Lesévénements de mai-, ou plus brièvementMai 68, sont une période durant laquelle se déroulent, enFrance, des grandesmanifestations ainsi qu'unegrève générale etsauvage, accompagnée d'occupations d'usines et de bâtiments administratifs, de la généralisation de forums de discussions et propositions sociales et politiques, d'une paralysie presque complète du système économique et de l'administration, et d'une ébauche d'organisation de relations sociétales égalitaires dans toute laFrance.
Précédés par lemouvement de 1967 contre les ordonnances sur la sécurité sociale, les événements de mai-juin 1968 apparaissent d'abord comme une rupture fondamentale dans l'histoire de la société française, matérialisant une remise en cause des institutions traditionnelles, mais l'historiographie de mai 68 a ensuite rappelé aussi, à partir des années 1990, que près de dix millions de personnes ont fait grève juste avant la négociation desaccords de Grenelle (mai 1968) qui actent un relèvement de 35 % duSMIG, le salaire minimum. La révolte étudiante parisienne et dans les villes universitaires, a ensuite gagné le monde ouvrier et pratiquement toutes les catégories de population sur l'ensemble du territoire, pour constituer le plus importantmouvement social duXXe siècle enFrance.
Ce mouvement est caractérisé par une vaste révoltespontanéeantiautoritaire, de nature à la foissociale,politique etculturelle, dirigée contre lepatriarcat, le paternalisme, les structures autoritaires, lecapitalisme, leconsumérisme, et pour l'instauration de relations égalitaires dans le travail, les études, la famille, et, plus immédiatement, contre le pouvoirgaulliste en place.
Les événements de mai-juin provoquent la mort d'au moins sept personnes[1] et des centaines de blessés graves dans les affrontements, aussi bien du côté des manifestants que des forces de l'ordre.
Paradoxalement, lacrise de mai-[2] survient au terme d'une décennie de prospérité inégalée. Sur le plan économique, c'est l'apogée des « Trente Glorieuses », avec un taux de croissance stable de l'ordre de 5 %[3]. Le PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat augmente lui aussi beaucoup pendant les années 1960, de l'ordre de 5 % par an[4]. Les conditions de vie s'améliorent en parallèle : entre 1954 et 1968, le taux de foyers disposant d'une baignoire ou d'une douche passe de 10 % à la moitié, et ceux équipés d'une toilette d'un quart à la moitié[4]. Lasociété de consommation s'est installée dans les mœurs, sans que l'on prenne vraiment conscience de toutes ses implications ni des déséquilibres mondiaux qui se développent.
Toutefois, la société française est jugée très inégalitaire, l'indice de Gini est élevé : certains sont exclus de cette période d'enrichissement rapide[4].
En outre, cette croissance est aussi liée à la concurrence internationale accrue dans le cadre du marché commun européen lancé par étapes à la suite destraités de Rome de 1957[5]. Les barrières douanières entre les Six sont levées le. Dans ce contexte, la pression sociale et salariale s'accroît tandis que persistent de profondes inégalités[3] :
nombreuses fermetures d'usines dans le textile, la mécanique, la métallurgie ;
entre 470 000 et 500 000 demandeurs d'emplois ;
cinq millions de personnes sous le seuil de pauvreté ;
deux millions de personnes perçoivent des salaires de l'ordre de 400 ou 500 francs par mois.
Depuis plusieurs mois, voire une année, des symptômes importants d'une détérioration de la situation économique française ont fait leur apparition. Le nombre de chômeurs s'accroît régulièrement : début1968, ils sont déjà près de 500 000, soit un taux de chômage de 2 %. Les jeunes se trouvaient les premiers touchés et en1967, le gouvernement doit créer l'ANPE[4]. La grande grève des mineurs de1963 a signalé le malaise d'un monde de lamine qui vit ses dernières années avant le début d'une crise fatale. Un nombre important de grèves se tiennent aussi entre 1966 et 1967, en région parisienne comme en province. Deux millions de travailleurs sont payés auSMIG et se sentent exclus de la prospérité, dont beaucoup d'ouvriers des usines, de femmes ou de travailleurs immigrés. Les salaires réels commencent à baisser et les travailleurs s'inquiètent pour leurs conditions de travail. Les syndicats s'opposent ainsi aux ordonnances de 1967 sur laSécurité sociale. Desbidonvilles existent encore, dont le plus célèbre est celui deNanterre, directement sous les yeux des étudiants.
Même les catégories les plus privilégiées ne sont pas sans motifs d'inquiétude : la massification de l'enseignement supérieur a entraîné sur lescampus d'innombrables problèmes de locaux, de manque de matériel, de transports. En 1967-1968, le gouvernement reparle aussi de « sélection scolaire », ce qui inquiète les étudiants.
De Gaulle était arrivé au pouvoir grâce à des tensions sociales particulières survenues autour ducoup d'État du 13 mai 1958 en jouant habilement de circonstances exceptionnelles en apparaissant comme un recours après l'émeute du13 mai et la prise du pouvoir par l'armée àAlger. De ce fait, aux yeux de ses opposants, la légitimité de son régime reste fortement entachée par les soupçons d'un « coup d'État » originel. En dépit des succès du pouvoir (fin de laguerre d'Algérie et de ladécolonisation, résorption de la crise économique, monétaire et financière, croissance soutenue) et de l'acclimatation progressive de laConstitution française du 4 octobre 1958 renforçant lepouvoir exécutif par un régime semi-présidentiel, renforcé par l'élection duprésident de la République ausuffrage universel direct et ayant recours durant plusieurs années auxréférendums] (voir comme exemple leRéférendum français sur l'élection au suffrage universel du président de la République), ses pratiques autoritaires suscitent une critique croissante. Ainsi l'ORTF, détentrice du monopole de l'audiovisuel, se fait ouvertement le relais de la propagande officielle. ÀParis, le préfetMaurice Papon, responsable destueries du 17 octobre 1961 et de l'affaire de la station de métro Charonne le 8 février 1962, n'a été remplacé qu'en 1967 parMaurice Grimaud, lettré humaniste venu de la gauchemendésiste. Par ailleurs, la politique extérieure de prestige de Charles de Gaulle et son nationalisme ne répondent pas nécessairement aux attentes plus matérielles, culturelles et sociales de la majorité des Français, vu son âge (78 ans). En, un célèbre éditorial dePierre Viansson-Ponté dansLe Monde constate que « la France s'ennuie »[6], reprenant le constat prophétique deLamartine sous le gouvernementGuizot quelques années avant larévolution de 1848[7].
Les universités de Clermont-Ferrand, Nantes, Montpellier ou Nancy sont en ébullition bien avant leMouvement du 22 mars, qui leur fait référence dans ses premiers tracts[8].
Mai 68 ne se comprend que dans un monde en rapide mutation. L'accélération de l'exode rural et de l'urbanisation, l'augmentation considérable du niveau de vie, la massification de l'éducation nationale et de l'université, l'avènement de la culture des loisirs, du spectacle et desmédias de masse, représentent des changements accélérés et sans précédent en moins d'une génération.
Sur le plan religieux, la France, encore trèscatholique, vient de suivre avec passion leconcile Vatican II, qui a profondément rénové — mais aussi ébranlé — le catholicisme traditionnel, et surtout lesmouvements d'action catholique. En particulier, lesScouts de France représentant à l'époque une part non négligeable des jeunes chrétiens, ont modifié les rapports hiérarchiques dans leurs structures en remettant en cause, à partir de 1964, un modèle de type militaire et introduisant la collégialité des décisions au sein des équipes. LaJeunesse étudiante chrétienne en ébullition doit être reprise en main par la hiérarchie dès 1964. Le mouvement desprêtres ouvriers, dont la condamnation est levée en 1965, reprend son essor. De nombreux chrétiens se préoccupent de rénover les relations des fidèles aux autorités religieuses, de revisiter les pratiques et les dogmes, voire de concilierfoi et révolution.
Sur le plan sociologique, ladynamique de groupe s'est répandue pendant les années 1960 dans les formations des responsables de toutes les organisations et des entreprises. La mode est au débat.
Toutefois, les clivages sociaux sont encore extrêmement rigides. 92% des étudiants viennent encore de labourgeoisie. Lepaternalisme autoritaire est omniprésent. On commence à ouvrir des lycées « mixtes »[a], mais de nombreux établissements scolaires sont encore réservés aux garçons ou aux filles. Celles-ci ne sont pas autorisées à porter le pantalon. Par ailleurs, il est interdit de fumer dans un établissement, et les garçons, dans les universités, n'ont pas le droit d'accèder aux internats de filles.
L'éducation n'a pas encore connu de réformes structurelles, et le décalage est criant entre les aspirations d'une jeunesse et les cadres moraux qu'ils ressentent comme dépassés.
Cependant, peu des penseurs éminents de l'époque prennent part en personne au mouvement, dont l'explosion les surprend autant que tout le monde. En général, ils sont initialement perplexes ou réservés, voire hostiles.
