En 1891, le territoire est colonisé par leRoyaume-Uni comme leprotectorat britannique d'Afrique centrale avant d'être renommé leNyassaland en 1907. En 1953, le Nyassaland est intégré à lafédération de Rhodésie et du Nyassaland jusqu'à la dissolution de cette dernière en 1963. L'année suivante, le pays est renommé le Malawi et obtient son indépendance, en tant queroyaume du Commonwealth, sous le mandat du premier ministreHastings Kamuzu Banda. En 1966, ce dernier devient président en transformant le pays en république présidentielle. À partir du début des années 1970, Banda dirige le pays en tant queprésident à vie d'une dictature répressive àparti unique. En 1993, le multipartisme est instauré et Banda est battu aux élections générales de 1994. Depuis, le pays continue à éprouver des transitions pacifiques du pouvoir.
L’origine du nom « Malawi » est attribuée, sans certitude, à celui du lac enlangue bantoue ; ce nom évoquerait le scintillement du Soleil lorsqu’il se lève sur le lac, représenté sur ledrapeau du pays, ou encore serait dérivé du nom d’une population du sud du pays[6].
Entre 1400 et 1409, durant une période de sécheresse, des groupesMaravis migrent à l'intérieur du territoire et s'y installent[20],[19]. Originaires des territoiresLubas, dans l'Est du Congo, la tradition orale mentionne l'instauration d'un nouveau royaume vers 1500, leroyaume maravi[22]. À son apogée, auxxvie et xviie siècles, il s'étend depuisNkhotakota au nord, jusqu'auZambèze et dulac Malawi à larivière Luangwa, dans l'actuelleZambie[23]. Plusieurs groupes issus du royaume maravi étendent les territoires, formant plusieurs royaumes sujets au sein d'une confédération[24]. Au nord du territoire maravi, un royaumeNgonde s'établit au nord duDwangwa. D'autres petits groupes s'implantent dans leTumbukaland[24]. Ces sociétés sont régies par une autorité religieuse liée à unculte du serpent[25].
C'est dans ce contexte que les premiers échanges ont lieu avec lesPortugais. Après 1600, les chefs de clans commencent à commercer et à faire des alliances avec les commerçants et les membres de l'armée portugaise. En 1700, le royaume est divisé en zones contrôlées chacune par un groupe ethnique[26],[24].
LesNgoni arrivent plus tôt, dans les années 1820-1830, après avoir fui les guerres menées par le roizoulouChaka. Organisés en puissantes formations militaires, ils s’installent dans différentes régions du Malawi, où ils soumettent les populations locales telles que lesChewas, lesTongas et les Tumbuka. Avec le temps, des processus d’assimilation se mettent en place, notamment par le mariage et l’adoption de langues locales, mais les Ngoni restent une force redoutée jusqu’à l’imposition du protectorat britannique en 1891[28].
Les commerçants swahilis venus de la côte orientale complètent ces incursions. Installés notamment àNkhotakota etKaronga, ils établissent d’importants centres de traite des esclaves et de l’ivoire, en alliance avec certains groupes locaux. Ils forment une dynastie régnante, lesJumbes, dont l'influence suscite l’hostilité des missions européennes et, plus frontalement, des autorités britanniques, qui mettent fin à leur domination dans les années 1890[30].
David Livingstone (1813-1873), explorateur et missionnaire, remonte la rivière Shire puis parvient au lac en1859. Dans son sillage, l’Église presbytérienne écossaise établit autour du lac plusieurs missions, afin d'appuyer la « mission civilisatrice » de la colonisation et d'endiguer latraite négrière[31],[note 2], mais ce commerce continue jusqu’à la fin duXIXe siècle.
Unerébellion éclate en 1915, menée par le pasteurJohn Chilembwe, et prend un caractère explicitement anticolonialiste. Elle est violemment écrasée par les troupes britanniques[34].
Il participe à la conférence constitutionnelle àLondres. Lors des élections du, le MCP remporte une victoire écrasante au Conseil législatif, obtenant aussi le contrôle du Conseil exécutif du Nyassaland.
En1962, le gouvernement britannique accorde l’autodétermination au Nyassaland. Banda devient premier ministre le, alors que les Britanniques contrôlent encore le système financier, la sécurité et le système juridique du pays. Lafédération de Rhodésie et du Nyasaland est dissoute le et, le, l’indépendance du Malawi est proclamée. Ledroit malawite s'applique alors. Le pays adhère auCommonwealth. Deux ans après, le Malawi adopte une nouvelle constitution avec un parti unique, et Banda comme premier président. En1970, Banda est déclaré président à vie du MCP, et en1971 président à vie du Malawi. L’aile paramilitaire du MCP (les jeunes pionniers) contribue à maintenir le pays sous un régime autoritaire jusqu’en1990[36].
