Mahomet représenté sur une illustrationottomane datant duXVIIe siècle, issue de la copie d'un manuscritikhanide duXIVe siècle duKitāb al-Āthār al-bāqiyah (Trace des siècles passés) du savantAl-Biruni, lequel fut rédigé au début duXIe siècle.
L'islam et l'importance de laculture islamique ont influencé différentescivilisations, faisant de Mahomet une figure de premier plan de l'histoire. Néanmoins, sonhistoricité est débattue par certains historiens modernes, qui invoquent la rareté des sources historiques et les biais des sources religieuses traditionnelles, rendant toute biographie historique impossible. En outre, les informations présentes dans ces sources ont évolué au cours du temps, présentant des visions différentes de la figure de Mahomet.
Approche historique
La figure traditionnelle de Mahomet et le récit de sa vie transmis par les traditions religieuses ont commencé à être réinterrogés à partir duXXe siècle moyennant laméthode historico-critique qui met en lumière plusieurs « zones grises » dans la biographie de Mahomet[1]. À l'inverse, selonMichel Orcel,« pour l’islam officiel, il n’est pas question de douter de ces sources, authentifiées aux yeux du croyant par la tradition orale et la moralité des transmetteurs »[2].
En 2019, le constat de l'absence de certitudes sur la vie de Mahomet pouvait encore être fait : comme le souligne Stephen Shoemaker,« nos chances d'en savoir plus sur la figure historique de Muhammad avec un quelconque degré de fiabilité demeurent […] très faibles »[3]. Les sources islamiques écrites sont bien postérieures aux faits relatés et aucune description de la vie de Mahomet, excepté celles du Coran, qui ne donne que très peu d'information biographique, ne date du premier siècle de l'islam. En contradiction avec certaines traditions musulmanes, il existe un consensus, relève Shoemaker, sur l'absence de transmission écrite, autre que le Coran, avant leXIe siècle. Avec d'autres chercheurs, il considère latradition orale comme« rarement fiable au-delà d'une ou deux générations », d'autant plus dans le cas de changements sociaux, politiques et religieux importants[3].
Les recherches d'Ignaz Goldziher permirent de remettre en cause cette confiance et d'interroger la fiabilité des sources musulmanes. Shoemaker constate que depuis ces auteurs, il est « largement admis dans les études occidentales sur les origines de l'islam que quasiment rien de ce qui est rapporté par les sources musulmanes anciennes ne peut être considéré comme authentique et que la plupart des éléments au sujet de Muhammad et de ses Compagnons contenus dans ces récits doivent être considérés avec beaucoup de méfiance »[4]. Bien que cette idée soit largement acceptée en Occident, plusieurs auteurs, commeWilliam Watt, ont continué à utiliser les données traditionnelles dans le cadre de biographies. Laméthodologie de telles biographies, même récentes, est généralement critiquée[4].
La vie de Mahomet est fixée à partir de trois principaux ensembles de sources musulmanes : leCoran, lessîra et leshadiths. Pour les historiens modernes, une approche historique doit inclure aussi des sources non musulmanes, par exemple laDoctrina Jacobi[2].
Le Coran
Le Coran est le plus ancien document qui mentionne Mahomet, mais il est d'une « pertinence très limitée » pour cette recherche car il se veut an-historique[5] et n'apporte donc que peu d'éléments biographiques et contextuels concernant Mahomet[6],[7],[8]. Ce dernier n'y est cité que quatre fois alors qu'un personnage commeʿĪsā (Jésus) l'est une douzaine de fois, accompagné de titres plus prestigieux que ceux attribués à Mahomet, tels que« Messie » ou« Esprit de Dieu » (sourates 4 et 91)[9]. Bien que les mentions spécifiques de Mahomet soient rares dans ce texte sacré, lesthéologiens musulmans lisent dans certains versets des références à sa vie[10].
L'orientaliste Jacques Langhade relève toutefois que Mahomet est omniprésent dans le Coran, du fait qu'il y est maintes fois interpellé. C'est en particulier le cas des injonctions qu'il reçoit de prendre la parole: on retrouve trois cent trente-deux fois l'impératif« qul ! »,« dis ! »[Note 2]. D'autre part, si l'on considère lessourates 1 à 70, qui représentent plus des neuf dixièmes du Coran,« il n'y a que la sourate 55 (Le Miséricordieux) où il ne se trouve aucun verset renvoyant explicitement ou implicitement à Muḥammad »[11]. PourGuillaume Dye, selon uneapproche diachronique, cette formule est un« ajout relevant du travail éditorial et rédactionnel des scribes »[12].
SelonMichael Cook, si l'on ne s'appuyait que sur le Coran,« on pourrait déduire que le protagoniste du Coran est Muhammad, qu'il a vécu en Arabie occidentale et qu'il en voulait amèrement à ses contemporains qui récusaient ses prétentions à la prophétie. Mais on ne pourrait pas dire que le sanctuaire se trouvait à La Mecque, ni que Muhammad lui-même venait de là, et on ne pourrait que supposer qu'il s'était établi àYathrib »[13]. Dye considère Cook comme un optimiste puisque, par exemple, rien ne prouve que le locuteur anonyme de certains passages coraniques soit Mahomet[14].
Ainsi, pour Langhade,« tout ce qui précède [à savoir les mentions explicites de Mahomet dans le Coran] ne nous dit rien de précis sur l'homme Muḥammad, mais ne nous le présente que dans ses fonctions au service de la révélation, de la Parole divine »[15]. Pour les historiens tenants de la recherche historico-critique — « à contre-courant des récits traditionnels sur les origines de l'islam » —, cette méthode appliquée au Coran permettrait de mieux comprendre, non pas la vie, mais au moins la source de l'enseignement de Muhammad, même s'il faut prendre en compte les altérations, additions et fluctuations jusqu'au règne d'Abd al-Malik[5]. Pour Mohammed Hocine Benkheira,« ce qui est étrange, c’est que parfois les tenants de l’hypercriticisme méprisent la tradition, qui n’est que forgeries à leurs yeux, mais ont de l’estime pour le Coran. Pourtant ce dernier souffre souvent des mêmes handicaps du point de vue historiographique »[16].
La précision de ces biographies (sîra) — mais aussi deshadiths — est pour Olivier Hanne« d'autant plus suspecte que leur mise à l'écrit fut tardive (VIIIe et IXe siècles) »[1]. La vie de Mahomet y est reconstituée d'après la tradition orale mise par écrit 140 ans après sa mort grâce aux témoignages indirects de ceux qui avaient connu sespremiers compagnons ;« c'est dire combien l'imagination a pu travailler pendant ce laps de temps », explique l'historienMaxime Rodinson[19]. Les plus anciennes traces écrites, surpapyrus, de ces vies proviennent de la région de lamer Morte. Il est probable que leurs auteurs, qui ne sont pas arabes ou qui sont desconvertis, ont subi l'influence de leur propre culture. Cela pourrait expliquer les traits christiques de Mahomet ou les réminiscences bibliques du récit[1]. Pour Olivier Hanne,« les références auchristianisme de langue syriaque et arabe sont frappantes dans […] laSira et lesHadiths »[1].
Les biographes musulmans de Mahomet ont ainsi créé des récits qui s'appuient sur des autorités de sources ou des« chaînes de transmission » (isnâd), arguments considérés comme« notoirement douteux » par la plupart des historiens modernes. Lesisnads et leshadiths qu'ils veulent légitimer sont considérés par eux comme des éléments« massivement forgés dans l'islam des premiers temps ainsi que dans l'islam médiéval »[20]. Ainsi, selon eux, les« traditions biographiques et autres hadiths ne sont donc pas des sources d'informations fiables sur les débuts de l'islam ». I. Goldziher[Qui ?] avait avancé des preuves comme quoi même les plus anciennes sources correspondaient davantage à la pensée des musulmans duVIIIe siècle qu'à une approche historique[20].
Des biographies de Mahomet auraient déjà été écrites par des descendants de sescompagnons. La première biographie aurait été celle d'Urwah ibn al-Zubayr (mort en 713), petit-fils d'Abu Bakr, fils d'Asmaa bint Abu Bakr et deZubayr ibn al-Awwam, deuxcompagnons de Mahomet. Il aurait rédigé cette biographie en se basant sur les témoignages de plusieurs autres compagnons. Son ouvrage, aujourd'hui disparu, aurait inspiré les biographes tels queTabari,Al-Waqidi etIbn Ishaq[21].
Ainsi, comme le souligne Shoemaker, les chercheurs sont face à un dilemme : soit ils acceptent le cœur des traditions musulmanes, soit ils le refusent, ne disposant alors plus de sources d'informations suffisantes[17].
Des enseignements de Mahomet, ainsi que certains de ses faits et gestes, ou ses attitudes lors de telle ou telle bataille, auraient été mis par écrit très tôt. Néanmoins, plusieurs chercheurs — un des premiers étant I. Goldziher — ont démontré que certainshadiths sont composés d'éléments plus récents qui lui ont été attribués postérieurement[22]. Ainsi, les hadiths, bien qu'ils transmettent des informations sur les deux premiers siècles de l'islam, ne constituent pas une source historique suffisamment fiable pour étudier la vie de Mahomet[22].
Pour l'islamologueMichel Orcel,« pour sérieux qu’ils puissent paraître, ces critères [de fiabilité des hadiths déterminés par les penseurs musulmans] sont insuffisants au regard de la science occidentale puisqu’ils ne concernent pas la vraisemblance des faits et des témoins, mais essentiellement la liaison de la chaîne de transmission, la fiabilité morale et la mémoire des transmetteurs, et la non-contradiction avec des transmetteurs jugés plus solides »[2]. Aujourd'hui, prévaut chez les islamologues occidentaux une vision très critique des hadiths dont certains, selon eux, ont été forgés pour des raisons politiques ou religieuses[2]. Pour Orcel,« si l’on écarte les innombrables hadiths visiblement forgés et tout ce qui relève de la pure hagiographie, on en vient peu à peu à cerner le noyau d’une très possible réalité historique », même s'il reconnaît que ce critère est assez subjectif et changeant[2].
Quelques chercheurs ont essayé de mener unecritique historique de ces récits à travers celle de la chaîne de transmission. Ces recherches sont complexes, lesisnad ayant fait l'objet de nombreuses modifications, inventions et forgeries. C'est en particulier le cas lorsque lesisnad contiennent des transmetteurs anciens. C'est une manière d'assurer une légitimitéa posteriori à cestraditions, une « illusion de l'ancienneté ». Ainsi, les traces de traditions anciennes sont « très probablement artificielles et mythifiées »[17]. Ces recherches cherchent donc le premier chaînon historique des traditions. Cette méthode a permis de dater des traditions duIIe siècle de l'islam ou de la fin duIer siècle. C'est le cas, par exemple, de traditions concernant une accusation d'adultère contreAisha qui date d'avant l'obtention du statut particulier qu'elle a dans l'islamsunnite[17].
Sil'existence historique de Mahomet fait globalement consensus, le degré d'authenticité historique de ses biographies est discuté par les historiens etexégètes contemporains : certains comme les historiens Mathieu Tillier etThierry Bianquis considèrent que les sources traditionnelles musulmanes sont trop contradictoires pour être réconciliées dans une biographie satisfaisante ; d'autres vont jusqu'à les rejeter au profit de sources non musulmanes plus anciennes[18]. Cette représentation conditionne les élaborations doctrinales qui se développent notamment au sein desmadhahib, les écoles juridiques[18]. Pour Olivier Hanne,« Pour les spécialistes, la biographie de Mahomet est impossible. Non que le personnage n’ait pas existé, mais qu’aucun des documents qui en retracent le parcours ne répond aux exigences de l’histoire »[1].
Codex arabicus, palimpseste avec une couche inférieure (datée vers 500) en syriaque encore un peu visible et une couche supérieure (datée vers 900) en arabe, Sainte Catherine du Sinaï.
Selon les termes d'Harald Motzki(en), traduisant la difficulté à atteindre l'historicité du fondateur de l'islam[25] sous la forme d'une biographie classique,« d'un côté, il n'est pas possible d'écrire une biographie historique du Prophète sans être accusé de faire un usage non critique des sources ; tandis que, d'un autre côté, lorsqu'on fait un usage critique des sources, il est simplement impossible d'écrire une telle biographie »[26]. Parmi d'autres biographes,Alfred-Louis de Prémare cite ces propos afin de souligner la difficulté à laquelle sont confrontés les historiens qui tentent d'établir la biographie de Mahomet : il existe à son sujet peu de sources fiables du point de vue de l'historien, ce qui fait, selon lui, que« toute biographie du prophète de l'islam n'a de valeur que celle d'un roman que l'on espère historique »[27].
La biographie traditionnelle doit être, pour de nombreux chercheurs, nuancée. En effet, de nombreux éléments sont en contradiction avec certaines recherches actuelles.La Mecque n'est mentionnée dans aucun document avant les textes islamiques, ce qui, ajouté à l'absence de tracesarchéologiques, conduit certains critiques à douter de son existence à cette époque[28][réf. incomplète]. Pour d'autres, l'islam porte davantage des influences du Nord de l'Arabie[29],[30]. De même, le Coran décrit le milieu de Mahomet comme étant principalementpolythéiste.
