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| Marquise de Montespan |
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| Nom de naissance | Françoise de Rochechouart de Mortemart |
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| Enfants | Marie Christine de Pardaillan de Gondrin(en) Louis Antoine de Pardaillan de Gondrin Fille inconnue de Bourbon(d) Fils inconnu de Bourbon(d) Louis-Auguste de Bourbon Louis César de Bourbon, comte du Vexin Louise Françoise de Bourbon Louise Marie Anne de Bourbon Françoise-Marie de Bourbon Louis-Alexandre de Bourbon |
| Propriétaire de |
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Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, diteMadame de Montespan, est baptisée àLussac-les-Châteaux le et morte àBourbon-l'Archambault le. Elle est marquise deMontespan par son mariage avecLouis Henri de Pardaillan de Gondrin.
Elle est connue pour sa liaison avec le roiLouis XIV, qui dura plus de dix ans (de 1667 à 1678) et de laquelle sont nés sept enfants. La marquise fut une mécène importante pour de nombreux artistes duGrand Siècle commeMolière,Jean de La Fontaine ou encorePhilippe Quinault.
Née en[1] au château deLussac-les-Châteaux et baptisée le[n 1], Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart est la fille deGabriel de Rochechouart de Mortemart,premier gentilhomme de la Chambre du roiLouis XIII, et deDiane de Grandseigne, dame d'honneur de la reineAnne d'Autriche. Françoise, qui adopte ultérieurement le nom d’Athénaïs sous l'influence de lapréciosité (sans doute en référence à Athéna, déesse de la guerre dans la mythologie grecque alors très en vogue), est d'abord placée vers l'âge de onze ans à l'abbaye aux Dames deSaintes où elle reçoit une éducation soignée réservée à une douzaine de pensionnaires de la haute noblesse. Elle en sort en1658, sous le nom deMademoiselle deTonnay-Charente pour regagner la Cour de France. Grâce à l'intervention d'Anne d'Autriche et à sa tante Anne de Rochechouart de Mortemart, une de ses camarades de jeu, la jeune fille est peut-être attachée au service d'Henriette d'Angleterre, belle-sœur deLouisXIV, ou[3] du moins elle entre au service de son époux,Monsieur, frère du roi. Réputée pour sa beauté, elle devient un parti convoité[4].
Le 6 février1663, elle épouseLouis Henri de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan (1640-1691) en l'église Saint-Sulpice à Paris, dont elle a Marie-Christine de Gondrin de Montespan (1663-1675) etLouis Antoine de Pardaillan de Gondrin, marquis puis duc d'Antin (1665-1736). Très introduite dans les salons littéraires du quartier du Marais, elle séduit par ses bons mots. Son mari s'étant endetté, les Montespan sont réduits à habiterrue Taranne un logement médiocre. Madame de Montespan, devenue la dame d'honneur de la reine, est très présente à la cour où elle devient l'amie et la confidente de sa future rivale,Madame de Maintenon.
Elle rencontreLouisXIV à l'automne1666. Occupé par son amour pour safavorite, la duchesseLouise de La Vallière, il ne fait tout d'abord pas attention à elle. Mais, lorsqu'elle se lie avec La Vallière jusqu'à devenir sa confidente, le roi, la rencontrant souvent chez sa maîtresse et chez la reine, remarque sa conversation piquante, naturelle et enjouée.« À la plus surprenante beauté, elle joignait l'esprit le plus vif, le plus fin, le mieux cultivé, cet esprit héréditaire dans sa famille » (esprit Mortemart) écritMme de Sévigné. De plus, le roi commençait à montrer des signes de lassitude envers Louise de la Vallière à cause de son comportement réservé. Insensiblement, Louis XIV se laisse charmer par la belle marquise, mordante sans méchanceté et agréable conteuse. On convient queMme de Montespan ridiculisait beaucoup de gens, uniquement pour amuser le roi. Ses sarcasmes n'étaient pourtant pas sans danger ; les courtisans les craignaient. Ils évitaient surtout de se laisser voir sous ses fenêtres quand Louis XIV était avec elle ; ils appelaient cela« passer par les armes ».
La marquise devient la maîtresse du roi en mai1667. Son mari fait un scandale à la cour lorsqu'il apprend la nouvelle. Il traite le roi de« canaille » et menace sa femme de la violer après avoir couché avec toutes les putains de Paris pour qu'elle le contamine de lavérole. Il est promptement enfermé auFor-l'Évêque, puis exilé sur ses terres, enGascogne[5]. Il organise ensuite le simulacre des funérailles de son amour, une tombe avec une simple croix en bois ornée des dates 1663-1667[6]. Le roi tente de désamorcer le scandale en lui proposant un titre de duc, mais le mari cocu refuse[5].