Les pressions des Églises du Malawi et de la communauté internationale imposent au régime un référendum le, à l'occasion duquel les Malawites votent en faveur d’un régime démocratique pluraliste.
Le, les premières élections libres donnent la victoire auFront démocratique uni(United Democratic Front - UDF) deBakili Muluzi, qui s’unit avec l’Alliance pour la démocratie(Alliance for Democracy - AFORD). Muluzi est élu président en battant le chef de l'État sortant. Malgré la dissolution de la coalition en 1996, Muluzi et ses partisans restent au gouvernement.
En 1995, Muluzi reçoit de laLincoln University duMissouri le titre dedocteur honoris causa. Il rédige une nouvelle constitution abrogeant les privilèges résiduels du MCP. Le, il est réélu, contre une coalition constituée du MCP et de l’AFORD.
En, le candidat à la présidence de l’UDF,Bingu wa Mutharika, bat le candidat du MCP. Malgré cela l’UDF n’a pas la majorité au Parlement et forme un « gouvernement d’unité nationale ». Bingu wa Mutharika quitte l’UDF, officiellement à cause d’une significative divergence de vue à propos de la campagne anticorruption amorcée par le président. Le présidentBingu wa Mutharika est réélu en mai 2009. À son décès, le, il est remplacé par la vice-présidente de la République,Joyce Banda.Peter Mutharika, frère de Bingu wa Mutharika, lui succède à la présidence le 31 mai 2014. Il est réélu pour un deuxième mandat lors de l’élection présidentielle de 2019, dans un scrutin serré. L'opposition dénonce des résultats frauduleux[37]. Le 3 février 2020, la cour constitutionnelle, constatant des irrégularités, annule l'élection[38]. Le 23 juin,Lazarus Chakwera remporte largement lanouvelle élection présidentielle avec 59,34% des voix. Il devance Mutharika, qui cumule 39,92 % des voix[39].
Depuis 1994 le Malawi est ouvert aumultipartisme. Conformément à la constitution de 1995, leprésident de la République est élu ausuffrage universel, tous les cinq ans. Les membres du cabinet présidentiel sont choisis par le président de la République. L’Assemblée nationale est composée de 193députés (dont quelques femmes) élus pour cinq ans.
La Constitution prévoit également un Sénat de 80 sièges, qui représente toutes les régions ainsi que des groupes ayant des intérêts spécifiques, comme les jeunes, les handicapés ; mais cette institution n’existe pas encore. La Constitution prévoit un système judiciaire indépendant, basé sur le modèle anglais, avec une Cour de premier niveau, une Haute Cour, et une Cour suprême d’appel.
L’administration locale est divisée endistricts, sous la responsabilité d’un gouverneur nommé par le gouvernement central ; lors des premières élections locales de 2000, leFront démocratique uni (UDF) a remporté 70 % des sièges.
Le Malawi dispose d'une force de défense constituée de 25 500 personnes actives et dont le budget s'élève à 9,5 millions de dollars, soit 0,76 % duPNB. Le présidentLazarus Chakwera en est commandant en chef.
Plantation de thé dans la région deMulanje en 2009.
L’économie du Malawi repose essentiellement sur l’agriculture, qui représente près de 30 % de sonPIB et plus de 80 % de ses recettes d'exportation. C'est le pays africain qui investit la plus forte proportion de son PIB dans ce secteur[note 3]. Sa population réside à 85 % enzone rurale et« 89 % de la population active occupe des postes informels, 91 % de ces emplois se trouvant en zone rurale[41]. » C'est l'un des pays les plus pauvres du monde[42] avec lePIB par habitant le plus bas de la planète en 2013 et unindice de développement humain qui le situe à la169e place mondiale (sur 191) en 2021[2],[43],[44],[45]. En 2025, le Malawi est classé en125e position pour l'indice mondial de l'innovation[46].
La production agricole du pays est très fluctuante du fait des importants aléas climatiques qui l'affectent, alternant inondations et sécheresse[47],[48].