Une meilleure connaissance du contexte historique permet de mettre en lumière l'importance dujudaïsme et duchristianisme, en particuliersyriaque, lors de la mise en place de l'islam[1]. PourClaude Gilliot,« Faire naître l’islam dans un milieu païen, plutôt qu’en contact étroit avec le monothéisme (et dans un cadre polémique inter-monothéiste) devait contribuer à renforcer l’idée de l’origine « purement divine » de la nouvelle révélation »[31].
L'évolution qui aboutit à lasîra (biographie sacrée du prophète) s'est faite sur un certain nombre de critères qui ne sont pas seulement littéraires, mais aussidoctrinaux etidéologiques. PourUri Rubin, la vie deMoïse décrite dans laBible hébraïque et qui se découpe en trois parties de quarante ans (valeurs mythiques, le nombre 120 étant symbole de perfection) aurait servi de modèle à la vie de Mahomet (vocation à 40 ans pour Mahomet, à 80 ans pour Moïse, durée de vie de 60 ans pour Mahomet, le double pour Moïse, toutes ces valeurs étant symboliques)[34]. De même,« les ouvrages islamiques, pour une large part, bâtirent cette biographie [de Mahomet] en vue d’expliquer différents passages du Coran »[30].
Mahomet est une figure historique qui prend forme et acquiert ses caractéristiques actuelles entre lesVIIe et XIe siècles. Sa vie, transmise par lasîra et leshadiths, est canonisée entre leIXe et le XIe siècle par des biographes[35],[36] dont certains ont reconstruit des chaînes de transmission fictives. La fiabilité de ces sources est donc réinterrogée par les historiens[37]. Ces vies de Mahomet présentent une vision tardive de cette figure et participent donc à la mise en place d'une figure de prophète de l'islam qui s'inscrit dans la continuité des prophètes plus anciens, commeMoïse[38] ouJésus[39].
La recherche sur lesorigines de l'islam s'est penchée sur la question de l'apparition du nom de « Mahomet ». DansL'Islam en débats[40], Françoise Micheau précise qu'« Il faut attendre la fin duVIIe siècle pour trouver le nom deMuhammed ». Au début duXXIe siècle, des fouilles enArabie saoudite[Note 14] ont mis au jour desgraffitis islamiques — probablement contemporains de la révélation coranique — gravés sur des « murs du pardon », dans des sites de typesanctuaires oratoires ou sur des objetsépigraphiques porteurs deprofessions de foi et de demandes de pardon ne mentionnant pas le nom de Mahomet. PourFrédéric Imbert, la plus ancienne mention de Mahomet enArabie, dans un graffiti daté, remonte à692-693. Si les premiers graffitis, d'origine essentiellement religieuse, proposent la première partie de laprofession de foi islamique (« Il n'est de dieu que Dieu »), elle ignore cependant la seconde partie qui mentionneMahomet qui apparaît « beaucoup plus tardivement »[41].A contrario, la mention d'un proche de Mahomet selon la tradition,Omar ibn al-Khattâb, figure dans cette série de graffitis, associée à des dates plus anciennes mais sans titre particulier bien que la tradition en fasse uncalife[41].
Les plus anciennes données matérielles qui mentionnent« Muḥammad » remontent à une cinquantaine d'années après la mort de Mahomet[42] : en685 (an 66 de l'hégire) sur unedrachmearabo-sassanide, en 691 (71AH) sur une pierre tombale égyptienne et en 692 (72 AH) sur une inscription figurant sur ledôme du Rocher de Jérusalem[43]. SelonVolker Popp, en comparaison d'autres pièces similaires portant ces lettres et des représentations chrétiennes, le termeMhmd de la pièce de monnaie arabo-sassanide ne désigne pas Mahomet mais se traduit par« le béni », terme utilisé pour désigner Jésus[44]. Cette thèse est reprise parKarl-Heinz Ohlig[45],[Note 15]. De même, certaines inscriptions du dôme du Rocher seraient issues de la phrasebiblique : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur », le béni signifiant Jésus[46].
L'extrême rareté de ces mentions pose question : certains chercheurs ont adopté une démarche derévisionnisme historique remettant largement en cause la vision historiographique classique, telsYehuda Nevo qui parle d'un islam pré-muhammadien[42]. Pour cetarchéologue et historien israélien, qui exploite des centaines degraffitis duNéguev, le nom de Mahomet apparaît tardivement lorsque les autorités décidèrent à la fin duVIIe siècle de« créer un prophète arabe pour asseoir leur pouvoir »[47]. Cette thèse trouve deux recensions du même auteur,Mehdi Azaiez, dont l'une très critique[48] et l'autre plus descriptive[49].Frédéric Imbert, qui exploite les mêmes sources, est plus réservé sur cette question ; il considère que cette apparition tardive témoigne d'une évolution dans l'expression de la foi[50]. Le nom de Mahomet commence à être utilisé seulement à partir ducalifatomeyyade deMarwānIer (qui débute en 65 de l'hégire) et ne sera vraiment intégré que peu à peu[42].
Dans une interview intitulée « Mahomet, le prophète posthume », l'historienneJacqueline Chabbi explique cette mise en place ainsi :« Parmi lesconvertis, dans les villes, la masse de la population veut un modèle pratique. La tradition prophétique s’invente à ce moment-là, à travers ce qu’on appelle leshadiths, c’est-à-dire les paroles et les actes prêtés au prophète sur lesquels on veut calquer sa conduite. Mais c’est une figure complètement reconstruite »[51]. Pour Olivier Hanne,« Les quatorze siècles de l’islam ont construit autour de lui une doctrine cohérente que l’historien perce difficilement »[1] ; la vie de Mahomet racontée par les traditions est donc« une image idéalisée du Prophète à travers le regard des musulmans desVIIIe – Xe siècles »[1].
C'est ainsi, par exemple, que se met en place la doctrine de « l’impeccabilité de Mahomet et desprophètes », absente des premières générations de musulmans et contraire, pour ceux-ci, à la formule coranique disant que Mahomet est un « homme comme les autres ». Les écrits plus anciens associent à certains prophètes des « fautes graves ». Cette doctrine est énoncée, pour la première fois clairement, parIbn Hanbal (855)[52]. Cette notion aurait été importée dans l'islam par le biais de l'islamchiite, à partir de l'influence des croyances orientales et a connu dans la penséesunnite des évolutions et une mise en place longue[53].
La définition de ce dogme pour l'islam sunnite se construit en réaction à la doctrine de l'impeccabilité appliquée par les chiites auximams et, probablement aussi, par comparaison avec le statut de Jésus chez les chrétiens. Cette mise en place a impliqué de« négliger les textes litigieux » et de s'estimer« libre dans l'interprétation ». Hormis certaines positions modernes, c'est l'avis d'Ibn Taymiyya (1328) qui est, aujourd'hui, le plus suivi[52].
Avant de commencer le récit de la biographie de Mahomet par ces mots « Selon latradition », l'ouvrageLes Débuts du monde musulman,VIIe – Xe siècle (Presses universitaires de France) propose cette introduction deThierry Bianquis et Mathieu Tillier[54] :
« Pour tout ce qui concerne l'ascendance et la jeunesse de Mohammed, on ne peut que s'en tenir à la tradition, faute de données historiques probantes »[57]. La tradition musulmane calcule la date de naissance de Mahomet à partir de la date de sa mort[57],[Note 16],[Note 17]. Selon les sources, l'année pourrait être569,570 ou571[57]. Pour des traditions, il serait né un lundi soir, le 12 ou le 13 du mois deRabiʿ al-awwal[Note 18], troisième mois lunaire ducalendrier arabe[Note 19],[58].
Tombe attribuée traditionnellement àAmina bint Wahb, mère de Mahomet. Détruite en 1998 par l'État Saoudien.
La date de570 est fondée sur la datation traditionnelle de la campagne militaire d'Abraha, général chrétien éthiopien et vice-roi duYémen, contreLa Mecque[57]. L'année de naissance de Mahomet est appelée par l'islam « l'année de l’éléphant », en référence à cette attaque de La Mecque avec l'aide d'un ou plusieurs éléphants. Le développement de l'étude des inscriptions permet actuellement de dater une expédition d'Abraha vers l'Arabie en 553 et non vers 570.« La chronologie des événements, telle que l'ont établie les historiens du Yémen préislamique, ne permet donc pas de maintenir l'interprétation des commentateurs musulmans traditionnels »[59]. Selon l'historien britanniqueBernard Lewis, cet événement s'est produit en l'an 507 après Jésus-Christ[60]. SelonChristian J. Robin, une expédition de l'armée d'Abraha vers l'Arabie centrale peut être « raisonnablement assurée » en 552, soit environ 20 ans avant la date donnée par la tradition musulmane[61]. Le règne d'Abraha est situé entre 535 et 565[62].
La mort de son père Abdullâh survient probablement avant l'émigration de Mahomet à Yathrib (qui prendra plus tard le nom deMédine)[57]. Son nom, qui était totalement inconnu à l'époque, lui est donné à la suite d'un songe de sa mère[65]. Amina accoucha à La Mecque dans la maison de son oncle paternelAbû Tâlib, du clan desBanû Hâchim et frère d'Abdullâh. Son accoucheuse fut ach-Chifâʾ, la mère d'ʿAbd ar-Rahmân ibn ʿAwf[66][source insuffisante].
La naissance de Mahomet, représentée dans une peinture duSiyar-i Nabi, Istanbul, vers 1595.
Se trouvant dans une situation précaire[6], sa mère Amina le confie à une nourrice, d'abord à Thuwaybah, servante d'Abu Lahab, un autre de ses oncles, puis àHalimah bint Abi Dhuayb as-Saʿdiyyah[Note 20] (de la tribu des Saʿdites, Banû Saʿd), et dont le mari était Harith, fils d'Abd al-ʿOuzza, fils de Rifa. Tous deux faisaient partie du clan desBanû Saʿd(en) et étaient pauvres[67]. À cette époque, la coutume des familles nobles deQuraych voulait que les enfants soient élevés à la campagne[68]. Celle-ci emporte le nourrisson dans le désert où son mari vit avec la tribu des Saʿdites à l'écart du reste de la population. La vie dans le désert, au milieu desBédouins réputés pour la pureté de leur langue, était censée prodiguer aux enfants santé et force d'expression[réf. nécessaire].
Latradition islamique raconte qu'alors que Mahomet et l'un de ses frères de lait avaient la garde de quelques bêtes à proximité des habitations, Halîma et son mari Abû Kabchah (surnom donné à son mari) furent alertés par leur fils de lait[Note 21] qu'il aurait vu deux hommes vêtus de blanc coucher Mahomet sur le sol et lui ouvrir la poitrine[Note 22]. Accourant sur les lieux, Halîma et son mari trouvèrent Mahomet debout mais tout pâle. Il leur aurait donné la même version que celle du fils de lait. Les deux hommes vêtus de blanc auraient été deuxanges, envoyés pour purifier le cœur de l'enfant, destiné à êtreprophète de l'islam, et pour apposer lesceau de laprophétie entre ses épaules[Note 23],[69].
Craignant pour la santé de l'enfant, Halîma se serait empressée de rendre l'enfant à sa mèreAmina mais celle-ci meurt trois ans plus tard[70]. Mahomet n'a alors que six ans. Son grand-père paternelʿAbd al-Muttalib le prend alors dans sa maison. Deux ans après, sur son lit de mort, ʿAbd al-Muttalib chargeAbû Tâlib, l'aîné de ses enfants, de prendre soin de Mahomet. Il l'élève comme ses propres enfants[Note 24],[71].
Jeunesse et vie adulte
Alors que Mahomet a douze ans,Abû Talib décide de tenter sa chance dans le commercecaravanier avec laSyrie et Mahomet, son neveu, insiste pour l'accompagner. La tradition veut que, lors d'un voyage, unmoine reconnaisse sur lui le signe de la vocation prophétique[72]. Des historiens se sont à« juste titre étonnés qu'il n'en ait pas gardé plus de souvenirs et que ses allusions au christianisme soient si éloignées de ce qu'il aurait pu voir ou comprendre de cette religion. Cela conduit même à penser que l'hypothèse des voyages en Syrie est assez douteuse »[71].
ÀLa Mecque, d'après les deux biographies (Sîra) d'Ibn Hichâm et d'Ibn Kathir, Mahomet se serait distingué des gens de son âge. Une tradition, avec ses exagérations selon l'historienMaxime Rodinson,« en fait dès cette époque un modèle de perfection physique, intellectuelle et morale »[73] : il aurait été fort, judicieux dans ses propos, énergique dans ses expressions, fidèle à ses amis et plus encore à ses promesses. Il aurait évité avec un soin extrême tout ce qui peut faire soupçonner en lui quelque goût pour le vice[73].
Vers590, lesQuraychites ayant déclaré la guerre (connue sous le nom d'al-Fijâr[Note 25] —l'impie) aux tribus de Kénan et deHawazan[Note 26], ils marchèrent contre elles commandés parAbu Talib. Mahomet, âgé de vingt ans (ou de quatorze ans[74]) se serait distingué par son intrépidité. Les deux tribus ont été battues et dispersées[réf. nécessaire].
