Dans les années 2010, elle vit à Mingora, principale ville dudistrict de Swat, dans leNord-Ouest du Pakistan, une zone proche de l'influence destalibans. Symbole de la lutte pour l'éducation des filles et contre lestalibans pakistanais, elle reçoit plusieurs distinctions nationales et internationales à la suite de ses prises de position alors que sa région est l'objet d'une lutte entre les talibans pakistanais et l'armée. Durant son enfance, Malala écrit un blog pour laBBC[1], racontant son point de vue sur l'éducation et sa vie sous la domination des talibans pakistanais.
Le, âgée de 14 ans, elle est victime d'unetentative d'assassinat en rentrant chez elle, la blessant grièvement (tir d'une balle dans la tête pendant qu'elle prenait le bus), un attentat revendiqué par leTehrik-e-Taliban Pakistan. Elle est transférée à l'hôpital deBirmingham auRoyaume-Uni le pour la suite de ses soins. Cette attaque conduit à lamédiatisation internationale de Malala Yousafzai.
Malala Yousafzai est en grande partie éduquée par son père,Ziauddin Yousafzai. Elle a deux frères plus jeunes qu'elle, Khushal et Atal[3]. Leur père est un poète et militant pour l'éducation, propriétaire d'une école de filles dans lavallée de la Swat, et proche duparti national Awami, de gauche[4].
Malala Yousafzai se fait connaître du grand public début 2009, à 11 ans, par son témoignage intituléJournal d'une écolière pakistanaise, sur unblog en ourdou de laBBC. C'est son père,Ziauddin Yousafzai qui la pousse à témoigner[5]. Sous le pseudonyme de Gul Makai, elle dénonce les violences duTehrik-e-Taliban Pakistan qui, après avoir pris le contrôle de la vallée de Swat en 2007, incendie les écoles pour filles et assassine ses opposants[6],[7]. Elle apparaît alors en larmes dans une vidéo et dit vouloir devenir médecin. Lors de l'occupation talibane, sa famille quitte la région et se sépare.
Après la reprise de la vallée par l'armée pakistanaise, lors de laseconde bataille de Swat en, elle retourne avec sa famille àMingora. Elle est reconnue comme unehéroïne et son nom est attribué à son école. Son père est également connu pour son opposition auxtalibans pakistanais et a soutenu une intervention de l'armée dans sa région. Le, il est nommé conseiller spécial de l'ONU pour l'éducation. À travers son combat, elle a créé la fondation Malala. Dès 2013, cette fondation commence à recevoir des dons destinés à la reconstruction d’écoles ou à l’amélioration des conditions de vie dans celles-ci.
À partir de 2013, elle rencontre notamment la reineÉlisabeth II etBarack Obama et intervient dans plusieurs régions du monde. Ainsi, elle fait connaitre son histoire et son opinion dans le monde entier. Le, à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies, Malala Yousafzai parle de l'accès à l'éducation pour les filles[8]. Elle y déclare notamment que « Les extrémistes ont peur des livres et des stylos. Le pouvoir de l'éducation les effraie »[9]. Ceplaidoyer est salué par uneovation debout de l'assemblée[10],[11].
Tentative d'assassinat
Un complexe médical deSaidu Sharif, le premier des quatre hôpitaux où Malala a été traitée.
Le, elle est victime d'une tentative d'assassinat par des membres duTehrik-e-Taliban Pakistan dans un bus scolaire[12] à la sortie de son école[13]. Le tireur tire trois fois : le premier tir atteint Malala au visage ; les deux autres tirs atteignent d'autres écolières[12]. Très grièvement blessée au cou et à la tête, Malala est transférée à l'hôpital deSaidu Sharif, puis à l'hôpital militaire dePeshawar par hélicoptère de l'armée. Alors que son transfert à l'étranger pour subir des opérations est évoqué, l'hôpital militaire annonce le vers 17 heures que la balle qui a traversé son crâne et son cou a été retirée avec succès après cinq heures d'opération. Selon un médecin de l'hôpital, la balle a percé le crâne mais n'a pas touché le cerveau[14]. Malala restait alors inconsciente et, vu son état préoccupant, l'armée précise qu'un avion se tient prêt à la transférer versDubaï. Le, elle est transférée dans l'hôpital militaire deRawalpindi, mieux équipé[15].