Le pays produit dutabac, la principale exportation agricole, laquelle génère, à elle seule, 70 % des recettes en devises du pays[49],[50] malgré une production fluctuante et une rentabilité globalement en baisse[51]. C'est le septième producteur mondial en 2013 et le deuxième africain[note 4]. Sa production utilise massivement le travail des enfants, dont 80 000 seraient mis à contribution pour produire au plus bas coût[53],[54]. C'est ensuite le troisième producteur africain dethé[note 5] ; 90 % de sa production est exportée, elle représente 10 % des recettes d'exportations agricoles du pays[réf. souhaitée]. Il fait aussi partie des premiers producteurs decoton d'Afrique, mais sa production ne cesse de décroître[56]. Au titre des productions majeures, le Malawi est exportateur net desucre[note 6] et il fabrique aussi de l’éthanol, à usage debiocarburant, qui est une production d'avenir[58],[59] portée par un plan visant à diminuer la dépendance du pays au pétrole[60]. Enfin, lemaïs, produit de base de l'alimentation[51], est essentiel à sa sécurité alimentaire[61] ; les aléas climatiques qui affectent sa production ont des effets dévastateurs en générant descrises alimentaires[62],[63]. Les cyclones, en particulier, peuvent être violents :Freddy, qui a frappé en mars 2023, a causé plus de 1 000 morts et de très importantes destructions[64].
La seule exploitation minière à grande échelle au Malawi était la mine d'uranium deKayelekera gérée parPaladin[65]. Mais l'extraction est stoppée depuis début 2014, du fait de la baisse des prix de l'uranium et du manque de rentabilité[66],[67],[68].
Les sols du Malawi recèlent aussi du charbon et des minéraux naturels rares dont l'exploitation est envisagée[69] pour compenser les pertes fiscales liées à l'arrêt de la mine d'uranium[65].
Le Malawi propose plusieurs sites dédiés à l'écotourisme. L'île de Mumbo est une île vierge tropicale, inhabitée une grande partie de l'année, se situant au milieu du grand lac Malawi, d'un diamètre de un kilomètre, près de la rive Sud. On y trouve une grande diversité botanique. Le parc national de Liwonde est un parc national situé sur la rive Est de la rivière Shire. On peut y trouver de multiples mammifères comme des éléphants ou des hippopotames ou encore plusieurs lions, ainsi que des crocodiles et des caïmans et encore des aigles pêcheurs d'Afrique. LeLilongwe Wildlilfe Trust est un centre animalier, inauguré en 2007, qui recueille des animaux blessés ou orphelins. Mais ce dernier permet également aux visiteurs de pouvoir observer ces animaux[70].
Blantyre, ancienne capitale du pays, est une ville située dans la région Sud du Malawi, peuplée d'environ un million d'habitants, créée à la fin du dix-neuvième siècle[71]. On peut y trouver l'église Saint-Michel-et-tous-les-Anges. La légende locale veut que les bâtisseurs de cette église n'avaient ni expérience ni connaissance dans l'architecture et dans la maçonnerie lors de la construction de cet édifice, et que c'est grâce à leur volonté qu'ils ont réussi[72]. Au Sud,Lilongwe, « la vieille ville », actuelle capitale, est semblable à la plupart des petites villes africaines, où les bâtiments résidentiels, commerciaux et industriels sont mélangés.
La population compte 18 091 575 habitants en 2016, dont 85 % en zone rurale. La population est inégalement répartie. Les hautes terres du nord et du centre sont peu peuplées, contrairement aux dépressions du sud. La croissance démographique est forte (environ 3 % par an)[réf. nécessaire].
Composée d'ethnies bantouphones, la population, noire à 95 %, se compose deChewas (35,1 %),Lomwé (18,9 %),Yaos (13,1 %),Ngoni (12 %),Tumbuka (9,4 %), Sena (3,5 %),Tongas (1,8 %),Nyanja (1 %),Ngonde (0,9 %) et autres dont des Européens et des Asiatiques (1,8 %), selon une estimation de 2015-2016[réf. nécessaire].
Les langues officielles sont l'anglais et lechichewa, appelé aussi nyanja, une langue bantoue. Les autres langues bantoues parlées par la population sont letumbuka, leyao et lengoni.
La part des dépenses pour l'éducation parmi les dépenses du gouvernement dans la période 1998–2007 était de 12 %[73] et représentait 5,4 % duPIB pour la période 2008-2010[73], ce qui est plus élevé que pour les pays au développement comparable[74].
L'école primaire dure huit ans, de 6 à 13 ans[75]. Elle est gratuite mais pas obligatoire[75]. L'enseignement secondaire dure quatre ans et se termine par le MSCE,Malawi School Certificate Examination[75]. La durée des études supérieures est variable. L'admission à l'université est basée sur la performance individuelle au MSCE et sur les examens d'entrée à l'université[75].