Quelque temps plus tard, les fondations de laKaaba sont gravement touchées par des pluies torrentielles[Note 27]. Menaçant de s'effondrer, le sanctuaire doit être démoli et reconstruit par les Quraychites. Quand il s'agit d'y reloger laPierre noire, unemétéorite qui serait vénérée par lesArabes depuis le temps d'Abraham, les tribus ne s'accordent pas sur le choix de celui qui aura l'honneur de replacer lapierre sacrée. Elles conviennent qu'il reviendra au premier qui se présentera le lendemain à la porte du temple. Selon cette tradition, ce fut Mahomet. Pour ménager les susceptibilités, il aurait enlevé sa cape et y aurait placé la pierre noire, qu'il aurait fait élever ensuite par deuxArabes de chaque tribu, et la prenant alors, il l'aurait relogée lui-même sous le regard approbateur des habitants de La Mecque, enchantés par la noblesse de cette action qui visait à démêler l'orgueil qui en avait été le motif[75][source insuffisante]. Quelques mois après laguerre du Fijar, un marchand yéméniteest dérobé de ses biens[style à revoir] par Al-As ibn Wa'il al-Sahmi. À l'instigation de l'oncle de Mahomet,Al-Zubayr ibn Abd al-Muttalib, une coalition de plusieurs clans est formée, leHilf al-Fudul, visant à défendre les étrangers et les personnes sans protection clanique. Mahomet y participe et reconnaîtra son utilité et sa justesse par la suite.
Il entre au service d'une riche veuve du nom deKhadîja qui lui confie ses affaires et qui l'épouse bientôt. Selon la tradition musulmane, cela le met à l’abri des soucis matériels et lui confère une certaine reconnaissance sociale à La Mecque mais il est raisonnable de penser que Mahomet, orphelin qui a contracté un mariage inégalitaire, a dû subir une certainestigmatisation sociale, les individus isolés n'ayant à cette époque d'autre recours que la voie de l'affiliation à l'un des clans dominants[76]. De cette union, il a plusieurs enfants dont seules survivent quatre filles :Zaynab,Oumm Koulthoum,Fâtima etRuqayya[72].
Son mariage et sa participation auHilf al-Fudul sont les derniers événements historiques connus avant leprêche de l'islam. Il a alors 20 ans. Les vingt années suivantes de sa vie sont peu documentées et l'on ignore les influences extérieures qui ont pu s'exercer sur lui durant cette période. Robinson suggère de s'intéresser à ses proches au tout début de la révélation pour avoir une meilleure idée de sa personne. Il semble qu'il ait continué à participer à descaravanes pourKhadija, et la tradition présente lors de ces voyages plusieurs rencontres avec desmoines etascètes chrétiens ; cependant, leur insistance sur desprophéties annonçant Mahomet comme prophète à venir donne à ces histoires un aspect légendaire. D'aprèsLeone Caetani, il est peu riche au début de la révélation, car il ne pourra racheter qu'un seulesclave lors des persécutions[6],[19],[77].
La tradition musulmane affirme que c'est en juillet ou[79], la« Nuit du destin » (Laylat al-Qadr) que, pour la première fois, l'archangeGabriel (Jibril) lui est apparu dans lagrotte de Hira où Mahomet avait coutume de se recueillir et a commencé à lui transmettre la révélation, la parole de Dieu.
Mahomet, qui a alors 40 ans, commence à transmettre desversets qu'il déclare être révélés parAllah et dictés enarabe par Gabriel[71] ; cette dictée aurait duré vingt-trois ans.Selon le dogme musulman, c'est là l'origine duCoran, que Mahomet aurait pris soin d'enseigner oralement dès le début[réf. nécessaire].
La caverne de Hira, l'endroit où Mahomet aurait reçu le premier verset du Coran.
Mahomet, craignant avoir perdu la raison, ne s'ouvre de son expérience qu'auprès de son épouse, qui l'engage à accomplir son destin prophétique, puis auprès d'un petit cercle comprenant son cousin 'Alî et son affranchi et fils adoptifZayd[72],[80]. Selon l'historien musulman médiévalTabari, Khadija, aurait été la première àse convertir à l'islam etWaraqa, son cousin, serait donc la deuxième. Il aurait été le premier homme à suivre Mahomet ; il savait que certainsJuifs et certainsjudéo-chrétiens attendaient la naissance d'unprophète et de deuxmessies[81],[82]. Après sa femme Khadija et Waraqa, les premiers convertis à l'islam seraient par ordre chronologique :Abou-Bakr ; puisZayd ibn Harithah (esclave de Khadija et donné à Mahomet pour l'affranchir et même le considérer comme son fils),Bilal ibn Rabah (esclave de Omayyah Ibn Khalaf qui l'atorturé pour s'être converti à l'islam puis racheté par le plus riche des compagnons de Mahomet, Abou Bakr, pour être affranchi). Par la suite, plusieurs se convertiront à l'islam[83].
Au départ, lescompagnons de Mahomet (sahaba / sahaba) auraient été au nombre de trente-sept qui gardaient secret leur confession[84]. Bien que ses contemporains acceptaient difficilement d'abandonner leurs croyances et leurs pratiques ancestrales[Note 28] et voyaient d'un mauvais œil lemonothéisme prêché par Mahomet ainsi que ses attaques contre les divinités traditionnelles[6], il réussit à s'entourer en trois ans d'une petite cinquantaine de disciples qui croyaient en sa mission. Ils étaient une centaine au bout de cinq ans. Protégé par sa femme et son oncle, Mahomet dérange les autorités établies car ses croyances risquent de saper la prospérité économique de la cité, liée aux foires et auxpèlerinages, tandis que le rejet des cultes ancestraux risque de fragiliser le statut social des grandes familles[85].
La mort en619 de son oncleAbû Ṭâlib et de sa femme Khadija lui fait perdre tous ses appuis. Il est exclu du clan par le nouveau chef, son oncleAbû Lahab, ce qui signifie que n'importe qui peut le tuer sans avoir à payer le prix du sang[86]. Il est contraint de chercher des soutiens hors d'une ville qui le rejette, non sans avoir converti quelques notables commeAbû Bakr et'Umar[87]. Mahomet cherche vainement à toucher la population de la ville voisine deTâ'if, avant de trouver un accord avec la ville plus septentrionale deYathrib où, en621, plusieurs de ses disciples se sont déjà installés[86]. Selon lasunna, les habitants lui demandent de trancher un conflit entre les deux tribus principales. Le succès de cettemédiation gagne à sa cause une partie des habitants de la ville qui reconnaissent son autorité, renoncent auxidoles et lui promettent lors d'unerencontre à Aqaba de l'accueillir et de le protéger[85]. De retour à La Mecque, le chef du petit clan desBanu Nawfal(en), Mut'im ibn 'Âdî, finit par lui accorder une« protection temporaire »[88].
La croissance du groupe inquiète les Mecquois, et les persécutions contre Mahomet[89] et les siens se font de plus en plus vives après la mort deKhadija et d'Abû Tâlib. Une première vague d'émigration emmène une partie des musulmans enÉthiopie où ils vivent quelque temps sous la protection dunégus. Olivier Hanne remarque que cette émigration est placée sous la direction d'unascète. Pour l'auteur, il pourrait s'agir d'une manière pour Mahomet d'exiler un groupe plusintégriste[1].
Mahomet profite de la saison dupèlerinage, qui voyait affluer vers La Mecque les Arabes de toutes les régions de la péninsule d'Arabie, pour prêcher le message de l'islam. Il conclut un pacte avec un groupe de Médinois qui acceptent son message. L'année suivante, la communauté musulmane médinoise est plus nombreuse.70 hommes se rendent enpèlerinage à La Mecque pour prêter allégeance à Mahomet et lui proposer leur protection s'il s'installait àMédine[90],[85]. L'ordre est donné aux musulmans mecquois d'émigrer (hégire) àYathrib (future Médine) en622[91], an 0 ducalendrier musulman. Cette date fait l'objet d'un consensus parmi les musulmans.« Une tradition, appuyée sur une interprétation incertaine d’un verset du Coran, fixe d’autre part à quarante ans l’âge de Mahomet quand il commença sa prédication. »[92]. Bannis de leur cité[93], Mahomet etAbû Bakr sont les derniers à partir ; selon la tradition musulmane, il s'agit du, date que retiendra plus tard 'Umar pour marquer le début ducalendrier musulman[85].
SelonRené Marchand, Mahomet et ses disciples, privés de ressources, montent en secret plusieurs expéditions qui échouent contre les caravanes faisant lecabotage entre lesoasis, jusqu'à l'attaque en de la grande caravane à Badr, connue sous le nom debataille de Badr où ils sont vainqueurs[94]. Lebutin est considérable et fait de lui l'homme le plus riche et le plus puissant de Médine[86].
De nombreuxmiracles sont attribués à Mahomet par le Coran ou leshadiths. Ainsi, lorsque les gens de La Mecque auraient demandé à Mahomet de faire un miracle,la lune se serait scindée en deux sous les yeux des Mecquois[Note 29]. Pour Hanne, ce miracle est une réinterprétation duVIIIe – Xe siècles d'un verset coranique[Note 30] qui était originellement une annonce duJugement Dernier[1]. De même, la pluie serait tombée par l'invocation de Mahomet à plusieurs reprises[Note 31]. Un épisode célèbre relate le tissage d'unetoile d'araignée et l'installation d'un nid de pigeons devant l'entrée de la caverne dans laquelle Mahomet et ses compagnons s'étaient cachés des troupes mecquoises[réf. nécessaire].
Là, Mahomet se mue en chef unificateur d'unÉtat théocratiquemonothéiste qui dépasse les divisionstribales traditionnelles, commençant par former une communauté unique entre lesMuhâjirûn — les « Émigrants » mecquois — et lesAnsâr — les « Auxiliaires » [du Prophète] convertis de Médine[6]. Cette communauté supra-tribale réunie sous l'autorité de Mahomet se concrétise à travers un ensemble de documents, connu sous le nom de« Constitution de Médine » (en faithuit documents rédigés à des dates différentes), qui précise les droits et devoirs des différents groupes médinois,musulmans,juifs etpolythéistes. Cette nouvelle communauté de nature religieuse — l’Oumma — est ouverte à chacun par laconversion, indépendamment de son origine tribale ou ethnique. L'Oumma initiale devait ainsi probablement inclure les troistribus juives médinoises qui devaient participer à la défense de la ville[95].
Quelques Juifs, par conviction, reconnaissant en Mahomet le prophète tant attendu à l'instar durabbin `Abdullah ibn Salam de la tribu desBanu Qaynuqa[96], ou paropportunisme, embrassent l'islam[97],[98]. Si Mahomet semble avoir voulu gagner la reconnaissance, voire l'adhésion destribus juives de Yathrib par l'adoption ou l'adaptation de certaines de leurs pratiques —jeûne,prière de midi, institution de l'Achoura, à l'imitation duYom Kippour… —, les réticences de ces dernières poussent Mahomet à prendre ses distances avec lejudaïsme[6]. La rupture se marque, selon la tradition, vers 623, à la suite d'une vision de Mahomet qui invite les fidèles à ne plus prier versJérusalem mais désormais tournés vers La Mecque (changement deQibla), marquant l'« arabisation » de l'islam. Le sanctuaire mecquois dont la fondation est attribuée àAbraham devient le centre spirituel de la nouvelle religion[95] tandis que leCoran s'affirme comme la seule révélation authentique, le judaïsme et le christianisme n’ayant su, selon lui, conserver l'intégrité des Écritures[99].
L'arrivée de Mahomet à la Mecque - miniature persane duXVIe siècle.
PourRené Marchand, cette prise en main de la communauté médinoise se traduit par une discipline sévère, des rituels (prières,ramadan) que tous les membres doivent respecter. Deux poètes qui se sont moqués de ses partisans sont assassinés[86]. Ceux qui ne s'accordent pas avec les projets de Mahomet se retrouvent écartés et l'opposition interne à Médine, qui inquiète Mahomet, est matée : deuxtribus juives sont chassées de la ville en624 puis625 et la troisième est décimée en[100].
Après labataille de Badr, Mahomet définit une véritabledoctrine de la guerre, dudjihad. Il fixe notamment les règles pour la répartition du butin[86]. Le mois de jeûne,Ramadan, est par la suite fixé au mois anniversaire où aurait commencé la révélation du Coran ou, selon une autre version, pour commémorer labataille de Badr[réf. nécessaire].
Mahomet à la bataille de Badr,Siyer-i Nebi,XIVe siècle.
Mahomet aurait participé à de nombreuses batailles après l'Hégire[101]. SelonHichem Djaït, l'un des motifs essentiels du combat de Mahomet contre lesQuraychites étaient qu'ils fermaient l'accès de laville sainte aux musulmans[102]. Une des autres raisons avancées par l'historien est que pour faire triompher l'islam du vivant de Mahomet, il fallait user de la forceguerrière, seule option valable pour réformer etconvertir les Arabes qui ne comprenaient que lesrapports de force à l'époque[103]. En effet, laviolence y était extrêmement forte à l'époque de l'Arabie préislamique étant donné qu’il n’y avait pas d’organisation étatique, à l’exception duYémen[104]. Par ailleurs, seuls lesMuhajirun (en émigrant à Médine, ils avaient perdu tous leurs biens à la Mecque) participaient aux expéditions contre les caravanes avant Badr[105]. Pour Asma Hilali, les batailles de Mahomet s'inscrivent dans la continuité desrazzias préislamiques, expéditions menées pour piller les adversaires pour« des raisons matérielles ou d'autorité tribale » avant de prendre une tournure religieuse[106].