Le, elle est finalement transférée vers l’hôpital deBirmingham auRoyaume-Uni à bord d'un avion médicalisé fourni par lesÉmirats arabes unis, accompagnée d'une délégation de militaires pakistanais. Les médecins britanniques et internationaux parlent d'un long chemin vers la guérison et mettent en avant leur importante expérience concernant les blessés de guerre, puisque l’hôpital soigne les soldats britanniques grièvement blessés enAfghanistan[16].
Le, Malala Yousafzai quitte l'hôpital Queen Elizabeth de Birmingham afin de poursuivre sa rééducation à domicile, avant un éventuel retour pour une opération de reconstruction du crâne[17].
L'attaque est revendiquée par leTehrik-e-Taliban Pakistan qui menace de nouvelles attaques au cas où Malala Yousafzai survivrait[21]. Des théories du complot se répandent néanmoins dans la société et sur Internet, mettant en cause une manipulation de laCIA[22].
Enquête
Son agresseur s'enfuit après l'attaque et des recherches sont lancées peu après. Le ministre de l'Information de la province deKhyber Pakhtunkhwa,Mian Iftikhar Hussain, annonce une récompense de 10 millions deroupies pakistanaises (soit environ 80 000 euros) pour toute personne aidant à sa capture[15]. Au, quatre suspects ont été arrêtés àMingora.
L’organisateur de l’attaque et coparticipant est identifié par la police comme un homme d'environ 30 ans, du nom d'Attaulah. Il a déjà été arrêté lors de laseconde bataille de Swat par l'armée et a été détenu en prison pendant trois mois, avant d'être libéré. Il se serait enfui enAfghanistan, selon les autorités. Ces dernières identifientMaulana Fazlullah, chef duTNSM, comme en étant lecommanditaire[23].
En 2009, elle est nommée au prix international des enfants pour la paix de la fondation KidsRights[24],[25].
Le, elle reçoit le premier prix national de la jeunesse pour la paix dugouvernement pakistanais, des mains duPremier ministreYoussouf Raza Gilani. Elle évoque alors la création d'un parti politique. Cette distinction est par la suite renommée « prix Malala »[26].
Le, pour ses 16 ans, l’ONU a créé l’évènement Malala Day pour défendre l’éducation dans le monde et en particulier celle des filles. À cette date, Malala a fait son premier discours en public au siège de l’ONU depuis la tentative d’assassinat. En, àDublin, elle reçoit leprix Ambassadeur de la conscience, le plus prestigieux décerné parAmnesty International[28]. Le, àStrasbourg, elle reçoit leprix Sakharov pour la liberté de l'esprit duParlement européen[7],[29],[30].
La même année, elle est citée parmi les favoris pour leprix Nobel de la paix[31] qui est obtenu par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC)[32]. Avant l'annonce du prix, sur la radio pakistanaise City89 FM, la jeune femme disait elle-même :« Je n’ai pas accompli tant de choses que ça pour gagner le prix Nobel de la paix »[33]. Lors de l'annonce du prix, dans un communiqué, elle félicite l'organisation :« L'OIAC est une organisation importante qui travaille sur le terrain pour débarrasser le monde des armes chimiques. Je voudrais les féliciter pour cette reconnaissance internationale bien méritée »[34].
En 2015, elle fait l’objet d’un documentaire deDavis Guggenheim intitulé « Je m’appelle Malala » et évoquant son enfance. Il a été tourné pendant 18 mois, dans différents pays (Kenya, Royaume-Uni, Abu Dhabi et Jordanie)[38],[39].