Une partie de la jeunesse radicalisée regarde avec fascination vers les mouvements révolutionnaires dutiers-monde :Ho Chi Minh,Che Guevara,Fidel Castro servent de modèle pour certains, et l'irruption sur la scène chinoise des jeunesgardes rouges donne l'impression que la jeunesse en tant que telle peut avoir un pouvoir politique dans la société et remettre en cause l'autorité des adultes et des pouvoirs. On suit aussi attentivement les luttes menées auxÉtats-Unis par lemouvement d'émancipation desNoirs, ou encore par lessit-in et les diverses recherches du mouvementhippie et étudiant, notamment àl'université de Berkeley. En, des incidents retentissants opposent étudiants du Mouvement des étudiants allemands socialistes (Sozialistischer Deutscher Studentenbund) et autorités de l'Allemagne de l'Ouest. Le caractère international de ces mouvements permet de replacer les événements français au sein d'une dynamique mondiale.
LeMouvement du 22 Mars, prenant le relais de la contestation menée par de petits groupes (tels lessituationnistes, lesenragés deRené Riesel et lesanarchistes), se fait connaître ce jour-là en occupant la salle du conseil des professeurs au dernier étage du bâtiment B, la tour administrative de lafaculté de Nanterre. Sa principale revendication est la protestation contre des arrestations d'étudiants opérées deux jours plus tôt lors d'une manifestation contre laguerre du Viêt Nam[10]. Le, une journée « anti-impérialiste » est organisée à l'université de Nanterre, conduisant notamment à l'interruption d'un cours deRené Rémond. Le doyenPierre Grappin décide alors la fermeture administrative de la faculté, ce qui provoque la diffusion du mouvement de contestation, dès le lendemain, auQuartier latin et à laSorbonne, et le début, proprement dit, de Mai 68[11],[12],[13].
Antiautoritaire[14], le mouvement est porteur d'un idéal politique trèslibertaire[15] au sens des libertés individuelles et très critique vis-à-vis de la société de consommation, de l'autoritarisme, de l'impérialisme. Le mouvement joue aussi de thèmes touchant à la vie de tous les jours, comme le droit d'accès pour les garçons aux résidences universitaires des filles et la libération de la sexualité.
Il n'y a pas eu à proprement parler de « figures de proue » du mouvement, qui est demeuré « multiforme » et sans organisation centralisée. Certains sont cependant devenus,a posteriori, des emblèmes du mouvement, même si leurs discours, singuliers, ne sauraient résumer la diversité d'opinions qui existaient au sein du mouvement et si, pour certains, ce discours postérieur a parfois consisté à réécrire les événements : parmi eux,Serge July etDaniel Cohn-Bendit[17],[18]. Ce dernier a publié son autobiographie, "Le Grand Bazar", aux Editions Denoël, dès 1975. Ce livre est la première publication de la photoDaniel Cohn-Bendit face à un CRS devant la Sorbonne, deGilles Caron, cinq ans après son décès, utilisée en couverture de l'ouvrage et l'une des plus médiatisée auXXIe siècle.
L'écrivainRobert Merle (prix Goncourt 1949), professeur d'anglais à la faculté de Nanterre, a consacré un roman entier,Derrière la vitre, à la journée du 22 mars et à celles qui l'ont précédée. On y retrouve beaucoup de figures de l'époque, ainsi qu'une analyse des causes et rêves du mouvement[19]. Cet ouvrage sur les événements, est complété par celui de Kristin Ross sur les discours qui ont été tenus sur Mai 68, de 1968 à nos jours[20].
Les causes de ce mouvement sont diverses. Des analyses évoquent l'idée qu'une grande rigidité cloisonnait les relations humaines et les mœurs et celle d'un début de dégradation des conditions matérielles après la période de reconstruction suivant laSeconde Guerre mondiale. À l'époque, de nombreux bidonvilles jouxtent Paris, notamment celui de Nanterre. Les étudiants qui se rendaient dans la faculté fraîchement construite découvrirent ce milieu, la pauvreté, la condition ouvrière. Le mécontentement naissant dans le milieu étudiant sera relayé par celui qui se profilait depuis plusieurs années dans le secteur ouvrier.
Les événements superposèrent essentiellement unmouvement étudiant et unmouvement ouvrier, tous deux d'exceptionnelle ampleur. Au-delà des revendications matérielles ou salariales, et de la remise en cause durégime gaullien installé depuis 1958, ils virent se déployer une contestation multiforme de tous les types d'autorité. Une partie active du mouvement lycéen et étudiant revendiqua notamment la « libéralisation des mœurs », et au-delà, contesta la « vieilleUniversité », la société deconsommation, lecapitalisme, lepatriarcat, lepaternalisme et la plupart des institutions et valeurs traditionnelles.
Pour la politisteIsabelle Sommier, le caractère international de Mai 68 s'explique par la crise internationale des partisans du marxisme à cette époque, l'émergence d'une sociabilité autonome de la jeunesse, les problèmes structurels apportés par la démocratisation des universités, et le rejet de laguerre du Vietnam[21].
EnFrance, ces événements prennent cependant une coloration particulière car d'importantes manifestations d'étudiants sont rejointes à partir du par la plus importantegrève générale duXXe siècle en France, dépassant celle survenue en juin1936 lors duFront populaire[20]. Elle paralyse complètement le pays pendant plusieurs semaines et s'accompagne d'une recherche effrénée de prise de parole, d'une frénésie de discussions, de débats, d'assemblées générales, de réunions informelles et d'auto-organisation pour la fourniture de nourriture, et de recherche de plaisirs, dans la rue, à l'intérieur des organismes, des entreprises, des administrations, des lycées et des universités, des théâtres, des maisons de jeunes, desmaisons de la culture, et plus généralement dans tout le pays, ses villages, ses cités et dans les familles.
Explosion souvent confuse et complexe, parfois violente, plus souvent encore ludique et festive, Mai 68 apparaît comme un moment d'illusionrévolutionnaire lyrique, de foi ardente etutopique en la possibilité d'une transformation radicale de la vie et du monde. Ce que refléta notamment une prolifération d'affiches[3], degraffiti et de slogans imaginatifs, dont l'un est « Élections, piège à cons »[22], etc.
Parfois qualifiée de « révolution manquée », et malgré le large recours à la rhétorique et aux symboles desrévolutions françaises précédentes — barricades, drapeaux rouge et noir —, Mai 68 ne vit en réalité aucune tentative de putsch ni de guerre civile, bien que plusieurs organisations et mouvances révolutionnaires, gauchistes,anarchistes et situationnistes, aient lutté activement dans le mouvement et participé à son organisation.
Les historiens divisent classiquement le déroulement de Mai 68 en trois phases, une « période étudiante » du 3 au 13 mai (le est la date de la grande grève qui a mobilisé tous les secteurs), une « période sociale » du 13 au 27 mai (la date desaccords de Grenelle), et une « période politique » du au (date des élections législatives).
La lassitude et le retournement de l'opinion publique, initialement favorable au mouvement, amènent un raz-de-marée gaulliste auxélections anticipées du. Les grèves cessent progressivement courant juin et les hauts lieux de la contestation, tels que laSorbonne et l'Odéon à Paris, et les grandes usines, sont évacués par la police.
Mai 68 a suscité, dès l'époque, de nombreuses controverses et interprétations divergentes sur sa nature et sur ses causes, comme sur ses héritages. Il s'est prolongé en ouvrant la voie aux nouvelles formes de contestation et de mobilisation des années 1970 (nouveaux mouvements sociaux) telles que l'autogestion, l'écologie politique, les mouvementsféministes, le « retour à la terre » avec des communautés alternatives ou bien laLutte du Larzac, l'effervescence des luttes de libération (armées)en Corse,au Pays Basque,en Bretagne,en Alsace et aussi dunationalisme occitan, qui comporte comme les quatre autres exemples des composantes syndicales, culturelles, des organisations de masse et de jeunesse.
Au-delà duMouvement autonome, qui est l'héritier plus ou moins direct des émeutes de 1968, l'événement a eu un impact considérable sur le plan social et surtout culturel, en étant à l'origine de nombreux « acquis sociaux » et de nombreuses réformes sociétales des années suivantes.
Lapertinence de cette section est remise en cause. Considérez son contenu avec précaution.Améliorez-le oudiscutez-en, sachant quela pertinence encyclopédique d'une information se démontre essentiellement par des sources secondaires indépendantes et de qualité qui ont analysé la question.(janvier 2019) Motif avancé : il y a un article "Chronologie des événements de mai - juin 1968", une section "Les événements" censée être un résumé, et cette section redondante, sans aucune source de synthèse garantissant la fiabilité de ce résumé.
L'éclatement de la crise surprit le pouvoir, ainsi que pratiquement toutes les organisations, partis et syndicats organisés. Le camp du pouvoir ne fut pas plus uni que celui de la contestation. LeParti communiste français et laCGT, refusèrent dans un premier temps de joindre leur cause à celle des étudiants vus comme « bourgeois » eta fortiori de leurs dirigeants d'inspirationlibertaire ou issus des divers groupusculesgauchistes. Ceux-ci étaient souvent eux-mêmes divisés (maoïstes,trotskistes, etc.), dans sa frange la plus nombreuse, libertaire anti-léniniste, et incertains quant à l'attitude à avoir face au mouvement. Au sommet de l'État, la crise aggrava les divergences entre legénéral de Gaulle, peu compréhensif envers ce qu'il qualifie le 19 de « chienlit », et partisan d'une répression immédiate, et son Premier ministre,Georges Pompidou, qui préféra jouer la carte de la modération et de la compréhension pour mieux laisser le mouvement s'essouffler de lui-même. Les forces centristes et les gauches non-communistes (Pierre Mendès France,François Mitterrand) tentèrent difficilement de canaliser vers la construction d'une autre possibilité politique que le régime gaullien un mouvementantiautoritaire largement indifférent à la question de la prise du pouvoir.