Les Mecquois prennent leur revanche lors de labataille de Uhud, en l'an 625. Supportant mal la mainmise des musulmans sur Médine, certains notables juifs, à l'instar de Salam ibn Abi Al-Haqiq, auraient profité de cette défaite pour se rendre à la Mecque et inciter les Mecquois à revenir à la charge. Afin d'en finir avec la menace que constituait à leurs yeux ce nouvel état, les Mecquois forment une coalition regroupant plusieurs tribus arabes dontGatafan,Banu Sulaym,Banu Asad,Fazarah etAshja.
En l'an 627, lors de labataille de la Tranchée, une armée de dix mille soldats marche sur Médine ; les défenseurs se retranchent derrière un fossé creusé sur la proposition du compagnon de Mahomet, le PersanSalman Al-Farisi. La ville ne doit son salut qu'à ce fossé creusé pour en défendre une partie non protégée, ouvrage qui donneson nom à l'épisode[99]. Lesiège de la ville s'installe dans la durée. Quelques escarmouches opposent les deux parties. Selon la tradition, la diplomatie mecquoise a tenté secrètement et a réussi àsoudoyer la tribu juive desBanu Qurayza qui avait la charge d'une partie du front. Mahomet envoie quatre émissaires aux Banu Qurayza pour s'assurer de la réalité de leur soutien, mais les émissaires sont mal reçus et constatent la défection des Banu Qurayza. Exténués par le siège et les intempéries, les coalisés décident de lever le siège laissant les Banu Qurayza à leur sort. Après un siège de 25 jours, ces derniers sont soumis au jugement de leur allié de jadis,Sa'd ibn Mu'adh : Mahomet fait exécuter devant la population convoquée tous les mâles (entre 600 et 900 individus) de la tribu juive, leurs biens confisqués et leurs femmes et enfants sont vendus commeesclaves[86]. PourHichem Djaït, ce nombre serait d'une centaine (estimation du nombre total des combattants pour 500 à 600 habitants au total) et non 600 à 900 tués. Par ailleurs, seuls les noms des chefs sont cités. Concernant les exécutants, non seulement laSîra se contredit mais certaines traditions rapportent que seulsAli etZubayr exécutèrent les condamnés, ce qui est peu vraisemblable[107]. L'opposition desmunâfiqun —« hypocrites » —, les convertis qui marquent une certaine distance critique avec Mahomet, est elle aussi momentanément jugulée[99]. Ce dernier peut alors se consacrer à la préparation de son retour à La Mecque[réf. nécessaire].
En 628, Mahomet part enpèlerinage à La Mecque à la tête d'un convoi de 1 400 pèlerins et multiplie les signes de ses intentions pacifiques. Les Mecquois leur refusent l'accès au sanctuaire, mais concluent avec les musulmans la trêve dite d'Al-Hudaybiyya. Cetteislamisation du ritepaïen garantit la perpétuation des pèlerinages et leurs retombées économiques à La Mecque, levant les préventions des élites mecquoises desQuraych, dont plusieurs notables commeKhâlid ibn al-Walîd ou‘Amr ibn al-‘As se rallient à Mahomet[108]. Prévue pour durer dix ans, elle permit dans les deux premières années de plus que doubler le nombre demusulmans[109].
En l'an630 (8 de l'hégire), la trêve est rompue lorsqu’une tribu alliée de La Mecque agresse une tribu alliée de Médine. Mahomet marche secrètement sur La Mecque à la tête de dix mille soldats. Aux portes de la ville, il garantit la sécurité de toute personne non combattante et déclare uneamnistie générale. La Mecque se rend alors sans opposition. La plupart des habitantsse convertissent à l'islam et laKaaba, débarrassée de sesidoles, conserve sa place éminente dans laculture arabe en voie d'islamisation[108].
Mahomet a accompli trois fois lerituel du pèlerinage. Deux fois avant sa fuite et une fois lorsqu'il était à Médine. Le dernier pèlerinage s'appelleHadjetou el Wadâ (« le pèlerinage de l'adieu » ou« de la perfection »). Mahomet a fait quatre fois la visite de l'Accomplissement[pas clair][101].
Établi à Médine, Mahomet poursuit l'élaboration de sonréseau d'influence : plusieurs expéditions assurent la domination au nord de lapéninsule, notamment àKhaybar, dans l'actuelleArabie saoudite, une riche cité juive. Il assure la« protection » des habitants exigeant de leur part unetaxe au profit des musulmans. Ainsi naît notamment ladjizîa, l'impôt annuel collecté sur les hommes pubères non musulmans (dhimmis)[86]. Les autres villes juives d'Arabie tombent rapidement et sont soumises au même statut[86]. Mahomet, qui domine alors une bonne partie de l'Arabie, semble s'engager dans des relations diplomatiques avec les souverains des empires voisins de l'Arabie mais également dans des entreprises à viséesexpansionnistes, ainsi que paraît en attester une expédition avortée contre laSyrie byzantine[110]. La raison donnée pour cette expédition était le meurtre d'un émissaire de Mahomet par lesGhassanides[111].
À partir de l'hégire, il aura fallu neuf ans pour que de nombreuses tribus se rallient à Mahomet (sans pour autant toutes se convertir)[71].Mahomet ordonne l'arrêt desrazzias entre tribus arabes déclarant lors de sonSermon d'Adieu, seul grand pèlerinage qu'il fit, en l'an632 :« Le musulman est intégralement sacré pour le musulman, son sang est sacré, ses biens sont sacrés, son honneur est sacré ».L'unification de lapéninsule arabe sous la bannière de l'islam n'est pas de nature à laisser ses puissants voisins indifférents.
Mahomet décide donc d'envoyer ses ambassadeurs enÉgypte, enPerse et àByzance, entre autres destinations, pour transmettre son message[réf. nécessaire].
Selon la tradition transmise par les historiens musulmans, Mahomet aurait envoyé huit ambassadeurs vers huit rois ou gouverneurs, pour les appeler à l'islam[112]. Cette tradition est aujourd'hui remise en cause par des chercheurs[113]. Il s'agirait du gouverneur desCoptes enÉgypte, Muqawqas[Note 32], du gouverneur deSyrie, Harith, du prince d’Oman, Djafar ben Djolonda, du prince duYémen, Haudsa, du gouverneur deBahreïn, Al Ala ben al Hadhrami, duNégus ou roi d'Abyssinie[Note 33], de l'empereur byzantin,Héraclius, duroi de Perse,KhosroII. La lettre de Mahomet remise par les ambassadeurs aurait contenu :« Au nom d'Allah clément et miséricordieux. Dis : Ô humain, je suis l'apôtre d'Allah, envoyé vers vous tous, de celui qui possède les cieux et la terre. Il n'y a pas de dieu en dehors de Lui, qui donne la vie et fait mourir […] »[Note 34]. La lettre finissait par« Salut à celui qui suit la droite voie. Mets-toi à l’abri du châtiment de Dieu si tu ne le fais pas, eh bien, moi je t'ai fait parvenir ce message ! »[112].
À la fin de sa vie, Mahomet connaît une période d’abattement psychologique à la suite, en partie, de plusieurs défaites, detentatives d’assassinat et de la mort de son fils[114]. Après avoir réorganisé l'administration et assis l'influence de l'islam à La Mecque, il retourne àMédine, où il meurt après une courte maladie le âgé de soixante-trois ans selon la tradition musulmane[115]. D'autres traditions parlent du[116]. Selon une traditionchiite, il serait mort pendant qu'il respirait une pomme donnée parAzraël, l'ange de la mort, sur le modèle deslégendes juives liées à la mort deMoïse[117]. Selon la tradition musulmane, il est enterré à Médine dans samaison-mosquée qui devient un lieu depèlerinage où sont aussi enterrés ses deux successeursAbû Bakr et'Umar ibn al-Khattâb[110].
Les recherches menées parHela Ouardi mettent en lumière la multiplicité des traditions musulmanes liées à la mort de Mahomet. Selon certaines, il serait mort d'une courte maladie, peut-être unepleurésie, pour d'autres, il serait mortempoisonné par une juive deKhaybar[115]. Néanmoins, elle explique que« son histoire a été « écrite » pour les besoins d'unelégitimation du pouvoir » et certaines sources permettent de supposer une mort dans la région deGaza après 634[115]. Son corps aurait alors été abandonné trois jours montrant ainsi le refus de sa mort — certains croyant une fin du monde imminente — et pour des raisons politiques, afin de permettre la prise du pouvoir parAbû Bakr[115].
Avec la prise deKhaybar en628, le prophète Mahomet était devenu l'homme le plus riche duHedjaz[118] et pourtant à sa mort, il ne laissa rien comme héritage[Note 35] ; il ne possédait au moment de sa mort qu’unetunique, unpagne de tissu grossier[Note 36] et avait gagé sonarmure contre ungallon d’orge chez un Juif[Note 37][réf. nécessaire]. Il ne donna aucune instruction concernant sa succession[119] et selon certaines sourcessunnites etchiites, il en aurait été volontairement empêché entre autres par Abû Bakr et 'Umar[114],[115]. Selon la tradition chiite, il aurait, avant de mourir, désignéAli comme héritier etpremier calife[117]. Par la suite, ses disciples continueront de se transmettre oralement et sous forme d'écrits lessourates, avant qu'elles ne soient rassemblées définitivement, selon la tradition, en un seul livre, leCoran, par le troisième califeUthman moins de vingt ans après la disparition de Mahomet[120].
Au départ de la péninsule arabique et en moins d'un siècle, l'action politique de Mahomet conjuguée à la mission prophétique dont il s'est senti investi va affecter une grande partie du monde connu, de l'Atlantique aux confins de l'Asie, et modifier durablement les équilibres religieux, culturels et politiques de l'humanité[121].
Lafamille de Mahomet possède un statut particulier pour lesmusulmans et en particulier pour leschiites[122]. Ce respect possède des origines coraniques puisque leCoran ordonne, à plusieurs reprises, la justice ou la bonté envers ceux qu'unissent les liens du sang. (Coran 16.90 ; 17.26…). Déjà, les familles desprophètes bibliques tiennent une place importante, généralement de protecteurs ou d'héritiers spirituels, dans les récits coraniques. Selon Amir-Moezzi,« Cette place éminente accordée aux proches parents des prophètes antérieurs à l'islam ne pouvait rester sans parallèle avec la famille proche de Mahomet. Pourtant, contrairement aux autres prophètes les références à la famille du Prophète restent allusives, vagues, parfois même ambiguës »[122]. Les commentateurs utilisent lasourate 3,al-Imran (v.61) pour distinguer certains membres de la famille (en particulier sa filleFatima, son gendreAli et les deux fils d'Ali). Lasourate 33,al-Ahzab, présente la pureté de la famille de Mahomet, nommée« famille de la demeure », expression qui évoque laBeth David,maison de David, ou laSainte Famille chrétienne. Toutefois, certains chercheurs (Wilfred Madelung,Tilman Nagel…) pensent que cette expression coranique ne désigne pas la famille de Mahomet[122].
De nombreux récits se sont développés sur la famille de Mahomet. PourGuillaume Dye, « Il me semble à peu près impossible de retrouver la réalité historique derrière tous ces récits, mais l’idée traditionnelle selon laquelle le Prophète aurait eu sept enfants (unchiffre qui n’est pas anodin dans la culture biblique) ne paraît pas être une information historique. » Par exemple, pour l'auteur, Maria laCopte/Maria al-Qibtiyya est une fiction littéraire[123].
Khadija est la première femme de Mahomet. Riche veuve possédant un commerce, elle épouse Mahomet, alors son employé. Ils ont sept enfants. Elle est connue par la tradition comme étant la première à croire aux révélations faites à Mahomet. Elle meurt trois ans avant l'Hégire[125]. Peu de temps après la mort de Khadija (619), Mahomet épouseSawda bint Zama (555-644) déjà âgée de65 ans et donc de quinze ans son aînée.[réf. nécessaire]
Mahomet et sa femme Aïcha libérant la fille d'un chef de tribu,Siyer-i Nebi.XIVe siècle.
Pratique conforme aux normes et aux valeurs de l'Arabie de l'époque[126],[Note 39], âgé de 53 ans, il épouse la jeuneAïcha (605/610-678) fille d'Abu Bakr. L'âge d'Aïcha lors de sonmariage est depuis plusieurs années sujet à débat. Ainsi le consensus traditionnel indiquant l'âge du mariage d'Aïcha à 6 ans[127] suivi de sa consommation à 9 ans[Note 40] est aujourd'hui controversé pour des raisons d'incohérences chronologiques multiples, sachant qu'auxVIe et VIIe siècles, les habitants de la péninsule arabique n'avaient pas l'usage d'uncalendrier qui pût fournir des dates clairement référencées[128],[129].Il existait cependant uncalendrier luni-solaire qui comportait desmois lunaires synchronisés avec lecycle solaire par l'intercalation d'un treizième mois, nomménasīʾ[130], ledifféré. Plusieurshadiths, considérés authentiques par nombre d'oulémas et rapporté tant parMuslim que parBoukhari[Note 41] appuient la thèse d'un mariage à 6 ans.D’après Sunan an-Nasa'i 3378, Aïsha déclara elle-même que« Le messager d’Allah m’épousa alors que j’avais 6 ans, et consomma le mariage quand j’en eu 9, et je jouais alors avec des poupées[Note 42] »[131]. L'historienMaxime Rodinson fait partie de ceux qui émettent une certaine réserve au sujet de ces hadiths[132].
