommet de plus de 8 000 mètres. L'ascension hivernale est réussie en 1984 par desPolonais. En tout, neuf voies sont ouvertes dans la montagne. Il est considéré comme l'un des 8 000 les plus dangereux.
Un circuit degrande randonnée long de 177 kilomètres a été développé autour de la montagne, au sein des territoires d'ethnies d'origine principalementtibétaine. Le bassin versant oriental de la montagne est protégé dans la zone de conservation du Manaslu qui a justement pour objectif de promouvoir l'écotourisme.
Le nomManaslu vient dusanskritmanasá qui signifie « intellect »[2], « pensée »[3], « âme »[4] et peut être interprété comme la « montagne de l'Esprit »[5],[6]. Entibétain, le sommet est appeléKutan(g)I, nom dérivé du mottang oukang désignant un endroit plat[4],[7],[8]. Au milieu duXIXe siècle, leGreat Trigonometric Survey lui attribue le nom de « picXXX »[4]. SelonDavid Snellgrove, les Tibétains le désignent sous le nom dePung-gyen, qui est le dieu résidant à son sommet[4].
Vue de la cime septentrionale (à gauche) et de la cime principale (à droite, dans les nuages) depuis l'ouest.
Le Manaslu est unpic pyramidal dont les faces sont orientées au nord-ouest, au nord-est, au sud-est et au sud-ouest[12]. L'arête orientale porte une cime secondaire, culminant à 7 992 mètres d'altitude à 500 mètres au nord-est de la cime principale ; à environ 4 000 mètres au nord-nord-est du sommet, sur l'arête septentrionale, s'élève une cime à 6 994 mètres d'altitude[12]. La face Nord-Est abrite le glacier Manaslu qui alimente lelac glaciaire Birandra (Birandra-Tal), la face Sud-Est donne naissance au glacier Pung-gyen et le glacier Thulagi s'épanche sur la face Sud-Ouest[12] pour alimenter le lac Duna (Duna-Tal)[13] ; la face Nord-Ouest, dans la haute vallée de Domen Khola, est couverte dans sa partie supérieure de corniches de glace. La moitié occidentale de la montagne appartient aubassin versant de laMarsyangdi, limitrophe dumassif des Annapurnas, et la moitié orientale à celui du Buri Gandaki.
Le Manaslu est constitué deleucogranite duMiocène[14] formé par unlaccolite vieux de 23 à 19[15] voire 18 Ma[16]. Celui-ci s'étend avec une forme lenticulaire sur une soixantaine de kilomètres au nord-nord-est de la montagne pour une épaisseur d'environ dix kilomètres dans sa partie centrale[15]. C'est l'un des douzeplutons identifiés dans le haut Himalaya[15]. Sur son versant septentrional jusqu'au col Naike, ainsi que dans la partie inférieure de son versant occidental, il a conservé une couverturesédimentaire à base decalcairesmétamorphisés duPaléozoïque inférieur[14],[15].
Le pied de la montagne se situe dans des vallées à environ 3 500 mètres d'altitude[12], au cœur de l'étage subalpin. Entre 4 000 et 5 000 mètres se situe l'étage alpin, composé deprairies d'altitude. Au-delà de cette altitude, il s'agit de l'étage nival[17].
Le Manaslu se trouve dans une région de haute altitude, peu peuplée, au carrefour traditionnel des territoires desBhotia (ou Bhotiya) au nord-est, desTamang au sud-ouest et dans lavallée de Tsum et desPahari qui occupent un corridor formé par la moyenne vallée de la Buri Gandaki[19]. Les Bhotias sont un groupetibéto-birman, dont le nom issu deboth signifie « du Tibet ». Les tribus présentes àSamagaun,Bihi,Prok etLho sont plus particulièrement des Nubri. Ils produisent des fruits et des céréales pendant la saison estivale et élèvent quelques animaux, pratiquent une forme debouddhisme qui leur est propre et ont construit de nombreuxmonastères etstūpas[20],[21],[22]. Les Tamang sont également d'origine tibéto-birmane et leur nom signifie « guerrier à cheval ». Les tribus présentes dans la région sont plus particulièrement des Tsumba (ou Tsum). Ils sont bouddhistes mais avec un fortsyncrétisme avec des influencesbön etchamaniques[23],[24]. Les Pahari (Pahadi ou Parbati) sont un groupeindo-aryen pratiquant essentiellement l'hindouisme[25].