Arrêté du recteur de l’Académie de Paris suspendant les cours à la Sorbonne, le.Archives nationales 20020476/301
Le vendredi, la cour de laSorbonne est occupée par 150 à 400 manifestants selon les sources, dont une partie venus de Nanterre, fermée par le doyenPierre Grappin après des affrontements. Plusieurs orateurs s'expriment dans des mégaphones lors du rassemblement dans la cour. Parmi eux, l'un des sept étudiants qui doivent passer en conseil de discipline à Nanterre le lundi suivant,Daniel Cohn-Bendit est filmé par l'ORTF. Ces images du ne sont diffusées que deux semaines plus tard, le, dans un reportage dumagazine Zoom qui a subi de nombreuses coupes au montage[23].
Des étudiants s'arment de bâtons et de pierres, présentés comme "matériel anti-fasciste", car une rumeur annonce que le mouvement d'extrême droiteOccident va organiser une marche sur l'établissement pour le faire évacuer par la violence. Le recteur de l'académie de Paris, président du conseil de l'université, requiert les forces de police pour « rétablir l'ordre en expulsant les perturbateurs ». La Sorbonne est évacuée de force, de nombreux étudiants arrêtés, mais des étudiantes appellent à les libérer. Dans la soirée, des centaines d'étudiants et de passants affrontent violemment les forces de l'ordre. Selon un rapport de police : « Ils appliquent une technique de harcèlement ponctuée de heurts sévères, mais de courte durée. À 20h25, trois commissaires […], conjuguant les efforts de leurs effectifs, dégagent les abords duLuxembourg au prix d'actions vigoureuses et en s'aidant de grenades lacrymogènes. Des ébauches de barricades sont successivement abandonnées par des manifestants agressifs qui, pour dégager certains des leurs, se ruent en bandes sur nos effectifs ». 574 personnes sont arrêtées, dontJacques Sauvageot, le dirigeant de l'UNEF, principal syndicat étudiant, mais aussiJosé Rossi,Hervé Chabalier,Henri Weber,Guy Hocquenghem,Daniel Cohn-Bendit,Brice Lalonde,Bernard Guetta ouAlain Krivine[24].
Cette intervention des forces de l'ordre à la Sorbonne, à la demande du recteurJean Roche, sans préavis ni négociations, est très mal vécue par les étudiants, qui se pensaient protégés par le statut universitaire. Dès le, le doyen de Nanterre,Pierre Grappin, le doyen de laFaculté des sciences de Paris,Marc Zamansky, et l'ancien recteurJean Capelle critiquent cette violation du sanctuaire universitaire[25].
La journée d'émeute fait 481 blessés à Paris : 279 étudiants et 202 policiers[26].
Les étudiants réagissent aussitôt par des manifestations violentes contre les forces de l'ordre : jets de pavés, puis barricades. Ces manifestations reprennent ensuite à l'annonce de peines de prison pour les manifestants, pendant lesquelles commencent à fleurir les slogans libertaires. Le bilan est de plus de 300 policiers blessés et 422 arrestations[24].
Le président duSNEsup (syndicat des enseignants du supérieur),Alain Geismar, décide de soutenir les manifestants. Les membres duparti communiste et de certaines organisations d'extrême gauche (maoïstes de l'UJC(ml), derrièreRobert Linhart) sont d'abord pris de court : pour eux, la révolution est censée venir des ouvriers, et non des étudiants ; de plus, les revendications duMouvement du 22 Mars leur paraissent« puériles »,« petit-bourgeoises » et surtout« gauchistes ». Après un moment de flottement, ils essayent toutefois de gagner les ouvriers à cette « révolte ». LaCGT, pour sa part, ne les suit pas et son secrétaire général de l'époque,Georges Séguy, s'en explique plus tard devant les médias :« Cohn-Bendit, qui est-ce ? Sans doute faites-vous allusion à ce mouvement lancé à grand renfort de publicité qui, à nos yeux, n'a pas d'autre objectif que d'entraîner la classe ouvrière dans des aventures en s'appuyant sur le mouvement des étudiants ».
Des manifestations de soutien aux étudiants parisiens ont lieu àStrasbourg et àBrest, tandis qu'au contraire àDijon plusieurs centaines d'étudiants défilent aux cris de« Pas de Nanterre à Dijon », entre autres slogans[26].
Tract appelant à la manifestation à la suite des événements parisiens du 10 mai.
Après une manifestationplace Denfert-Rochereau qui a rassemblé en fin d'après-midi 20 000 lycéens et étudiants (12 000 personnes selon la police), dans la nuit du au, les étudiants et lycéens occupent leQuartier latin et dressent plusieurs dizaines debarricades qui sont finalement prises d'assaut, à partir de deux heures du matin, par 6 255 policiers : c'est la« nuit des barricades ». La dernière barricaderue Thouin tombe à 5 heures 30[28].
Au petit matin : 125 voitures détériorées, 63 incendiées[26], des rues dévastées et dépavées, comme après une scène de guerre, 247 policiers blessés et au moins une centaine de manifestants[26] « dont le nombre est impossible à déterminer, la plupart ne s'étant pas fait connaître ». Au total, 469 personnes sont interpellées. Parmi elles, selon les sources policières, on trouvePatrick Topaloff,Michel Vauzelle ouÉvelyne Pisier[24].
À Strasbourg, la faculté de Lettres est occupée ; àAubagne les collégiens se mobilisent, revendiquant notamment la présence de délégués dans les conseils de discipline et conseils de classe ; àMarseille 2 000 lycéens se placent à l'entrée de la faculté de sciences[26].
Le, de retour d'Afghanistan, le Premier ministreGeorges Pompidou cède aux revendications duSNESup et de l'UNEF et ordonne la réouverture des universités[25]. Il exige que les forces de police quittent la Sorbonne, afin de calmer la situation. On croit alors qu'il tergiverse et cède, mais en réalité ce mouvement est tactique : il espère que les excès des étudiants déconsidéreront leur mouvement au regard de l'opinion[31]. Sceptique face à cette ligne de modération tactique, legénéral de Gaulle reste pour l'heure à l'écart, en se réservant la possibilité d'intervenir si besoin.
Le, la CGT lance un appel à la grève générale pour le lendemain[32]. L'avant-veille, soir du, le magazine téléviséPanorama, présentant ce qui se passait depuis le début du mois de mai, avait été censuré. Lesamedi, les personnels de l'ORTF s'insurgent contre cette censure par un communiqué à l'AFP, le jour où les images sur les violences policières de la nuit de vendredi à samedi ont "bouleversé la France entière" ou presque, rappelle l'historienne Michelle Zancarini-Fournel[32]. L'appel de la CGT est repris par les étudiants, la SNESup, un syndicat enseignant, la CFDT et la FEN (Fédération de l’Éducation Nationale) et Force Ouvrière[32]. "Les appels syndicaux à la grève générale de vingt-quatre-heures insistent tous sur la solidarité entre étudiants et ouvriers : là où deux mondes demeuraient le plus souvent séparés, la violence policière vient les rapprocher", selon l'historienneLudivine Bantigny dans son livre1968[32].
Cet appel à la grève des 5 principaux syndicats suit de très longues tractations entre eux, de 10h à 18h, à laBourse du Travail de Paris[32],[33].Alain Geismar, secrétaire général du SNESup[32], insiste pour que les figures du mouvement étudiant soient en tête du cortège juste à côté des leaders syndicaux qui n'en voulaient pas en raison du climat de violence verbale des deux précédentes semaines[32].
La "popularité du mouvement" fait que "tout le monde défile ensemble", derrière un "mot d'ordre commun"[32] ("Dix ans ça suffit!"), qui "rassemble", car pour la première fois depuis le retour au pouvoir deCharles de Gaulle en 1958[32], le régime est remis en cause[32], expliquera Alain Geismar, secrétaire général du SNESup[32].
Tract situationniste-enragés du comité d'occupation de la Sorbonne du 16 mai 1968.
Le lundi, une immense manifestation composée de lycéens, d'étudiants et de grévistes ouvriers et employés venus de toute la France traverse Paris[34].
Au milieu de l'après-midi toutes les artères principales situées dans un polygone Gare de l'Est, Gare du Nord, Bonne Nouvelle, Châtelet, Bastille, République sont pleines des manifestants. Le syndicatCFDT, la CGT et la FEN parlent d'un million de manifestants.
Les estimations les plus sérieuses (surface occupée par la foule des manifestants) font état de 500 000 personnes. La préfecture de police en dénombre 230 000, mais l'ORTF en annonce 171 000[26].
Les syndicats revendiquent également un total un million de manifestants dans une trentaine d'autres villes du pays.
