LaMacédoine du Nord (enmacédonien :Северна Македонија (Severna Makedonija) ; enalbanais :Maqedonia e Veriut), en forme longue larépublique de Macédoine du Nord[14] (enmacédonien :Република Северна Македонија (Republika Severna Makedonija) ; enalbanais :Republika e Maqedonisë së Veriut), est unpays d'Europe du Sud situé dans la partie centrale de lapéninsule desBalkans.Sans accès à la mer, la Macédoine du Nord partage des frontières avec laGrèce, laBulgarie, laSerbie, leKosovo[b] et l'Albanie. Elle occupe approximativement la moitié nord de laMacédoine géographique, qui s'étend aussi en Grèce et en Bulgarie. Le pays est principalement montagneux et compte une cinquantaine de lacs.
La population de la Macédoine du Nord est de 1,8 million d'habitants en 2021. Sa plus grande ville est la capitaleSkopje, suivie parKumanovo,Bitola,Prilep etTetovo. Par sa position en Europe, le territoire de la république a connu de nombreuses occupations et migrations, les plus marquantes étant l'âge byzantin, l'arrivée desSlaves auVIe siècle, puis une dominationottomane longue de cinq siècles. Ces présences ont façonné une culture riche en influences, puisqu'en plus des citoyens appartenant aupeuple macédonien d'origine slave, le pays compte d'importantes minoritésalbanaise,turque etrom. La Macédoine du Nord compte une majorité d'habitantschrétiens orthodoxes, mais aussi une importante communautémusulmane.
La Macédoine du Nord est un État d'Europe du Sud-Est, situé au centre de lapéninsule balkanique. Sans accès à la mer, elle est bordée au sud par laGrèce, à l'est par laBulgarie, au nord par laSerbie et leKosovo et à l'ouest par l'Albanie. Elle couvre 25 713 kilomètres carrés ; par comparaison, elle est ainsi un peu plus petite que la Belgique. Son territoire se trouve entre 40°50' et 42°20' de latitude nord et 20°27' et 23°05' de longitude est[18].
Carte physique de la Macédoine du Nord.
La Macédoine du Nord est un pays essentiellement montagneux et il compte34 sommets s'élevant à plus de 2 000 mètres d'altitude. Son point culminant, lemont Korab, atteint les 2 764 mètres d'altitude[19]. Le pays compte aussi des collines, des plateaux, des ravins et des vallées fluviales[18]. Le principal cours d'eau macédonien est leVardar, fleuve qui traverse le pays sur301 kilomètres, d'où l'autre dénomination du pays commeMacédoine du Vardar[19]. Il prend sa source dans le nord-ouest du pays, traverse la frontière grecque au sud-est et rejoint lamer Égée près deThessalonique. Il possède plusieurs affluents, comme laBregalnica, longue de225 kilomètres, ou laCrna, longue de207 kilomètres[20]. Le bassin du Vardar comprend en outre 80 % du territoire du pays[20] et seuls deux grands cours d'eau n'en sont pas tributaires, il s'agit duDrin noir, qui rejoint l'Albanie et se jette dans lamer Adriatique, et de laStrumica, qui se jette dans laStrouma en Bulgarie[21].
Lelac d'Ohrid est le plus vieux lac d'Europe ainsi que l'un des plus profonds.
Le pays compte aussi53 lacs naturels et artificiels. Le plus grand, qui est aussi le plus ancien d'Europe, est lelac d'Ohrid qui couvre349 kilomètres carrés[19]. Il est suivi par lelac Prespa, qui couvre274 kilomètres carrés. Ces deux grands lacs sont frontaliers : celui d'Ohrid est partagé avec l'Albanie et celui de Prespa avec l'Albanie et la Grèce ; la Macédoine du Nord possède toutefois la grande majorité de leur surface[19]. Le plus grand lac artificiel est celui duTikveš, il couvre14 kilomètres carrés, fait30 kilomètres de long et a une profondeur de95 mètres[22] ; il fut créé en 1968 grâce à unbarrage hydroélectrique[23]. Le pays possède enfin de nombreuses sources d'eau thermale, exploitées depuis l'Antiquité. La plus chaude de ces sources a une eau à73 °C[24].
La vallée duVardar sépare deux ensembles géographiques distincts. Dans l'Ouest, le relief est très accentué : de grandes chaînes de montagnes, appartenant ausystème dinarique, comme lesmonts Šar, et au massif duPinde, alternent avec des plaines encaissées comme lePolog ou laPélagonie. Dans l'Est, le relief est plus doux car plus ancien ; il est lui aussi entrecoupé de plaines et appartient au système desRhodopes[25]. Le territoire macédonien connaît une activité sismique importante et il fut principalement formé auCénozoïque[26], bien que des massifs rocheux datent duPrécambrien[27]. Le pays connaît des tremblements de terre réguliers et intenses ; ledernier grand séisme en date a eu lieu en 1963 et a détruit 80 % deSkopje, sa capitale. Une ancienne activité volcanique a enfin laissé des poches souterraines desulfure d'hydrogène[28].
La Macédoine du Nord possède de grandes richesses naturelles[36]. Les forêts couvrent 35 % de son territoire[37] ; dans les régions de basse montagne, lehêtre et lechâtaignier dominent, tandis qu'au-dessus de 1 200 mètres d'altitude poussent surtout desconifères, comme lepin et lesapin. Lefiguier, lecyprès et lenoyer poussent autour des lacs d'Ohrid et de Prespa. Les forêts de basse altitude abritent de nombreux animaux sauvages, comme lecerf, lamartre et lesanglier. Dans les montagnes vivent deschamois, desbouquetins, deslynx et desours. Les grands lacs sont des lieux riches en poissons, dont certains, comme latruite d'Ohrid, sont endémiques, et en oiseaux, notamment descormorans et despélicans[38]. Afin de protéger les régions naturelles les plus riches, trois parcs nationaux ont été créés : leparc de Galičica, qui englobe le massif du même nom, entre les lacs d'Ohrid et de Prespa ; leparc de Mavrovo, situé dans les montagnes du nord-ouest, enPolog ; et leparc du Pelister qui englobe le massif éponyme, situé dans le sud-ouest du pays, enPélagonie. Ensemble, ils regroupent une surface de 1 064,88 kilomètres carrés, soit 4 % du territoire national[39]. Lelac d'Ohrid est quant à lui classé aupatrimoine mondial de l'UNESCO[37].
Bien que la Macédoine du Nord ait conservé un environnement très propre, celui-ci est soumis à de nombreuses menaces. Ainsi, les forêts, déjà largement diminuées depuis leMoyen Âge, sont victimes de coupes illégales et d'incendies. Leschèvres ont aussi joué un grand rôle dans la dégradation des massifs forestiers ; une loi de 1947, supprimée dans les années 1990, avait d'ailleurs interdit leur élevage. Depuis la fin de laSeconde Guerre mondiale, le gouvernement entreprend des programmes de reforestation, mais la nature aride des sols et le manque de moyens financiers rendent la tâche difficile[40]. La pollution liée à l'activité humaine touche principalement les cours d'eau et les lacs, victimes de l'irrigation agricole, de l'écoulement des engrais, des rejets industriels et du dépôt d'ordures[37]. La pollution atmosphérique atteint surtout les villes ; elle est due à quelques centrales électriques, à des usines chimiques et métallurgiques et surtout à la circulation automobile. L'impact de cette dernière est aggravé par l'âge élevé du parc automobile et par l'utilisation de carburants de mauvaise qualité[41]. Plusieurs organisations écologiques militent pour la préservation de la nature macédonienne, la plus ancienne et la plus importante étant laSociété écologique macédonienne(en), fondée en 1972[42].
Panorama dePrilep, quatrième plus grande ville du pays.
La Macédoine du Nord est caractérisée par une capitale macrocéphale, qui concentre un tiers de la population du pays, et par un grand nombre de moyennes et petites villes, vingt-neuf au total. Le pays compte aussi 1 637 villages et hameaux[43]. En 2010, 59 % de la population vivait en milieu urbain[44]. L'exode rural, qui ne s'est jamais arrêté, a laissé 150 villages abandonnés et plus de 450 sont menacés de désertification[45].
Les régions les plus densément peuplées sont celles deSkopje et duPolog, qui forment ensemble un arc dans le Nord-Ouest du pays, dans la haute vallée duVardar. Elles comprennent les villes deTetovo,Gostivar etSkopje et regroupent environ 43 % de la population macédonienne. Ce sont elles qui connaissent la plus forte croissance démographique, expliquée par l'exode rural versSkopje ainsi que par le fort taux de natalité parmi laminorité albanaise, largement majoritaire dans lePolog. Les régions du Sud et de l'Est ont une croissance démographique faible et une population rurale plus importante mais elles comptent aussi des villes moyennes, commeBitola,Prilep,Štip ouStrumica[46].
Population des dix villes de Macédoine du Nord les plus peuplées (2021)[47]
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La vallée duVardar est le principal axe naturel du pays ; il traverse le pays du nord au sud et relie l'intérieur desBalkans à lamer Égée. Cet axe est emprunté par l'autoroute M1, qui fait partie de laroute européenne 75 reliant la Finlande à la Grèce, ainsi que par la voie ferrée qui relieBelgrade àThessalonique. Le long du fleuve se trouvent quelques-unes des plus grandes villes du pays, commeSkopje, la capitale,Gostivar etVeles. Un autre axe important est lecorridor européen VIII, qui relie lamer Adriatique à lamer Noire en traversant le pays d'ouest en est. Cet axe traverse notammentOhrid,Tetovo, Skopje etKumanovo[48].
Le réseau routier est le moyen de transport le plus efficace du pays ; la Macédoine du Nord possède 13 736 kilomètres de route, dont216 kilomètres appartiennent à l'autoroute M1. Le réseau autoroutier est modeste mais connaît d'importantes campagnes d'amélioration et d'extension, comme la construction de l'autoroute M2, qui reliera en 2016Kumanovo à la frontière bulgare[49]. Les Macédoniens ne disposant pas de ressources financières pour entretenir et agrandir le réseau, c'est laBanque européenne pour la reconstruction et le développement qui finance les travaux de voirie importants[50]. Le réseau routier macédonien satisfait les critères de l'Union européenne sur la plupart des points, seule l'absence de campagne pour lasécurité routière faisant défaut[51].
Le réseau ferroviaire est long de699 kilomètres, dont234 kilomètres de lignes électrifiées. Il est exploité par une compagnie d'État, lesChemins de fer macédoniens, mais l'ouverture au marché est prévue. Il satisfait aux critères de l'Union européenne[51], mais il est délabré et seules les activités de fret sont rentables. Le gouvernement a toutefois prévu l'achat de nouveaux wagons et locomotives en 2013 afin de remplacer le matériel, renouvelé pour la dernière fois en 1979[52]. La rénovation des lignes existantes ainsi que la construction d'une ligne reliant l'Albanie à la Bulgarie et passant parSkopje sont en cours[53].
La Macédoine du Nord possède enfin deux aéroports internationaux, ceux deSkopje et d'Ohrid, et douze autres aéroports plus petits, dont huit ont des pistes en dur[44].
Le nom de « Macédoine » vient dugrecΜακεδονία (Makedonía), qui désigne d'abord unroyaume antique, dont le souverain le plus connu estAlexandre le Grand. Les habitants de ce royaume antique étaient appelésΜακεδόνες (Makedónes), terme qui vient de l'adjectifμακεδνός (makednós) signifiant « grand » (cet adjectif a une racine commune avec le nomμάκρος (mákros), signifiant « long »). Les historiens pensent que ce nom,Makedónes, a été attribué aux Macédoniens parce qu'ils étaient connus pour habiter en altitude[54].
