Madurai (entamoul :மதுரை) ou encoreMadura,Maduré en français, est une grande ville du sud de l'Inde et la deuxième en importance dans l'État duTamil Nadu. Située sur les rives du fleuveVaigai, elle est reconnue pour abriter de nombreux temples[1] et a été un centre culturel majeur de la région, étant parfois qualifiée de « capitale culturelle ». Sa population dépasse 1,293 million d'habitants (2006) et elle est connue entre autres pour letemple de Mînâkshî, situé au cœur de la ville, qui attire des milliers de touristes et de pèlerins. Capitale desPândya, Madurai a une histoire de quelque 2500 ans et était un centre commercial que connaissaient lesRomains.
La légende raconte que le jour où la ville devait recevoir son nom, tandis que le dieuShiva bénissait sa terre et ses habitants, le nectar divin (madhu) se mit à pleuvoir depuis sa chevelure, ce qui fit que la ville reçut le nom deMadhurapuri. En fait, Madurai est plus probablement la déformation du mot tamoulmarudhai (மருதை) qui signifie « région agricole fertile avec le sol alluvial ». Certains habitants de la ville l'appellent d'ailleurs toujoursMarudhai. On la qualifie aussi parfois d'Athènes de l'Orient du fait de sa richesse architecturale en temples. Elle est aussi célèbre pour ses fleurs dejasmin de variétésambac (bénéficiant d'un label d'indication géographique protégé), cultivées dans un terroir spécifique rayonnant autour de la ville. Le jasmin de Maduré (மதுரை மல்லி (madurai malli) ouமதுரை மல்லிகை (madurai malligai) en tamoul) est entre autres un produit recherché enparfumerie et par les femmes sud-indiennes, qui les entremêlent dans leur coiffure (gajra)[2],[3].
Madurai est situé à 9°48'N 78°06'E à une altitude moyenne est de 101 mètres. La ville de Madurai se trouve sur la plaine fertile de la rivière Vaigai, qui divise la ville suivant un axe nord-ouest sud-est. Madurai est bordée au nord et à l'ouest par les collines de Sirumalai et Nagamalai. Les terres autour de Madurai sont largement utilisées pour l'agriculture, activité aidée par l'apport d'eau détournée dubarrage de Periyar en amont. Les terres sont principalement argileuses, et sont principalement utilisées pour la culture du riz, de légumineuses, du mil, de graines oléagineuses, du coton et de la canne à sucre.
Le climat de Madurai est chaud et sec huit mois par an. La ville est balayée en février et mars par des vents froids. Les mois les plus chauds sont de mars à juillet. La ville connaît un climat modéré d'août à octobre, tempéré par de fortes pluies et des orages, et un climat légèrement plus frais de novembre à février. Le brouillard et la rosée sont rares et ne se produisent que durant la saison hivernale. Étant située à égale distance des montagnes et de la mer, la ville est balayée à la fois par la mousson du nord-est et la mousson du sud-ouest, la première fournissant le plus de pluie pendant les mois d'octobre à décembre.
En été, les températures atteignent généralement un maximum de 40 °C et un minimum de 26,3 °C, bien que des températures allant jusqu'à 42 °C ne soient pas rares. Les températures hivernales varient entre 29,6 °C et 18 °C. Une étude basée sur les données disponibles auprès du Département météorologique indien sur Madurai sur une période de 62 ans indique une tendance à la hausse de la température atmosphérique au-dessus de la ville de Madurai, attribuée à l'urbanisation, à la croissance des véhicules et à l'activité industrielle. La température maximale de 42 °C pour la décennie 2001-2010 a été enregistrée en 2004 et en 2010.
Palais de Thirumalai Nayak, Résidence principale desNayaks de Madurai.
Madurai est une des villes les plus anciennes de l'Inde et figure parmi les plus vieux centres urbains continuellement habités au monde[4].
Elle était un grand centre littéraire durant les trois premiers siècles de l'ère chrétienne, au cours de la période des « académies » ouShangam, dont la ville était le siège, période considérée comme l'âge d'or de la langue tamoule.
Dès leIIIe siècle av. J.-C.,Mégasthène, l'ambassadeur deSeleukos Nikator auprès du roiChandragupta Maurya visite Madurai. Plus tard, Grecs et Romains viennent y faire commerce avec les rois Pândya.Pline l'Ancien etPtolémée mentionnent la ville sous le nom deModoura (latin :Modura ;grec ancien :Μόδουρα). Madurai s'épanouit jusqu'auXe siècle où elle est conquise par les rivaux traditionnels des rois Pândya, lesChola qui la gouverneront de920 jusqu'au début duXIIIe siècle. En1223, les Pândya recouvrent leur royaume et connaissent une nouvelle prospérité, entraînant un nouvel âge d'or pour la littérature tamoule.
Mais, en avril1311,Mâlik Kâfur, un général d'Alâ ud-Dîn Khaljî qui règne àDelhi, atteint Madurai et la pille, s'emparant de toutes les pierres précieuses, bijoux et autres trésors rares qu'il trouve dans la ville. Ce ne sera que la première des incursions que feront régulièrement les sultans musulmans et qui entraîneront la chute du royaume pândya et son intégration, en1323, dans l'empire desTughlûq qui règne depuis Delhi. Son première gouverneur, Jalâl al-Dîn Ahsân Shâh, profitant des instabilités qui affectent le sultanat delhiite, se fait indépendant en1335 et fonde l'éphémère sultanat de Ma'bar ou de Madurai (enarabe :مترة (Mutra)). Sous le règne du troisième sultan, Ghiyâth ud-Dîn Muhammad Dâmaghânî (1340-1344), la ville connaît la venue et l'installation du célèbre voyageurIbn Battûta, qui y fréquente la cour, et dont il avait épousé auparavant une des princesses, Hûr Nasab, la fille de Jalâl al-Dîn Ahsân Shâh. Ce dernier avait trouvé la mort assassiné par un de ses émirs vers 1340, qui lui succéda au trône. Dans sarihla, Battûta consigne la situation piteuse de Madurai, brutalisée et appauvrie par des souverains particulièrement violents.
En1371 cependant, leroyaume de Vijayanâgara s'empare de Madurai et l'intègre à ses territoires. Les rois du Vijayanâgara organisait leur État en gouvernorats et en vice-royautés vassalisées, qui étaient sous la direction de gouverneurs appelésNâyaka (Naïck en français) qui payaient un tribut fixe annuel à l'empire. Après la mort du grand roiKrishnadevarâya Tuluva, advenue en1529, les Nâyaka de Madurai se rendent indépendants et règnent sur ces territoires pour leur propre compte jusqu'en1736.