Jean-Paul Sartre etSimone de Beauvoir avaient demandé les jours précédents à rencontrer une délégation deNanterre, où une assemblée générale a mandaté deux représentants,Alain Geismar et Herta Alvarez, lycéenne de 18 ans, fille d'anarchistes espagnols[35]. Reçus chez Simone de Beauvoir jusqu'à 2 heures du matin, ils soulignent « l'humilité de Sartre, vérifiant qu'il comprend bien »[36]. Cette nuit de discussion vise aussi à écarter Alain Geismar d'éventuelles violences.
Une semaine plus tard, le, Sartre va aussi interviewer Daniel Cohn-Bendit[37] sur le « programme » et les « objectifs » à long terme des étudiants, même si ce dernier refuse catégoriquement qu’il y en ait, car "définir un programme" serait "inévitablement paralysant"[37] et car "ce désordre (…) permet aux gens de parler librement"[37]. Daniel Cohn-Bendit écrit un mois après que "Personne chez nous n’a lu Marcuse. Certains lisent Marx, bien sûr, peut-être Bakounine, et, parmi les auteurs contemporains, Althusser, Mao, Guevara, Henri Lefebvre. Les militants politiques du Mouvement du ont à peu près tous lu Sartre"[38].
Finalement la Sorbonne sera rouverte, sur ordre du Premier ministreGeorges Pompidou et restera un des foyers de la contestation.
Le débrayage général commence le jour de la manifestation puis, compte tenu de son énorme succès, se poursuit le lendemain, le mardi.
Au petit jour, 500 métallos de l'usine Claas de Woippy (Moselle)[39], débraient, relayés quelques heures plus tard par les ouvriers de l'usine Sud-Aviation àBouguenais, qui est la première usine occupée[39], en référence aux occupations de 1936. Puis, la grève s'étend petit à petit à tout le pays. L'appel également lancé de la Sorbonne le par le comité d'occupation pour l'occupation immédiate de toutes les usines en France et la formation des conseils ouvriers suscite les craintes des autorités (communiqué de 19 heures de Pompidou).
Le chef de l'État, le général de Gaulle, en voyage officiel enRoumanie du au, n'accorde initialement pas beaucoup d'attention à ces manifestations. Il laisse son Premier ministre s'en occuper : on dira de celui-ci plus tard que « rares sont les hommes politiques, tel M. Pompidou, pour encaisser à ce point pendant les insultes »[réf. nécessaire].
Les situationnistes se retirent de la Sorbonne le après avoir constaté l'impossibilité de faire respecter ladémocratie directe, qu'ils avaient tenté d'instaurer par le comité d'occupation élu, et s'en vont créer leConseil pour le maintien des occupations, rue d'Ulm, pour tenter de susciter l'auto-organisation du prolétariat ouvrier dans les usines. Les différents léninistes présents dont lesJCR s'emparent alors du pouvoir de la Sorbonne, qu'ils ne lâchent plus jusqu'à son évacuation au mois de juin après la défaite de la grève.
Des travailleurs en grève devant leur usine occupée en juin.
Sans mot d'ordre aucun, et à la surprise des responsables de chaque camp, la grève générale symbolique prévue pour le ne s'arrête pas ce jour-là. Le mouvement ne fait au contraire que s'étendre rapidement dans les jours qui suivent : c'est la premièregrève généralesauvage de l'Histoire. C'est aussi la première fois qu'une grève générale paralyse un pays parvenu au stade de lasociété de consommation.
Des grèves et occupations d'usine spontanées se multiplient. La première a lieu à l'usineSud-AviationBouguenais, en Loire-Atlantique, le avec 2 682 salariés ; cettegrève ouvrière à Nantes sera à la fois du premier et du plus long des mouvements ouvriers de Mai 68, prenant fin le[40]. Dans le Nord Pas-de-Calais, où la plus grande manifestation a eu lieu dès le 11 mai, 85% des mineurs sont en grève et des meetings géant se succèdent chez Usinor-Denain[41]. Le, dix millions de salariés ne travaillent pas (en grève ou empêchés de travailler).
Les syndicats, débordés par la poursuite de cette grève spontanée au-delà de la journée du 13 mai, reprennent petit à petit la tête du mouvement. L'acceptation par les « grévistes sauvages » de leur autorité immobilise la grève dans une situation destatu quo qui perdure jusqu'au30 mai[réf. nécessaire]. De la sorte, les portes des usines se referment devant les manifestations des étudiants venus défiler àBillancourt, au grand dam des « gauchistes » qui rêvent d'une union sacrée entre intellectuels et ouvriers. Mais les ouvriers eux-mêmes se méfient de ces étudiants qu'ils identifient à la classe montante de leurs dirigeants actuels. Cependant, les syndicats, par cette action, n'isolent pas seulement les ouvriers des influences « petites-bourgeoises » des étudiants, mais aussi des travailleurs d'autres entreprises et empêchent, de la sorte, qu'ils se reconnaissent ainsi des intérêts communs dans cette lutte. Quoi qu'il en soit, leurs revendications du moment ne peuvent en aucun cas être alignées sur les revendications typiques des grèves classiques lancées par laCGT ou laCFDT. Certaines restent, certes, traditionnelles par certains côtés (augmentation des salaires, meilleures conditions de travail), mais d'autres sont nouvelles : il s'agit, en effet, de revendications qualitatives (autonomie, responsabilité du salarié, forme decogestion des entreprises, etc.).
Drapeaux rouge et noir au théâtre de l'Odéon, occupé par des étudiants et des artistes en mai 1968.
Dans tout le pays, la parole se libère et devient pour quelques semaines la raison d'être des Français. Enthousiasmé ou catastrophé, dubitatif ou méditatif, chacun selon sa sensibilité participe ou observe. Des dialogues intenses se nouent dans les rues, entre inconnus, et à travers les générations.
L'un des symboles de ces lieux de débats est lethéâtre de l'Odéon àParis, qui à partir du 16 mai, selon le communiqué lu lors d'une conférence de presse télévisée« devient un lieu de rencontre entre ouvriers, étudiants, artistes et comédiens »[44]. Il devient aussi un lieu où l'on peut entendre s'affronter, dans des débats pris très au sérieux jour et nuit, quelquessyndicalistes délégués de chezRenault, des ménagères du quartier, des étudiants, un groupe de jeunes de droite deNeuilly-sur-Seine, un groupe de lycéens d'une banlieue ouvrière, des artistes célèbres (Michel Piccoli,Raymond Rouleau,Sami Frey), des professeurs, un conseiller municipal, un ou deux cadres d'entreprise, pendant que quelques défenseurs de la libération sexuelle se retrouvent dans les coulisses du théâtre.
De son côté,Jacques Chirac est mandaté par Pompidou pour aller rencontrer clandestinement les syndicats afin de préparer les futures négociations[réf. nécessaire], les syndicats étant, il est vrai, les seuls à encore tenir à peu près le pays alors que l'autorité de l'État est devenue pratiquement inexistante, et le gouvernement de l'Élysée complètement fantoche selon le témoignage deMichel Jobert[réf. nécessaire].
Lesaccords de Grenelle du27 mai, négociés entre Pompidou, le patronat et les syndicats, laissent croire un moment à la reprise du travail en échange d'une fournée d'acquis sociaux. Les acquis envisagés sont sans précédent depuis laLibération, voire depuis lesaccords Matignon du, mais aussi sans commune mesure avec ces mêmes accords, ceux de Grenelle étant plus à même d'être remis en cause que ceux de 1936 : droit syndical dans l'entreprise, augmentation duSMIG de 35 %, paiement des jours de grève à 50 %, etc.
Le point de basculement coïncide avec l'annonce des accords de Grenelle faite par le secrétaire général de la CGT,Georges Séguy, aux ouvriers deBoulogne-Billancourt.
C'est justement ce, qu'au plus fort de la contestation et du désarroi, de Gaulle disparaît pendant plusieurs heures, à la surprise générale. Pompidou et la majorité sont alors plongés dans une certaine angoisse. Sans prévenir personne, de Gaulle va consulter legénéral Massu enAllemagne, au lieu de se rendre comme annoncé àColombey. Veut-il s'assurer symboliquement le soutien de l'armée, dont nul ne souhaite en réalité l'intervention ? Veut-il déconcerter l'adversaire et jouer sur la peur du vide, alors que l'opinion commence à se retourner devant l'absence de perspective du mouvement ? Épuisé et déconcerté, a-t-il eu un authentique moment de passage à vide[b], voire la tentation de se retirer ? Il semble que toutes ces raisons se soient conjuguées.
Dans un entretien avecMichel Droit, le, de Gaulle déclare :« Le 29 mai j'ai eu la tentation de me retirer. Et puis en même temps j'ai pensé que si je partais, la subversion menaçante allait déferler et emporter la République. Alors, une fois de plus, je me suis résolu »[46].
Revenu à Paris le lendemain midi30 mai, de Gaulle accepte la proposition deGeorges Pompidou de dissoudre l'Assemblée nationale pour organiser de nouvelles élections législatives[47].
La manifestation de soutien au général de Gaulle, le 30 mai 1968.