Le nom Macédoine désigne au fil des siècles une région à géométrie variable. Avant les conquêtes dePhilippeII, il correspond principalement à une partie de laMacédoine grecque actuelle, tandis qu'à l'Époque moderne, elle englobe non seulement la région grecque, mais aussi des territoires aujourd'hui bulgares et albanais et l'ensemble de l'actuelle Macédoine du Nord. Cette grande Macédoine moderne était répartie entre troisvilayets ottomans, ceux deSalonique, dePrizren (incluantSkopje) et deMonastir (aujourd'huiBitola)[55]. LesBulgares[56] y formaient le groupe ethnique le plus nombreux sans y être majoritaires[57]. La région est envahie puis divisée en 1912 entre la Bulgarie, la Grèce et la Serbie. Les populations slaves sont rapidementassimilées, mais les autorités serbes puis yougoslaves ont plus de difficultés dans la Macédoine serbe, ce qui poussera le régime yougoslave à créer et généraliser l'identité macédonienne moderne, les Bulgares s'y opposant étant presque systématiquement envoyés aux camps de travail, notamment àGoli Otok[58]. Après laSeconde Guerre mondiale,Josip Broz Tito octroie aux Macédoniens le statut de nation et leur garantit une république fédérée, baptiséerépublique socialiste de Macédoine. Lors de l'indépendance du pays en 1991, celui-ci prend le nom de république de Macédoine.
Uncompromis est finalement trouvé entre la Macédoine et la Grèce par l'accord de Prespa du pour que le pays s'appelle officiellement république de Macédoine du Nord, au niveau national comme international. Le, les Macédoniens approuvent à plus de 90 % l'accordlors d'un référendum, bien que la participation ne soit que de 37 %. L'accord est approuvé le par le Parlement macédonien puis le suivant par leParlement grec. Le, après ratification par les deux parties, l'accord entre en vigueur, résolvant le conflit par l'adoption du nom de Macédoine du Nord et débloquant ainsi les perspectives d'adhésioneuro-atlantiques de la Macédoine du Nord.
Le site archéologique deCocev Kamen, qui comprend une grotte ornée.
Le territoire de la république actuelle est habité à partir duNéolithique. Le site archéologique le plus ancien est celui de Vrchnik, dans la commune deŠtip ; il est occupé à partir de 7000 av. J.-C. Les tout premiers habitants connaissent l'agriculture et lapoterie et ils sont sédentaires[60]. Plusieurs cultures locales, identifiables par desartéfacts particuliers, se côtoient et se succèdent. Ces cultures sont souvent proches d'autres cultures voisines, comme celle deVinča qui se développe en Serbie, mais possèdent quelques caractéristiques uniques, comme l'usage de peinture blanche pour décorer la poterie[61] et la fabrication de petites statuettes rituelles, lesMagna mater, une figure féminine fusionnée à une petite maison en terre cuite[62].
La région connaît de nouvelles invasions de 1300 à 1200 av. J.-C. Elles sont menées par des tribus de l'Égée[62] et desIllyriens[65] qui traversent le pays et qui s'assimilent peu à peu aux populations locales. Ils apportent l'usage dufer[62] et encouragent le commerce avec les colonies ioniennes situées sur la côte adriatique[65]. L'âge du fer macédonien commence vers 1200 av. J.-C. et s'achève en 400 av. J.-C. Il est caractérisé par de grandes nécropoles princières, qui montrent l'existence de monarchies organisées et influencées par laGrèce antique, comme le royaume dePéonie[66]. C'est à cette époque que leroyaume de Macédoine émerge dans le nord de la Grèce. Ses limites septentrionales correspondent à l'actuelle frontière sud de la Macédoine du Nord[67].
À partir duVIe siècle av. J.-C., l'influence grecque se fait de plus en plus importante[68] et le territoire se couvre de villes fortifiées qui doivent faire face àl'invasion perse de 490 av. J.-C. Le royaume de Péonie, dont le territoire correspond à la majeure partie de l'actuelle Macédoine du Nord, est finalement envahi parPhilippeII en 358 av. J.-C[69]. Après la mort de son filsAlexandre le Grand, la Macédoine antique périclite rapidement et doit faire face à de nombreuses guerres contre laRépublique romaine, qui se succèdent de 214 à 148 av. J.-C[70].
AuIXe siècle,SiméonIer de Bulgarie mène une guerre qui agrandit considérablement son royaume, en l'augmentant notamment de la Macédoine et de l'Albanie. Au cours du même siècle, les frèresCyrille et Méthode deThessalonique créent le premier alphabet slave, leglagolitique. Cet alphabet permet la naissance d'une première littérature slave et la traduction d'écrits religieux envieux-slave. Les deux saints poursuivent leur mission jusqu'enMoravie. Leurs disciples,Clément etNaum, fondent àOhrid la première université slave et deux monastères. Leur œuvre est considérable, puisqu'ils sont souvent associés à la création de l'alphabet cyrillique, et surtout à sa propagation, et font duvieux-slave la langue liturgique des Slaves et des Valaques[78].Clément est par ailleurs le premier évêque d'Ohrid. Sous Clément et Naum, l'université d'Ohrid forme 3 500 prêtres et professeurs ; après leur mort, elle décline mais continue d'exister jusqu'en 1767[79].
En 896,SiméonIer fait la paix avec les Byzantins et favorise la fondation dupatriarcat de Bulgarie[77]. Il meurt en 927 et son empire s'affaiblit[80] : les régions orientales (Mésie,Thrace, côte de lamer Noire) repassent sous l'autorité deConstantinople et les tsars de Bulgarie abandonnent leur capitale,Preslav, pour d'autres villes situées plus à l'ouest, avant de se fixer àOhrid[81]. En 976,SamuelIer de Bulgarie, désireux de reconstruire l'empire deSiméonIer, mène à partir de la Macédoine des campagnes vers l'Albanie, la Serbie, laBosnie, laMésie et la Grèce. Il érige l'évêché d'Ohrid enpatriarcat[82]. Son armée est cependant vaincue par les Byzantins en 1014, et en 1018, sa capitale,Ohrid, est prise par l'empereur byzantinBasile II qui, soucieux d'intégrer pacifiquement les Slaves à l'empire, leur accorde une certaine autonomie et n'augmente pas les impôts[83]. Il supprime le patriarcat d'Ohrid mais fait de la ville le siège d'unarchevêché autocéphale[84]. Ses successeurs se montrent bien plus anti-slaves et remplacent lesboyards slaves par desarchontes grecs. En réaction, la Macédoine connaît deux soulèvements slaves, en 1040 et en 1072. Chaque fois, les insurgés contrôlent des territoires importants avant d'être écrasés[85].
De 1081 à 1083, lesNormands deRobert Guiscard traversent et dévastent la Macédoine ; ils sont suivis par les soldats de lapremière croisade dans les années 1090, et les Normands recommencent en 1107 et en 1108. Les souverains byzantins perdent peu à peu le contrôle de la Macédoine et des boyards locaux créent leurs propres principautés[86]. En 1185, alors que l'empereur byzantinIsaac II Ange alourdit les impôts, les corvées et de laconscription, les Bulgares et lesValaques desBalkans se soulèvent à nouveau sous la conduite de trois frères : Asen, Petros et Ioaniţã Caloian, qui prennent le contrôle des régions formant les actuelles Bulgarie, Macédoine du Nord et Serbie, et obtiennent en plus l'alliance desCoumans. Avec ces armées, ils envahissent laThrace en 1186. Un premier détachement sous les ordres duboyard Dobromir, beau-frère de Petros, se dirige ensuite vers laMacédoine et un second vers laThrace orientale.Georges Cédrène,Nicétas Choniatès etJean Skylitzès relatent qu'Isaac II commence alors des négociations qui aboutissent à un accord signé à Loutch en 1187[87]. En 1203, la Macédoine du Nord est une partie duSecond Empire bulgare. Elle devient serbe en 1282, etStefan Uroš IV Dušan fait deSkopje sa capitale[83]. Peu après sa mort, son royaume s'effrite et la Macédoine sombre dans des luttes intestines entreboyards. Ceux-ci ne peuvent faire face aux envahisseurs turcs lors de labataille de la Maritsa en 1371. La Macédoine du Nord devient alors uneprovince de l'Empire ottoman[88].
Entre 1347 et 1349, lapeste noire ravage le territoire, comme le reste de l'Europe.
LesOttomans qui ont colonisé la région, l'organisent selon leur loi[89]. Certaines populations, comme lesAlbanais de Macédoine du Nord, lesTorbèches slaves, lesMoglénitesvalaques et lesRomsÇingene, se convertissent à l'islam pour échapper aux corvées et aux confiscations des terres et des troupeaux pour lestimars (domaines agricoles turcs), auharaç (double-capitation sur les non-musulmans) et à lapédomazomie (rapt des premiers-nés mâles pour en faire desjanissaires). Mais d'autres groupes, dont la majorité des Slaves, conservent le christianismeorthodoxe, la conversion à l'islam n'étant pas obligatoire[90]. Toutefois, seuls les musulmans peuvent accéder aux postes importants et jouir de divers droits. Dans le système ottoman desmillets, les chrétiens gardent cependant leur cohésion sociale puisque lePatriarcat de Constantinople les représente, et bénéficie de quelques droits administratifs[91].
La Macédoine connaît un certain essor économique au cours desXVe et XVIe siècles, qui correspondent à l'âge d'or de l'Empire ottoman. Cet essor reste toutefois confiné aux villes, transformées en centres de commerce turcs, où se concentre la population musulmane[92]. En raison de conditions de vie difficiles, les Slaves se révoltent pour la première fois contre le régime ottoman en 1564[93], et nombre de paysans chrétiens fuient les terres agricoles des vallées pour rejoindre leshaïdouks, bandes de hors-la-loi (enturchaydut) qui pillent les caravanes sur les axes commerciaux[94], ou lesSaracatsanes (enmacédonien Каракачани,karakatchanes), confréries de voleurs de bétail et de bergers nomades. Au cours de laguerre austro-turque, leshaïdouks profitent du chaos pour déclencher un nouveau soulèvement en 1689. Ils offrent leur soutien à l'armée autrichienne, arrivée dans le sud de la Serbie, et ils s'emparent ensemble de Skopje. Leshaïdouks prennent peu à peu le contrôle de la Macédoine mais les Ottomans reprennent vite du terrain et défont leshaïdouks àKumanovo ; les Autrichiens sont repoussés au nord duDanube[95].
AuXVIIIe siècle, l'Empire ottoman est en déclin et les seigneurs musulmans locaux profitent des désordres politiques pour accroître leur pouvoir. Certains constituent même de petites armées de mercenaires formées de Turcs et d'Albanais musulmans, et terrorisent la population chrétienne tout en neutralisant les haïdouks[96]. Afin de fuir l'insécurité croissante dans les campagnes, de nombreux Slaves quittent leurs villages et s'installent dans les villes où ils travaillent comme domestiques, artisans ou marchands. Ils amorcent une re-christianisation et une re-slavisation des centres urbains, et certains s'enrichissent au point de former une nouvelle classe moyenne[96]. Mais à cause de l'hégémonie de l'Église constantinopolitaine, l'émergence d'une petite élite slave n'entraîne pas immédiatement de renouveau culturel slave macédonien[97]. Sous la pression des Grecsphanariotes, infuents àConstantinople et gouvernant lesprincipautés valaques (d'où ils finançaient l'Église orthodoxe de l'Empire ottoman), lepatriarcat de Peć est aboli en 1766 et l'archevêché d'Ohrid disparaît en 1767. Le Patriarcat de Constantinople contrôle alors seul et directement, tous les orthodoxes desBalkans[98],[99].
