Il est particulièrement connu pour ses chansons (Sto Perigiali,Kaïmos,Une hirondelle…) et ses musiques de film (Électre,Zorba le Grec,Z,Serpico).
Sur le plan politique, il s'est distingué par son combat contre les dictatures. Membre de larésistance pendant l'occupation nazie, il est emprisonné et torturé par des agents du gouvernement au cours de laguerre civile grecque (1946-1949) en raison de son engagement auParti communiste de Grèce (KKE)[3]. Il tient un rôle de porte-parole de l'opposition à ladictature des colonels de1967 à1974, ce qui lui vaut d’être arrêté. Il milite à gauche, notamment avec le KKE, jusqu'à la fin des années 1980, mais en1989 il se présente comme candidat indépendant, avec le soutien du parti conservateurNouvelle Démocratie, afin d'aider la Grèce à sortir de la grave crise politique dans laquelle l'avaient plongé les nombreux scandales du gouvernement d'Andréas Papandréou[4] ; il contribue ainsi à l’établissement d’une large coalition réunissant conservateurs,PASOK et gauche : il s’agit de la première fois depuis la guerre civile que le Parti communiste participe de nouveau à la gestion de l'État. En 1990, Theodorákis est élu auParlement grec — il l’avait déjà été en 1964 et 1981 — et devient « ministre sans portefeuille auprès du Premier ministre » dans le gouvernement deKonstantínos Mitsotákis. Pendant la courte période où il est au gouvernement, Theodorákis lutte contre la drogue et le terrorisme, pour la culture et de meilleures relations entre la Grèce et laTurquie. Après avoir été pendant deux ans (1993-1995) directeur des orchestres et des chœurs de la radio grecqueEllinikí Radiofonía Tileórasi (ERT), il se retire pour l'essentiel de la vie publique tout en continuant cependant à prendre position sur divers sujets de politique générale[5],[6],[7],[8].
Né en face de la Turquie d'une mère issue deÇeşme (Cesmé / Tschesmé) (Asie Mineure) et d'un père né à Galata, près deLa Canée enCrète, Míkis Theodorákis a connu une enfance protégée dans une famille aisée, mais beaucoup de pérégrinations dans toute la Grèce —Mytilène,Céphalonie,Athènes,Patras,Pyrgos etTripoli —, son père en tant que fonctionnaire d'État étant muté à chaque changement de gouvernement. Très tôt, Mikis se passionne pour la musique et écrit ses premières compositions à douze ans. À Patras[9] et Pyrgos[10], il a ses premières leçons de musique, et àTripoli, il compose son « Cassiani » et donne son premier concert à l'âge de17 ans[11]. Avec l'occupation de la Grèce en 1941 par les troupes allemandes, italiennes et bulgares, Theodorákis entre dans la résistance et est arrêté une première fois à Tripoli en1942 par l'occupant italien. L'année suivante, il est de nouveau arrêté et torturé[12], mais il fait également connaissance avec le marxisme qui allait grandement déterminer sa voie[13]. Relâché, il entre dans la clandestinité àAthènes et devient membre de l'Organisation du Front National de LibérationELAS[14]. Il milite dans la Résistance et suit parallèlement, en cachette, des cours au Conservatoire d'Athènes auprès dePhiloktitis Economidis[15].
Après la Libération[Laquelle ?], Theodorákis entre dans la lutte contre la prise de pouvoir par les forces contre-révolutionnaires qui engendre laguerre civile en Grèce de 1945 à 1949. Le, Theodorákis est si violemment battu par la police lors d'une manifestation, qu'il est considéré comme mort et transporté à la morgue[16]. Déporté une première fois en1947 à l'île d'Ikaria, il doit y retourner en juin1948, sous un régime beaucoup plus sévère et brutal, puis est transféré endécembre1948 à l'île deMakronissos, où un « centre de rééducation » est installé[17]. Torturé et deux fois enterré vivant, Theodorákis est un des rares à sortir de cet enfer, grâce à l'aide de son père et au soutien de camarades d'infortune, mais pendant dix ans il continue à souffrir de la « fièvre de Makronissos », y ayant contracté latuberculose[16].