L'après-midi, tandis qu'une marche de soutien au gouvernement, menée parAndré Malraux[c] etMichel Debré, réunit sur lesChamps-Élysées entre 300 000 (selon la préfecture de police) et un million de manifestants (selon les gaullistes), de Gaulle fait un discours offensif : il annonce qu'il ne se retire pas et qu'il ne change pas de Premier ministre. Il organise des élections législatives anticipées« à moins qu'on entende bâillonner le peuple français tout entier en l'empêchant de s'exprimer en même temps qu'on l'empêche de vivre, par les mêmes moyens qu'on empêche les étudiants d'étudier, les enseignants d'enseigner, les travailleurs de travailler ». De la sorte, de Gaulle fait ressortir, dans son discours, la vieille rivalité entre le parti communiste et le gaullisme:« Ces moyens, ce sont l'intimidation, l'intoxication, et la tyrannie exercés par des groupes organisés de longue main, en conséquence et par un parti qui est une entreprise totalitaire, même s'il a déjà des rivaux à cet égard ». Il annonce aussi qu'il est prêt à mettre en œuvre l'article 16 de la Constitution qui permet au chef de l'État, dans des circonstances jugées exceptionnelles, de s'octroyer le pouvoir absolu dans le pays si le peuple ne se plie pas à ses décisions :« Si, donc, cette situation de force se maintient, je devrai, pour maintenir la république, prendre conformément à la constitution d'autres voies que le scrutin immédiat du pays »[48].
Dans son communiqué du, leParti communiste marxiste-léniniste de France dénonce alors les « accents d'apprenti dictateur » de De Gaulle, comparé àNapoléon Ier au moment ducoup d'État du 18 Brumaire et met en garde les travailleurs contre « le danger fasciste », tout en pointant la responsabilité des « révisionnistes », c'est-à-dire du PCF et de la CGT[49].
Le31 mai, l'essence revient dans les stations-services et la presse rapporte que des chars convergent vers Paris et que des unités en armes se regroupent au camp de Frileuse. La police et l'armée reprennent possession d'émetteurs de l'ORTF occupés.
Aprèsdes élections organisées dans les entreprises et souvent truquées pour pousser, branche par branche, à la reprise du travail[réf. nécessaire], alors que la base, depuis le27, avait rejeté unanimement les accords de Grenelle, les syndicats laissent la place auxCRS pour chasser les derniers récalcitrants et éteindre ici ou là les derniers brasiers de révolte. Ainsi, plusieurs épisodes violents se déroulant début juin – affrontements àRenault-Flins les7 et10 et àPeugeot-Montbéliard-Sochaux le11 – ont pour conséquence la mort deGilles Tautin[d], Pierre Baylot[e] et Henri Blanchet[f]. Les grèves cessent progressivement.
Une troisième « nuit des barricades » au Quartier latin les 11 et12 juin n'est plus que le fait d'irréductibles. Le, plusieurs organisations « gauchistes » sontdissoutes. L'Odéon et la Sorbonne sont évacués sans difficulté par la police le. De nombreux journalistes grévistes de l'ORTF sont licenciés, tandis que la répression s'abat sur certaines figures du mouvement, tel Daniel Cohn-Bendit, interdit durablement de séjour[g].
Lesélections des 23 et 30 juin s'achèvent sur un raz-de-marée électoral pour les gaullistes, dont le groupe emporte la majorité absolue à l'Assemblée, situation sans précédent. Mais ces jours ont aussi porté en germe un net refroidissement des relations entreGeorges Pompidou et le général de Gaulle : aussitôt les élections remportées, ce dernier le remplace parMaurice Couve de Murville à la tête du gouvernement.
Néanmoins, les Français ont appris à apprécier en ces jours-là le vrai vainqueur de la crise : de Gaulle n'est plus irremplaçable et, après l'échec duréférendum du, suivi de sa démission immédiate, Georges Pompidou accède à l'Élysée, après élections. De Gaulle, pour sa part, vote depuis l'Irlande où il prend quelques jours de vacances avec son épouse.
L'échec politique du mouvement n'empêche pas un certain succès social et culturel : jamais ratifiés, les accords de Grenelle sont tacitement appliqués un temps avant d'être, les années passant, en grande partie absorbés par les multiples réformes, en particulier le passage du salaire minimum à 600 F par mois (environ 730euros de2018[53]).
Les événements ont causé, à l'échelle nationale, la mort d'au moins cinq à sept personnes[54],[55],[56]. Le chiffre probable est de sept morts, toutes survenues après le[57],[1].
De plus, selonRaymond Marcellin, nommé ministre de l'Intérieur le, les affrontements avec les forces de l'ordre ont fait environ 2 000 blessés, dont 200 graves[64].
On crédite parfois lepréfet de police de Paris,Maurice Grimaud, d'avoir « évité tout mort à Paris », notamment grâce à sa lettre aux policiers : « Je veux leur parler d’un sujet que nous n'avons pas le droit de passer sous silence : c’est celui des excès dans l'emploi de la force »[65]. On oublie souvent que son appel à la modération dans la répression vient bien tard, le[66], alors que de nombreux et graves dérapages des forces de l'ordre ont eu lieu depuis les premiers jours du mouvement[55].
Maurice Grimaud signale de plus qu'un CRS, le commandant Journiac, est gravement blessé au front par un pavé jeté des toits, dans la nuit du10 au11 mai,rue Gay-Lussac, à Paris[67]. Il meurt un an plus tard, dans un accident de voiture, à la suite d'un malaise occasionné par les séquelles de sa blessure[24].
La mort qui cause le plus de retentissement est celle du commissaireRené Lacroix[h], àLyon dans la nuit du 24 mai. Selon les dires de la police (qui se révéleront faux, deux ans plus tard, lors du procès Raton et Munch) il est mort « écrasé par un camion dont la pédale d'accélérateur est bloquée »[24]. En2008, lors des 40 ans de Mai 68, un témoin affirme avoir vu « ce camion envoyé de derrière. Il a foncé tout droit puis a calé devant la première rangée de forces de l'ordre. La pierre sur l'accélérateur avait certainement sauté », sans écraser quiconque[69].
Dans leur rapport d'autopsie publié dans leBulletin de médecine légale et de toxicologie médicale de novembre et décembre1970, les docteurs Védrinne et Vitani, médecins légistes, confirment les constatations du docteur Louis-Paul Rousset, chirurgien de garde à l'hôpital Édouard-Herriot de Lyon : ce document de médecine légale, qui précise l'étendue et la gravité des lésions, permet d'affirmer que le décès du commissaire Lacroix est bien consécutif à un choc traumatique et hémorragique secondaire à l'écrasement dont il a été victime.
Cependant, ces conclusions des médecins légistes font l'objet de controverses en 1970 lors du procès de Raton et Munch, accusés d'être à l'origine de la mort du commissaire Lacroix. Ce procès est le théâtre d'un énorme rebondissement le dernier jour : le témoignage du docteur Grammont, l'interne de l'hôpital Édouard-Herriot qui s'est chargé du commissaire Lacroix et qui a conclu à un infarctus[69]. « Ce médecin avait lu dans les journaux que le commissaire avait été renversé par le camion, ce qui lui avait brisé plusieurs côtes. Du coup, il avait décidé de venir spontanément à la barre pour dire que c’était faux et que le policier présentait tous les signes d’un infarctus »[70]. Selon le docteur Grammont, alors interne de l'hôpital et qui s'est chargé du commissaire Lacroix aux urgences, le commissaire Lacroix est mort d'unecrise cardiaque plus d'une heure après son arrivée aux urgences de l'hôpital Édouard-Herriot : « Le commissaire venait d'avoir un infarctus. C'est en lui faisant un massage cardiaque, que je lui ai cassé plusieurs côtes. Sur lesélectrocardiogrammes, on doit voir qu'il est mort d'un infarctus, mais ces preuves ont disparu »[69].
Le décès du commissaire Lacroix constitue un basculement dans la perception des événements par la population.
« Les étudiants n’apparaissent plus comme les victimes d’une répression policière excessive, mais comme les responsables d’une violence meurtrière »[72].
Une augmentation de 35 % duSMIG à 600 francs par mois et de 10 % des salaires, la création de la section syndicale d’entreprise, actée dans la loi du, font entre autres l'objet desaccords de Grenelle, à la suite de négociations menées en particulier par le jeune haut fonctionnaireJacques Chirac, et la reprise du travail s'effectue progressivement au début du mois de juin. La police et la gendarmerie évacuent au fur et à mesure les différents lieux occupés.
L'Internationale situationniste, qui apparaît rétrospectivement comme le mouvement le plus subversif et qui a le plus inspiré les idées de Mai 68, n'est pas concernée par ce décret de dissolution, mais ses membres jugent préférables de s'exiler, un temps, enBelgique.
Dissolution de l'Assemblée nationale le 30 mai 1968
Allocution prononcée par le général de Gaulle à la radio leArchives nationales AG/5(1)/1447
Ladissolution de l'Assemblée est un droit exclusivement réservé au Président de la République. Cette démarche consiste à annuler le mandat de tous les députés en exercice et de provoquer des élections législatives anticipées. Les élections législatives de voient la très large victoire des gaullistes, regroupés dans le parti renommé pour l'occasionUnion pour la défense de la République. On s'est beaucoup interrogé sur ce retournement de la peur, tant les médias donnaient l'impression que la population penchait pour le mouvement étudiant. Au fond personne à gauche n'avait donné l'impression de maîtriser ce qui se passait et la solution paraissait être provisoirement en dehors du mouvement, dans la stabilité institutionnelle. De plus les gaullistes reçoivent la confiance du pays car la dissolution a engendré une consultation directe du peuple à la suite des événements.