La naissance d'une véritable identité nationale est cependant empêchée par l'emprise culturelle grecque et par des politiques d'assimilation culturelle serbes et surtout bulgares à partir des années 1850. Leroyaume de Grèce, laprincipauté de Bulgarie et leroyaume de Serbie sont elles-mêmes d'anciens territoires ottomans nouvellement indépendants ou autonomes, et elles souhaitent chacune annexer la Macédoine. Pour appuyer leurs revendications, les Grecs, les Bulgares et les Serbes cherchent à faire naître ou à renforcer un sentiment d'appartenance à leur nation respective, en établissant des écoles, des églises et des clubs culturels[100] ; la rivalité bulgaro-grecque s'exprime notamment dans le domaine religieux, les Bulgares ayant obtenu des Ottomans la création d'unPatriarcat de Bulgarie et la reconnaissance d'unmillet spécifiquement bulgare en 1870. En dépit des efforts de ces trois pays, beaucoup de Macédoniens ne s'identifient à aucun de ces peuples, même au début duXXe siècle[101]. Un courant nationaliste local existe, mais contrairement aux autres mouvements balkaniques, il se répand sans aucune aide ni soutien extérieur, et sans infrastructures. Au contraire, il est non seulement menacé par le régime ottoman, mais aussi par les gouvernements des pays voisins[102].
Cette carence identitaire est également due à une situation économique et politique difficile. Ainsi, la fin duXIXe siècle, 80 % de la population vit de l'agriculture, 70 % des paysans ne possèdent pas de terres mais travaillent sur les domaines de propriétaires ottomans[103], et les rares manufactures de la région sont obsolètes, peu productives et ne peuvent faire face à la concurrence étrangère. La région connaît l'instabilité, l'insécurité chronique et la corruption. Les puissances occidentales tentent pourtant de s'impliquer dans le développement et la sécurisation de la région, en construisant par exemple des lignes téléphoniques et une voie ferrée, mais ces actions sont insuffisantes[104].
En 1893, des nationalistes macédoniens fondent àThessalonique l'Organisation révolutionnaire macédonienne, qui est rebaptisée plus tard[d]Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, plus connue sous son siglemacédonienVMRO. En 1901, le mouvement reçoit le soutien du gouvernement bulgare, qui y voit un instrument de la création d'uneGrande Bulgarie, incluant les différentes parties de la Macédoine, qui lui avaient été momentanément attribuées auTraité de San Stefano. L'organisation soutient avant tout les droits du peuple macédonien mais envisage aussi la libération de tous les autres peuples qui vivent dans la région vis-à-vis des Ottomans[106].
Le VMRO organise en 1903 le dernier et le plus grand soulèvement populaire de l'histoire macédonienne. Ce soulèvement crucial commence le 2 août, jour de la Saint-Élie (Sveti Eliya en macédonien), ce qui lui vaut son nom d'Insurrection d'Ilinden. Au bout d'un mois, les forces rebelles, dirigées parPitu Guli, contrôlent une région de près de 10 000 kilomètres carrés[105]. En septembre, l'armée ottomane lance une contre-offensive générale et l'insurrection est neutralisée à la mi-novembre[107].
Pitu Guli, héros des Valaques (Aroumains) et des Macédoniens.
Leroyaume de Bulgarie, leroyaume de Grèce et leroyaume de Serbie, décidés à expulser définitivement les Turcs desBalkans, déclarent la guerre (Guerres balkaniques) à l'Empire ottoman en 1912. Les Turcs sont rapidement défaits et la Macédoine est partagée entre les vainqueurs[108]. Le Royaume de Bulgarie conteste toutefois ce partage qui lui laisse de trop petits territoires et déclare la guerre à la Grèce et à la Serbie en 1913. Ces dernières gagnent une seconde fois et font reconnaître définitivement les frontières issues de la première guerre[109].
La Macédoine se trouve divisée en quatre : leroyaume de Grèce reçoit le Sud, leroyaume de Serbie le territoire qui forme la Macédoine du Nord actuelle, leroyaume de Bulgarie la région du Pirin (Macédoine du Pirin)[110] et l'Albanie de petits territoires situés à l'ouest[111]. Chaque État s'emploie à assimiler les populations locales, par la scolarisation dans sa langue nationale et parfois en interdisant l'usage public des parlers macédoniens, considérés comme du « patois »[112],[113].
Un monument aux morts de la Seconde Guerre mondiale près deGostivar.
En 1918, la Macédoine serbe rejoint le nouveauroyaume des Serbes, Croates et Slovènes, rebaptiséroyaume de Yougoslavie en 1929. LesSerbes poursuivent l'assimilation desMacédoniens et colonisent la région[110], même si leVMRO reste actif et commet plusieurs actions terroristes, dont l'assassinat du roiAlexandreIer en 1934[114]. L'organisation devient par ailleurs de plus en plus proche descommunistes, qui reconnaissent eux aussi l'existence du peuple macédonien[115]. La région ne connaît pas de réel développement économique pendant l'entre-deux-guerres[116].
Sous le régime communiste, la Macédoine du Nord connaît un développement socio-économique rapide. La population agricole diminue[121], tout comme l'illetrisme[122], et l'industrie est largement encouragée[116]. Dans les années 1980 naissent des tensions entre lesMacédoniens et laminorité albanaise[123], qui représente environ 20 % de la population du pays[124]. LaYougoslavie est alors touchée dans son ensemble par une crise socio-économique et des premières élections multipartites sont organisées en 1990. En Macédoine, comme enSlovénie ou enCroatie, ce sont les nationalistes qui remportent le plus de sièges au Parlement[125].
Laporte de Macédoine, élevée en 2011 pour commémorer les vingt ans de l'indépendance.
Après les déclarations d'indépendance slovène et croate, la Macédoine décide à son tour de conduireun référendum en 1991. Les partisans de l'indépendance remportent 95 % des suffrages[126] et la Macédoine déclare son indépendance le 8 septembre 1991, et se proclame « république de Macédoine ».
Le nouvel État doit faire face à de nombreux problèmes. D'abord, la minorité albanaise revendique rapidement plus d'autonomie[126] ; ensuite, la Grèce s'oppose à sa reconnaissance internationale car elle considère que le nouvel État, par son nom et ses symboles, s'approprie l'héritage culturel grec. La Macédoine est d'ailleurs admise à l'ONU en 1993 sous le nom d'« Ancienne république yougoslave de Macédoine ». Le pays refuse de changer de nom et ce n'est qu'après un blocus économique qu'elle accepte de changer de drapeau en 1995[127]. Ce blocus ainsi que lesGuerres yougoslaves qui se déroulent dans les pays voisins entravent le passage à l'économie de marché[128].
En 2001, les tensions entre Albanais et Macédoniens atteignent des proportions dangereuses et des anciens combattants de laguerre du Kosovo lancent une guérilla dans le nord-ouest du pays. Ils forment l'Armée de libération nationale (UÇK-M), une organisation qui souhaite annexer les régions albanaises de Macédoine au Kosovo[129]. Les rebelles attaquent l'armée et la police le long de la frontière kosovare et reçoivent le soutien de la population albanaise locale. Ils bénéficient par ailleurs d'importants moyens financiers[130]. Au début de l'été, la situation est tendue, mais l'insurrection albanaise de 2001 est finalement désamorcée en juillet grâce à une médiation internationale. Lesaccords d'Ohrid, signés par les deux parties en août, octroient de nouveaux droits aux Albanais, notamment dans le système éducatif[129].
Laconstitution de 1991 confie lepouvoir législatif au Parlement, constitué d'une seule chambre, l'Assemblée de Macédoine du Nord. Ses123 membres sont élus ausuffrage universel direct tous les quatre ans. Le Parlement adopte les lois, élit les membres du gouvernement, vote le budget de l'État, ratifie les traités internationaux, nomme et révoque les juges et déclare la guerre. Tout membre de l'Assemblée peut proposer une loi, ainsi que toute autre personne munie d'une pétition comportant au moins 10 000 signatures d'électeurs. Leprésident de la République a droit deveto sur les lois ; lorsqu'il en fait usage, la loi est présentée une seconde fois à l'Assemblée et elle est définitivement adoptée si elle reçoit au moins deux-tiers des suffrages. Le Président de l'Assemblée est élu par au moins61 membres du Parlement. Il remplace le président de la République si celui-ci est en incapacité d'assumer ses fonctions[134].
Lepouvoir exécutif est entre les mains duprésident de la République et dugouvernement. Le Président est élu pour cinq ans au suffrage universel direct ; une personne peut exercer deux mandats au maximum. Le Président négocie les accords internationaux, nomme ses ambassadeurs, reçoit la diplomatie étrangère, nomme divers dignitaires de la République, par exemple deux juges de laCour constitutionnelle, il est le chef suprême des Armées et représente l'État dans le pays et à l'étranger[135]. Le gouvernement peut proposer des lois et des orientations budgétaires, il est responsable de l'exécution des lois, décide la reconnaissance d'États étrangers et propose des ambassadeurs[136].
Lepouvoir judiciaire est détenu par des juges sans restriction de mandat élus par l'Assemblée. La Macédoine du Nord compte 27 cours de grande instance, trois cours d'appel et une cour suprême. Laconstitution interdit la création de cours d'urgence ou extraordinaires. Enfin, laCour constitutionnelle est chargée de contrôler la conformité des actions du Parlement et du gouvernement à la Constitution[137]. Le droit macédonien est de traditionromano-civiliste[132].
La Macédoine du Nord ne possède qu'un seul échelon territorial, constitué par 80communes[138]. La ville deSkopje possède un statut particulier, défini par la Constitution ; elle est composée de dix communes tout en possédant son propre conseil et son maire. Les communes macédoniennes regroupent une ou plusieurs localités qui ont des besoins et des intérêts communs. Une commune est donc une entité géographique et économique centrée sur un chef-lieu, dont la création ou la modification est décidée par la loi après un référendum local. Chaque commune possède un gouvernement et un maire, élus au suffrage universel direct, dont les attributions sont définies par la loi. Ils disposent d'une certaine autonomie locale, votent le budget municipal et établissent des plans de développement[139].
Les communes peuvent autoriser l'existence d'échelons inférieurs, correspondant par exemple à un village ou à un quartier. Les pouvoirs de telles entités sont déterminés par le gouvernement municipal, et varient donc d'une commune à l'autre. Ces entités ne peuvent toutefois avoir une nature politique : elles ne peuvent que proposer des idées au gouvernement local et s'investir volontairement dans le développement du village ou du quartier. Elles peuvent recevoir des financements de la commune, de la population ou d'entreprises[139].
Alors que laminorité albanaise soutient la décentralisation du pays pour accentuer son autonomie, les Macédoniens ethniques s'opposent généralement à la création de régions, en avançant que la Macédoine du Nord est trop petite pour que cet échelon soit pertinent[139]. Le pays est toutefois divisé depuis 2009 en huitrégions statistiques qui n'ont aucun rôle administratif. Elles ont été créées pour que le pays possède des unités correspondant auxNUTS européennes ; ces régions correspondent à l'échelon NUTS-3. En plus de leur vocation statistique, elles doivent coordonner le développement économique entre les communes. Elles possèdent un conseil composé des maires de leurs communes[140].
Les élections en Macédoine du Nord sont fortement soumises à la nature pluriethnique du pays, notamment à l'opposition entre la majorité macédonienne et la minorité albanaise. Ainsi, les Macédoniens ethniques choisissent le parti qui formera la majorité parlementaire et gouvernementale, tandis que les Albanais choisissent un parti les représentant, ce parti s'alliant alors avec la majorité. Ainsi, entre 2008 et 2016, le VMRO-DPMNE est au pouvoir conjointement avec leDUI[142]. Puis, depuis lesélections législatives de décembre 2016, la majorité parlementaire et gouvernementale est une coaliation menée par laSDSM avec les partisalbanais de Macédoine duBDI/DUI et de l'AzA.