En1950, leNépal s'ouvre aux étrangers.Bill Tilman en profite pour mener la première expédition européenne vers l'Annapurna avec cinq autresBritanniques. Après avoir marché pendant six jours depuis lavallée de Katmandou et s'être installés àManang, ils commencent à explorer les montagnes et les vallées autour de l'Annapurna. En mai, à l'occasion d'une reconnaissance dans la haute vallée du Dudh Khola, un affluent de laMarsyangdi, ils aperçoivent le Manaslu depuis le Bumtang[26],[27]. Trois mois plus tard, après l'échec de l'ascension de l'AnnapurnaIV, Tillman etJames Owen Merion Roberts(en), bientôt désigné comme le « père du trekking dans l'Himalaya », se rendent au col Larkya (Larkya La) et, après quelques observations vers le sud sur le Manaslu et son plateau, en concluent qu'il existe une voie directe vers le sommet depuis le nord-est[26],[28].
Dans les années qui suivent, quatre expéditionsjaponaises évaluent la possibilité de gravir le Manaslu par les faces nord et est[29]. Ainsi, en1952, après une tentative infructueuse à l'AnnapurnaIV[27], une reconnaissance est effectuée dans la région par six alpinistes dirigés parKinji Imanishi après la saison de lamousson[26],[27]. Elle leur permet d'observer la face nord-est depuis le glacier Manaslu et d'atteindre 5 275 mètres d'altitude[27],[28] sur l'arête orientale d'où ils considèrent que la face sud-est est infranchissable[27]. L'année suivante, en avril, une équipe de quinze alpinistes menée par Yukio Mita établit un camp près deSamagaun, à 3 850 mètres d'altitude ; Kiichiro Kato, Jiro Yamada et Shojiro Ishizaka parviennent à 7 750 mètres d'altitude sur le versant nord-est mais échouent à gravir le sommet[26],[27],[28]. En1954, une nouvelle expédition, financée par le quotidienMainichi Shinbun[30], comportant quatorze membres et menée par Yaichi Hotta, effectue une approche par la vallée de la Buri Gandaki mais fait face à l'hostilité d'un groupe de villageois au camp de Samagaun. Ces derniers ont la conviction que l'expédition précédente a attiré la colère des dieux, causant uneavalanche qui a détruit le monastère de Pung-gyen et tué dix-huit personnes. L'expédition de Hotta doit se retirer précipitamment vers leGanesh Himal[26],[27],[28]. Afin d'apaiser le ressentiment local, un don conséquent est offert dans le but de reconstruire le monastère[31]. Pourtant, il ne suffit pas à faire disparaître la méfiance envers les Japonais[31], si bien qu'Eizaburo Nishibori et Iwao Naruse doivent se rendre auprès du gouvernement àKatmandou au printemps1955 pour négocier une permission de gravir le Manaslu à l'automne et au printemps suivant. Trois alpinistes menés par Katsuro Ohara sont autorisés à traverser Samagaun et à explorer les environs du col Naike[12],[27]. Toutefois, l'expédition victorieuse devra encore gérer cette situation et aucune autre expédition ne sera envoyée pendant quinze ans[31].
C'est ainsi queYūkō Maki mène au printemps1956 une nouvelle expédition comprenant douze alpinistes[27],[28]. Lecamp de base est dressé vers 4 800 mètres d'altitude sur le versant nord-est[12]. À partir du col Nord, l'expédition, forte de l'expérience de Kiichiro Kato, emprunte un itinéraire légèrement différent de l'expédition de 1953[27]. Le camp 6 est établi à 7 800 mètres d'altitude[27],[28]. Le, lapremière ascension est réussie par Toshio Imanishi et lesardar Gyalzen (ou Galalzen) Norbu[12],[27],[28]. Deux jours plus tard, Kiichiro Kato et Minoru Higeta parviennent à leur tour au sommet[12],[27],[28]. Les quatre alpinistes utilisent des bouteilles d'oxygène[12]. Il s'agit du premier 8 000 pour des Japonais[27].
La même année,David Snellgrove, spécialiste de laculture et dubouddhisme tibétains effectue un séjour de sept mois dans les montagnes himalayennes, au Népal, en compagnie de trois Népalais. Il franchit le col Larkya depuis le Bumtang et descend la vallée duBuri Gandaki. Il pose ainsi les bases du circuit de grande randonnée du Manaslu[26].
