LesMagyars (enhongrois :magyar[ˈmɒɟɒɾ]) sont les personnes formant le peuple hongrois.
Le terme « Hongrois » désigne en français lescitoyens de laHongrie, quelles que soient leurs langues, origines et traditions culturelles[2]. Le terme « Magyar », quant à lui, désigne ungroupe ethnique, culturel et linguistique de languehongroise ou proto-hongroise dont l'aire de distribution actuelle dépasse de loin les frontières de laHongrie moderne, pour s'étendre dans la plupart des pays adjacents. Les minorités de langue hongroise présentes dans lesdits pays sont d'ailleurs souvent appelées « minorités magyares ». Le termeMagyar en français a aussi une forte connotation historique : les principaux ancêtres du peuple hongrois actuel, dont on sait peu de choses sinon qu'ils auraient migré à travers l'Asie centrale et laRussie pour s'établir sur le territoire de l'actuelle Hongrie et même au-delà enEurope centrale, sont appelés « Magyars » (au pluriel dans la langue hongroise :magyarok, prononcé[ˈmɒɟɒrok]). Cette distinction entre les deux termes, hongrois et magyar, n'existe pas en langue hongroise, puisque « hongrois » se ditmagyar dans celle-ci.
De nos jours, le qualificatif « magyar » est le plus souvent utilisé comme unethnonyme pour désigner la catégorie ethnique dans son sens historique (avant la création de l'État hongrois) ou dans son sens socio-culturel, incluant lesMagyars d'outre-frontières, à savoir les minorités de langue hongroise dans les pays frontaliers de la Hongrie. En hongrois, le qualificatifmagyar est utilisé dans un sens politique, pour désigner tout ce qui est relatif à laHongrie commeÉtat-nation historique et moderne ; le qualificatif « pannonien » est également utilisé pour évoquer lepérimètre de l'ancienroyaume de Hongrie avant safondation,pendant son histoire et depuis safragmentation après laPremière Guerre mondiale.
L'origine du mot « magyar » est peu connue. Parmi les théories les plus acceptées quoique non démontrées, il en est une selon laquelle parmi les septtribus hongroises qui s'établirent dans lebassin du moyen-Danube, la tribu dirigeante se faisait appeler par l'autoethnonymeMegyer.
Si le nom des Hongrois vient très probablement desOnoğurs, peupleturcophone du nord de lamer Noire que les tribus magyares rencontrèrent et assimilèrent auIXe siècle enEtelköz, à la veille de s'installer dans lagrande plaine hongroise, il existe dans la plupart des langues d'Europe occidentale une ambiguïté datant duMoyen Âge : celle-ci affirme que « Hongrois » viendrait desHuns, et les noms hunniques tels qu'« Attila » (le plus grand des chefs hunniques) et « Réka » (une reine hunnique) sont d'ailleurs encore très populaires enHongrie, bien que ces deux prénoms soient en fait d'originegotique[9].
Ces « Finno-Ougriens » (probablement les ancêtres desFinnois actuels aussi) s'installent dans la vallée de laKama, à l'ouest desmonts Oural autour de. Les « Ougriens » (les ancêtres des Magyars) restent quant à eux à l'est de l'Oural dans lessteppes boisées deSibérie occidentale jusqu'en -2000 au moins. Les restes des lieux d'habitation trouvés sont d'ailleurs très proches de ceux découverts au nord-ouest du site de laculture d'Andronovo. À partir de, et grâce probablement à l'aide de tribus voisines, ils apprennent l'agriculture, ladomestication dubétail et le travail dubronze, et s'orientent de plus en plus vers une cultureéquestre.
Au début duVIIIe siècle de l'ère chrétienne, les Protomagyars arrivent sur leDon. La présence de descendants des Protomagyars restés enBachkirie est documentée jusqu'en 1241. De nombreuses références historiques assimilent d'ailleurs les Bachkirs et les Hongrois aux deux branches d'un même peuple. Les Bachkirs actuels sont pourtant très différents de leurs ethnonymes, ceux-ci ayant été largement décimés par lesinvasions mongoles (XIIIe siècle) et assimilés auxpeuplades turques qui s'installèrent par la suite.