En1950, malgré tous les mauvais traitements subis, il passe ses examens au Conservatoire et obtient son diplôme en harmonie, contrepoint et fugue. Le, son œuvreAssi Gonia y est créée. Il va enCrète, où il devient directeur de l'École de musique de La Canée et fonde son premier orchestre[18],[19].
En1953, Míkis Theodorákis épouse Myrtó Altínoglou. L'année suivante, son balletCarnaval grec est créé à Rome. Avec lui, il achève, selon ses propres dires, la « première période de son écriture musicale ».
En, les jeunes mariés peuvent aller à Paris avec des bourses qu'ils ont obtenues tous les deux. Mikis s'inscrit auConservatoire de Paris dans les cours d'Eugène Bigot (musicien) (pour la direction d'orchestre) et d'Olivier Messiaen (pour l'analyse musicale). SaSuiteno 1 pour piano et orchestre obtient en 1957 la médaille d'or au Festival deMoscou, le président du jury étaitDmitri Chostakovitch ; ses trois musiques de ballet :Les amants de Téruel ;Le feu aux poudres (ballets deLudmila Tcherina) etAntigone (chorégraphie deJohn Cranko), remportent un grand succès à Paris et àLondres. À la suite de ce succès,Darius Milhaud propose Theodorákis pour le « American Copley Music Prize » comme « Meilleur Compositeur européen de l'année » : une distinction créée par laWilliam and Nomma Copley Foundation[20] qui change plus tard de nom pour devenir laCassandra Foundation.
À ces honneurs s'ajoutent ses premiers succès internationaux de musiques de film pourIll met by Moonlight etHoneymoon, réalisés parMichael Powell etEmeric Pressburger. La chanson-titre deHoneymoon est même reprise parles Beatles lors d'un passage à laBBC. Ces musiques, ainsi que des œuvres de musique de chambre clôturent la « deuxième période de son écriture musicale ».
Principales œuvres jusqu'en 1960 :
Musique de chambre : Quatre Quatuors à cordes ; Trio pour piano, violon, violoncelle ; Onze Préludes pour piano ;Syrtos Chaniotikos pour pianos et percussions ; Petite Suite pour piano ; Sonatine pour piano ; Sonatinesno 1 et 2 pour violon et piano ;
Theodorákis, au moment où il réussit à entrer dans le cercle des jeunes compositeurs internationalement reconnus, découvre la musique populaire grecque. Sur les paroles de son frère Yannis, il compose un premier cycle de quatre chansons :Lipotaktes (« Le déserteur ») et écriraEpitaphios sur le cycle de poèmes deYánnis Rítsos.
Avec cette œuvre, il entame la renaissance de la musique grecque et suscite une révolution culturelle dans sa patrie dont les conséquences persistent toujours[21].
La droite en Grèce considère à partir de là Theodorákis comme une des plus grandes menaces pour elle. Quand en mai1963, elle assassine le docteurGrigóris Lambrákis[22], Theodorákis fonde laJeunesse Démocratique Lambrakis (Lambrakidès) et en prend la tête. Sous sa direction, elle devient avec 50 000 adhérents la plus forte organisation politique en Grèce. En 1964, Theodorákis est élu auparlement et, avec lesLambrákides, il fonde plus de deux cents centres culturels dans le pays. Il compose œuvre sur œuvre, en utilisant les plus beaux textes de la littérature grecque desXIXe et XXe siècles.
