Ne doit pas être confondu avecMahmoud Bey (football).
Mahmoud Bey أبو الثناء محمود باشا باي | |
Titre | |
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Bey de Tunis | |
– (9 ans, 3 mois et 6 jours) | |
Premier ministre | Youssef Saheb Ettabaâ Mohamed Arbi Zarrouk Khaznadar Hussein Khodja |
Prédécesseur | Osman Bey |
Successeur | Hussein II |
Biographie | |
Titre complet | Possesseur du Royaume de Tunis |
Dynastie | Husseinites |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Le Bardo (Tunisie) |
Date de décès | (à 66 ans) |
Lieu de décès | Tunis (Tunisie) |
Sépulture | Tourbet El Bey (Tunis) |
Père | Mohamed Rachid Bey![]() |
Enfants | Hussein II![]() Moustapha Bey ![]() |
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Beys de Tunisie | |
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Mahmoud Bey (arabe :أبو الثناء محمود باشا باي), né le au palais duBardo et mort le àTunis[1], estbey de Tunis de la dynastie desHusseinites de 1814 à sa mort.
Bien que fils aîné deMohamed Rachid Bey, il est d'abord écarté par son oncleAli II Bey puis par son cousinHammouda Pacha de la succession au trône. Il parvient toutefois à faire assassiner son autre cousin,Osman Bey, par ses fils Hussein et Moustapha, et lui succède sur le trône le[2]. Un mois après son avènement, il fait exécuter legrand vizir,Youssef Saheb Ettabaâ[3], dont le corps est traîné dans les rues de Tunis par la foule et jeté dans lecimetière chrétien[4]. Cependant, la famille de Saheb Ettabaâ obtient par la suite que ses restes soient inhumés dans letombeau qu'il s'est fait construire dans lamosquée hanéfite deHalfaouine[4]. Mahmoud nommeMohamed Arbi Zarrouk Khaznadar, le demi-frère de son épouse, à la charge de grand vizir. Devenu trop puissant et plus riche que le bey, Zarrouk est exécuté en 1822 pour faciliter la prise de pouvoir du prince héritier, Hussein.
Monté sur le trône dans des circonstances tragiques, Mahmoud Bey, peu sûr du lendemain, connaît un règne assez mouvementé au cours duquel le pays connaît de nombreuses vicissitudes sans pouvoir sortir de la précarité économique. Il est vrai que le bey est surtout entouré demamelouks, gens peu instruits et peu au courant de l'évolution politique et économique qui est en train de s'accomplir enEurope après lesguerres napoléoniennes. Il place à la tête de sa garde de mamelouksHussein Khodja. Tunis, comme le reste de la régence, reste enfermée dans des activités traditionnelles allant de l'artisanat à lapiraterie toujours favorable aux grands personnages de l'État. On note alors la prééminence des familles tunisiennes d'armateurs corsaires, comme celle ducaïd de Sfax,Mahmoud Djellouli, du caïd deDjerba,Hmida Ben Ayed, et du caïd deBizerte,Slimane Belhadj, tous alliés aux Husseinites.
C'est ainsi que Mahmoud Bey n'hésite pas à donner auxcorsaires deLa Goulette l'ordre de prendre la mer chaque fois que l'occasion ou la nécessité se présente. Huit d'entre eux, sous le commandement du capitaine Mustapha Raïs, mènent, en octobre1815, unerazzia et ramènent à Tunis 150 captifs et un important butin. C'est alors que lecongrès de Vienne chargeLord Exmouth, commandant en chef de l'escadrebritannique de lamer Méditerranée, d'exiger du bey, sous forme d'ultimatum, la fin de la piraterie et la libération de tous lesesclavesnapolitains et sardes. Sous la menace, le bey promet de faire cesser la piraterie et fait libérer 800 esclavesitaliens que Lord Exmouth embarque sur ses navires.
Surpris par l'interdiction de courir en mer qui les prive d'une partie de leurs ressources habituelles et se considérant comme humiliés, les Tunisois reprochent vivement au bey d'avoir accepté l'ultimatum des chrétiens. Les éléments turcs en particulier estiment que le bey n'a pas défendu avec assez de vigueur le prestige de leur nation et un sourd mécontentement travaille alors lamilice. Deux semaines après le départ de Lord Exmouth, lesjanissaires tentent uncoup d'État pour s'emparer du pouvoir.
Réunis ausouk Ettrouk, le, les janissaires mécontents élisent deux chefs (Delibachi et Chabane Khodja) et le lendemain, au petit jour, procèdent à l'arrestation des principaux personnages de l'État domiciliés dans lacapitale : le grandmufti, lecadi, ledaoulatli, le grand douanier, les gouverneurs deSfax et deDjerba et bien d'autres. Le chef des gardes beylicaux ayant voulu résister est massacré.