Les Proto-magyars de la région du Don sont des sujets du khanatkhazar. Organisés en une confédération de sept tribus (Jenő,Kér,Keszi,Kürt-Gyarmat,Megyer,Nyék etTarján), leurs voisins sont les « Proto-bulgares » et lesAlains. LesProto-Bulgares et les Magyars entretiennent de nombreuses relations enKhazarie, que ce soit dans l'alliance ou le conflit :Khazars et Proto-Bulgares ont transmis aux Magyars des éléments de leurslangues turciques[11]. Le système à trois chefs (connus plus tard sous le nom de « kende » (chef sacral), « gyula » (chef de guerre) et « harka » (juge suprême (?)) date également de cette époque.
Les études génétiques récentes (2019-2022) confirment les indications historiques. Ainsi, les Magyars conquérants semblent former une population récemment constituée comprenant des composants purement européens, asiatiques et mélangés. Leurs lignées paternelles et maternelles hétérogènes indiquent une origine phylogéographique similaire chez les mâles et les femelles, dérivée de sources venant de l'Asie centrale et de lasteppe pontique européenne. Une partie importante des lignées uniparentales des premiers conquérants peut être dérivée des régions de laVolga et de l'Oural et elles montrent une affinité avec la population de laculture Sargat(en) de l'âge du fer, ce qui suggère qu'elles n'ont qu'une interaction limitée avec la population locale du bassin des Carpates[12].
La composition des lignées paternelles hongroises conquérantes est très similaire à celle desBachkirs confirmant les sources historiques qui indiquent l'identité des deux groupes[13]. Une autre étude (2020) note la présence importante de l'haplogroupe N3a, originaire du nord et du nord-est de l'Eurasie. Cet haplogroupe apparaît rarement chez les Hongrois modernes (contrairement à d'autres peuples de langue finno-ougrienne) mais a été retrouvé chez 37,5 % des conquérants hongrois étudiés. Ces résultats suggèrent qu'une partie des anciens Hongrois était de descendance ougrienne et qu'une partie importante parlait hongrois[14]. Une étude de 2022 précise que le noyau des Hongrois conquérants provenait d'un mélange antérieur modélisé ainsi :Mansis actuels (50 %), premiersSarmates (35 %) et une source orientale proche desXiongnu et desHuns (15 %)[15].
La guerre civile éclate dans le khânat Khazar vers 830. Trois tribus khazares se joignent aux Protomagyars et, sous la pression desPétchenègues, tous s'installent dans la région que les Magyars désignent sous le nom d'Etelköz, entre lesCarpates et leDon (soit l'actuelleUkraine) où ils assimilent, déjà, des populationsturcophones,iranophones etslaves, ce qui contribua à modifier le stock ethnique primitif du peuple magyar[16]. À partir de 862, les Magyars (dès lors également désignés par le terme deUngris : Hongrois) commencent à opérer des raids enGrande-Moravie, contre l'Empire franc et contre laBulgarie. Ils servent également demercenaires à divers peuples slaves d’Europe centrale, ainsi qu'à laFrancie orientale comme en 892, lorsque des cavaliers magyars sont recrutés par le roiArnulf de Carinthie, en guerre contre laMoravie[17]. En 889, la chronique duFrancRéginon de Prüm (Reginonis abbatis Prumiensis Chronicon, année 889), probablement peu objective, décrit les Magyars comme de véritables barbares. Selon Réginon, les Magyars (encore païens et semi-nomades), dont la férocité« surpassait celle des bêtes sauvages », mangeaient de la viande crue[18], de la chair humaine, et dévoraient le cœur de leurs ennemis et buvaient leur sang, pour s'approprier leurs forces[19].
Principales expéditions magyares en Europe auXe siècle
En 895/896, sous la direction probable d'Árpád, une partie des tribus proto-magyares traverse la chaîne desCarpates pour entrer dans le bassin du moyen-Danube. La tribu Megyer (Magyar) est aux avant-postes de cette conquête. Cet épisode est considéré par le récit national hongrois comme l'acte fondateur de l'« occupation de la patrie » :Honfoglalás.
Au même moment (vers 895), l'Etelköz est attaqué par lesBulgares en représailles aux interventions des Protomagyars durant le conflit bulgaro-byzantin de 894-896, puis par lesPétchenègues. Il n'est pas clairement établi si ces attaques furent la cause ou la conséquence du déplacement vers l'ouest des Magyars d'Árpád.