Au printemps 1971, une expéditionsud-coréenne composée de huit alpinistes menés par Ho-Sup Kim se lance dans une tentative d'ascension du sommet par la face nord-est. Toutefois, le, son frère Ki-Sup Kim fait une chute mortelle de trente mètres dans unecrevasse à 7 600 mètres d'altitude. L'expédition est immédiatement abandonnée[27],[28],[32]. En revanche, une expédition de onze alpinistes japonais menée par Akira Takahashi gravit la branche nord de l'arête occidentale et, le, permet à Kazuharu Kohara et Motoki (ou Motoyoshi) Tanaka de réussir la deuxième ascension du sommet avec oxygène artificiel[12],[27],[28].
Vue de la face sud-ouest du Manaslu (deuxième sommet à gauche).
En 1972, une nouvelle expédition sud-coréenne, comportant douze membres, se lance sur lavoie normale de la face nord-est. Le, leur camp 3, installé à 6 500 mètres d'altitude, est emporté par uneavalanche, tuant au passage cinq alpinistes, dont leur chef Jung-Sup Kim et le Japonais Kazunari Yasuhisa, ainsi que dixsherpas[12],[27],[28]. Parallèlement, une expéditionautrichienne de neuf alpinistes menée parWolfgang Nairz(de) s'attaque à la face sud-ouest depuis le glacier Thulagi. Le, l'ItalienReinhold Messner parvient seul au sommet sans apport artificiel d'oxygène. Lors de la descente, il est pris dans une tempête et doit lutter pour retourner jusqu'au camp supérieur. Franz Jäger et Andi Schlick se perdent en revanche sur le versant nord-est et périssent[12],[27],[28].
Le, Gerhard Schmatz, chef d'une expédition de huit alpinistes, Sigi Hupfauer et Urkien Sherpa atteignent le sommet par la face nord-est, après avoir établi cinq camps, et permettent à la première cordée d'Allemagne de l'Ouest de gravir le Manaslu[27],[28]. À l'automne, Jaume Garcia Orts mène une expéditionespagnole de douze alpinistes qui doivent abandonner à 6 100 mètres d'altitude après que leurs camps 1 et 2 ont été emportés sur la face nord-est entre le 10 et le[27],[28]. Un an et demi plus tard, il dirige avec succès une nouvelle tentative, dans des conditions identiques, en permettant à Gerald Garcia, Jeronimo Lopez et Sonam Sherpa de parvenir au sommet[27],[28].
En 1974, une expédition de treize femmes alpinistes menée par la générale Kyoko Sato tente pour la première fois de vaincre l'arête orientale. Après avoir atteint l'altitude de 7 000 mètres, elles doivent se résoudre à gravir la montagne par la voie normale. Ainsi, le, Naoko Nakaseko, Masako Uchida et Mieko Mori, en compagnie de Jambu Sherpa, réussissent la première ascension féminine d'un 8 000. Toutefois, le lendemain, Sadako Suzuki, membre de la seconde cordée, chute entre les camps 4 et 5 ; son corps n'est jamais retrouvé[27],[28],[33].
Le, J. M. Assadi est le premierIranien au sommet, en compagnie de Jun Kageyama et Pasang Sherpa, au cours d'une expédition binationale menée par Mohammed Khakbiz et le Japonais Kohei Watanabe sur le versant nord-est. Le,Pierre Béghin et Thierry Leroy doivent abandonner à cause de gravesgelures à 7 560 mètres d'altitude lors de leur tentative d'ascension de l'arête orientale enstyle semi-alpin, le chef d'expédition Jean Fréhel étant tombé malade et Jean-François Porret ayant dû abandonner[27],[34],[35],[36].
Le, sept membres d'une expédition universitaire sud-coréenne menée par In-Jung Lee permettent finalement à Dong-Hwan Son d'atteindre le sommet par la voie normale, en compagnie des sherpas Ang Pasang et Ang Zawa, après deux échecs. Il s'agit de la huitième ascension du sommet et de la première pour le pays[27],[29]. Une expéditionpolonaise menée par Janusz Ferenski tente la première ascension de l'arête méridionale depuis le glacier Pung-gyen mais doit faire face à de nombreuses avalanches et décide d'abandonner le à 6 550 mètres d'altitude[27].
