Pendant la périodemérovingienne, lesmaires du palais[Note 1], parfoispréfets du palais, étaient les plus hauts dignitaires desroyaumes francs, après les rois. À l'origine simples intendants du roi dans son palais, ils vont progressivement étendre leur pouvoir et leurs fonctions, à partir duVIIe siècle, jusqu'à se trouver en mesure de déposer les rois.
En 751,Pépin le Bref dépose le dernier roi mérovingien,Childéric III, se fait reconnaître comme souverain du royaumefranc par lepape Zacharie et fonde ainsi la dynastiecarolingienne. Pour se maintenir au pouvoir, la fonction de maire du palais a été supprimée ; le roi choisissant désormais comme principal conseiller lecomte du palais dont l'autorité se limite principalement à uncomté et non au Royaume tout entier.
À l'origine, le maire du palais était l'intendant du roi ; c'est un serviteur chargé des affaires domestiques du palais. Représentant des puissantes aristocraties régionales, il commande les intendants chargés de l'exploitation du domaine royal, gère la fortune du souverain et dirige le gouvernement intérieur du palais.
Les maires du palais portaient aussi le titre de princes ou ducs du palais, et de ducs deNeustrie, d'Austrasie ou deBourgogne.
Ils n’étaient d’abord établis que pour une période définie, puis à vie, et la fonction devint finalement héréditaire.
Leur institution n’était que pour commander dans le palais, mais leur puissance s’accrut, ils devinrent bientôt ministres, et l’on vit ces ministres, sous le règne deClotaire II, à la tête des armées. Le maire était tout à la fois le ministre et le général né de l’État ; ils étaient tuteurs des rois en bas âge ; on vit un maire exercer cet office :Théodebald, encore enfant, exerça la fonction sous la tutelle de sa grand-mère sousDagobert III, en714.
L’usurpation du pouvoir ne devint sensible qu’en 660, par la tyrannie du maireÉbroïn, ils déposaient souvent les rois, et en mettaient d’autres à leur place.
Tout au long de cette période, on vit l'avènement de la famille desPépinides (descendants dePépin de Landen ou Pépin l'Ancien), qui donna naissance à la dynastie carolingienne.
Le pouvoir des maires du palais alla en s'accroissant. Petit à petit, les chefs des serviteurs du palais vont intervenir dans les affaires de l'État : ils acquièrent des pouvoirs politiques, s'attribuent le pouvoir judiciaire et la direction des fonctionnaires. Devenus les plus proches collaborateurs du souverain, ils ne tardent pas à entrer en concurrence avec leur maître, et à partir duVIIe siècle, ils dirigèrent progressivement le royaume des Francs à la place du souverain. L'office devint un enjeu entre les aristocrates et se transmit bientôt de père en fils.
Pépin, fils deCharles Martel, lequel fut après son père maire du palais, étant parvenu à la couronne en751, mit fin à leur fonction. Cependant, différentes dynasties de maires du palais subsistèrent mais avec moins de pouvoir. Ceux qui les ont remplacés ont été appelésgrands-sénéchaux, et ensuitegrands-maîtres de France ou grands-maîtres de la maison du roi et ensuitechanceliers de France.
Le dernier roimérovingien,Childéric III, est enfermé dans un monastère parPépin le Bref, en751. Pépin demande alors aupapeZacharie de le reconnaître comme souverain du royaumefranc. Il ne s'agit pas d'un coup d'État à proprement parler puisque Pépin obtient du pape le sacre royal et fonde la dynastiecarolingienne. Le pape Zacharie avait tout intérêt à se ranger du côté des Francs qui peuvent le défendre contre lesLombards qui menaçaient l'Italie.
Pour légitimer leur prise du pouvoir et la rupture avec la monarchie héréditaire deClovis, les Pépinides forgèrent le mythe des « rois fainéants » (fait néant), qui apparaît pour la première fois dans laVita Karoli Magni, une biographie de Charlemagne.
↑Enlatin et selon les sources :magister palatii, praefectus aulae, rector aulae, gubernator palatii, maior palatii, maior domus, rector palatii, moderator palatii, praepositus palatii, provisor aulae regiae, provisor palatii oumajor domus regiæ.
↑Venance Fortunat,Poèmes (Carmina), livre VII, chap. 4, lettre de Fortunat à Gogon, maire du palais d’Austrasie. ; Grégoire de Tours,Historia Francorum