En 2017, elle est nommée par les Nations unies pour devenir la plus jeuneMessager de la paix[40],[41]. Elle est ensuite acceptée comme étudiante auLady Margaret Hall (Oxford) à la rentrée 2017, après avoir obtenu des notes qui le lui permettent auxA-level[42]. Elle est diplômée d'Oxford en 2020[43].
Mariage
Le 9 novembre 2021, elle se marie àBirmingham avec Asser (Malik)[44].
Une icône médiatique
Malala Yousafzai au Parlement européen en 2013.
Dès 2013, le quotidienLe Monde souligne que Malala Yousafzai est devenue une véritable icône en Occident[5]. Dès son arrivée au Royaume-Uni, elle a bénéficié du soutien de stars internationales commeAngelina Jolie[45] ou d'hommes politiques commeGordon Brown. Son livre,Moi, Malala, je lutte pour l'éducation et je résiste aux talibans, est lancé dans 21 pays simultanément en. La presse et la télévision britannique et américaine lui consacrent alors des articles et des émissions. De fait, elle a été prise en charge gratuitement par une grande agence de communication britannique, Edelman, dans laquelle cinq agents travaillent pour elle à plein temps[5].
Sa notoriété internationale suscite vite des polémiques dans son pays. Certaines voix au Pakistan dénoncent son « instrumentalisation » par des forces étrangères regrettant que Malala ne parle pas des drones américains tuant des enfants dans les zonespachtounes frontalières. Les sympathisants duTehrik-e-Taliban Pakistan vont même jusqu'à dire qu'elle a été« kidnappée par les forces anti-islam en Occident ». À l'inverse, les libéraux pakistanais, minoritaires dans le pays, prennent sa défense. Ainsi la romancièreBina Shah s'indigne dans le quotidienDawn que « les Pakistanais tendent à se retourner contre les personnes dont ils devraient être fiers »[46]. En, reçue à la Maison blanche, Malala demande àBarack Obama de cesser les attaques de drones dans lesrégions tribales du Pakistan[47],[48].
Cette même année, une pétition au nom de Malala a été lancée pour l’éducation pour tous dans le monde entier avant fin 2015. Malala Yousafzai fait actuellement partie des 100 personnes les plus influentes au monde d’après le magazineTime.
Le, elle reçoit la citoyenneté canadienne honoraire, un honneur attribué à des étrangers de mérite exceptionnel, comme avant elleNelson Mandela, ledalaï-lama ou l'Aga Khan[49].
En février 2020, la militante pour le changement climatiqueGreta Thunberg s'est rendue à l'Université d'Oxford pour rencontrer Yousafzai[55]. Le 19 juin 2020, Yousafzai a déclaré après avoir réussi ses examens finaux qu'elle avait obtenu son diplôme PPE à Oxford[56]; elle a obtenu son diplôme avecmention honorifique[57].
↑« Malala, bientôt canadienne… honoraire »,Le Figaro, encart « Le Figaro et vous », samedi 8 / dimanche 9 avril 2017, p. 36.
↑Hosanna Boulter, « Malala Yousafzai: ‘They made me into a mythical heroine. Growing up, I was a troublemaker’ »,The Irish Times, oct 25 2025(lire en ligne, consulté le).
↑« Malala Yousafzai attends first day at Edgbaston High School in Birmingham »,BBC News,(lire en ligne[archive du], consulté le)
↑JessicaElgot, « Malala Yousafzai celebrates string of A* grades at GCSE »,The Guardian,(lire en ligne[archive du], consulté le)
↑a etbAmeliaHill, « Schoolgirl campaigner Malala Yousafzai wins Oxford university place »,The Guardian,(lire en ligne[archive du], consulté le)
↑Helen Regan, « Malala Yousafzai Has Been Accepted to Study at Oxford University »,Time.com,(lire en ligne[archive du], consulté le)
↑« Greta Thunberg meets Malala Yousafzai at Oxford University »,BBC News,(lire en ligne[archive du], consulté le)