Le mariage avecZaynab bint Jahsh est particulièrement évoqué par le texte coranique, épouse divorcée du fils adoptif de Mahomet, soit sa bru. Une révélation coranique permet à Mahomet d'acter la séparation avec son époux puis de l'épouser. À la suite de cet épisode, le droit lié auxadoptions évolue et les adoptés doivent porter le nom de leur père naturel. Pour les commentateurs, cela permet de souligner que des fils adoptifs ne sont pas des« vrais fils »[125].
À la fin de sa vie, Mahomet aurait eu neuf femmes[Note 43]. Selon leCoran[Note 44],[Note 45], ce statut spécial de Mahomet lui autorisant d'avoir plus de quatre épouses lui aurait été révélé par l'archange Gabriel :« Ô prophète ! il t'est permis d'épouser les femmes que tu auras dotées, lescaptives que Dieu a fait tomber entre tes mains, les filles de tes oncles et de tes tantes maternels et paternels qui ont pris la fuite avec toi, et toute femme fidèle qui aura donné son âme au prophète, si le prophète veut l'épouser. C'est une prérogative que nous t'accordons sur les autres croyants ».« Nous connaissons les lois du mariage que nous avons établies pour les croyants. Ne crains point de te rendre coupable en usant de tes droits. Dieu est indulgent et miséricordieux. » (sourate al Ahzab, versets 49-51).
La plupart de ses unions avaient un caractère politique et accompagnaient le ralliement de tel notable ou tel clan[133]. AuMoyen Âge, lapolygamie est fréquente en Arabie, Mahomet la limite à quatre épouses[Note 46][réf. nécessaire]. À partAycha, toutes les autres épouses de Mahomet étaient veuves, pour certaines plusieurs fois. Les mariages sont tous liés à un intérêtdiplomatique comme le veut la tradition arabe de l'époque. Chaque mariage établissait un lien de sympathie avec la tribu de la mariée[134],[75][réf. nécessaire].
Après la mort de Mahomet, de nombreux musulmans se réclament de sa descendance. Cette appartenance possède une importante dimension politique. LesOmeyyades prirent le titre de « famille de la demeure ». Lesabbassides se rattachèrent à Mahomet par son oncle, en contradiction avec lesexégèses anciennes[122].
Calligraphie chiite symbolisant Ali comme le« Tigre d'Allah ».
LesAlides, devenus plus tard leschiites, insistèrent sur le lien entre Mahomet et son gendreAli. Constatant la prolixité du Coran sur les familles des prophètes, ils considéraient qu'il était impossible que le Coran n'évoque pas davantage lafamille de Mahomet. Sur ce constat repose l'accusation defalsification portée par les chiites contre la version officielle du Coran. Les sources chiites anciennes contiennent de nombreuses citations de ce Coran chiite et absentes de la version officielle. Elles évoquent Ali, Fatima et la famille de Mahomet[122].
Des spécialistes de disciplines variées se sont penchés sur lapsychologie de Mahomet. Deux éléments sont souvent retenus pour la caractériser. Des sources indiquent qu'il aurait étéorphelin à six ans[135]. Par ailleurs, à25 ans il épouseKhadidja sans avoir d’autre femme. Ce n'est que deux ans après la mort de Khadidja qu’il se remarie, cette fois en ayant plusieurs épouses.
L’historienMaxime Rodinson écrit que « Mahomet donne l'impression d'un homme sage, équilibré »[136]. Il constate que malgré cela, Mahomet a un tempéramentinquiet,nerveux, causé selon lui par son incapacité à obtenir une descendance mâle, source d’infamie à l'époque. Cette inquiétude est peut-être nourrie aussi par sa grande ambition. Il interprète l’épisode où, à 6 ans, Mahomet a, selon la tradition, le cœur ouvert par des anges, comme le signe d'une constitutionpathologique qu’il rapproche despoètes arabes préislamiques, leskohânn, qui pouvaient avoir des visions et expliquaient les songes. Maxime Rodinson rapproche la figure de Mahomet de celle des grandsmystiques.
Malek Bennabi réfute la thèse de laschizophrénie[137]. Il compare le prophétisme de Mahomet à celui deJonas ou deJérémie, à l’aide de laphénoménologie. La description des moments où Mahomet recevait unerévélation a amené de nombreux commentateurs à évoquer l’épilepsie. Cependant, Bennabi affirme que toutes les caractéristiques de l’épilepsie ne se retrouvent pas, et que par ailleurs, Mahomet conservait l’usage de sa mémoire, ce qui va à l’encontre de ce diagnostic.
Mahomet porte le nomarabeمُحَمَّد (Muḥammad), que l'on peut traduire par « digne de louanges »[Note 47]. Il n'est que très peu nommé dans le Coran[138]. Son nomمحمد[139] (Muhammad) ne compte que quatreoccurrences dans le corpus coranique[138],[140] [3:144,33:40,47:2 et48:29], uniquement dans des passages ditsmédinois[39]. Il serait désigné une cinquième fois sous le nomأحمد[141] (Aḥmad)[138],[140] [61:6]. Toutefois, initialement compris comme un adjectif, Ahmad interprété comme nom propre n’apparaît qu'auIIe siècle de l'hégire[142].
PourClaude Gilliot,« Le nom de Muhammad était très rare avant l'islam. On pourrait même être tenté de douter de son existence ». L'auteur remarque et voit dans la volonté d'auteurs musulmans anciens d'en trouver des occurrences « presque désespérément », qui se limitent selon eux à quatre ou sept, un argument pour dire queMuhammad n'était pas le nom originel de Mahomet[143]. Le temps passant, les auteurs musulmans en ont rajouté (quatorze pourShams al-Dīn al-Saḫāwī -XVe siècle). Pour certains,Allah aurait empêché de donner ce nom pour le réserver à Mahomet[39]. S'appuyant sur ces listes, Buhl et Welche, à l'inverse, considèrent que le nom existait avant Mahomet et queMuhammad doit être son vrai nom[144].
Selon l'islamologueHichem Djaït,« les sources de l'islam, elles, ont occulté le premier nom du Prophète ». À partir de sources anciennes — ce nom apparaît chez Ibn Saad duIXe siècle[45] —, l'auteur suppose que le nom original de Mahomet est « Qutham ». Selon la coutume en vigueur, il porte le nom de « Qathem Ibn Al-Mutalib », son oncle décédé. L'apparition et le changement du nom enMuhammad,« le loué » seraient liés à laprédication[146]. Le nomMuhammad est un nom qui lui aurait été donné plus tardivement à la suite de la vision en rêve d'un ange[45].Gilliot remarque qu'al-Qutam fait partie des listes de noms[39]. Le verbe a plusieurs significations : « rassembler des biens et des richesses », ou « quelqu'un à salir avec de la terre et du fumier »[39].
Autres noms et titres de Mahomet
Muḥammad en calligraphie arabe sur le mur d'une mosquée d'Edirne enTurquie.
Il est surnommé encoreAbou l-Qâsim, soit « père deQasim » (correspond toujours au fils aîné comme le veut la tradition arabe)[réf. nécessaire] et avec le lignage complet « Abû Ibrâhîm Muhammad ibn `Abd Allâh ibn `Abd al-Mouttalib ibn Hâshim » (أَبُو القَاسِم مُحَمَّد بنِ عَبد الله بنِ عَبدِ المُطَّلِب بن هاشم), soit « père d'Ibrahim Muhammad, fils de`Abdallah, fils de`Abd al-Mouttalib, fils deHachim »[147]. Selon certaines traditions, Mahomet aurait été appelé pendant sa jeunesseAmin, forme masculine du nom de sa mère[125].
Dans sapériode mecquoise, le Coran qualifie Mahomet de contribule (ṣâḥibukum) des siens, c'est-à-dire appartenant à la même tribu que ses proches[148]. Puis, en période mecquoise tardive et enpériode médinoise, ainsi que dans leshadiths, de « messager de Dieu » (rasoul) (الرَّسول). Il est également désigné par l'expression (Nabi) (النَّبيّ,an-nabīy, traduit « leProphète »). Ces deux appellations renvoient à une distinction faite en islam entre deux catégories de personnes investies d'une mission divine : d'une part les « messagers de Dieu » ou « envoyés de Dieu » — au nombre de trois cent treize — qui ont reçu la révélation de lois abrogeant les lois des messagers précédents, avec l'ordre de le transmettre aux hommes ; d'autre part les « prophètes » — au nombre de cent vingt-quatre mille — qui ont reçu une révélation par les mêmes voies et l'ordre de transmettre aux hommes un message du messager précédent[149], le premier d'entre eux étantAdam et le dernier, Mahomet, l'un comme l'autre étant considérés comme des prophètes-messagers[150][réf. nécessaire].
Lorsque lesmusulmans pieux prononcent ou écrivent le nom de Mahomet, ils emploient la formearabe et ajoutent généralement l'eulogie « prière et paix sur lui »[151] qui peut se dire de plusieurs façons dont les deux principales sont « ṣalloullāhou `alayhi wa sallam » (صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ) ou bien « `alayhi salātou wa salām » (عليه الصلاة والسلام). Pour chacun des autres prophètes cités dans leCoran ou encore lorsqu'ils parlent des anges, ils prononcent « sur lui la paix », « `alayhi salām » (عليه السلام). Cette formule porte le nom deTasliya[152].
Le nom propre « Mahomet » dans la langue française
Oorspronck, geslacht, opvoedinge en leere van Mahomet. Oock hoe verre en breet hy sijn rijck onder de Turcken verbreydet heeft, (« Origine, famille, éducation et enseignements de Mahomet. Et aussi à quel point il a étendu son empire parmi les Turcs ») par Broer Jansz (Amsterdam, 1640)
« Mahomet » est lenom proprefrançais qui désigne habituellement le fondateur de l'islam. Il est aussi utilisé pour désigner certains personnages historiques de l'islam comme les ancienscalifes, mais jamais pour les personnes ordinaires ou contemporaines[Note 48]. Cette forme, qui est attestée depuis leXIIIe siècle, est assez éloignée des prononciations musulmanes actuelles, par exemple de l'arabe (محمد, mʊˈħæmmædÉcouterⓘ). Vestige médiéval, elle résulte d'une transcription incorrecte mais consacrée par l'usage et les dictionnaires de langue française[153]. Le nom du prophète de l'islam est connu depuis leVIIIe siècle dans le monderomanophone, au fil des contacts générés par l'expansion musulmane[154].
Portrait de Mahomet provenant de l'ouvrage d'Alexander RossA View of all Religions in the World, (1683). On peut lire le nomMAHOMATUS en médaillon.
La graphie « Machumet »[156],[157] apparaît dans la traduction duCoran faite enlatin à la demande de l'abbé de ClunyPierre le Vénérable en1142[Note 49]. Ce dernier, contempteur des ennemis duchristianisme[Note 50], présente Mahomet comme une créature satanique à mi-chemin entreArius et l'Antéchrist[158] mais fait montre de respect envers les musulmans[Note 51]. Cette traduction latine servira pendant des siècles de matrice à toutes les autres en langue européenne[159][réf. incomplète].Elle est publiée en 1543 puis 1550 àBâle par lephilologueprotestantTheodor Bibliander[160], constituant le premier volume de son fameux « Machumetis Saracenorum principis, ejusque successorum vitae et doctrina, ipseque Alcoran »[Note 52], ouvrage à connotation polémique[Note 53] qui rencontre un grand succès[Note 54] et sert à la première version française considérablement révisée parAndré du Ryer, publiée en 1647[161] sous le titreL'Alcoran de Mahomet[Note 55].Plusieurs autres variantes sont connues mais les sources vont majoritairement utiliser la forme « Mahumet »[162]. Cependant, l'érudit et précurseur orientaliste françaisGuillaume Postel, contemporain deFrançoisIer, utilisera dès leXVIe siècle et les premières relationsfranco-ottomanes la forme « Muhamed », proche de l'originale, de même qu'il inventera les termes « muhamediste » et « muhamedique », qu'il emploiera indistinctement comme synonymes des substantifs et adjectifs « mahométan » ou « musulman »[163]. Son discipleGuy Lefèvre de La Boderie reprendra la forme de Postel dans sa traduction de l'écrit de controverse sur l'islamConfusion de la secte de Muhamed, en 1574.
L'Encyclopædia Universalis fait en 1971 usage de la graphieMuhammad dans son article consacré au prophète de l'islam[164], rédigé par l'historienMaxime Rodinson[Note 56] ; ledictionnaireLarousse titre son articleMahomet ou Muhammad[165].Abdurrahmân Badawî, traducteur égyptien de laSîra d'Ibn Ishaq, écritMuhammad, maisHermann Zotenberg, traducteur deTabarî, utiliseMohammed[166], etVincent Monteil, traducteur d'Ibn Khaldoun, utiliseMuhammad[167]. Nombre d'autres spécialistes de l'islam n'utilisent plus la forme française « Mahomet », mais tantôt « Muhammad », tantôt « Mohammad » ou tantôt « Mohammed » dans leurs textes enfrançais[Note 57] quand d'autres restent attachés à cette forme « savante »[168],[169],[170]. Certains auteurs préfèrent par ailleurs user d'autres formesvernaculaires :Mohamed,Mouhammad ou encoreMamadou[171].Tolan alterne entre « Mahomet » pour évoquer la visionhistoriographique du personnage et « Muhammad » pour évoquer le personnage historique[172]. Deux ouvrages de synthèse sur le Coran illustrent l'absence de consensus sur cette question pour les chercheurs.Le Coran des historiens utilise « Muhammad » comme version simplifiée de latranslittération[173] et leDictionnaire du Coran, « Mahomet » comme formefrancisée[174].