Référendum sur la régionalisation et le rôle du Sénat du 27 avril 1969 et départ du général de Gaulle
Legénéral de Gaulle avait souhaité un référendum en.Georges Pompidou avait plaidé et obtenu la dissolution de l'Assemblée nationale. De Gaulle ne renonce pas à son projet de référendum. Il perçoit que a mis en exergue un besoin de démocratie plus directe et plus proche du peuple. Il imagine de décentraliser certains lieux de décision et de refonder leSénat en changeant profondément ses critères de recrutement. C'est l'objet de ce référendum, qui a lieu le 27 avril 1969. Il met tout son poids politique dans la balance en promettant de partir si les Français répondent « non ». Le non l'emporte avec 52,41 % (80,13 % de votants, 77,94 % de suffrages exprimés). De Gaulle annonce sa démission le 28 avril 1969.
La fin desannées 1970 a été appelée par certains (commeGilles Lipovetsky) « l'ère du vide ». L'élection deFrançois Mitterrand en1981, sur le thème trèsMai 68 de « Changer la vie », apparaît comme une flambée d'espoir ou une crise de panique catastrophique, selon les courants, dans cette évolution politique en France. Mais cette attitude désillusionnée sur la classe politique reprend le dessus et est encore très présente avec une défiance croissante vis-à-vis du militantisme et du personnel politique.
Mai 68 étant largement provoqué par les problèmes liés à la massification de l'enseignement supérieur — en particulier, l'engorgement de l'ancienneUniversité de Paris —, laloi Faure du dissout l'Université de Paris en 13 établissements, numérotés de I à XIII, permettant d'absorber cette hausse d'effectifs. C'est la fin de l'ancienne Université de Paris telle qu'elle avait existé de 1150 à 1970, et la perpétuation du système français d'enseignement supérieur à deux vitesses, entreGrandes Écoles etUniversité.
D'une manière générale, Mai 68 a été une des plus grandes contestations de l'ordre existant. La singularité française est le lien entre la contestation intellectuelle et le monde ouvrier[20].
Mai 68 est une ouverture brutale de la culture française au dialogue social et médiatique, qui s'infiltre dans tous les rouages de la société et de l'intimité familiale, et une étape importante de prise de conscience de lamondialisation de la société moderne (après les guerres « mondiales ») et de la remise en cause du modèle occidental de la « société deconsommation ».
Les événements de marquent une division politique qui a des répercussions dans la société française, par exemple lors de lascission de l'université Lyon-II en 1973. Actuellement, on situe parfois les personnalités politiques selon le « côté » des barricades où elles se situaient. Le qualificatif péjoratif de « gauchiste », créé parLénine en 1920 dansLa Maladie infantile du communisme (le « gauchisme »), entre alors dans le langage courant.
De nouvelles valeurs apparaissent. Elles sont notamment centrées autour de l'autonomie, de l'antiautoritarisme, la primauté de la réalisation personnelle, la créativité, la pluridisciplinarité et la valorisation de l'individu impliquant le refus des règles traditionnelles de la société et la remise en cause de l'autorité. La redéfinition de nouvelles règles se construit autour de l'idée d'autogestion et ducommunautarisme. Le concept d'autogestion est concurrencé par celui decogestion, cher àEdgar Faure dans sa réforme de l'enseignement qui suit et, d'une manière générale, très en vogue dans les organisations politiques inquiètes de cette évolution jugée « anarchique ».
On considère souvent la libération sexuelle comme l'un des grands thèmes de Mai 68. En réalité ce n'est que dans les années suivantes ( à essentiellement) que les débats sur les mœurs prennent place, corrélativement à l'arrivée descontraceptifs modernes. Leféminisme aussi se développe durant ces années, avec son mouvement le plus radical, leMouvement de libération des femmes (MLF), dont la première manifestation publique a lieu en 1970 et qui joue un grand rôle dans l'implosion dumilitantisme traditionnel au profit de thèmes féministes, comme l'autorisation de l'avortement (1975), la remise en cause de la répartition des tâches dans le couple (« Qu'est-ce qui est plus long : faire cuire le steak d'un révolutionnaire ou celui d'un bourgeois ? »), la « naissance sans violence ».
La dénonciation des régimes de l'Est se confirme (publication deL'Archipel du Goulag,Le Cri des pierres). Cette désillusion concernant le communisme, juste après un engagement politique intense — notamment desmaoïstes et de l'extrême gauche, qui apparurent un temps parmi les jeunes comme une alternative plus authentique —, débouchera sur un pessimisme généralisé dans les milieux de gauche, un autodénigrement systématique de tout ce qui a pu exister avant mai 68.
L'influence de Mai 68 est manifeste dans la pédagogie scolaire en France. De disciple, l'élève devient un sujet pouvant intervenir dans la pédagogie dont il est l'objet : c'est lacoéducation. La dimension de la parole libre, du débat, s'accroît. La discipline autoritaire fait place à la participation aux décisions. Les enseignants ont été parfois déstabilisés dans l'idée qu'ils se faisaient de leur métier. On a critiqué ensuite cette évolution jugée souvent trop permissive[réf. nécessaire]. Elle a aussi été à l'origine de la participation des élèves et des parents aux conseils de classe et de la redéfinition des règlements scolaires dans les établissements dès.
Le conflit de la société des montres « Lip », conduit parCharles Piaget du SyndicatCFDT, àBesançon en 1973, est une illustration très médiatisée de cette évolution, avec une expérience de mise en œuvre de l'autogestion de l'entreprise.
Si l'on en croit le magazineL'Expansion, le rythme annuel d'augmentation de la productivité « s'accrut » pendant les trois années qui suivirent Mai 68.
La communauté œcuménique desFrères de Taizé devient l'un des pôles structurants de ce bouleversement. Au début des années 1970, jusqu'à quarante mille jeunes, venus du monde entier, mais beaucoup de France, se rassemblent autour d'eux chaque semaine dePâques dans le petit villagebourguignon deTaizé, qui compte d'ordinaire cinquante habitants. Chacun est invité à participer au « Concile des jeunes ». On crée des « fraternités », dans le monde communiste comme dans le monde occidental ou enAmérique latine, à l'image despremiers chrétiens et auprès des plus pauvres. Ces extraits de textes de Taizé expriment le bouleversement chrétien en écho aux événements de Mai 1968 :« LeChrist ressuscité vient animer une fête au plus intime de l'homme »,« Il va nous donner assez d'imagination et de courage pour devenir signe de contradiction ». Ce « signe de contradiction » deviendra ultérieurement « signe de réconciliation ».
À cette époque s'amplifie également le mouvement desprêtres ouvriers et le mariage des prêtres. Surtout le nombre de pratiquants dans les églises occidentales traditionnelles va suivre une décroissance considérable et traumatisante pour les responsables religieux.
Cette période s'accompagne d’une « révolution du droit » en Occident : les femmes acquièrent le droit à lacontraception, par une loi de 1966 en France[79] puis le droit à l'avortement sept ans après Mai 68[80].
La question de larévolution sexuelle, appelée parfois aussi "libération" a ainsi été évoquée en France dès le début des années 1960 puis en 1966 dans un numéro de la revue Partisans « Sexualité et répression »[81] et un deuxième sur le même thème paraîtra en 1972 avec une section importante à la répression de l’homosexualité.
Durant l'été 1967, l'expressionSummer of Love (en françaisÉté de l'amour) désigne les événements qui se déroulèrent dans le quartier deHaight-Ashbury, àSan Francisco (Californie), où des milliers de jeunes du monde entier se réunirent librement pour écouter de la musique, dans un rassemblement associé au mouvementhippie. L'expressionpeace and love fait alors référence aussi laguerre du Viêt Nam en cours.
Lapertinence de cette section est remise en cause. Considérez son contenu avec précaution.Améliorez-le oudiscutez-en, sachant quela pertinence encyclopédique d'une information se démontre essentiellement par des sources secondaires indépendantes et de qualité qui ont analysé la question.(mars 2023) Motif avancé : quellessources de synthèse de qualité centrées sur ce sujet indiquent que sont recensées dans cette section les principales analyses sur mai 68, qui relèvent actuellement plus ducherry picking ?
Mai 68 a fait l'objet d'un certain nombre d'interprétations. On a pu y voir un grand moment de l'histoire dumouvement ouvrier avec l'une des plus importantes grèves générales. D'autres ont vu dans le mouvement de Mai 68 un mouvement étudiant anti-autoritaire contestant les hiérarchies établies. D'autres encore ont considéré Mai 68 comme un mouvement étudiant et lycéen visant la libéralisation des mœurs, commençant par la mixité dans tous les établissements de l'éducation nationale. Ce mouvement a été alors analysé comme le ferment de l'individualisme post-moderne. Se pose la question de savoir quelle est la nature des événements de Mai 68 et de son héritage en particulier contestataire[82].