Les premières installations dans le bassin desCarpates se font enPannonie et le long duDanube et de la rivièreTisza, terres fertiles mais faiblement peuplées où avaient auparavant vécu desSlaves, desAvars, desGépides et desIazyges. Deux puissances qui contrôlaient jusque-là la région : laGrande-Moravie au nord-ouest et laBulgarie au sud-est, sont alors évincées, et lescanesats etvoïvodats locaux,slaves, slavo-valaques ouvalaques (laquestion est disputée) passent progressivement sous suzeraineté hongroise, ce qui est évoqué, de manière romancée, dans la chronique appeléeGesta Hungarorum (la « Geste des Hongrois ») du chroniqueur anonyme du roiGéza. Les alliés des Magyars s'installent dans le pays : lesKabars, lesKhazars du khân Kursan dans lecomitat actuel deHajdú-Bihar, lesIasses dans l'actuelle région de Jász (Ïassie), lesCoumans celle de Kunság (Coumanie). Sous l'influence de toutes ces populations assimilées, auxquelles s'ajoutent toutes les familles raflées en Allemagne, France, Espagne, Italie, Balkans… les Magyars se sédentarisent, abandonnent progressivement leur mode de vie pastoral, mettent le pays en culture et intègrent techniques agricoles etvocabulaireslave,germanique etlatin. L'église participe activement à ce processus et lesmonastères fleurissent.
De nombreux Magyars restent cependant au nord des Carpates même après 895/896, comme l'indiquent de nombreux vestiges archéologiques près dePrzemysl. Ils semblent pourtant avoir rejoint les autres Magyars à partir de l'an 900. Les Magyars restés dans l'Etelköz s'installent enfin, sous la pression desBulgares et desPétchenègues, enTransylvanie orientale où l'on pense qu'une partie de la minorité magyarophone actuelle n'est pas descendante des tribus d'Árpád mais, comme lesCsángó deMoldavie, de ces Magyars restés en Etelköz : ce sont lesSicules, qui constituent environ 40 % de la populationmagyarophone deRoumanie, mais dont l'origine exacte est encore matière à débat. Certains avancent même que les Sicules s'étaient en fait installés enTransylvanie avant même que les tribus magyares ne quittent l'Etelköz.
La foudroyante apparition de ces terribles cavaliers qui rappelaient lesHuns d'Attila, leur aspect, leur cri de guerre qui annonçait la mort ou l'esclavage pour ceux qui ne s'enfuyaient pas à temps, la grêle de flèches qui ne manquaient jamais leur but, tout cela terrorisait les habitants des régions envahies. Selon les témoignages de l'époque, souvent peu objectifs, les Magyars d'alors[23], étaient des hommes de taille très petite, au teint basané, aux yeux creux, les joues tailladées de cicatrices rituelles, la tête rasée, les jambes arquées comme il arrive auxpeuples cavaliers. Les textes occidentaux parlent de sacrifices aux dieux et affirment que les Magyars (païens) buvaient le sang de leurs ennemis. Ils pratiquaient avec zèle le culte des morts et ils recueillaient avec le plus grand soin les corps de leurs camarades tombés en expédition pour les brûler et en remporter chez eux les cendres. Ils étaient convaincus que ceux qu'ils tuaient allaient être leurs esclaves dans l'au-delà[24].
Le butin de leurs expéditions est énorme et les populations emmenées et établies en Hongrie, nombreuses : le magyar devient la langue de communication.
AuXIIe siècle encore, les Magyars de lagrande plaine hongroise — moins urbanisée et occidentalisée que l'ouest de la Hongrie — étaient assimilés à des barbares. L'évêque et chroniqueur allemandOtton de Freising, qui traversa la plaine hongroise en 1147 pour se rendre enTerre sainte, dira à propos des Magyars : « on peut accuser le sort, ou plutôt admirer la longue patience divine, d'avoir donné un si beau pays aux Hongrois, hommes hideux, aux yeux enfoncés, à la taille petite, barbares, sauvages de mœurs et de langue ; une sorte de monstres humains. »[25],[26].