En Macédoine du Nord, lesprélèvements obligatoires représentent 30,9 % du PIB en 2011, un taux plus faible que la plupart des autres États européens et qui place le pays84e dans le classement mondial[44]. En 2009, 49,7 % de ces prélèvements provenaient de laTVA, tandis que lescotisations sociales représentaient 9,5 % duPIB. L'État a enfin reçu l'équivalent de 4 % duPIB en 2009 grâce à des privatisations, des versements de labanque nationale ou encore des frais administratifs[148]. La Macédoine du Nord a instauré en 2007 unimpôt à taux unique, d'abord fixé à 12 %[149], puis abaissé à 10 % en 2008[150], suivant ainsi l'exemple de nombreux pays d'Europe centrale, soucieux de simplifier leur système d'imposition et de créer un environnement propice pour leurs entreprises[149].
Le déficit de la Macédoine du Nord, qui représente 2,7 % duPIB en 2011, est inférieur à la moyenne européenne, tout comme ladette publique, qui atteint 26,1 % duPIB en 2011[44]. Ce taux relativement faible a été obtenu par le remboursement massif de prêts en 2006 et 2007, lorsque le pays connaissait une situation économique solide. Ces remboursements ont permis au gouvernement macédonien d'emprunter à des taux faibles lors de lacrise commencée en 2008, afin de maintenir l'activité économique intérieure[148].
Le système public de santé macédonien est accessible à tous les citoyens depuis 2009 ; auparavant, il existait certaines limites, notamment pour les chômeurs et les non-assurés. Il est financé par l'État et il propose un certain nombre de prestations gratuitement, comme les visites médicales, les vaccinations et l'accès à certains actes médicaux et médicaments. Le niveau de santé publique en Macédoine du Nord est relativement bon par rapport à celui d'autres pays de la région, et la caisse de remboursement est généreuse par rapport à son budget, mais il existe des disparités entre les classes sociales, les régions et les communautés ethniques. Bien que les établissements de santé puissent être des institutions privées, le secteur privé reste mal intégré au système, surtout en ce qui concerne lesmutuelles. L'État dépense chaque année environ 5 % duPIB pour le secteur de la santé, une somme en partie accumulée grâce aux 7,5 % prélevés sur les salaires bruts[151].
Les retraites sont financées par les employeurs, qui versent des cotisations à l'État ainsi qu'à des sociétés privées. En 2009, ces taxes représentent 19 % du salaire brut, dont 13,35 % allaient à l'État et 6,65 % aux sociétés privées. Elles représentent aussi 63,2 % du budget national pour les retraites, le reste venant des caisses de l'État. L'âge légal de la retraite en Macédoine du Nord est fixé à64 ans pour les hommes et 62 pour les femmes[151].
La Macédoine du Nord possède un consulat ou une ambassade dans38 États étrangers et elle entretient des relations diplomatiques avec167 États[152]. Elle entretient de bonnes relations diplomatiques avec les membres de l'OTAN et de l'Union européenne, ainsi qu'avec ses autres voisins l'Albanie et le Kosovo, dont elle a reconnu l'indépendance en 2009. Les relations avec la Serbie sont bonnes bien qu'obscurcies par un conflit à propos de l'indépendance de l'Église macédonienne vis-à-vis duPatriarcat de Serbie, tandis que les relations avec la Grèce, bien que riches sur le plan économique, sont gênées par le conflit du nom[153]. Lesrelations entre la Bulgarie et la Macédoine du Nord sont plutôt bonnes, mais il existe aussi des différends à propos de visions historiques, notamment sur l'existence de lalangue macédonienne, considérée comme un simple dialecte par les Bulgares, et sur l'ethnicité de plusieurs personnages historiques nés en Macédoine avant que la nation macédonienne ne soit reconnue (les Macédoniens étaient alors considérés la plupart du temps comme bulgares)[154]. Les Macédoniens et les Bulgares s'accusent ainsi mutuellement de voler le patrimoine culturel de l'autre[155].
Le pays consacre en 2010 1,52 % de son PIB aubudget de la Défense en 2010[159] et l'armée macédonienne compte alors environ 12 800 soldats en temps de paix[160]. Elle se donne pour mission la défense de la constitution et du territoire macédoniens, le maintien de la paix et la lutte contre le terrorisme en Macédoine du Nord et à l'étranger, et la participation aux systèmes collectifs de défense comme laForce de l'Union européenne, l'OTAN et lePartenariat pour la paix[161]. En 2006, l'armée macédonienne a été la première desBalkans occidentaux à devenir professionnelle, leservice militaire étant aboli[162].
Signature de l'accord de Prespa entre les ministres des Affaires étrangères macédonien et grec, sous l'œil des Premiers ministres respectifs,Zoran Zaev etAléxis Tsípras.Liste de pays/entités :
qui utilisaient l'appellation « république de Macédoine » pour les relations diplomatiques bilatérales.
qui utilisaient l'appellation « ancienne république yougoslave de Macédoine » pour toutes les relations.
dont la position était inconnue ou peu claire.
qui n'avaient pas de relations diplomatiques avec la Macédoine.
Lorsque la république de Macédoine proclame son indépendance en 1991, elle se heurte rapidement à l'hostilité de la Grèce. Celle-ci s'oppose au nom même du nouvel État, à son drapeau arborant lesoleil de Vergina, symbole dePhilippeII et à des passages de la Constitution qui pouvaient impliquer une ingérence dans les affaires grecques voire des prétentions territoriales sur laMacédoine grecque[164]. Afin que le nouvel État change ses symboles, la Grèce a lancé une campagne contre sa reconnaissance internationale et a bloqué son adhésion à des organismes internationaux[165]. En l'absence de changement de la part de la Macédoine, elle a finalement engagé un blocus économique en 1994[127]. Les deux pays acceptent toutefois de signer lesaccords de New York en 1995, et en échange de la réouverture de la frontière gréco-macédonienne, la Macédoine s'engage à changer de drapeau[120].
La Macédoine est devenue membre de l'ONU sous le nom provisoire d'« Ancienne république yougoslave de Macédoine » (abrégé en ARYM)[166],[167], ou enanglaisFormer Yugoslav Republic of Macedonia etFYROM. La Grèce a conduit des actions contre son voisin, en empêchant par exemple son adhésion à l'OTAN, car le conflit du nom occupait depuis 1995 une place mineure dans les relations des deux pays qui ont des liens économiques importants[168]. Plus de125 pays dans le monde[169], parmi lesquels lesÉtats-Unis, laRussie, leRoyaume-Uni ou laChine, reconnaissaient pourtant la Macédoine sous le nom de république de Macédoine, son ancien nom constitutionnel[170],[171],[172],[168].
Le 12 juin 2018, un accord est annoncé entre leprésident du gouvernement de Macédoine,Zoran Zaev, et le gouvernement grec : il est prévu que le pays s'appellera désormais « république de Macédoine du Nord »[173],[174]. Unréférendum est organisé en Macédoine le, où le« oui » l'a emporté avec 91 % des voix exprimées[175]. La participation minimale exigée de 50 % n'est pas atteinte. Seuls 36 % des électeurs se rendent aux urnes. Les parlements macédonien et grec se sont prononcés sur cet accord en janvier 2019[176],[177] et ont tous deux accepté le changement de nom : l'Assemblée macédonienne le[178] et leParlement grec le[179]. L'accord entre officiellement en vigueur le[180],[181],[182].
Cependant, lors de la prestation de serment de la nouvelle présidenteGordana Siljanovska-Davkova en 2024, celle-ci emploie le terme « Macédoine » au lieu de « Macédoine du Nord », suscitant une condamnation de l'Union européenne et de la Grèce[183],[184].
Jusqu'à l'époque socialiste, l'actuelle Macédoine du Nord est une région très pauvre, très rurale et sans réelle industrie. En 1945, le régime yougoslave entreprend une vaste réforme agraire, favorisée par l'expropriation des exilés, des entreprises privées et des monastères[185]. Les terres sont réparties entre les coopératives et les petits agriculteurs[185], puis une industrialisation rapide fait baisser le nombre de ces derniers. Alors qu'ils formaient presque 80 % de la population en 1945[186], ils en représentent 57 % en 1961 et 22 % en 1981[121].
L'industrie macédonienne est planifiée pour subvenir à certains besoins de la fédération yougoslave et seules quelques activités sont encouragées, comme la production d'électricité, dechrome, detabac, detextile et de matériaux de construction. Larépublique socialiste de Macédoine reste ainsi tributaire des importations dans de nombreux domaines, notamment l'agroalimentaire, la machinerie et les biens de consommation. Elle demeure aussi la plus pauvre des républiques yougoslaves et son taux de chômage est constamment élevé : il s'élève par exemple à 20 % en 1971[116].
Après l'indépendance, la Macédoine doit faire face à la disparition de ses marchés d'exportation, à cause du blocus grec et desguerres de Yougoslavie. Le pays perd 60 % de son activité commerciale et frôle la banqueroute ; la pauvreté engendrée encourage les activités illégales[187]. Après la fin du blocus grec, la situation économique s'améliore légèrement et l'inflation, évaluée à 2 200 % en 1992, redescend à 55 % en 1995[188] et à moins de 5 % en 1997[187], mais le taux de chômage, évalué à 19 % en 1991, atteint les 40 % en 1998. LaBosnie-Herzégovine est le seul autre pays issu de la Yougoslavie à avoir un chiffre aussi élevé[189]. En 1999, laguerre du Kosovo influe ensuite lourdement sur l'économie macédonienne puisque le pays ne peut plus exporter de biens vers laYougoslavie et doit trouver d'autres débouchés, par exemple la Bulgarie, la Roumanie ou la Grèce[128]. La privatisation commence lentement en 1995 et s'achève vers l'an 2000[187].
La petite taille du pays rend son économie vulnérable et dépendant de l'intégration européenne. La république, qui ne fournissait que 5 % des revenus de laYougoslavie dans les années 1980, est l'un des pays les plus pauvres d'Europe. Malgré un taux d'inflation désormais faible, elle a gardé des taux de chômage extrêmement élevés et peine à recevoir des investissements étrangers[190]. Les gouvernements successifs ont imposé l'austérité économique et de nombreuses réformes qui ont permis l'octroi de prêts importants et nécessaires au développement du pays. Lacrise financière mondiale de 2007-2008 s'est surtout ressentie par la diminution des investissements extérieurs et par un grand déficit commercial[190]. La croissance économique a lentement repris en 2010, et lePIB macédonien a connu une hausse de 3 % en 2011[44]. La Macédoine ne semble pas souffrir de lacrise de la dette publique grecque, malgré les importants liens économiques qui existent entre les deux pays[191].
Le passage à l'économie de marché a grandement accentué les clivages régionaux, notamment entre la capitale et le reste du pays. Larégion de Skopje, qui concentre la population, les entreprises et les moyens de communication, produit presque la moitié du PIB, tandis que larégion du Nord-Est, qui compte pourtant la ville deKumanovo, ne produit que 4,5 % du PIB. Les autres régions ne produisent qu'entre 7 et 8 % du PIB et seule laPélagonie, située au sud-ouest, se distingue avec un pourcentage de 12,5 %[192]. Les disparités régionales s'expliquent surtout par le centralisme politique et économique et l'absence de grande ville pouvant concurrencer la capitale[193].
Les régions rurales sont souvent bien moins riches que les villes. Ici le village deNejilovo.
Le revenu net moyen en Macédoine du Nord s'élevait à330 euros par mois en 2010[195], chiffre largement en dessous de la moyenne européenne mais proche de la moyenne bulgare,342 euros[196], et identique à la moyenne serbe,329 euros[197]. Il existe des différences de salaire importantes selon l'activité exercée : l'agriculture, l'industrie et la construction sont les activités les moins rémunératrices, elles offrent environ 20 % de moins que le salaire médian. En revanche, l'extraction minière, le secteur public et les transports offrent 20 % de plus, et c'est le secteur de la finance qui est le plus rémunérateur, avec des salaires presque deux fois plus élevés que la moyenne. Le secteur de l'énergie est lui aussi avantageux, puisqu'il offre 43 % de plus que le salaire moyen[198].