Contrairement à ce qui a pu être écrita posteriori, Mai 68 n'est pas le résultat d'une « génération spontanée » : tous les acteurs majeurs du mouvement ont déjà une forte expérience militante, souvent issue de l'opposition à laguerre d'Algérie, de l'émergence dugauchismeanti-stalinien des années 1960 et du mouvement libertaire.
Pour l'historienRené Gallissot, « Mai 68 fut [par ordre décroissant] un mouvementanti-autoritaire, un mouvement a-nationaliste, un mouvement contre-culturel »[83].
Selon le sociologueAlain Touraine« il a fallu […] trente ans pour que le mouvement antiautoritaire, symbolisé parDaniel Cohn-Bendit, soit reconnu comme l'acteur le plus important de Mai 68, alors que, sur le moment et pendant une longue décennie, c'est le révolutionnarisme ouvriériste des trotskistes et desmaos qui aura semblé l'aspect principal du mouvement étudiant et populaire »[84].
Pour l'historienPatrick Rotman« il est impossible de prendre68 comme un bloc homogène en le qualifiant uniformément de monôme étudiant ou de révolution avortée. Dans le mouvement de 68 se mêlent une aspiration démocratique et un vertige messianique, une volontélibertaire et des comportementstotalitaires, une incroyable modernité et un affligeant archaïsme, le besoin d’une générosité collective et l’affirmation d’un individualisme exacerbé… Mai 68 ne peut donc être réduit à une seule dimension, forcément partiale, forcément partielle »[85].
Alain Geismar, une des personnalités marquantes des événements, met l'accent sur l'Université :« Mai 68, je le rappelle, était un mouvement antiautoritaire où les étudiants avaient rejeté le cours magistral traditionnel, lu et répété d'année en année »[86].
L'historienneMichelle Zancarini-Fournel évoque« la fabrication d'unedoxa sur les événements, laquelle passe par les assignations du sens qui leur est immédiatement donné, puis sur l'imposition du point de vue générationnel et d'une interprétation culturaliste et individualiste : 1968 serait une défaite politique, institutionnelle et sociale, mais une victoire culturelle »[87].
Le professeur de sciences politiquesBoris Gobille affirme : « Au moment où il survient, Mai 68 a quelque chose de proprement inouï : non pas tant parce qu'il n'a pas été anticipé et que son ampleur surprend, mais parce qu'il fait entendre publiquement des paroles auparavant refoulées, réduites au silence ou même pas imaginées, et parce qu'il inscrit sur la scène du visible et dans l'arène publique, des acteurs, des sujets, des enjeux et des pratiques qui n'y avaient pas droit de cité jusqu'alors »[88].
Une analysegénérationnelle voit dans Mai 68 le symbole de l'arrivée au pouvoir de la génération desBaby boomers par opposition aux générations précédentes, même si cette analyse peut être nuancée[89],[90],[91],[92],[93].
Le, leCercle du Libre Examen de l'université libre de Bruxelles organise un rassemblement contre ladictature des colonels enGrèce où sont invités à prendre la paroleMélina Mercouri,Vassilis Vassilikos (auteur du livre dont est inspiréZ, le film deCosta-Gavras), l'association Rigas Phereos et l'Association belge pour la défense de la démocratie en Grèce[94]. À l'issue de cette réunion, plusieurs centaines d'étudiants constitués en « assemblée libre » organisent l'occupation de l'auditoire Paul-Émile Janson[95]. Cette occupation durera 47 jours. Cette date marque le début du Mai 68 bruxellois et les politologues parleront d'un « Mouvement du »[96] à l'origine des événements[97]. Ce n'est pas le seul campus à vivre son Mai 68, à l'université de Liège également, les étudiants entrent en contestation.
Les répercussions historiques de Mai 1968 se sont invitées dans la campagne pour l'élection présidentielle française de 2007, lorsque le candidatNicolas Sarkozy affirme que Mai 68 a« préparé le terrain au capitalisme sans scrupule et sans éthique »[98],[99] s'attirant la critique de Daniel Cohn-Bendit[100]. Le débat se poursuit à l'automne suivant, quandHenri Weber l'accuse d'« imputer la responsabilité de tous les maux », jusqu'aux« parachutes en or et retraites chapeaux »[101].
« Il est piquant de constater que cette« libération sexuelle » a parfois été présentée sous la forme d'un rêve communautaire, alors qu'il s'agissait en réalité d'un nouveau palier dans la montée historique de l'individualisme », a dénoncé l'écrivainMichel Houellebecq[102].« À droite comme à gauche, on voit souvent réapparaître la thèse paradoxale que les acteurs de mai 1968 ont joué un rôle clé dans le déploiement du capitalisme à la fin des années 1970, en faisant sauter le dernier verrou qui limitait le plein essor de la marchandisation du monde : celui des valeurs traditionnelles », selon l'universitaireSerge Audier[103]. Dès 1985,Luc Ferry publie, avec Alain Renaut, un livre intituléLa pensée 68, dans lequel il remet brutalement en cause une partie de la production intellectuelle de l'époque[100]. Ce débat reprend lors de l'élection présidentielle française de 2017 lorsqueMaël de Calan, candidat à la présidence de LR, estime que « Sur le plan économique, l’esprit de 68 a favorisé l’essor de la consommation de masse. Il fallait « jouir sans entrave » : une société de consommation et de loisirs allait ainsi définitivement supplanter une société de privation et de travail[104],[99]. »
Quelques slogans soixante-huitards, écrits et peints
Une grande partie de ces affiches réagissent à chaud à l'actualité du jour[105], et collant à une réalité de souffrance, salaires et conditions de travail, selon son animateur permanent le peintrePierre Buraglio[108],[105], dans un climat d'ouvriérisme[107]. Plus de dix mille personnes y sont passées, dont 300 artistes, selon le peintreGérard Fromanger[107].
Les salariés des différents secteurs[107] s'y pressent pour« passer commande »[8],[105],[108] à cet atelier très politisé, où les artistes deviennent des« petits soldats »[105] se mettant« au service des luttes ouvrières »[105], produisant en un mois, en sérigraphie, jour et nuit, 600.000 à un million d'affiches[105], toute placardées sur les murs, dont certaines reproduites à 3 000 exemplaires[8]. Les artistes, parmi lesquels des militants maoïstes, du PCF, desJCR de laFER ou des ex-"Jeune Peinture"[107], créent une« petite école » de sérigraphie[107]. Une exposition pour le cinquantenaire de Mai 68 à l'École des Beaux-Arts en a exposé 415 différentes.
L'affiche de Bernard Rancillac « Nous sommes tous des Juifs et des Allemands » , dessinée le et représentant Daniel Cohn-Bendit après son expulsion en Allemagne, est la seule des 415 qui n'a jamais été affichée dans la rue par les étudiants[109], même après sa reformulation votée par l'assemblée générale des étudiants, qui a décidé le de remplacer le slogan parNous sommes tous « indésirables », selon une déclaration de l'historienChristian Delporte le.
Les initiatives locales fleurissent aussi sur le plan artistique. Dansl'usine Berliet occupée à Vénissieux, en banlieue de Lyon, les lettres du fronton sont inversées pour former le mot liberté[8].
D'autres slogans prennent la forme de graffitis, la plupart sur les murs de Paris parChristian Sebastiani, que son camarade de l'Internationale SituationisteGuy Debord baptisera en 1972 « le poète des murailles »[110], avec des bombes de peinture destinées au combat de rues[111]. Le sociologueJean-Pierre Le Goff explique, trente ans après, le rôle des slogans de Mai 68 :
« La provocation, l'humour et l'insolence viennent briser la monotonie d'un discourstechnocratique. Sur les murs s'affiche une parole provocatrice qui dévoile, par un humour corrosif et surréaliste, l'insignifiance du discours technocratique. […] Les formules toutes faites du discours dominant sont reprises et détournées de leur sens :Construire des milliers de parkings pour que les enfants puissent jouer dans les caniveaux,Ne changeons pas d'employeurs, changeons l'emploi de la vie,Soyez réalistes, demandez l'impossible[112]… »
La grève se diffuse à partir du par capillarité, des grands sites de production industrielle vers les usines plus modestes[8]. Dans les hôpitaux, et aux PTT, les grévistes veillent au traitement des urgences, pour n’autoriser que les appels ou les soins de première nécessité[8]. Le secteur tertiaire (poste, hôpitaux, banques, grands magasins) a cessé de fonctionner à la fin de la première semaine, le[8], ce qui fait remonter le chiffre de 7 millions de grévistes[8].
Plusieurs de ces slogans, considérés comme faisant partie de Mai 68 sont antérieurs au mouvement et leurs auteurs parfois en opposition à ce mouvement.
« Il est interdit d'interdire ! »[128]), une boutade lancée sur RTL par le fantaisisteJean Yanne, puis repris également comme une boutade le parAlain Geismar en réponse à une question d'un journaliste de l'ORTF sur l'éventuelle interdiction d'une manifestation protestant contre l'interdiction de territoire de Daniel Cohn-Bendit et les risques de violences.
Aucune de ces affiches n'est signée, si ce n'est collectivement : « Atelier populaire ». Pas de droit d’auteur individuel, mais une mise en avant du travail collectif au service des travailleurs en lutte. « Travailler sur sa petite idée personnelle, même juste, c’est rester dans le cadre étroit de la conception bourgeoise », précise un tract adressé aux « camarades créateurs »[136]. En l'absence d'auteurs connus, ces affiches sont entrées dans ledomaine public[réf. nécessaire].