En 1981, une importante expédition commerciale germano-suisse est organisée par Hauser Ekskursionen International et Sport-Eiselin. Elle consiste en deux groupes distincts, un composé de treize alpinistes menés par Hans von Kaenel et l'autre de quinze alpinistes dirigé par Bernd Schreckenbach. Ils établissent cinq camps jusqu'à 7 450 mètres d'altitude. Hans von Kaenel, Juergen Mecke et Wangchu Sherpa parviennent au sommet le, puis Anderl Loferer, Karl Horn, Fredy Graf, Hans Zebrowski et Hansjoerg Mueller le, et enfin Walter Heimbach, Ruediger Schleipen, Peter Woergoetter, Sepp Millinger, Peter Weber, Stefan Woerner et Pasang Sherpa le. Les Autrichiens Woergoetter et Millinger réalisent la première descente à ski en partant de trente mètres sous le sommet, alors que Loferer devient à 62 ans le plus vieil alpiniste au sommet d'un 8 000[12],[27],[29],[37]. À l'automne, Pierre Béghin tente une nouvelle fois l'ascension du Manaslu, en compagnie de Bernard Müller, Gérard Bretin et Dominique Chaix. Les quatre Français ouvrent une nouvelle voie en amont de la vallée de Domen Khola, dans la paroi ouest à l'extrémité de l'arête occidentale, en style semi-alpin et en établissant uniquement deux camps. Le, après avoir bivouaqué à 7 400 mètres d'altitude, Béghin et Müller parviennent au sommet ; le lendemain, Bretin échoue à atteindre la cime[12],[27],[29],[37].
De nouvelles tentatives d'ascension de l'arête orientale ont lieu à l'automne 1982 par une cordéechamoniarde menée par Jean-Paul Balmat puis l'année suivante par une expédition autrichienne dirigée par Wilfried Studer mais aucune ne parvient à dépasser l'altitude établie par Béghin et Leroy[27]. Au printemps 1985, Studer dirige de nouveau une expédition et réussit partiellement l'ascension de l'arête en compagnie de sept autres alpinistes mais contourne la cime orientale du Manaslu par le nord pour parvenir au sommet principal avec Ang Kami Sherpa le. Le, Christian Gabl, Anton Schranz et Thomas Juen tentent la voie la plus directe le long de l'arête mais échouent à 7 300 mètres d'altitude ; ce dernier est emporté dans la descente par une avalanche[12],[27]. En 1986, une expédition polo-mexicaine menée parJerzy Kukuczka ouvre une voie inédite dans la face nord-est. Ils tentent de vaincre la voie des Autrichiens dans l'arête orientale mais sont stoppés fin octobre à 7 750 mètres d'altitude. Ils empruntent alors un itinéraire direct vers la cime orientale. Jerzy Kukuczka, Artur Hajzer etCarlos Carsolio établissent leur camp de base le. Le 10, ce dernier souffrant de gelures reste au bivouac à 7 600 mètres d'altitude, tandis que Kukuczka et Hajzer gravissent le sommet. Les trois alpinistes redescendent par le versant nord-est et réalisent ainsi la première traversée de la montagne par l'arête orientale[12],[27],[29].
L'arête méridionale est de nouveau tentée, mais cette fois depuis le glacier Thulagi, au printemps1983 par une expéditionyougoslave menée par Vinko Mroevec puis à l'automne par une expédition ouest-allemande dirigée par Guenter Haerter[27]. Ces derniers parviennent à 7 500 mètres d'altitude mais doivent abandonner en raison de leur sous-équipement. Ils se rabattent sur la voie autrichienne, dans le versant sud-ouest, qu'ils gravissent en style alpin ; Guenter Haerter, Herbert Streibel, Hubert Wehrs, Hermann Tauber, Sherpas Ang Dorje et Nima Rita atteignent le sommet le[27],[29]. Finalement, l'arête méridionale est vaincue depuis le glacier Pung-gyen par une expédition polonaise menée par Janusz Kulis à l'automne1984. Après avoir passé deux semaines à fixer des cordes pour atteindre le col au sud du sommet, Krzysztof Wielicki et Aleksander Lwow parviennent à la cime le[12],[27].