Principales œuvres de cette période :
Cycles de chansons :Archipelagos (chansons des îles),Politia A & B (chansons des villes),Epiphania (Yorgos Seferis, Prix Nobel en 1963) ;Mauthausen (Iákovos Kambanéllis) ;Romiossini (Yánnis Rítsos) ;
Musique pour la scène :The Hostage (Brendan Behan) ;Ballade du frère mort (Theodorákis) ;Omorphi Poli (Belle Cité) ;Maghiki Poli (Cité magique) ;I Gitonia ton Angelon (Le Quartier des Anges (Iákovos Kambanéllis) ;
Lecoup d'État du 21 avril 1967 des colonels (dontGeórgios Papadópoulos fait partie), oblige Theodorákis à entrer à nouveau en clandestinité d'où il publie deux jours après le putsch, le premier appel à la résistance[23]. Arrêté le, il est emprisonné dans les locaux de la Sûreté, rue Bouboulinas[24] — et le cycle de poèmesLe Soleil et le temps devient l'expression des horreurs qu'il y a vécues. Il est ensuite transféré dans lesprisons d'Avérof[25] puis placé en résidence surveillée à Vrachati fin janvier1968[26]. En, il est banni avec son épouse Myrto et ses deux enfants Margarita et Yorgos àZátouna[27] dans un village de montagne des Arcadies (d'où le titre principal de son cycle de compositionsArcadies I-XI). Puis il est déporté au camp de concentration d'Oropos[28], où se déclare à nouveau la tuberculose qu'il avait contractée à Macronissos et qui l'oblige à un séjour à l'hôpital général d'État Sotiria[29]. Il est finalement exilé, à la suite de nombreuses campagnes internationales de solidarité initiées notamment parDmitri Chostakovitch,Leonard Bernstein,Arthur Miller etHarry Belafonte, et après l'intervention deJean-Jacques Servan-Schreiber auprès du dictateur Papadopoulos[30].
Principales œuvres sous la dictature :
Cycles de chansons :O Ilios ke o Chronos (Theodorákis) ;Ta Laïka (Manos Eleftériou);Arcadies I-X ;Chansons pour Andreas (Theodorákis) ;Nichta Thanatou (Manos Eleftériou) ;
Le, Theodorákis arrive àParis, accueilli parMelina Mercouri,Costa-Gavras et de nombreux Grecs de France, mais il est conduit immédiatement à l'hôpital. À peine trois semaines plus tard, il reprend sa vie publique. Le soir du, sa famille, enlevée au nez et à la barbe de la junte, arrive en France[31]. Theodorákis crée le « Conseil national de la résistance » (EAS)[32]. À sa tête, il continue le combat. Il fait la connaissance dePablo Neruda et deSalvador Allende, auxquels il propose de composer sa version duCanto General duPrix Nobel de littérature de1971. Il rencontreGamal Abdel Nasser,Josip Broz Tito,Yigal Allon etYasser Arafat, tandis queFrançois Mitterrand[33],Olof Palme etWilly Brandt deviennent ses amis. Des tournées dans le monde entier avec des milliers de concerts dédiés à la restauration de la démocratie en Grèce, font de lui un symbole vivant de la résistance contre la dictature.
Rentré triomphalement en Grèce le, Míkis Theodorákis est vite à nouveau la cible des attaques, cette fois de la gauche. En effet, il plaide pourConstantin Caramanlis et un passage en douceur vers la démocratie, de peur de voir un nouveau coup d'État écraser la frêle fleur de la démocratie renaissante (Caramanlis ou les tanks)[34]. En 1978, dans une interview retentissante publiée par le journalEleftherotypía, il plaide pour une « unification des trois partis de la gauche — nés du Front national de libération (FNL). Cette proposition était acceptée par leParti communiste grec (KKE), qui plus tard a proposé Theodorákis comme candidat à la mairie d'Athènes aux élections de 1978. » (Andreas Brandes)[35]
En 1980, Míkis Theodorákis s'exile volontairement àParis[36] et reprend son œuvre symphonique des années 1950, la métamorphosant en des travaux d'une remarquable force expressive et entamant ainsi la « quatrième période » de sa création musicale.
Il achève la composition duCanto General qui, à côté deZorba le Grec et d’Axion Esti, devient la musique qui le rend mondialement célèbre comme compositeur. En1981, Theodorákis est de nouveau élu au Parlement grec comme député. Il abandonne son mandat en1986 pour se consacrer à la composition musicale. En1987, son premier opéra,Kostas Karyotakis est créé à Athènes, en1988, son balletZorba(en) remporte un triomphe dans les Arènes de Vérone. L'œuvre y est reprise en 1990. Elle est créée également à Varsovie, à Łódź, à Belgrade, à Budapest, au Caire… À ce jour, plus de 700 représentations ont été données dans le monde entier.