En mai et, l’intersyndicale de laBibliothèque nationale de France (BnF) prend part aux mouvements. Dans le même temps, une centaine d’agents volontaires font preuve d’ingéniosité et s’activent pour collecter tracts, affiches, banderoles, qui forment aujourd’hui un témoignage unique du mouvement de Mai 68[137]. En1982, elles sont réunies, en partie, par la BnF en un ouvrage à l’occasion de l’exposition « Les affiches de mai 68 ou l'Imagination graphique » (consultableen ligne) ; en2008, la BnF organise une nouvelle exposition d'affiches et de photographies « Esprit(s) de Mai 68 -Prenez vos désirs pour des réalités »[138].
Les évènements de Mai 68 ont donné lieu à une importance productions decaricatures contre le pouvoir en place mais aussi le système politique traditionnel occidental[139].
La révolution etLa Faute à Nanterre deÉvariste, 1968[141]
La vie s'écoule, la vie s'enfuit, paroles deRaoul Vaneigem, musique de Francis Lemonnier, enregistrée par Jacques Marchais en 1972[142],René Binamé en 2008,Gilles Servat en 2013, Fanchon Daemers en 2020,Renaud en 2022, etc[143].
Les Anarchistes,L'Été 68,Madame la misère,Comme une fille de Léo Ferré (albumL'Été 68, 1969)[144]
Paris, je ne t'aime plus, de Léo Ferré (albumAmour Anarchie, 1970)
La Violence et l'Ennui, de Léo Ferré (texte dit sur scène en 1970 et 1971, publié en 1971 dans la revue anarchisteLa Rue et enregistré dans l'albumLa Violence et l'Ennui, 1980)
Fais que ton rêve soit plus long que la nuit, deVangelis (albumPoème symphonique, 1972, Europa Sonor)
En, 124 livres sont déjà répertoriés sur le sujet dans les catalogues de la Bibliothèque nationale de France (BnF).
Daniel,Gabriel Cohn-Bendit,Le Gauchisme remède à la maladie sénile du communisme, Paris, Seuil, 1968.
Pierre Peuchmaurd,Plus vivants que jamais, Paris, Robert Laffont, 1968 ; rééd. sous le titrePlus vivants que jamais. Journal des barricades, préface de Joël Gayraud, Paris,Libertalia, 2018.
Julien Besançon,« Les murs ont la parole », journal mural, Mai 68, Tchou éditeur, 1968.
Alain Delale et Gilles Ragache,La France de 68, éditions du Seuil, 1978.
Henri Mendras,Voyage au pays de l’utopie rustique, Avignon, Éditions Actes/Sud, coll. « espace-temps », 1979.
Tonka (Hubert),MAI C'EST TROP TARD MEME QUAND L'AIR SOUFFLE MEME QUAND LE FEU CREPITE MEME QUAND LA TERRE FERMENTE MEME QUAND L'EAU COULE MEME QUAND JE SONGE. Paris, éditions Utopie, 1979.
Florence Samson,1968-2008, l'héritage amer d'une génération, L'Harmattan, 2007(ISBN978-2-296-03290-3).
Sébastien Layerle, « À l’épreuve de l’événement – Cinéma et pratiques militantes en Mai 68 », dansChristian Biet,Olivier Neveux,Une histoire du spectacle militant – Théâtre et cinéma militants 1966-1981, Montpellier, L'Entretemps, 2007.
Olivier Neveux,Théâtres en lutte – Le théâtre militant en France des années 1960 à aujourd'hui, Paris,La Découverte, 2007.
Benjamin Lambert,Petit livre noir (et rouge) de : essai rétrospectif avant l'effacement des mémoires, Librécrit, 2007.
Caroline Apostolopoulos, Geneviève Dreyfus-Armand, Irène Paillard,Les années 68, un monde en mouvement – Nouveaux regards sur une histoire plurielle (1962-1981), Syllepse, 2008.
Robert Gildea, « La génération française de 1968 : points de vue personnel et politique », dansL’Amuse-Bouche : La revue française de Yale. The French-Language Journal at Yale University. 1(1), 39-48, 2010.
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Christian Delporte, Denis Maréchal, Caroline Moine et Isabelle Veyrat-Masson (dir.),Images et sons de Mai 68, 1968-2008, Nouveau Monde éditions, 2014,extraits en ligne.
Éric Brun,Les situationnistes. Une avant-garde totale (1950-1972), Paris, CNRS Éditions, coll. « Culture & Société », 2014,(ISBN978-2-271-07511-6),extraits en ligne.
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↑Le premier lycée mixte (à partir de la classe de seconde) a été ouvert àRambouillet en 1960 sous le nom évocateur de « Lycée mixte d'État de Rambouillet » (aujourd'hui Lycée Louis‐Bascan[9]).
↑Cette version est celle affirmée par le général Massu dans ses mémoires[45].
↑Malraux qualifie plus tard ces évènements de « crise de civilisation », indiquant ainsi leur gravité.
↑Pierre Baylot, 23 ans, tué par balle le matin du 11 juin à l'usine Peugeot de Sochaux[51].
↑Henri Blanchet, 49 ans, tombé d'un mur le matin du 11 juin à l'usine Peugeot de Sochaux[52]
↑Il revient cependant clandestinement donner une conférence de presse unique en France, ayant teint ses cheveux pour être moins identifiable, et proposé un « appel du 18joint » qui reste sans suite.
↑Mazuy Rachel, Le Cornu Daniel, « Chronologie des événements à Nanterre en 1967-1968 »,Matériaux pour l'histoire de notre temps,no 11-13, 1988, p. 133-135[lire en ligne].
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↑ab etc"L'imagination au pouvoir, une interview de Daniel Cohn-Bendit par Jean-Paul Sartre (1968)[6]
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↑FilmDe Gaulle, le géant aux pieds d'argile,Arte, 13 août 2013.
↑Pour les débats parlementaires, l'échec de la motion de censure et la position des différentes forces politiques en présence, voir« Mai 68 en débats »,Parlement(s), Cairn,no 9,(résumé).
↑abcd eteSonya Faure et Cécile Daumas, « Le roman 68 : sous les clichés, les faits »,Libération, 19 janvier 2018,[lire en ligne].
↑Le psychiatre françaisRoland Coutanceau dans son ouvrageLes violences psychologiques : Comprendre pour agir (Dunod, 2014) donne sans plus de précision le chiffre de 7 morts,page 206.
↑« Le nombre de morts en 1968 est aujourd'hui le plus souvent nié, passé sous silence ou épisodiquement hypertrophié (voir « Les 19 morts de 1968 », chiffre avancé par Alain Delale et Gilles Ragache,La France de 68. « Soyons réaliste demandons l'impossible », Paris, Seuil, 1978, p. 230. Le chiffre probable est de 7 morts toutes survenues après le 24 mai. » –Michelle Zancarini-Fournel,Le Moment 68. Une histoire contestée, Le Seuil, 2008,page 42, note 129.
↑Collectif de la GrandeCôte.,Lyon en luttes dans les années 68 : lieux et trajectoires de la contestation, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 381 p.(ISBN978-2-7297-0931-0 et2729709312,OCLC1023035592).
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↑« Ce 13 mai donc, nous nous préparions à recevoir Mélina Mercouri, invitée par le cercle du Libre Examen »,Willy Decourty (préf. Philippe Vincke),Bruxelles, le 13 mai 1968, Luc Pire, Bruxelles, 2008,[lire en ligne].
↑« À l'issue de ce meeting, l'occupation du Janson s'organise, rassemblant plusieurs centaines de personnes qui forment aussitôt une « assemblée libre », structure dont il sera beaucoup question par la suite, tandis qu'un mouvement du 13 mai […] », Serge Govaert,Mai 68. C'était au temps où Bruxelles contestait., De Boeck, coll. Pol-His, 2001, page 59,[lire en ligne].
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↑Pierre HENRY, « Comment un peintre convoque dans son tableau quelque chose de plus que la peinture »,La Voix du Nord,(lire en ligne) :
« Petit à petit, l'univers pictural devient vraiment une scène bruyante et parodique. Le tableau lui même fait éclater ses dimensions. C'est l'année 68. Le peintre réalise un triptyque intituléLiberté ? égalité ? fraternité ? où se devinent des scènes d'émeutes et de répression policière. »
↑Andrea DelLungo et EstelleMouton-Rovira, « L'imaginaire de Mai 68 dans la littérature contemporaine »,Publif@rum,no 34,(lire en ligne, consulté le)
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↑Sonya Faure, Cécile Daumas, « 68, c’est de la joie et aussi la peur de ne pas être à la hauteur »,Libération, 19 janvier 2018,[lire en ligne].
↑Eric Aeschimann, « Violences policières, individualisme, étudiants… Et si on arrêtait avec les clichés sur Mai-68 ? »,L'Obs, 7 janvier 2018,[lire en ligne].
↑Entretien réalisé par Lucie Fougeron, « Face aux déformations de Mai 68, l’histoire restitue le vif de l’événement »,L'Humanité, 7 janvier, 2018,[lire en ligne].