La liaison avec le roi devient bientôt publique sans être officielle ; Madame de La Vallière, célibataire, sert malgré elle de paravent au double adultère. Le, jour du « Grand divertissement royal » qui célèbre officiellement letraité d'Aix-la-Chapelle, est un hommage discret à la nouvelle favorite et à son arrivée à la Cour[7]. Elle s'établit dans un appartement à peu de distance de celui du monarque, et les courtisans clairvoyants n'ont pas de peine à expliquer pourquoi l'un et l'autre se dérobent en même temps au cercle de la reine. La sensible La Vallière n'est pas la dernière à s'apercevoir de cette nouvelle liaison. Il n'y a que la reine qui refuse l'évidence. De fait, Madame de Montespan a su la persuader de sa vertu. C'est en 1670 que sa faveur éclate officiellement lors d'un voyage aux Pays-Bas où elle fait une partie du voyage dans la voiture du roi et de la reine ; lorsqu'elle monte dans la sienne, quatre gardes du corps entourent les portières.
« Beauté à faire admirer à tous les ambassadeurs », écritMadame de Sévigné[8],« Junon tonnante et triomphante », la faveur de la marquise est aussi traversée de crises violentes. La favorite officieuse se montre capricieuse, autoritaire, dépensière, brûlante d'ambition et de jalousie. Elle fait même des scènes au roi, allant jusqu’à lui faire remarquer que sa famille est plus ancienne que lamaison de Bourbon ; elle n’épargne aucun de ses rappels orgueilleux de la devise de sa maison à son amant :« Lorsque la mer fut au monde, Rochechouart portait les ondes ». De son côté, la douce et timide Louise de La Vallière ne veut pas céder la place mais n'est pas de taille à lutter. Elle cherche à se retirer dans un couvent mais par politique, le roi la retient à la cour. La favorite officielle supporte tout : les rebuffades de son amant, les railleries de sa rivale triomphante, le mépris des courtisans.
En 1673, le roi reconnaît et légitime les enfants que la marquise lui a donnés. Cependant, pour éviter un esclandre du marquis de Montespan, le nom de la marquise est omis dans les actes de légitimation et les « légitimés » y apparaissent comme enfants du seul roi. Titrés, ils seront élevés à la cour par l'inévitabledame Scarron bientôt titrée à son tour marquise de Maintenon.
En 1674,Louise de La Vallière quitte la cour pour entrer aucouvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques, non sans avoir dans une scène édifiante demandé pardon à la reine.Mme de Montespan devient alors la favorite en titre mais toujours pas officielle (à cause de son mari). Ses grossesses successives lui ayant fait perdre une partie de sa beauté,Mme de Montespan, redoutant la disgrâce, fait supprimer la présence des filles d'honneur de la reine, tant par la crainte qu'elle a du goût de la nouveauté de son amant — elle peut trouver plus d'une rivale parmi les jeunes personnes qui se succèdent rapidement — que par le souci de cacher la naissance des enfants nés de leur liaison.
En juin 1674, elle dépose auChâtelet de Paris une demande de séparation d'avec son mari. Lechancelier de la reine,Gaspard III de Fieubet, est chargé de représenter les intérêts de Madame de Montespan. L'affaire est rondement menée, suivant le désir deLouis XIV, qui enjoint àColbert :« Pour ce qui regarde l'affaire dont Fieubet est chargé, dites-luy de la presser, afin qu'elle soit achevée, s'il est possible, dans la fin de ce mois. ». Fieubet accomplit sa tâche et le verdict, rapide, est en faveur de la maîtresse du roi. Celle-ci utilise ensuite Fieubet pour conclure une transaction financière avec son mari[9].

De cette liaison royale, sept enfants sont nés, parmi lesquels six ont été légitimés (les lettres patentes de légitimation enregistrées au Parlement de Paris ne mentionnent pas leur mère, mariée à un autre homme) et quatre atteignirent l'âge adulte[10] :
Elle confie alors leur éducation àMme Scarron, la future Madame de Maintenon, par la suite sa rivale. Mais, avec le temps, la marquise, fatiguée de cette gênante pudeur, s'en débarrasse et ne prend plus la peine de dérober ses enfants au public.

L'emprise que l'orgueilleuse maîtresse exerce sur le cœur du roi la fait bientôt prétendre à obtenir de l'autorité dans les affaires. Elle dispose de tant de moyens d'influer sur l'esprit du roi que de nombreux ministres et courtisans se soumettent à elle : on demande et on suit ses conseils. Louis XIV, lui-même abusé par la vivacité et l'apparente étourderie de la marquise, la montre aux ministres comme une enfant. Cette enfant connaît ainsi de nombreux secrets d'État.Mme de Montespan se montre également passionnée par le luxe qui, durant sa faveur, s'étend partout, polit les mœurs — en les corrompant peut-être — imprime tant d'activité au commerce, aux manufactures, et donne un grand essor au génie des beaux-arts. Plus qu'une simple favorite, elle est désormais surnommée à la Cour la « sultane reine »[12].
Il est permis de croire qu'elle a contribué à développer chez Louis XIV ce goût des grandes choses et de la magnificence. Le roi lui ayant fait construire à Versailles le majestueuxchâteau de Clagny[13], la marquise crée autour d'elle une cour brillante où domine le bel esprit. Elle protège notammentLa Fontaine,Molière etQuinault.La Grande Mademoiselle relate avoir par inadvertance intercepté un billet doux deFrontenac à Madame de Montespan, où il dit qu'il en est« fort amoureux »[14]. L'époque Montespan s'avère la plus brillante et la plus glorieuse du règne duRoi-Soleil.