Le système scolaire est caractérisé par des taux d'abandons et de redoublements très élevés[76], par une inégalité sociale très forte[77] et par une inégalité entre les sexes[78] qui aboutit à un taux d'analphabétisme à l'âge adulte plus élevé parmi les femmes (30 % contre 25,7 % pour les hommes)[73].
En 2017 (estimation), l’espérance de vie est de 59,7 ans pour les hommes et de 63,8 ans pour les femmes, soit 61,7 ans pour l'ensemble de la population. Actuellement, la principale cause de mortalité est l’infection due auVIH et ses complications, qui frappent une grande partie de la population jeune-adulte. En effet, en 2007, on comptait 68 000 décès liés à cette maladie. Mais d'autres maladies graves touchent le Malawi et font des dégâts non négligeables à sa population, telles que lapneumonie bactérienne, latuberculose, lepaludisme et lalèpre pour les plus connues[réf. nécessaire].
Lesalbinos sont l'objet de discriminations, d'assassinats et d'enlèvements au Malawi. Les os des albinos « seraient vendus à des guérisseurs traditionnels au Malawi et au Mozambique pour concocter des potions magiques censées apporter la richesse ou la chance. Ce commerce macabre est aussi alimenté par la croyance que les os des albinos contiennent de l’or »[79].
Le Malawi figure à la 142e position sur 160 pays testés par l'indice d'inégalité de genre établi par l'ONU[80]. Plus de 40 % des filles malawiennes sont mariées avant leur majorité. Un mariage forcé a par ailleurs cinquante fois plus de risques d'arriver que leur entrée à l'université[80].
Bien qu'officiellement interdits en 2013, des camps d'« initiation sexuelle » pour filles à peine pubères existent au Malawi. Concernant essentiellement les familles des zones rurales des districts du sud, ils accueillent ces très jeunes filles, envoyées par leurs parents, où elles sont violées. Les hommes qui s'occupent d'elles (surnommés les« hyènes ») sont payés par les familles. Cette tradition vise aussi à leur inculquer quelques règles d'hygiène et de planification familiale (par exemple cacher aux hommes ses menstruations) mais aucun enseignement sur l'appareil génital féminin, la procréation, la contraception ou la transmission du SIDA n'est dispensé. Le sujet de ces camps est tabou dans le pays[81].
Malgré une loi de la période coloniale qui dispose que lasorcellerie n'est pas un crime, des femmes sont encoreaccusées de la pratiquer. Elles risquent le lynchage ou la mort sociale. Elizabeth Chioza Nkhoma, qui a fait l'objet d'accusations infondées à ce sujet, déclare :« Les autorités s’en fichent. [...] « Beaucoup de policiers et de juges y croient dur comme fer »[80].
Les musulmans sont presque tous concentrés dans le sud du pays, et les missions protestantes dans le nord, siège de la mission deLivingstonia[83]. Le président du pays,Lazarus Chakwera, est un ancien pasteur pentecôtiste[84].
Le Malawi est le principal pays où se pratique leNyau, ensemble de pratiques et société secrète fondés sur une cosmogonie propre. Ces pratiques comprennent notamment des danses dont l'une, leGule Wamkulu, fait partie de la liste des quatre-vingt dix chefs-d'œuvre dupatrimoine oral et immatériel de l'humanité de l'UNESCO[85].
↑David Livingstone est connu pour sa doctrine des « 3 C » : Christianisation, Commerce et Civilisation. Il considérait que lareligion chrétienne et lecommerce amélioreraient la condition des Africains en leur apportant unecivilisation largement identifiée à son modèle britannique[32]. Les hommes blancs avaient un devoir : civiliser les races considérées comme moins développées en leur apportant les bienfaits desprogrès techniques, de lamédecine, de l’alphabétisation et de lareligion chrétienne. Chronologiquement, le premier « C », le « commerce légitime » (par opposition à l'« infâme commerce » de l'esclavage interne à l'Afrique ouà destination du monde musulman) devait cependant, selon Livingstone et à l'instar deThomas Fowell Buxton, précéder les deux autres.
↑« Le Malawi bénéficie de conditions climatiques et de sol ainsi que des ressources en eau qui en font une des meilleures régions cannières au monde avec un coût de production parmi les plus compétitifs[57]. »
Philippe Chalmin et Yves Jégourel (sous la direction de),ARCADIA 2017 : L'Afrique et les marchés mondiaux de matières premières, Cyclope, Economica, OCP policy center (Nouvellement renommé Policy Center for the New South)(lire en ligne)