En1989, Míkis Theodorákis appelle de ses vœux une coalition entre le parti de droite en Grèce,Nouvelle Démocratie, et le parti communiste pour en finir avec les scandales du gouvernement d'Andréas Papandréou et duPASOK.
Après les élections d'avril1990, le compositeur entre dans le gouvernement deKonstantínos Mitsotákis comme « ministre d'État sans portefeuille ». Il s'engage tout particulièrement contre les drogues et pour la cause de l'enseignement, de la culture, et, ensemble avec le musicien et chanteur turcZülfü Livaneli, pour une réconciliation entre les Grecs et les Turcs. Il quitte le gouvernement en avril1992 et assume de1993 à1995 la direction générale des chœurs et des orchestres symphoniques de laRadio-télévision hellénique (ERT). Il abandonne ensuite la vie publique, tout en continuant à donner des concerts et à diriger ses œuvres. Cependant, la mort de son frère Yánnis, en décembre1996, et de sérieux problèmes respiratoires en1997, ont conduit Míkis Theodorákis à abandonner pendant plus d'un an toutes ses activités et à léguer les documents de sa vie à labibliothèque musicale Lilian-Voudouri(en)[37] aupalais de la musique d'Athènes.
Fin des années 1980, Míkis Theodorákis a entamé la « cinquième période », la période « lyrique » de sa création, et le son opéraMedea est créé àBilbao. En 1992 il écrit, sur demande deJuan Antonio Samaranch, leCanto Olympico pour lesJeux olympiques deBarcelone. Son opéraElectra, d'aprèsEuripide, est accueilli triomphalement àLuxembourg par le public de la « Ville Européenne de la Culture 1995 », le, dans une réalisation du Teatr Wielki,Poznań (Pologne). Son opéraAntigone, est créé le àAthènes. Ses dernières partitions symphoniques sont des Rhapsodies pour guitare et orchestre, pour violoncelle et orchestre, pour trompette et orchestre (dédié àOtto Sauter, 2008). En 2001, le compositeur achève l'écriture d'un opéra comique sur le thème deLysistrata, d'aprèsAristophane, créé triomphalement, le à Athènes. Sa dernière partition symphonique à ce jour est la musique de scène pourMédée (dédiée à Guy Wagner) à Épidaure, écrite en2001.
Míkis Theodorákis, retiré chez lui, travaille à la compilation de ses musiques et de ses écrits. Cela ne l'empêche pas de prendre position sur les événements de l'actualité, comme l'arrestation et le traitement d'Abdullah Öcalan, les bombardements deBelgrade et de laSerbie (Conflit duKosovo, 1999), la politique deSharon et du gouvernement israélien, la cause du peuple palestinien (2002). Mais ce sont avant toutGeorge W. Bush, son gouvernement et son administration et leurguerre d'Irak (2003) qui ont provoqué son ire et ses commentaires amères et acerbes[38].
Míkis Theodorákis a été nommédoctor honoris causa des universités de Montréal, de Thessalonique, de Crète, d'Istanbul. Le, à la Biennale internationale de la musique de film qui s'est déroulée du 23 au dans laBundeskunsthalle(de) deBonn, il est récompensé par le prixErich-Wolfgang-Korngold pour ses accomplissements dans le domaine de la musique de film, ainsi que pour ses engagements politiques[39],[40]. À l'occasion de ses80 ans, il s'est vu décerner, le, le prix international Saint-André, institué par la fondation du même nom, pour « son héroïsme et son engagement créateur au service de la Patrie, mais aussi ses excellentes œuvres musicales qui chantent la paix entre les peuples, renforcent l'esprit et la conscience nationale de l'homme. » Il est également lauréat du prix musical international CIM Unesco 2005 qui lui a été remis le àAix-la-Chapelle. En 2007, il a de plus obtenu un « Lifetime Achievement Award » aux World Soundtrack Awards àGand en Belgique.