The Life of Mahomet avec à gauche représentation de Mahomet, parAndré du Ryer (Londres, 1719).
Cette forme« Mahomet » ne présente plusa priori aucuneconnotation péjorative[154] mais est peu appréciée dans le monde musulman[162]. PourTareq Oubrou, certains musulmans francophones se lancent dans des« élucubrations linguistiques » très poussées, en voulant faire venir« Mahomet » de« ma houmid », qui veut dire« celui qui n'est pas loué », soit précisément une signification contraire de« Mohammed », qui se traduit par« celui qui est loué »[179]. L'usage de ce terme est perçu par des musulmans comme« volontairement dépréciative », mais Hanne remarque que ces polémiques ne visent jamais les formes turques (Mehmet) ou africaines (Mamadou) aussi éloignées de la forme arabe[162].
Autres variantes françaises du nom de Mahomet
Il existe différentes variantes et usages du nom et de ses dérivés.Mohamed est une forme française courante dans leMaghreb[180][réf. incomplète]. Elle est traditionnellement utilisée en français pour le prénom des personnes vivantes, la formeMahomet étant réservée aux personnages historiques[Note 59].
Certaines variantes peuvent avoir un aspect péjoratif.Mahound est une manière péjorative dont Mahomet a été désigné en ancien français pendant leMoyen Âge, par exemple auXIIe siècle dansLaChanson de Roland[181],[182], au point de devenir un nom commun, notamment en dialecte normand[183]. Il a été utilisé pour présenter Mahomet comme unedéité que les musulmans auraient adorée ou encore comme un démon ou un cardinal romain qui avait inspiré une fausse religion aux musulmans, et il a fini par simplement désigner lediable[184],[185]. Plus récemment,Salman Rushdie dansLes Versets sataniques reprend ce terme péjoratif médiévalMahound pour désigner Mahomet[186]. Ce dénigrement par le nom se retrouve enAndalousie orientale, dans la comédiebaroque, le personnage d'unbouffon nomméel Mahoma, très libre dans la construction de son jeu de scène, représente avec humour « une altérité négative »[187].
Les révélations (ouAyat, lit. « signes de Dieu »), sont progressivement « descendues » sur Mahomet jusqu'à sa mort sous forme de versets qui seront compilés en un seul livre : leCoran, considéré par les musulmans comme la « Parole de Dieu » autour de laquelle la religion est fondée. Outre le Coran, la vie de Mahomet (Sira) et les traditions (Sunna) nourrissent également la foi musulmane. La vie et les actes de Mahomet ont été commentés et critiqués au cours des siècles aussi bien par ses partisans que par ses opposants[189].
L'imitation de Mahomet
Le Coran présente Mahomet comme un « beau modèle » (s. 33, 21)[190] et fait de son exemple, lasunna, la seconde source du droit. Pour autant, selon différentes pensées juridiques, la question de savoir s'il faut le considérer comme un conformisme, qui se définit comme« l'acceptation d'une doctrine sans en connaître la preuve », s'est posée. Ce conformisme/imitation — taqlîd — est une obligation pour ceux qui, non versés dans les sciences juridiques, sont confrontés à une question légale ou éthique. Ils doivent alors interroger un légiste. Cette vision est présentée positivement par l'islam. En revanche, cette imitation est présentée négativement lorsqu'elle est pratiquée par quelqu'un ayant les capacités de se pencher sur les aspects légaux[190].
Le port de la barbe par certains musulmans ou la polygamie[193] sont des exemples de cette imitation de Mahomet. Pour Delcambre,« L'importance de cette imitation de Mahomet dans la vie musulmane est due au fait que l'islam est à la fois normatif et ritualiste. Le ritualisme traduit le souci de coller à la norme ». En cela, l'islam se rapproche d'uneorthopraxie[194]. L'attachement à la figure de Mahomet, dans la continuité de formes de piété médiévales, participe pleinement depuis le début de l'époque pré-moderne au développement individuel[195].
Les musulmans et Mahomet
Si Mahomet lui-même ou sa perception en Europe a fait l'objet de nombreuses études, la perception de Mahomet par les musulmans eux-mêmes a moins été étudiée[Note 61]. Si, dans le monde musulman, un respect,« voire une vénération » sont généralisés, les degrés entre la vénération et la dévotion mais aussi les pratiques consacrées à Mahomet font davantage débat et sont multiformes dans le monde musulman[196]. Cette vénération de Mahomet a« produit un rapport complexe à la mémoire, symptomatique du rapport aux origines et du malaise actuel dans la façon de se situer dans le monde moderne », celle-ci ayant« fossilisé » une figure prophétique[197].
La célébration de l'anniversaire de Mahomet (Mawlid), pratiquée depuis leVIIIe siècle dans le sunnisme[201], est l'une de ces pratiques qui fait débat[196]. Bien que non-canonique et très critiquée par une minorité fondamentaliste, elle« est acceptée par la majorité des clercs de l’islam comme une bonne coutume ». À cette occasion sont récités des poèmes de louange, sont organisées des processions[201]… Un des traits de ces fêtes est l'importance de la Lumière.« Dans la conscience de la majorité des musulmans le Prophète est bien plus que l’être humain, simple envoyé et fondateur d’une communauté, que wahhabites et rationalistes modernistes voudraient imposer : il est la lumière à l’origine de la création du monde, l’intercesseur universel, proche en particulier de ceux qui prient sur lui »[201]. En raison du développement de la pensée salafiste, mais aussi d'un courant rationaliste, elle connait aujourd'hui un déclin[201]. À partir de sa création en 1932, l'Arabie Saoudite, en particulier, souhaitant un retour à un« islam supposé originel » lance une campagne pour l'interdiction de cette célébration[201].
Mahomet considéré comme intercesseur
Plusieurshadiths donnent à Mahomet le rôle d'intercesseur[202], de même certains passages du Coran[Note 62]. Cette intercession fait l'objet d'une des inscriptions duDôme du Rocher :« Nous vous demandons, ô Seigneur, […], de bénir Muhammad Votre serviteur, Votre prophète, et d’accepter son intercession pour son peuple… »[203]. Celle-ci aura en particulier lieu auJugement Dernier[204] lors du passage « du pont », épisode s'inspirant de l'antiquité iranienne où l'homme doit passer sur un pont au-dessus des flammes de l'enfer. Cette intercession est dite permise par Dieu. Il témoigne pour les croyants et contre les incroyants[205]. D'autres êtres peuvent être des intercesseurs en islam (les anges, les « saints » dans l'ensemble du monde musulman, lesimams pour le chiisme…)[206] mais Mahomet en occupe la première place[207], voire l'unique, après Allah[206].
Des auteurs issus dumutazilisme refusent cette doctrine comme en contradiction avec le principe de justice et de châtiment. Certaines traditions (qui sont, en partie, nées des conflits entre courants rivaux) sont alors rejetées[206]. Lewahhabisme (ousalafisme) se refuse« à reconnaître l’intercession du Prophète, pourtant solidement établie dans les textes et la Tradition »[208]. C'est ainsi qu'ils ont détruit de nombreusesmosquées-tombes et ne font que tolérer les visites sur la tombe de Mahomet« parce qu'ils ne peuvent réellement s'y opposer »[209].
À l'inverse dusunnisme divisé sur la question, lechiisme est plus uni sur l'intercession. Conscient de la contradiction avec une justice stricte, ils présentent l'intercession comme unemiséricorde divine. Elle reste en revanche limitée aux croyants musulmans qui ne sont pas ennemis du chiisme[206].
Mahomet lors de l'épisode duVoyage nocturne, chevauchant le chevalBouraq, est entouré d'anges, dont l'archangeGabriel, à gauche. Mahomet, comme il est de tradition dans la peinture persane, est auréolé de flammes et son visage est représenté couvert d'un voile. Peinture issue d'unKhamsé deNizami, attribuée à Sultan Muhammad et datée 1539-43[210].
LeCoran affirme que la venue de Mahomet comme prophète de l'islam pour toute l'humanité est annoncée dans laTorah et dans l'Évangile. Plusieurs passages de laBible sont interprétés par les musulmans en ce sens[211].
« Et quand Jésus fils de Marie dit : « ô Enfants d’Israël, je suis vraiment le Messager d’Allah [envoyé] à vous, confirmateur de ce qui, dans la Thora, est antérieur à moi, et annonciateur d’un Messager à venir après moi, dont le nom sera « Ahmad ». Puis quand celui-ci vint à eux avec des preuves évidentes, ils dirent : « C’est là une magie manifeste ». »
L'assimilation de Mahomet auParaclet annoncé dans les Évangiles (chap. 14:16-17) reconnu par le christianisme comme l'Esprit Saint, est un exemple de rechercheapologétique d'annonce de Mahomet dans les textes bibliques. Ainsi, dès leVIIIe siècle, ce terme est associé par Ibn Ishaq à Mahomet[212]. Ce terme a fait l'objet de deux« détournements linguistiques »[212]. Le premier a détourné le termesyriaquemnahmana utilisé dans une adaptation« très approximative du texte de Jean »[213]. La racine de ce motnhm n'a pourtant avec cellehmd de Mahomet que deux lettres en commun dans un ordre différent[212]. Cette interprétation s'est peu répandue auMoyen-Orient en raison du nombre de personnes parlantsyriaque capable de « dénoncer la confusion » mais s'est répandue auMagreb[212]. Le second est lié au terme grec. L’apologétique musulmane a ainsi transcrit le termeparakletos par le mot « periklutos », modifiant le sens original d'« avocat » en celui de « loué », le « glorieux », sens en arabe du terme « Mohamed » ou particulièrement Ahmad (Cor.LXI. 6.)[142]. Cependant, il n'est jamais fait mention de ce terme dans les manuscrits de laBible en langue grecque et une association de ces termes« reviendrait à traiter unelangue indo-européenne (legrec) comme unelangue sémitique » dans laquelle primeraient les consonnes et où les voyelles seraient variables, ce qui est inexact[214],[212].« L’histoire du texte et des traductions de l’Évangile, jointe au fait que le motperiklutos n’était pas courant en grec contemporain, montre que c’est impossible »[142]. Cette démarche de« captation » des textes chrétiens s'accompagne d'accusations portées contre les chrétiens et les juifs par le Coran d'avoir« falsifié » les écritures[212].Gilliot voit dans cette annonce une « mimesis concurrentielle », Mahomet fondant son statut prophétique sur l'imitation de Jésus[39].
L'islam possède une tradition dereliques attachées à Mahomet et appeléesAthar[215]. Des reliques corporelles sont aussi vénérées. Il peut s'agir de sueur, de cheveux ou de poils[216]. Les auteurs classiques, telBukhari, témoignent de la vénération de reliques dès les débuts de l'islam. Certaines traditions racontent, en effet, comment les compagnons de Mahomet cherchaient à récupérer cheveux et ongles après sa toilette afin d'en faire des amulettes[217].
L'islam reproduit en la matière les traditions antérieures dujudaïsme ancien et duchristianisme de son temps.[réf. nécessaire]. La possession des reliques de Mahomet et en particulier du « manteau du Prophète » est utilisée comme légitimation du pouvoircalifal[217]. Elles sont vénérées par les fidèles pour obtenir une grâce « qui en émane », qui pour guérir, qui pour trouver un époux[217], qui pour conjurer le « mauvais sort »[218]. Le culte des reliques est rejeté par lewahhabisme[219].
De nombreuses reliques d'objets attribués au prophète de l'islam sont aujourd'hui conservées dans diverses mosquées ou sanctuaires[217]. EnInde, il existe une tradition d'ostension de reliques[218]. Une paire de chaussures de Mahomet, très sacrée pour les pèlerins musulmans, qui se trouvait àLahore auPakistan, a été volée en 2002[220].
Empreinte présentée comme celle du pied de Mahomet au musée d'Istanbul.
Boîte qui contiendrait des poils de barbe de Mahomet conservés au musée deKonya enTurquie.
Représentations de Mahomet
Question du physique de Mahomet
L'apparence et l'allure physique de Mahomet ont été précisément décrites dans les textes musulmans tardifs, certains manuscrits accumulant les détails[221]. Ces données font l'objet d'ouvrages particuliers, lesshamâ’il, qui présentent des descriptions physiques à partir deshadiths[222]. Les représentations desXIIIe – XVIe siècles s'inspirent de ces ouvrages[222],[223]. Pour Rodinson,« A vrai dire, tous les portraits que nous en avons sont sujets à caution »[224].
Selon ces descriptions, « il était, nous dit-on, de taille moyenne, avec une grande tête, mais n’avait pas la face ronde et joufflue ; ses cheveux étaient frisés sans excès, ses yeux noirs, grands et bien fendus, sous de longs cils. Sa carnation était blonde tirant vers le rouge. Il avait sur la poitrine des poils rares et fins, mais par contre ceux des mains et des pieds étaient épais, sa barbe bien fournie. Son ossature était forte, ses épaules larges. Quand il cheminait, il lançait ses pieds énergiquement en avant comme s’il descendait une pente. Quand il se retournait, c’était tout d’une pièce »[224].