La première tentative d'ascension hivernale est réalisée en par dix alpinistes de l'association himalayenne du Japon menés par Noboru Yamada dans le versant nord-est. Le, Fuji Tsunoda, Hiroshi Aota et Takashi Sakuma tentent de parvenir au sommet mais doivent abandonner en raison de forts vents ; ce dernier chute mortellement[27]. Une nouvelle tentative hivernale a lieu lors de l'hiver suivant dans le versant nord-est par une petite expéditioncanadienne ; le chef Alan Burgess et son frère Adrian doivent faire demi-tour le à 7 100 mètres d'altitude en raison de forts vents et finissent par abandonner[27]. Parallèlement, ce succès revient à une expédition polonaise de onze alpinistes dirigés par Lech Korniszewski par le versant sud-ouest. Maciej Berbeka et Ryszard Gajewski, d'abord retardés par l'accident fatal de Stanislaw Jaworski, établissent un dernier camp à 7 700 mètres d'altitude et atteignent le sommet le après cinq heures de marche pour franchir les 450 derniers mètres. Il s'agit de la deuxième ascension hivernale d'un 8 000 à mettre au compte de Polonais après celle de l'Everest en 1980[12],[27]. Le versant nord-est est finalement vaincu en hivernal et en style alpin par Noboru Yamada et Yasuhira Saito le[27].
Le, la première ascension par l'arête orientale depuis le versant du glacier Pung-gyen est réussie par une expédition ukrainienne menée par Valentin Simonenko. Parmi les douze membres, Sergey Kovalev, Vadim Leontiev et Vladislav Terzyul parviennent au sommet[12],[38]. Le,Denis Urubko et Sergueï Samoilov ouvrent une nouvelle voie dans la partie centrale du versant nord-est[12].
À l'automne 1983, le Sud-Coréen Young-Ho Huh s'attaque seul à la voie normale, uniquement assisté de deux sherpas pour établir ses trois camps et fixer des cordes. Il atteint 7 700 mètres d'altitude le mais doit rebrousser chemin, quitte une nouvelle fois le camp de base le 19 et finit par atteindre le sommet le 22, où il rencontre les membres de l'expédition Haerter[27].
En 1993, la première expéditionrusse parvient au sommet par la voie normale. Elle est menée par Valery Karpenko et comprend neuf alpinistes. Vladimir Lopatnikov parvient au sommet le, suivi deux jours plus tard par Ekaterina Ivanova et Igor Khmiliar. Ce dernier chute mortellement à la descente, tandis que Sergueï Yadrishnikov est tué par une avalanche au camp 2 à 6 200 mètres d'altitude le[27]. Le, les Kazakhs Yuri Moiseev, Alexander Baimakhanov, Shafkhat Gataoulin, Dimitri Sobolev, Oleg Malikov, Vladimir Souviga et Dimitri Mouraev parviennent au sommet. Menée par Kazbek Valiev, cette expédition de douze alpinistes est la seconde pour le pays et réalise la troisième ascension hivernale de la montagne[27]. En1996, une expédition entièrementtibétaine de neuf membres, menée par Samdruk, gravit le versant nord-est. Tshering Dorje, Ren Na, Akebu et Pemba Tashi atteignent le sommet le, Wangyal, Gyalbu, Dachung et Lodue (Lho Tse) le lendemain[27].
LesÉtats-Unis parviennent au sommet par le biais de Charlie Mace en 1997[28] après des expéditions infructueuses en 1978 avec Glenn Porzak comme chef d'expédition, en 1988 par Andrew Evans en duo avec le Polonais Andrzej Machnik, à deux reprises en 1989 avec Keith Brown puis Adrian Burgess, en 1990 avec Donald Goodman et en 1991 Austin Weiss comme chefs d'expédition respectifs[27].
Le, Arjun Vajpai devient le premierIndien depuis la première en 1956[40] et le plus jeune alpiniste au sommet du Manaslu, à l'âge de 18 ans[41].
Le, vers4 h 30 du matin, se produit la seconde avalanche la plus meurtrière sur le sommet[42], en faisant neuf morts et deux disparus — six Français, un Népalais, un Italien, un Allemand, un Espagnol et un Canadien — parmi la vingtaine d'alpinistes dormant au camp 3 installé à 6 800 m d'altitude[43],[44]. Malgré des recherches entreprises sur le champ et les premiers hélicoptères arrivés au petit matin, le bilan est lourd. Les victimes françaises sont Ludovic Challéat, Fabrice Priez, Catherine Ricard, Philippe Bos,Rémy Lécluse et Grégory Costa[45], montagnards expérimentés.
Le, l'AméricainTyler Andrews s'élance du camp de base pour une ascension en courant, sans oxygène et avec un équipement minimaliste. Il atteint le sommet en9 h 52, établissant un nouveau record d'ascension. Il rejoint le camp après14 h 55 d'effort, établissant également un nouveau record d'aller-retour[46].
Vue du Manaslu depuis le camp de base de lavoie normale.