Ainsi, au-delà du récit national mentionnant la filiation entre les groupes magyars et les Hongrois actuels, la Hongrie s'est caractérisée au cours de son histoire comme un territoire largement ouvert aux influences extérieures et au brassage de populations. Outre les différentes tribus mentionnées plus haut qui se mélangent plus ou moins aux Proto-Magyars puis aux Magyars au long de leur pérégrination, d'autres groupes plus ou moins identifiés contribuent à l'édification de la culture et de la langue hongroise actuelles : lesPétchenègues,Coumans ouAllemands auMoyen Âge, lesTurcs pendant leur occupation de laHongrie de 1541 à 1699, lesAutrichiens,Slovaques etSerbes invités à repeupler les territoires abandonnés par les Turcs après 1700, ainsi que bien d'autres populations (Slovènes,Croates,Valaques,Roms,Juifs…) jusqu'à la période contemporaine.
Après la grande migration des Magyars vers l'ouest, il est constaté trois évolutions subséquentes à la fois à partir des anciens territoires de peuplement magyar enAsie centrale, mais aussi à partir du bassin des Carpates. La première évolution concerne lesMagyars orientaux, décrits parfrère Julien en 1235 comme parlant une langue très proche duhongrois et se présentant comme des tribus ayant choisi de ne pas quitter l'Oural. Après les raidstatars contre lekhanat bulgare de la Volga, ces Magyars auraient été exterminés ou auraient migré vers le sud, fondant lepays magyar du Caucase (hongrois :Kaukázusi Magyarország) ou Kummagyaria, sur les rives de la rivièreKama. Après avoir vécu en situation de semi-nomadisme, ils se seraient installés de façon sédentaire et se seraient adonnés à l'agriculture et à l'élevage auXIVe siècle.
Entre l'Etelköz et l'Honfoglalás, deux groupes assimilés aux Magyars se sont singularisés dans leur fonction auprès du royaume et leur zone d'implantation. Il s'agit desCsángós, installés en dehors du bassin des Carpates enBucovine et enMoldavie et desSicules deTransylvanie dans lePays sicule (hongrois :Székelyföld).
La christianisation des tribus magyares est liée à la fondation de l'État hongrois parÉtienneIer de Hongrie. Celle-ci s'est faite en opposition à certains groupes descendants des premiers clans arrivés dans la plaine ainsi que contre lestáltos, prêtres de l'ancienne religion. Des anciennes divinités païennes, Boldogasszony a été intégrée par les catholiques comme l'incarnation de laVierge Marie. Les Hongrois lui vouent encore un culte très important. Dans l'imagerie populaire, leTurul, leCsodaszarvas(hu) ou leVilágfa sont des traces encore vivaces de l'héritagechamane.
Lacitoyenneté hongroise (magyar állampolgárság) est fondée sur ledroit du sang : est considéré hongrois toute personne née d’une personne de citoyenneté hongroise, quel que soit le lieu de naissance. Le lieu de naissance ne suffit donc pas pour acquérir la citoyenneté. Pour pouvoir acquérir la citoyenneté hongroise, laHongrie dispose d'un dispositif juridique différencié selon que le demandeur est considéré comme étranger ou comme d'ascendance magyare (notamment lesMagyars d'outre-frontières). Dès lors que celle-ci est acquise, aucune forme de distinction devant la loi ne peut s'opérer entre ses détenteurs, tous membre d'une même communauté politique nationale.
LaLoi fondamentale de la Hongrie définit cette communauté nationale selon une profession de foi placée avant l'introduction du texte. Elle est divisée en cinq paragraphes dont le premier commence par« NOUS, LES MEMBRES DE LA NATION HONGROISE, au début de ce nouveau millénaire, responsables pour tous les Hongrois, nous déclarons ce qui suit : »
Le premier paragraphe énumère d’abord les « motifs de fierté des Hongrois » :« que notre roisaint Étienne, il y a mille ans, ait placé l’État hongrois sur des fondations solides et ait fait de notre patrie une part de l’Europe chrétienne », que« nos ancêtres » aient« combattu pour la conservation, la liberté et l’indépendance de notre pays », les« magnifiques réalisations intellectuelles des Hongrois »,« que notre peuple, au cours des siècles, ait défendu l’Europe en combattant, qu’il ait développé les valeurs communes de celle-ci avec soin et talent ». Puis les « questions spirituelles et culturelles » :« le rôle de sauvegarde nationale de la chrétienté »,« l’unité intellectuelle et spirituelle de notre nation morcelée par les orages du siècle dernier ». Les députés s’engagent à« entretenir et protéger » le hongrois« langue solitaire »,« la culture hongroise, la langue et la culture des nationalités de Hongrie, les valeurs du bassin des Carpates que la nature a donné et que l’homme a conçu » tout en croyant que leur« culture nationale est une riche contribution à la diversité de l’unité européenne ».