La tradition islamique a hérité de l’interdiction juive de la représentation de Dieu, elle-même issue duDécalogue[225], mais l'aniconisme n'a jamais explicitement été promulgué : l'interdit pesant sur la fabrication d’images cultuelles« d’êtres vivants ayant un souffle vital (rûh) » (autrement dit, les êtres humains et les animaux) n’est pas posé par le Coran, ni laSunna[226], ni, à proprement parler, par aucun deshadiths[227] même s'il est incontestable que ces derniers véhiculent une conception fort négative — presque diabolisante — des images[228] : leurs créateurs sont soupçonnés, voire accusés, de se livrer aublasphème en prétendant rivaliser avec l'activité créatrice d'Allah[229]. Si interdit il y a, c'est davantage dans un sentiment largement partagé et un certain consensus théologique — unijmâ — qui réprouvent ces représentations et qui, même dépourvus de justification théorique objective, suscitent une large adhésion chez les musulmans, à la suite du courant majoritaire sunnite[230]. Au-delà de cette pensée religieuse, l'image des êtres animés a ainsi toujours été utilisée dans les pays musulmans[231].
Pour Boespflug,« Muhammad est de toute évidence la figure la plus vénérée en Islam. […] Un autre de ses titres est : « le beau modèle ». Le Prophète lui-même, devinant la vénération dont il commençait d’être l’objet et désireux de prévenir tout risque d’idolâtrie, a souvent rappelé qu’il n’était qu’un homme. L’interdiction de le représenter est encore une manière de lui obéir, sauf s’il s’avère qu’elle est vécue comme une extension subreptice à sa personne de l’interdiction de toute image de Dieu, auquel cas cette interdiction devient elle-même tacitement idolâtrique »[200].
Ainsi, l'interdit s'est étendu,« mais pas partout ni toujours », à la figuration de Mahomet — jugé non digne d'être représenté afin d'assurer la primauté de la lecture et de l'iconographie du Coran ou au contraire jugé trop digne ontologiquement pour être figuré,en-Nûr el-Muhammadî, la « lumière mohammedienne », étant selon lessoufis trop éclatante pour être regardée —[232], voire à celle de tous les prophètes, leurs familles et leur descendance[230].
Les polémiques récentes autour de la représentation de Mahomet sous forme de caricature ont déclenché un rejet de l'image.« Elles alimentent l’idée fausse et essentialiste que, « de tout temps », l’islam aurait interdit la représentation de son prophète, voire toute représentation humaine » sans prendre en compte la diversité des islams, la diversité géographique, chronologique dont le rapport à l'image va du rejet à la« contemplation de portraits de leur prophète comme une expression de leur dévotion »[233].
S'il faut constater que l'art de l'islam — qui est essentiellement un art du concept caractérisé par l'évitement de l'imitation des êtres vivants ainsi que par l'abstraction — évite d'une manière générale leportrait[235], Mahomet a néanmoins été régulièrement représenté en Perse, en Inde, en Afghanistan, en Turquie… avec différentes variantes[236],[Note 63]. Cependant, et malgré la nature iconique de bien des épisodes de sa vie, le prophète de l'islam a été peu représenté pour lui-même : il s'agit essentiellement de représentations — pas toujours figuratives —« en mouvement » ou« en action » pour l'illustration desdits épisodes[237].
La raison de ces évolutions est mal connue et il n'est pas certain qu'il faille y voir une conséquence de la « désapprobation des ulémas ». Pour Christiane Gruber, il s'agit plutôt d'un reflet de la tendance mystique à l'abstraction dans la représentation de Mahomet comme « Lumière prophétique ». Ces visions, nées en Iran safavide,« insistent sur le fait que l’essence du prophète ne peut être appréhendée que par une vision de l’âme, et s’accompagnent de descriptions allégoriques de la « lumière prophétique », symbolisée par le nimbe de flamme »[233].
Plusieurs films, des films de fiction biographique ou des films documentaires, ont été consacrés à Mahomet.
Parmi les films de fiction, plusieurs sont réalisés dans une perspective musulmane et s'imposent de respecter l'interdiction de représenter Mahomet. Ils y parviennent en recourant àdes plans en caméra subjective chaque fois qu'une scène implique Mahomet[réf. nécessaire]. C'est le cas du film biographiqueLe Message, coproduction multinationale réalisée parMoustapha Akkad et sortie en 1976. Plusieursfilms d'animation américains produits par le studio Badr International adoptent la même technique :Muhammad : The Last Prophet deRichard Rich en 2002 et sespréquelles sorties au cours des années suivantes :Before the Light,Salman the Persian etGreat Women of Islam[réf. nécessaire]. Le film iranienMohammad, le Messager de Dieu de 2015 ne reproduit pas non plus son visage[243].
Manifestation contre le filmL'Innocence des musulmans, 2012,Sydney.
Par ailleurs, plusieursdocumentaires consacrés à Mahomet ou à l'histoire de l'islam en général relatent la vie du prophète de l'islam. C'est le cas de la série documentaireIslam : Empire of Faith de Robert H. Gardner, distribuée par la compagnie américainePBS en 2000. En 2002, la même chaîne produit un documentaireMuhammad : Legacy of a Prophet, réalisé par Michael Schwarz et Omar al-Qattan. En 2011, du 21 au, la chaîne britanniqueBBC diffuse une mini-série documentaire en trois volets sur la vie de Mahomet,The Life of Muhammad, réalisée par Faris Kermani. Selon la BBC, il s'agit de la première série documentaire consacrée au prophète de l'islam à être diffusée sur une chaîne européenne[244]. La mini-série est purement documentaire et ne contient pas de scènes de reconstitution mettant en scène Mahomet[245].
Dans la série télévisée françaiseIl était une fois… l'Homme (1978), Mahomet est représenté dans l’épisode 8, mais uniquement comme un personnage vu de dos, vêtu de blanc et à la longue chevelure noire.
Lucas van Leyden,Mahomet et le moine Sergius, original de 1508.
Mahomet apparaît tout d'abord dans la littérature populaire occidentale, sous le nom de Mahound (entre autres corruptions commeMahowne,Mahon…) en tant quedivinité païenne ou démon[249] : il est parfois identifié comme l'une des principales divinités desSarrasins au sein d'un panthéon variant d'une œuvre à l'autre (par exemple, aux côtés d'Apollyon et Termagant dansLaChanson de Roland, voire comme une divinité païenne générique d'autres peuples « infidèles » : ainsi, dans lesmystères du cycle de York, Pharaon à l'orée de la mort, appelle son armée à adresser ses prières à la divinité « Mahowe »[Note 64][réf. nécessaire].
AuXIIIe siècle,Dante, dans laDivine Comédie, présente Mahomet en compagnie de son cousinAli dans son neuvième cercle des enfers, celui qu'il réserve aux « schismatiques », les entrailles sortant de son ventre ouvert. Cette description sera utilisée par plusieurs artistes, comme récemmentSalvador Dalí, pour représenter Mahomet les entrailles exposées, ou encoreGustave Doré dans son illustration de laDivine Comédie. On rencontre aussi le Mahomet éventré de Dante dans certaines églises, telles labasilique San Petronio deBologne enItalie, dont la chapelle Bolognini contient une fresque réalisée parGiovanni da Modena vers 1410-1415, où il représente « Machomet » (comme l'indique une inscription sur la fresque) tourmenté par un démon[251].
Pendant la période de la Réforme, l'islam et Mahomet servent d'étalon. Pour les protestants, les catholiques sont « pires » que Mahomet dans leurs erreurs, tandis que les catholiques associent Mahomet, Calvin et Luther en enfer[248].
Dans satragédieLe Fanatisme ou Mahomet le Prophète,Voltaire fait dire à l'un de ses personnages que Mahomet est un« imposteur », un« faux prophète », un« fanatique » et un« hypocrite »[253],[254]. Selon le critique littéraireFrançois Busnel, parlant de la pièce de Voltaire,« Le fanatisme ou Mahomet le prophète est une charge contre l'islam et, plus largement, contre toute religion monothéiste »[255]. C'est pourtant« l'intolérance de l'Église catholique et les crimes commis au nom du Christ » qui étaient les premiers visés par lephilosophe des Lumières[256]. C'est ce qu'écrit Voltaire dans une lettre de 1742 :« Ma pièce représente, sous le nom de Mahomet, le prieur des Jacobins mettant le poignard à la main deJacques Clément »[257]. Ce double sens de la pièce est confirmé par le critique littéraireJulien Louis Geoffroy :« Mahomet est donc un mauvais charlatan, un caffard imprudent et téméraire : à travers son costume éblouissant, on reconnaît toujours le capuchon durévérend père Bourgoing »[258]. Les dévots qui n'ont pas été dupes l'ont attaqué immédiatement en justice pourimpiété et scélératesse, et Voltaire a dû retirer sa pièce[259].
Voltaire a souvent été hostile aux révélations religieuses qu'il considérait comme étant fallacieuses. Il évolue dans sa vision sur Mahomet en passant d'un« imposteur » à un« enthousiaste ». Ces évolutions s'inscrivent dans la découverte d'unetolérance dans lemonde turc à partir des années 1740[260]. À partir de 1763, sa « haine contre les dévots » augmente et s'exprime en élevant l'islam, quitte à modifier son histoire[260]. Pour lui, l'islam sans Mahomet est unthéisme qu'il défend :« Croire un seul Dieu tout puissant était le seul dogme, si on n’y avait pas ajouté que Mahomet est son prophète, c’eût été une religion aussi pure, aussi belle que celle des lettrés chinois ».
Entre 1742 (publication deMahomet ou le fanatisme religieux) et 1770, les positions de Voltaire ont changé. Voltaire retient que « sa [Mahomet] religion est sage, sévère, chaste et humaine » mais nomme toujours Mahomet de « sublime et hardi charlatan »[261] et donne raison à un homme qui aurait dit aumufti deConstantinople :« Mahomet n'était qu'un imposteur hardi qui trompa les imbéciles »[262].[Note 65].
TragédieLe Fanatisme, ou Mahomet le Prophète par Voltaire (Amsterdam, 1743).
Voltaire illustre l'évolution de la perception de Mahomet, — souvent considéré comme l'auteur du Coran[Note 66][réf. nécessaire] —, ausiècle des Lumières, durant lequel celui-ci est avant tout perçu comme unrationaliste et un réformateur. Il aurait été à l'origine d'un monothéisme pur correspondant aux idéesanticléricales des Lumières[252]. SelonEmmanuel Le Roy Ladurie, à propos de Voltaire,« le philosophe tenant du Déisme attribue d’abord au Coran l’immense mérite d’avoir affirmé avec plus de rigueur et de raison que le christianisme l’unicité de Dieu. Il a retiré toute l’Asie de l’Idolâtrie… »[259]. Une louange de Mahomet, courante à cette époque comme chezHenri de Boulainvilliers, est une manière de critiquer l'Église. PourTolan, il faut davantage lire dans ces écrits une critique de l'Église qu'une véritable louange[248]. Ainsi, pour l'auteur, l'évolution de Voltaire est davantage un choix stratégique qu'un véritable retournement[248].
L'autre forme de critique possible de la religion est de renvoyer les personnages religieux dos à dos. AuXVIIIe siècle, apparaît aussi sous le manteau leTraité des trois imposteurs, un livreblasphématoire où sont accusés d’imposture délibéréeMoïse, Mahomet etJésus-Christ[248]. Lemarquis de Sade fait émettre par son personnage moribond des critiques violentes contre l'ensemble des chefs religieux, dont Mahomet :« Ton Jésus ne vaut pas mieux que Mahomet, Mahomet pas mieux que Moïse, et tous trois pas mieux que Confucius qui pourtant dicta quelques bons principes pendant que les trois autres déraisonnaient; mais en général tous ces gens-là ne sont que des imposteurs, dont le philosophe s'est moqué, que la canaille a crus et que la justice aurait dû faire pendre. »[Note 67]
Ce siècle voit l'apparition d'une visionromantique de Mahomet. Celui-ci est alors comparé aux « grands hommes », créateurs d'empires, commeAlexandre le Grand. Cette vision s'appuie sur les textesabbassides présentant la vie de Mahomet et qui ont« pour but de légitimer la dynastie de califes et projetaient donc déjà cela sur le fondateur de l’islam »[252].Napoléon lui-même participe à la mise en place de cette figure de Mahomet comme législateur et conquérant[248].
Mahomet est aussi une pièce théâtrale deJohann Wolfgang Von Goethe[264]. Goethe a appris l'arabe et il est allé enArabie pour comprendre le personnage principal de sa pièce théâtrale Mahomet[264]. Pour Goethe, au-delà du législateur déjà mis en avant par les auteurs des Lumières[265], Mahomet est le prophète par excellence[266] et est vu comme un exemple d'un génie poétique[265].
LeXXe siècle voit aussi une réflexion de penseurs catholiques sur la « figure de Mahomet. Ainsi,Louis Massignon, qui souhaitait un dialogue avec les musulmans, voyait dans Mahomet un être inspiré par Dieu, qui prêcha la vérité et amena son peuple au culte du Dieu suprême et unique ». Néanmoins, celui-ci restait pour lui un « prophète négatif », n'ayant pas « su arriver à la vérité suprême du christianisme »[248]. Certains auteurs, commeH. Küng, iront plus loin dans une volonté de reconnaissance de Mahomet comme prophète[248].