Míkis Theodorákis a été élevé en2005 au grade de grand officier de l'ordre du Mérite du grand-duché de Luxembourg[41] et en2007 au grade de commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur. Il en a reçu les insignes des mains duministre français de la Culture,Renaud Donnedieu de Vabres, le àAthènes au cours d'une cérémonie à l'ambassade de France. Malgré une santé de plus en plus frêle, Theodorákis continue de composer — Cycle de chansons :Odysseia ;À l'Est de l'Égée pour violoncelle et piano ; Rhapsodie pour trompette et orchestre — et de s'engager pour des causes humanitaires et contre la guerre et les infrastructures aux visées guerrières. C'est ainsi qu'il a rédigé le une « Déclaration » en faveur des prisonniers grecs en grève de la faim et le un appel : « Dissolvez l'OTAN maintenant[8] ! »
Le, il crée le mouvement des citoyens indépendants « SPITHA » (l'Etincelle) avec, à l'âge de 85 ans, toujours cet esprit de résistance pour son peuple mais aussi pour la liberté de tous les peuples; la situation de crise en Grèce étant principalement le résultat d'un système de gouvernement ayant fait son temps. Le, il lance contre « le modèle économique », appliqué par leFMI, l'UE et legouvernement Papandréou, un appel aux peuples européens qui se conclut ainsi[42][source insuffisante] :
« Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité, ni parce que notre territoire a été le berceau de Platon et Aristote, Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté et d’Europe. Nous ne vous demandons pas un traitement de faveur parce que nous avons subi, en tant que pays, l’une des pires catastrophes européennes aux années 1940 et nous avons lutté de façon exemplaire pour que le fascisme ne s’installe pas sur le continent. »
« Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt. Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour. Vous ne prospérerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes. Nous avons tardé de notre côté, mais nous nous sommes réveillés. Bâtissons ensemble une Europe nouvelle ; une Europe démocratique, prospère, pacifique, digne de son histoire, de ses luttes et de son esprit. Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme. »
En, il appelle les Grecs à combattre et met à nouveau en garde les peuples d’Europe vis-à-vis des banques qui pourraient ramener « le fascisme sur le continent »[43].
Il est blessé par des gaz lacrymogènes en lors d'une violente manifestation devant le Parlement[44].
Cycles de chansons :Ta Lyrika,Dionysos,Phaedra,Béatrice de la Rue Zéro,Mia Thalassa (Une Mer pleine de musique),Os archeos Anemos (« Comme un vent ancien »),Lyricotera (« Les Chansons très lyriques »),Lyricotata (« Les Chansons plus que lyriques »),Erimia (« Solitude »),Odysseia(« Odyssée »).
Musique pour la scène :Orestia (dir. : Spyros Evangelatos) ;Antigone (dir. : Minos Volanakis) ;Medea (dir. : Spyros Evangelatos).
Dans lesannées 2000, Míkis Theodorákis crée la polémique en tenant sur les Juifs des propos qui lui valent d'être accusé d'antisémitisme[47].
Le, lors d'un concert de solidarité avec la Palestine, il prononce un discours pro-palestinien et ouvertement anti-israélien[48].
Le, lors d’une conférence de presse pour promouvoir l'un de ses livres, il intervient sur leconflit israélo-palestinien et accuse les Juifs d’être « à la racine du Mal[49] ».
Le, dans un entretien donné à la chaine de télévision grecqueHIGH, Míkis Theodorákis déclare : « Oui, je suisantisémite etantisioniste. J’aime le peuplejuif et j’ai vécu avec lui, mais les Américains juifs se cachent derrière tout, les attentats enIrak, les attaques économiques en Europe, en Amérique, en Asie, les Juifs américains sont derrièreBush,Clinton et derrière les banques. (…) les Juifs américains sont derrière lacrise économique mondiale qui a aussitouché la Grèce[50],[51]. »
Dans un texte intituléAntisémitisme et sionisme publié sur son site[52], Míkis Theodorákis écrit qu’il considère ceux qui l'accusent d'être antisémite comme de « répugnants vers de terre » avant de regretter « le rôle du lobby juif américain dans l’élaboration de la politique impérialiste des États-Unis ». « Mes adversaires se livrent à des actions qui me salissent en tant que personne et en tant que compositeur. Surtout en tant que compositeur puisque les sionistes contrôlent 99 % de la vie musicale mondiale (…) lelobby juif américain, tant pour son rôle leader dans les crimes de la machine de guerre américaine en Irak que pour ses plans visant à éliminer les États-nations, avec le but ultime d’établir la prédominance mondiale des colosses de la Banque financière entièrement contrôlés par lui[51]. »
Míkis Theodorákis a également mis en doute la responsabilité d'Oussama ben Laden dans lesattentats du 11 septembre 2001 : il estime ainsi que Ben Laden « a très bien pu travailler pour les services secrets américains » (lorsque les attaques ont eu lieu)[51].