Après quoi, les conjurés réunis au palais du gouvernement rédigent un longmanifeste condamnant la conduite de Mahmoud Bey qui a cédé à l'ultimatum britannique, proclamant sa déchéance et élevant à la dignité suprême le prince Ismaïl (frère du bey). Ismaïl refuse l'offre et engage les conjurés à se soumettre au bey sans tarder. Une partie des rebelles se rend, Delibachi et Chabane Khodja sont arrêtés puis exécutés, mais un grand nombre de leurs camarades, 1 200 environ, décident de continuer la lutte. Ils se dirigent vers La Goulette et s'emparent par surprise de lacitadelle mais décident de quitter la régence. Mettant à profit la présence dans l'arsenal de cinq bateaux de corsaires chargés de vivres, les rebelles s'embarquent et prennent le large, non sans avoir pillé les magasins de l'État. Certains d'entre eux sont capturés et exécutés. Cet épisode marque la disparition, en tant qu'unité militaire et facteur politique, de la milice turque, qui pendant deux siècles, avait pesé sur la destinée de larégence de Tunis.
Cependant, les difficultés financières résultant de la suppression de la piraterie mettent le bey dans l'obligation de chercher de nouvelles ressources fiscales. Il croit en trouver en étendant lesmonopoles d'État qu'Hammouda Bey et ses prédécesseurs avaient largement pratiqués. Tous les produits destinés à l'exportation sont accaparés et revendus au prix fort, ce qui gêne beaucoup les particuliers peu à peu réduits à lamisère. Pour comble de malheur, en août-septembre1818, une terribleépidémie depeste apparaît dans la ville et dura près de deux ans parmi une population affolée et sans moyens de défense contre le fléau[5]. L'épidémie dépeuple Tunis et fait, dit-on, 50 000 victimes malgré l'exode d'une grande partie des citadins enbanlieue et dans lescampagnes. En période de croissance du fléau, les habitants qui s'étaient éloignés, rentraient chez eux pour s'occuper de leur affaires mais contractaient le mal à leur tour et succombaient.
Dans le même temps, et malgré les promesses de Mahmoud Bey, les corsaires tunisiens continuent de pratiquer la piraterie contre les navires européens et de nombreux esclaves chrétiens ressortissants de pays qui n'ont pas conclu de traité de paix avec la régence sont encore retenus à Tunis. Le, les bâtiments d'une escadre franco-britannique arrivent à Tunis et leurs chefs, lesamiraux Jurien et Freemanthe, présentent au bey, au cours d'une audience solennelle au palais du Bardo, la décision ducongrès d'Aix-la-Chapelle, en date du, invitant les régences d'Afrique du Nord à abolir la piraterie maritime et l'esclavage des chrétiens. Le bey doit alors s'incliner et faire des promesses fermes.
Avec la suppression de la piraterie, l'économie de la régence est soumise à des perturbations profondes. Car elle faisait entrer à Tunis des marchandises et des devises européennes en quantité appréciable, ces dernières provenant principalement du rachat des captifs. « Depuis l'abolition de la course », écrit en 1819 leconsul général deFrance Jacques Devoize, « le gouvernement de la régence a étudié tous les moyens de se dédommager de la perte des avantages qu'elle lui procurait, en créant de nouveaux droits qui pèsent principalement sur les chrétiens. Il a soumis à unequarantaine de dix jours et à une taxe de 18piastres[ou rial] tous les bâtiments étrangers ». Le gouvernement avait prohibé toute sortie de monnaies étrangères qui servaient aux transactions, ce qui a pour conséquence une baisse catastrophique du rial tunisien. Unecorrespondance privée datée du indique que « les difficultés pour prendre des traites sur la place n'ont fait qu'empirer vu le change ruineux surMarseille etLivourne [...] La prohibition d'extraire toutes sortes de monnoyes, y compris deslingots d'or et d'argent, existe toujours. Nonobstant, il y a des personnes qui risquent et s'exposent à la confiscation. Les capitaines qui vendent leur cargaison en marchandise stipulent par contrat qu'il leur sera donné permis d'embarquer les monnoyes qu'ils reçoivent et qu'ils se procurent le montant de leur vente et rien de plus. Aussi au moment de l'embarquement de ces monnoyes sont-ils munis d'un ordre spécifiant que la quantité est celle vérifiée et comptée à la douane ».
Après l'exécution de l'ombrageux ministre Zarrouk en 1822, Mahmoud Bey laisse de plus en plus la gestion des tâches administratives à son fils Hussein pour se consacrer à laphilosophie, à lacuisine et à laparfumerie. Il est le premier souverain connu à avoir vécu durant l'été àSidi Bou Saïd.
À sa mort, il est inhumé dans le mausolée deTourbet El Bey situé dans lamédina de Tunis[1].