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| Naissance | Neuilly-sur-Seine |
|---|---|
| Décès | (à 30 ans) 6e arrondissement de Paris |
| Nationalité | |
| Profession | Professeure de lettres |
| Autres activités | résistante membre duréseau Shelburn et membre du réseauLibération Nord |
| Formation | |
| Distinctions |
Madeleine Michelis, née àNeuilly-sur-Seine le et morte àParis le, est une professeure de lettres etrésistantefrançaise.
Madeleine Michelis est issue d'une famille d'artisans : son père, Victor Michelis, d'origine italienne, est cordonnier et sa mère, Lisa Schrub, d'origine alsacienne, est gouvernante. Ses grands-parents maternels ont quitté laMoselle, après la défaite de1871, pour pouvoir rester français. En1917 naît son frère Jean, dont elle est très proche[1]. La famille possède une résidence secondaire enSeine-et-Marne.
Admise au concours des bourses à l'issue de l'école primaire, elle entre au cours secondaire de jeunes filles deNeuilly-sur-Seine, sa ville de résidence, puis elle intègre lakhâgne dulycée Condorcet à Paris en1932. Elle réussit le concours d'entrée à l'École normale supérieure deSèvres (promotion1934).
Catholique et humaniste, membre de laJeunesse étudiante chrétienne (J.E.C.), elle côtoie, avant laSeconde Guerre mondiale,Jean de Baroncelli etJean-Louis Crémieux-Brilhac[2].
En1937, elle est nommée professeur de lettres au lycée de jeunes filles duHavre. En1939, elle est détachée à l'annexe du lycée du Havre àÉtretat, ouverte pour les Parisiens réfugiés et les élèves havrais fuyant les éventuels bombardements. En, avec la débâcle des armées françaises, elle part sur les routes de l'exode àCaen, enCharente-Maritime et enfin àPamiers, où elle retrouve ses parents[2]. En, elle est mutée aulycée Victor-Duruy à Paris, puis, à la rentrée 1942, au lycée d'État de jeunes filles d'Amiens. Elle y anime un atelier de théâtre pour les élèves ; elle héberge une jeune juive, Claude Bloch — dont le père, l'architecteJean-André Bloch, avait été déporté — avant de réussir à lui faire passer laligne de démarcation pour l'envoyer chez des amis cultivateurs dans leGers, les Orllhac[2]. En 1943, elle est reçue16e à l'agrégation féminine de lettres[3].
Elle aurait été membre du mouvementLibération-Nord[Note 1] mais il est documenté qu'elle fut membre active duréseau Shelburn, piloté par leMI9, service secret anglais spécialisé dans l'évasion de membres des forces aéroportées tombés au sol en mission : elle a pour objectif de mettre à l'abri et d'assurer le rapatriement en Angleterre des parachutistes et aviateurs alliés disséminés dans la campagne picarde dont l'avion est abattu par laDCA allemande. Son action dans la Résistance a commencé enNormandie avant son arrivée à Amiens.
Arrêtée par la Gestapo à son domicile amiénois, 6 rue Marguerite-Hémart-Ferrandier, le, elle est écrouée à la prison de la route d'Albert puis transférée àParis, aulycée Montaigne.Marcelle Moreau, arrêtée et transférée à Paris en même temps qu'elle, apprit que les Allemands ont trouvé chez elle des documents compromettants. Au lycée Montaigne les deux femmes occupent des cellules séparées.
Le, Madeleine Michelis subit un premier interrogatoire le soir. Rentrée dans sa cellule, elle crie qu'elle « avait eu un bain glacé et qu'elle a du mal à se réchauffer ». Elle a subi lesupplice de la baignoire.
Le mercredi, elle a été amenée, vers 13h00, à l'hôtel des États-Unis,boulevard du Montparnasse, pour un interrogatoire. Elle seule descend du fourgon. Aucun témoin ne l'a jamais revue vivante[4].
Les Allemands prétendent qu'elle s'est évadée puis remettent sa dépouille aux autorités françaises[5].
Le, sa famille est officiellement avertie de sa mort. Elle fut inhumée aucimetière nouveau de Neuilly-sur-Seine àPuteaux.
L'acte de décès porte la date du[6] mais deux témoins affirment l'avoir vue en vie le 16.
Son certificat de décès porte la mention : « morte par strangulation »[7]. Cependant, un doute subsiste sur la date et la cause de son décès : en effet, elle pourrait avoir été étranglée par un policier qui tentait de la faire parler[8] mais tout aussi bien aurait-elle pu s'être suicidée pour éviter de parler, comme le pensait son chef de secteur[9].
Elle a rédigé un bref adieu à sa famille en éraflant avec un objet pointu les pages d'un manuel scolaire[4].
En1966, à la mort de son père, ses cendres sont transférées dans la tombe familiale au cimetière deFontaine-le-Port (Seine-et-Marne), où ses parents ont une maison de campagne[2].
« Jeune Française admirable, qui s'est entièrement dévouée à la cause de la Résistance, professeur agrégée au lycée d'Amiens, a tout sacrifié au service de la Libération. S'est particulièrement occupée du passage des prisonniers évadés et d'aide aux parachutistes et aviateurs alliés. Arrêtée le 12 février 1944, transférée à Paris, a refusé de parler malgré les pires traitements. A été étranglée le 15 février 1944, trouvant une mort glorieuse au milieu des tortures supportées avec un courage magnifique et sans trahir son secret. Modèle d'abnégation et de foi patriotique[10]. »

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