Les employeurs macédoniens devaient payer leurs salariés au moins 65 % du salaire national moyen[199] jusqu'en 2012, date à laquelle unsalaire minimum est instauré qui s'élève à130 euros par mois. Il favorise environ 65 000 travailleurs qui percevaient un salaire inférieur avant l'entrée en vigueur de la loi[200]. En 2008, 28,7 % de la population vit sous leseuil de pauvreté[44], un taux en constante augmentation depuis l'indépendance du pays[201]. La pauvreté est particulièrement forte dans les régions rurales et dans les familles nombreuses avec un ou plusieurs membres au chômage ou avec un faible niveau d'éducation. Le chômage est essentiellement un phénomène urbain, et la pauvreté rurale est liée à des revenus faibles plutôt qu'au manque de travail[202]. En même temps que la part de population pauvre augmente, les classes supérieures s'enrichissent rapidement et la Macédoine du Nord avait uncoefficient de Gini qui s'élevait à 44,2 en 2008, ce qui la place en quarante-cinquième position mondiale et en deuxième position européenne derrière la Bulgarie pour l'inégalité de revenus parmi la population[203]. La Macédoine du Nord est aussi en 2009 le pays d'Europe (horsCEI) où les prix des produits alimentaires étaient les plus bas : ils ne représentent que 52 % de la moyenne de l'Union européenne[204].
En 2010, la Macédoine du Nord est le pays ayant le taux de chômage le plus élevé du monde, avec 33,8 % de chômeurs dans la population active[205]. Le pays a connu un chômage important bien avant son indépendance et la transition à l'économie de marché, mais la situation s'est aggravée à partir de 1991, à cause de la baisse du commerce extérieur et la fermeture de nombreuses usines. Plus des trois quarts des demandeurs d'emploi sont au chômage depuis plus d'un an, et plus de la moitié d'entre eux ont arrêté leurs études au niveau secondaire. Le chômage des jeunes est très important, il s'élève à plus de 60 %. Les femmes sont plus touchées par le chômage que les hommes, mais l'écart, de 2 %, est faible[206].
Le taux de chômage varie considérablement selon les régions, puisqu'il oscille entre 20 et 25 % pour larégion du Sud-Est et entre 40 et 45 % pour larégion du Nord-Est. Avec le sud-est, les régions qui ont le plus faible taux de chômage sont lePolog etSkopje. Ce taux varie également parmi les communautés ethniques, et si le taux est relativement bas chez lesAlbanais, 27 %, il est extrêmement élevé chez lesRoms, 73 % en 2010[193].
Le taux de chômage élevé est toutefois biaisé par le grand nombre de travailleurs non déclarés, qui représentent la majorité des chômeurs enregistrés. Beaucoup travaillent dans les secteurs du commerce de détail, des services à la personne, dans de petites entreprises de peinture ou de plomberie ou de grandes compagnies de construction. Le travail dissimulé, largement accepté par la société, est notamment expliqué par le niveau élevé des charges fiscales pour les petites entreprises et par la complexité de l'administration. Il traduirait également le manque de confiance et de respect des Macédoniens envers leur État[207]. Afin de faire disparaître le travail dissimulé, le gouvernement lance des campagnes d'inspection ; 24 000 ont été effectuées en 2011 et ont entraîné environ un millier de déclarations de travailleurs[208].
En 2011, la majorité de la population active, plus de 460 000 personnes, est salariée ; 80 000 personnes qui travaillent à leur compte et 39 000 sont employeurs. Les femmes représentent environ 40 % de la population active[209]. En 2010, l'agriculture emploie 19,9 % des travailleurs, l'industrie, 22,1 %, et les services, 58 %[44].
La Macédoine du Nord est caractérisée par une importante économie informelle, qui représenterait 40 % duPIB[207]. Elle est apparue après l'indépendance, pendant la transition économique. Le pays est alors isolé, à cause du blocus qui lui ferme les marchés serbes et grecs et des mauvaises liaisons avec l'Albanie et la Bulgarie[210]. Les nouvelles entreprises et les artisans peuvent alors difficilement survivre s'ils déclarent leur activité et la situation économique nationale ne s'est pas suffisamment améliorée depuis pour que les petits entrepreneurs acceptent de payer des taxes sans risquer la faillite[207].
Le pays se situe sur les routes commerciales entre l'Asie et l'Europe occidentale et voit surtout transiter l'héroïne, mais aussi lacocaïne, les armes, l'alcool ou encore laprostitution. Les criminels locaux restent toutefois peu impliqués dans ces trafics, mais leurs activités sont favorisées par la culture locale, comme l'existence de clans dans la minorité albanaise, ainsi que par les difficultés politiques au Kosovo, un autre grand pays de transit[210]. La Macédoine du Nord est aussi victime dublanchiment d'argent, qui est facilité par l'importance des transactions en liquide, malgré une législation de plus en plus stricte[211].
Enfin, lacorruption est courante et concerne surtout le secteur de la santé, la justice et la police. Selon une estimation de l'Office national des statistiques, la corruption coûterait aux Macédoniens jusqu'à un milliard d'euros par an, et chaque personne paierait en moyenne470 euros par an pour accéder aux services publics, ce qui fait de la Macédoine du Nord le plus mauvais pays desBalkans en matière de corruption. Les arrestations pour corruption sont nombreuses, mais les observateurs locaux et internationaux doutent de l'efficacité de l'État[212].
L'économie macédonienne se caractérise par uneagriculture relativement importante, puisqu'elle représente 8,7 % duPIB en 2010. L'industrie, frappée par la transition économique qui a suivi l'indépendance, représente la même année 22,1 % du PIB, et elle connaît un renouveau, puisque la production industrielle macédonienne a augmenté de 10 % en 2011, un taux qui la place au neuvième rang mondial pour la croissance industrielle. Lesservices représentent quant à eux 69,2 % du PIB[44].
L'élevage ovin domine largement, mais la Macédoine du Nord compte aussi de grands cheptels de bovins et de porcins. L'élevage ovin permet la production delaine, deviande et delait, notamment utilisé pour la confection de fromage. Les agriculteurs macédoniens élèvent également des volailles et des lapins. Le pays compte enfin plus de 100 000 ruches[213].
Les cultivateurs macédoniens produisent des céréales, surtout dublé, dumaïs, de l'avoine et duriz, et des primeurs, comme destomates, despommes de terre, deschoux ou encore despastèques. Ils produisent aussi dutabac, dupavot somnifère et des fruits[213]. Laviticulture est également importante ; le vignoble macédonien s'étend sur 28 000 hectares[216] et produit980 000 hectolitres de vin par an[217]. La plus grande entreprise, le vignoble Tikveš, a été classée en 2008 parmi les trente meilleures marques mondiales lors duSalon international de l'alimentation[218]. Le vin et le tabac représentent ensemble un quart des produits agricoles exportés et les primeurs forment également une part importante des exportations, surtout dirigées vers l'Union européenne et l'ancienneYougoslavie, notamment la Serbie[214].
L'industrie macédonienne est centrée sur l'agroalimentaire, le textile et la métallurgie. La transformation agroalimentaire s'appuie sur l'abondance et la diversité des ressources locales et l'industrie textile bénéficie des faibles coûts de la main-d'œuvre. Ce secteur est peu élaboré, puisque la Macédoine du Nord ne produit pas de tissu et que ses usines ne fabriquent presque pas de produits finis. L'industrie textile se caractérise aussi par des petites entreprises et des exportations tournées à 80 % vers l'Union européenne[219].
L'activité métallurgique, autrefois alimentée par les mines locales, est de plus en plus tributaire de l'importation de métaux. L'extraction minière est une activité modeste et concerne surtout le charbon, le cuivre, le plomb, le zinc, le nickel[220]. Les usines métallurgiques les transforment et utilisent aussi des matières premières importées, notamment pour la production d'acier. Les principales entreprises dans ce domaine sontArcelor Mittal etMakstil Skopje[220]. Parmi les autres grandes entreprises macédoniennes se trouvent aussiAlkaloid Skopje, qui fabrique des produits chimiques, cosmétiques et pharmaceutiques[221],Rade Končar Skopje, spécialisé dans la production d'appareils électriques, OKTA (raffinerie de pétrole)[222] et la brasseriePrilepska Pivarnica, qui produit de la bière et des jus de fruits[223],[224].
Lelac Kozjak, créé par un barrage hydroélectrique.
La Macédoine du Nord produit 60 % de sa consommation énergétique primaire et dépend grandement des importations. Elle doit ainsi acheter dugaz et dupétrole, mais aussi de l'électricité depuis 2000. En 2007, ces importations s'élevaient à774 millions de dollars, dont253 millions pour l'électricité seule. La production électrique est particulièrement menacée par l'épuisement progressif des ressources du pays enlignite, qui fait fonctionner plus des trois quarts des centrales. La prépondérance du chauffage à l'électricité explique la très forte consommation de cette énergie, et limite la dépendance vis-à-vis dugaz[225]. Le gaz est importé deRussie grâce au gazoduc qui traverse l'Ukraine, la Moldavie, la Roumanie et la Bulgarie. L'unique gazoduc macédonien, qui relie la frontière bulgare àSkopje, est relativement neuf car il date des années 1990. La Macédoine du Nord ne compte qu'un oléoduc, construit à la même époque, et il relie la raffinerieOkta, la seule du pays, au port grec deThessalonique[226].Makpetrol, principal distributeur macédonien de pétrole et de ses dérivés, est une des principales entreprises du pays[224].
La part des énergies renouvelables est encore anecdotique, même si la Macédoine du Nord a hérité de la période socialiste de plusieurs centrales hydroélectriques, qui souffrent néanmoins du manque d'entretien. L'énergie solaire se développe lentement, surtout grâce à des initiatives privées[225], et un premier parc éolien d'une capacité de37 mégawatts est en construction[227]. Lagéothermie est exploitée pour le chauffage des serres et le chauffage individuel, mais les sources macédoniennes ne sont pas assez chaudes pour une exploitation massive[225].
Le commerce macédonien s'appuie surtout sur les magasins traditionnels qui comptabilisent près de vingt mille enseignes en 2008, mais lagrande distribution est implantée dans les villes, avec 212 grandes et 798 petites surfaces. Lehard-discount est également présent, avec 162 enseignes[228].
L'artisanat macédonien est menacé par la modernisation des modes de consommation, et le gouvernement tente de le protéger, par exemple en offrant des fonds pour l'achat de matériel. L'artisanat traditionnel est important pour la Macédoine du Nord car il forme un argument touristique non négligeable et peut contribuer aux exportations[229]. Les entreprises artisanales sont emblématiques des vieux bazars hérités de l'ère ottomane et elles travaillent lecuivre, l'or, l'argent, fabriquent des armes, des vêtements ou encore de la menuiserie[230].
Le tourisme en Macédoine du Nord est encore relativement confidentiel, bien qu'en développement, et contribue à hauteur de 1,8 % au PIB en 2008. Entre 1997 et 2008, le chiffre d'affaires des hôtels et des restaurants a augmenté en moyenne de 4,64 % par an. Le nombre de visiteurs étrangers augmente lui aussi constamment, par exemple de 14,6 % en 2011[231]. Cette année-là, le pays a accueilli presque 262 000 touristes étrangers[232], surtout venus des pays voisins comme la Grèce, la Serbie et l'Albanie, mais aussi des pays d'Europe de l'Ouest et des États-Unis[231]. Le nombre de visiteurs étrangers en 2011 est toutefois très loin des moyennes des années 1980, lorsque le pays faisait partie de laYougoslavie. En effet, la Macédoine du Nord accueillait alors environ 600 000 touristes par an, et a atteint les 689 000 visiteurs étrangers en 1987[233].