Neuf voies ont été ouvertes dans le Manaslu[12],[47]. Fin, sur les 297 ascensions réalisées avec succès, 255 l'ont été par lavoie normale de la face nord-est ouverte en1956[47] et passant par le col Naike[12]. À cette date, la voie Messner sur le versant sud-ouest a été gravie 21 fois depuis1972[47]. La voie des Polonais par l'arête méridionale depuis le glacier Pung-gyen a été répétée seulement une fois, en1991, par les trois alpinistes de l'expédition ukrainienne[27],[47]. De même, la voie des Autrichiens remontant partiellement l'arête orientale a été répétée uniquement en1988 par trois alpinistes suisses[27],[47]. Les cinq autres voies, par la branche nord de l'arête occidentale (1971), par la paroi ouest de cette même arête (1981), par la traversée de la cime orientale (1986), par l'arête orientale depuis le glacier Pung-gyen (2001) et par la partie centrale du versant nord-est (2006) n'ont jamais été répétées en date de[47]. LeNépal est alors en tête avec 61 personnes au sommet, essentiellement dessherpas, devant leJapon avec 43 alpinistes, l'Allemagne 33, la Suisse 21 et l'Italie 20. Toujours en, treize femmes sont parvenues au sommet : sept Japonaises, une Suissesse, une Autrichienne, une Française, une Australienne, une Tchèque et une Russe[40]. En, 65 décès sont à déplorer, chiffre qui ne tient pas compte des neuf morts survenus dans l'avalanche ce même mois[42]. En 2009, il était considéré comme le quatrièmesommets de plus de 8 000 mètres d'altitude le plus dangereux relativement au nombre de morts par rapport au nombre d'ascensions réussies[48].
Créé en1992, le circuit detrekking du Manaslu propose 177 kilomètres derandonnée pédestre autour de la montagne, pour une durée de deux à trois semaines, le long d'une ancienne voie de commerce du sel. Il démarre au marché d'Arughat, remonte la vallée de la Buri Gandaki vers le nord puis le nord-ouest, franchit le col Larkya à 5 108 m d'altitude, rejoint le trek du Tour des Annapurnas[49] à Dharapani et redescend la vallée de laMarsyangdi jusqu'àBesisahar. Dix sommets de plus de 6 500 mètres d'altitude sont visibles depuis le circuit. L'obtention d'un visa est requise avant d'effectuer ce trek réalisable en tente ou en lodge.
Timbrejaponais de1956 représentant pour la première fois le Manaslu.
Le Manaslu est représenté sur un timbre pour la première fois auJapon en1956, pour célébrer lapremière ascension du sommet par une expédition nationale ; d'une valeur faciale de 10 yens, il montre un alpiniste et la face nord de la montagne. En1960, leNépal émet une série de trois timbres représentant des montagnes himalayennes sur son territoire avec en médaillon le portrait duroiMahendra Bir Bikram Shah : leMachapuchare (lila, 5 paise), l'Everest (bleu, 10 paise) et le Manaslu (violet, 40 paise). En1973, un timbre du Népal d'une valeur de 3,25 roupies fait figurer unyak avec en arrière-plan l'Himalchuli et, à droite entre les cornes de l'animal, le Manaslu, sans toutefois que ces montagnes soient nommément identifiées. En1997, un nouveau timbre du pays, d'une valeur de 18 roupies, représente lemont Fuji, l'Everest et le Manaslu afin de célébrer les quarante ans de l'établissement de relations diplomatiques entre le Japon et le Népal. En1999, un timbre de 10 roupies fait cette fois figurer unargali tibétain (Ovis ammon hodgsoni) devant le Manaslu, mais là encore ce dernier n'est pas identifié. En2004, la montagne est représentée seule sous un angle de vue similaire, légèrement élargi, avec une valeur faciale identique, au sein de la série des huit sommets de plus de 8 000 mètres d'altitude du Népal. En2006, un nouveau timbre est émis dans le pays, avec une valeur faciale de 25 roupies, pour célébrer lejubilé d'or de la première ascension ; le Manaslu y est vu depuis le nord-est. Enfin, en2014, leMozambique fait paraître deux blocs-feuillets « Montagnes et oiseaux », dont un avec la valeur faciale de 46 méticais comporte un timbre avec les inscriptions « Monte Everest - Himalaia » et « Parus major » ; en réalité les montagnes sont l'Himalchuli et le Manaslu, tandis que l'oiseau, en lieu et place de laMésange charbonnière, pourrait être uneMésange montagnarde (Parus monticolus)[51].
La version du 13 août 2015 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.