La controverse ressurgit à l'occasion des élections françaises de 2012. Les faits[54] démarrent le avec une intervention deJean-François Copé qui indique« Jean-Luc Mélenchon dont l'un des grands amis est Mikis Théodorakis, qui professe ouvertement des propos antisionistes, antisémites, dans des termes extrêmement choquants ». Il reprend ces propos au journal télévisé deFrance 2 le.Nathalie Kosciusko-Morizet s'exprime le également dans le même sens au journal télévisé deFrance 2.Alain Juppé réitère ces attaques àFrance Inter le. Ainsi, selon le journalLibération[55], Alain Juppé « accuse Jean-Luc Mélenchon d’entretenir des « relations sulfureuses » avec des personnalités se disant « antisémites », comme le compositeur grec Míkis Theodorákis, voyant là un motif pour le PS de « s’expliquer » sur ses alliances avec l'« extrême gauche » ». Jean-François Copé, lors d'une émission de France Inter le, reprend les accusations contre Míkis Theodorákis[56].
Jean-Luc Mélenchon dépose plainte et réclame mille euros de dommages et intérêts à Nathalie Kosciusko-Morizet et à Alain Juppé et cinq mille euros à Jean-François Copé. En, le tribunal correctionnel de Paris condamne Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet et Alain Juppé à mille euros d'amende chacun, avec sursis, pour avoir taxé publiquement Jean-Luc Mélenchon d'« accointances antisémites », en. Ils ont également été condamnés à mille euros de dommages et intérêts chacun au titre du préjudice moral[57].
Dans une longue lettre datée du, publiée le en version française sur son site internet personnel, et reprise ensuite par le journalL'Humanité[58], Míkis Theodorákis répond à ses détracteurs :« Je suis Grec et fier de l'être, car nous sommes le seul peuple en Europe qui, pendant l'occupation allemande (1941-1944), non seulement n'a pas exercé de poursuites contre les juifs mais, au contraire, les a aidés à vivre et à survivre avec tous les moyens dont nous disposions. À l'époque, j'étais moi-même partisan de l'Armée populaire de libération et je me souviens que nous avions pris sous notre protection de nombreuses familles de juifs grecs, que nous nous sommes souvent battus contre les SS pour les sauver et beaucoup d'entre nous l'ont payé de leur vie. »[59],[a] […]« Donc, me qualifier de raciste et d’antisémite n’est pas une simple calomnie, mais l’expression de la pire bassesse morale, issue le plus souvent de cercles proches d’organisations et d’individus opérant dans la mouvance du néonazisme et auxquels la crise a permis de relever la tête pour nous menacer et – incroyable, mais vrai – nous accuser, eux, d’antisémitisme en utilisant un arsenal de mensonges et de déclarations insidieuses ! Il suffit de dire, par erreur manifeste, dans une interview de trois heures, « antisémite » au lieu d'« antiraciste », et on s'empare d'une seule et unique phrase dont on isole un mot, brandi comme un étendard, tout simplement pour servir l'intention de m'incriminer. »
Míkis Theodorákis a composé plus de mille mélodies, dont un certain nombre de cycles, parfois pour des chanteurs spécifiques commeArda Mandikian. Reposant sur des poèmes de plus grands auteurs helléniques, ainsi que sur des textes deLorca et deNeruda, ils appartiennent maintenant au patrimoine culturel, non seulement de la Grèce, mais du monde : « Epitaphios », « Archipelagos », « Politia », « Epiphania », « L'Otage », « Mykres Kyklades », « Mauthausen », « Romiossini », « Le Soleil et le Temps », « Chansons pour Andreas », « Mythologie », « Nuit de Mort », « Ta Lyrika », « Les Quartiers du Monde », « Dionysos », « Phaedra », « Mia Thalassa », « Poetica » (Lyricotera, Lyricotata), « Erimia », « Odysseia »…