La Macédoine du Nord, bien que dépourvue de littoral, possède un certain potentiel touristique, notamment grâce à ses montagnes et sa nature préservée, mise en valeur dans les trois parcs nationaux du pays. La capitale touristique du pays estOhrid, classée auPatrimoine mondial de l'Unesco. La ville est célèbre pour sonlac, bordé par plusieurs plages, et pour ses nombreux monuments historiques.Skopje, la capitale politique et économique, a perdu l'essentiel de son patrimoine lors dutremblement de terre de 1963 mais conserve un quartier ottoman avec deshammams et des mosquées, ainsi qu'une forteresse et des musées d'envergure nationale. La ville deBitola est quant à elle réputée pour son architecture duXIXe siècle et ses nombreux consulats, ouverts lorsque la ville était ottomane. Les petites villes, commeŠtip,Veles,Kratovo ouKruševo sont d'autres petites attractions touristiques pour leur caractère pittoresque, tout comme les innombrables monastères orthodoxes[230]. L'écotourisme est en développement dans quelques villages, commeGalitchnik ouBraytchino[230], tout comme le tourisme thermal, par exemple àKatlanovo, la principale station du pays[234]. Les quelques stations de ski connaissent elles aussi un certain développement, avec une fréquentation en hausse de 35 % entre 2011 et 2012[235].
Labourse macédonienne est le marché officiel des actions en Macédoine du Nord. Son principal indice, leMBI 10, qui regroupe les cours de 10 actions parmi les plus échangées, représentait une capitalisation totale de plus de27 milliards dedenars, soit plus de440 millions d'euros à la fin 2011[237]. Le taux de change de la monnaie nationale, ledenar, fixé sur le cours dumark allemand en 1995, est fixé sur celui de l'euro depuis la création de ce dernier[236].
La Macédoine du Nord commerce principalement avec des pays de l'Union européenne et n'a pas conservé des liens importants avec les autres États issus de laYougoslavie. En 2010, ses exportations sont dirigées à environ 20 % vers l'Allemagne, 7 % vers l'Italie et la Bulgarie et 6 % vers la Grèce, et elle importe surtout depuis l'Allemagne, la Russie, la Grèce, la Bulgarie, le Royaume-Uni, la Turquie et l'Italie. Largement dépendante de ses importations de matières premières et de biens de consommation, sabalance commerciale reste toujours déficitaire, par exemple de six milliards de dollars en 2011[44]. La Macédoine du Nord a conclu unAccord de stabilisation et d'association avec la plupart des États membres de l'Union européenne[238] ; en 2012, elle a également signé une union douanière avec laTurquie, un partenaire de plus en plus important[239], et projette une union du même type avecIsraël[240].
La Macédoine du Nord reçoit de plus en plus d'investissements étrangers, mais ceux-ci restent modestes. En 1993, au plus fort duconflit du nom avec la Grèce, le pays n'avait reçu que 812 000 dollars d'investissements, contre plus de330 millions en 2007[241]. En 2010, la Macédoine du Nord n'était toutefois que le86e État au monde pour la valeur des investissements reçus[44]. Ceux-ci viennent surtout de pays européens comme l'Autriche, les Pays-Bas, la Bulgarie, la Suisse ou encore la Slovénie. Les investissements grecs, très importants au début des années 2000, ont considérablement baissé depuis[241]. Afin d'attirer les entreprises étrangères, le gouvernement macédonien a instauré en 2007 unimpôt à taux unique pour les entreprises, inspiré par celui de l'Estonie[242]. Les investissements étrangers concernent à environ 29 % le marché des énergies, suivent la production industrielle, 25 %, et la finance, 15 %[241].
La Macédoine du Nord est un État jeune et la région a connu au cours de son histoire des situations économiques et politiques difficiles qui ont empêché la tenue de recensements fiables. Le premier de ces recensements n'a ainsi eu lieu qu'en 1948, en même temps que commençait une véritable modernisation du pays. Il donne 1 152 986 habitants à la Macédoine, alors république yougoslave[243]. La croissance démographique est rapide sous le régime communiste, puisqu'en 1953, le pays a déjà gagné plus de 240 000 habitants par rapport à 1948 et il compte 1 647 308 habitants en 1971. La Macédoine dépasse les deux millions d'habitants en 1991[124] et elle compte 2 022 547 lors du dernier recensement, conduit en 2002[244]. Une estimation évalue la population macédonienne à 2 082 370 en 2012[44].
Letaux de fécondité, qui atteignait plus de quatre enfants par femme avant les années 1960, se situe désormais autour de 1,6. Ce taux faible s'explique par le manque de ressources des familles pour élever plusieurs enfants et par l'âge de mariage de plus en plus avancé des femmes ainsi que leur insertion dans la vie professionnelle. Afin de remédier au faible taux de fécondité, qui n'atteint pas le seuil de renouvellement de la population, l'État donne, depuis 2008,120 euros mensuels pendant dix ans aux familles qui ont un troisième enfant[45]. Le nombre de naissances est toutefois supérieur à celui des décès, 23 684 naissances pour 19 060 décès en 2009[245], et l'accroissement annuel est estimé à 0,237 % pour 2012[44]. Lesolde migratoire est quant à lui légèrement négatif (510 migrants en 2009)[245]. La population de Macédoine du Nord a chuté de 10 % entre 2002 et 2021 en raison surtout de la forte émigration[246].
La population macédonienne est vieillissante, mais moins rapidement qu'enEurope occidentale. L'espérance de vie à la naissance a augmenté de 5,2 ans entre 1980 et 2011, pour atteindre 74,8 ans cette même année[207], et les plus de65 ans représentaient 11,6 % de la population en 2011[44], tandis que les moins de15 ans en formaient 17,7 % en 2009, contre 29,2 % en 1980[247].
Le recensement de 2002 donne à la Macédoine du Nord 2 022 547 habitants. Parmi eux, 1 297 981 soit 64 % sontmacédoniens, 509 083 soit 25,2 % sontalbanais, 77 959 soit 3,9 % sontturcs, 53 859 soit 2,7 % sontroms, 9 695 soit 0,5 % sontvalaques, 35 939 soit 1,8 % sontserbes, 17 018 soit 0,8 % sontbosniaques, et 20 993 n'appartiennent à aucun des groupes précédents[244]. Ces minorités sont les seules reconnues par l'État macédonien et elles sont citées dans cet ordre par le préambule de la Constitution. Cette dernière définit également que tous les citoyens macédoniens sont égaux devant la loi et que l'État protège et promeut les cultures de toutes les communautés[248]. Les droits des minorités sont larges, elles peuvent par exemple faire un usage officiel de leur langue dans les communes où elles forment au moins 20 % de la population. Si un groupe forme 20 % de la population totale du pays, comme c'est le cas des Albanais, sa langue peut aussi être utilisée dans les institutions gouvernementales. Ainsi, les députés albanais peuvent s'exprimer dans leur langue lors des sessions parlementaires[249].
Si le climat interethnique est généralement calme, il existe toutefois certaines oppositions, principalement entre les Macédoniens et les Albanais, les deux plus grands groupes. Les relations politiques entre les deux se sont améliorées après leconflit de 2001, après lequel les Albanais et les minorités en général ont obtenu plus de droits, mais les relations sociales restent toutefois souvent difficiles, notamment à cause des préjugés entretenus par chaque communauté. Ainsi, les Macédoniens sont souvent hostiles à l'Islam, religion majoritaire chez lesAlbanais, et expliquent la forte croissance démographique de ces derniers comme une volonté de les surpasser en nombre. En retour, les Albanais ont souvent l'impression que les Macédoniens les considèrent comme une population immigrée et ne cherchent pas à les comprendre ou à reconnaître leur culture[130].
Jeunes Albanais de Macédoine du Nord en 2010.
Les Turcs, bien moins nombreux que les Albanais, sont plutôt discrets et quasiment absents de la scène politique[250]. LesRoms, quant à eux, vivent généralement dans des conditions difficiles. Parmi les 54 000 Roms de Macédoine du Nord, 17 000 sont au chômage et 14 000 n'ont pas accès aux produits de première nécessité. La plupart d'entre eux vivent du petit commerce, de la récupération des ordures et de la mendicité. La Macédoine du Nord fait toutefois figure d'exemple dans lesBalkans, car l'État montre une certaine volonté pour intégrer les Roms à la société et pour améliorer leurs conditions de vie, notamment en favorisant leur accès à l'éducation et en créant un ministère des Roms. C'est aussi en Macédoine du Nord que se trouve la seule commune au monde à avoir adopté leromani comme langue officielle, il s'agit deŠuto Orizari, située dans la banlieue deSkopje. Le pays compte enfin un grand nombre d'ONG dédiées à l'amélioration du sort des Roms[251].
LesValaques, dont la tradition pastorale a disparu pendant l'époque socialiste, sont intégrés voire assimilés à la communauté macédonienne, avec laquelle ils partagent la même religion. Ils ont toutefois quelques écoles qui enseignent dans leur langue, l'aroumain[252]. LesSerbes maintiennent des relations plutôt bonnes avec les Macédoniens, même s'il y a de légères tensions entre les deux, surtout à cause de la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo par la Macédoine du Nord[253]. Enfin, lesBosniaques, traditionnellement appelésPomaks ouTorbechi en Macédoine du Nord, sont des Slaves convertis à l'islam par les Ottomans. Ils parlentmacédonien, mais s'identifient plutôt aux autres communautés musulmanes du pays. Leur nom officiel deBosniaques remplace celui deMusulmans, qui lui-même avait été donné parTito en 1961 à tous les Slaves convertis à l'islam vivant enYougoslavie. Lanationalité musulmane avait ensuite été reconnue comme unenation à part entière dix ans plus tard[254]. La minoritébulgarophone ne cesse de diminuer, et est pourtant la prétexte pour la Bulgarie de faire trainer la demande d'adhésion de la Macédoine du Nord à l'Union européenne[255][source insuffisante].
La société macédonienne est influencée par les discours religieux orthodoxes et musulmans, qui prônent des visions conservatrices, mais l'audience des groupes extrémistes est quasiment inexistante. L'industrialisation et l'urbanisation du pays ont toutefois considérablement influencé les familles. Le système patriarcal s'est par exemple affaibli au profit de l'égalité des membres d'une même famille. La vie professionnelle et le manque de moyens financiers ont retardé l'âge du mariage et ont fait diminuer le nombre d'enfants par famille. Les divorces sont de plus en plus fréquents, ils concernaient par exemple 90,2 mariages sur 1 000 en 2002. Cette évolution de la famille ne concerne pas toute la société, les Macédoniens vivant en milieu rural et des minorités comme lesAlbanais et lesRoms suivent encore souvent des modèles plus traditionnels. Enfin, le nombre de couples vivant en concubinage reste très faible pour l'ensemble de la population[256].
Les mariages mixtes sont de plus en plus nombreux mais restent marginaux. De tels mariages sont souvent considérés comme des trahisons par les communautés ethniques, et un sondage effectué en 2006 a révélé que 78 % des Macédoniens et 86 % des Albanais s'opposaient aux mariages mixtes. Mais plus que l'appartenance ethnique, c'est la différence de religions qui freine ces mariages, même si les unions avec des Roms sont autant désapprouvées par les Musulmans que les Orthodoxes[257].