Le deuxième paragraphe liste les « fondements de la vie publique hongroise » :« dignité humaine »,« liberté individuelle » (mais« en bonne entente avec les autres »),« la famille et la nation »,« la fidélité, la foi et l’amour »,« travail » (« fondement de la force de la communauté et de l’honneur de tout être humain »),« obligation de secourir les exclus et les pauvres », le« but commun des citoyens et de l’État » étant« d’obtenir une vie agréable, la sécurité, l’ordre, la justice, la liberté ».
Le troisième paragraphe parle de « l'héritage historique » : les députés respectent« les acquis de notre constitution historique et la Sainte Couronne, qui incarne la continuité étatique constitutionnelle de la Hongrie et l’unité de la nation » mais ne reconnaissent pas« la suspension de notre constitution historique, conséquence des invasions étrangères », refusent« la prescription des crimes inhumains commis contre la nation hongroise et ses citoyens sous la domination des dictaturesnationale-socialiste etcommuniste », ne reconnaissent pas« la continuité légale de laconstitution communiste de l’année 1949, parce qu’elle fut le fondement d’une domination tyrannique ».
Le quatrième paragraphe continue dans cette voie en affirmant que« C’est à compter du deux mai 1990, date de la formation de la première représentation populaire librement élue, qu’a été rétablie l’autodétermination étatique de notre patrie perdue le dix-neuf mars 1944 ».
Le cinquième paragraphe contient quelques déclarations finales : le« besoin impérissable de renouvellement spirituel et intellectuel » après le« bouleversement moral duvingtième siècle », la certitude« qu’avec le talent de nos enfants et de nos petits-enfants, avec leur ténacité et leur force spirituelle, ils restaureront la grandeur de la Hongrie ».
Répartition des Magyars en Hongrie selon le recensement de 2001 :
>90 %
75-90 %
73,5 %
La Loi fondamentale de la Hongrie reconnaît douzeminorités nationales :Allemands,Arméniens,Bulgares,Croates,Grecs,Polonais,Roumains,Ruthènes,Serbes,Slovaques,Slovènes,Ukrainiens, et uneminorité ethnique : lesRoms. Ces minorités bénéficient d'une reconnaissance institutionnelle et peuvent s'organiser encollectivités. Lors des recensements de population, il est possible de se revendiquer à la fois des minorités officielles mais aussi de l'attachement à la majorité magyare. L'appartenance à une minorité et à la communauté nationale n'est donc pas contradictoire. En 2001, sur 10 198 315 habitants, 9 397 432 déclarent une affinité culturelle magyare, soit 91,65 % de la population. En deuxième position, 1,26 % revendiquent l'appartenance à laminorité rom, et 0,86 % à laminorité allemande.
LaKossuth House, siège de la communauté réformée hongroise d'Amérique, àWashington.
La comptabilisation des membres de la diaspora hongroise repose la plupart du temps sur l'effectif des ressortissants émigrés de Hongrie, et ne tient pas compte desMagyars d'outre-frontières. Les communautés transnationales se structurent souvent selon les conditions historiques de l'expérience migratoire. On peut ainsi distinguer des premiers départs au début du siècle pour des raisons essentiellement économiques, en grande partie vers l'Europe occidentale et les Amériques, uneémigration juive pendant et après laSeconde Guerre mondiale, une émigration politique lors de l'insurrection de Budapest en 1956 puis de manière plus sporadique quelques départs après la chute du communisme, mais davantage sous la forme d'expatriation que d'émigration définitive. Certaines villes comportent d'importantes communautés hongroises.
Pays
Estimation de la population d'ascendance hongroise
Populations de langue hongroise dans le bassin des Carpates au début duXXIe siècle.