Staline, Debussy et Dionysos - Les Chemins de l'Archange, tome 2, trad. Pierre Comberousse, Belfond, Paris, 1990
Poèmes - Dans les jardins paradisiaques de mon crâne, édition bilingue : français-allemand, traduction française : Héraclès Galanakis et Guy Wagner, traduction allemande : Ina & Asteris Koutoulas, avec dessins de Theodorákis, commentaires, interviews et chronologie, éditions Phi, Luxembourg, 2001
↑La Grèce fut un des pays dont la population juive a le plus souffert du nazisme : 80 % de sa population juive a été raflée et tuée dans les camps nazis, ce qui place la Grèce au deuxième rang des plus grandes déportations après les Pays-Bas ; pour comparaison en France 20 % des juifs trouvèrent la mort dans les camps
↑M. Theodorakis,« Prises de position sur les relations Fyrom - Grèce - Turquie - Chypre »[archive du], surfr.mikis-theodorakis.net,(consulté le) :« Le geste inopiné des USA vis-à-vis de Skopje, avec sa pointe de lance anti-grecque, devrait être compris comme un 'glas prémonitoire' qui nous appelle à la vigilance et à la réflexion. ».
↑M. Theodorakis,« Prises de position sur le mémorandum anticommuniste du Conseil de l'Europe »[archive du], surfr.mikis-theodorakis.net,(consulté le) :« Au projet de calendrier de la première partie de la session ordinaire de 2006 (23-27 janvier 2006) de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, figure le point suivant : Mercredi, le 25 janvier 2006 : Nécessité de condamner les crimes du communisme au niveau international (Doc.). Rapporteur de la commission des questions politiques : M. Göran Lindblad (Suède, PPE/DC). À cela, Míkis Theodorákis a réagi en publiant une déclaration… ».
↑a etbM. Theodorakis,« Prises de position sur l'OTAN »[archive du], surfr.mikis-theodorakis.net,(consulté le) :« DISSOLVEZ L'OTAN! MAINTENANT! Je ne sais pas comment le mot « OTAN » résonne aux oreilles d'autres peuples européens, mais aux oreilles du peuple grec, il ressemble à une malédiction. ».
↑(en)« Composer Mikis Theodorakis Awarded Korngold Prize »[archive du], surandante.com,(consulté le) :« Mikis Theodorakis was presented with the Korngold Prize for film music in Bonn on 28 June, klassik.com reports. The Greek composer was honored for his political commitment as well as his musical achievements, according to the Web site. ».
↑(en)« International Film Music Biennial awards its Erich-Wolfgang-Korngold Prize 2002 to Mikis Theodrakis »[archive du], surkah-bonn.de :« On June 28, 2002, in the framework of the International Film Music Biennial in Bonn, the Erich-Wolfgang-Korngold Prize for an artistic oeuvre relating to film music and soundtracks will be awarded for the third time. The prize is named after the famous Viennese opera composer ("Die tote Stadt") who, like many other European artists, emigrated to the United States in the 1930s. There, Korngold emerged as a major star in film music and played a decisive role in the early heyday of Hollywood movie soundtracks. ».
↑Walter Laqueur :L'Antisémitisme dans tous ses états. Depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, éd. Markus Haller; 2010,(ISBN9782940427086)
↑M. Theodorakis, « 10 avril 2002 : discours de Mikis Theodorakis au concert de solidarité avec la Palestine », surfr.mikis-theodorakis.net,(consulté le) :« Ils veulent transformer les territoires palestiniens en une immense camp militaire pour leur solution finale. En fait, il semble que les anciennes victimes, les Israéliens, soient de plus en plus fascinées par les méthodes de leurs anciens bourreaux, les nazis. Solution finale, celle-là, aux dépens des Juifs. Solution finale, celle-ci, aux dépens des Palestiniens. Il ne manque même pas le "détail" horrible de mettre des numéros ineffaçables sur les mains des prisonniers… ».