La beauté de Madame de Montespan s'émousse à mesure qu'elle prend de l'embonpoint. Dans le même temps, avec l'âge, Louis XIV éprouve le besoin d'une vie plus régulière, encouragé en ce sens parMadame de Maintenon, devenue entre-temps l'amie (et maîtresse) du roi. Celle-ci, forte d'une réputation sans tache (bien qu'elle traînât beaucoup de cœurs dans sa jeunesse, et devînt même la maîtresse deLouis de Mornay, marquis de Villarceaux), emprunte la voie de la religion et de la morale pour ramener Louis de ses erreurs. Les sévères exhortations deMme de Maintenon frappent le roi par leur justesse ; mais habitué depuis longtemps à l'attrait du plaisir, il s'y laissait entraîner avecMme de Montespan pour revenir ensuite déplorer sa fragilité auprès deMme de Maintenon[15],[16]. Telle est la cause de la jalousie réciproque entre les deux femmes ; Louis XIV doit lui-même intervenir dans leurs querelles pour les raccommoder, pour les voir de nouveau se brouiller le lendemain[17],[18].
Mais c'est une troisième femme qui provoque la disgrâce deMme de Montespan. En1678, Louis XIV tombe éperdument amoureux de la magnifiqueMademoiselle de Fontanges, âgée seulement de 17 ans. C'est une protégée de Madame de Montespan qui a cru pouvoir retenir le roi en lui présentant une jeune oie blanche. Mademoiselle de Fontanges se retrouve vite enceinte mais accouche prématurément d'un petit garçon qui ne survit pas. Elle est alors prise d'un mal lent qui l'affaiblit de jour en jour et finit par la tuer. Or cette mort précoce intervient en pleineaffaire des poisons. Madame de Montespan est alors accusée par plusieurs prisonniers d'avoir donné au roi à son insu desaphrodisiaques, d'avoir fait dire desmesses noires accompagnées de sacrifices d'enfants, et d'avoir cherché la mort du roi et de la nouvelle favorite (sur ce dernier point, on sait maintenant queMlle de Fontanges est morte d'uneéclampsie, malgré des tentatives d'assassinat qui viennent peut-être réellement de la marquise). Elle se voit délaissée par le roi, et doit quitter son appartement duchâteau de Versailles, attribué à son fils, pour vivre dans les soupentes du château[19].
Elle suit le train de vie, donnant de grandes fêtes, vivant toujours sur un grand pied. En 1685, sa filleMlle de Nantes épouse le duc de Bourbon,LouisIII de Bourbon-Condé. En 1692, son fils leduc du Maine se marie avec une petite-fille duGrand Condé et sa filleMlle de Blois devient l'épouse duduc de Chartres, neveu du roi. Les brillants mariages de ses enfants la remplissent de fierté. Le roi lui-même a d'ailleurs envisagé que le duc du Maine montât sur le trône en cas d'extinction desBourbons et, à sa mort, il souhaitait que celui-ci etson frère, le comte de Toulouse, assurassent laRégence du futurLouisXV.


Mme de Montespan reste un temps à la Cour pour ses enfants puis se retire en 1691 à proximité de l’abbaye de Fontevrault dirigée par sa sœurMarie-Madeleine de Rochechouart, 32e abbesse de l’Ordre de 1670 à 1704[n 2]. Elle avait acquis lechâteau de Petit-Bourg, sur la route entre Paris et Fontainebleau, où elle se retirait souvent. En 1700, la marquise fait acquérir par son fil légitime, le marquis d'Antin, lechâteau d'Oiron, délaissant par là-même l’hospice de Fontevraud ; elle s'y installe dès 1700[21]. Elle fait construire dans le village un nouvel hospice dont le pavillon central de l’EHPAD « l’Orée des Bois »[n 3] témoigne encore aujourd’hui en partie[22].
La marquise, âgée de 66 ans, meurt le[23] àBourbon-l'Archambault où elle était allée prendre les eaux. Elle est inhumée dans la chapelle du couvent des Cordeliers – devenue aujourd’hui le passage Cordeliers – àPoitiers[24]. Naguère seulement connu par quelques extraits publiés par des érudits au XIXe siècle, l'inventaire après-décès de son mobilier au château d'Oiron a fait l'objet d'une publication intégrale[25].
Son testament (qui fut cassé par son fils légitime,Louis-Antoine de Pardaillan de Gondrin, marquis d'Antin, pour pouvoir avoir son héritage qui était destiné à ses demi-frères), disposait que son cœur, son estomac et ses intestins fussent mis dans une urne, puis déposés au prieuré de Saint-Menoux.
Le personnage apparaît aussi en tant que personnage secondaire dansLe Vicomte de Bragelonne (d'Alexandre Dumas),L'Allée du Roi (deFrançoise Chandernagor),La Fontainière du Roy (deJean Diwo) etLes Fantômes de Versailles (deJacques Forgeas)[26].
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