LesMagyars d'outre-frontières (határon túli magyarok) regroupent les descendants des populations magyares et assimilées qui se sont retrouvées hors des nouvelles frontières de laHongrie, redessinées en 1918 et officialisées lors dutraité de Trianon en 1920[44]. Parmi elles, certaines ont acquis la citoyenneté hongroise durant les vingt dernières années.
Les populations de langue hongroise comptabilisées comme magyares se concentrent dans la région deTransylvanie et se répartissent en deux groupes distincts : les Magyars à proprement parler (environ 350 000), localisés dans l'ancienPartium et lesSicules (environ 825 000), localisés dans lesjudețe deCovasna etHarghita, soit lePays sicule[47]. LesCsángós sont un groupe à part, parlant un vieux dialecte hongrois, localisé en dehors du royaume de Hongrie historique, enMoldavie roumaine.
↑Roumen Daskalov, Alexander Vezenkov, (en) « Entangled Histories of the Balkans - Shared Pasts, Disputed Legacies » Vol. III in Balkan Studies Library, Brill 2015(ISBN9004290362), pp. 289-316.
↑Alain Du Nay, André Du Nay et Árpád Kosztin, Transylvania and the Rumanians, Matthias Corvinus Publishing, 1997, 337 p.(ISBN978-1-882785-09-4), p. 15.
↑Olivier Gillet, « L'histoire de la Transylvanie : le différend historiographique hungaro-roumain », in :Revue belge de philologie et d'histoire, 1997, tome 75, fasc. 2, p. 457–485.
↑Georges Castellan, « Quelques problèmes d'histoire entre Hongrois et Roumains », dansMelikov zbornik : Slovenci v zgodovini in njihovi srednjeevropski sosedje, sous la dir. de Vincenc Rajšpet al., Ljubljana, Založba ZRC, 2001, p. 153–162.
↑Comme d'ailleurs d'autres peuples des steppes ; c'est l'ancêtre du « steak tartare ».
↑Geneviève Buhrer-Thierry, « Les Hongrois en Europe : derniers « envahisseurs » venus des steppes ? », université de Paris-Est, Marne-la-Vallée, EA 3350, Analyse Comparée des Pouvoirs.
↑Dans saChronique des Slaves (enlatin :Chronica Slavorum), Livre I (« Sur la différence entre les Slaves »), le chroniqueur saxonHelmold de Bosau dira à propos du royaume de Hongrie : « quelques-uns ajoutent encore la Hongrie au pays desSlaves, parce que les Hongrois n'en diffèrent, ni par les habitudes, ni par la langue, car l'étendue de lalangue slave les surpasse… » (voulait-il dire que les Slaves étaient dans le royaume de Hongrie plus nombreux que les Magyars, ces derniers ne formant qu'uneminorité dominante ?) ; malgré cette assimilation progressive durant près de mille ans, en 1918, les habitants de laGrande Hongrie magyarophones et catholiques ou protestants ne forment pas encore tout à fait la moitié de la population selon le recensement austro-hongrois de 1910, mais ils ont un statut privilégié : au Parlement de Budapest, sur453 députés, 372 sont magyars (voir Jean Bérenger,L'Autriche-Hongrie : 1815-1918, Armand Colin 1998,(ISBN978-2200217433) et 2200217439).
↑1 536 personnes se sont déclarés Csángós lors du recensement roumain de 2011. L'estimation du nombre de Csángós est pourtant plus élevée : ainsi, leConseil de l'Europe estime leur nombre à 260 000.
Edwin Lawrence Godkin,The History of Hungary and the Magyars : From the Earliest Period to the Close of the Late War, W. Kent & Co, London, 1856(lire en ligne).
Édouard Sayous,Les origines et l'époque païenne de l'histoire des Hongrois, Ernest Leroux Éditeur, Paris, 1874(lire en ligne).
András Róna-Tas,Hungarians and Europe in the Early Middle Ages : An Introduction to Early Hungarian History, New York : Central European University Press, 1999.
Christoph Pan, Beate Sibylle Pfeil, Michael Geistlinger,National Minorities In Europe, Purdue University Press, 2004(ISBN978-3700314431) : « The Peoples of Europe by Demographic Size », table 1,p. 11f.