Selon les lois macédoniennes, les femmes ont les mêmes droits que les hommes. Leur situation est toutefois défavorable sur beaucoup de points. Elles profitent d'une certaine égalité par rapport aux hommes parce qu'elles sont intégrées dans la vie professionnelle et cela leur garantit notamment une source de revenus et force le partage des tâches ménagères. Mais certains aspects de la vie de famille, comme l'éducation des enfants, restent souvent considérés comme féminins[256]. Les violences conjugales semblent courantes, mais les dénonciations sont rares et le problème est peu abordé, tant par la société que par les institutions[258]. La Macédoine du Nord rencontre aussi des problèmes concernant lacontraception, beaucoup de femmes étant mal informées et le sujet restant tabou. Seulement 11,6 % des Macédoniennes font usage de lapilule contraceptive, souvent considérée comme mauvaise pour la santé, et lesavortements sont anormalement nombreux, près de 130 000 Macédoniennes y ont eu recours au moins une fois[259]. Le nombre de femmes dans les hautes fonctions est encore faible. Ainsi, en 2011, s'il y avait43 femmes sur les120 membres du Parlement, il n'y avait que trois femmes au gouvernement (aux ministères de l'Intérieur, de la Culture et de l'Intégration européenne)[260],[261].
Quant aux différentes formes d'altersexualité, elles sont massivement rejetées par la société macédonienne. En 2002, 80 % de la population considérait l'homosexualité comme unemaladie mentale et le sujet n'est presque jamais abordé par les institutions. La communauté LGBT macédonienne est faible et désorganisée. L'homosexualité a été dépénalisée en 1996, mais la loi contre les discriminations proclamée en 2010 ne l'a pas incluse comme cela avait été d'abord proposé[262].
Lemacédonien et l'albanais sont les langues officielles et les plus parlées du pays. Dans les communes où un groupe ethnique représente plus de 20 % de la population totale, la langue de ce groupe ethnique est co-officielle.
Les langues minoritaires, l'albanaisguègue, leromani, l'aroumain et leserbe, connaissent elles aussi des dialectes propres à la Macédoine du Nord et ceux-ci montrent des similarités entre eux, par exemple dans les sonorités[263]. La Macédoine du Nord est signataire de lacharte européenne des langues régionales ou minoritaires écrite par leConseil de l'Europe[264] et protège les langues de ses minorités, qui peuvent être utilisées dans l'administration, les médias et l'enseignement selon des cadres définis par la loi[248].
Leturc reste parlé, car autrefois, le pays était sous le joug de l'Empire Ottoman. Il reste encore environ 78 000 Turcs en Macédoine du Nord[réf. nécessaire]. Autrefois langue très importante, legrec n'est plus parlé que par environ 5 000 personnes, surtout dans le sud du pays[réf. nécessaire].
En ce qui concerne les langues étrangère, l'anglais est la langue enseignée qui arrive en première position et qui est surtout parlée par les plus jeunes. L'allemand arrive en seconde position. Autrefois enseignée en première langue étrangère, l'usage du russe à beaucoup décliné depuis la fin des années 1980, au profit surtout de l'anglais, puis de l'allemand. Parmi les autres langues étrangères, le système éducatif macédonien propose l'italien et le français. Le turc est enseigné surtout à l'université de Skopje[réf. nécessaire].
Selon la Constitution,« la liberté de la confession est assurée. Est garantie l’expression libre et publique, de la foi individuelle ou en commun avec autrui. L'Église orthodoxe macédonienne, les autres communautés confessionnelles et groupes religieux sont séparés de l'État et sont égaux devant la loi ». Elle autorise aussi la création d'écoles religieuses et d'établissements sociaux et de bienfaisance par les groupes religieux[248]. La loi interdit enfin toute discrimination fondée sur la religion[265].
Lechristianisme est la religion majoritaire en Macédoine du Nord puisque 64,7 % de la population appartient à l'Église orthodoxe macédonienne, selon le recensement de 2002. Une petite minorité, 0,37 % de la population, appartient à d'autres Églises chrétiennes. L'islam regroupe enfin 33,3 % de la population, ce qui fait de la Macédoine du Nord le quatrième pays d'Europe par la proportion de la population musulmane, après le Kosovo (90 %), l'Albanie (70 %) et la Bosnie-Herzégovine (51 %). La communautéalevisbektachi est estimée à 300 000 personnes[266] selon les autoritésbektachi. Les 1,63 % restant n'ont déclaré aucune appartenance religieuse[44].
Le facteur identitaire des religions les place souvent au centre des problèmes interethniques. Ainsi, des lieux de culte orthodoxes et musulmans sont parfois la cible de groupes extrémistes[265]. Le repli identitaire albanais les a aussi conduits à montrer un certain radicalisme religieux, et les Albanais de Macédoine du Nord ont la réputation d'être plus religieux que ceux du Kosovo et d'Albanie[271].
Le système éducatif macédonien a connu de profondes réformes au cours des années 2000 afin qu'il soit conforme aux standards de l'Union européenne et duprocessus de Bologne. Par exemple, la gestion autrefois centralisée des établissements se fait désormais par les communes, et l'âge obligatoire d'entrée à l'école a baissé d'un an[272].
L'instruction est obligatoire de six à quinze ans, et l'école est gratuite dans les établissements publics, sauf dans l'éducation supérieure, pour laquelle certains frais sont demandés. L'inscription dans les établissements privés est chère, et ceux-ci possèdent une grande liberté vis-à-vis du ministère de l'éducation, notamment en ce qui concerne le programme scolaire[273].
Les enfants de six mois à six ans peuvent aller dans les jardins d'enfants (kindergarten), où environ 81 % des enfants macédoniens passent au moins un an (près de 100 % dans les villes). Ensuite, il y a l'école primaire, la seule obligatoire, qui se divise en deux stades. Le premier, qui correspond aux grades 1 à 4, soit de six à neuf ans, est le moment où les enfants apprennent à lire. Ils n'ont qu'un seul professeur pendant ces quatre ans et ce dernier leur enseigne toutes les matières au programme[273]. À la fin du grade 4, ils passent un examen général qui leur ouvre les portes du grade 5. Des grades 5 à 8, soit de dix à quatorze ans, les élèves ont différents professeurs spécialisés dans une matière. À la fin du grade 8, les élèves passent un nouvel examen puis choisissent entre deux voies, l'école technique spécialisée ou lelycée (gymnasium)[274].
Les écoles techniques spécialisées préparent directement à un métier et elles proposent des cursus de deux à quatre ans, suivis d'un examen de fin d'études. Les lycées fonctionnent de la même façon, mais leurs élèves doivent y étudier quatre ans et ont vocation à poursuivre des études supérieures. Il existe aussi des écoles techniques pour les adultes, qui proposent par exemple des cursus d'informatique, de langues étrangères ou de gestion[274].
Afin de respecter le caractère pluriethnique du pays, les élèves issus de minorités peuvent effectuer leur éducation dans leur langue maternelle[275]. Ils doivent cependant suivre des cours demacédonien à partir du grade 3. L'anglais est quant à lui enseigné dès le grade 1 depuis 2007[272]. La séparation des élèves selon la langue maternelle est toutefois critiquée car elle entraîne une ségrégation ethnique qui empêche surtout les jeunes Macédoniens et Albanais d'avoir des relations sociales entre eux[276].
Le niveau d'éducation en Macédoine du Nord reste en dessous des moyennes régionales, et il existe de fortes disparités entre les élèves des villes et de la campagne, ainsi qu'entre les communautés ethniques. Ainsi, l'absentéisme, évalué à 1,8 % dans l'enseignement primaire pourtant obligatoire, concerne surtout lesRoms[277]. De larges progrès ont toutefois été réalisés depuis laSeconde Guerre mondiale. Ainsi, l'illettrisme, qui touchait 64 % de la population en 1944[278], ne concerne plus que 3,9 % des Macédoniens[44], et les Albanais, autrefois sous-représentés dans les universités, ont désormais largement accès à des formations supérieures dans leur langue[277].
Le niveau des prestations médicales a fortement baissé après la transition à l'économie de marché, mais le secteur a connu d'importantes réformes, notamment l'ouverture du secteur à la concurrence[279]. La Macédoine du Nord compte 4,94 lits d'hôpital pour 1 000 habitants, ce qui est en dessous de la moyenne des anciens pays communistes mais au-dessus de celle des pays d'Europe occidentale. Il y a également 2,5 médecins pour 1 000, un taux plus faible que la moyenne européenne. Le pays a dépensé 6,9 % de sonPIB pour la santé en 2009[44].
La Macédoine du Nord connaît les mêmes problèmes de santé que les autres États européens, lesmaladies cardio-vasculaires, lecancer, lesmaladies mentales, les blessures et les problèmes respiratoires étant les principales causes de mortalité. Lesida et latuberculose y sont toutefois plus rares. La santé des Macédoniens est également menacée par le manque de prudence sur les routes, la forte consommation detabac et l'augmentation de la consommation d'alcool[279]. Le taux demortalité infantile est encore élevé bien que similaire à celui d'autres pays de la région comme l'Albanie et la Bulgarie. Il est estimé à 8,32 pour mille en 2012. En 2008, 11 % de la population, surtout rurale, n'avait pas encore accès à l'eau potable[44].
Le paysage médiatique macédonien est surchargé, avec plus d'une centaine de chaînes de radio et de télévision, dont la plupart survivent difficilement sur le plan économique. L'audiovisuel est dominé par les chaînes commerciales privées qui concurrencent les trois chaînes publiques de laMakedonska Radio Televizija (MRT)[280]. Les autres grandes chaînes sontSitel etKanal 5[281]. La station de radio privée Kanal 77 est la seule à réellement concurrencer les stations publiques de la MRT[282],[283].
En 2010, 51 % de la population utilisaitinternet[280]. Les principaux journaux macédoniens totalisent plus de 140 000 tirages par jour ; parmi eux se trouventNova Makedonija etVečer, anciens journaux d'État restés pro-gouvernementaux, etUtrinski Vesnik etDnevnik, politiquement indépendants. Les minorités possèdent elles aussi leurs médias, et la presse enalbanais a une part significative du marché[280]. Le pays possède aussi uneagence de presse publique, il s'agit de laMIA[282].
La Constitution garantit la liberté de la presse et d'expression, mais les médias macédoniens paraissent de plus en plus menacés. Ainsi, un tribunal a ordonné en 2011 la fermeture de la première chaîne de télévision privée et de trois quotidiens après des accusations de fraude auprès de leur propriétaire, ce que des associations de journalistes voient comme un acte gouvernemental contre de grands médias de l'opposition, et le conseil de l'audiovisuel a été réformé, permettant une plus grande intervention du gouvernement[284]. Également, en 2012, le Parlement prépare une nouvelle loi sur la presse étrangère, qui serait contrôlée directement par le ministère des affaires étrangères et qui interdirait aux journalistes étrangers de « recueillir, par le biais d'enquêtes, des opinions personnelles et des données auprès des citoyens »[285].
Les Macédoniens s'intéressent toutefois beaucoup aux sports, cela se ressent par exemple par l'importance des paris sportifs, pratiqués par 37 % de la population. Le phénomène touche surtout les hommes et les jeunes (les moins de25 ans représentent 48 % des parieurs), mais il concerne toutes les catégories sociales[289]. La Macédoine du Nord compte plus de 1 300 clubs sportifs, regroupant près de 60 000 membres[290].
La Macédoine du Nord compte plus de 11 000 ONG[293], surtout spécialisées dans les problèmes sociaux, politiques et économiques. Mais la plupart manquent de moyens et de visibilité et seule une minorité d'entre elles ont une réelle efficacité, par exemple en publiant des analyses et en proposant des changements dans la législation. Le désintérêt progressif des donateurs étrangers pour l'ex-Yougoslavie pénalise également ces associations[294]. Le volontariat, pratiqué par 17 % de la population[293], reste faible, et laphilanthropie locale est pratiquement inexistante. Les allocations de l'État reviennent surtout à laFédération des syndicats de Macédoine du Nord, ce qui permet au gouvernement de satisfaire les syndicalistes tout en pouvant accélérer les réformes. Ces allocations sont aussi versées à quelques autres grands organismes, comme l'Association des Vétérans de laSeconde Guerre mondiale, l'Association des Femmes ou le Parlement des Enfants[294].