Pour J. Tolan, « Muhammad se trouve depuis toujours au cœur des discours européens sur l'islam »[266]. En 1988,Salman Rushdie évoque Mahomet dansLes Versets sataniques, qui provoquent une vaste polémique, assortie d'unefatwa du chiiteRouhollah Khomeini, réclamant l'année suivante l’exécution de l'auteur[268].
Dans sesChroniques, le moinebyzantinThéophane le Confesseur (v. 759 - v. 818), qui a pris position en faveur desiconodoules lors de laquerelle iconoclaste, dresse une violente critique contre Mahomet. En outre, il accuse une alliance entre Mahomet et lesJuifs arabes afin de se dresser contre l'Occident. Surtout, il essaye de discréditer Mahomet qui, selon lesmusulmans, est le dernier maillon de la chaîne desprophètes, aprèsAdam,Abraham,Jésus etMoïse. Tout d'abord, il présente Mahomet comme un individu malhonnête, qui aurait épousé une riche veuve du nom deKhadija afin de profiter de ses biens. Il le présente aussi comme unimposteur, associant les révélations de l'ange Gabriel à descrises d'épilepsie. Théophane met également en avant une prise de position de Mahomet qui est contraire à certains versets duCoran ; d'après Théophane, Mahomet pense que les hommes qui se rendent auparadis peuvent y consommer de la viande et de la boisson ainsi que goûter les plaisirs de la chair. L'idée pour Théophane est de montrer que Mahomet ne peut pas endosser le rôle qu'il prétend avoir[270].
↑Son nom complet estAbū al-Qāsim Muḥammad ibn ʿAbd Allāh ibn ʿAbd al-Muṭṭalib ibn Hāshim (enarabe :أبو القاسم محمد بن عبد الله بن عبد المطلب بن هاشم?).
↑À titre d'exemple, chacune des trois dernières sourates du Coran (112, 113, 114) s'ouvre sur l'impératif« Dis ! ».
↑Illustration miniature sur vélin du livreJami 'al-Tawarikh (littéralement« Résumé des Chroniques », mais souvent désigné comme l'Histoire universelle ouHistoire du monde), de Rashid al-Din, publié àTabriz, enPerse, en1307. Actuellement dans la collection de la bibliothèque de l'Université d'Édimbourg, enÉcosse.
↑570 est l'année conventionnelle, parfois 571. L'année de naissance de Mahomet est en fait incertaine. Le Coran ne la mentionne pas mais la tradition musulmane la situe l'année où La Mecque repousse l'attaque d'Abraha vice-roi duYémen, appelée « année de l'éléphant(en) » : Abraha marche contre La Mecque, monté sur un éléphant nommé Mahmou afin de raser la Kaaba, mais à l'entrée de la ville, Abd al-Mottalib, le grand-père de Mahomet le prévient de la sentence entraînée par la profanation de la Kaaba. Comme il en approche, son animal, selon la légende, se prosterne à terre et refuse d'avancer. Abraha bat en retraite, et connaît une mort atroce ; cependant la recherche contemporaine s'accorde pour situer cette attaque plusieurs décennies plus tôt et envisage généralement la naissance du prophète de l'islam après 570, peut-être entre 570 et 580 (cf. Alford T. Welch, « Muhammad » inThe Encyclopaedia of Islam,vol. VII, éd. Brill, 1993,p. 360). Selon une autre tradition fixée par le récit hagiographique d'Ibn Hichâm, Mahomet raconte sa vocation lors d'une de ses retraites sur la colline deHira : lors de la Nuit de la Révélation située en 610, à l'âge de40 ans, l'ange Gabriel lui a révélé en songe qu'Allah l'a choisi comme prophète, ce qui ferait remonter sa naissance en 570. Là encore, cette tradition repose sur une source à manier avec précaution, le nombre choisi par Ibn Hichâm symbolisant le temps d'une générationcomme dans la Bible (cf.Maxime Rodinson,Mahomet,Éditions du Seuil,,p. 43). Selon lui, Mahomet était alors âgé de63 ans, ce qui rend possible la naissance en 570. Il rapporte que d'autres traditions lui donnent entre60 et 65ans, il n’est cependant pas précisé par Tabari s’il s’agit d’années solaires ou d’années de douze mois lunaires
↑Rabî`al-awwal en arabe :rabīʿ al-ʾawwal,ربيع الأول, « premier (mois) du printemps », nom du troisième mois sur douze de l’année lunaire. Ce nom n’a plus de sens puisque ce type d'année, sans le mois intercalaire, (Le Coran,« L’Immunité ou le Repentir », IX, 36 ou 37,(ar)التوبة) instituée par Mahomet se décale par rapport à l’année solaire et par conséquent par rapport aux saisons.
↑« Cependant, la poitrine de leur fils adoptif ne portait aucune trace et rien d'anormal n'altérait la perfection de son petit corps. Le seul trait insolite se trouvait au milieu de son dos, entre les épaules : une marque de forme ovale, petite mais très distincte, où la peau était légèrement gonflée, semblable à l'empreinte laissée par une ventouse, mais cette marque était là à la naissance de l'enfant »
↑Al-Fijar en arabe :ḥarb al-fijār,حرب الفجار,la guerre impie, ce nom viendrait du fait que les combats se sont déroulés pendant lesmois sacrés. VoirTraduction d’Albin de Kazimirski Biberstein,Le Koran, Paris, Librairie Charpentier,(Page:Le Koran (traduction de Kazimirski).djvu/546), « Notice biographique sur Mohammed », viii.
↑Hadith décrivant l'âge de Aïcha au moment de son mariage et de la consommation de celui-ci, sur le site hadith.al-islam.com édité par l'Arabie saoudite. Consulté le.
↑Selon ledictionnaire Larousse arabe-français : « comblé/digne d'éloges/de louanges ; loué ». Le nom dérive de la racinearabe :ح م د de même qu'Ahmed, M'Hamed, Mahmoud, Hamid, dont le sens est proche.
« C'estMohammad (le glorifié) qu'on devrait dire ; les Turcs prononcentMéhémet, quand il est question d'un personnage vivant du nom de Mohammed, c'est au contraire l'usage en français de se servir de la formeMohamed, lorsqu'on parle des Arabes vivants qui portent ce même nom. »
↑Outre les hérétiques, Pierre le vénérable dénonce violemment les juifs dans sonAdversus judaeos (Contre les juifs, vers 1143); cf. Françoise Labalette,Pierre le Vénérable…, op. cit.
↑Dans son traitéContra sectam sive haeresium Sarracenorum, il entendconvertir ces derniers au christianisme par « la parole, (…) la raison, (…) et l'amour ». cf. François Berriot,Spiritualités, hétérodoxies et imaginaires : études sur le Moyen Âge et la Renaissance, éd. Université de Saint-Étienne, 1994,p. 133, 134extrait en ligne.
↑Ce premier volume est augmenté de laDoctrina Machumet constituée d'extraits de hadits rassemblés parHermann de Dalmatie, et d'une biographie du prophète de l'islam, laDe generatione et nutritura Machumet.Un deuxième volume présente une série derefutations de l'islam à l'attention des théologiens et un dernier présente de la documentation destinée aux princes chrétiens dans l'optique de vaincre les musulmans dans une prochaine croisade. Cf. François Berriot, op. cit.p. 136-141.
↑Ainsi qu'en atteste le titre complet de la première édition de l'ouvrage ; cf. Henri Lamarque,Le coran à la renaissance : plaidoyer pour une traduction, éd. Presses Universitaires du Mirail, 2007,p. 25,version intégrale latine et traduction française en ligne.
↑Elle connaît de nombreuses contrefaçons à l'instar d'uneMehemetis Abdallae fillii theologia imprimée à Nurenberg dès 1543 ; cf François Berriot, op. cit.,p. 141.
↑Après les versions en italien,Alcorano di Macometto, en 1547 par Andrea Arrivabene, puis en allemand en 1616, en hollandais en 1641 ; cf François Berriot, op. cit.,p. 141.
↑Celui-ci utilise déjà le nomMohammad au sein de son livre intituléMahomet
↑Les formes Mamad, Mamat, Mahammad, Muhammud et Mahummad sont attestées dans le monde maghrébin médiéval pour désigner Mahomet, ainsi qu'utilisées comme prénoms. Mais le théologien et juriste malikite algérien Al-Wansharisi (mort en 1508) émet unefatwa où il est question de la vocalisation correcte du nom, comme étant Muhammad, jusque là très inconnue des maghrébins. De même, le jurisconsule malikite marocain Ibn Ardoun (mort en 1584), dans sonTraité du mariage et de l'éducation, recommande la forme Muhammad pour les nouveau-nés[178]
↑En 1869, dans l'introduction à la traduction duKoran par Albin de Kazimirski Biberstein intituléeNotice biographique sur Mahomet, on trouve la note suivante :
« C'est au contraire l'usage en français de se servir de la formeMohammed, lorsqu'on parle des Arabes vivants qui portent ce même nom. »
↑C'est pourquoi il est appelé « dernier des prophètes» ou encore « sceau des prophètes » dans le Coran et dans les hadiths : « Muhammad n’a jamais été le père de l’un de vos hommes, mais le messager d’Allah et le dernier des prophètes. Allah est Omniscient. »Coran33:40.
↑En 2017, un numéro d'ASSR est entièrement consacré à cette question. L'introduction porte le titre« la dévotion au Prophète de l’islam, une histoire qui reste à faire »
↑« Les Femmes », IV, 64 :« et si le Messager demandait le pardon pour eux, ils trouveraient, certes, Allah, très accueillant au repentir, miséricordieux. » Et le verset 43.86 qui précise qui peut intercéder auprès d'Allah.
↑Un relevé de nombreuses apparitions de Mahomet comme divinité ou démon dans les Mystères médiévaux figure dans Henry Stubbe,An account of the rise and progress of mahometanism, 1671.
↑PourErnest Renan, parlant de la pièce deVoltaire,« Mahomet nous apparaît comme un homme doux, sensible, fidèle, exempt de haine. Ses affections étaient sincères; son caractère, en général, porté à la bienveillance… Rien de moins ressemblant à cet ambitieux machiavélique et sans cœur qui explique en inflexibles alexandrins ses projets à Zopyre […] ses précautions dans les batailles étaient peu dignes d'un prophète »[263]
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« We can discern three strata of the Sunni ḥadīth canon. The perennial core has been theṢaḥīḥayn. Beyond these two foundational classics, some fourth/tenth-century scholars refer to a four-book selection that adds the twoSunans of Abū Dāwūd (d. 275/889) and al-Nāsaʾī (d. 303/915). The Five Book canon, which is first noted in the sixth/twelfth century, incorporates theJāmiʿ of al-Tirmidhī (d. 279/892). Finally the Six Book canon, which hails from the same period, adds either theSunan of Ibn Mājah (d. 273/887), theSunan of al-Dāraquṭnī (d. 385/995) or theMuwaṭṭaʾ of Mālik b. Anas (d. 179/796). Later ḥadīth compendia often included other collections as well. None of these books, however, has enjoyed the esteem of al-Bukhārīʼs and Muslimʼs works. »
Traduction :« On peut discerner entre trois couches du canon de ḥadīth Sunnītes. Le cœur vivace demeure être lesṢaḥīḥayn. Au-delà de ces deux classiques fondamentaux, quelques savants du quatrième/dixième-ciècle référent à une sélection de quatre-livres qui ajoute les deuxSunans d'Abū Dāwūd (d. 275/889) et d'al-Nāsaʾī (d. 303/915). Le canon composé de Cinq Livres, qui fut premièrement noté au sixième/douzième ciècle, incorpore leJāmiʿ d'al-Tirmidhī (d. 279/892). Finalement le canon composé de Six Livres, qui émane de la même période, ajoute soit leSunan d'Ibn Mājah (d. 273/887), leSunan d'al-Dāraquṭnī (d. 385/995) ou leMuwaṭṭaʾ de Mālik b. Anas (d. 179/796). Plus tard d'autres compendiums de ḥadīths souvent incluent d'autres collections aussi. Aucun de ces livres, cependant, n'a apprécié l'estime des travaux d'al-Bukhārī et Muslim ».
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Hichem Djaït,La Vie de Muhammad, Révélation et Prophétie,t. 1, Paris, Fayard, 2007;La Prédication prophétique à La Mecque,t. 2, Fayard 2008;Le parcours du Prophète à Médine et le triomphe de l'islam,t. 3, Fayard, 2012.
(en)Annemarie Schimmel,And Muhammad is His messenger : the Veneration of the Prophet in Islamic Piety, Chapel Hill N.C. ; London, The University of North Carolina Press,, XII, 377(ISBN0-807-81639-6)
Sîra de référence (texte deIbn Ishaq cité parIbn Hichâm), édition critique par Ferdinand Wüstenfeld, parue en 1858-1859 (tome 1 contenant le texte arabe) et 1860 (tome 2 contenant une introduction, des notes critiques et des indices).
Les noms en italique ne sont pas cités directement dans leCoran mais il leur fait allusion. On retrouve cependant leurs noms dans des récits (hadîth) de latradition islamique pour la plupart.
↑« Mohammad Ali Amir-Moezzi et John Tolan, spécialistes de l’islam : « Ce que l’historien peut savoir de manière certaine sur Mahomet n’excède pas deux pages » »,Le Monde,(lire en ligne)