Depuis la fin du système socialiste, le pouvoir syndical s'est grandement affaibli au profit de celui des groupes religieux, qui restent toutefois peu présents dans le milieu associatif[294]. Environ 24 % de la population restent toutefois membres de syndicats[295].
L'intérêt des Macédoniens pour la politique est mesuré. Environ 25 % d'entre eux sont membres d'organisations à but politique, et presque la moitié des Macédoniens a déjà pris part aux activités d'au moins deux organismes différents. Les personnes issues de minorités sont plus enclines à s'engager politiquement, puisqu'elles forment plus de 40 % des membres actifs, mais il n'existe pas vraiment d'écart entre les classes sociales, les hommes et les femmes, la ville et la campagne[296]. Le taux de participation aux élections varie beaucoup et oscille entre 50 et 70 % pour des législatives et des présidentielles[297].
Lenationalisme macédonien s'est toutefois grandement consolidé en deux étapes. La première étape fut laSeconde Guerre mondiale, lorsque la Bulgarie a occupé le pays par la force, instaurant un régime de terreur enMacédoine du Vardar et avivant les sentiments pro-yougoslaves des Macédoniens. La seconde étape fut le processus d'indépendance de 1991, lorsque le nationalisme serbe deSlobodan Milošević, le souvenir de l'occupation bulgare de 1941-45 et le refus grec de reconnaître au pays une identité liée à laMacédoine historique ravivent ces mêmes sentiments. L'identité de la république reste toutefois affaiblie par la nature multiethnique du pays, parce que les minorités ne sont qu'« associées » à l'État-nation[298],[299].
L'idéeprotochroniste selon laquelle lesMacédoniens slaves descendraient du peuple macédonien antique et l'utilisation de l'image d'Alexandre le Grand sont relativement récentes. Elles viennent de ladiaspora macédonienne, présente surtout auCanada et enAustralie, faite d'émigrés qui ont souvent fui la répression et sont plus nationalistes que les Macédoniens de la république. Un certain extrémisme culturel est né dans la diaspora australienne à partir des années 1970, celle-ci a alors commencé à s'identifier aux Macédoniens antiques, et cette idée a rapidement gagné les habitants de la république socialiste de Macédoine[300].
La Macédoine du Nord est officiellement représentée par sondrapeau, sesarmoiries et son hymne,Denes nad Makedonija[248]. Le drapeau représente un soleil jaune à huit rayons sur un fond rouge et il a été adopté en 1995 après un conflit avec la Grèce, qui n'acceptait pas le premier drapeau de l'État, unsoleil de Vergina jaune sur fond rouge. Cet emblème avait été choisi par les autorités macédoniennes après l'indépendance parce qu'il avait été retrouvé dans la tombe dePhilippeII et pouvait ainsi revendiquer l'héritage macédonien antique, ce que la Grèce avait refusé. Le nouveau drapeau est largement accepté mais le soleil de Vergina reste utilisé officieusement par de nombreux Macédoniens[301].
Les armoiries macédoniennes sont les mêmes que celles de larépublique socialiste de Macédoine, seule l'étoile rouge communiste en a été retirée. Ces armoiries représentent les paysages macédoniens avec un lac et une montagne, ses productions agricoles avec des épis deblé et des boutons depavot somnifère, et l'artisanat avec une broderie[302]. Ces armes, au dessin socialiste, ont été plusieurs fois menacées d'être remplacées, surtout par le blason historique macédonien, qui est de gueules au lion d'or. Ce blason est dessiné dans des armoriaux depuis 1620 et il a notamment été utilisé par les combattants de l'Insurrection d'Ilinden en 1903[303].
Seuls lesMacédoniens se sentent représentés par les symboles nationaux de la république, qu'ils soient officiels ou non. Les minorités utilisent de leur côté leurs propres drapeaux et emblèmes. Pendant les années 1990, le pays avait d'ailleurs connu de nombreux heurts à cause de maires de communes à majorité albanaise qui voulaient hisser le drapeau albanais sur leurs édifices administratifs. Depuis 2005 et en vertu desaccords d'Ohrid signés en 2001, les communes dont la majorité de la population n'est pas macédonienne peuvent faire usage officiel des symboles ethniques de la minorité dominante[304].
La Macédoine du Nord conserve des exemples d'architecture préhistorique, notamment sur les sites archéologiques deToumba Madjari etTrpeytsa, où des villages entiers ont été reconstitués, et d'architecture antique, comme les anciennes villes deStobi,Scupi etHeraclea Lyncestis, qui comptent encore des ruines de théâtres, de villas, de thermes et de basiliques paléochrétiennes. Le pays est également riche en architecture religieuse byzantine, notamment visible dans les monastères deTreskavec, deSaint-Jean Bigorski, et d'Osogovo, et dans les multiples églises de la ville d'Ohrid. L'architecture ottomane est omniprésente dans les villes, qui comptent encore desmosquées, deshammams ou encore destekke dederviches. Letekke et lamosquée peinte de Tetovo sont d'ailleurs considérés comme des chefs-d'œuvre de l'art islamique dans lesBalkans. Lesforteresses de Skopje etd'Ohrid illustrent quant à elles l'architecture militaire byzantine et montrent des occupations millénaires, puisque leur site a été occupé de laPréhistoire à l'époque moderne[305].
Il n'existe aucun exemple de construction civile antérieure à l'époque moderne, mais des villages et des petites villes commeOhrid,Veles,Kratovo,Prilep etKruševo comptent encore des maisons traditionnelles duXVIIIe siècle et duXIXe siècle[305]. Celles-ci montrent l'absence d'influence occidentale et l'ignorance des procédés industriels. La pierre est généralement réservée au rez-de-chaussée, tandis que les étages sont faits en bois et en torchis. Sur les maisons les plus opulentes, les fenêtres sont à encorbellement. Enfin, dans le cas où les murs sont enduits, seules deux couleurs apparaissent, le noir et le blanc[306]. L'architecture occidentale apparaît toutefois après 1850, surtout àBitola, où les puissances européennes installent alors des consulats[305].
Internationalement, la ballerineDuška Sifnios, née àSkopje le 15 octobre 1934, morte àBruxelles le 14 octobre 2016, s'est fait connaître comme l'une des plus brillantes interprètes duBallet duXXe siècle deMaurice Béjart qui a créé notamment pour elle le rôle féminin deBoléro (1961).
La production d'icônes est très ancienne, puisque des images chrétiennes en terre cuite réalisées auVe ou auVIe siècle ont été découvertes àVinitsa[313]. Certaines icônes médiévales conservées àOhrid sont parmi les meilleurs exemples de l'iconographie slave et byzantine et rivalisent avec celles dumont Sinaï, dumont Athos et des collections russes[314]. Les Macédoniens ont aussi produit un grand nombre de sculptures sur bois, principalement destinées à orner lesiconostases et influencées après la conquête ottomane par les motifs orientaux. Les Ottomans ont aussi laissé leur trace dans les nombreuses mosquées, décorées avec des fresques, des plafonds en bois sculpté ou encore avec des tapis[315].
La Macédoine du Nord a développé depuis 1945 une petite industrie cinématographique. Sous le régime communiste, les Studios Vardar produisent ainsi 36 films, mais les réalisateurs de l'époque manquent de liberté puisqu'ils doivent répondre à des commandes du pouvoir et illustrer la réalité socialiste du pays. Seul le filmBonne Année 49 du réalisateurStole Popov, sorti en 1986 se distingue par sa liberté artistique. La nomination du filmBefore the Rain deMilčo Mančevski auxOscars en 1995 permet une audience internationale à d'autres films macédoniens, commeJe suis de Titov Veles, sorti en 2007[318]. LeFestival international du film des frères Manaki deBitola, fondé en 1979, se distingue des autres festivals de cinéma en récompensant lesdirecteurs de la photographie[319].
La cuisine macédonienne est traditionnellement accompagnée par les bières, les eaux minérales, et surtout les vins locaux. Lecafé turc, consommé à toute heure de la journée, est un aspect important de l'art de vivre macédonien, tout comme larakija, uneeau-de-vie produite artisanalement. Dans la tradition, les repas sont longs et copieux, sauf le petit-déjeuner. Ils peuvent être secondés par des collations, durant lesquelles on sert surtout des pâtisseries à la viande (bourek) ou aux noix. Enfin, les invités sont accueillis avec une cuillère de slatko, uneconfiture très concentrée faite maison[320].
La Macédoine du Nord distingue des jours fériés universels, observés par l'ensemble de la population, et des fêtes religieuses ou consacrées à des minorités, uniquement observées par les personnes concernées. Dans les deux cas, les travailleurs ont droit à des indemnités salariales ou à une augmentation de salaire s'ils travaillent[321]. La fête nationale, appeléeJour de la République, a lieu le 2 août, elle commémore l'insurrection d'Ilinden de 1903. Parmi les autres jours fériés universels se trouvent les fêtes des SaintsCyrille et Méthode et deClément d'Ohrid, la célébration de l'Indépendance de 1991 ou encore laFête du Travail. Les jours fériés communautaires sont essentiellement des fêtes religieuses musulmanes, orthodoxes, juives et catholiques, mais aussi des journées consacrées aux différentes communautés ethniques du pays[321].
Georges Castellan,La Macédoine : un pays inconnu, éd. Armeline,(ISBN2910878244)
Sous la direction de Christophe Chiclet et de Bernard Lory,La République de Macédoine, Cahiers de Confluences,(ISBN2-7384-6630-3)
TchavdarMarinov,La Question macédonienne de 1944 à nos jours : communisme et nationalisme dans les Balkans, Paris, L'Harmattan,coll. « Historiques »,(ISBN9782296126763)
↑L'accord de Prespa en 2019 décrit explicitement la citoyenneté du pays comme « macédonien / citoyen de la république de Macédoine du Nord » (« Macedonian/citizen of the Republic of North Macedonia ») et n'utilise pas l'adjectif « nord-macédonien ».
↑Le Kosovo n'est pas reconnu internationalement et est revendiqué par la Serbie, mais la Macédoine du Nord a reconnu officiellement le Kosovo et les deux États ont mutuellement reconnu leur frontière commune[15].
↑Le VMRO s'est appelé MRO jusqu'en 1901, date de la fondation du Conseil suprême en Bulgarie. Pour s'en distinguer, le MRO, basé en Macédoine-même, a ajouté dans son nom l'adjectif « intérieur », qui correspond au V de l'acronyme
↑(en) « Languages Law passed in Parliament », surgreece-salonika.blogspot.com(consulté le) :« Using the Badenter principles, the Parliament had passed the use of languages law that will touch all ethnicities in Macedonia. The law doesn't allow for use of Albanian or any other minority language as a second official language on Macedonia's territory. ».
↑a etbJean-Pierre Stroobants, « Macédoine du Nord et Albanie : la perspective, lointaine, de l’adhésion à l’Union européenne »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑a etbPaul Battersby, Joseph M. Siracusa et Sasho Ripiloski,Crime Wars: The Global Intersection of Crime, Political Violence, and International Law, ABC-CLIO,(ISBN0313391483),p. 77.
↑a etbCIVIC ENGAGEMENT – LONG ROAD TO GO, CIVICUS Civil Society Index Report for the Republic of Macedonia, Macedonian Center for International Cooperation,p. 20.
↑ab etcNations in transit 2007: democratization from Central Europe to Eurasia, Jeannette Goehring,p. 448.
↑CIVIC ENGAGEMENT – LONG ROAD TO GO, CIVICUS Civil Society Index Report for the Republic of Macedonia, Macedonian Center for International Cooperation,p. 26.
↑CIVIC ENGAGEMENT – LONG ROAD TO GO, CIVICUS Civil Society Index Report for the Republic of Macedonia, Macedonian Center for International Cooperation,p. 25.
La version du 21 décembre 2012 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.